1. INTRODUCTION
Cadre de l'étude
Environ 1,3 milliards de personnes soit un habitant de la
planète sur quatre, vit dans le plus profond dénuement avec moins
d`un dollar US par jour. Quelques 800 millions d`individus, dont 200 millions
d`enfant de moins de 5 ans souffrent chaque jour de faim. Les pauvres vivent
en majorité dans des terres
déshéritées et dépendent principalement de
l`agriculture. Leur lutte pour la survie a pour cadre des régions aux
écosystèmes fragiles, à l`accès limité aux
besoins essentiels comme le service de santé,
l`enseignement, l`eau potable ou la nourriture (Commission
Européenne, 2000).
En 1993, sur les quelques 525 millions d`habitants des Etats
situés au sud du Sahara, 40 à
50 % vivaient en dessous du seuil de pauvreté (Kampmann,
1999). Rien d`étonnant dès lors, que
la faim, la malnutrition et le cortège de maladies qui les
accompagnent règnent sur une vaste échelle.
Kinshasa, capitale de la République
démocratique du Congo n`a pas échappé à
cette réalité douloureuse. A sa situation déjà
précaire sont venus s`ajouter les pillages de 1991 et 93, ainsi que
les deux dernières guerres civiles, aggravant du coup la
pauvreté et la dégradation sociale.
D`après des études récentes, 5 %
seulement de la population kinoise bénéficie d`un emploi
rémunéré dans le secteur formel de l`économie (De
Hertz et Marysse, 1996), la majorité étant ainsi condamnée
à vivre dans l`informel, en exerçant des petites activités
de survie telles que le petit commerce, l`agriculture périurbaine
(particulièrement le maraîchage), l`élevage, la vente des
produits agricoles, etc.
Les personnes exerçant ce genre
d`activités sont confrontées aux problèmes de
financement. Du fait qu`elles ne disposent pas de fonds propres et ne peuvent
pas fournir aux banques les garanties usuelles, elles n`ont pratiquement pas
accès au système de crédit formel (Bock et Wilcke,
1999).
Cependant il existe une autre source de financement, « le
crédit aux micro-entreprises »,
qui connaît une faveur croissante auprès
des organismes internationaux de développement, publics et
privés. Par le biais de ces institutions, les bailleurs de
fonds accordent des prêts modestes, à court terme,
généralement au taux du marché, à des personnes
exclues du système bancaire classique.
De récentes études ont montré qu`un
meilleur accès aux services financiers peut améliorer de
manière significative le revenu et la sécurité alimentaire
de plus démunis. Pitt et Khandker ont analysé en 1994
l`impact de la Banque Grameen et du « Bangladesh Rural Advancement
Commitee » sur le bien être. Ils ont en effet constaté que la
participation à des programmes de crédit avait des effets
positifs et significatifs sur la scolarisation, les avoirs des ménages,
la consommation et l`état nutritionnel des enfants (Zeller, 1999).
Dans le domaine agricole, l`accès au crédit peut
permettre, par exemple, un usage accru d`engrais et des semences
améliorées, remplaçant les cultures des
variétés locales à faible
rendement, qui va se traduire par une augmentation de la
production par unité de main d`OEuvre
et de surface (Zeller, 1999,).
Le microcrédit peut également réduire le
volume des crédits consentis à des taux élevés
par des prêteurs du secteur informel et réduire la
vente à bas prix des biens productifs dans les
cas d`urgence. Il permet ainsi d`éviter d`entamer
des biens productifs tels que les terres, les semences, le bétail
(Zeller, 1999).
Il convient cependant de faire remarquer qu`il ne s`agit pas
là d`une aide subventionnée, mais de prêts octroyés
à des personnes qui n`y auraient pas normalement accès. Ceci veut
dire que ces personnes sont tenues à rembourser, après un
délai, les prêts contractés.
En Ouganda par exemple, d`après l`UCSCU « Uganda
Co-operative Savings and Credit Union », qui est une
fédération regroupant les mutuelles ougandaises d`épargne
et de crédit, le taux de remboursement des crédits atteint 95
à 100 % dans les caisses mutuelles urbaines et 70 à
85 % dans les caisses rurales (Hanning et al, 1999). Il est de 94
% pour l`Union Nationale de
Coopératives Agricoles d`Epargne et de Crédit en
Mauritanie (Hamp et Neumann, 1999).
En R. D. Congo, à Kinshasa en particulier, le
phénomène microcrédit commence aussi de plus en plus
à prendre de l`ampleur, particulièrement auprès des
maraîchers et se présente comme alternative au problème
de financement des activités maraîchères des petits
exploitants. Mais, force est de constater qu`en ce début de la
microfinance en R. D. Congo il n`existe pas encore beaucoup d`études sur
ce nouveau système de financement des activités
économiques et
les statistiques en la matière font défaut.
|