Mondialisation et travail des enfants
Inès El Haimar
Edward de Wismes
Caroline de Turckheim
Sous la direction de Fabio Mariani
Sommaire
Introduction
I) Le travail des enfants dans le monde,
caractéristiques et déterminants
a) Qu'est-ce que le travail des enfants
aujourd'hui ?
b) Les différentes formes
d'activité
c) Les déterminants du travail des
enfants
II) Les effets négatifs de la mondialisation sur
le travail des enfants
a) Pourquoi la mondialisation contribue t-elle à
augmenter le nombre d'enfants au travail ?
b) Quelles solutions sont envisageables pour pallier ce
problème ?
III) Les effets positifs de la mondialisation sur le
travail des enfants
a) Approche théorique
b) Approche empirique
IV) Les études empiriques
a) Rappel des études empiriques
existante
b) Caractéristiques de la recherche
c) Les résultats de l'analyse
Conclusion
De nombreux évènements, débats et
manifestations sont organisés partout dans le monde dans le but de
sensibiliser le public au travail des enfants. La plupart des débats
portent sur le rapport publié cette année par l'Organisation
Internationale du Travail intitulé : « La fin du
travail des enfants : un objectif à notre
portée ». Proclamée il y a 4 ans par l'OIT la
journée mondiale contre le travail des enfants est observée
chaque année le 12 juin dans le monde entier. Elle est destinée
à servir de catalyseur au mouvement mondial contre le travail des
enfants. Nous allons étudier les liens existant entre la mondialisation
et le travail des enfants. Afin d'étudier ce lien nous nous poserons les
questions suivantes « Dans quelles mesures peut on dire que la
mondialisation a eu des répercussions sur le travail des enfants ?
Pourquoi les enfants travaillent-ils ? Qu'est-ce qui a contribué
à réduire et à augmenter le travail des enfants ? Et
comment quantifier le lien unissant la mondialisation et le travail des
enfants ? Nous rappelons que la mondialisation est une intégration
économique mondiale qui va au-delà de l'internationalisation des
échanges de marchandises, de services ou de capitaux et qui se
caractérise par une mobilité parfaite des capitaux et par une
concurrence accrue entre les firmes et les nations. Par le travail des enfants
on entend toute activité économique quelle qu'elle soit,
exercée par un enfant de moins de 12 ans, le travail autre qu'un travail
léger lorsqu'il est accompli par un enfant âgé de 12
à 14 ans, et pour tous les enfants, les pires formes de travail des
enfants. Nous porterons essentiellement notre étude sur les pays en
développement bien que les pays développés soient
également touchés par le travail des enfants. Notre étude
s'articulera autour de cette question générale « Dans
quelle mesure peut on dire que la mondialisation a eu des répercussions
sur le travail des enfants ? » Afin de répondre à
cette question nous verrons dans un premier temps quels sont les aspects du
travail des enfants et ses déterminants, puis dans un second temps nous
verrons les effets négatifs de la mondialisation sur le travail des
enfants et les solutions que nous pouvons apporter pour y remédier, dans
une troisième partie nous verrons les effets positifs de la
mondialisation sur le travail des enfants et enfin nous verrons les
études empiriques faites sur le travail des enfants.
I/ Le travail des enfants dans les monde,
caractéristiques et déterminants.
a) Qu'est ce que le travail des enfants
aujourd'hui ?
L'âge auquel nous devons définir l'enfance est
difficile. En effet il s'agit d'une période de développement
physique et psychique qui nécessite la protection des adultes, qui est
plus naturellement consacré au jeu qu'au travail, mais qui admet
l'apprentissage progressif d'un travail. Par conséquent l'âge de
l'enfance varie entre les pays. Dans certains, l'enfant est très
tôt considéré comme un membre productif et son
développement et son ouverture à la vie passe par un
apprentissage pratique et donc non scolaire. Les enfants peuvent être mis
au travail très tôt : cinq ou six ans. Toutefois de nombreux
travaux requièrent un minimum de force et la grande majorité des
enfants actifs se recrutent entre dix et dix-huit ans. Ces distinctions vont
être nécessaires pour comprendre que le travail des moins de 18
ans est pour une part illégal et pour une part légal. On retient
que le droit international considère l'âge de 18 ans comme
l'entrée dans l'âge adulte. La plupart des pays du monde rendent
la scolarité obligatoire jusqu'à 14, 15 ou 16 ans : avant
ces âges, les enfants ne sont pas censés travailler. Le Bureau
International du Travail retient le même concept, tout comme l'ONU qui ne
fait débuter la catégorie statistiques des jeunes demandeurs
d'emploi qu'à 15 ans et donc entre 15 et 18 ans le travail des enfants
est souvent considéré comme légal.
Selon les pays le travail des enfants évolue dans des
environnements très divers et sous d'innombrables formes. Il peut
être saisonnier ou juste une activité d'appoint pour quelques
heures. On distingue tout d'abord le travail au sein de la famille qui consiste
à aider à la tenue du foyer ou à la culture d'une parcelle
agricole. Ce travail appelé child work est considéré comme
une participation acceptable à la subsistance et une formation à
la vie adulte s'il n'affecte pas le bien être générale de
l'enfant. En réalité les parents attribuent aux enfants une part
des tâches qu'ils assurent eux aussi. Il ne s'agit ni d'exploitation ni
d'esclavage, et cette contribution à l'économie familiale
n'empêche pas la scolarisation. Cette activité
régulière et durable, plus souvent exercée par des
fillettes n'est pas mesurée économiquement. Dans ce cadre entrent
aussi les jobs visant à gagner de l'argent de poche, s'ils restent
occasionnels et limités à des travaux légers.
La notion de child labour représente un degré
supplémentaire dans l'intensité du travail. Elle renvoie à
une activité à plein temps, incompatible avec une scolarisation,
intérieure ou extérieure de la famille. L'enfant est ici
très pauvre et doit contribuer à la survie de sa famille.
Le cumul de deux vulnérabilités c'est à
dire être enfant et être pauvre ouvre souvent la voie à des
formes intolérables de travail. L'exploitation abusive par des
employeurs sans scrupules dans des activités informelles se
caractérisent par des horaires sans rapport avec la faible
rémunération, un effort physique qui dépasse les forces de
l'enfant et des conditions éprouvantes qui mettent en danger son bien
être physique et psychologique.
Quand il y a une soumission totale et une absence de
rémunération, le travail forcé et l'esclavage constituent
les degrés ultimes de l'exploitation d'un être humain où
l'enfant est réduit à l'état de marchandise sexuelle ou de
chair à canon.
Les chiffres disponibles ne constituent que des estimations.
Il n'existe aucun recensement exact du travail des enfants, ni au niveau
national ni au niveau mondial. Il est en effet impossible de répertorier
avec précision l'activité des enfant sur le terrain car elle est
souvent mêlée à celle des adultes,
irrégulière ou clandestine. De plus pour ce qui concerne
l'esclavage ou la prostitution il est impossible de mesurer le
phénomène. De plus la collecte d'information auprès des
familles est souvent sujette à des réticences de leur part car
des employeurs peuvent obliger les familles à ne pas dévoiler la
vérité. Donc on ne dispose que de mesures indicatives donc les
chiffres permettent de situer le travail des enfants par rapport à des
réalités sociales, ils ne livrent qu'un ordre de grandeur. La
plupart des mesures proviennent du BIT qui se mobilise depuis sa
création sur l'enfance au travail. Il établit des normes
internationales de protection et a mis sur pied un programme
dédié, le Programme internationale pour l'élimination du
travail des enfants. L'UNICEF(Fonds des Nations Unies pour l'Enfance) fournit
également des données pertinentes. Ces deux agences de l'ONU
disposent de multiples implantations locales qui leur permettent de travailler
avec les gouvernements, les ONG et les syndicats.
Le seul organisme à avoir établi une
méthodologie globale sur le travail des enfants est le BIT et à
ainsi pu établir une première estimation mondiale, publiée
en 1996 où 250 millions d'enfants de cinq à quatorze ans exercent
une activité économique, en majorité dans les pays en
développement. Pour 120 millions d'entre eux il s'agit d'un travail
à plein temps. Puis le Bit a affiné sa recherche en fonction de
la dangerosité du travail. Il a ainsi estimé qu'en 2002 351,7
millions d'enfants de 5 à 17 ans exerce une activité soit un
enfant sur quatre. Les évaluations globales sont trop rares pour se
prononcer avec certitude sur une hausse ou une baisse du nombre d'enfant au
travail. Il est apparu qu'une faible majorité des enfants travailleurs
est constituée de garçons, surtout parmi ceux qui sont astreints
à un travail dangereux. Le travail des filles a tendance à
être plus invisible car le plus souvent cantonné à la
sphère domestique.
On répartit l'activité des enfants dans le monde
de la manière suivante (en %)
Proportion
|
5-9 ans
|
10-14 ans
|
15-17 ans
|
D'enfants actifs qui ne vont pas à l'école
|
12%
|
23%
|
42,5%
|
D'enfants actifs qui vont aussi à l'école
|
7%
|
13%
|
31%
|
D'enfants qui vont à l'école sans travailler
|
68%
|
67%
|
43,5%
|
D'enfants sans école ni travail
|
20%
|
10%
|
14%
|
Les deux estimations successives du BIT s'accordent en tout
cas sur un point : aujourd'hui le travail des enfants n'est ni
résiduel, ni marginal, et reste d'une importance considérable. En
classant uniquement les activités en fonction de leur activités
en fonction de leur caractère intolérable ou non, le BIT estime
que, sur ce total estimée de 351,7 millions d'enfants seuls 107 millions
travaillent dans des conditions acceptables, mais 245,5 millions sont astreints
à des formes d'activités qui devraient être abolies selon
le BIT. Enfin 180 millions d'enfants sont assujettis aux pires formes
d'activités. Dans cette tranche 170,5 millions sont contraints à
un travail dangereux et 8,4 millions subissent des formes condamnables
d'exploitation.
Voici à présent deux tableaux montrant pour le
premier la répartition du nombre estimé d'enfants actifs dans le
monde selon l'âge et les types d'activités. Et le second montrant
le nombre estimé d'enfants astreints à des formes condamnables
d'exploitation
|
5-14 ans
|
15-17 ans
|
Total
|
Enfants exerçants une activité économique
|
210,8 millions
|
140,9 millions
|
351,7 millions (23% des enfants de 5 à 17 ans)
|
Dont : Enfants ont des formes de travail qui devraient
être abolis
|
186,3 millions
|
59,2 millions
|
254 millions
|
Dont : Travail dangereux
|
|
59,2 millions
|
|
Travail forcé et servitude
|
5,7 millions
|
Recrutement forcé dans les conflits armés
|
0,3 millions
|
Exploitation sexuelle et pornographique
|
1,8 millions
|
Autres activités illicites (délinquance, trafic
de drogue)
|
0,6 millions
|
Total monde
|
8,4 millions
|
b) Les différentes formes d'activité
Au niveau mondial, l'agriculture constitue les secteur
majoritaire d'activité des enfants. Effectivement on pense que 70%
d'entre eux y travaillent. La banque mondiale a relevé à juste
titre que plus la part de l'agriculture est élevée dans le PIB
d'un pays, plus la fréquence du travail des enfants est
élevée : c'est avant tout un phénomène rurale.
Ce qui est clair c'est que plus la famille comporte de bouches à
nourrir, plus elle a besoin de bras. Souvent ces types de travaux sont de
véritable apprentissage de la vie, et ce travail peut être
exercé à plein temps ou combiné avec l'école. Dans
ce dernier cas, l'absentéisme s'élève durant les
périodes intensives, comme les récoltes.
Le secteur informel dans les pays en développement
regroupe un ensemble d'activités de petite taille, organisées sur
une base individuelle ou familiale hors de la réglementation publique.
Ce secteur producteur de biens et de services est constitué
d'activités faciles à entreprendre, où les jeunes suivent
un apprentissage de plusieurs années. Ce secteur pallie
l'incapacité des entreprises privées et de la fonction publique
à créer suffisamment d'emplois pour tous en accueillant les
populations au chômage qui cherchent à gagner leur vie, m^me si
les revenus y sont instables et faibles. En effet il ferait travailler plus de
500 millions de personnes dans le monde, et représente une bonne part de
l'économie des pays en développement. Le secteur informel urbain
est en partie le fruit de l'urbanisme très rapide des pays en
développement, qui accroît la main d'oeuvre en quête
d'emploi dans les villes. Mais la régression de l'emploi agricole depuis
trente ans a entraîné une augmentation des bidonvilles et grossi
le nombre d'enfants exerçant des activités précaires dans
les villes. Notons enfin que le secteur informel n'est pas sans lien avec le
secteur structuré, car il comprend parfois un travail sous traité
pour un commerçant local ou une entreprise.
Du côté de la domesticité est très
difficilement mesurable compte tenu de sa nature privé et de l'embauche
non déclaré. Cependant on imagine que dans le monde les petits
domestiques se comptent par millions. Le BIT estime que 20% de toutes les
fillettes de 10 à 14 ans du Brésil, de Colombie, de l'Equateur
exercent ce métier.
Le salariat dans le secteur structuré (usines, mines,
tourisme, agriculture industrielle) ne concerne qu'une minorité
d'enfants. Selon le BIT, moins de 9% des enfants actifs dans le monde
travaillent dans les industries manufacturières, le commerce,
l'hôtellerie et la restauration. De plus l'emploi en sous-traitance pour
les multinationales n'occupe sans doute même pas 10% des enfants
travailleurs. Il en est de même pour l'agriculture industrielle et pour
les métiers liés au tourisme. Les enfants pauvres forment aussi
une partie des ouvriers des mines, des carrières et des chantiers de
construction.
L'esclavage se caractérise par la réduction de
la personne humaine à l'état de marchandise : l'enfant ou
adulte esclave appartient à un propriétaire. La forme d'esclavage
la plus répandue est le servage pour dette, qui toucherait des dizaines
des millions de personnes en Asie et au Brésil. Cette servitude
découle d'un contrat fabriqué sur mesure par de riches individus
pour soumettre des familles vivant dans la misère. Les usuriers avancent
de l'argent à des familles insolvables qui n'ont pas accès au
prêt bancaire et en contrepartie les membres de la famille deviennent la
propriété de l'usurier : cette main d'oeuvre
corvéable à merci est soumise à des conditions de travail
inhumaines. Le travail est rarement rémunéré mais, quand
il l'est, les salaires sont si maigres qu'ils ne suffisent jamais à
rembourser la dette.
L'exploitation du corps des enfants dans la prostitution et
la production de matériel pornographique est considérée
comme de l'esclavage moderne. Son ampleur est extrêmement difficile
à mesurer, mais le BIT avance une estimation de 1,8 millions d'enfants
dans le monde. La première région touchée par ce
phénomène est l'Asie suivi de l'Amérique Latine, l'Afrique
et même l'Europe. Cette exploitation repose sur des réseaux
organisés et lucratifs, alimentés par des trafics locaux ou
internationaux d'enfants vulnérables.
Enfin il y a l'enrôlement des enfants dans
l'armée, l'ONU estime à 300000 le nombre d'enfants de moins de 18
ans qui sont ou ont été enrôler au sein d'armée
régulières ou de milice. Les enfants sont engagés car ils
sont impressionnables, sensible à l'autorité, moins portée
à déserter ou à réclamer leur salaire que des
adultes. De plus selon l'UNICEF leur utilisation a été
facilitée par la diffusion de petites armes légères.
c) Les déterminants du travail des enfants.
La mise au travail des enfants ne repose sur aucun facteur
isolé mais sur une multitude de phénomènes tels que la
pauvreté de leur famille, un accès trop limité à
l'école, les carences des politiques sociales et publiques et enfin
certains comportements culturels.
Une des raisons essentielles est la pauvreté. En effet
les liens entre pauvreté et travail des enfants ont été
clairement établis. Le travail des enfants fait parti des
stratégies de survie : plus une famille est pauvre, plus chacun de
ses membres doit contribuer à gagner ce qu'il coûte, en argent ou
en production alimentaire. Cette question essentielle se pose avec plus
d'acuité quand il y a de nombreux enfants à nourrir, ce qui est
le cas de beaucoup de familles rurales dans les pays en développement.
L'ampleur du travail des enfants dans le monde ne peut s'expliquer que par
celle de la pauvreté : plus de 1,2 milliards de personnes dans le
monde survivent avec moins de l'équivalent de d'un dollar US par jour
selon le PNUD. Un chiffre plus révélateur est que 3 milliards de
personnes, c'est-à-dire un être humain sur deux vit avec moins de
2 dollars US par jour, et l'immense majorité des pauvres de la
planète vivent dans les pays en développement. De plus la
pauvreté n'est pas un phénomène en
régression : le BIT constate que dans la décennie 90, elle a
augmenté de 25% en Afrique, et elle a triplé en Europe de l'Est.
En Amérique Latine, 11 millions de personnes sont venues grossir les
rangs des plus démunis sur la même période, ce qui n'inclut
pas les conséquences de la profonde crise économique et sociale.
La crise financière en Asie en 1998 a eu les mêmes effets. Enfin
certaines circonstances peuvent venir aggraver une situation déjà
précaire : l'épidémie de SIDA a fait en Afrique des
millions d'orphelins, qui sont souvent livrés à eux-mêmes
pour survivre. Etre pauvre, c'est lutter sans cesse pour disposer du minimum
vital, chercher chaque jour de quoi nourrir sa famille et, sur le long terme,
être privé de tout pouvoir de décision sur sa vie : la
pauvreté revient à vivre dans l'insécurité
permanente et tenter d'éviter le pire. Ce dénuement
complété à l'analphabétisme, fréquent dans
le tiers monde amène des familles à accepter n'import quelle
proposition. Cependant cette explication ne doit pas conduire à faire le
procès des parents. Les familles démunies ignorent de quoi demain
sera fait, et prennent toute activité qui se présente comme un
léger soulagement pour leur survie.
Un des facteurs essentiels de la pauvreté et de mise
au travail des enfants est l'absence de revenu des parents, soit parce qu'ils
sont sans emploi, soit parce que leur revenu ne suffit pas à nourrir
leur famille. En Egypte par exemple, il a été estimé
qu'une hausse de seulement 10% des salaires des femmes ferait reculer de 15% le
travail des enfants de douze a quatorze ans, et de 2è% celui des enfants
de six à onze ans. Les pays concernés par le travail des enfants
connaissent en effet un taux très élevé d'adultes sans
emploi ou en situation de sous emploi. Le BIT recense qu'un tiers de la
population active mondiale se trouve ainsi privé de moyens décent
de vivre. Cette population adulte en quête d'argent pour subvenir
à leur besoin est en partie absorbée par le secteur informel,
secteur qui progresse beaucoup plus rapidement que l'emploi formel dans les
pays en développement, et se maintient de façon marginale dans
les pays industrialisés. Mais sa capacité d'absorption n'est pas
illimitée, et il n'assure pas de ressources stables : les familles
qui en vivent sollicitent donc souvent les enfants pour compléter leur
revenu. Par ailleurs dans un marché du travail où la demande
d'emploi excède l'offre, les employeurs sont à même de
poser leur conditions, et de choisir la main d'oeuvre la plus facile à
exploiter. C'est pourquoi on voit des enfants travailler, alors que leurs
parents sont au chômage : ils forment malgré eux une main
d'oeuvre concurrente de leurs parents. Trouver un revenu stable et suffisant
aux parents est donc primordial si l'on veut que leurs enfants ne soient pas
amenés à travailler.
Dans le monde entier, les enfants qui travaillent ont un
point commun. Leur famille est toujours située au bas de
l'échelle sociale : paysans sans terre, urbains sans travail,
basses castes en Inde, minorité ethniques ou religieuses. Ces
catégories pauvres ne détiennent aucun capital productif, ou
celui-ci est insuffisant pour garantir leur autonomie sociale. Leur seul
capital est leur force de travail, loué à l'extérieur ou
utilisé pour leur subsistance. Cette vulnérabilité sociale
est responsable de multiples situations d'exploitation. On peut prendre
l'exemple du Brésil qui est loin d'être le pays le plus pauvre
mais qui reste un des plus inégalitaires. En effet les 10% des
Brésiliens les plus riches se partagent 63% du revenu national et les
50% des plus pauvres se partagent 11% du revenu. La situation du Brésil
est assez démonstrative du fléau de la pauvreté et du
travail des enfants. Le pays compte 1è millions de pauvres, et 4
à 5 millions de paysans sans terre, alors que les ¾ des terres sont
entre les mains de quelques milliers de propriétaires de grands domaines
agricoles que l'on appelle les fazendas. Les fazendeiros emploient, et
quelquefois soumettent au travail forcé pour dettes, des familles
entières qui n'ont pas d'autres possibilité pour vivre. Ces grand
propriétaires sont influents : ils s'opposent à toute
réforme agraire qui attribuerait des terres aux pauvres afin de
maintenir cette main d'oeuvre. La structure fortement inégalitaire des
pays en développement explique donc également l'exploitation des
enfants pauvres.
L'échec de la scolarisation et le travail des enfants
sont deux phénomènes étroitement liés, et qui,
s'alimentent mutuellement : un enfant ne va pas à l'école
parce qu'il travaille, et un enfant travaille parce qu'il n'a pas pu
accéder à l'école. L'UNICEF estime que 120 millions
d'enfants dans le monde ne sont pas scolarisés. Pourtant des
progrès indéniables ont été réalisés
ces dernières décennies : le monde en développement
assure un taux d'inscription en primaire de 80% en moyenne. Mais avec de fortes
disparités : seuls 59% des enfants d'Afrique subsaharienne sont
ainsi scolarisés.
L'échec de la scolarisation universelle est largement
dû au manque de moyens pour financer l'éducation. Beaucoup de pays
d'Afrique ont fait de l'école une priorité dans les années
qui ont suivi la décolonisation, mais cette politique est restée
insuffisante pour répondre à la demande, et la forte croissance
démographique augmente rapidement les effectifs d'âge
scolaire : en Afrique par exemple, les moins de 15 ans représentent
plus de 40% de la population. On peut nommer deux facteurs qui pèsent
sur les budgets des gouvernements des pays en développement, les
empêchant de développer l'éducation : leur dette
extérieure et l'austérité budgétaire. En effet la
dette des PED a globalement quadruplé entre 1980 et 2000. Dans de
nombreux pays d'Afrique, elle est deux à trois fois plus
élevée que le PNB, et son remboursement occupe une grande place
dans leur budget. En plus on sait que ces pays ont peu de revenu et que ceux-ci
proviennent surtout de l'exploitation de matières premières.
Enfin l'aide publique au développement financé par les pays
riches a considérablement baissé en trente ans, les pays
industrialisés n'y consacrent plus en moyenne que 0,25% de leur PNB.
Dans cette aide la part d'aide à l'éducation a toujours
été très faible et en dépit de leurs engagements
publics, l'aide sociale des pays riches aux pays pauvres n'a jamais
été aussi basse.
Ensuite un autre déterminant du travail des enfants
concerne la rigueur budgétaire imposée. En effet la pression
financière sur les PED s'est alourdie depuis que le FMIU leur ont
imposé des plans d'assainissement financier, qui passent par une forte
réduction des dépenses publiques. Cela entraîne des baisses
consécutives de la consommation et ces baisses
répétées de niveau de vie tendent à épuiser
la solidarité familiale, qui est l'amortisseur traditionnel des chocs
économiques, et les plus pauvres doivent multiplier les
stratégies de survie : si rien n'inverse la montée de la
pauvreté, le travail des enfants ne peut donc que s'amplifier. De plus
les pays sous ajustement structurel ont enfin été contraints de
réduire encore les budgets d'éducation, déjà
insuffisant. Les classes y comportent souvent une centaine
d'élèves, et le matériel scolaire est complètement
insuffisant.
Enfin le dernier déterminant du travail des enfants
concerne les priorités des familles pauvres. En effet même lorsque
l'inscription dans le primaire atteint des niveaux honorables, de nombreux
enfants abandonnent l'école : dans le monde, un enfant
scolarisé sur trois seulement achève le cycle primaire. La
pauvreté est le principal motif de cette déperdition scolaire.
Quand les besoins essentiels ne sont pas couverts alors les coûts
scolaires pour une famille ne deviennent pas prioritaires, et c'est le travail
de l'enfant qui l'emporte. L'éloignement de l'école est aussi
dissuasif : dans les pays pauvres, le système scolaire atteint
rarement les zones rurales reculées ou les bidonvilles des
périphéries. Enfin, une fois l'enfant installé dans une
activité, il lui est très difficile d'étudier. La
moitié des enfants actifs dans le monde parviendrait à suivre
quelques heures de classe, mais un travail qui prend plus de 20 heures par
semaine handicape l'assiduité et les résultats scolaires.
Après avoir défini le travail des enfants,
traité de sa répartition géographique et
étudié ses multiples déterminants fondamentaux, on peut
désormais se demander quel est l'impact de la mondialisation sur le
travail des enfants?
Ainsi, on va montrer que la mondialisation qui se définit
comme étant la libéralisation du commerce international, la
pénétration des investissements directs à
l'étranger , la mondialisation des marchés monétaires et
la confirmation du rôle que jouent les institutions financières
internationales dans les politiques financières, monétaires et
commerciales des États, peut aussi bien avoir des effets négatifs
que positifs sur le travails des enfants dans les pays en
développement.
II/ Les effets négatifs de la mondialisation sur
le travail des enfants :
a) Pourquoi la mondialisation contribue t-elle à
augmenter le nombre d'enfants au travail ?
Tout d'abord, on peut souligner les effets négatifs que
peut avoir la mondialisation sur l'emploi dans les pays en développement
et en transition, lesquels se trouvent contraints de s'ajuster à la
nouvelle conjoncture mondiale caractérisée par une forte
concurrence, aussi bien régionale qu'internationale. Et cela dans un
contexte où un grand nombre de ces pays souffrent des difficultés
que leur posent les déficits financiers internes et externes, ou
l'accroissement démographique renforce le chômage et ou l'essor de
la pauvreté est persistante. A cela, se joint l'alourdissement du
coût social auxquels sont souvent associés la
libéralisation économique et le passage à
l'économie de marché.
Comme nous avons pu le voir précédemment, le
point commun de tous les enfants actifs est d'être absent des secteurs
nécessitant un niveau technologique élevé, mais
d'être présent dans les secteurs à forte intensité
de main d'oeuvre comme les grandes plantations commerciales, les industries
manufacturières ou encore les services où l'on trouve une
qualification peu élevée. La production de ces secteurs est
fondée sur l'intensité de la main d'oeuvre. La masse salariale
constitue donc une variable importante pour ajuster les coûts, ce qui
explique la recherche d'une main d'oeuvre peu chère, comme les
enfants.
Or la mondialisation, se caractérise notamment par une
parfaite mobilité des capitaux et par une croissance accrue entre les
firmes et les nations. Ainsi la globalisation de l'économie pousse les
grandes entreprises à se délocaliser pour trouver la
main-d'oeuvre la moins chère et la plus flexible pour pouvoir remporter
les marchés. Les enfants sont alors une cible privilégiée.
En effet la logique de contraction des coûts, devenue l'un des moteurs de
l'économie mondiale, se traduit par une délocalisation massive
des productions vers le Tiers-Monde. Dans les années 70 les grandes
marques américaines de confection et de chaussures telles que Nike,
Reebock ou Adidas montrent que les multinationales sous-traitent des
entreprises qui emploient des enfants. Elles ont ainsi déplacé
leurs productions vers l'Asie, où la main d'oeuvre est quatre fois moins
chère que dans les pays industrialisés. La recherche du salaire
le plus bas est donc constante. Les maquiladoras d'Amérique Latine sont
ainsi appelées « entreprises hirondelles » en raison
de leur habitude de fermer pour rouvrir dans des régions plus
avantageuses. Ce type de productions décentralisées repose sur
une multitude de petits sous-traitants qui doivent offrir la main d'oeuvre la
moins coûteuse possible. Cette dispersion rend alors l'emploi des enfants
assez facile à dissimuler.
Selon un rapport du Bureau International du Travail en 1996, aux
États-Unis, l'essor du temps partiel et la recherche d'une main d'oeuvre
plus flexible contribuent à transférer une partie des emplois des
adultes vers des adolescents. Mais cette analyse est également valable
pour le monde entier. Les enfants sont considérés comme des
petits travailleurs « jetables » et sans défense. Il
s'agit donc du salarié le plus flexible et le moins cher qui soit. Par
conséquent il entre malgré lui en concurrence avec des
salariés jugés moins rentables. En 1997, l'Unicef estime que
« la ruée mondiale vers la compétitivité aspire
les enfants dans le monde du travail au nom de la liberté du
marché à n'importe quel prix ».
Par ailleurs les accords internationaux de commerce ont aussi des
conséquences sur l'activité des enfants. Aussi, quand un pays en
développement est contraint de s'ouvrir aux importations agricoles, son
agriculture locale subit cette concurrence. On assiste alors à une
montée de la pauvreté rurale qui encourage le travail des
enfants. On retrouve notamment ce type de situation au Mexique : En 1994,
les États-Unis, le Canada et le Mexique signent un traité de
libre-échange qui marque l'entrée en vigueur de l'Alena. Cette
ouverture va engendrer un afflux de produits agroalimentaires américains
comme le maïs ou le poulet vers le Mexique. Cette concurrence va alors
être fatale aux fermiers qui vont, avec leur famille, grossir les rangs
des pauvres sans emploi dit « working poors » (Cette
expression, signifie groupe d'individus qui malgré leur emploi,
n'arrivent pas à acquérir un revenu suffisant afin les
préserver de la pauvreté.), et favoriser par la même le
travail des enfants. On peut également citer l'exemple du Zimbabwe ou on
assiste à une véritable hausse du travail des enfants. En effet,
pour faire face aux insuffisances de main d'oeuvre, les fermiers font davantage
appel au travail des enfants dans les plantations de coton, de tabac, ou de
thé . Ainsi, sur 200 000 ouvriers agricoles, les enfants de moins de 16
ans représentent 10 % de la main d`oeuvre . Ces pays se
spécialisent dans les produits qui leur permettent d'avoir un avantage
comparatif. Or, pour les pays pauvres en voie de développement
l'agriculture est souvent leur secteur principal , autrement dit celui dont la
part dans le PIB du pays est la plus élevée. Ainsi, ils veulent
intensifier leurs capacités productives à moindres coûts
notamment en embauchant plus de main d'oeuvre à faibles coûts,
d'ou une hausse du travail des enfants.
On peut ainsi légitimement se demander, si l'organisation
mondiale du travail due à la mondialisation rend inévitable le
recourt aux enfants et si leur travail contribue à l'industrialisation
de certains pays émergents.
La réponse ne peut être que nuancée dans la
mesure ou seule une minorité des enfants actifs est salarié et
les industries émergentes du Tiers Monde ne reposent pas
entièrement sur l'emploi d'enfants. Néanmoins, les enfants
représentent une main d'oeuvre à très faibles coûts
ce qui est un atout majeur pour ces pays dans le commerce mondial.
De plus, il semble également que des réseaux en
pleine propagation de commerce d'enfants dans l'agriculture de plantations sont
créés dans diverses parties du continent africain. Ce commerce du
travail des enfants est à la source du trafic transfrontalier de jeunes
personnes ; ce trafic a été accentué ces dernières
années par l'augmentation persistante du commerce informel dans le
travail domestique ce qui implique le recrutement d'enfants d'un pays pour
travailler en tant que domestiques dans d'autres pays dans des conditions
dignes de « l'esclavage moderne ». Les difficiles
conditions économiques qui dominent dans le continent africain,
affiliées au développement des limites de pauvreté et de
la marginalisation, les conséquences fondamentales des conflits
violents, le problème croissant des personnes déplacées
et des réfugiés , l' essor du tourisme, et la portée
dévastatrice de l'épidémie du VIH/sida ont concouru
à l'aggravation de la vulnérabilité des enfants face
à l'exploitation par le travail. On assiste à l'émergence
d'enfants qui subviennent aux besoins financiers de leur famille. En effet, les
effets négatifs de la mondialisation se font directement sentir sur la
vie des familles et par voie de conséquence sur celle des enfants.
Marginalisation de la famille et marginalisation des enfants sont donc
étroitement liés. L'accélération du mouvement
d'urbanisation qui n'est pas accompagnée d'une croissance
économique équivalente, la conjoncture économique mondiale
défavorable, l'explosion démographique et les politiques de
scolarisation inadaptées constituent les causes majeures du
phénomène.
Comme nous avons pu le voir dans le chapitre
précédent, tout ce qui diminue le retour à
l'éducation peut être supposé comme quelque chose qui
favorise la fréquence du travail des enfants dans le monde. Ainsi, la
libéralisation du commerce dans un pays en développement, qui est
donc abondant en travail peu qualifié, augmente le taux de profit du
travail peu qualifié, et par la même diminue la motivation
à investir dans les compétences professionnelles ou
l'éducation. En effet, de la pauvreté découle la
difficulté, pour les défavorisés à investir dans le
capital humain de leurs enfants, difficulté surtout financière.
Par conséquent le profit du travail des enfants augmente,
engendrant alors un effet de substitution envers l'augmentation du travail
fourni par les enfants. De façon plus spécifique, les enfants
peuvent remplacer les adultes sur le marché du travail. Ainsi, on peut
également mettre en avant le fait que la mondialisation occasionnera une
hausse des salaires des travailleurs peu qualifiés par rapport aux
travailleurs qualifiés, incitant donc l'essor du travail des enfants
dans le cas d'un pays avec une main-d'oeuvre qui est en grande partie
analphabète.
On estime aujourd'hui qu'environ 5% des enfants qui
travaillent sont employés dans le secteur de l'export industriel.
Cependant les enfants n'ont pas besoin de travailler dans le secteur de
l'exportation pour que la libéralisation du commerce augmente la demande
pour le travail des enfants. Les sceptiques envers la mondialisation
considèrent que le libre-échange conduit les pays à
« une course vers le bas ». Par conséquent,
augmenter l'ouverture du commerce pourrait faire augmenter le nombre d'enfants
au travail dans le monde entier.
Les sciences politiques et la sociologie ont donc
démontré à travers de nombreuses études, que
l'accumulation de stocks d'investissement directs à l'étranger
(mesure du pouvoir structurel des multinationales sur les gouvernements)
entraîne des externalités négatives accompagnées de
résultats préjudiciables tels que la hausse du travail des
enfants dans le monde.
De fait, de nombreuses entreprises multinationales jouissent du
travail des enfants, directement ou indirectement . La mondialisation ne fait
que détériorer la situation. Le comportement de ces
multinationales repose sur la coopération d'une majorité de pays
afin de permettre la libre circulation des capitaux et des biens grâce
à des lois énoncées par la Banque mondiale et le Fond
monétaire international, dés lors il ne suffit que de garantir le
contrôle d'une main-d'oeuvre « docile, corvéable et
transférable d'un lieu à un autre». Le travail des
enfants permet à ces entreprises de minimiser au maximum leurs
coûts ce qui leur permet de réaliser des profits très
élevés. Il semble évident de préciser qu'aucune
entreprise faisant appel au travail des enfants afin de fabriquer leur produits
à bas prix, ne reconnaîtra participer à cette
exploitation. En réalité, les fabricants font souvent appel
à « des marchands de main-d'oeuvre» qui sont des agences
ou des sous-traitants qui emploient des travailleurs à bas salaires
notamment les enfants.
On peut ainsi donner quelques exemples telles que le Malawi
avec la culture du tabac pour Philip Morris ou Altadis, l' Équateur avec
la production de fruits pour Chiquita ou Del Monte, la Côte-d'Ivoire
avec la culture du cacao pour Cargill,.
On sait qu'une grande partie des enfants travaille pour moins de
2 $ par jour. On peut illustrer ce propos avec le cas du Pakistan, ou chaque
ballon cousu rapporte à l'enfant l'équivalent de 0,20 à
0,50 euros, il est revendu par les fabricants 4,5 euros aux donneurs d'ordres
et il est commercialisé en magasin entre 22 et 38 euros. On voit combien
il est facile de comprimer la masse salariale par l'emploi d'enfants.
Dans de multiples contrées du monde, le travail des
enfants est également lié au trafic de personnes. C'est le cas en
Afrique de l'Ouest ou le trafic d'enfants, achetés et vendus, est
toujours une réalité qui permet à nombre d'entreprises de
réduire leurs coûts de main-d'oeuvre. Selon une déclaration
de l'UNICEF en 2002 il y aurait 700 000 enfants par an victimes du trafic de
personne et, en général, dans des conditions d'esclavage
à cause «de la demande de main-d'oeuvre bon marché et celle,
croissante, de filles et de garçons pour le commerce sexuel».
En outre, selon José Antonio Ocampo pendant les
années 1990 la libéralisation, qui devait être une
alternative efficace aux stratégies de développement
basées sur le protectionnisme et sur un seuil d'intervention publique
soutenu , a dévoilé ses limites. La naissance de la crise
asiatique, les taux de croissance de l`Amérique du sud insatisfaisants
(puisque elle fut le sein de diverses réformes libérales), le
désastre argentin ou encore les résultats économiques
décevants des pays les moins développés ont effectivement
dévoilé qu'un développement fondé sur la
libéralisation pouvait aussi conduire à des échecs.
Ainsi, il semble intéressant de constater l'impact des
crises sur le travail des enfants.
La crise qui a frappée l'Asie en 1998 a provoqué le
licenciement et l'appauvrissement de millions de personnes ce qui a
entraîné une hausse de l'abandon scolaire très variable
selon les pays mais assortie d'une entrée d'enfants dans le secteur
informel. Leur travail est venu amortir les chutes de revenus de familles.
Le même phénomène a été
observé en Argentine en 2002 après l'effondrement
économique et social. La doctrine de L'École de Chicago
adoptée en Argentine après le coup d'état favorisait l'
enrichissement des classes aisées détenant des capitaux à
l'étranger et a contribué à l'apparition de multiples
multinationales étrangères telles que Ford, Suez, Carrefour...
Leur politique engendre une forte hausse du chômage chez les classes
défavorisées (5 % en 1974, 20 % en 1992) et la dévaluation
de la monnaie nationale, l'austral. Pour contribuer à la
stabilité de l'économie, le gouvernement met en place en 1991 la
création d'une nouvelle monnaie, le
peso. Elle vaut alors autant que le
dollar américain. Entre 1992 et 1998 les
classes moyennes s'enrichissent, puis en 1998 elles doivent faire face
à l'éclatement de la bulle spéculative..
Entre
1998 et
2002, la situation économique en Argentine se
dégradait progressivement. Les effets négatifs de la
crise furent, tout d'abord, la
récession de 1998/
99 et la chute du système financier de
2001/02. Ainsi entre 1998 et 2002, le
Produit intérieur brut
(PIB) de l'Argentine a chuté de 21%. Entraînant au pire moment de
la crise, un taux de pauvreté dépassant 57% et un taux de
chômage atteignant 23%.
Donc la mondialisation de l'économie peut entraîner
l'aggravation sérieuse des perspectives économiques et la
détérioration de la cohésion sociale des tranches les plus
pauvres des communautés rurales dans les pays en voie de
développement , ce qui entraîne la mise sur le marché du
travail de nombreux enfants.
Dès lors la misère, la nécessité de
gagner de l'argent et la forte vulnérabilité des enfants
conduisent malheureusement à leur exploitation sexuelle.
La prostitution enfantine est un phénomène
difficilement quantifiable puisqu'il est par définition contenu dans le
secteur informel; on ne connaît ni le nombre exact d'enfants
exploités ni le chiffre d'affaire des proxénètes.
Toutefois, il ne fait aucun doute que cette exploitation
génère des millions de dollars au niveau mondial. Elle fait vivre
plus ou moins directement des dizaines de métiers:
proxénètes, tenanciers de bars, taxis, concierges
d'hôtels... En Thaïlande, une étude en fait la
première activité illégale du pays devant la drogue ou le
trafic d'armes. Le « commerce du sexe » pourrait peser
jusqu'à 14% du PIB thaïlandais.
La mondialisation a donc permis l'essor du tourisme notamment le
tourisme dit « sexuel » comme dans de nombreux pays
asiatiques. La forte demande a entraîné une hausse de la
rentabilité pour les proxénètes et par la même une
hausse de l'exploitation sexuelle des enfants.
b) Quelles solutions sont envisageables pour pallier ce
problème ?
En vue de ce constat alarmant, il est nécessaire de
s'interroger sur les solutions qui peuvent être envisagées afin de
pallier ce problème.
En premier lieu , il faut être conscient que
l'éradication du travail des enfants exigera des efforts à long
terme et à plusieurs niveaux.
Ainsi, l'éradication du travail des enfants doit s'
incorporer dans un programme global de développement durable. Pour cela,
il faut lutter contre la pauvreté, prendre en compte des droits humains
fondamentaux, créer des emplois décents pour les adultes, prendre
conscience de l'importance de l'éducation pour tous et d'un encadrement
social de l'économie.
On est en droit de considérer que l'éradication
progressive du travail des enfants sera obtenue grâce à des
efforts et politiques aussi bien internationales que nationales. Selon Assefa
Bequele membre du BIT, combattre la pauvreté est un moyen de lutter
contre le travail des enfants:
« Ce problème relève essentiellement de
la responsabilité des pays eux-mêmes en ce sens qu'il appartient
aux gouvernements d'élaborer des politiques et des programmes
destinés à créer des emplois productifs pour
réduire la pauvreté.[...] Mais le monde entier est
également responsable. Il faut trouver le moyen d'amener la
communauté internationale à conduire une offensive soutenue
contre la pauvreté dans le monde. Voilà le message d'Oslo: le
travail des enfants est un problème qui concerne tous les habitants de
la planète et, nous sommes tous unis en paroles et en actions pour
l'éliminer et en éliminer les causes. »
Par ailleurs, Il est nécessaire d'évaluer le
rôle que peuvent jouer les politiques du travail et du bien-être
dans la réduction sinon l'élimination du travail des enfants. On
peut également se demander si il est réellement possible de
prendre des mesures préventives sans que le milieu économique
soit modifié.
Néanmoins, augmenter l'accessibilité des
écoles dans les zones rurales semble être la politique la plus
efficace à adopter afin de réduire le travail des enfants.
La démarche envisageable doit utiliser une approche
graduelle afin de réduire le travail des enfants; approche consistant
à intervenir afin de faciliter l'adéquation du travail et de la
scolarité. En outre, cette politique doit également viser
à supporter le développement des entreprises locales afin
d'atténuer la pauvreté des habitants des pays en
développement. Il faut également, mettre en place une
flexibilité des heures de cours et des vacances afin de s'accommoder aux
périodes de récoltes dans les zones rurales. En effet, comme nous
l'avons dit précédemment, les zones rurales sont très
sujettes au travail des enfants, ainsi il faudrait améliorer le taux de
scolarisation des enfants vivant en zones rurales. A cet effet, les pays
touchés par le travail des enfants devraient construire plus
d'écoles dans les villages afin de faciliter l'accès pour les
écoliers ruraux. Cela ce traduira par la nécessité
d'augmenter l'investissement consacré à l'éducation.
Cependant, toutes ces mesures ne seront pas efficaces si elles ne
modifient pas les causes propres au travail des enfants. Elles peuvent
même aller jusqu'à détériorer la situation des
enfants travailleurs en les conduisant à se tourner vers du travail
dangereux (hazardous work) dans le secteur informel.
III/ Les effets positifs de la mondialisation sur le
travail des enfants :
Après avoir démontré que la mondialisation
pouvait conduire à une hausse de la proportion d'enfants au travail,
nous allons à présent constater que la libéralisation du
commerce peut également engendrer une réduction du travail des
enfants. Pour arriver à cette conclusion nous étudierons dans un
premier temps l'aspect théorique du problème, puis nous
aborderons le côté empirique dans une deuxième partie.
a) Approche théorique.
On considère que la demande d'un travail effectué
par des enfants provient essentiellement des parents qui ont besoin de leurs
enfants dans les fermes familiales, dans leurs propres activités
informelles ou encore pour s'occuper des tâches ménagères
pendant que les parents travaillent. De son côté, l'offre est
également déterminée par les parents puisque ce sont eux
qui vont décider à quel moment leurs enfants doivent ou non aller
à l'école. Selon une étude de Becker en 1981, la
décision de faire travailler un enfant à la place de l'envoyer
à l'école dépend principalement de la rentabilité
de l'éducation. Si les parents ne sont pas en mesure d'emprunter en
échange du revenu futur de leurs enfants, les coûts de
scolarisation vont devoir être financés par le revenu actuel des
ménages. C'est pourquoi la redistribution du revenu est susceptible de
faire baisser le volume d'enfants au travail dans la mesure où elle
permet d'alléger la contrainte de liquidité des parents en ce qui
concerne l'éducation des enfants dans les familles pauvres. La politique
d'éducation est doublement importante car, en plus d'alléger la
contrainte de liquidité des familles, elle permet aussi d'augmenter le
retour à l'éducation.
Dans un texte intitulé « Globalisation can help
reduce child labour », Alessandro Cigno met en avant l'exemple de
deux régions du monde. Dans la première, les enfants qui meurent
avant d'avoir atteint l'âge d'aller à l'école
développent des maladies comme la malaria ou le choléra. Dans la
seconde région les enfants meurent essentiellement de maladies
respiratoires, bien connues pour être relatives à la malnutrition.
Dans le premier cas les parents savent bien qu'il y a peu de choses à
faire pour sauver la vie de leurs enfants. En revanche dans le second cas les
parents savent que la possible survie de leurs enfants va dépendre de
l'argent qu'ils vont consacrer à chacun de ces enfants. Sachant qu'un
bébé sur quatre survit, un couple qui veut un enfant en âge
d'aller à l'école aura le choix entre mettre quatre enfants au
monde, et s'efforcer de nourrir chaque enfant aussi bien ou aussi mal que son
revenu lui permet, ou donner moins de quatre naissances et nourrir mieux chaque
enfant par rapport à la moyenne de la région. En 1998, Cigno
démontre qu'en réduisant la fréquence de maladies comme le
choléra ou la malaria, les dépenses publiques en installations
sanitaires ou en médecine préventive vont permettre de diminuer
le facteur exogène responsable de la mortalité infantile. Ce qui
permettra ainsi d'augmenter les chances de survie. Cela persuade donc les
parents de donner naissance à un nombre peu élevé
d'enfants, et d'investir davantage dans chaque enfant qui naît. Si par
conséquent les dépenses totales consacrées aux enfants
encore trop jeunes pour être scolarisés diminue, la politique
allègera la contrainte de liquidité des ménages sur
l'éducation des enfants en âge d'aller à l'école.
Nous pouvons faire la même remarque en ce qui concerne la
mortalité à l'école et aux âges plus
élevés. Bien que la mortalité prématurée
survienne principalement pendant la première année après
la naissance, des enfants meurent également à des âges plus
avancés en raison de causes exogènes. Si les dépenses
publiques en installations sanitaires et en médecine préventive
augmentent l'espérance de vie des enfants âgés de six ans
et plus, alors il y aura un retour à l'éducation plus important.
Cela va ainsi inciter les parents à investir d'avantage dans
l'éducation de leurs enfants, et cela à n'importe quel âge.
Et cela diminuera la tentation des parents de tirer profit de leurs enfants,
dès la première opportunité, en envoyant ces derniers
travailler. Ainsi, c'est bien la mondialisation qui pourrait permettre au
gouvernement d'investir dans ces installations et donc de participer à
la réduction du travail des enfants.
Nous allons à présent nous intéresser aux
effets de l'exposition à l'échange.
Ainsi, la théorie standard de l'échange nous
indique que les pays qui échangent se spécialisent là
où ils ont un avantage comparatif, et ces avantages comparatifs
témoignent des dotations relatives en facteurs non échangeables.
Elle précise également qu'un pays qui s'ouvre au commerce verra
l'avantage de son facteur comparativement plus abondant augmenter. Selon
l'opinion traditionnelle de la théorie, les facteurs de production non
échangeables sont le capital et le travail. La participation à
l'échange international est ainsi supposée apporter une baisse du
taux de salaire si le pays est relativement plus abondant en capital, et une
hausse du taux de salaire s'il est relativement plus abondant en travail. Wood,
en 1994, précise cependant que le capital financier est fortement
mobile, et les équipements productifs suivent le capital financier avec
seulement un très court retard. Il y a un facteur autre que la terre et
les ressources naturelles qui est lent à se déplacer d'un pays
à l'autre : il s'agit du travail. En outre, le travail se
différencie par le niveau de qualification. Puisque la composition des
qualifications des travailleurs d'un pays peut changer qu'à travers un
processus lent, le commerce affectera alors les taux de salaire relatifs des
travailleurs qui présentent différents niveaux de qualification.
Si la ressource relativement plus abondante est la main-d'oeuvre
qualifiée, la prime de qualification augmentera. Si la ressource
relativement plus abondante est le travail non qualifié, la prime
diminuera. Cela est compatible avec l'observation de la hausse des
inégalités de salaire (qui apparaît comme une
conséquence évidente de la libéralisation commerciale)
dans les pays développés où les travailleurs fortement
qualifiés résident la plupart du temps.
Dans les pays en développement le schéma est plus
complexe. On estime en effet que seule une minorité de la population
atteint le secondaire ou les études supérieures. Une
minorité aristocratique des pays en développement, qui sont
comparativement bien dotés en travailleurs instruits et
qualifiés, peut avoir un avantage comparatif dans la production de biens
nécessitant un niveau de qualification élevé. Une plus
grande minorité de pays en développement, dont la dotation en
travailleurs ayant atteint l'école primaire est relativement abondante,
pourra avoir un avantage comparatif dans la production de biens qui
requièrent les bases élémentaires de la lecture, de
l'écriture et du calcul. Enfin, les autres pays qui sont essentiellement
concentrés sur le continent africain, auront un avantage comparatif dans
la production de biens ne nécessitant aucune autre qualification que
celles acquises directement en travaillant, et ceci probablement dès le
plus jeune âge.
L'exposition au commerce international va engendrer une hausse de
la prime de qualification, et pourrait ainsi diminuer le travail des enfants
dans les deux premières catégories de pays. Dans la
troisième catégorie, l'échange au niveau international va
entraîner une baisse de la prime de qualification, et pourrait ainsi
faire augmenter le travail des enfants.
Ainsi, selon un point de vue théorique, la mondialisation
est favorable dans les pays à main d'oeuvre qualifiée. Cela
incite donc davantage les parents à envoyer leurs enfants à
l'école plutôt qu'à les faire travailler. Mais pour que
l'école paraisse rentable aux parents, il faut mettre en place des
politiques favorables au bon développement des enfants. En effet, les
parents seront tentés d'envoyer leurs enfants à l'école si
la mondialisation engendre un effet de revenu. Les
« optimistes » face à la mondialisation
suggèrent qu'il faut que les pays aient une motivation qui les encourage
à investir dans l'éducation et les compétences
professionnelles afin d'éperonner le développement
économique et leur compétitivité à long terme. Dans
ces conditions l'augmentation de l'ouverture au commerce pourrait effectivement
s'accompagner d'une diminution du volume d'enfants au travail.
b) Approche empirique.
Nous allons à présent étudier le versant
empirique des effets de la mondialisation sur le travail des enfants.
Nous pouvons constater, comme la théorie l'avait
prédit, que le degré de solvabilité a un effet fortement
négatif sur le travail des enfants. De plus, nous verrons que la
politique de santé publique affecte effectivement le travail des
enfants, comme nous l'avait prédit la théorie. Enfin, nous
étudierons le rôle des initiatives gouvernementales dans la
réduction du travail des enfants.
Tout d'abord, nous pouvons constater que le coefficient du PIB
par habitant témoigne de l'effet de l'allègement de la contrainte
de liquidité sur les décisions d'investir dans l'éducation
pour le ménage moyen. Mais il témoigne également de
l'effet de l'allègement de la contrainte de liquidité sur les
dépenses publiques. Une hausse du PIB par habitant réduit le
travail des enfants, mais l'effet est statistiquement insignifiant si le
travail des enfants est mesuré par le taux de non inscription à
l'école primaire, et si l'on prend en compte la proportion de
travailleurs sortant du secondaire ou ayant suivi des études
supérieures. Cela est conforme aux résultats de beaucoup de
chercheurs qui trouvent que la croissance (une augmentation du revenu
réel par habitant) peut ne pas être la réponse au
problème du travail des enfants. La structure des objectifs (prix et
salaires relatifs) peut être plus importante.
Edmonds et Pavcnik vont ainsi vont attirer notre attention sur le
au cas du Vietnam qui est intéressant dans la mesure où le
travail enfantin est largement répandu, mais aussi parce que ce pays a
connu des répercussions non négligeables de la
libéralisation du commerce. En 1989 le Vietnam avait mis en place un
quota d'exportation de riz maintenant le prix intérieur du riz a un
niveau artificiellement bas. Le pays s'est peu à peu
libéralisé, entraînant une hausse progressive du prix du
riz, et un doublement des exportations. En 1997 le quota a été
éliminé et le prix du riz a rejoint le niveau
international ; c'est-à-dire que le prix relatif du riz a
augmenté de 29% sur la période considérée. Edmonds
et Pavcnik se sont donc interrogés sur la réaction du travail des
enfants face à ces évolutions. Ils vont considérer deux
effets :
En premier lieu on pourrait penser à un effet de
substitution car l'augmentation du prix du riz rend plus profitable la mise au
travail d'un enfant au dépend de sa scolarisation.
Mais elle permet également de réduire la
quantité de travail qu'un ménage doit fournir pour obtenir un
certain niveau de revenu. Ce qui correspond à ce qu'on nomme l'effet de
revenu.
Basu et Van (1998) ont construit un modèle de
l'économie des ménages qui prend en compte l'importance du niveau
de vie des ménages sur l'insertion des enfants dans les activités
économiques. Ce modèle est basé sur deux hypothèses
essentielles, appelées axiomes. Premièrement, selon l'axiome de
luxe, une famille fera travailler les enfants sur le marché du travail
si et seulement si son revenu sans celui des enfants est relativement faible.
Deuxièmement, on a l'axiome de substitution qui implique que le travail
des enfants et celui des adultes sont substituables du point de vue de la
firme.
Il existe un arbitrage entre le travail et l'éducation. En
effet le travail apporte des bénéfices considérables pour
les familles pauvres : un revenu, l'accumulation d'expériences
spécifiques et permet d'économiser les coûts liés
à la scolarisation. Toutefois il engendre aussi un coût :
l'abandon des revenus futurs plus élevés qui seraient liés
à plus d'éducation. Mais les deux peuvent coexister :
l'arbitrage se fait alors entre travail, éducation et loisirs.
Cet effet de revenu peut être supposé réduire
la motivation des parents peu qualifiés à envoyer leurs enfants
travailler si on présume que le loisirs des enfants et
l'éducation sont des biens normaux.
En pratique il a été observé que le travail
des enfants est passé de 57% en 1993 à 38% en 1998
(c'est-à-dire une baisse de un tiers sur la période qui
correspond à la libéralisation des exportations de riz). La
diminution du travail infantile pourrait donc être le résultat du
simple développement économique. Afin d'analyser dans quelle
mesure la hausse du prix du riz provenant de la libéralisation des
échanges a entraîné une baisse du travail infantile, les
deux auteurs s'appuient sur le fait que le prix du riz a évolué
différemment suivant les régions, en raison des variations des
coûts de transport. En corrélant ces différences de prix
avec l'évolution du travail infantile dans chaque village, les auteurs
montrent que ce dernier a plus diminué dans les localités
où le prix du riz a fortement augmenté que dans celles où
il a peu augmenté. Edmonds et Pavcnik estiment qu'une hausse de 30% du
prix du riz se traduit en moyenne par une baisse de 10% du travail infantile.
Cette réduction a été accompagnée d'une hausse de
la scolarisation. Ainsi les garçons âgés de 14 à 15
ans ont vu leur taux de scolarisation augmenter de 54% à 76% entre 1993
et 1998, tandis que celui des filles a plus que doublé, passant de 30%
en 1993 à 64% en 1998. L'ouverture au commerce a donc eu un effet
positif en contribuant à la baisse du travail des enfants. .
Dans la théorie et dans les faits, on tend donc à
conclure que l'exposition au commerce favorise l'augmentation de la prime de
qualification dans les pays qui ont investit dans l'éducation, et
l'instruction de leur main d'oeuvre. Et elle engendre la diminution de cette
prime dans les pays qui n'ont pas entrepris ces investissements. La hausse de
la prime de qualification peut être jugée néfaste dans la
mesure où elle tend à augmenter les inégalités de
qualification.
Toutefois, on constate que l'augmentation de cette prime incite
davantage les parents à envoyer leurs enfants à l'école.
Il n'y a ainsi aucune base théorique ou empirique pour affirmer que la
mondialisation engendre des effets intrinsèquement positifs ou
négatifs sur le travail des enfants. En réalité, les
effets de la mondialisation dépendent essentiellement des conditions
initiales, et de l'accompagnement des politiques intérieures.
Dans les pays relativement bien dotés en travailleurs
instruits, l'abaissement des barrières à l'échange permet
d'inciter davantage les parents à envoyer leurs enfants à
l'école. Avec l'aide des politiques de répartition,
d'éducation et de santé appropriées, l'ouverture du
commerce va s'accompagner d'une hausse de l'inscription au lycée, et
donc d'une baisse du travail des enfants. En revanche la suppression des
entraves à l'échange dans les pays relativement abondants en
travailleurs peu ou pas qualifiés, peut empirer le problème du
travail des enfants car cela va diminuer l'incitation des parents à
envoyer leurs enfants à l'école. Dans de tels pays le
problème n'est pas tant de rendre l'école plus accessible, mais
plutôt de la rendre rentable. Cela serait possible en diminuant le
coût de l'éducation privée ou en mettant en place des
politiques de santé et d'hygiène qui permettraient d'augmenter
l'espérance de vie. Ce sont justement ces mêmes politiques qui
rendent possibles, pour un pays ayant une proportion suffisamment
élevée de travailleurs qualifiés, de profiter (en termes
de diminution du travail des enfants) de la participation à
l'échange international, et qui sont ainsi recommandées à
tous les pays en développement.
Les investissements directs à l'étranger (IDE) ont
donc un rôle positif puisqu'ils vont éperonner la croissance
économique et avoir un effet indirect qui permettra de réduire la
fréquence des enfants au travail. Ils vont stimuler les exportations des
pays en développement, leur permettant ainsi d'acquérir davantage
de devises étrangères, ainsi que des techniques de pointe. Ce qui
va améliorer la productivité du travail et augmenter le nombre
d'emplois productifs. En effet, on estime qu'en 1992, 24 millions d'emplois ont
été créés directement ou indirectement par les
compagnies multinationales dans les pays en développement. En outre, on
estime que ces créations d'emplois se feront à un rythme plus
rapide à mesure que le rythme des investissements créés
dans ce pays s'intensifiera. Par conséquent les travailleurs adultes
vont être recrutés en plus grand nombre. Leurs conditions de vie
vont donc s'améliorer grâce à un emploi plus stable et plus
rémunérateur. Ainsi, la nécessité économique
du travail des enfants dans ces familles pauvres va peu à peu
s'estomper. De plus, l'ouverture des pays va permettre une diminution des
taux d'intérêt et offrir un meilleur accès au
crédit. Ce qui va permettre de diminuer le coût
d'opportunité de l'école et par la même va diminuer le
nombre d'enfants contraints au travail.
En outre, les investisseurs étrangers vont
également trouver qu'il est plus difficile d'éviter les lois qui
luttent contre le travail des enfants. En effet, les entreprises sont de plus
en plus exposées à la surveillance des syndicats, aux
médias, aux droits humains et aux groupes activistes. La mondialisation
a engendré un vaste débat concernant la mise en place de mesures
visant à protéger les travailleurs victimes de la concurrence sur
les marchés du commerce mondial. Ce débat a permis la mise en
place d'initiatives gouvernementales visant au respect des normes sociales. Par
exemple, le règlement du Conseil Européen a institué,
depuis le 1er janvier 1998, des régimes spéciaux
d'encouragement qui octroient des préférences additionnelles aux
pays apportant la preuve qu'ils respectent les conventions de l'OIT ; et
notamment la convention numéro 138 qui concerne l'âge minimum
d'admission à l'emploi ou au travail. Des sanctions commerciales seront
mises en place pour les pays qui ne respecteraient pas les droits des enfants.
Les entreprises sont un vecteur important du progrès
social grâce à la prise de conscience des consommateurs qui se
sentent responsables de leurs choix de produits ou de services. C'est ainsi
qu'on a vu fleurir de nombreuses chartes, codes ou labels visant à
garantir le respect de certaines normes dans la fabrication des produits.
Ainsi, depuis quelques années les compagnies multinationales et les
grandes firmes d'importation ont adopté des codes volontaires de
conduite qui les ont amené à bannir le travail des enfants de
leur fonctionnement économique. De nos jours les grandes marques sont
contraintes de renvoyer une image positive. Dans la mesure où la
réputation de la marque joue aujourd'hui un rôle important dans la
vente de produits similaires, les grandes firmes ont entamé des
programmes pour combattre le travail des enfants dans leur chaîne de
production. Ainsi, en mars 1995 l'administration a prié toutes les
entreprises américaines en action avec l'étranger d'adopter de
tels codes. Le label social est un autre moyen de donner la garantie aux
consommateurs que le produit a été fabriqué sans recourir
au travail des enfants.
C'est en partie la création d'associations comme ATTAC, ou
d'ONG à but humanitaire qui a permis cette prise de conscience. Elles
agissent comme de véritables contre-pouvoirs qui permettent de faire
circuler ce type d'informations.
C'est en partie pour cette raison que la mondialisation engendre
un effet positif sur le travail des enfants dans la mesure où une
économie ouverte a moins d'encouragement pour préserver la
culture traditionnelle et le cadre institutionnel qui favorisent le travail des
enfants.
Enfin, plusieurs études ont été
menées afin d'évaluer les coûts et les
bénéfices engendrés par le travail des enfants dans les
pays en développement. Le Programme International pour l'Abolition du
Travail des Enfants (IPEC) a conclut que l'élimination du travail des
enfants engendrerai sept fois plus de bénéfices que de
coûts. Selon cette étude, le travail des enfants peut être
éliminé s'il est remplacé par l'éducation
universelle d'ici 2020 ; et cela pour un coût estimé à
760 milliards de dollars américains. L'IPEC a comparé les
coûts et les bénéfices afin de mieux évaluer les
conséquences économiques de tels engagements internationaux. Dans
les cinq premières années les coûts devraient
excéder les bénéfices, mais à plus long terme la
tendance s'inverserait pour devenir excédentaire une fois que les effets
positifs de l'éducation et de la santé se feraient sentir. Ainsi,
selon le bulletin d'information du bureau du BIT, « en 2020 les
coûts seraient largement comblés par les retours sur
investissement, atteignant un bilan positif de 60 milliards de dollars
américains ».
Ainsi, nous pouvons effectivement dire que la mondialisation peut
engendrer des effets positifs sur le travail des enfants. Toutefois il nous
faut nuancer ce propos car cette affirmation se vérifie seulement dans
la mesure où les pays concernés ont pleinement réussi leur
adaptation à une économie mondialisée. Or, nous pouvons
constater qu'il n'en est pas toujours ainsi.
Précédemment nous avons vu que plus un pays est
intégré dans l'économie mondiale, plus la situation
sociale de sa population s'améliore. Nous pouvons citer comme exemple la
Corée qui, en plein coeur de la mondialisation, a vu se déployer
des progrès sociaux considérables : le revenu national a
augmenté et la plupart des enfants sont scolarisés. Toutefois
certains pays n'ont pas réussi à s'adapter à l'ouverture
mondiale du commerce. Longtemps extrêmement fermés, les pays comme
l'Inde ou le Brésil, dont les économies sont essentiellement
tournées vers les marchés intérieurs, ont vu se creuser
des inégalités sociales. Pour une partie considérable de
la population la mondialisation leur a donc été fatale. Ce sont
désormais les pays où les enfants sont le plus
exploités.
Beaucoup d'éléments du problème du travail
des enfants se sont développés ces dernières
années : le trafic d'enfants travailleurs à travers les
frontières nationales, la place des produits fabriqués par les
enfants pour l'exportation, la délocalisation de certaines productions
vers des pays et des entreprises à forte main d'oeuvre enfantine,
l'utilisation positive et négative du problème du travail des
enfants dans la publicité commerciale, la place du thème du
travail des enfants dans les politiques commerciales internationales. Cette
évolution montre la place structurelle du travail des enfants dans le
capitalisme mondialisé. Mais elle témoigne également de la
prise de conscience au niveau mondial des conditions de vie de certains
enfants.
Mais nous avons vu qu'il était impératif de prendre
en compte les différents aspects du problème que
représente le travail des enfants, c'est-à-dire au niveau
économique, éthique, mais aussi diplomatique et commercial, pour
que la mondialisation puisse avoir un effet positif et permette de
réduire le nombre d'enfants au travail. Il est nécessaire de
mettre en place des institutions et des politiques appropriées.
IV/ Les études empiriques
a)Les études existantes
Peu d'études quantitatives existantes examinent les
relations entre les déterminants du travail des enfants et les
échanges commerciaux. Edmonds et Pavcnik ont fourni une étude
basé sur un échantillon de 4000 ménages et ils ont
examiné les effets d'une augmentation du prix du riz sur le travail des
enfants et ils ont trouvé que 30% de l'augmentation du prix est
associé avec une diminution de 9% du travail des enfants. Ils ont
analysé les effets du taux d'ouverture sur le taux de participation des
10-14 ans en 1995 avec l'aide de variables endogènes. Ils pensent que
l'ouverture est reliée négativement avec le taux de travail des
enfants seulement si d'autres variables comme les revenus ne sont pas prises en
compte. Ils concluent que le commerce international peut baisser le travail des
enfants mais seulement via le revenu par habitant. A un niveau international,
Shelburne pense que le taux d'ouverture, c'est à dire la somme des
exportations et des importations rapporté au PNB est relié
négativement au travail des enfants. Cigno utilise le taux d'absence
à l'école primaire des enfants comme indicateur
complémentaire du taux de travail des enfants en plus du taux de
participation des enfants. Et ici aussi le taux d'ouverture est relié
négativement au taux de travail des enfants.
b) Caractéristiques de la recherche
Les variables dépendantes
Nous utilisons un working paper d'Eric Neumayer et Indra de
Soysa qui ont publié une étude empirique traitant du lien entre
la mondialisation et le IDE avec le travail des enfants. L'article 32 de la
convention des droit de l'enfant dit que « L'enfant a le droit
d'être protégé de l'exploitation économique ou de
tout travail qui pourrait interférer sur l'éducation de l'enfant
ou être mauvais pour la santé physique ou moral de
l'enfant » Dans la réalité, l'incidence du travail des
enfants est difficile à mesurer et ces mesures sont accompagnées
de plusieurs problèmes. La littérature économique montre
que la mesure la plus populaire du travail des enfants est le taux de
participations des enfants âgés de 10 à 14 ans. Ce taux de
participation contient un problème statistique. En effet dans la plupart
des pays le taux est basé sur des estimations et des
probabilités, en plus il y a des enfants qui travaillent comme
domestique dans des familles sont difficiles à prendre en compte car ils
sont cachés du reste du monde. En outre, Cigno pense que les mesures
sont inexacte car en excluant les enfants de moins de 10 ans des analyses on
diminue l'ampleur du phénomène. Cigno va utiliser en
complément du taux de travail des enfants, le taux d'absentéisme
à l'école primaire. L'idée est que les enfants
âgés de moins de 10 ans qui sont absents de l'école sont
présumés au travail. De plus les statistiques concernant
l'inscription à l'école sont de qualités douteuses et un
des problèmes existants est que les enfants peuvent être inscrit
et aller peu souvent à l'école. Pour faire note analyse
statistique nous utiliserons les données de la banque mondiale
concernant le taux de présence à l'école primaire et
à l'école secondaire. Que l'on nommera par (%NONPRIMARY) pour le
primaire et (%NONSECONDARY) pour le secondaire. De plus on utilisera pour notre
analyse une banque de donnée fournit par l'Organisation International du
Travail exploitée par David Kucera qui contient la répartition du
travail des enfants dans 170 pays et par secteurs économiques. Onc
compte 7 secteurs économiques qui sont :
(i) Le textile, la confection de vêtement
(ii) Les travaux manuels pour l'autoproduction
(iii) Les travaux miniers
(iv) La pêche, le traitement des produits marins
(v) Les travaux de construction
(vi) L'agriculture de subsistance
(vii) L'agriculture de subsistance
(viii) Les services informels
L'un des avantages de cette base de données est que
contrairement au taux de participation, on ne réduit pas ici la tranche
d'âge d'étude au 10-14 ans. Cette variable dépendante va
faire apparaître si le travail des enfants est effectif dans un secteur
et prendra la valeur zéro si il n'y a pas de signe de travail des
enfants dans ce secteur jusqu'à la valeur sept si le travail des enfants
est présent dans tous les secteurs. On désignera cette mesure par
CLCOUNT. Cependant cette mesure n'est pas non plus sans problème, le
premier est que l'on peut savoir si les enfants travaillent dans un secteur
mais on ne peu pas savoir combien ils sont. De plus les données
construisant cette variable peuvent être biaisé par un examen plus
approfondie dans certains pays et moins dans d'autres.
Les variables indépendantes
La pauvreté est souvent citée comme un
déterminant fondamentale comme nous l'avons vu dans la première
partie, dans la théorie et dans la littérature. Cependant les
mesures de la pauvreté sont peu nombreuses. On utilise donc le log du
PIB par habitant a parité de pouvoir d'achat comme mesure de la
pauvreté. On retient aussi deux variables pour montrer le fait que le
travail des enfants est plus répandus dans le milieu rural et dans
l'agriculture, ces variables vont être le taux d'urbanisation que l'on
désigne par %URBAN et par le rapport entre la valeur
généré par l'agriculture et le PIB que l'on désigne
par %AGRICULT. Pour montrer l'ouverture commerciale des pays on utilise le taux
d'ouverture c'est-à-dire la somme des exportations avec les importations
divisé par le PIB, on désigne cette variable par %TRADE. En
théorie on pourrait penser que le différentiel entre les prix
réels à l'international et les prix réels locaux
constitueraient un meilleur indicateur mais on ne dispose pas actuellement de
bonnes données dans les pays en développement. Cigno
considère qu'un pays est ouvert si il passe chacun de ces cinq
tests : le premier est que les tarifs douanier ne doivent pas être
supérieur à 40%, le second est que les barrières non
tarifaires ne doivent pas couvrir plus de 40% du commerce. La troisième
est que l'économie informelle ne doit pas constituer plus de 20% du
total des échanges, quatrièmement le pays ne doit pas être
un système économique communiste. Et enfin cinquièmement
il ne doit pas exister de monopole d'état représentant un
exportateur massif. Nous allons également prendre en compte dans les
variables indépendantes les politiques commerciales. Celles-ci vont
être mesurées par l'importance des barrières tarifaires et
non tarifaires. On désignera cette variable par SWOPEN. En plus de cette
variable on utilisera un indicateur établit par le Frader Institue's
Index of Economic Freedom et qui s'appelle l'indicateur de liberté
d'échange avec l'étranger. Pour l'utiliser il classe les pays en
les notant de 0 à 10 en fonction de leurs tarifs douaniers. On
désignera cette autre variable par FRASEROPEN. En plus des
différentes mesures des échanges commerciaux on utilise
également le stock des investissements direct à l'étranger
relativement au PIB (FDI-STOCK/GDP). On va aussi utiliser un indicateur
concernant les dépenses publiques en matière de santé pour
cela on fait le rapport des dépenses en matière de santé
divisé par le PIB (%HEALTH), on inclut aussi le rapport entre les
dépenses éducations et le niveau du PIB (%EDUCATION), ce dernier
est un excellent indice du niveau des travails des enfants. En effet plus ce
lui-ci est élevé plus le travail des enfants est faible. Pour
rendre plus performant cet indicateur on va indicer la qualité
d'éducation en faisant le rapport entre le nombre d'élèves
pour un enseignant (PUPILS/TEACH). Toutes les données dont nous
disposons proviennent de la Banque Mondiale et date de 2001 excepté le
rapport investissement direct PIB qui provient du CNUCED.
À travers ces deux types de variables, Eric Neumayer et
Indra de Soysa construisent un modèle de régression
linéaire suivant une loi binomiale.
c) Les résultats de leur analyse.
L'analyse d'Eric Neumayer et Indra de Soysa fournit certaines
évidences selon lesquelles les pays qui sont les plus ouverts au
commerce et sont le plus pénétrés par les IDE affiche une
plus faible proportion du travail des enfants. Le taux de non scolarisation
à l'école primaire est la seule variable dépendant pour
laquelle nous ne trouvons aucun effet de la mondialisation, ce résultat
confirme l'analyse de Cigno. En effet, le modèle n'explique pas bien les
variations de cette variable dépendante. Une des raisons qui explique ce
manque d'explication est l'absence d'informations concernant le coût des
études ainsi que le niveau des hautes études. Concernant les
autres variables dépendantes comme l`ouverture commerciale ou la
variable des stocks des IDE sont statistiquement significative. Par contre le
taux de scolarisation dans le secondaire ainsi que l'indicateur d`ouverture du
commerce sont marginales dans la taille de l'échantillon du
modèle. Pour les variables dépendantes les plus utilisées
dans le modèle il y a le taux de participation des enfants au sein de la
main d'oeuvre âgé de 10 à 14 ans qui constituent une mesure
significative de la mondialisation avec les signes qui l'accompagne. Cette
mesure et confirmé par des analyses annexes qui exclue les pays d'Europe
de l'Est et d'Asie Centrale de l'échantillon. L'ouverture du commerce et
les IDE sont aussi significatifs pour les variables dépendantes qui
comptent le nombre de secteurs économique où le travail des
enfants est présent. Ce qui va être nouveau dans cette analyse est
la mise en évidence du fait qu'une plus grande pénétration
par les IDE est associé à une proportion plus faible du travail
des enfants contrairement aux préjugés souvent présent
dans la presse. Concernant l'ouverture du commerce nos résultats
soutiennent généralement l'étude présentée
par Cigno et Shelburne mais contrairement à eux l'étude ici
montre que ce qui importe vraiment pour le travail des enfants est la
véritable ouverture du commerce qui est communément mesuré
par la somme des exportations et des importations divisées par le PIB.
En effet cela n'est pas surprenant selon les Eric Neumayer et Indra de
Soysa ; les divers arguments théoriques qui lient la mondialisation
au travail des enfants se réfèrent à la réelle
ouverture du commerce. La différence entre les précédentes
analyses du lien entre la mondialisation et du travail des enfants avec celle
des deux auteurs est qu'ici l'échantillon des pays est plus important et
par conséquent plus convaincant. De plus ils arrivent à
démontrer qu'en plus de réduire le travail des enfants, la
mondialisation augmente le revenu moyen par habitant. Les autres études
étaient donc moins fiables à cause de la faible taille de
l'échantillon, des variables du travail des enfants prises en compte et
aussi du modèle statistique. Cependant cette analyse présente
certaines limites car bien que la corrélation négative entre
l'ouverture du commerce, la pénétration des IDE et la proportion
du travail des enfants, ils ne démontrent pas vraiment la
causalité. De plus des résultats favorables à des tests
statistiques ne pourront jamais entièrement exclure la
possibilité de résultats erronés dus à des
variables qui ont été omise. Les secteurs ruraux et informels
d'une économie sont particulièrement enclins au travail des
enfants mais sont sûrement susceptibles d'attirer moins d'IDE que les
autres secteurs, qui ne peuvent pas être pris en compte par les variables
agricoles rurales.
Les résultats que les auteurs ont obtenus
préviennent contre les recommandations politiques selon lesquelles on
doit utiliser le commerce et les IDE comme moteur de développement et
par conséquent pénaliser les pays qui exportent des biens produit
avec la contribution du travail des enfants. Ils concluent en disant que la
mondialisation représente probablement une promesse, et non une menace,
pour l'éradication du travail des enfants dans le monde.
D'après notre étude nous avons pu voir que le
travail des enfants était un réel problème au niveau
mondial et que ses déterminants étaient multiples mais
s'articulaient toujours autour de la pauvreté d'un pays et de sa
population. On a vu que la mondialisation avait un impact négatif sur le
niveau du travail des enfants à travers des crises que la mondialisation
pouvaient provoquer dans des pays en développement entraînant une
hausse du travail des enfants. De plus la mondialisation entraîne une
concurrence accrue entre les pays et par conséquent une hausse de la
compétitivité s'associant à la recherche de faible
coût et donc une augmentation de l'embauche d'enfants. Cependant on a vu
qu'une véritable prise de conscience s'était mise en place dans
la communauté internationale et souhaitait mettre en place des
politiques favorisant un retour à l'éducation des enfants ainsi
que des politiques intervenant sur les causes même du travail des
enfants. Ensuite nous avons vu que contrairement au idées reçus
la mondialisation engendrait des hausses de revenu dans les pays en
développement et permettaient donc la réduction de la
pauvreté, mais aussi une prise de conscience les consommateurs et des
firmes des pays développés qui mettaient en place un commerce
équitable pour favoriser les développement et la réduction
du travail des enfants. Enfin dans notre quatrième partie nous avons
montré un modèle empirique qui démontrait l'existence d'un
lien négatif entre commerce international et travail des enfants. On
peut en conclure que la mondialisation doit constituer un moteur de richesse
pour ces pays pauvres afin d'enrayer ce fléau qui condamne les enfants
à ne pas jouir d'une vie décente et saine. Nous finirons sur une
citation de Victor Hugo condamnant le travail des enfant « Travail
mauvais qui prend l'âge en sa serre, qui produit l'argent en
créant la misère, qui se sert d'un enfant ainsi que d'un
outils »
Bibliographie
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Increasing School Availability»
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- Canagarajah, Sudharshan ; Nielsen, Helena S (2001) «Child
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2005
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juillet 2003) « Faut-il repenser les stratégies de
développement? Les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique.
Mondialisation et travail des enfants. Investissement direct étranger et
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- INADES-DOCUMENTATION (juin 1992) « Pour ou contre le
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- Alessandro Cigno (2003) « Globalisation can help
reduce globalisation »
- Rodgers, Gerry, Standing, Guy (1981) « Les
rôles économiques des enfants dans les pays à faible
revenu » revue internationale du travail, vol. 120
- (1992) « Rapport du séminaire sur l'abolition
du travail des enfants et l'amélioration de la condition des enfants qui
travaillent »
- Bequelle, Assefa, Boyden, Jo (1990) « L'enfant au
travail/ Etude du bureau international du travail » Ed. Fayard
Table des matières
Sommaire..............................................................................................2
Introduction...........................................................................................3
I) Le travail des enfants dans le monde,
caractéristiques et déterminants.........4
II) Les effets négatifs de la mondialisation sur
le travail des enfants...............12
III) Les effets positifs de la mondialisation sur le
travail des enfants...............19
IV) Les études
empiriques.....................................................................28
Conclusion..........................................................................................33
Bibliographie.......................................................................................34
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