CHAPITRE 4 : DISCUSSION
4.1 ORGANISATION DU
SYSTEME DE SANTE DE L'ONATRA
Le système de santé de l'ONATRA se structure
sous forme d'un réseau de secteurs médicaux avec une coordination
centrale. Cette structure est en conformité avec le Code du Travail et
les dispositions réglementaires en vigueur en matière de
services médicaux des entreprises. Il est à souligner que sur le
plan fonctionnel, chaque secteur médical est supposé fonctionner
comme une unité indépendante (27, 28, 29). Toutefois, l'absence
de certaines catégories de structures médicales au niveau d'un
certain nombre de secteurs médicaux constitue une insuffisance sur le
plan organisationnel. Le code du Travail prévoit cette situation et
recommande à l'entreprise soit de s'affilier à un service
médical inter- entreprise, soit de conclure des conventions avec des
prestataires privés ou encore simplement de rembourser les
dépenses de santé des employés par paiement direct (
Tableau 16).
Concernant les ressources humaines, les constats suivants ont
été faits :
- la présence d'un petit nombre des médecins
spécialistes pour tout le système de santé de l'ONATRA.
Cette situation est une réalité présente dans la
République Démocratique du Congo. Cependant pour suppléer
à ce déficit, il est organisé des visites de travail de
ces spécialistes au niveau de secteurs médicaux en fonction de
besoin et selon un programme établi d'avance. Mais dans le cas
extrême, un transfert est réalisé pour les prestations
spécialisées.
- le ratio nombre de médecin par agent était
de 1 pour 656 agents. Ce ratio est conforme aux dispositions du Code du
travail qui prévoit un médecin pour une tranche de 2500
travailleurs. Mais en réalité, le médecin de l'Office
n'est un médecin de travail mais un médecin au service de la
communauté. Aussi, a -t-il à sa charge 6353
bénéficiaires en moyenne. Ce ratio est meilleur par rapport au
ratio national qui est de 1 médecin pour 22637 habitants mais moindre
par rapport au ratio de la ville de Kinshasa (30,31). Ce rapport respecte les
normes de l'OMS qui recommande 1 médecin pour 10.000 habitants (30). Les
mêmes constats concernent les infirmiers. Ceux-ci ont
représenté la catégorie professionnelle la plus importante
de service médical de l'ONATRA contrairement au constat fait dans le
système de santé national où la catégorie des
administrateurs est prédominante.
- Pour les autres personnels comme les chirurgiens dentistes,
les kinésithérapeutes, le pharmacien, le nutritionniste, la
situation est presque similaire aux ratio nationaux et ne respecte pas les
normes internationaux. Raison qui explique en partie le nombre
élevé de transférés dans les structures
extérieures donc les dépenses de soins qui s'effectuent en dehors
du réseau de l'ONATRA.
Concernant les indicateurs des activités sanitaires,
l'étude a noté un taux d'utilisation des services curatifs de
1,17 nouvelles consultations par personne par an. Il est le double de la norme
sanitaire nationale qui est de 0,5 nouvelle consultation par personne par an
(32) et du taux d'utilisation de services de santé à
Bwamanda/Equateur où est pratiqué un système de
prépaiement de soins par une mutuelle de santé. Il est le
décuple du taux moyen d'utilisation de services de santé par les
ménages qui était de 0,13 nouveau contact par habitant par an
(15) et cadre avec les constats faits à Kasongo sur la sur- utilisation
de services curatifs lorsque le paiement est assuré par un tiers-
payant dans ce cas, l'entreprise ONATRA (33). Concernant le pourcentage
d'accouchements assistés, il était de 14,19 %. Il est
inférieur à la norme nationale qui est de 70 %. Cet état
peut s'expliquer par la présence d'autres formations sanitaires pouvant
prendre en charge les parturientes de l'ONATRA surtout dans les secteurs
où il n'y a pas de maternités du réseau ONATRA.
En rapport avec les activités de la médecine du
travail, l'étude a montré que sur 13.782 agents en
activité, seulement 98 examens périodiques, 385 examens de
reprise du travail ont été réalisés. Il faut aussi
noté qu'aucun examen de surveillance de maladie professionnelle n'a
été réalisé. Cette situation confirme le constat
fait précédemment en rapport avec les prestations de
médecins de l'entreprise et l'affirmation selon laquelle le financement
privé assure plus les soins curatifs que les prestations de la
médecine préventive (12, 14). Cela ressort aussi au travers de
la matrice de flux financier de l'agent financier aux prestataires et en
fonction des prestations. (Tableau 14, Tableau 15)
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