b. Les transformations induites par Internet dans l`univers
du renseignement
Jusqu`au milieu des années 1980, Internet reste l`apanage
des universitaires (les militaires utilisant leur propre réseau, Milnet)
mais peu à peu, ce nouvel outil va se vulgariser, obligeant les services
de renseignement à une redéfinition de leurs missions.
Dans les années 1980, la notion de réseau
informatique s`impose. On ne peut plus imaginer un ordinateur comme
entité autonome et indépendante, dont la mission essentielle est
le stockage et le traitement centralisé de données. La mise en
réseau inaugure la nouvelle ère de l`interactivité, du
partage des informations. C`est à ce moment précis qu`Internet va
connaître son développement dans le grand public. Une fois la
notion de mise en réseau intégrée, l`avènement du
Réseau des réseaux devient une évidence.
Le succès d`Internet réside en partie dans une
capacité de stockage jamais atteinte auparavant. Pour Besson et Possin,
« Internet est devenu de son côté le réseau par
excellence de l`intelligence nationale et collective. Mémoire des
mémoires, le « Réseau des Réseaux » permet
à chaque [internaute] l`accès à toutes les mémoires
scientifiques et techniques, politiques, économiques et
sociétales à travers les forums de la planète.
»44 Les services de renseignement profitent bien sûr de
cette mémoire exceptionnelle pour aller « cueillir » de
nombreuses informations. Néanmoins, avoir à sa disposition une
telle mémoire peut se révéler vain, si l`on ne sait s`en
servir. Les services de renseignement doivent être capable de
définir très précisément quoi chercher, où
le chercher et comment le chercher. « Comme l`intelligence
économique, Internet n`est qu`un outil . Le talent réside dans la
question et l`on sait qu`avec le même pinceau, l`un peindra la Joconde et
l`autre une croûte. »45 C`est dans ce contexte que le
recours à l`intelligence "machinique" va devenir une véritable
nécessité.
44 B. Besson, J.C. Possin, Du renseignement à
l`intelligence économique, Dunod, Paris, 2001, p.224 45
Besson et Possin, op.cité, p.258
c. L`irruption nécessaire de la machine dans le
processus de renseignement
L`intelligence pratique des services de renseignement n`est
pas une intelligence de type « méditative » comme nous l`avons
vu. L`adaptation rapide à son environnement est un des attributs
essentiels de ce type d`intelligence et notamment l`adaptation à
l`environnement technique. Dans la nomenclature anglo-saxonne des
différents champs de renseignement, le nom « intelligence »
est, à l`exception du HUMINT (Human Intelligence),
systématiquement rattaché à la machine et aux techniques :
ELINT (Electronic Intelligence), SIGINT (Signal Intelligence)...Le tableau
suivant, issu de l`Encyclopédie du renseignement et des services
secrets, permet de mieux voir l`étendue des champs couverts par les
différentes sortes d`intelligence :
Abréviation
|
Anglais
|
Français
|
ACINT
|
Acoustical intelligence
|
Renseignement accoustique
|
COMINT
|
Communication intelligence
|
Renseignement des transmissions
|
ELINT
|
Electronic intelligence
|
Renseignement d`origine électronique
|
HUMINT
|
Human intelligence
|
Renseignement humain
|
IMINT
|
Imagery intelligence
|
Renseignement d`imagerie
|
LASINT
|
Laser intelligence
|
Renseignement laser
|
MASINT
|
Measurement & signature intel.
|
Renseignement mesure et signature
|
MEDINT
|
Medical intelligence
|
Renseignement sanitaire
|
NUCINT
|
Nuclear intelligence
|
Renseignement nucléaire
|
OPTINT
|
Optical intelligence
|
Renseignement optique
|
PHOTINT
|
Photographic intelligence
|
Renseignement photographique
|
RADINT
|
Radar intelligence
|
Renseignement radar
|
RINT
|
Radiation intelligence
|
Renseignement des radiations
|
SIGINT
|
Signal intelligence
|
Renseignement électronique
|
TACINT
|
Tactical intelligence
|
Renseignement tactique
|
TECHINT
|
Technical intelligence
|
Renseignement technique
|
Source : Jacques Baud, Encyclopédie du
renseignement et des services secrets
L`irruption d`Internet dans l`univers du renseignement va donc
fortement contribuer au développement d`une intelligence de type
machinique. Face à un réseau générant des milliards
de bits d`informations, il devient impossible de n`en référer
qu`à l`intelligence humaine, incapable de traiter un aussi grand nombre
de données.
Jacques Baud donne l`exemple de la NSA, dont « on estime
qu`[elle] reçoit toutes les 12 heures, l`équivalent en
information de l`ensemble de la bibliothèque du Congrès, soit
mille milliards de bits ». Le site geoscopie.com nous donne, de son
côté, les données suivantes : la NSA serait
confrontée à l`examen de 5 millions d`e-mails par minute et
à 50 000 nouveaux internautes par jour. C`est ici qu`il s`agit de mettre
en avant la différence entre information et renseignement (ou
intelligence). En effet, Internet met à la disposition des services de
renseignement de très nombreuses informations brutes, dont la valeur est
à peu près nulle, si elles ne sont pas passées au «
tamis de l`analyse ». Jacques Baud précise que l`information
devient renseignement à travers une évaluation, une analyse, une
synthèse et une interprétation. L`information se recueille
(concept passif), alors que le renseignement se recherche, est analysé
puis est exploité dans un but précis (concept actif).
Dans ce contexte de fourmillement de l`information, il est
nécessaire de faire appel à la machine pour à la fois
recueillir, décoder et analyser l`information. L`intelligence, telle
qu`elle est définie par la cybernétique -«capacité de
développer la communication à un certain niveau de
complexité »46- connaît son véritable
triomphe. Si le référent initial est bien sûr le cerveau
avec ses multiples connexions neuronales engendrant des processus mentaux,
Wiener imagine très tôt que le modèle du cerveau est
applicable à la machine. Il en ressort que l`intelligence est le fruit
d`un calcul ; elle n`est donc pas spécifiquement humaine. La machine,
correctement programmée, sera un calculateur infiniment plus puissant et
plus efficace que le cerveau humain. L'ordinateur se présente comme un
allié indispensable à l'homme. C'est ce constat qu'ont rapidement
fait les services de renseignement face à la déferlante Internet,
ce qui les a poussés à progressivement adapter leur
matériel. Si l`idéal de paix universelle de Wiener semble
parfaitement utopique, sa vision de l`intelligence de la machine est, elle,
parfaitement intégrée par les services de renseignement.
46 Philippe Breton, Utopie de la Communication, La
Découverte, Paris, 1995, p. 57
On peut également voir dans l`utilisation des machines
comme nouveaux agents de renseignement l`héritage d`Alan Turing. Ce
scientifique anglais a connu son heure de gloire durant la seconde guerre
mondiale, en aidant les services anglais à casser le code de la Machine
ENIGMA, dont se servaient les Allemands pour communiquer des informations
ultra-secrètes. Turing a révolutionné les
mathématiques en élaborant une géniale théorie,
à laquelle on se réfère aujourd`hui sous le nom de «
machine de Turing ». Selon cette théorie, il serait possible de
formuler tout problème sous forme d`algorithme, que la machine pourrait
ensuite résoudre. L`apport de cette théorie fut
considérable : elle contribua significativement au développement
de nouvelles machines intelligentes, dont les services de renseignement sont
aujourd`hui tributaires.
En effet, l`un des défis majeurs posés aux
services de renseignement est la multitude d`informations en circulation sur le
Net. Trouver l`information pertinente relève d`un travail de titan.
« Inonder une équipe de synthèse d`une multitude
d`informations élémentaires est le moyen le plus sûr
d`empêcher la construction d`un renseignement fiable », affirme
Etienne Bouthors, directeur technique des départements « Logiciel
et traitement de l`information » chez Dassault Electronique. Face à
cette profusion d` « indices », les services de renseignement doivent
mettre en OEuvre une capacité exacerbée de sélection de
l`information. C`est ici que les logiciels dits renifleurs, ainsi que les
ordinateurs, apportent une aide indéniable.
On peut donc se demander si l`utilisation d`Internet dans la
guerre du renseignement ne traduit pas l`effacement de l`homme devant la
machine ? De nouveaux outils se développent tels les « programmes
renifleurs 47» qui s`infiltrent sur le web pour
récupérer des informations d`ordre privé ou militaire. On
peut également citer les logiciels TOPIC, créé par la CIA,
et TAIGA, fabriqué au profit de la DGSE. Ces logiciels sont des agents
de traitement automatisé de l`information. Ainsi TAIGA (Traitement
Automatisé de l`Information Géopolitique d`Actualité) a
été mis au point en 1987 par un linguiste/informaticien de la
société Thomson. Ce logiciel avait été
commandé par la DGSE qui voulait tirer des informations des bases de
données consacrées à l`URSS. Il a par la suite
été adapté pour servir à la veille technologique.
TAIGA fonctionne dans n`importe quelle langue, et est expert en
sémantique et en linguistique ; il analyse les données,
47 Un programme renifleur est un programme
placé dans un réseau afin de l`écouter et de
récupérer des informations.
quelle que soit leur langue et regroupe les informations qui
tournent autour de champs sémantiques préalablement
définis. On estime que ce logiciel peut traiter un milliard de
caractères par seconde. Les services de renseignement français en
ont fait un de leurs logiciels de prédilection. Ainsi, la Direction du
Renseignement Militaire48 a acquis début 1995 plusieurs
dizaines de stations TAIGA49.
L`analyste, élément central dans le cycle du
renseignement, est-il ainsi remplacé par un cerveau artificiel ? L'agent
humain, celui qui était chargé de récolter des
informations par voie orale, est-il dépassé? Les logiciels
renifleurs et des logiciels d`analyse ont tout d`abord été
conçus comme des auxiliaires face à une tâche rendue
insurmontable par la prolifération des informations sur le réseau
Internet. Les outils informatiques exécutaient alors des recherches qui,
faites par un homme, seraient à la fois longues et fastidieuses. Mais
l`on peut se demander si progressivement ces logiciels ne vont pas devenir des
logiciels de conception, véritables outils d'intelligence artificielle.
En effet, les logiciels renifleurs s`inscrivent dans la
lignée des logiciels de CAO (Conception Assistée par Ordinateur),
et des SIAD (Systèmes Interactifs d`Aide à la Décision).
Taiga ou Topic ne se contentent pas de sélectionner des informations en
fonction de mots-clés, ils sont également capables d`organiser
ces informations et de les présenter de façon cohérente et
pertinente. La technique semble alors pouvoir engendrer la décision. En
1972, Simon et Newell50 écrivent : « concevoir, c`est
élaborer une décision et donc résoudre un problème
». L'association services de renseignement/ Internet a ainsi la
particularité d'avoir fortement développé l'Intelligence
artificielle. La synthèse d`informations opérée par les
logiciels n`est rien d`autre qu`une forme de résolution de
problèmes. D`où l`interrogation suivante : ces logiciels
pourraient-ils devenir les agents de renseignement de demain ?
Il est intéressant de comparer cette évolution
avec les théories des premiers grands initiateurs de l`intelligence
artificielle. Pour Norbert Wiener autant que pour John von Neumann, les
machines
48 Cf. Glossaire en fin de mémoire 49
http://geocities.com/WallStreet/Floor/7918/structures.html
50 Herbert Simon (1916-) et Alan Newell (1927-1992), chercheurs
américains, comptant parmi les pères de l`intelligence
artificielle
doivent progressivement occuper les fonctions de commande et de
décision aux dépens de l`Etat. En effet, ils postulent que le
niveau de rationalité de la machine dépassera très
rapidement celui de l`homme, et ce, en raison de son potentiel de calcul. Or,
l`utilisation d`Internet par les services de renseignement témoigne du
fait que la machine peut au contraire permettre à l`Etat de mieux
asseoir son pouvoir, en maîtrisant de mieux en mieux la chaîne de
l`information.
Le développement du renseignement technique, via entre
autre l`intelligence artificielle, a eu de profondes conséquences sur
les différentes communautés du renseignement. Il a
impliqué un fort engagement financier de la part de l`Etat, que ce soit
aux Etats-Unis ou en France. Traditionnellement, les Etats-Unis attribuent des
budgets colossaux à la NSA afin qu`elle puisse développer des
outils de plus en plus puissants. Pour la période 2000-2001, son budget
a été estimé à 7 milliards de dollars51.
Parmi les nouvelles priorités de l`agence, l`interception des
données numériques exige des outils techniques extrêmements
sophistiqués. La cryptologie, autre domaine de prédilection de
l`agence, a également connu de très fortes évolutions. Les
chiffres du budget français pour le renseignement technique sont sans
commune mesure. Néanmoins, on a pu noter récemment une inflexion
du budget des services vers un renforcement du renseignement technique. Ainsi
le budget d`équipement en matériel informatique de la DGSE est
passé de 5 millions d`euros en 2000 à 20,3 en 2003. Globalement,
le budget 2003 de la DGSE s`élève à 217 millions d`euros.
Bien que tous les grands services de renseignement connaissent un
fort développement du renseignement technique, l`Amiral Lacoste, ancien
directeur de la DGSE, insiste sur la nécessité de «
souligner les rôles complémentaires des moyens techniques et des
moyens humains, tant au niveau de la recherche que de l`exploitation
»52. L'homme ne peut donc être mis totalement à
l'écart; nous y reviendrons dans la troisième partie.
51 Chiffres donnés par James Bamford, Body of
secrets, how America`s NSA and Britains`s GCQ eavesdrop on the word, p. 482
52 Défense et Renseignement, sous la direction de Pierre
Pascallon, L`Harmattan, 1995, p. 14
d. Internet correspond aux missions traditionnelles des
services
Si l`association Internet/ Services de renseignement peut
finalement sembler naturelle, c`est également parce que l`utilisation du
réseau vient s`inscrire dans les missions traditionnelles des services.
Internet a certes entraîné la création de nouveaux outils
(logiciels renifleurs) et logiciels de cryptologie, mais le Réseau a
également permis de développer à grande échelle des
armes traditionnelles de la guerre du renseignement. Rumeurs, propagandes et
désinformations ne sont pas des phénomènes récents
; la rumeur a même été considérée comme
« le plus vieux média du monde »53. Mais avec
Internet les cyber-attaques de dénigrement, de diffamation, se sont
considérablement développées. Les caractéristiques
du réseau, rapidité dans la dissémination et la
transmission de l`information, audience innombrable et internationale,
capacité quasi-illimitée du stockage d`informations, se
révèlent idéales pour ce que l'on appelle la "guerre du
renseignement".
Le nouvel espace informatif que représente Internet, a
facilité l`action des spécialistes de la désinformation,
qui au cours des dernières années se sont montrés
particulièrement performants dans le domaine économique. La
formule du philosophe chinois Sun Tse : « Donnez sans cesse à vos
ennemis de fausses alarmes et de faux avis »54 est toujours
à l`ordre du jour. « La propagation d`informations fausses pour
tromper les gouvernants et l`opinion publique [et aujourd`hui les entreprises]
est devenue un stratagème largement utilisé sur toute la
planète pour nuire à des adversaires susceptibles de porter
atteinte à des intérêts particuliers ou nationaux.
»55 On voit que la problématique de la
désinformation colle parfaitement à celle du renseignement. On y
retrouve l`adversaire potentiel, la défense des intérêts et
la démarche pro-active.
La désinformation, au même titre que la rumeur,
trouve en Internet un terreau fertile. Elle profite de la taille, de la
vitesse, et pour ainsi dire de l`ubiquité du réseau qui permet
à une information d`être consultée par de très
nombreuses personnes au même moment en des endroits très
éloignés
53 Référence à l`ouvrage de
Jean-Noël Kapferer, Rumeurs oele plus vieux média du monde, Le
Seuil, 1987 54 Sun Tse, Les treize articles de l`art de la guerre,
5e s. av-J-C 55 Défense Nationale, 1996, n°5,
art de Michel Klen, Les Coulisses de la désinformation, p. 84
et très variés. En outre, la
désinformation utilise les canaux propres à Internet pour se
développer ; elle se répand fréquemment via les forums de
discussion, ou encore via les e-mails, qui peuvent à leur tour
être transférés, ou encore via les médias
électroniques (qui ne vérifient pas systématiquement leurs
sources56). Si la désinformation est bien conçue,
c`est-à-dire si l`information contenue est susceptible de provoquer un
choc émotionnel chez certaines personnes, si elle joue sur les peurs des
individus, si elle est bien relayée, alors la désinformation
devient une arme extrêmement puissante dans la guerre du renseignement.
56 Matt Drudge considéré comme le
modèle-type du journaliste-Internet, s`est fait connaître en
révélant l`affaire Monica Lewinski. Si ce scoop l`a rendu
célèbre, il l`est également pour publier des informations,
sans opérer auparavant de recoupements. Son site est consultable
à l`adresse http://www.drudgereport.com/
Une association mieux comprise outre-Atlantique: l`avance
américaine
Il est évident que les services américains ont
compris bien plus vite que les services français (et européens en
général) l`intérêt que pouvait avoir Internet dans
la collecte d`informations. Il est d`ailleurs significatif que tous les
rapports américains sur la sécurité et l` «
Intelligence » citent nommément Internet, tandis qu`encore
aujourd`hui les rapports57 français officiels sur ces
questions, s`ils évoquent les réseaux, ne parlent quasiment
jamais d`Internet. Dans l`ouvrage Défense et Renseignement, compilation
d`interventions prononcées lors d`un colloque au Sénat en octobre
1993, la seule personne qui évoque Internet comme instrument
nécessaire du renseignement est... un Américain, Robert Steele,
président de la société « Open Source Solutions
». Il raconte comment, déjeunant avec le responsable d`une agence
de renseignements européenne, il lui conseilla de porter son attention
sur le réseau Internet : « Il y a 600 journaux techniques et
scientifiques qui sont publiés seulement électroniquement et qui
peuvent être trouvés uniquement sur le réseau Internet et
non dans une bibliothèque »58.
Les réticences des services français à
l`égard d`Internet étaient alors très fortes. Le
journaliste Jean Guisnel rapporte un fait intéressant : dans les
années 1990, les services de renseignement français auraient
« suggéré au gouvernement d`interdire l`usage de l`Internet
en France »59. Dans une telle situation, il est évident
que les services français se sont adaptés bien plus lentement au
Réseau que leurs confrères américains ! Dix ans
après ce colloque, les services de renseignement français ont
certes investi le Réseau, mais les discours à ce propos restent
plus que timorés, quasi inexistants, du moins chez les hommes
politiques.
57 Rapport spécial pour le projet de loi de
finances 2003, Secrétariat Général de la Défense
National et Renseignement, 10 octobre 2002, rapporteur Bernard Carayon,
Député. 58 Défense et Renseignement,
op.cité, p.179 59 Le Point, art. de Jean Guisnel, 21 mai 1999
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