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Le transfuge politique au sein des partis politiques implantés à  Kisangani.


par Marien Mwamba Ngwabi
Université de Kisangani - Licence en sciences politiques et administratives 2004
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE KISANGANI

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES

ET POLITIQUES

Département des Sciences Politiques et Administratives.

LE TRANSFUGE POLITIQUE AU SEIN DES PARTIS POLITIQUES IMPLANTES A KISANGANI EN 2003

Essai d'analyse des causes

Par

MARIEN MWAMBA NGWABI

 

MEMOIRE

Présenté en vue de l'obtention du grade de Licence en Sciences Politiques et Administratives

Directeur : Pro. Faustin TOENGAHO

LOKUNDA

Encadreur : C.T. Benoit KUDA

POMBWA

ANNEE ACADEMIQUE 2004-2005

Deuxième Session

DEDICACE

A vous charlotte,

Dont le doux maternage,

A conduit à ce rivage ;

Daigne recevoir les louanges

Que vous chante votre ange.

Marien MWAMBA NGWABI

AVANT-PROPOS

Au crépuscule de ce deuxième cycle de licence en sciences politiques et administratives que sanctionne ce travail de fin d'études, l'ingratitude serait de nôtre si nous nous proclamions en solo, auteur de ce travail. Déjà HEIDEGGER(*) affirmait : « le monde auquel je suis est toujours un monde que je partage avec les autres, parce que l'être au monde est un être au monde avec. Le monde de l'être là est un monde commun ». L'homme trouve sa raison d'être autour de ses semblables et par conséquent l'égoïsme et la solitude sont un culte occulte rendu à la coexistence humaine. Coéxistencielle aussi, aucune oeuvre humaine ne peut se vanter de son individualité : elle implique ainsi la gratitude.

Par gratitude, nos remerciements s'adressent a priori à Dieu, le Génie Créateur, Auteur du visible et de l'invisible, du mesurable et de l'incommensurable.

Que nos remerciements s'adressent également à nos autorités académiques de la FSSAP, pour nous avoir façonné par tant de leçons jusqu'à nous conduire à la fin de ce deuxième cycle qui porte aujourd'hui son auréole.

Que le corps professoral, scientifique et administratif lise ici l'expression de notre gratitude, combien profonde.

Que grâces soient particulièrement rendues au chef de travaux Benoit KUDA POMBWA qui, en dépit de ses nombreuses tâches, a bien voulu encadré ce travail. Ses conseils et observations ont donné une texture à ce travail.

Que le professeur Faustin TOENGAHO LOKUNGO qui, en marge de ses occupations de mandataire, de recherche et de parent, n'a pas ménagé de son temps pour diriger volontiers ce travail. Nous lui sommes et lui resterons reconnaissant à jamais.

Qu'il nous soit permis de remercier également le chef de travaux John LOSUMBE pour ses conseils, encouragements et sollicitudes.

Que nos chers parents Dieudonné MWAMBA et Charlotte MWARABU, auteurs, entreteneurs et orienteurs de notre vie, trouvent également la douceur de notre gratitude ;

Que Simon KALIMBALIMBA, Francine ARIDJA, ... tous les frères et soeurs MWAMBA trouvent l'expression de nos remerciements pour leurs tendresse et soutiens à notre égard.

Plaise au ciel que nos amis et complices de tous les temps découvrent non seulement le confort de notre amitié mais surtout le couronnement de nos peines. Nous songeons particulièrement à Aimé AMESILA, Pépé MIKWA, René KASONGO, Rémy BARUANI et John KAHUYA.

A tous et à chacun, gratias agamus.

Marien MWAMBA NGWABI.

INTRODUCTION GENERALE

Le transfuge politique au sein des partis politiques est la substance constituant l'objet de ce travail. D'orès et déjà de nombreux chercheurs s'étaient, chacun dans sa particularité, penché directement ou indirectement sur les partis politiques et les phénomènes partisans. La lecture de leurs travaux nous a permis de « pénétrer leur pensée, d'apprécier les difficultés qu'ils ont rencontrées et les moyens qu'ils ont utilisés pour les surmonter, de saisir l'originalité de leur contribution et les lacunes qu'une autre recherche devra combler »1(*). Nous présentons dans cette étude ceux auxquels nous avons eu accès et qui cadrent avec son objet.

AWAZI Imili Shabani part du constat qu'aucun mouvement politique, qu'aucune organisation politique ou parti politique, à part l'AFDL, n'a réussi à conquérir le pouvoir et à le conserver. Les raisons de ces échecs seraient les dissensions internes tant dans les partis politiques que dans les mouvements de libérations internes. Les causes de ces dissensions étaient, le combat pour le leadership, les intérêts personnels, le conflit d'ordre idéologique et philosophique, le manque de culture démocratique de la classe politique, la manipulation extérieure et celle de l'adversaire politique, l'impossibilité d'atteindre les objectifs initiaux, les discrédits des leaders politiques, le manque de soutien, le renforcement du pouvoir de l'adversaire politique, le développement de la culture de la guerre, la persistance de la crise et la paupérisation excessive de la population.2(*)

Abordant le sujet de la rébellion-révolution au Congo, cas du maquis de KABILA et le P.R.P., WILUNGULWA BALONGELWA a démontré l'organisation et le fonctionnement de cette formation politique dans la zone de FIZI, il confirme que ce maquis est né du divorce entre KABILA et les Lumumbistes (SOUMIALOT - GBENYE) ; KABILA voulait mener une lutte révolutionnaire avec une nouvelle philosophie politique à travers le P.R.P. un parti d'inspiration marxiste-léniniste pour l'élimination du capitalisme et la création d'une société socialiste. Il montre encore parmi les raisons d'affaiblissement du maquis, l'égoïsme et l'injustice de son leader, le conflit inter-ethnique et l'isolement politique.3(*)

Dans son ouvrage-maître sur les partis politiques, Maurice DUVERGER4(*), en appliquant la typologie binaire des groupements sociaux de TONNIES aux partis politiques tout en la complétant par la notion d'ordre de SMALENBACH, fait remarquer que les partis politiques ont connu une évolution intéressante : créés sur base d'intérêt, les partis politiques sont confondus d'abord aux sociétés, puis se muent peu à peu en communautés fondées sur l'idée de proximité, de consanguinité ou de communion d'esprit. Ils prennent enfin le caractère d'ordre pour lutter contre la dégradation d'énergie qui s'y manifeste. Les mécanismes des épurations, des purges, des excommunications et des schismes sont appliqués pour maintenir les partis politiques face aux risques des adhérents peu fidèles.

La confrontation de ces travaux consacrés aux partis politiques et aux phénomènes partisans permet de réaliser deux paliers de recherche sur les partis. Le premier s'axe sur l'agencement partisan : la doctrine, la structure et la composition sociale en constituent la toile de fond.

La seconde porte sur la dynamique partisane, celle-ci inclut les travaux sur les dissensions, les désertions, les défections, schismes, les épurations et les excommunications au sein des partis politiques. Ces derniers travaux se rapprochent de notre objet d'étude. Cependant, ils s'en distendent du fait de leur massivité et de leur origine. Notre étude porte sur les causes du transfuge politique au sein des partis politiques.

Au fait, dans tout Etat-même celui créé par la décolonisation, il appartient à son pouvoir de définir l'ordre social désirable ainsi que l'idée de droit obligatoire. Sur le plan social (pension de retraite, allocations familiales, politiques d'emploi), sur le plan économique (liberté d'entreprise, fisc) et politique (droit au suffrage ou d'éligibilité), la stratégie étatique est telle que définie par le pouvoir étatique - fort -, mais elle est la résultante des corrections et compléments collectifs des représentations des citoyens.

Cependant, il convient de noter que le pouvoir étatique n'est pas le seul et l'unique au sein de l'Etat, « il n'est qu'une force parmi (tant d'autres »5(*).

En effet, le pouvoir étatique traduit certes l'idée de droit et l'ordre social dominants car il trouve son fondement et son maintien dans la volonté socialement la plus forte. Néanmoins, il ne cesse d'être à la fois combattu et contesté par d'autres forces avec lesquelles il est en rapport. Parmi ces forces figurent, dans les collectivités étatiques contemporaines, les partis politiques tenus, à juste titre, pour « les instruments ou les interprètes de la volonté populaire ».6(*)

C'est pourquoi des nombreuses constitutions étatiques reconnaissent aux partis un rôle déterminant. La constitution espagnole du 29 décembre 1978 stipule dans son article 6 : « Les partis politiques expriment le pluralisme politique, concourent à la formation et à la manifestation de la volonté populaire et sont un instrument fondamental pour la participation politique ».7(*) Et, depuis l'ébranlement de l'empire soviétique, citadelle du monopartisme, nombreux - presque tous - sont les Etats qui se sont ouverts au multipartisme. Dès lors, se consacre l'Etat des partis.

La République Démocratique du Congo, après un long parcours politiquement dissymétrique se modulant entre multipartisme et monopartisme, s'est, elle aussi, résolue à travers la résolution N° DIC/CPJ/O4 du 18 Avril 2004 relative à la libéralisation effective et totale de la vie politique et associative, de restaurer le multipartisme.

Ainsi, l'article 11 de la constitution de la transition d'avril 2004 stipule : « le pluralisme politique est reconnu en RDC. Tout congolais a le droit de créer un parti politique ou de s'affilier à un parti de son choix. Les partis politiques concourent à l'expression du suffrage, à la formation de la conscience nationale et à l'éducation civique. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans le respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes moeurs. Les partis politiques sont tenus au respect des principes de démocratie pluraliste, d'unité et de souveraineté nationale.

Nul ne peut instituer, sous quelque forme que ce soit, de parti unique sur tout ou partie du territoire national. L'institution d'un parti unique constitue un crime de haute trahison puni par la loi »8(*). La loi n° 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, en RDC, par principe de constitutionnalité, conforte ces acquis constitutionnels en les réglementant.

Dans ce contexte, des nombreux partis politiques ont repris leurs activités et d'autres nouveaux partis ont pratiquement vu le jour, s'implantant et se structurant avec des tentacules dans les différents coins de la République.

Tout citoyen, majeur, a le droit d'adhérer au parti politique de son choix selon les critères établis par lui-même. La société présente alors une configuration de fragmentation partisane entre les activistes des différents partis d'un côté et, entre ces derniers et les autres citoyens non partisans, de l'autre.

Le pays semble livré à la catégorie d'endoctrinés, des activistes des partis politiques : « ils font plus de bruit que les citoyens ordinaires. Ils donnent volontiers le ton. Ils battent le tambour. Ce sont eux qui fournissent les distributeurs de tracts, des colleurs d'affiches, les signataires de motions, les virtuoses de la pétition, les experts ès démarchage politique à domicile, les porteurs de pancartes et des calicots, les premiers rangs des manifestations et bonheur suprême, l'honneur merveilleux, les délégués aux congrès politiques »9(*)

Pourtant, alors que certains activistes des partis politiques s'obstinent à s'identifier à une couleur politique, à succomber au charisme d'un leader, au charme d'une idéologie en leur jurant - manifestement ou tacitement - loyauté et fidélité, d'autres quittent les partis auxquels ils ont été délibérément embrigadés pour adhérer à d'autres, estimés plus hospitaliers. C'est le transfuge politique au sein des partis politiques dont l'étude des causes constitue l'objet de ce travail. Ainsi, certaines questions sont les nôtres face à ce phénomène :

- Pourquoi les adhérents quittent-ils les partis qu'ils ont délibérément choisis ?

- Pourquoi adhèrent-ils à d'autres partis politiques ?

- Pourquoi les partis, qui perdent de leurs adhérents ne se dissolvent-ils pas ?

Aux fins de répondre provisoirement aux questions posées ci-haut, nous pensons que les désertions ou les défections aux partis politiques seraient dues notamment au désaccord idéologique, au déficit d'intérêt et à la déloyauté du leader du parti ; que l'adhésion à un nouveau parti politique serait due à la quête d'argent, l'ambition de briguer un mandat à l'avenir, à la proximité géographique adhérent-leader, à l'attrait de l'idéologie du parti, au charme du leader du parti désenchantés au premier parti. Par ailleurs, les partis survivraient malgré le transfuge, grâce au recrutement progressif d'autres adhérents.

Tels sont les fils conducteurs qui serviront à l'appréhension du phénomène de transfuge au sein des partis politiques. Toutefois, pour rendre compte du pourquoi du transfuge au sein des partis, nous avons dû recourir à un arsenal méthodologique conséquent. Le souci d'atteindre l'explication dépassant ainsi la simple description, nous a suggéré l'utilisation de la méthode dynamique.

A la suite de BALANDIER, « la méthode dynamique part de la constatation très simple des tensions que recèle tout groupement social »10(*)

La dynamique correspond aux exigences fondamentales de la notion de méthode. Elle est d'abord une attitude vis-à-vis de l'objet : empirique et déductive, elle commande une certaine façon de recueillir des données concrètes. Elle représente ensuite une tentative d'explication des faits sociaux.

Plutôt que de s'étendre sur le développement théorique des lois de la dynamique, il est intéressant de mentionner ici globalement et de façon pratique, la perspective dans laquelle des phénomènes ont été appréhendés dans la présente étude.

En effet, le parti politique en tant qu'entité sociale n'est ni statique ni clos, l'adhésion qui le fonde est creusée par la défection, suggérant ainsi l'idée de fluctuation notamment au niveau de l'effectif : l'adhésion, revêt un caractère continuateur alors que la défection, le caractère discontinuateur. Par ailleurs le parti assure sa continuité par le mécanisme de recrutement progressif.

Voilà quelque peu démontrée notre vision de la dynamique dans ce cas précis. Mais pour mieux nous y prendre, nous avons dû recourir aux techniques entendues comme « outil instrument qui permet de découvrir les différentes données sur un fait »11(*). Elles nous ont été imposées par l'objet de notre étude. Nous avons par conséquent fait usage de deux séries de technique, à savoir les techniques de collecte des données et les techniques d'analyse des résultats.

En ce qui concerne la collecte des données, les outils suivants ont été tour à tour utilisés :

- L'observation directe désengagée pour autant que, nous nous retrouvons nous même à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale et siège provincial de nombreux partis politiques où nous avons pu observer le phénomène de transfuge ;

- L'entretien structuré qui nous a permis, grâce aux questions préparées à l'avance, de recueillir les opinions de nos enquêtés sur les causes présidant au transfuge au sein des partis politiques et la survie des partis politiques ;

- L'analyse documentaire nous a permis de fouiller la littérature existante afin de pose le problème du transfuge à la lumière et différemment des recherches antérieures.

Quant à l'analyse et au traitement des résultats, nous nous sommes servi principalement de l'approche statistique, qui nous a permis de quantifier les opinions de nos enquêtés et d'en déterminer les fréquences à l'aide desquelles nous avons pu interpréter les résultats du présent travail qui poursuit un objectif et un triple intérêt.

Quant à l'objectif, ce travail entend démontrer que les partis politiques ne sont pas que des agencements harmonieux mais ils sont plus que cela dans la mesure où ils sont ouverts à des forces internes qui les font et les défont mais auxquelles ils survivent.

Pour ce qui est de l'intérêt, ce travail est :

- Une contribution scientifique à la sociologie politique sur la question des partis politiques. Il s'inscrit alors dans la spécificité d'étude de la dynamique des partis et peut ainsi servir de source d'inspiration aux études postérieures. D'où son intérêt scientifique ;

- Une contribution pratique en ce sens qu'il se propose comme un instrument de gestion pour les dirigeants des Etats-majors des partis politiques en leur suggérant des indicateurs de contrôle d'effectifs. D'où son intérêt pratique ;

- Une utilité personnelle car il se veut un reflet de nos capacités intellectuelles à concrétiser les notions acquises pour la réalisation d'un travail scientifique. A juste titre, L. NAUDAUD précise que la recherche ne remplirait pas convenablement son rôle si les connaissances acquises n'étaient pas utilisées partout où elles se révèlent nécessaires12(*). D'où son intérêt personnel.

La réalisation d'une telle oeuvre ne pourrait certainement être possible qu'au prix d'évidents frais. Dans le cas d'espèce, nous pouvons citer, entre autres, ceux relatifs au déficit de nos possibilités financières pour couvrir les dépenses y inhérentes d'une part, et ceux relatifs à l'accessibilité à l'information.

Enfin, en fait de subdivision, signalons que ce travail est bipartie. Sa première partie, faite de deux chapitres, l'un portant sur les généralités et l'autre sur la critériologie d'adhésion partisane à Kisangani, traite des généralités. La deuxième partie traite du transfuge politique et survie des partis politiques. Elle comporte deux chapitres : l'un porte sur la quiddité du transfuge politique au sein des partis politiques à Kisangani. L'autre se penche sur le recrutement au sein des partis politiques.

Première partie : ARMATURE THEORIQUE.

Dans cette partie, nous traitons d'abord au premier chapitre des généralités liées à la clarification des concepts et à la présentation des partis politiques implantés à Kisangani en 2003 qui constituent, en fait, le champ d'étude de ce travail. Puis dans le deuxième chapitre, nous tentons d'établir une critériologie de référence présidant à l'adhésion partisane à Kisangani.

Chapitre premier : GENERALITES.

Dans ce chapitre, il est d'abord question d'élucider les concepts fondamentaux de notre étude. En outre, il s'agira aussi de développer quelques théories importantes échafaudées par les spécialistes en sciences sociales en rapport avec ces concepts. Ceci est d'autant nécessaire parce que « une recherche consciente de ses besoins ne peut passer outre le nécessité de clarifier ses concepts, c'est-à-dire, préciser la ou les dimensions du phénomène désigné »13(*) Les concepts qui feront ainsi l'objet de cet effort théorique sont les suivants : transfuge politique et parti politique.

Ensuite, il sera question de présenter certains partis politiques implantés à Kisangani en l'an deux mille trois et qui constituent notre champ de recherche.

I.1. CLARIFICATION DES CONCEPTS.

Nous définissons dans cette section les concepts transfuge politique et parti politique et nous y développons des théories compilées relatives au parti politique.

I.1.1. Le transfuge politique

Il existe deux acceptions du transfuge. Le transfuge est d'abord « le fait pour un soldat de passer à l'ennemi »14(*)

Il s'avère évidemment qu'une telle acception du transfuge en fait un concept militaire. Le transfuge est ensuite perçu comme « le fait pour un individu d'abandonner son parti, ses opinions pour un parti, des opinions adverses »15(*) cette acception du transfuge est dite politique.

Ainsi défini, le transfuge politique se différencie de la désertion ou de la défection d'une part et, du schisme ou de la scission, d'autre part. En effet, le transfuge se distend de la désertion ou de la défection dans la mesure où celles-ci ne consistent qu'à un abandon du parti sans adhésion à un autre parti. De même le transfuge s'écarte du schisme ou de la scission dans la mesure où ces derniers sont collectifs et rompent l'unité du parti en le dédoublant alors que le transfuge, lui, l'érode.

Le transfuge politique revêt certaines caractéristiques, il est personnel car il est un acte posé par un individu sans ouvertement entraîner d'autres membres de parti. D'où son opposition à la scission ou au schisme ;

Il est volontaire car il est le résultat d'une détermination de sois vis-à-vis de la décision d'abandon du parti pour un autre. D'où sa différence avec l'épuration et l'excommunication qui sont des contraintes ;

Il est enfin transitoire car il est un passage individuel d'un parti politique A vers un parti politique B.

Qu'il soit enfin mentionné au passage que le transfuge politique s'observe surtout dans un système de partis qui est « un ensemble structuré constitué des relations tantôt d'opposition tantôt de coopération qui existent entre les partis politiques agissant sur la scène politique d'une même société politique »16(*)

I.1.2. Le parti politique

Nous retournons, dans cette partie, le parti politique sous ses différentes facettes. Notions, conceptions, caractéristiques, clivages et fonctions y sont décryptés.

I.1.2.1. Notions

Il existe plusieurs définitions du parti politique qui se différencient selon qu'elles insistent sur différents points focaux de définition.

Benjamin CONSTANT17(*) affirme que le parti politique est une réunion d'hommes qui professent la même doctrine politique. Il est donné de constater que cette définition de Benjamin CONSTANT met en exergue - moins que la structure ou la fonction - la doctrine du parti.

BOUDON et BOURRICAUD par contre, désignent par parti politique, toute organisation rassemblant des individus plus au moins semblables par leurs statuts socio-économiques, leurs affiliations religieuses, leurs attitudes et leurs visions du monde18(*) cette définition met l'accent sur l'organisation et la manière dont il se structure, pour définir le parti politique.

GUY HERMET, Bertrand BADIE, Pierre BIRNBAUM, Philippe BRAUD19(*) appellent parti politique, « les groupes organisés et permanents dont les membres se rassemblent au regard des projets partagés, de valeurs communes ou encore d'alliances d'intérêts. (...) Dans le cadre de la démocratie représentative, ils ont normalement pour objectif la conquête du pouvoir ou, au moins, l'accès à celui-ci par des voies constitutionnelles régulières et spécialement par le truchement des élections »

I.1.2.2. Conceptions.

Au regard de la pluralité des définitions de partis politiques, il importe de cataloguer les définitions en conceptions ;

a) La conception libérale

C'est la conception traditionnelle qui se focalise sur la doctrine, l'idéologie pour identifier le parti politique. Elle se fonde davantage sur le programme politique dans sa définition.

b) La conception Marxiste

A la conception libérale a succédé la conception marxiste. Celle-ci se fonde, non pas sur la doctrine mais plutôt sur la composition sociale, la structuration, pour définir le parti politique. Ici, le parti politique est pris pour un appareil, une machine au service d'une classe pour la conquête du pouvoir.

c) La conception intermédiaire contemporaine.

C'est la conception qui s'allie les acquis de deux précédentes conceptions. Elle repose à la fois sur le programme politique et la structure dans la tentative de définition.

Toutefois, le parti politique s'identifie également à partir de certaines autres caractéristiques.

I.1.2.3. Les caractéristiques du parti politique20(*)

Parler d'un parti politique requiert :

a) Une organisation durable, c'est-à-dire une organisation dont l'espérance de vie politique soit supérieure à celle de ses dirigeants en place ;

b) Une organisation locale bien établie et apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés avec l'échelon national.

c) La volonté délibérée des dirigeants locaux et nationaux de l'organisation de prendre et d'exercer le pouvoir seuls ou avec d'autres, et non pas simplement d'influencer le pouvoir ;

d) Le souci, enfin, de rechercher un soutien populaire à travers les élections ou de tout autre manière.

Ces caractéristiques sont confinées dans la définition de Joseph LAPALOMBARA et WEINER : « un parti est une organisation durable, agencée du niveau national au niveau local visant à conquérir et à exercer le pouvoir et recherchant, à cette fin, le soutien populaire »21(*)

I.1.2.4. Les fonctions du parti politique22(*)

Dans un système de partis, ceux-ci servent classiquement à trois choses.

a. Formation de l'opinion.

Les partis contribuent à créer et à maintenir une conscience politique, en assurant l'information et la formation de l'opinion.

Ils assurent un encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des électeurs et des candidats. Ils clarifient et alimentent le débat politique, en explicitant plus clairement les choix. Grâce à eux, l'électeur saura mieux de quelles idées, de quel programme se réclame tel ou tel candidat, et, donc, quelle action il mènera une fois élu.

b. Sélection des candidats.

Les partis politiques désignent les candidats qu'ils proposent aux électeurs. Ils jouent par conséquent le rôle actif de recrutement politique tendent à créer des nouvelles élites.

c. L'encadrement des élus.

Les partis assurent l'encadrement des élus dans deux sens. Ils maintiennent un contact permanent entre les élus et les électeurs en expliquant aux électeurs l'activité parlementaire de l'élu, en défendant ses décisions, en faisant sa propagande d'une part.

D'autre part, ils assurent l'encadrement parlementaire des élus, en réunissant et en assurant la concertation des élus d'un même parti au sein d'un groupe parlementaire.

Cependant, faudra - t - on remarquer, que dans les pays en voie de développement caractérisés par une faible spécialisation et différenciation des rôles, les partis assument en effet, une multiplicité de fonctions touchant à l'administration, la police, l'éducation et la sécurité sociale qui s'ajoutent à leurs fonctions électorales et parlementaires traditionnelles.

I.1.2.5. La typologie des clivages partisans.

Les partis politiques existent certes et fonctionnent mais ils ne sont pas tous les mêmes et - de même nature.

Ce sont ces différences, ces écarts qui sont réunis en terme générique de clivages partisans.

En effet, il existe plusieurs clivages partisans. Les partis peuvent se différencier par rapport à la structure, à l'idéologie, à la composition sociale, au contexte socio-historique, à l'étendue de leurs activités, à la discipline du parti,...

Par rapport à leur manière de se structurer, on distingue les partis de masse des partis de cadre. Les premiers se caractérisent par une forte structuration (cellule, section), avec des branches très étendues de manière à atteindre un plus grand nombre d'adhérents qui contribueront, par leurs cotisations aux frais de fonctionnement du parti ; les seconds sont caractérisés par une faible structuration qui ne se limite qu'à rassembler des notables influents, techniciens et riches capables de préparer le parti aux élections.

Quant à l'idéologie ou la doctrine, il est courant de distinguer les partis de gauche de ceux de droite. Un parti est de gauche lorsqu'il professe des idées avancées ou progressistes tendant à l'acceptation du progrès politique, social et économique ou qui penchent à la modification de la société vers un idéal, par des réformes ou des moyens - au besoin - violents.

Toutefois la composition de la gauche varie selon les Etats. Aux Etats-Unis, la gauche est constituée des démocrates ou des libéraux alors qu'en Grande-Bretagne, elle est occupée par les Travaillistes, en France, les communistes et socialistes la constituent en grande proportion.

Par contre, un parti est de droite lorsqu'il professe des idées conservatrices ou réactionnaires s'opposant au progrès social et visant le rétablissement des institutions antérieures ou leur maintien. Comme la gauche, la droite est aussi d'une composition variable selon les pays.

Pour ce qui est de la composition sociale, on trouve des partis d'ouvriers, les partis d'industriels, de banquiers ; ... Ce clivage se rapporte à la proportion du groupe qui se retrouve en majorité dans un parti politique.

Par rapport à la discipline de vote, on distingue les partis souples des partis rigides. Un parti est dit souple quand ses élus ne sont pas obligés, dans un organe représentatif, de voter tous de la même manière. Chaque élu vote comme bon lui semble. Par contre un parti est rigide lorsqu'il impose une discipline de vote à ses membres.

Au point de vue des contextes socio-historiques, certaines catégories plus sensibilisées aux problèmes généraux et qui on été interprètes naturels des aspirations diffuses dans les masses, devenant par la suite des partis politiques vont inspirer une autre différenciation entre eux. En effet, on distingue les partis d'essence ethnique, syndicale, mutualiste,...

En ce qui est de l'étendue d'activités offertes aux membres, on distingue les partis spécialisés des partis totalitaires. Un parti est spécialisé lorsque ses activités ne concernent que des branches purement politiques sans dérober ce domaine très limité. Par contre un pari est totalitaire lorsqu'il étend ses activités jusqu'au-delà de la sphère purement politique (à l'usine, au bureau, dans le loisir, dans la famille) de ses membres.

Il convient toutefois de noter que ces clivages autant que la typologie qu'ils engendrent ne sont pas très rigoureux et leur liste n'est pas, ici, exhaustive. Mais il faut retenir en définitive que les partis politiques sont des organisations des nationaux réunis par une structure spécifique autour d'un programme politique et visant la conquête et l'exercice du pouvoir notamment par la voie des élections. Ils sont des champs des forces particuliers et singuliers.

I.2. LES PARTIS POLITIQUES IMPLANTES A KISANGANI EN 2003.

Dans cette section, sont succinctement présentés les partis politiques qui constituent le champ de notre étude. Il s'agit du Mouvement de Libération du Congo (M.L.C), des Forces du Futur, des Forces Novatrices pour l'Union et la Solidarité (FONUS), du Rassemblement Congolais pour la Démocratie/de Kisangani, Mouvement de Libération et du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (P.P.R.D).

I.2.1. Le Mouvement de Libération du Congo (M.L.C.)

D'origine politico-militaire, le M.L.C. est une formation politique qui s'est mué en parti politique le 5 Avril 2003 à GBADOLITE. D'idéologie politique libérale, le M.L.C. prône notamment l'émergence d'un Etat de droit, la double nationalité, la territoriale de développement, la concurrence dans tous les secteurs économiques nationaux. Il est hiérarchiquement structuré - du sommet national à la base - d'un comité exécutif national, par des fédérations provinciales, par des cantons urbains ou des districts, par des comités communaux, par des sections au niveau des quartiers, par des sous-sections au niveau des rues et par des cellules. Chacune de ces structures comporte un organigramme spécifique prévu par les statuts.

Historiquement, le M.L.C. a été implanté à Kisangani le 07 Novembre 2003.

I.2.2. Les Forces du Futur.

Créées à Kinshasa le 18 Juillet 1994, les Forces du Futur sont un mouvement politique dont les idéaux sont la démocratie, la liberté, la justice, le progrès, la paix, le patriotisme, l'indépendance, la consolidation de l'unité nationale, la préservation de la souveraineté de l'Etat Congolais, de la sécurité et de l'intégrité du territoire.

Se réclamant d'idéologie « communaucratique », c'est-à-dire celle qui se vit dans un système politique où les droits de l'individu et ceux de la communauté nationale dans son ensemble s'harmonisent et concourent pour forger l'épanouissement de l'un et de l'autre sur le fondement des principes et valeurs de démocratie, du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, les Forces du Futur axent leur projet de société sur 3 points : la construction de l'Etat de droit, l'économie forte, l'investissement dans les femmes.

Les Forces du Futur ont été implantées à Kisangani en décembre 2003, elles se structurent en directoire national, en comité provincial, en comité de district ou de ville, en comité sectionnaire (territoire/commune), en comité sous cellulaire (groupement, groupe d'avenues).

I.2.3. les Forces Novatrices pour l'Union et la Solidarité (FONUS)

Fondées sur la philosophie sociale de droit de l'homme, du respect de la légalité, la légitimité et la rationalité, le nouvel ordre social, politique, économique et culturel (solidarisme intégral) ainsi que sur une orientation politique axée sur la libération du peuple congolais et l'implantation d'un Etat de droit, les Forces novatrices pour l'union et la solidarité est une ancienne branche juvénile de l'U.D.P.S. (JUFOR) dont elle scinda le 15 Août 1993 pour devenir un parti politique autonome.

Implantées à Kisangani au mois de novembre 2003, les FONUS sont structurées par un comité et un congrès au niveau national. Localement, elles sont organisées en union provinciale, en fédération (district ou ville), en sections (commune ou territoire) en sous-sections et en cellules.

1.2.4. Le rassemblement Congolais pour la Démocratie, Mouvement de Libération (R.C.D/K.M.L)

Faction dissidente du R.C.D., le R.C.D/K.M.L a vu le jour le 20 Maui 1999 à Kisangani et s'est transformé en parti politique le 02 Juillet 2003.

Se réclamant du socio-libéralisation chrétien ; le R.C.D/K.M.L prône le patriotisme responsable ; il défend le pluralisme politique, l'économie sociale du marché, la répartition équitable des ressources nationales, l'état de droit la protection de la minorité, l'humanisme et la solidarité dans la promotion de la libre entreprise, l'instauration des droits fondamentaux de la personne humaine et des libertés publiques ainsi que la justice sociale et distributive.

Son emblème est une carte du Congo de couleur bleu, encadrée de la couleur jaune et sectionnée de 2 barres rouges et une colombe portant un rameau ; sa devise est « Dieu, le Congo et la Loi ».

Organisé en congrès, conseil politique, en présence et en secrétariat général à l'échelle nationale, le R.C.D./K.M.L est structuré au niveau provincial et local en conseil politique et comité fédéraux, en conseil politique et comité sous fédéraux, en conseil et comité politiques sectionnaires (commune et territoire) ; en comité et conseil politiques sous sectionnaires (collectivités) et cellulaires (groupement).

Le R.C.D./K.M.L s'est implanté officiellement à Kisangani en nombre 2003.

I.2.5. le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (P.P.R.D)

Créé le 30 Mars 2002, le P.P.R.D. se réclame, selon l'article 8 de son statut, de l'idéologie socio-démocrate. Celle-ci prône l'affirmation de l'indépendance et de la souveraineté de la R.D.C., la régénération des forces vives de la Nation et la Renaissance du Congo Démocratique.

De doctrine orientée vers le patriotisme rénovateur (art 10 des statuts), le P.P.R.D. consacre la défense des intérêts supérieurs de la Nation, l'engagement constructeur, reconstructeur et rénovateur ainsi que l'ouverture aux valeurs universelles.

Sa devise étant « l'unité, le renouveau et le développement », le P.P.R.D s'organise à travers les organes centraux (le congrès, le conseil national et le comité exécutif national) et les organes de base (le conseil provincial et le comité exécutif provincial, les assemblées locales et les comités de base) s'étendant des provinces jusqu'aux groupements. Le P.P.R.D. a été implanté à Kisangani en octobre 2003.

C'est donc au sein de ces partis présentés ci-dessus que nous avons trouvé les transfuges dont les motivations font l'objet de notre étude.

Chapitre deuxième : CRITERIOLOGIE D'ADHESION PARTISANE A

KISANGANI

Sous ce chapitre, sont étalés et analysés les critères d'adhésion fixés par les activistes des partis politiques à Kisangani.

Il s'étend sur deux sections. La première s'axe sur le processus méthodologique et la deuxième se penche sur l'analyse et l'interprétation proprement dites des résultats relatifs aux critères d'adhésion.

II.1. PROCESSUS METHODOLOGIQUE

La population d'enquête, l'échantillon ainsi que les instruments de récolte des données sont décrits dans cette section.

II.1.1 Population et échantillon.

De la population d'étude, mentionnons qu'elle est constituée de l'ensemble des partisans transfuges, membres des partis politiques implantés à Kisangani au cours de l'année deux mille trois.

En effet, tenant compte de la nature quelque peu délicate de la question que nous nous sommes proposé de débattre à savoir, le phénomène de transfuge au sein des partis politiques, il s'est révélé difficile d'asseoir notre enquête sur une base de sondage, particulièrement pour deux raisons. D'abord, les partis politiques au sein desquels notre enquête a été menée disposent plus des listes d'adhérents - du reste moins détaillées et incomplètes - que celles d'adhérents transfuges. Ensuite, la carence des listes d'adhérents transfuges nous a entraînés à une enquête sélective personnelle des transfuges parmi les membres des partis politique.

C'est pourquoi, nous avons dû adopter un échantillonnage à choix raisonné, c'est-à-dire du type non probabiliste de soixante unités. Deux caractéristiques ont été retenues à savoir, le sexe et la profession.

Tableau 1. Répartition de l'échantillon d'après le sexe.

Sexes

F

%

Masculin

45

75

Féminin

15

25

TOTAL

60

100

Source : notre enquête.

Légende :

F : Fréquences

% : Pourcentage

A la lumière de ce tableau, il se dégage que notre échantillon comprend 45 sujets sur 60 soit 75% des sujets de sexe masculin contre 15 sujets sur 60 soit 25% de sexe féminin.

Cet écart, s'explique notamment par une participation accrue des hommes par rapport aux femmes aux partis politiques et par une transfugitivité accrue d'hommes que des femmes au sein des partis politiques.

Tableau 2 : Répartition de l'échantillon d'après la profession.

EMPLOIS

F

%

Employés

19

31,6

Indépendants

02

3,4

Sans emplois

39

65

TOTAL

60

100

Source : notre enquête.

Légende :

F : Fréquences

% : Pourcentage

Employés :

Dans cette catégorie, figurent notamment ceux qui travaillent sous statut ou sous contrat : les salariés privés ou de l'Etat.

Indépendants :

Cette catégorie rassemble ceux qui exercent des professions qui ne les lient à un tiers ni par un statut ni par un contrat (commerçants, artistes, artisans)

Sans emplois :

Cette catégorie réunit en son sein, tous nos enquêtés qui n'ont pas d'emploi spécifique. C'est la frange des chômeurs, des débrouillards et d'étudiants.

Comme l'indique le tableau 2, notre échantillon comprend sur soixante unités, trente neuf sans emploi soit 65%, deux indépendants sur 60 soit 3,4 % et 149 employés soit 31,6 %.

Cet écart est justifié par le taux de chômage élevé au sein de la population à l'âge de travailler et par le faible taux des travailleurs indépendants

II.1.2. Instruments de récolte et de traitement des donnés.

Outre les données puisées de la documentation disponible relative à notre objet d'étude, il sied de faire remarquer le rôle combien important joué par la technique d'entretien structuré dans la récolte des données portant sur les opinions relatives aux causes du transfuge au sein des partis politiques.

En effet, notre guide d'entretien comporte sept questions dont quatre sont ouvertes et trois, à éventail des réponses.

Quant au traitement des données, nous nous sommes bornés à faire usage de la statistique élémentaire, tenant compte de nos limites en ce domaine.

Concrètement, notre effort a consisté en la quantification des opinions en termes des fréquences et en la transformation de ces derniers en pourcentages. Ceux-ci ont reçu la dénomination générique de taux qui nous servirons pour désigner telle ou telle autre opinion qualifiée.

Ceci dit, passons à présent à la seconde section consacrée à l'analyse des résultats sur les critères d'adhésion partisane à Kisangani.

II.2. ANALYSE DES CRITERES D'ADHESION PARTISANE A KISANGANI

Sous cette section, nous étalons et examinons les différents points sentimentaux ou rationnels auxquels les adhérents se réfèrent pour s'intégrer dans un parti politique. Il s'agit, en d'autres termes, d'une analyse des causes d'adhésibilité ou des facteurs attractifs des partis politiques.

L'analyse nous a cependant été rendue aisée par les questions que nous avons posées au cours de notre enquête. Ces questions dégagent les différents thèmes d'analyse des critères d'adhésion à Kisangani. Il s'agit des thèmes ci-après :

- Le phénomène du parti à Kisangani ;

- L'adhésibilité(*) des partis politiques.

Tableau 3 : spécification des thèmes d'analyse et questions y relatives

THEMES

QUESTIONS

NOMBRES

01

Le phénomène du parti

01

01

02

Les causes d'adhésibilité des partis politiques

3 et 4

02

Source : notre enquête.

Le tableau ci-dessus présente de façon synoptique les différents thèmes autour desquels s'articule la deuxième section de ce chapitre et les questions y correspondantes respectivement et le nombre de celles-ci.

En effet, le premier thème est la certification du phénomène partisan à Kisangani. L'appréhension de ce thème est rendue possible par les réponses des enquêtés à la question n° 1.

Le deuxième thème se rapporte aux causes d'adhésion aux partis politiques à Kisangani. L'appréhension de ces causes est rendue possible grâce aux réponses de nos enquêtés aux questions 3 et 4.

II.2.1. Le phénomène du parti.

La réalité du transfuge est liée à celle des partis politiques. Cherchant à nous enquérir de la nouménalité du transfuge au sein des partis politiques, il nous a fallu tout d'abord démontrer la réalité de ceux-ci. Ainsi, nous avons dû poser la question suivante : vous êtes membres d'un parti politique ? Lequel ?

Tableau 4 : Réponses des enquêtés sur l'appartenance partisane.

PARTIS

F

%

P.P.R.D.

12

20

M.L.C.

12

20

RDC/K-ML

12

20

FONUS

12

20

Forces du Future

12

20

TOTAL

60

100

Source : notre enquête.

A la lecture de ce tableau, il ressort que tous nos enquêtés appartiennent aux partis politiques en raison de 12 par parti sur 60 soit 20 % pour chaque parti politique.

Au-delà de la péréquation des sujets par parti et de la démonstration de la consubstantialité du transfuge et du parti, ce tableau révèle aussi que les partis existent à Kisangani et qu'ils ont des adhérents dont la présence en leur sein peut être une première ou une alteradhésion.

La réalité de l'appartenance partisane à Kisangani introduit son revers : l'électorat simple. Plus nombreux sont les Boyomais qui détiennent le droit de vote, moins sont ceux qui s'inscrivent dans les partis politiques. Ceux qui ne s'inscrivent pas constituent la catégorie des électeurs simples ou non partisans qui, évitent l'embrigadement, la discipline du parti. Par contre, les adhérents aux partis politiques sont crédules et acceptent l'embrigadement. Ils veulent proclamer au grand jour leurs couleurs politiques personnelles.

Les activités des partis les sont parce que « tous ont besoin de croire à une cause simple et de vibrer en écoutant leur héros. Tous ont un goût extrême pour l'idéologie »23(*)

Au fait, le héros, l'idéologie auxquels croient les adhérents constituent, comme nous allons le constater, les causes et les facteurs de l'adhésibilité partisane.

II.2.2. les critères d'adhésion aux partis politiques à Kisangani.

A travers ce point, sont décrits les enjeux que les partis présentent au public et qui touchent à la sensibilité de celui-ci et l'incite à adhérer aux partis ;

Ainsi, nous avons posé la question suivante : quelles sont les raisons qui vous ont poussé à adhérer à un parti politique. Précisez l'ultime raison.

Tableau 5 : Opinions des enquêtés sur les critères d'adhésion

REPONSES

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

TOTAL

F

%

F

%

F

%

F

%

F

%

F

%

1) La recherche d'argent

1

8,3

-

-

2

16,7

-

-

1

8,3

4

6.6

2) l'espoir de briguer un poste dans l'avenir

2

16,7

3

25

3

25

1

8,3

1

8,3

10

16.7

3) le désir de se retrouver avec les amis

1

8,3

1

8,3

-

-

-

-

2

16,7

4

6.7

4) tendance ethnique

1

8,3

1

8,3

2

16,6

3

25

-

-

7

11.7

5) par attrait de l'idéologie du parti

3

25

3

25

2

16,7

4

33,3

3

25

15

25

6) par charme du leader du parti

4

33,4

4

33,4

3

25

4

33,4

5

41,7

20

33.3

TOTAL

12

100

12

100

12

100

12

100

12

100

60

100

Source : notre enquête.

Comme l'indique ce tableau, l'adhésion à un parti politique est fonction de plusieurs raisons. Les raisons d'adhésibilité partisane sont affaires d'individus et des circonstances.

A la lumière de ce tableau, il ressort que les activités des partis politiques reconnaissent y avoir adhéré parce qu'ils ont été frappés sinon séduits par les leaders des partis : 20 sujet sur 60 soit 33,3 % ; D'autres ont adhéré par conviction idéologique : 15 sujets sur 60 soit 25% de nos enquêtés ; une autre catégorie d'enquêtés estime adhérer aux partis politiques pour y satisfaire les ambitions personnelles ou dans le but de briguer des mandats dans l'avenir : 10 sujets sur 60 soit 16,7 % de nos enquêtés.

Une autre frange affirme avoir adhéré à un parti politique parce que celui-ci est créé, dirigé ou composé par des frères de la tribu, de l'ethnie ou d'un même coin géographique : 7 sujets sur 60 soit 11,7%. D'autres enfin, attestent que leur adhésion à un parti politique a été motivée par la quête d'argent : 4 sujets sur 60 soit 6,6% de nos enquêtés. Il en est de même pour ceux qui y ont adhéré par quête de solidarité.

Il convient alors de noter que dans un système des partis, l'adhésion est fonction de plusieurs facteurs et atouts que présentent les partis politiques. Ces facteurs sont singuliers et complémentaires à telle enseigne qu'ils exigent une analyse méticuleuse pour déterminer l'ultime. Toutefois, nous les regroupons en trois grandes causes ou facteurs d'adhésions à savoir, la loyauté au leader, les faisceaux d'enjeux et la conviction idéologique.

II.2.2.1. la loyauté au leader.

La personne du leader est un paramètre important à l'attrait des adhérents aux partis. Elle fait des partis politiques, en effet, des cercles formés autour des personnes considérées comme providentielles ou comme des surhommes par les adhérents.

La plupart des partis au sein desquels nous avons enquêté sont premièrement des partis à allégeance au leader : 20 sujets sur 60 enquêtés soit 33,3 % suivent le leader. Cette allégeance ou mieux la capacité du leader à drainer la foule est fonction notamment de son origine, sa moralité, ses capacités intellectuelles ainsi que sa richesse comme le montre ce tableau ventilé sur les opinions des enquêtés à propos de leur allégeance au leader.

Tableau n° 6 : opinion des enquêtés sur l'allégeance au leader.

Allégeance au leader.

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

TOTAL

F

%

F

%

F

%

F

%

F

%

F

%

Vertus morales

1

25

-

-

-

-

-

-

1

20

2

10

Renom de richesse

2

50

3

75

1

33,3

1

25

3

60

10

50

Capacité intellectuelle

-

-

1

25

1

33,3

1

25

-

-

3

15

Proximité géographique

1

25

-

-

1

33,3

2

50

1

20

5

25

TOTAL

4

100

4

100

3

99,9

4

100

5

100

20

100

Source : détails de notre enquête sur terrain.

En effet, comme le montre ce tableau, le renom de richesse constitue la popularité du leader et l'adhésibilité à son parti. L'ostentation de son opulence à travers son habillement et ses luxueuses voitures ainsi que certains gestes de générosité faits à travers la distribution des cadeaux rendent le parti politique du leader fortement attractif : 10 sur 20 enquêtés qui suivent le leader le font à la suite du renom de richesse du leader.

En outre, la proximité surtout géographique entre le leader et les adhérents virtuels est un enjeu d'attrait de taille dans les partis politiques comme l'indique le pourcentage de 25 % de nos enquêtés qui ont affirmé suivre le leader par affinités ou proximité géographique (cfr. Tableau n° 6). Cette logique identitaire va de l'ethnicité à la nationalité en passant par la provincialité du leader. Elle repose sur le présupposé selon lequel le soutien, à un leader d'identique origine géographique, par l'adhésion à son parti, est plus rentable politiquement à ses proches géographiques, s'il accédait à un mandat politique.

De même, les aptitudes intellectuelles du leader attirent également la foule. Elles s'étalent par le titulariat de diplômes universitaires de prestige, la maîtrise de plusieurs langues étrangères et par la capacité de secréter des opinions d'influence et de trouver des solutions aux problèmes urgents : 3 sujets sur 20 qui suivent le leader le font parce qu'attirés par les aptitudes intellectuelles de celui-ci (cfr. Tableau n° 6).

Enfin, les vertus morales du leader qui se reflètent par un comportement imbu d'intégrité, de fidélité et d'honnêteté à l'égard de lui-même et du parti le font également aduler par ses adhérents virtuels. Ceux-ci croient voir en lui à la fois l'incarnation et la transcendance de certains principes moraux comme l'a constaté BOURRICAUD : « La confiance du leader a comme condition le loyalisme du leader envers le groupe. Si j'accepte de voir en lui un homme devant lequel je m'incline, dont j'accepte les suggestions avec faveur et respect, c'est qu'à travers lui j'entrevois le développement d'une entreprise qui l'intéresse comme elle m'intéresse mais qui le dépasse comme elle me dépasse, (...)24(*).

C'est emballement au leader du fait de moralité présupposée bonne se justifie par la communion entre les adhérents et le leader dans les mêmes valeurs morales. Deux de nos enquêtés sur 20 qui suivent le leader soit 10 % sont de cet avis.

Le loyalisme du leader suscite à sont égard d'abord, puis à celui du parti, une allégeance mesurable par le taux d'allégeance au leader obtenu par le centuple du nombre d'adhésions par charme du leader à a dividende de l'échantillon et qui équivaut au pourcentage statistique.

REPONSES

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

Taux d'allégeance au leader

33,4

33,4

25

33,4

41,7

Source : tableau tiré du tableau n° 5

Ces taux d'allégeance, permettent l'interprétation globale selon laquelle l'influence des leaders a été prépondérante dans l'adhésibilité des partis à Kisangani. Autrement dit, les partis politiques à Kisangani ont été construits autour des leaders qu'autour d'autres critères.

Cependant l'allégeance au leader revêt une double forme selon qu'elle se fonde sur son influence matérielle ou sur son ascendant moral.

L'allégeance est utilitaire si elle vise, par le soutien du parti à travers son leader, le bénéfice pécuniaire ou en biens matériels. Elle est par contre identitaire lorsqu'elle repose sur la communion ou la proximité morale ou géographique entre le leader et ses adhérents.

Dans un système des partis, la loyauté au leader est à la fois un facteur centripète dans la mesure elle attire les adhérents dans un parti et, centrifuge dans la mesure où les adhérents du premier parti le quittent parce qu'attirés par le leader d'un autre parti voisin.

II.2.2.2. les faisceaux d'enjeux.

Nous examinons sous cette section, l'ensemble d'intérêts que l'adhésion à un parti politique met en jeu et qui attire les adhérents. Il s'agit de la symbolique partisane et des gratifications matérielles.

A. La symbolique partisane.

Une portion, manifestement faible, d'adhésion aux partis politiques ont des visées symboliques car elles ne valent que par ce à quoi elles renvoient à savoir, la satisfaction au niveau d'une meilleure estime de soi, ou encore le sentiment de partager une expérience humainement enrichissante grâce aux rencontres effectuées ou à la formation acquise.

En effet, le besoin d'appartenance et d'estime est diversement constant dans l'homme et la satisfaction est offerte par les groupes dont les partis politiques en sont les archétypes. La quête de la cordialité, de la chaleur humaine et de l'identification à une cause sont une raison importante d'adhésions : 4 sujets sur 60 de nos enquêtés soit 6,7 % l'ont affirmé (cfr. Tableau n° 5). Satisfaire un désir de rencontrer les amis, les frères, ont-ils affirmé, a été l'origine de leur adhésion.

B. Les gratifications matérielles escomptables

Une autre proportion (14 enquêtés sur 60 soit 23,3 %, (cfr Tableau n° 5) d'adhésions sont une matérialisation de la volonté marquée de briguer un mandat politique d'un côté et, la quête de l'argent de l'autre.

En effet, adhérer à un parti politique constitue la première étape d'une carrière politique car le dévouement au parti et l'expérience acquise ou les performances y réalisées constituent souvent des titres à la désignation d'un mandat électif soit à l'intérieur du parti comme permanent ou dirigeant soit comme candidat au mandat électif des collectivités publiques.

En outre, la détention de la carte du parti et le fait d'y rendre des services peuvent avoir des retombées positives pour l'accès à un emploi, de même qu'il peut faciliter la promotion de hauts fonctionnaires dans les entourages politiques (cabinets ministériels ou des élus locaux).

C'est pourquoi 16,7 % de nos enquêtés affirment avoir adhéré aux partis politiques parce qu'ils ont des ambitions de briguer des mandats. Il s'agit là de la vénalité adhésive indirecte.

Par ailleurs, d'autres adhésions (6,7 % de nos enquêtés l'ont attesté, cfr Tableau n° 5) sont commandées par le souci de recherche d'argent dans les partis politiques ; au fait, les adhérents ne donnent que très difficilement de l'argent au parti et se révèlent cotisants particulièrement rétifs. Par contre, en venant dans les partis, certains croient pouvoir y recevoir de l'argent ou des biens distribués gratuitement en contrepartie de leur adhésion. Il s'agit là d'un utilitarisme adhésif qui se traduit par le taux de vénalité de 6,7 %, (cfr. Tableau n° 5). Il se traduit par la propension des adhérents à vouloir conditionner leur adhésion par la distribution d'argent ou sa garanti par le parti.

Il convient donc de noter qu'autant les enjeux partisans attirent les adhérents dans un parti politique (18 sujets sur 60 enquêtés soit 30 %, cfr. Tableau n°5) autant ils s'en retirent pour un autre dont les enjeux sont estimés plus colossaux, comme nous le verrons dans la deuxième partie. Car l'adhésion est circonstancielle, orientée par l'utilité maximale. Le parti qui promet le maximum de satisfactions crédibles est plus adhésible.

II.2.3. la conviction idéologique ou doctrinale.

L'idéologie, qui est « la façon dont les hommes, depuis toujours, se sont représentés le monde - tant le cosmos que Dieu ou la science -, comment ces conceptions se sont inscrites dans la vie sociale et culturelle, et ont servi à la définition et à la pratique du savoir »25(*) attire également les adhérents au sein des partis.

Pour les adhérents - quelque peu incultes - l'idéologie commence par des conceptions le plus simples traduites par la devise, le slogan, les emblèmes, les refrains des hymnes jusqu'aux élucubrations philosophiques du parti.

Pour les plus avertis, la manière dont le parti convertit les idées économiques et sociales en programme concret. Intelligible le rend plus attractif par rapport aux autres. En somme, les représentations économico-socio-politiques du parti ainsi que la manière dont elles sont traduites en programme concret charment les potentiels adhérents. Ils peuvent comprendre le tout ou la partie de ces représentations et en être totalement ou partiellement d'accord en y adhérant. Le nombre d'adhérents par conviction idéologique de 25 % est révélateur - moins que le charme du leader - de la réalité des partis (Cfr. Tableau n° 5).

Toutefois, il faut noter qu'autant les représentations idéologiques attirent des sympathisants autant elles peuvent soustraire les adhérents d'un parti à un autre si elles ne s'adaptent pas aux aspirations populaires.

Il convient de noter à l'issue de cette première partie sur l'armature théorique que les partis politiques qui ont constitué le champ de notre recherche, se sont avérés, à travers la critériologie d'adhésion partisane à Kisangani, comme des partis d'allégeance au leader.

Cette considération est d'autant plus plausible qu'il revient au leader non seulement de créer le parti, de sécréter l'idéologie, de débourser ses fonds pour son fonctionnement mais également de jouer un rôle d'assistance particulièrement important à travers la distribution d'aides aux partisans indigents et la fourniture de certains biens à tous les adhérents. Tandis que le rôle de ceux-ci ne se borne, à la limite, qu'à acclamer les exploits du leader.

La fidélité au leader puis - à travers lui - au parti repose sur une superposition d'affinités individuelles, religieuses, tribales ainsi que sur la poursuite des intérêts dont l'amalgame rend précaire les engagements d'adhésion. Ils sont sujets à révocation et à la base d'une transhumance au sein des partis dont les causes sont analysées dans la deuxième partie de notre étude.

Deuxième partie : TRANSFUGE POLITIQUE ET SURVIE

DES PARTIS POLITIQUES

Dans cette partie es étalée la dynamique caractéristique des partis politiques : la désertion et l'alteradhésion. Ainsi dans son premier chapitre, sont démontrées les causes du transfuge politique à travers les raisons des défections d'un coté et celles de l'alteradhésion de l'autre.

Dans son deuxième chapitre, par contre, est analyse un des mécanismes de survie des partis politiques face au phénomène de transfuge.

Chapitre premier : LA QUIDITE DU TRANSFUGE POLITIQUE

AU SEIN DES PARTIS POLITIQUES

Dans ce chapitre, il est d'abord question de déceler les causes des désadhésion au sein des partis politiques puis celles de l'alteradhésion pour expliquer enfin le pourquoi du transfuge politique.

I.1. LES RAISONS DES DESADHESIONS PARTISANES

L'adhésion au parti politique étant un choix délibéré résultant d'un accord rationnel ou sentimental entre cause du parti et les intérêts de l'adhérent, la désadhésion, comprise comme un désengagement du parti, résultat de l'adhésion sème des points d'interrogations notamment sur ses causes.

Pour tenter d'aborder ce problème relatif aux causes de la désadhésion, nous avons posé à nos enquêtés la question suivante : vous avez adhéré à plus d'un parti politique, qu'est - ce qui vous a poussé à quitter le parti ?

Tableau n° 1 : L'opinion des enquêtés sur les causes des défections

Partis

Réponses

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

TOTAL

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

a. Mauvais comportement du ou des leaders ou des dirigeants du parti

3

25

2

16.7

3

25

3

25

4

33.3

15

25

b. Déficit d'intérêt

6

50

7

58.3

5

41.7

4

33.3

5

41.7

27

45

c. Mésentente dans le parti

2

16.7

1

8.3

2

16.7

2

16.7

1

8.3

8

13.3

d. Refus de toute ou partie de l'idéologie

1

8.3

2

16.7

1

8.3

2

16.7

2

16.7

8

13.3

e. Autres raison

-

-

-

-

1

8.3

1

8.3

-

-

2

3.3

TOTAL

12

100

12

100

12

100

12

100

12

100

60

100

Source : notre enquête.

A la lumière de ce tableau, il se dégage que nos enquêtés affirment qu'ils ont abandonné leur parti à cause du mauvais comportement du leader ou des dirigeants de leurs partis, 15 sujets sur 60 soit 25 % sont de cet avis.

D'autres par contre reconnaissent avoir quitté leurs partis à cause d'un défit d'intérêt perçu de ceux-ci, 27 sujets sir 60 enquêtés soit 45 % l'ont approuvé.

Une autre frange par ailleurs soutient l'opinion selon laquelle leur désertion des partis politiques se justifie du fait des mésententes qu'ils y ont vécues : 8 sujets de nos 50 enquêtés soit 13,3 % de nos enquêtés soutiennent cette opinion.

Il en est de même de ceux qui affirment que leur défection des partis politiques a été causée par un désaccord idéologique partiel ou total : 8 sujets sur les 60 enquêtés soit 13,3 % soutiennent cette thèse.

Enfin, une infime partie de nos enquêtés affirment avoir quitté leur parti pour d'autres raisons en dehors de celles déjà citées : 2 sujets sur les 60 enquêtés reconnaissent avoir quitté leurs partis du fait des sanctions statutaires ou à la lumière de leur liberté.

Il est donné de constaté que plusieurs raisons sont - selon ces opinions - à la base des défections partisanes. Les unes sont liées au leader, les autres aux intérêts, aux désaccords idéologiques, aux relations endopartisanes, au rachat de la liberté, etc.

Ces raisons sont singulières ou cumulatives. Cependant nous les regroupons en quelques modèles typiques dans les lignes qui suivent.

I.1.1. La déloyauté au leader

L'adhésion à un parti politique est une appropriation, une conciliation par le potentiel adhérent de la cause du parti (objectifs, ressources, valeurs, idéaux,..) et ses propres intérêts. Elle est ainsi une rencontre des fondamentaux du parti - au coeur duquel se plantent les leaders et les apparatchik - et des attentes de l'adhérent à la suite de l'image que la propagande du parti diffuse autour de celui-ci, de ses leaders, de ses objectifs, de ses ressources et de ses valeurs.

La désadhésion s'avère par contre une désillusion à la suite du constat de l'écart entre les représentations de l'adhérent autour du parti et la réalité vécue.

Pour le cas échéant de la déloyauté au leader, elle est le constat de la différence entre les représentations ou les présupposés construits par l'adhérent sur la moralité, les capacités intellectuelles et la richesse des leaders du parti et la réalité vécue d'eux au sein du parti comme le montre le tableau ci-dessous.

Désallégeance

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

TOTAL

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

Vices moraux

-

-

2

100

1

33.3

2

50

3

100

8

5.3

Incapacités intellectuelles

-

-

-

-

-

-

1

25

-

-

1

6.7

Désillusion sur la richesse

1

33.3

-

-

2

66.6

1

25

-

-

4

26.7

Stérilité de la proximité géographique

2

66.6

-

-

-

-

-

-

-

-

2

13.3

TOTAL

3

99,9

2

100

3

99,9

4

100

3

100

15

100

Source : tableau ventilé n° 2 de notre enquête.

Tous les membres des partis politiques attendent de leurs leaders politiques certaines qualités à l'instar de celles citées par MICHEL BONGRAD : « qu'elles qualités les électeurs attendent-ils de leurs hommes politiques ? Honnêteté, compétence, dynamisme, ouverture, jeunesse, expérience, disponibilité, proximité et solidarité. »26(*)

La découverte des vices moraux du leader qui se reflètent par un comportement imbu d'improbité, d'infidélité et de malhonnêteté à l'égard de lui-même et du parti le fait reprocher de ses adhérents ; sont style autocratique, son impondération dans les jugements, sa partialité dans la prise des décisions au sein du parti entrent en discordance avec l'image que les adhérents s'étaient fait de lui. Cette discordance est la découverte tardive par l'adhérent de l'écart entre les représentations faites du leader et de ses actes. Cette incompatibilité morale avec le leader du fait de ses vices moraux se justifie par une désolidarité morale entre le leader et les adhérents. 8 sujets sur 15 enquêtés qui ont déserté les partis soit 53,3 % affirment l'avoir fait à cause des vices moraux des leaders. (cfr. n° 2)

Par ailleurs, la mollesse du leader face aux problèmes urgents, délicat ou particuliers qui requièrent une forte et énergique réaction de sa part contraste avec le renom d'aptitude et de souplesse intellectuelle dont il a jouit et avec la multiple des diplômes universitaires dont il est détenteur. 1 sujet sur 15 enquêtés soit 6,7 % de ceux qui ont déserté les partis l'ont fait, affirment-ils, à cause de l'incapacité intellectuelle de leurs leaders. (cfr. Tableau n° 2).

De même, le renom de richesse et l'ostentation de l'opulence du leader, objets d'une campagne de séduction pour l'attrait des adhérents conduisent paradoxalement à leur retrait lorsque le leader, aux yeux des adhérents, s'avère d'une avarice ou d'une parcimonie remarquable envers le parti et ses membres. Quatre sujets sur 15 qui ont déserté les partis à cause du leader soit 26,7% affirment l'avoir fait par désillusion sur la richesse du leader.

La croyance, enfin, que le soutien au leader d'origine ethnique, provinciale, géographique identique apporterait plus de gain matériel ou politique est désenchantée lorsque l'adhérent se rend compte de sa fausseté ou de sa stérilité. Ce désenchantement fait l'effet de la découverte retardée d'une naïveté et produit le sentiment d'évasion. Deux sur 15 enquêtés qui ont quitté les partis attestent l'avoir fait après s'être rendu comte de la stérilité de la proximité géographique avec leurs leaders. (cfr tableau n° 2).

La déloyauté du leader est donc la perception de l'adhérent par laquelle est constaté l'écart entre les apparences officielles du leader et du parti une désallégeance appréciable par le taux de désallegeance au leader obtenu par le centiple du nombre des désertions du fait de la déloyauté au leader à la dividende de l'échantillon comme l'indique le tableau ci-dessous.

Partis

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

Taux de désallegeance

25

16.7

25

25

33.3

Ceux taux de désallegeance permettent une interprétation global selon laquelle les désertions au sein des partis politiques sont dues moyennement et notamment à la déloyauté aux leaders nationaux ou locaux.

I.2.2. Le déficit d'intérêt.

Sous cette section, nous regroupons les intérêts partisans non compensés à l'origine des désadhésions au sein des partis politiques. Il s'agit de l'asymbolique partisane et les pertes matérielles.

A. L'ASYMBOLIQUE PARTISAN

Les défections en nombre relativement moins considérable (08 sujets sur 60 enquêtés soit 13,3 %) au sein des partis politiques sont la conséquence des frustrations qui sont la conséquence des frustrations qui renvoient à l'impossible de satisfaire certaines pulsions au niveau d'une meilleure estime de soi et à la morosité des relations humaines dans le parti.

En effet, au besoin d'appartenance et d'estime qu'éprouve constamment l'homme et dont la satisfaction est fonction notamment de l'appartenance aux groupes sociaux, s'ajoutent la nécessité des qualités individuelles et l'acceptation des autres membres du groupe pour satisfaire cette pulsion.

La fuite des railleries et de l'indifférence des autres membres du parti est une cause de taille expliquant certaine désadhésion. Elle est la conséquence du fait que le nouvel adhérent ne soit pas imposé par ses qualités, ses mérites au sein du parti comme l'a constaté Maurice DUVERGER à travers le comportement, des intellectuels au sein des partis :

« L'attitude des intellectuels à l'intérieur des partis pose toujours des problèmes spéciaux, soient qu'ils éprouvent des difficultés à se maintenir dans les cadres communs, (...) : individualistes ou mystiques, ils occupent une situation à part, souvent instable, qui leur vaut généralement la méfiance des autres partisans »27(*)

Les précautions dont s'entourent certains partisans ne permettent pas leur intégration dans le parti. De même, dans des partis à caractère ethnique où l'appréciation des mérites individuels et partant, la possibilité de l'intégration, ne se font que sur base des canaux étroits comme l'appartenance ethnique identique, la proximité géographique et les affinités amicales ; les adhérents ne répondant pas à ces critères se voient quelque peu marginalisés. La décision logique parait l'abandon du parti.

L'impossibilité d'intégration par défaut de qualités ou du fait des mauvaises relations au sein du parti expliqué également l'abandon des partis : 8 sujets sur les 60 enquêtés soit 13,3 % sont de cet avis (cfr. Tableau n° 1)

B. LE DEFICIT D'ENJEUX

Nombre des défections sont l'effet des déceptions dues à la disproportion entre les ambitions nourries, les efforts consentis par l'adhérent et les compensations effectives qui devraient en découler. (27 sujets sur 60 soit 47 % de nos enquêtés ont avancé ces raisons).

En effet, comme tout groupe social, le parti politique se fixe effectivement des objectifs, mobilise des ressources pour les poursuivre, déploie un ensemble des valeurs et des normes devant orienter la conduite de ses membres qui, de leur coté, adhérent à ces fondamentaux partisans car les trouvent-ils relativement conforme à leurs propres buts, valeurs, moyens, intérêts et ambitions. Il s'agit là de la capacité du parti à mobiliser ses adhérents autour de sa cause qui doit en principe correspondre à la conviction des membres à se dévouer à la cause du parti.

En cas de déficit d'enjeux généralement, il s'observe une dissymétrie entre les ambitions, les espoirs, les mérites et les efforts des adhérents en faveur du parti et les récompenses qu'ils reçoivent en contrepartie comme le démontre l'opinion de nos enquêtés sur le déficit d'intérêts, genèse de leurs défections des partis.

Déficit d'enjeux

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

TOTAL

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

Argent

2

33.3

2

28.5

2

40

3

60

1

25

10

37.03

Ambition déçue

2

33.3

3

42.8

1

20

2

40

1

25

9

33.3

Dissymétrie entre mérite, effort et récompense

2

33.3

2

28.5

2

40

-

-

2

50

8

29.6

TOTAL

6

99.9

7

99.8

5

100

5

100

4

100

27

99.9

Source : Notre enquête sur terrain (Voir questionnaire question 5, assertion b. Détails.

Comme le montre le tableau ci-dessus, dans certains cas, quelques membres des partis désertent parce qu'en adhérant, ils croyaient pouvoir bénéficier des prébendes du parti. N'ayant pu effectivement en bénéficier car étant mobilisées pour le fonctionnement du parti, ils préfèrent s'en retirer pour d'autres, estimés plus généreux. C'est le lot de ceux dont les cupidités sont déçues et de ceux qui taxent les dirigeants des partis d'opaques dans l'affectation des ressources. 10 sujets sur les 27 soit 37% enquêtés ayant attesté avoir quitté leurs partis à cause du déficit des intérêts, évoque la question d'argent (cfr. Tableau n° 3)

De même, dans l'autre cas (10 cas sur 27 soit 33,3%), cfr tableau n° 33), les défections sont la conséquence des déceptions d'ambition. L'adhérent qui, croyait pouvoir commercer une carrière politique à travers l'accès au mandat électif à l'intérieur du parti ou dans les collectivités publiques, découvre qu'il ne dispose pas de moyens pour y accéder parce qu'ils ne sont pas mis à sa disposition ou que lui-même ne trouve d'occasions pour en avoir. Ilse trouve donc désarmé et faible par rapport à la hauteur de ses propres ambitions.

D'autre pat, le militant actif, en ordre de cotisations, présent dans le champ des forces sociales et politiques, cherchant à rassembler les sympathisants autour de la cause du parti et de son leader, déchante lorsque les avantages (argent, promotion, confiance) qu'il en tire sont inférieurs ou nuls par rapport aux efforts déployés en faveur du bien du parti ou lorsque ses efforts sont carrément méconnus au sein du parti. L'adhérent les plus décisifs finit par choisir l'abandon de ce parti pour un autre à la suite des vaines réactions alternées de silences et de protestation. Huit cas sur 27 soit 29,6% de nos enquêtés, qui ont déserté leurs partis d'origine à cause du déficit d'intérêts, affirment que la dissymétrie entre les mérites, les efforts et les récompenses a été la cause de leur départ (cfr. tableau n° 3).

C'est ce déficit d'enjeux que traduit pertinemment bien le taux de devénalité de 45 % (cfr. tableau n° 1) et qui s'explique également les causes des défections dans les partis politiques.

I.1.3. Le désaccord idéologique.

Les divergences des vues sur la conception, l'organisation, la gestion et le contrôle des activités du parti d'une part, ainsi que les prises des positions du parti incarné dans le leader, d'autre part, font que certains adhérents ne sont pas d'accord et par conséquent, abandonnent leurs partis. Quelques rares de nos enquêtés sont de cet avis : 8 sujets sur 60 enquêtés soit 13,3 % (cfr tableau n° 1).

En effet, l'idéation, l'attribution à des organes compétents et la surveillance de l'exécution des activités du parti dépendent du style de direction du leader ou des tenants de l'Etat-major. Un comportement directorial caractérisé par un très haut degré de supervision qui frise l'autocratisme frustre les adhérents subordonnés.

Lorsque la communication est unilatérale, le chef se borne à dire aux membres du parti que faire, quand, comment, pourquoi et où faut-il le faire les adhérents se sentent instrumentalisés dans une certaine mesure parce que le chef ne tient pas compte de leur volonté et ne vise que a réalisation de l'intérêt du parti.

Il en est de même lorsque le leader ou les apparatchik déploient beaucoup d'autorité et très peu de relation interpersonnelles, l'adhérent subordonné est stressé et se boit, après accumulation, contraint de quitter le parti.

Par ailleurs, certaines prises de position face aux problèmes, aux situations politiques du système politique au sein duquel évolue le parti, déconcertent les adhérents.

Le radicalisme idéologique dans une situation de crise politique exigeant des accommodements, des concessions entre les acteurs politiques, passe pour être de l'intransigeance aux yeux de la population en général et des adhérents en particulier. Par conséquent, il ne rencontre pas l'assentiment des adhérents dont l'aspiration est l'accommodement rapide en cas de crise politique.

L'inflexibilité de l'idéologie partisane aux contingences du système politique est également à la base des certains rares défections. De même, certains points idéologiques contraires à l'opinion commune mettent les adhérents qui ne savent pas les défendre ; mal à l'aise face aux critiques des adversaires et même facilement dissuasibles. Ce qui les poussent à quitter leur parti d'origine pour rejoindre un autre.

Le nombre des défections à la suite des désaccords idéologiques, traduit par le taux de dédoctrinalité ou de désidéoligité s'obtenant du centuple du nombre de désertions du fait des désaccords idéologiques à dividende de l'échantillon, est d'une faiblesse remarquable : 13,3 % (cfr. Tableau n° 1). Il est l'expression de la faiblesse des conflits autour des idées et des contradictions idéales au sein des partis politiques.

I.1.4. Les causes libertaires

Il est évident qu'adhérer à un parti politique suppose un engagement tacite ou expresse au nom duquel l'adhérent consent de mettre ses forces, sa pensée, sa disponibilité, bref des pans entiers de sa liberté au bénéfice et service du parti. Ce dernier l'astreint à des obligations dont l'accomplissement équivaut à un étalon de mesure de fidélité et de ferveur de l'adhérent.

Ainsi, attendre pour aduler le leader à l'aéroport, porter les pancartes, affiches et calicots du parti, défendre l'idéologie et les positions du parti, la présence régulière aux permanences, la régularité dans les cotisations, répondre présent aux manifestations du parti... sont là les obligations auxquelles est soumis l'adhérent au nom de son engagement au parti.

Un tel engagement fait de l'adhérent l'homme lige du parti ou d leader et, comporte comme conséquence l'aliénation et l'asservissement de l'adhérent.

Certains adhérents perçoivent d'un très mauvais oeil cet embrigadement comme le constatait Alain DUHAMEL : « il est prompt à reprendre sa confiance, n'adhérant qu'un instant juste au moment du vote ou bien à l'occasion de quelques grandes épreuves nationales, pour aussitôt reprendre sa liberté »28(*)

Ils ne veulent pas être les tout-politiques entièrement consacrés à la cause du parti. Une telle attitude des adhérents tient à la difficultés de concilier la fidélité à un engagement et la nécessité de la liberté : une fidélité sans limites et sans possibilité de révocabilité passe pour être une sujétion. Quelques rares de nos enquêtés l'ont affirmé : 1 cas sur 60, (cfr. Tableau n° 1)

D'autre part, le parti comporte des normes et valeurs orientant les comportements des adhérents. Ainsi, le non-conformité à celles-ci entraîne la réprobation ou la sanction du parti. Certains adhérents n'acceptent pas les sanctions et réfèrent s'en aller ; (cfr. Tableau n°1 , autres raisons)

I.2. LES CAUSES DE L'ALTERADHESION

Si l'adhésion à un parti politique tient de la conciliation de sa cause aux intérêts de l'adhérent et que la désadhésion s'avère renonciation aux valeurs du parti à la suite des frustrations subies par l'adhérent au sein du parti, l'alteradhésion qui, se veut reprise de l'adhésion dans un autre parti politique, pose alors le problème pertinent de son motif.

Pour répondre à cette préoccupation, nous avons posé la question suivante à nos enquêtes :

Quelle est la raison qui vous a, en définitive, poussé à quitter votre dernier parti pour adhérer à un autre ?

Tableau n° : l'opinion des enquêtés sur les raisons de l'alter adhésion.

Partis

Réponses

P.P.R.D

M.L.C

RCD/

KML

FONUS

Forces Futur

TOTAL

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

f

%

1. La croyance à un autre leader

6

50

5

41.7

4

33.3

5

41.7

4

33.4

24

40

2. La poursuite d'intérêt

4

33.3

5

41.7

5

41.7

3

25

3

25

20

33.3

3. L'organisation du parti

-

-

1

8.3

1

8.3

-

-

1

8.3

3

5

4. La conversion idéologique

-

-

-

-

-

-

1

8.3

1

8.3

2

3.3

5. Autres raisons

2

16.7

1

8.3

2

16.7

3

25

3

25

11

18.4

TOTAL

12

100

12

100

12

100

12

100

12

100

60

100

Source : Notre enquête sur terrain

Il se dégage clairement de la lecture de ce tableau que l'alteradhésion tient à plusieurs raisons. Elle est d'abord l'effet de la croyance, de la foi à un autre leader : 24 sujets sur 60 soit 40 % de nos enquêtés l'affirment. Elle est également la conséquence d'une poursuite des intérêts apparemment non satisfaits : 20 sujets sur 60 soit 33,3 % de nos enquêtés l'attestent. L'alteradhésion est, en outre, dûe à d'autres raisons liées à la comparaison des partis, l'activisme patriotique et à la nécessité d l'engagement politique : 11 sujets sur 60 soit 18,4 % de nos enquêtés l'ont affirmé ; elle est aussi le fait d'un attrait par un parti plus organisé : 3 sujets sur 60 soit 5% de nos enquêtés l'affirment ; elle est enfin le produit de la conversion idéologique : 3,3 % de nos enquêtés l'affirment.

Il est donné de constater que l'alteradhésion tient aux nombreuses raisons singulières ou juxtaposées que nous tentons de regrouper sous différentes sections.

I.2.1. Idolâtrisme des leaders

Les techniques modernes de communication à savoir, la radio et la télévision, ont façonné dans la masse d'adhérents une psychologie de crédulité aux leaders politiques en général et aux coryphées des partis en particulier. R.G. SCHWARTZENBERG l'a constaté en qualifiant les systèmes politiques contemporains de « star-systm politic »29(*)

En effet, par la vedettisation des leaders et par l'effet de séduction qu'ils provoquent, les mass média subornent les partisans des principes moraux et des critères normatifs devant les servir des repères à la lumière desquels ils devraient orienter leur attachement aux leaders à travers l'adhésion à leurs partis.

Franchement, les coups de presse rhétoriquement menés par les leaders, leurs publicités et marketing politique... Bref leur médiatisation a, un grand dam des critères moraux, conduit à l'élévation des leaders conduisant d'abord à l' « adhésion affective, sentimentale à un candidat ou à un parti »30(*) puis, à la propension dans le chef des partisans à tenir pour vrais les discours et pour grands, les leaders de partis ainsi médiatisés. Ainsi donc, la cohabitation des plusieurs partis et partant, la coexistence des divers leaders fait que la déception par l'un conduise à la séduction par l'autre.

Cette obstination des partisans à toujours s'attacher à l'un ou l'autre leader tient notamment aux effets du charisme de ceux-ci comme l'a constaté Michel BONGRAD : « le charisme, c'est l'intime conviction qui passe, qui revient, qui charme et qui convainc, qui suggère et qui s'impose »31(*)

Cette extase envers les leaders est le dénominateur commun des activités des partis politiques, laquelle les préserve du scepticisme en les disposant à toujours « avoir confiance en quelqu'un, le tenir, non seulement pour véridique mais encore pour honnête, capable d'une oeuvre importante »32(*), à une croyance qui, susceptible de changer d'objet mais non de sujet, reste constante. C'est pourquoi, 40 % de nos enquêtés ont affirmé qu'ils ont adhéré à un autre parti politique parce qu'ils ont cru à un leader autre que le premier.

I.2.2. La poursuite d'intérêts

L'implantation des partis politiques accompagnée de la distribution de certains dons (tricots, panes, allocations) a instillé, dans l'objet des membres des partis politiques, une conception sociétaire des partis fondée sur la poursuite des intérêts matériels, politiques et psychologiques.

L'adhésion, dorénavant orientée par la nécessité de satisfactions d'intérêts, s'expose à l'ère de « l'utilité maximale »33(*). Le parti qui promet le maximum de satisfactions est crédible.

Dans un système de partis où cohabitent, en interactions d'opposition et de coopération, divers partis politiques, les stratégies d'élargissement de l'électorat ont imposés le recours au mécénat aux fins d'attirer les adhérents. La dévotion à un seul parti est alors considérée comme une privation des multiples intérêts qu'offrent les autres différents partis politiques.

La fidélité au parti perd se sens : « on change de parti si les intérêts changent »34(*).

Ces volte-face naissent, en effet, de la disproportion entre l'aspiration infinie (de beaucoup gagner) qui est la nature de la volonté et les biens matériels particuliers qui se présentent toujours en quantité très limitée. Cette disproportion entraîne une insatisfaction permanente qui, pousse certaines activités de partis politiques à rechercher la satisfaction dans d'autres partis. Dès los se réalise le phénomène d'alteradhésion. C'est ainsi que 33,3 % de nos enquêtés l'affirment.

I.2.3. La conversion idéologique.

La conversion idéologique naît du doute d'abord et du désaccord idéologique ensuite. Ces doute et désaccord puissent leur origine dans la communication politique entre les leaders des partis et leurs partisans. Le choix des axes de communications incompatibles aux aspirations des adhérents en est le noeud gordien.

Ainsi une véritable communication politique entre le leader et ses adhérents vise en principe de brosser la sensibilité et les attentes de ceux-ci.

Dans la situation de crise profonde, le discours doit être celui prônant l'union, le rassemblement au détriment de l'affrontement et de la désunion. En cas de la quête de reconduction au mandat politique, la communication s'axe en principe sur le réalisme usant de la traditionnelle formule des sortants : « on sait ce que l'on a, on ne sait pas ce que l'on aurait » 35(*). C'est l'axe de la continuité s'opposant à celle du changement ; pour un parti challenger, prétendant candidat doit s'orienter vers l'alternance, le changement, le renouveau, la nouveauté et la révolution.

L'inadéquation ou le mauvais choix des axes de communication politique, fonction des circonstances et des aspirations populaires, suscite et engendre d'abord un candela de doute moins perceptible mais sensible et des mécontentements se cristallisant en désaccord ensuite dans la foule des partisans. La cohabitation des partis aidant l'adhérent décisif finit progressivement par changer d'opinions comme le disait Jean de la CROIX : « La conversion n'est généralement pas un changement brusque de croyance, mais la conquête progressive à un doute continu. Mais ce doute lui-même n'est possible dès le début, que par la présence insoupçonnée, mais réelle d'une autre croyance qui ronge la première à mesure qu'elle s'explicite ».36(*)

La comparaison entre idéologies finit par faire sortir l'adhérent de sa perplexité ambivalente modulée entre la volonté de partir ou de rester, le désir de protester ou de se taire. L'adhérent finit par choisir les extrêmes : la contestation et le départ du parti pour un autre parti dont les valeurs idéologiques sont estimées plus partageables. C'est pourquoi, une infime partie de nos enquêtés ont affirmé avoir quitté leurs partis parce qu'ils se sont convertis à l'idéologie d'un autre parti : 3,23 de nos enquêtés sont de cet avis. (cfr tableau n° 1)

I.2.4. Les raisons autonomes.

Au-delà de la poursuite des intérêts de la conversion idéologique et de l'idolâtrisme des leaders, d'autres raisons ne dépendant pas de ces fondamentaux partisans, commandent aussi l'alteradhésion. Il s'agit du comparatisme partisan et de l'identité idéologique des partis.

I.2.4.1. Le comparatisme partisan et le mythe du superlatif.

Dans un système des partis où cohabitent, en interactions permanentes d'opposition et de collaboration, les partis politiques sont voués à une comparaison permanente de la part des adhérents. Cette comparaison porte sur les fondamentaux partisans : leaders, idéologie et intérêts. Il se dégage alors, qu'en dépit de l'adhésion antérieure, les partisans sont portés souvent vers les partis supposés, offrir plus de fondamentaux favorables. C'et ainsi qu'il est courant d'entendre, pour ce qui est de la nationalité du leader, le slogan « 100 % Congolais », synonyme du plus haut degré de congolité du leader s'opposant à d'autres leaders dont la congolité paraît douteuse ou moindre.

Généralement, la comparaison établit des rapports sentimentaux reposant sur la distinction de bien et du mal, du laid et du beau, du bon et du mauvais, de l'honorable et du honteux, bref sur le jugement des valeurs.

Ainsi, la confrontation des enjeux partisans pousse les adhérents à quitter le mauvais parti pour le bon, le honteux pour l'honorable. C'est ce qui cause les voltes face au sein des partis politiques ;

I.2.4.2. La nécessité permanente d'engagement politique

L'espoir permanent de voir les conditions socio-économiques et politiques s'améliorer, suscite toujours de la part du citoyen une attitude de prise de parti pour une cause et sa mise en oeuvre au service de celle-ci. Cet espoir est le fondement même de l'engagement politique caractérisé par le déploiement de la force et de la pensée au service du changement et par une prise très nette de conscience de la situation sociale dans laquelle on se trouve engagé pour en assumer intérêts ou obligations. Il préserve le citoyen de l'abstention et du défaitisme comme l'a constaté KIPUPU Kafuti : « il y a bien des raisons qui sollicitent la responsabilité du citoyen vis-à-vis de la société : l'enlisement continuel de la politique à travers des querelles byzantines de l'opposition, le remaniement sans fin et sans perspectives réelles du gouvernement, l'irresponsabilité et l'inefficacité du parlement, la pauvreté et l'insécurité croissantes. Tous ces faits doivent commander dans le chef du citoyen Zaïrois, non pas le défaitisme politique mais la vigilance et la décision de dire c'en est maintenant trop »37(*)

Cet impératif d'engagement est d'autant inévitable qu'il voue la conscience à croire toujours à une cause et à opérer des choix non figés. L'opération des choix varie selon l'intensité d'engagement politique individuel. Sans parler du vote, il y a lieu de citer l'appartenance à des associations d'action collective, le fait de se porter candidat à des fonctions électives, l'exercice, professionnel ou non des responsabilités politiques. Ce sont autant des comportements traducteurs de l'engagement politique.

En effet, la prise de conscience permanente du déséquilibre entre la situation socio-économique précaire et l'aspiration au mieux-être détermine le citoyen à s'engager pour défendre individuellement ou collectivement une cause.

C'est dans ce sens que J.P. SARTE a écrit : « un homme n'existe pas à la manière de l'arbre ou du caillou : il faut qu'il se fasse ouvrier : il est engagé, il faut parier, et l'abstention est un choix »38(*)

Cependant le choix de la défense d'une cause n'est pas figé ; il est fonction des circonstances et des fluctuations de la conscience qui font que de fois le radicalisme se tempère où que le dirigisme se libéralise. C'est à la lumière de ce dynamisme que JEANSON a écrit : « je ne puis exister qu'en m'engageant et mon engagement ne saurait se contenter d'avoir été lucide une fois pour toutes : le choix authentique que je fais de moi-même n'est pas un solution définitive, mais le point de départ des problèmes nouveaux »39(*)

Ce dynamisme donne l'impression du rapprochement à la versatilité. Loin s'en faut ! Il s'agit par contre d'une adaptation de la conscience humaine en général et citoyenne en particulier aux contingences existentielles, socio-économiques et politiques. C'est donc ce besoin d'adaptation et d'engagement qui préserve l'adhérent d'une adhésion définitive à une cause, à une idéologie ou à un parti. Certains de nos enquêtés sont de cet avis.

I.2.4.3. Identité idéologique des partis

Le pluralisme politique, à travers sa variante du multipartisme dans les systèmes politiques contemporains, a conféré aux partis politiques des fonctions évidentes dont celle de la formation de l'opinion publique. En assurant un encadrement thématique, doctrinal ou idéologique aux adhérents, ceux-ci acquièrent une manière de penser qui n'est pas forcement exclusive à un seul parti politique mais qui se rapproche à celle d'autres partis politiques.

La perception de cette identité à certains points idéologiques facilité le transfert des adhérents d'un parti à un autre. Parce que l'adhésion à tel parti n'exclut pas la sympathie à un tel autre. C'est ainsi que BONGELI YAIKELO a constaté l'instabilité politique : « ainsi, on trouve des Lumumbistes Mobutistes ; Kengistes, Tshisekedistes... des Mobutistes Kabilistes ou composant avec ceux qui avaient composé avec Kabila pour déchoir Mobutu, des Aldéliens Bembistes, des anti-rwandais Rcdiens,.. » 40(*)Cette instabilité est causée par l'identité idéologique de tous les partis : la politique du ventre.

A la fin de ce chapitre sur les causes du transfuge, il convient de retenir qu'il est causé par des défections dues à la déloyauté du leader, au défit d'intérêt, au désaccord idéologique bref aux frustrations qu'une alteradhésion, expliquée par l'idolâtrisme aux leaders, la poursuite d'intérêts, la conversion idéologique, le comparatisme partisan, la nécessité permanente d'engagement politique et l'identité idéologique des partis, cherche à compenser.

Chapitre deuxième : LE RECRUTEMENT PARTISAN.

Dans ce chapitre, il est question d'analyser comment le recrutement contribue à la survie des partis face au phénomène des transfuges. Pour se faire, il y est décrit les notions, les modalités et les fonctions du recrutement.

II.1. NOTIONS DU RECRUTEMENT PARTISAN.

Le recrutement est un concept d'origine militaire. Dans cette acception, il désigne l'opération consistant à fournir des effectifs à l'armée.

Analogiquement, le recrutement partisan est une opération consistant à faire appel au public aux fins de le faire adhérer ou affilie au parti politique. Il comporte des modalités et des fonctions analysées ci-bas.

II.2. MODALITES DU RECRUTEMENT PARTISAN

Le recrutement partisan revêt généralement deux formes ou modalités. Il s'agit de l'adhésion et de l'affiliation.

A. L'adhésion.

L'adhésion est un acte personnel, reposant sur un choix libre et ferme, par lequel un individu opte de s'engager à un parti politique. Elle est selon Maurice DUVERGER, l' « acte de signature d'un engagement vis-à-vis du parti et l'acquittement régulier de cotisation »41(*)

Matériellement, elle se traduit par la souscription à une fiche d'adhésion et la détention d'une carte de membre dûment délivrée par le parti, preuves de sincérité et de fermeté d'engagement. L'adhésion est un acte individuel et se fait par une personne physique.

B. L'affiliation.

L'affiliation est un acte par lequel une personne morale souscrit, sous réserve d'agrément du parti, à la charte constitutive de celui-ci. Elle est donc inféodation collective à un parti politique.

II.3. FONCTIONS DU RECRUTEMENT PARTISAN.

Le recrutement joue naturellement trois fonctions notamment la fonction structuration, de sélection et de progression.

A. Le fonction de structuration

Le recrutement partisan joue essentiellement une fonction de structuration traduite par la ferme volonté de rassemblement, selon la nature du parti, de plus grand nombre d'adhérents ou de notables pour ériger les différents agencements et parties du parti.

Grâce au recrutement, le parti assume la fonction magnétique partisane car il lui dote de la propriété d'attirer les adhérents.

B. La fonction de sélection.

Le recrutement permet, sur base des critères que le parti fixe, un choix raisonné d'adhérents ayant souscrits à ces critères au milieu des citoyens.

C. La fonction de progression, d'amplification ou d'augmentation

Le recrutement, fait grossir le parti dans la mesure où il est l'occasion pour le parti, d'augmenter son importance numérique tel que le démontre l'évolution du nombre des adhérents des partis au sein desquels nous avons mené notre étude.

Année

Partie

2003

2004

2005

Force du futur

1.820

3.820

5.435

MLC

2.250

3.708

5.600

FONUS

750

300

150

SOURCES :

(1) Forces du Futur : registre d'adhésion du district de Kisangani,

(2) MLC : fiche d'adhésion au bureau de la fédération de la Province Orientale,

(3) FONUS : rapport 2005 du Bureau de la fédération de Kisangani.

Comme le montre ce tableau d'effectifs d'adhérents, le recrutement a permis aux partis politiques d'augmenter le nombre de leurs adhérents et d'élargir ainsi leur assiette des partisans.

Ainsi, les forces du futur qui ont un taux moyen d'accroissement annuel de 177 % d'adhérents(*) sont capables de résister aux désertions numériquement moins importantes et seraient par conséquent viable. Par contre, le FONUS qui ont un taux moyen d'accroissement annuel négatif de 30%, c'est-à-dire, elles enregistrent d'importantes défections, ne seraient pas viables ou stagneraient tout simplement.

Le recrutement remplit donc sa fonction d'amplification ou de progression au sein du parti s'il augmente le nombre d'adhérents.

CONCLUSION GENERALE.

L'objectif poursuivi dans ce travail était de démontrer les déchirements au sein des partis politiques et le mécanisme de survie y afférent.

Nous sommes parti de l'hypothèse que les désertions au sein des partis politiques seraient dues notamment au désaccord idéologique, au déficit d'intérêt et à la déloyauté au leader du parti ; que l'alteradhésion serait due à la quête, d'intérêt, à l'idolâtrisme des leaders, à la conversion idéologique et que les partis politiques survivraient grâce au recrutement des nouveaux adhérents.

Pour la vérification de ces hypothèses, nous avons fait recours à la méthode dynamique qui nous a permis de considérer le parti politique comme une entité sociale dynamique. Fondé par l'adhésion, le parti est érodé par la désertion, suggérant ainsi l'idée de fluctuations auxquelles les partis survivent grâce au recrutement. Cette méthode a été soutenue par des techniques documentaires, d'observation directe désengagée, de l'approche statistique et par l'entretien structuré.

Notre population a été constituée des membres des partis politiques ayant déjà adhéré à plus d'un parti. Pour une meilleure texture, nous avons estimé utile de subdiviser le travail en deux grandes parties, outre l'introduction et la conclusion. Après analyse des informations récoltées, nous sommes arrivés aux résultats selon lesquels le transfuge est déterminé par des causes précises.

A la question de savoir les raisons qui poussent les citoyens à adhérer à un parti politique, 33,3 % de nos enquêtés affirment avoir adhérer aux partis par allégeance aux leaders contre 25 % qui attestent avoir adhéré aux partis par conviction idéologique, enfin contre 23,3 % de nos enquêtés qui adhérent par poursuite d'intérêts divers.

Concernant les raisons des défections, 45 % de nos enquêtés ont attesté avoir déserté leurs partis à cause de déficit d'intérêt contre 25 % d'enquêtés qui certifient l'avoir fait par déloyauté au leader et 13,3 % de ceux qui affirment avoir quitté leurs partis par désaccord idéologique ou à la suite des mésententes dans les partis.

Concernant les raisons de l'alteradhésion ou du transfuge, 40 % de nos enquêtés affirment avoir alteradhéré par loyauté à un nouveau leader contre 33,3 % de nos enquêtés qui attestent l'avoir fait par quête d'intérêt et 18,4 % de nos enquêtés qui affirment avoir rejoint d'autres partis par nécessité permanente d'engagement et par comparatisme partisan et 3,3 % de nos enquêtés qui attestent avoir alteradhéré par conversion idéologique.

A la lumière de tous ces résultats, il est donné de constater que tous les partis politiques, champ de notre étude, sont des partis d'allégeance au leader et que le nombre d'adhésions et l'alteradhésion effectuées pour le même cause (33,3 %, 40% contre 25%) ; que la plupart des désertions sont causées à la suite de déficit d'intérêt (45%) ; toute proportion gardée, l'adhésion, la désertion et l'alteradhésion sont causées à cause du leader, des intérêts et de l'idéologie. Nous pouvons donc dire que nos hypothèse ont été confirmées.

Eu égard à l'état général de fluctuations d'adhérents que génère le transfuge au sein des partis politiques, il nous a paru nécessaire de formuler quelques suggestions qui, une fois observée, pourraient permettre aux partis d'endiguer les transfuges et d'élargir leur assiette électorale.

Aux partis politiques en général, il nous revient de leur demander d'accroître leur capacité d'attraction en présentant des bons fondamentaux partisans (des leaders crédibles, des grands enjeux et des idéologies fiables), d'augmenter leur visibilités à travers l'organisation des activités, la structuration plus larges du parti, le recouvrement des cotisations ; des formaliser le plus possible les relations au sein des partis et d'ouvrir des registres regroupant les informations sur les adhésions, les désertions et les transfuges.

Aux activistes des partis politiques, nous leur recommandons de considérer les partis politiques comme des cadres de formation à la compétition politique et non des lieux de distribution d'argent ou d'embauche.

Enfin, loin de nous la prétention d'avoir abordé tous les aspects attenants aux causes du transfuge. Nous estimons pourtant avec modeste que ce travail est une contribution à l'analyse politologique de la dynamique partisane. Ainsi, certains aspects légèrement abordés dans ce travail pourront constituer des nouvelles ouvertures à d'autres chercheurs désireux de poursuivre les études approfondies dans le domaine de la dynamique partisans en général et du transfuge partisan en particulier.

BIBLIOGRAPHIE.

I. OUVRAGES

1. Georges BALANDIER, sens et puissance, Paris, P.U.F., 1971

2. Michel BONGRAD, le Marketing politique, Que sais-je, Paris, 1986

3. BOULANGER-BALLEGUIER, la recherche en sciences humaines, Ed.

Universitaire, Paris, 1970

4. Ferdinand BOURRICAUD, Esquisse d'une théorie de l'autorité, Ed.

Dumont, Paris, 1961

5. Jacques CHEVALLIER et Yves LOSHAK, Introduction à la science

Administrative, Dalloz, Paris, 1970

6. Georges BURDEAU, l'Etat, Edition du seuil, Paris, 1970

7. Alain DUHAMEL, le complexe d'Astérix, le monde Gallimard, Paris, 1976

8. Maurice DUVERGER, Les partis Politiques, Armand Collin, Paris, 1976

9. Martin HEIDEGGER, Etre et temps, Paris, Gallimard, 1964

10. Pierre LETAMENDIA, Les partis politiques en Espagne, P.U.F. que sais-

Je, Paris 1983

11. Robert King MERTON, Eléments de théorie et de méthode sociologique,

Paris, Plon, 1965

12. Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, Sociologie Politique, Ed. Mont

Chrétien, Paris, 1978

II. ARTICLES

1. François CHATELET et Alli : « Histoire des idéologies », in savoir et

Pouvoir du 18ème au 20ème siècles, Hachette,

Paris, 1972

2. KIPUPU Kafuti : « Formation politique du zaïrois : condition nécessaire

Vrai changement socio-politique », in Zaïre-Afrique

N° 311, janvier 1997

3. Louis NADAUD, « les ressources alimentaires » in LA GAZETTE du

Service français de R.S.A. n° 10, janvier-février, 1988

4. Jean Paul SARTE, « Présentation du temps moderne » in situations II,

Paris, 1982

III. COURS

1. BONGELI YAIKELO YA ATO, Sociologie politique approfondie, cours

Inédit, FSSAP, SPA, UNIKIS, 2003-2004

IV. MEMOIRES

1. AWAZI Imili SHABANI, des dissensions au sein des organisations

Politiques congolaises, analyses des causes et

Conséquences à étude menée à Kisangani de 1958 à

2001, Mémoire inédit, SPA, FSSAP, UNIKIS, 2000-2001

2. WILUNGULWA Balongelwa, Rébellions-révolutions dans l'Est du Zaïre,

Cas du maquis de KABILA et le parti de la révolution

Populaire dans la zone de FIZI, Mémoire inédit, S.P.A

F.S.S.A.P. UNIKIS, 1988

V. DICTIONNAIRE

1. Dictionnaire Hachette Encyclopédique, Hachette livre, Paris, 2000

2. Daniel-Louis SEIL, cité par GUY HERMET, Bertrand BADIE, Pierre

BIRNBAUM, Philippe BRAUD, Dictionnaire de la science

Politique, Armand Collin, 3ème Edition, Paris, 1998

3. BOUDON et BOURRICAUD, Dictionnaire critique de la sociologie, P.U.F

Paris, 1982.

4. Paul FOULQUIE, Dictionnaire de la langue philosophique, P.U.F., Paris

1962.

TABLE DES MATIERES

DEDICACE 2

INTRODUCTION GENERALE 5

Première partie : ARMATURE THEORIQUE. 12

Chapitre premier : GENERALITES. 12

I.1. CLARIFICATION DES CONCEPTS. 12

I.1.1. Le transfuge politique 12

I.1.2.1. Notions 14

I.1.2.2. Conceptions. 14

I.1.2.3. Les caractéristiques du parti politique 15

I.1.2.4. Les fonctions du parti politique 16

I.1.2.5. La typologie des clivages partisans. 17

I.2. LES PARTIS POLITIQUES IMPLANTES A KISANGANI EN 2003. 19

I.2.1. Le Mouvement de Libération du Congo (M.L.C.) 19

I.2.2. Les Forces du Futur. 19

I.2.3. les Forces Novatrices pour l'Union et la Solidarité (FONUS) 20

1.2.4. Le rassemblement Congolais pour la Démocratie, Mouvement de Libération (R.C.D/K.M.L) 20

I.2.5. le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (P.P.R.D) 21

Chapitre deuxième : CRITERIOLOGIE D'ADHESION PARTISANE A 23

II.1. PROCESSUS METHODOLOGIQUE 23

II.1.1 Population et échantillon. 23

II.1.2. Instruments de récolte et de traitement des donnés. 25

II.2. ANALYSE DES CRITERES D'ADHESION PARTISANE A KISANGANI 26

Tableau 3 : spécification des thèmes d'analyse et questions y relatives 26

II.2.1. Le phénomène du parti. 27

II.2.2.1. la loyauté au leader. 29

II.2.2.2. les faisceaux d'enjeux. 32

II.2.3. la conviction idéologique ou doctrinale. 34

Deuxième partie : TRANSFUGE POLITIQUE ET SURVIE 36

Chapitre premier : LA QUIDITE DU TRANSFUGE POLITIQUE 36

I.1. LES RAISONS DES DESADHESIONS PARTISANES 36

I.1.1. La déloyauté au leader 38

I.2.2. Le déficit d'intérêt. 41

I.1.3. Le désaccord idéologique. 44

I.1.4. Les causes libertaires 46

I.2. LES CAUSES DE L'ALTERADHESION 47

I.2.1. Idolâtrisme des leaders 49

I.2.2. La poursuite d'intérêts 50

I.2.3. La conversion idéologique. 51

I.2.4. Les raisons autonomes. 52

I.2.4.1. Le comparatisme partisan et le mythe du superlatif. 52

i.2.4.2. La nécessité permanente d'engagement politique 53

I.2.4.3. Identité idéologique des partis 54

Chapitre deuxième : LE RECRUTEMENT PARTISAN. 56

II.1. NOTIONS DU RECRUTEMENT PARTISAN. 56

II.2. MODALITES DU RECRUTEMENT PARTISAN 56

CONCLUSION GENERALE. 59

BIBLIOGRAPHIE. 62

TABLE DES MATIERES. 64

* Martin HEIDEGGER, Etre et temps, Paris, Gallimard, 1964, pp. 459-160

* 1 BOULANGER-BALLEYGUIER, la recherche en sciences humaines, Ed. Universitaire, Paris 1970, p.22

* 2 AWAZI imili Shabani, Des dissensions au sein des organisations politiques congolaises, analyse

des causes et conséquences à étude menée à Kisangani de 1958 à 2001, Mémoire inédit, SPA, FSSAP, UNIKIS, 2000-2001

* 3 Wilungulwa Balongelwa, Rébellions-révolutions dans l'Est du Zaïre, cas du maquis de Kabila et le parti de la révolution populaire dans la zone de Fizi, Mémoire Inédit, S.·P.A, FSSAP, UNIKIS, 1988

* 4 Maurice Duverger, les Partis Politique, Armand Collin, Paris, 1976

* 5 Georges BURDEAU, l'Etat, Edition du seuil, Paris, 1970, p. 81

* 6 idem

* 7 Pierre LETAMENDIA, Les partis politiques en Espagne, P.U.F. que sais-je, Paris 1983, p.8

* 8 Constitution de la Transition, Edition LINELIT, Avril 2003

* 9 Alain DUHAMEL, le complexe d'Astérix, le monde Gallimard, Paris, 1985, p.20

* 10 Georges BALANDIER, Sens et puissance, Paris, P.U.F., 1971, p.28

* 11 Jacques CHEVALLIER et Yves LOSHAK, Introduction à la science administrative, Dalloz, Paris, 1964, p.49

* 12 Louis NADAUD, « les ressources alimentaires », in LA GAZETTE du service français de R.S.A., n° 10, Janvier-février, 1988, pp. 29-30

* 13 Robert King MERTON, Eléments de théorie et de méthode sociologique, Paris, Plon, 1965, p. 61

* 14 Dictionnaire Hachette Encyclopédique, Hachette livre, Paris, 2000, p. 1896

* 15 Dictionnaire Hachette Encyclopédique, op. cit.

* 16 Daniel-Louis SEIL, cité par GUY HERMET, Bertrand BADIE, Pierre BIRNBAUM, Philippe BRAUD, Dictionnaire de la science politique, Armand Collin, 3ème Edition, Paris, 1998, p. 1977

* 17 Benjamin CONSTANT, cité par Maurice DUVERGER, les partis politiques, Armand Collin, Paris,

1976, p. 10

* 18 BOUDON et BOURRICAUD, Dictionnaire critique de la sociologie, P.U.F. Paris, 1982, p. 115

* 19 Op. cit. p. 195

* 20 Sur ce point, nous nous sommes inspirés des commentaires de R.G. SCHWARTZENBERG, la Sociologie politique, Ed. Mont Chrétien, Paris, 1978

* 21 Joseph LAPALOMBARA et Myron WEINER cité par R.G. SCHWARTEZNGER, op. cit.

* 22 Pour la rédaction de ce point, nous nous sommes inspirés de R.G. SCHWARTZENBERG, dans

Son ouvrage, la sociologie politique, Ed. Mont Chrétien, Paris 1978

* l'adhésibilité : qui présente la possibilité d'adhérer. Ce auquel on peut adhérer.

* 23 Alain DUHAMEL, le complexe d'Astérix, le monde actuel, Gallimard, Paris, 1985, p. 21

* 24 Ferdinand BOURRICAUD, Esquisse d'une théorie de l'autorité, Ed. Dumont, Paris, 1961, p. 115

* 25 François CHATELET et Alii : « Histoire des idéologies » in Savoir et pouvoir du 18ème au 20ème

Siècles, Hachette, Paris, 1972, p. 28.

* 26 Michel BONGRAD, Le Marketing politique, P.U.F. Que sais-je, Paris, 1986, P.50

* 27 Maurice DUVERGER, op. cit. p. 119

* 28 Alain DUHAMEL, op. cit. p. 22

* 29 Roger-Gérard SCHWARTENBERG, cité par Michel BONGRAD, op. cit. p. 52

* 30 Michel BONGRAD, op. cit. supra, p. 54

* 31 Idem, p. 199

* 32 Paul FULQUIE, Dictionnaire de la langue philosophique, P.U.F., Paris ? 1962

* 33 Maurice DGER, op. cit. p. 187

* 34 Idem, p. 199

* 35 Michel BONGRAD, op. cit. Supra, p. 57

* 36 Jean de la CROIX, cité par Paul FOULQUIE, op. cit. Supra

* 37 KIPUPU Kafuti : « Formation politique du zaïrois : condition nécessaire au vrai changement socio-

Politique ». in Zaïre-Afrique, n° 311, janvier 1997, p.5

* 38 Jean Paul SARTE, « Présentation du temps moderne », in Situations II, Paris, 1982,p. 18

* 39 JEANSON, le problème moral de la pensée de SARTE, cité par Paul FOULQUI, op. cit. p. 352

* 40 BONGELI YAIKELO YA ATO, sociologie politique approfondie, cours inédit FSSAP, SPA, UNIKIS, 2003-2004

* 41 Maurice DUVERGER, op. cit. p. 159

* Ces taux sont obtenus à la suite des calculs de taux d'accroissement annuel et de taux annuel d'accroissement moyen.

Exemple : Forces du Futur

Taux d'accroissement  =:

=

T n (Taux Moyen d'accroissement annuel) =






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