Section 4. Perception du Brésil (Etat
brésilien et le peuple brésilien) sur les réactions de la
communauté internationale face à l'incendie de la forêt de
l'Amazonie
En plein après-midi, le 19 août 2019, la ville de
São Paulo a soudainement été plongée dans la
pénombre. Le ciel s'est obscurci. D'épais nuages de fumée,
transportés par le vent vers le sud sur les 3000 km qui séparent
la ville du bassin amazonien, alors ravagé par des milliers d'incendies,
ont envahi la métropole
brésilienne. Deux semaines auparavant, le
Président d'extrême droite, Jair BOLSONARO, qui qualifiait de
« psychose environnementale » l'inquiétude internationale
liée à l'ampleur des incendies en Amazonie, n'avait pas
hésité à licencier le directeur de l'Institut
brésilien de recherche spatiale (INPE).40
2.4.1. Incendie en base de phénomène
naturel41
Entre janvier et novembre 2019, 92 683 incendies ont
été répertoriés rien que dans la forêt
tropicale amazonienne, soit près d'un tiers de plus que pour la
même période l'année précédente. Plus au sud,
dans l'État du Cerrado, une région de plus en plus
exploitée pour les monocultures et l'élevage, d'immenses surfaces
sont aussi parties en fumée. La forêt amazonienne et les steppes
limitrophes de la Bolivie ont aussi été ravagées par des
incendies en grande partie liés à la politique agricole du
gouvernement de l'ancien Président Evo Morales, qui avait fait passer
plusieurs lois autorisant l'expansion de l'agriculture sur des surfaces de
forêt tropicale et des terres autochtones ces dernières
années. Le dernier épisode date de juillet 2019, avec
l'autorisation par décret du déboisement pour l'élevage et
l'agriculture (notamment la culture de soja) dans les deux départements
amazoniens de Santa Cruz et de Beni.
Au Brésil, BOLSONARO a d'abord qualifié les feux
de« phénomène naturel à la saison sèche
»42, avant d'accuser quelques agriculteurs félons et
même des associations de protection de l'environnement d'avoir
déclenché les incendies. Les images satellites, notamment du MAAP
(Monitoring of the Andean Amazon Project) montrent pourtant clairement qu'une
grande partie des foyers d'incendies s'étaient déclarés
là où des opérations de déboisement avaient eu
lieu. Les arbres avaient d'abord été coupés, puis les bois
ont été brûlés afin de rendre les terres
40 www.heidi.news
41
www.france24.com
42 2020-01_PublicEye_LeMagazine_No21_Jan20_F_96dpi.
Consulté le 18/11/2020 à 11h22.
31
utilisables pour l'agriculture. Le « slash and burn
» ou l'agriculture sur brûlis en français, est une pratique
courante.
Face à l'inquiétude de la communauté
internationale, la réaction de Jair BOLSONARO soulève des
mécontentements : « Nous allons exploiter l'Amazonie, elle nous
appartient » Le Président d'extrême droite ne se contente pas
de nier les faits scientifiques avancés par sa propre agence spatiale
quant à l'étendue des incendies : il dénigre
également les organisations environnementales, les communautés
autochtones et les gouvernements européens de la pire manière.
|