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La coopération diplomatico-économique entre la république du Cameroun et la république du Tchad de 2003 à  2019.


par Abdelhamid Barka Maide
Université de Yaoundé II/ Centre de recherche d'études politiques et stratégiques (CREPS)  - Master 2 en sciences politiques 2019
  

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CHAPITRE III : L'ETAT DE LIEU DE LA COOPERATION
DIPLOMATICO-ECONOMIQUE ENTRE LE TCHAD ET
LE CAMEROUN

Rédigé et soutenu par Abdelhamid Barkai Maide Page 53

La coopération diplomatico-économique entre la République du Cameroun et la République
du Tchad de 2003-2019

La coopération entre les Républiques du Cameroun et du Tchad se caractérise par son élan empreint de pérennité. En effet, ces deux États membres de la CEMAC entretiennent depuis plusieurs années des relations notamment au plan diplomatique et économique. A l'analyse de cette coopération sur ces deux plans, le constat que l'on peut faire est tout à fait clair ; d'abord, sur le plan économique, on peut observer une diversification de cette coopération (section I) ; ensuite, cette dernière au plan diplomatique, connaît une consolidation (section II).

Section I : une coopération diversifiée au plan économique

Le volet économique est un aspect fondamental dans la coopération entre le Tchad et le Cameroun. En effet, elle prend en compte différents domaines ; mais toujours est-il dit que cette coopération est de nature conventionnelle car elle repose sur de nombreux accords conclus entre ces États55. Ladite coopération s'articule donc autour de la construction des infrastructures notamment de communication et de télécommunication (paragraphe I). Mais au-delà, la coopération entre le Tchad et le Cameroun attribue également une portée considérable au développement des échanges commerciaux (paragraphe II).

Paragraphe I : une coopération basée sur la construction des infrastructures

La coopération économique entre le Tchad et le Cameroun accorde une place importante à la construction des infrastructures destinées à faciliter le ralliement de chacun de

55 On peut citer ici la convention en matière de transport routier entre la République du Tchad et la République du Cameroun ; le protocole d'accord entre le Gouvernement de la République du Tchad et le Gouvernement de la République du Cameroun ; la convention entre la République du Cameroun et la République du Tchad relative aux études et aux travaux de construction d'un deuxième pont frontalier sur le Logone entre Kousseri au Cameroun et N'Gueli au Tchad, et à l'aménagement de ses accès que sont la route Walia-N'Gueli et la voie de contournement de la ville de Kousseri ; le protocole d'accord entre le Gouvernement de la République du Tchad et le Gouvernement de la République du Cameroun relatif à la construction du pont frontalier sur la rivière Mbere ; l'accord entre le Gouvernement de la République du Cameroun et le Gouvernement de la République du Tchad relatif à la création d'une commission ferroviaire Cameroun-Tchad en vue de l'extension du chemin de fer camerounais vers le Tchad ; l'accord relatif au transport aérien entre la République du Cameroun et la République du Tchad ; la convention portant création de la mission d'aménagement du fleuve Logone ; le protocole annexe au protocole d'accord concernant les aménagements hydrauliques sur le logone signé à Moundou le 20 août 1970 ; l'accord entre la République du Cameroun et la République du Tchad pour la construction d'un pont sur le fleuve Logone, entre Yagoua (Cameroun) et Bongor (Tchad) et des aménagements connexes .

Rédigé et soutenu par Abdelhamid Barkai Maide Page 54

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du Tchad de 2003-2019

ces États vers un autre. Ces infrastructures sont de natures diverses et variées ; une tentative de systématisation nous permet alors de distinguer les infrastructures de communication et de télécommunication d'une part (A) et d'autre part les infrastructures techniques et culturelles (B).

A. Les infrastructures de communication et de télécommunication

La construction des infrastructures de communication (1) sera analysée préalablement à celle des infrastructures de télécommunication (2).

1. Les infrastructures de communication

La communication dans ce cadre n'a pas sa conception traditionnelle56 ; En effet, dans ce cadre, elle renvoie à l'ensemble des canaux permettant le ralliement aisé entre le Tchad et le Cameroun. La construction des infrastructures de communication entre ces États est engagée à la suite des conventions, qui s'avèrent au demeurant nécessaire au regard des mutations et du recentrage des stratégies de coopération et de développement observées en Afrique57 centrale. Les infrastructures de communication sont diverses et variées mais sont susceptibles d'être rangées en deux catégories, d'une part les infrastructures routières et d'autre part les infrastructures ferroviaires.

S'agissant des infrastructures routières, elles sont relatives au transport routier de marchandises ou en transit sur les territoires de ces États58 ; elles assurent le transport terrestre de marchandises en transit entre la République du Tchad et la République du Cameroun59. Chacun de ces États s'engagent à maintenir en toute circonstance, la liberté de transit des marchandises à destination ou en provenance des deux pays et à faciliter les formalités douanières et administratives de transit sur toutes les voies conventionnellement établies60. La

56 Selon le dictionnaire encyclopédique le Larousse, dans son sens premier.

57 Voir préambule du traité révisé de la CEMAC du 25 juin 2008.

58 Article 3 de la convention en matière de transports routiers entre la République du Tchad et la République du Cameroun.

59 Le transport est assuré par les transporteurs habiletés par les deux pays selon la clé de répartition suivante à partir des ports de débarquement selon les quotas légaux notamment 65% pour les transporteurs tchadiens et 35% pour les transporteurs camerounais. Mais lorsque les circonstances l'exigent, une des parties peut renoncer à tout ou partie de son quota, sans compensation aucune au profit des transporteurs de l'autre partie. Voir article 6, convention op cit.

60 Article 8, convention op cit.

Rédigé et soutenu par Abdelhamid Barkai Maide Page 55

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répartition du fret à destination ou en provenance du Tchad est assurée conjointement par le Bureau National du fret Tchadien et le Bureau de Gestion de Fret Terrestre Camerounais ; ces organes sont en outre chargés de la gestion de tout instrument de facilitation du transport en transit61. Les infrastructures routières sont également constituées des ponts. Il en est ainsi du pont frontalier sur le fleuve de la rivière Mbere et du deuxième pont frontalier sur le Logone. La construction de ces différents ponts entre le Tchad et le Cameroun vise à promouvoir les échanges commerciaux et de faciliter les mouvements des personnes et des biens entre les deux pays62.

S'agissant des infrastructures ferroviaires, elles font référence à l'extension du chemin de fer camerounais vers le Tchad. L'objectif ici est de mettre en place un projet de développement d'infrastructures ferroviaires autour des piliers de construction, opération et financement mais également de mettre en oeuvre les décisions prises sur le plan régional et sous-régional pour l'intégration et l'interconnexion de leurs systèmes de transport63. Au-delà de la communication par voie terrestre, d'autres voies de communication ont également été instituées entre ces États.

En effet, il existe également des infrastructures construites ou envisagées d'être construites dans les domaines aérien, maritime et fluvial ; la construction ou la réhabilitation étant toujours bâtie sur les sentiers conventionnels entre le Cameroun et le Tchad. S'agissant de la communication par voie aérienne, ces États ont signé une convention avec le souci de garantir au plus degré la sûreté et la sécurité du transport international64.

La coopération économique entre le Tchad et le Cameroun est donc implémentée nécessairement par le biais des infrastructures communicationnelles, qui sont fortement diversifiées. Elles contribuent de manière significative au développement de ces États sur le

61 Article 7, ibid.

62 Cf. préambule du protocole d'accord entre le Gouvernement de la République du Tchad et le Gouvernement de la République du Cameroun relatif à la construction du pont frontalier sur la rivière Mbere.

63 Cf. préambule de l'accord entre le Gouvernement de la République du Cameroun et le Gouvernement de la République du Tchad relatif à la création d'une commission ferroviaire Cameroun-Tchad en vue de l'extension du chemin de fer Camerounais vers le Tchad.

64 Cf. préambule de l'accord sur le transport aérien entre la République du Cameroun et la République du Tchad. Il faut préciser qu'après la publication de cet accord, les autorités publiques Camerounaises, ont édicté le décret N°73/347 du 10 juillet 1973 portant ratification de l'accord relatif aux transports aériens entre la République du Cameroun et la République du Tchad.

Rédigé et soutenu par Abdelhamid Barkai Maide Page 56

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du Tchad de 2003-2019

plan économique. C'est sur cette base que ces deux États, ont décidé également de mettre sur pied d'autres types d'infrastructures destinées à renforcer ce développement économique, c'est le cas donc des infrastructures chargées d'assurer les télécommunications entre le Cameroun et le Tchad.

2. Les infrastructures de télécommunication

Les infrastructures de télécommunication entre les Républiques du Tchad et du Cameroun sont construites pour promouvoir et développer une coopération mutuellement avantageuse entre ces États. Elles sont relatives à l'interconnexion électrique 65 , l'interconnexion des réseaux de transmission numérique à fibre optique66, les échanges de programmes de radiodiffusion et de télévision67, le partenariat entre les grandes écoles de télécommunication 68 , la construction et l'exploitation d'un système de transport des hydrocarbures69.

La diversité de ces infrastructures de télécommunication est l'élément probatoire de la volonté constante entre le Tchad et le Cameroun de raffermir leurs liens par le biais des télécommunications. En effet, au travers de celles-ci, chacun de ses États favorise son développement sur le plan technologique, car désormais la maîtrise de la technologie est un gage de consolidation de la souveraineté des États. Cela participe également du vaste mouvement qui s'installe en Afrique et qui consiste à refuser tout ce qui divise actuellement la sous-région mais plutôt à poursuivre une identité culturelle et sociale dont les racines et la

65 Lire utilement le protocole d'accord entre le Gouvernement de la République du Cameroun et le Gouvernement de la République du Tchad pour la réalisation de l'interconnexion électrique Cameroun-Tchad et l'électrification des localités transfrontalières.

66 Lire utilement le mémorandum d'entente entre le Gouvernement de la République du Cameroun et le Gouvernement de la République du Tchad relatif à l'interconnexion des réseaux de transmission numérique à fibre optique.

67 Lire utilement le protocole d'accord entre le Gouvernement de la République du Cameroun et le Gouvernement de la République du Tchad relatif aux échanges de programmes de radiodiffusion et de télévision et d'expériences techniques.

68 Lire utilement la convention de partenariat entre l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications (ENSPT) de la République du Cameroun et l'Administration des Postes et Télécommunications de la République du Tchad.

69 Lire utilement l'accord entre le Gouvernement de la République du Tchad et le Gouvernement de la République du Cameroun relatif à la construction et à l'exploitation d'un système de transport des hydrocarbures par pipeline.

Rédigé et soutenu par Abdelhamid Barkai Maide Page 57

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légitimité historiques sont plus fortes70. C'est assurément dans l'optique de conserver cette identité culturelle que dans leurs relations, le Tchad et le Cameroun ont décidé de mettre sur pied, et ce de manière consensuelle comme à l'accoutumée, des infrastructures techniques et culturelles.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus