La coopération diplomatico-économique entre la république du Cameroun et la république du Tchad de 2003 à 2019.

V. Objectif d'étude

L'objectif principal de ce travail est d'étudier et d'harmoniser la dynamique de la coopération diplomatique et économique qui existe déjà entre la République du Tchad et la République du Cameroun. Pour atteindre cet objectif principal, nous nous sommes fixés des objectifs spécifiques.

Dans le cadre de cette étude nous allons étudier, comprendre et analyser l'évolution des relations diplomatiques et économiques entre le Tchad et le Cameroun au cours des années 2003 à 2019. Il s'agit de mettre en exergue les principaux points de la coopération bilatérale, relever l'influence des dix-huit dernières années de la coopération en matière de diplomatie et d'économie entre les deux pays. Nous allons aussi montrer l'impact de cette coopération sur les deux plans cités ci-haut.

VI. Revue de la littérature

Pour OLIVIER L., BEDARD G. et FERRON J., la revue de la littérature consiste à « identifier les acteurs, les ouvrages et les articles scientifiques qui ont façonné la connaissance dans la discipline donnée sur un sujet précis »²⁴, l'objectif est de démonter comment la littérature soulève des questionnements et répond elle-même a ces questionnements. C'est dans ce sens que nous allons relever l'ensemble des ouvrages, revues scientifiques et d'autres productions importantes en rapport avec notre thématique et ou travail.

Dans le rapport les enjeux de la coopération économiques entre le Nigeria, le Bénin, le Cameroun, le Niger et le Tchad, nous avons une idée claire sur la coopération régionale, qui pourrait être l'occasion de rapprocher les politiques nationales des réalités économiques et sociales et surtout chez les voisins. Ce rapport précise que les relations de bon voisinage sont une « garantie de la sécurité »²⁵.

²⁴ Olivier (L), Badard (G) et FERRON (J), L'élaboration d'une problématique de recherche, Paris, l'Harmattan, 2005, p. 24.

²⁵ Le rapport de la rencontre de Cotonou du club du Sahel, les enjeux de la coopération économique entre le Nigeria, le Cameroun, le Bénin, le Niger et le Tchad ; de mai 1993.

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Le Tchad est un pays qui géographiquement rencontre beaucoup des difficultés mais malgré ces aléas, le pays exporte à l'international et notamment chez tous ses voisins dont le Cameroun qui est le principal concerné. Jean BOUTRAIS, dans son ouvrage Du politique à l'économique, études historiques dans le bassin du lac-Tchad Volume III, remonte à l'histoire des échanges économiques entre le Tchad et le Cameroun. Cette coopération date d'avant les années 1960, elle fait sortir les dates clés et l'évolution des échanges commerciaux. En effet, trois (3) périodes sont distinguées dans l'évolution des échanges²⁶. Jusqu'en 1928, le flux des marchandises reste insignifiant, c'est dans les années 1948 avec l'exportation d'arachide et du coton dans le nord Cameroun que la manifestation d'un démarrage économique contrarié par la crise, les structures commerciales évoluent peu et la Bénoué demeure la voie de communication privilégiée. Avec la souveraineté et le port de Garoua modernisé, la voie fluviale reste la plus utilisée pour les échanges régionaux. Le Tchad exporte vers ses voisins et notamment le Cameroun du bétail, du coton, de la gomme arabique, du natron²⁷, du pétrole etc...

Dans son mémoire de thèse intitulé l'exportation du bétail sur pied du Tchad vers le Cameroun et le Nigéria : 1960 à 2009, Gédéon MEUSNGAR explique l'importance de l'exportation du bétail dans les échanges commerciaux entre le Tchad et le Cameroun ainsi que dans la zone CEMAC. L'élevage occupe le troisième rang dans l'économie nationale tchadienne après le pétrole et l'agriculture²⁸.

Yves MARGUERAT dans son ouvrage intitulé, Réseau urbain de la fondation d'une région²⁹ dégage d'une manière implicite l'importance des étrangers dans une ville frontalière comme Kousseri et la ville de Yagoua, nous allons alors étudier cette importance des migrations en profondeur ainsi que les conséquences.

L'universitaire Issa SAIBOU dans l'un de ces articules intitulé « Impact socio-économique du séjour des réfugiés tchadiens à Kousseri » analyse les conséquences sur les plans social et économique de la crise tchadienne de 1979 dans la ville de Kousseri, pour lui l'insécurité, la dépravation des moeurs et des problèmes sanitaires d'une part et

²⁶ Jean Boutrais, Du politique à l'économique étude historique dans le bassin du lac-Tchad, p. 107.

²⁷ Le sel sahélien, 2011, P.107.

²⁸ Goual Nanassoum, « Commerce du bétail tchadien : quand un pays dilapide ses richesses », in Tchad et culture n°187, p.1.

²⁹ Margauerat Yves, réseau urbain de la fondation d'une région, Boutrais et al, pp. 479- 491.

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l'enrichissement des loyers, le développement des infrastructures immobilières et l'accroissement des recettes commerciales, des implications sociales et économiques du séjour des réfugiés tchadiens à Kousseri³⁰ d'autre part.

Le Professeur Joseph Vincent NTUDA EBODE, développe dans un article publié dans la revue Enjeux et intitulé «la redistribution de la puissance en Afrique médiane CEMAC : la nouvelle configuration des alliances sous-régionales » la complicité et la proximité du Tchad et du Cameroun dans la zone CEMAC, les deux voisins constituent un couple stratégique qui peut devenir leader de cette zone, surtout avec le passage du pipeline depuis 2003, la coopération est de plus en plus constante et également croissante. L'auteur explique que ce lien entre les deux pays voisins est historique, la partie septentrionale du Cameroun et le sud-ouest du Tchad ont des liens historiques attachés au royaume du Kanem-Bornu, ce partage du même passé rattache les deux Etats davantage notamment les peuples frontaliers, la preuve vivante, nous pouvons citer les Kotoko, les Moundang, les Toupouris, les Arabes choa, les Massa presque tous ces peuples sont encore fortement liés. Sur ceux, l'auteur déclare « Avant donc d'être économique, l'alliance du couple Cameroun-Tchad repose sur un ensemble de réalités historique, sociologique, géographique et juridique³¹ ». D'après l'auteur, ce sont ces données sociohistoriques qui ont facilité la coopération économique, les relations diplomatiques entre la République du Tchad et la République du Cameroun. La déclaration du président camerounais Paul Biya « désormais, ce qui est bon pour le Cameroun l'est aussi pour le Tchad et vice-versa » nous permet de dire sans beaucoup de réserve que les deux Etats s'entendent parfaitement et naviguent ensemble pour la défense de leurs intérêts respectifs, nous pouvons également dire que cette relation est arrivée à un point de dépendance, le Tchad contraint par les éléments géographiques et géopolitiques a besoin d'une ouverture à l'océan pour ses importations et exportations et le Cameroun semble être le meilleur voisin mais aussi le meilleur allié que ses autres voisins qui ne partagent pas la même vision du monde et les intérêts, notamment le Soudan qui a été toujours un acteur dans la déstabilisation politique et menace toujours les différents régimes qui se sont succédés. Ce problème avec ses voisins arabes rapproche le Tchad davantage vers le Cameroun car c'est une « question de vie et même de survie

³⁰ Saibou Issa, « Impact socio-économique du séjour des réfugiés tchadiens à Kousseri ».

³¹ Vincent NTUTA EBODE, « La redistribution de la puissance en Afrique médiane CEMAC : la nouvelle configuration des alliances sous-région ale », revue Enjeux, 2005, p 43.

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économique du Tchad »³². L'auteur explique ce rapprochement, il est justifié par les différents accords, protocoles d'accord et mémorandum d'entente signés. Par ordre de signature, on peut mentionner les Accords suivants :

1. Le Protocole d'accord sur la création et l'exploitation des différentes industries textiles et du ciment, signé le 13 avril 1963 à Fort-Lamy ;

2. Le Protocole d'accord en matière de personnel signé le 17 février 1967 à Yaoundé ;

3. Le Protocole d'accord créant la commission mixte de coopération, signé le 20 août 1970 à Moundou au Tchad ;

4. La Convention réglant les relations économique et douanière signée le 20 août 1970 à Moundou ;

5. Le Protocole d'accord en matière de télécommunications signé le 26 avril 1973 à Yaoundé ;

6. L'Accord relatif au transport aérien signé le 25 mai 1973 à Fort-Lamy ;

7. La décision portant réparation du tonnage du trafic des marchandises et autres produits prise le 12 avril 1975 à Ngaoundéré ;

8. Le Traité d'amitié, de coopération culturelle, scientifique et technique signé le 21 décembre 1985 à Ndjamena ;

9. La convention en matière de transport terrestre des marchandises signée le 21 décembre 1985 à Ndjamena ;

10. L'accord entre le gouvernement de la République du Cameroun et le gouvernement de la République du Tchad relatif à la construction d'un système de transport des hydrocarbures par pipe-line signé à Yaoundé le 8 février 1996. »

La commission mixte permanente de sécurité entre le Tchad et le Cameroun dans son rapport de 1999, présente le bilan de travaux qui met en exergue les relations qu'entretiennent le Tchad et son voisin le Cameroun sur le plan sécuritaire³³.

³² Op. cit

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Gilbert Maoundonodji écrit un article intitulé « le pétrole tchadien doit-il passer par le Cameroun ? » dans lequel il évoque et soulève le problème de rapport qu'entretiennent le Tchad et ses voisins en particulier le Cameroun, soulève le problème de la redéfinition des rapports entre les deux voisins pour déboucher³⁴ au type de relations susceptibles de préserver les intérêts tchadiens.

Dans son analyse, SAMUEL P. HUNTINGTON, replace l'identité ethnique et religieuse au centre de différends entre les peuples au 21e siècle. Il affirme que, « les peuples utilisent la politique non pas seulement pour faire prévaloir leur intérêt, mais de définir leurs identités. On sait qui on est seulement si on sait qui on n'est pas. Et, bien souvent, si on sait contre qui on est. »35

Les frontières sont un élément déterminant de la définition de l'État, par leurs fonctions de contrôle, de séparation, et de protection du territoire et de la population³⁶. A la faveur de la mondialisation, on ne peut pas dire que les frontières disparaissent : elles changent de nature et de forme, mais restent très présentes.

Au niveau politique et diplomatique, le Tchad et le Cameroun ont la même vision du monde, des Etats démocratiques, où la liberté des droits humains est respectée plus ou moins respectant tant le principe de la « non-ingérence » des affaires autres, qui ont toujours eu des relations amicales et paisibles malgré quelques soucis que rencontrent leurs citoyens respectifs dans les deux pays. En grosso modo, c'est une relation diplomatique stable, constante et de plus en plus croissante depuis que le Tchad est entré dans le cercle très restreint des pays producteurs du pétrole, car l'or noir tchadien passe par le Cameroun pour la transformation jusqu'en 2014, et la vente au marché mondial. Chaque jour c'est plus de deux cents milles (200.000) barils qui traversent le territoire camerounais pour l'océan.

De toutes ces revues scientifiques, ouvrages généralistes et spécifiques, travaux de recherches et mémoires, l'on peut retenir que les différents documents constituent une base de données indéniables. De ce fait, il faudrait relever leur aspect généraliste d'où l'importance

³³ Rapport de la deuxième Commission mixte permanente de sécurité, 1999, Agence N°4199

³⁴ Gilbert MAOUNDONODJI, « Le pétrole tchadien doit-il passer par le Cameroun ? », Tchad culture, N°156, 1997, pp. 2-3.

³⁵ SAMUEL P. Huntington, Le choc des civilisations, Simon & Schuster, Odile Jacob, 1996, 20 p.

³⁶ Cours, Etat frontières et mondialisation.

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de notre travail qui est différent des autres par sa particularité, qui se concentre sur l'analyse et l'évolution de la coopération diplomatico-économique entre les deux Etats voisins de l'ère pétrole du Tchad jusqu'en 2019.