La régionalisation du maintien de la paix et de la sécurité internationales. étude appliquée au conflit en république centrafricaine.par Chrisogone Ignace MENEHOUL KOBALE Université de Yaoundé II (Cameroun) - Master recherche en Droit public 2016 |
B. Les thématiques établies dans le cadre de l'initiative africaine : une initiative tendant manifestement à l'éducation à l'entrepreneuriat et à la citoyennetéDe façon synthétique et non exhaustive438(*), les sujets de discussion s'articulent autour des thématiques suivantes : d'une part, les questions politiques et socio-économiques, et d'autre part, les questions sécuritaire, humanitaire, judicaire et de réconciliation. Les premières traduisent cette éducation à l'entrepreneuriat (1) et les secondes, l'éducation à la citoyenneté (2). 1- Une éducation à l'entrepreneuriat de par les questions politiques et socio-économiques retenues Les chefs de délégation de l'initiative africaine considérés ont retenu cinq points à ce sujet.Le premier concerne le relèvement des conclusions pertinentes du Forum de Bangui et des mesures concrètes pour leur mise en oeuvre, notamment les questions d'inclusion, de participation politique et de représentation équitable des différentes régions et communautés dans les appareils d'Etat. Les chefs de délégation remarquent toutefois, qu'il y a des préfectures qui, aujourd'hui, continuent de jouir d'une accalmie propice à des actions de développement. Il est indispensable, selon eux, que le gouvernement investisse dans ces régions et apporte cette prime à ceux qui ont préservé la paix et la concorde sociale. Ils estiment qu'en opérant un tel ajustement dans la distribution de ses efforts, le gouvernement offrira les raisons de croire en la paix à ces populations. Ainsi en plus de faire de la ville de Bambari un modèle de retour de l'autorité de l'Etat, le gouvernement centrafricain propose à ses partenaires des actions vigoureuses de soutien aux efforts de développement dans les préfectures. Les autres points, sans être détaillés, concernent respectivement les réformes en matière de décentralisation administrative pour un développement équitable et équilibré des régions, le mécanisme de réglementation et de protection de la transhumance, et le statut des anciens Chefs d'Etat. A ces questions, s'ajoutent bien d'autres. 2- Une éducation à la citoyenneté de par les questions sécuritaire, humanitaire, judiciaire et de réconciliation439(*) soulevées Les questions de sécurité et de défense en RCA sont de celles principalement abordées par les différents acteurs, aussi bien nationaux qu'internationaux. Pour les chefs de délégation de l'initiative africaine, l'accent est mis, d'abord, sur le programme DDRR et l'adoption des mesures concrètes, pour sa mise en oeuvre sur la base des acquis enregistrés, et intérimaires durant la période de mise en oeuvre du DDRR (y compris la constitution d'unités de sécurité de proximité) ; ensuite sur le mécanisme de redéploiement graduel des FDS à travers le pays ; enfin sur les principes de mise en oeuvre du programme de RSS. Pour ce qui concerne la question humanitaire et sans en dire davantage, les initiateurs africains de la paix et de la réconciliation en RCA comptent prendre des mesures socio-sécuritaires pratiques pour un retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées.Il en est de même pour la justice dont la réparation pour les victimes est un point crucial et les mécanismes de justice transitionnelle et de réconciliation nationale. Il s'avère important de noter que le processus de dialogue initié par ces acteurs africains est facilité et coordonné par un « Panel de facilitation » dont ils en font tous partie. Ce Panel qui agit collégialement sous la direction du Représentant désigné de l'UA440(*) a pour mission principale deconvoquer et présider la plénière des rencontres avec les parties prenantes, modérer et faciliter les discussions et compromis. Le Panel de facilitation est accompagné du Comité technique qui « assure le secrétariat de la facilitation441(*) ». En définitive, dans les expressions pratiques du partenariat entre la CEEAC/UA et l'ONU dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité en RCA, deux choses doivent être mises en avant. La première concerne l'intervention de l'ONU en RCA au moment où la prise en charge du conflit qui a éclaté dans ce pays était relevait de la compétence des organismes régionaux considérés, c'est-à-dire la CEEAC et l'Union Africaine. Et la seconde concerne l'intervention de la CEEAC/UA dans le processus de résolution du conflit centrafricain depuis le déploiement de la Mission de l'ONU. Pour la première, cette intervention s'est faite dans le but de consolider les « succès » de la CEEAC et de l'UA. Et pour la seconde, cette intervention a eu lieu dans l'optique de faciliter la réalisation de l'objectif de la MINUSCA qui est de restaurer la paix et la sécurité en RCA. CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE Depuis quelques décennies, les organismes régionaux sont devenus des acteurs importants sinon, de facto, capitaux en matière de maintien de la paix et de la sécurité. Cette « (re)naissance régionale », pour paraphraser les auteurs Eric BERMAN et Katie SAMS442(*), ne devrait pas moins découler la (re)prise de conscience des dangers sécuritaires graves qui menacent leur sphère, et pourquoi pas, de la « réticence » de l'ONU à se retrouver impliquée dans la résolution des conflits dont elle connait moins ou pas les origines. Ce qui contribuerait à pousser l'ONU à développer ou construire une relation de partenariat avec ceux-ci, bien qu'elle soit, de jure, la responsable (principale) en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le conflit qui a éclaté en République Centrafricaine depuis le changement anticonstitutionnel du 24 mars 2013 et qui, dans l'optique de sa résolution, a vu l'intervention d'une série d'organisations internationales est un bel exemple pour se convaincre de l'idée selon laquelle les organismes régionaux, notamment la CEEAC et l'UA sont des partenaires de l'ONU. En effet qu'il s'agisse des organismes régionaux considérés ou de l'ONU, chaque acteur, et à sa manière, laisse entrevoir les marques ou expressions de cet état de chose. Et c'est ainsi que l'on relève les deux caractères de ces expressions du partenariat : d'une part des expressions théoriques, et d'autre part des expressions pratiques. Les expressions théoriques renvoient aux initiatives d'élaboration des textes, de quelque nature, portée ou caractère que ce soit, de ces différents acteurs dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité dans le monde en général, et en RCA en particulier. On a par exemple, de la part de l'ONU ou de la CEEAC/UA, des résolutions, décisions, rapports ou déclarations qui, de par leurs intitulés ou substances, témoignent de la relation de partenaires qui existe entre ces entités. Et les expressions pratiques quant à elles, renvoient aux initiatives concrètes ou actions entreprises par ces organisations en vue de l'atteinte de l'objectif, à elles, commun qui est la pacification de la RCA. C'est ainsi que l'ONU, pour sa part, est intervenue dans le but de consolider les acquis enregistrés par la CEEAC et l'UA ; et ces dernières, à leur tour également, ont pris des dispositions en vue de faciliter l'accomplissement de la mission de l'ONU en RCA. * 438Ibid, 7.1, p. 9. * 439Ibid, B et C, p. 10. * 440Ibid, 5.2, p. 8. * 441Ibid, 5.4, p. 8. * 442 BERMAN (Eric) et SAMS (Katie), « Le maintien de la paix en Afrique », in Forum du désarmement, Vol. 3, 2000, p. 24. |
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