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Regroupements politiques et processus électoral en RDC. Enjeux et défis.


par Elie BANZA MUKANDA Bamu
UNILU - Licence 2019
  

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IV. ETAT DES LIEUX DU SUJET

L'état de la question ou la recension des écrits consiste à faire le tour des livres et des articles les plus importants qui existent déjà sur le sujet qu'on veut étudier. Cela évite d'une part de « défoncer des portes ouvertes », soit d'aborder un problème surexploité ou résolu par la science. Cela

3 Gorgui Ciss, Mathias Eric Owana Nguini, Pablo Stefanoni, Jean Bosco Talla, l'impératif des alliances en démocratie, Yaoundé, Ed. PUA, 2013

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permet d'autre part de poser une meilleure problématique et qui tient compte de l'état actuel des connaissances et qui utilise des concepts et une formulation correcte au regard de la science.

Pour ce qui est de cette réflexion sur les regroupements politiques et Processus électoral en République Démocratique du Congo : enjeux et défis, nous affirmons d'une manière honnête que nous ne sommes pas le premier à entreprendre cette réflexion. Il est évident que plusieurs chercheurs ont déjà eu l'occasion de traiter d'un sujet analogue sous d'autres aspects en y apportant des solutions afférentes, nous croyons à des points de convergence et divergence avec les travails antérieurs de nos prédécesseurs sur l'épineux problème des alliances, coalitions, plateformes et processus électoral en République Démocratique du Congo ou à-travers le monde.

A ce niveau, il faut signaler que lorsque plusieurs chercheurs font leurs études sur un même sujet ils n'aboutissent pas à un même résultat car chacun d'eux aura sa méthode et techniques, une problématique et des hypothèses de travail spécifiques.

La contribution que nos lecteurs attendent de ce travail peut ne pas être extravagant mais juste un complément d'information aux conclusions de nos prédécesseurs.

Dès lors, nous ne nous sommes pas soustrait à cette démarche scientifique qui nous paraît plausible c'est pour quoi avant de poser clairement notre problématique, nous allons dans la mesure du possible lire quelques travaux, ouvrages, articles antérieures, que nous avons pu consulter qui sont proches du notre :

En premier lieu, le livret de Gorgui Ciss, Mathias Eric Owona Nguini, Pablo Stefanoni, Jean-bosco Talla3, dénommée : « L'impératif des alliances dans une démocratie ». Ce livret part du constat que dans chaque démocratie, construire une majorité est nécessaire pour atteindre ses objectifs politiques, qu'il s'agisse de remporter des élections ou de faire adopter une décision politique comme un projet de loi ou un plan d'action. Cet impératif de constitution de majorités s'impose aux différents acteurs de la vie politique, y compris aux associations ; aux syndicats etc. Même un dirigeant tout-puissant a besoin, au moins de temps à autre, de convaincre et de rallier d'autres personnes ou groupes qui ne lui sont pas nécessairement proches,

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d'harmoniser les points de vue ou de trouver un compromis autour d'une question précise. Ceci est également vrai au niveau international, en ce qui concerne les relations entre les Etats. Les Etats faibles peuvent faire face à des Etats plus puissants en s'associant au moment opportun, même s'il ne s'agit que de régler une question bien précise, par exemple à l'occasion d'accords commerciaux.

Pour ces auteurs, les sociétés africaines sont caractérisées par le pluralisme en termes de géographie, langues, religions, idéologies, valeurs etc. ainsi que par des institutions particulières qui orientent la manière de prendre des décisions, imposer un point de vue singulier sans faire valoir celui des autres est difficile, voire impossible, notamment dans une longue durée. Il s'en suit donc que tout ce qui relève de la politique nécessite le dialogue, la prise en compte d'autrui et le compromis. C'est sur cette base que les coalitions et alliances d'intérêts peuvent être construites - des alliances qui sont incontournables notamment pour celui qui se trouve dans une position minoritaire et qui cherche à promouvoir son projet de société, son programme d'action ou à préparer des élections. Une coalition ou une alliance n'est pas toujours facile à créer, tant à l'intérieur d'une organisation qu'avec d'autres. Le Cameroun et notamment ses partis d'opposition, en sont des exemples éloquents.

En outre, les contributions de ce livret posent la question de la création des alliances et des coalitions et celle de savoir comment celles-ci peuvent contribuer à la résolution de problèmes politiques et à la construction de l'action démocratique au sein des mouvements sociaux, des partis et des gouvernements.

Ils s'interrogent sur les différents types d'alliances et de coalitions ainsi que les facteurs clés de leur succès ou de leur échec dans but de tirer profit des expériences faites en Amérique Latine et au Sénégal pour éclaircir ensuite la situation des alliances politiques au Cameroun en s'interrogeant ainsi : Pourquoi est-il si difficile, dans le pays, de construire des coalitions et des alliances fortes et durables qui pourraient encadrer l'action politique et sociale, c'est-à-dire des alliances qui ne seraient pas forcement motivées par l'argent et l'exercice de la domination ?

Une des fonctions clés des partis politiques est l'agrégation des intérêts sociétaux. Mais si trois cents partis politiques différents, ou même la douzaine qui existe réellement sur le terrain, tirent dans toutes les directions, les intérêts qui existent au sein de la société camerounaise ne peuvent être

4 F .MUKAYA MUTSHIPAY, Alliances politiques en RDC : Atouts et Faiblesses. Cas de l'Union pour la Nation aux élections de 2006, Mémoire online, G3 SPA, FSSPA, UNIKIN, 2009.

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articulés adéquatement. L'attention que la Fondation Friedrich-Ebert porte à la question obéit donc à une motivation simple : il s'agit de contribuer à une réflexion qui aidera les différents acteurs dans leurs efforts pour construire au Cameroun une démocratie forte, participative et stable.

Au regard ce qui devance, nous concourons avec nos prédécesseurs sur le fait que dans un Etat démocratique la constitution des regroupements, alliances, coalitions, et plateformes politiques est un impératif qu'il s'agisse : de remporter les élections, faire adopter ses décisions et projets politiques, d'harmoniser ses points de vue avec les autres ou soit de faire face à un adversaire commun de taille au regard non seulement du multipartisme politique mais aussi de la diversité linguistique, religieuse, idéologique et géographique

S'agissant de l'antinomie, ce livret est une quête de la fondation Friedrich-Ebert, ayant comme axes principales cerner les facteurs clés de succès et échecs des alliances et coalitions politiques dans l'optique de construire une démocratie camerounaise forte, participative et stable alors que la nôtre, est une recherche scientifique pour permettre aux partis d'atteindre leurs objectifs politiques : la conquête du pouvoir politique en anticipant les obstacles et les conséquences émanant du jeu d'alliances et coalitions politiques.

En deuxième lieu, Fabrice MUKAYA MUTSHIPAYI4, dans son travail intitulé « les Alliances Politiques en République Démocratique du Congo: Atouts et faiblesses. Cas de l'Union pour la Nation aux élections de 2006 (UN). La préoccupation de l'auteur fut de savoir :

? Qu'est-ce qui peut être à la base de la faiblesse des Alliances politiques en République Démocratique du Congo ?

? Celles qui ont eu les atouts ou la chance de réussir aux élections, respectent-elles leurs engagements et promesses faites aux électeurs ?

Sur ce, Il est parti des hypothèses par lesquelles : La Faiblesse des certaines alliances politiques en République Démocratique du Congo sont dites suite à l'appartenance idéologique des partis, formation et regroupements politiques ; idéologiquement parlant, toute formation politique ne partage pas une même vision politique, les démocrates n'ont pas

5 I. MALILO MALILO, scrutin à un tour et coalition des partis politiques en RDC, L2 SPA, FSSPA, UNILU, 2018, inédit.

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une même vision politique que les libéralistes, les conservatistes ou progressistes. Ces genres d'alliances sont celles contre la nature et ne peuvent réussir. Pour lui, certaines alliances sont créées sur base des affinités tribales et ethniques. Ce qui lui pousse d'affirmer et soutenir d'autres aspects tels que : l'inculture électorale, l'irresponsabilité des dirigeants congolais, ses aspects sont aussi les nerfs de la faiblesse de certaines alliances politiques en RDC.

Par ailleurs, ses enquêtes montrent que les alliances politiques qui ont parvenues à remporter les élections, les alliés se mirent à partager le gâteau politique au détriment de la population qui les a voté, les promesses et autres engagements ne sont pas respectés, il retient aussi que lors du partage de gâteau entre eux, quelques mésententes fragilisent un tout petit peu ces alliances. C'est ainsi qu'il les appelle des alliances électorales, ne sont pas forcément politiques car une longue vie à ces dernières n'est garantie que dans les textes qui régissent les alliés mais pas dans l'applicabilité.

De ce qui précédé et après analyse du travail en cours nous nous retrouvons dans une même ligne de conduite soutenant tous les idées selon lesquelles : l'appartenance idéologique, l'inculture électorale, la formation des alliances politiques sur base des affinités tribalo-ethniques est un défi quant à l'atteinte des enjeux assignés par les regroupements politiques mais notre travail se démarque de celui de Fabrice MUKAYA MUTSHIPAYI dans l'optique où notre recherche porte sur plusieurs cycles électoraux.

En troisième lieu, nous évoquons le travail d'Ibrahim MALILO5, sur le «scrutin à un tour et coalition des partis politiques en République Démocratique du Congo». Dans ce travail, l'auteur met l'accent sur l'influence du scrutin à un tour sur la coalition de partis politiques en République Démocratique du Congo ?

Pour cet auteur ; En 2006, les élections ont été à deux tour, au premier tour il y avait 33 candidats et parmi ces derniers, aucun n'avait obtenu la majorité absolue du suffrage exprimé, c'est ainsi que le second tour a été organisé. C'est à l'issu du second tour qu'il observe un mariage entre les fédéralistes et les unitaristes avec leurs idéologies différentes pour

6 P. BIYOYA MAKUTU et Rossy MUKENDI TSHIMANGA, Alliances et coalitions politiques en RDC : causes et conséquences, Kinshasa, Ed. Journal of african eletions, 2011, p.230-231.

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conquérir le pouvoir politique c'est-à-dire le second tour avait influencé la coalition des partis politiques.

A la lumière de ce qui vient être évoque, il pense que les élections présidentielles ont été organisé à deux tour en 2006 le second tour avait influencé la coalition des partis politiques en guise de conquérir le Pouvoir politique par les élections, en 2011 les élections ont été organisé à la majorité simple au suffrage exprimé communément appelé scrutin a un tour, chose ecballium , c'est de voir les fédéralistes et les unitaristes s'unir et partagent la même idéologie et leur partis politiques avec comme finalité d'atteindre les objectifs assignés, en l'occurrence : la conquête , l'exercice et la pérennisation du pouvoir politique .

Dans cette même logique nous cheminons avec notre prédécesseur sur le vocable coalition mais, notre étude discorde de celle d'Ibrahim MALILO MALILO dans la mesure où nous considérons le changement de mode scrutin intervenu en 2011 c'est-à-dire le passage du scrutin majoritaire à deux tours au scrutin majoritaire pur et simple réalisé par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006; non pas comme un facteur influant sur la formation des coalitions politiques mais plutôt comme étant un frein par rapport à la maximisation de chance de réussite des coalitions politiques expliquant ainsi leurs faiblesse.

En quatrième lieu, Philippe BIYOYA MAKUTU et Rossy MUKENDI TSHIMANGA6, dans leur article intitulé : « Alliances et coalitions des partis politiques en République Démocratique du Congo: Causes et Conséquences ». La sollicitude de ces écrivains était de cerner les causes et les conséquences résultant des élections de 2006 et de 2011.

Au terme de leur recherche, ils relèvent que depuis 2006 la logique des alliances et coalitions politiques en RDC ne paraît pas conciliable avec l'objectif de rationalisation du régime parlementaire opérée par la constitution du 18 février 2006. Les gouvernements successifs de la troisième république ont été constitués de façon extra-parlementaire, exacerbant des tensions entre l'exécutif et législatif. Les alliances électorales ainsi que les coalitions parlementaires n'auront contribué qu'à accroitre ou à accentuer les déséquilibres institutionnels entre le sénat et l'Assemblée Nationale autour

7 Michel LE BRETON et Karine Van Der Straeten, Alliances électorales et gouvernementales : la contribution de la théorie des jeux coopératifs à la science politique in revue d'économie politique

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par exemple de la loi concernant la réforme de la CENI, et à l'intérieur de chaque camp. Les élections de 2011 ont démontré d'énormes difficultés pour l'opposition à se rassembler ou s'unir autour d'un candidat, comme option stratégique face au candidat de la majorité présidentielle tandis que la majorité présidentielle ne réussissait pas à dégager une réelle majorité, que les calculs électoraux subordonnaient aux résultats électoraux. Pour avoir raison de l'opposition et de l'électorat difficile, les partis se réclamant de la majorité avaient préféré le fractionnement de la coalition par la démultiplication des partis. Ce cas témoigne si besoin de la particularité de la pratique et de la théorie congolaises du jeu des alliances et coalitions politiques.

D'après eux, l'avenir de cette dialectique majorité-opposition en RDC dépendra de la loi sur les partis politiques qui devra imposer les partis politiques populaires et attrape-tout, et aussi de la constitutionnalisation des partis comme en République fédérale d'Allemagne; et aussi de la réforme du système électoral qui devra être décentralisé et conçu pour garantir la compétitivité électorale et le triomphe de la vérité des urnes pourvue que d'autres réformes interviennent pour donner à la démocratie congolaise une dimension plus consensuelle.

Avec des partis faibles et non compétitifs, la dévolution du pouvoir en RDC demeurera un facteur d'instabilité et de crises politiques récurrentes.

Notre particularité par rapport à Biyoya Makutu et Mukendi Tshimanga réside dans le fait que notre étude ne considère pas seulement les conséquences des alliances et coalitions politiques émanant des élections de deux mille six et onze mais aussi celles de deux mille dix-huit.

En ce qui concerne le point de convergence, il convient de noter que les regroupements politiques formés en 2006 et 2011 n'auront contribué qu'accentuer les tensions, les déséquilibres institutionnels entre le Sénat et l'Assemblée Nationale, le fractionnement de la coalition politique par la démultiplication des partis politiques.

En cinquième lieu, Michel BRETO et Karine VAN DER STRAETEN7, dans leur article dénommé : « Alliances électorales et gouvernementales : la contribution de la théorie des jeux coopératifs à la science politique ». Ces auteurs offrent une présentation synthétique des principaux travaux

8 R. Quivy et L.V COMPONHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Ed. Dunod, 1995, P.101

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théoriques portant sur la formation des coalitions électorales et gouvernementales et utilisant comme socle méthodologique la théorie des jeux coopératifs avec ou sans utilité transférable.

En outre, ils présentent le cadre théorique des coalitions gouvernementales et les principaux résultats théoriques et empiriques de la littérature, tout en exposant un modèle général permettant d'étudier l'influence du mode de scrutin la nature des alliances électorales, avec une attention particulière aux applications françaises, ils étalent aussi un expose d'un modèle non coopératif devenu presque canonique dans cette littérature et dont on compare les équilibrés aux solutions issues des jeux coopératifs.

Brièvement parlant cet article propose au lecteur une perspective large sur les efforts réalisés grâce à la théorie des jeux coopératifs pour offrir des modèles structurels des alliances politiques. L'enjeu de ces modèles est de permettre de comprendre à la fois qualitativement et quantitativement les rapports de force qui façonnent le fonctionnement des coalitions politiques et également étudier l'impact de l'environnement institutionnel sur ces alliances. Dans cette même ordre d'idées nous sommes d'avis avec eux car, le mode de scrutin ainsi que les modèles structurels impactent sur la nature, la constitution, le fonctionnement et sur la réalisation des objectifs arrogés par les alliances politiques dans une république mais notre quête s'écarte plus de celle de Michel BRETON et Karine VAN DER STRAETEN dans la mesure où nous examinons : les enjeux, les défis et les conséquences des regroupements politiques en recourant à un modèle structurel axé sur l'approche qualitative et non sur une approche combinatoire mêlant l'approche qualitative et l'approche quantitative.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein