Louvain School of Management
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La théorie face à la pratique
des
règles de décisions
d'investissement (RDI) dans le
secteur bancaire d'Haïti
|
Auteur : Venel Geneus
Promoteur : M. Tesolin Giorgio
Année académique 2020-2021
Travail de fin d'études (TFE) en vue d'obtenir le titre
de
Master (60) en Sciences de Gestion
Horaire de jour
|
« Une once d'action vaut une bonne
théorie »
Friedrich Engels
Résumé
L'investigation sur le degré de (non)-conformité
de la pratique des règles de décisions d'investissement (RDI)
à la théorie est très répandue. Pourtant, les
recherches sur la question se sont articulées le plus souvent au niveau
des pays à haut revenu au détriment de ceux à faible
revenu. Dès lors, ce TFE a pour objectif de comprendre la pratique des
RDI dans le milieu bancaire d'Haïti. La revue de la littérature a
présenté des paramètres, dont l'instabilité
politico-économique et l'influence socio-culturelle, qui permettent de
justifier la préférence des pays à faible revenu pour les
RDI de flux de trésorerie non-actualisé. Néanmoins, ce
travail a permis d'observer que le système bancaire haïtien fait
usage de toutes les RDI, presque au même niveau. Ce comportement, bien
que n'étant pas totalement conforme à la théorie, peut
s'expliquer dans une logique de prudence dont font preuve les Banques
haïtiennes, découlant, à priori, de la fragilité du
contexte socio-politique du pays.
Abstract
There has been widespread research on the degree to which the
Investment Decision Rules (IDR) of Capital Budgeting do or do not conform to
theory. However, research on this topic has mostly focused on high-income
countries, overlooking low-income countries. Therefore, this thesis aims to
understand the use of IDRs in the banking sector of Haiti. The literature
review presents variables, including political-economic instability and
socio-cultural influence, which justify why low-income countries would likely
prefer non-discounted cash flow IDRs. However, the results suggested that, in
reality, the Haitian banking system makes use of all IDRs to nearly the same
degree. This behavior, although not fully in accordance with theory, highlights
the prudence and practicality of Haitian banks, arising from the fragility of
the socio-political context of the country.
Avant-Propos
Je tiens à exprimer ma gratitude envers mon
promoteur, le Professeur Giorgio Tesolin pour l'intérêt qu'il a
porté à la thématique que je lui ai proposée ainsi
que de la grande liberté qu'il m'a laissée dans la formulation de
mon sujet. Sa disponibilitéì et ses bons conseils
m'ont été très précieux.
Je remercie également
l'Universitéì Catholique de Louvain pour tout ce
qu'elle m'a enseigné
au cours de mes études.
Ce travail n'aurait pas pu voir le jour sans l'aide de
toutes les personnes qui ont pris le temps de répondre à mon
questionnaire en ligne. Un remerciement spécial à mon ami
D'jimmitry Yvon Pierre qui m'a passé quelques contacts auprès des
banques, à Jocelyne Ilumbeli et à Claude-Stéphane Pierre
qui ont pris le temps de relire ce TFE et de me faire part de leurs
critiques.
Un grand merci à ma fiancée Claudia Damiano
pour son support inconditionnel.
Enfin, j'aimerais remercier, ma famille, mes amis proches et
mes deux chats, Nick & Lila,
pour m'avoir soutenu tout au long de cette aventure.
I
Table des Matières
Table des Matières I
Liste des tableaux II
Introduction 1
Chapitre 1 : Les règles de décisions
d'investissement (RDI) : Définition, Théories et Revue de
Littérature 4
1.1 Définition & Théories 4
1.1.1 Définition 4
1.1.2 Théories - Type de décisions
d'investissement 4
1.2 Revue de littérature 11
Chapitre 2 : Haïti et le secteur bancaire
14
2.1 Haïti 14
2.1.1 Contexte historico-culturel 14
2.1.2 Contexte politico-économique 15
2.2 Système bancaire 16
Chapitre 3 : Hypothèses, Méthodologie,
Résultats et Discussions 18
3.1 Hypothèses 18
3.2 Méthodologie : Questionnaire 20
3.3 Analyse des Résultats et Discussions
21
3.3.1 Résultats d'enquête 21
3.3.2 Mise en situation des hypothèses et discussions
24
Chapitre 4 : Conclusion, limites et recommandations
28
4.1 Conclusion 28
4.2 Limites et recommandations 29
Bibliographie 32
Annexes 35
1- Email envoyé aux responsables des banques
35
2- Retranscription du questionnaire en ligne
36
II
Liste des tableaux
Tableau 1. Classification des règles de
décisions d'investissement 9
Tableau 2. Fréquence d'utilisation des RDI au
niveau des Banques haïtiennes 23
Tableau 3. Proportion d'utilisation des RDI au niveau des
Banques haïtiennes 23
Tableau 4. Tableau récapitulatif sur la formation
universitaire et la connaissance des RDI
FTA par les responsables 23
Tableau 5. Tableau récapitulatif des
hypothèses et des résultats 25
1
Introduction
Les règles de décisions d'investissement (RDI)
constituent l'un des éléments incontournables de la finance. D'un
point de vue décisionnel, les décisions d'investissement sont
considérées par les dirigeants des entreprises comme l'une des
décisions les plus importantes en terme d'impact (Baker, Singleton,
& Veit, 2011, p. 64). La raison principale, est le fait qu'une entreprise,
au cours de sa vie, souhaite créer de la richesse pour ses actionnaires
(les propriétaires). Cependant, parmi les projets d'investissement,
tous, n'aboutissent pas à la rentabilité. A cet effet, une
entreprise doit avoir des règles et outils adéquats lui
permettant d'analyser ou d'évaluer les projets afin d'en
apprécier leur valeur.
Pour analyser la rentabilité d'un projet, la finance a
mis à la disposition des entreprises plusieurs règles de RDI. En
effet, il existe deux grandes catégories de RDI : Les règles
de flux de trésorerie actualisé (DCF methods) et les
règles de flux de trésorerie non-actualisé (Non-DCF
methods) (Baker, Singleton, et al., 2011, p. 30)
Les théories de la finance s'accordent sur le principe
que les règles de décision d'investissement de flux de
trésorerie actualisé (FTA) sont préférables
à celles qui ne le sont pas (Baker, Dutta, & Saadi, 2011). Et parmi
les règles de flux de trésorerie actualisé, elles
s'entendent aussi que la règle de la valeur actuelle nette (VAN) est
supérieure à celle du taux interne de rentabilité (TIR) en
évaluant des projets qui sont mutuellement exclusifs (Baker, Singleton,
et al., 2011, p. 67)
Dans la pratique, la préférence pour une
règle par rapport à une autre peut varier en fonction de
plusieurs paramètres (Kengatharan, 2016). Elle peut varier selon les
critères classiques de classement des entreprises (secteur
économique, taille, forme juridique, etc.), et/ou selon le contexte
économique, politique et technologique du pays. Elle varie aussi selon
le pays d'origine de l'entreprise (Brounen, De Jong, & Koedijk, 2004). Elle
peut changer à travers le temps (Gitman & Forrester Jr, 1977; Graham
& Harvey, 2001), et peut dépendre aussi du niveau d'étude des
décideurs ou chef d'entreprises (Baker, Dutta, et al., 2011)
Kengatharan (2016), dans son travail de recherche sur la
pratique des RDI, a mis en relief les différentes recherches empiriques
effectuées au cours des deux dernières décennies sur le
sujet par des chercheurs de la finance. Ils ont observé que certaines
pratiques,
2
contrairement à d'autres, sont conformes à la
théorie. Kengatharan a aussi constaté que la majorité de
ces recherches empiriques sont menées, essentiellement, dans les pays
développés. Partant d'un tel constat, ce travail se voudrait,
également, être une contribution à la littérature
financière sur la pratique des RDI dans les pays en voie de
développement1.
Par ce travail, nous estimons judicieux d'essayer d'apporter
des réponses aux questions suivantes : Quid de la pratique des
règles de décisions d'investissement dans les pays en voie de
développement ? Est-elle conforme à la théorie
financière recommandant aux chefs d'entreprise de préférer
les règles de flux de trésorerie actualisé à celles
qui ne le sont pas ? Les contextes socio-culturels, historiques et
économiques, aussi bien que le niveau d'études des chefs
d'entreprises dans les pays en voie de développement influencent-ils le
mode d'évaluation des décisions d'investissement ?
Comme l'a pu observer Kengatharan (2016), au cours des deux
dernières décennies, des recherches sur la pratique des RDI ont
été conduites dans des pays en voie de développement comme
le Népal (Poudel et al., 2009), l'Afrique du sud (Maroyi & van der
Poll, 2012), l'Inde (Singh, Jain, & Yadav, 2012), le Pakistan (Zubairi,
2008) et le Nigéria (Elumilade, Asaolu, & Ologunde, 2006). Ces
recherches ont montré que la pratique des méthodes de flux de
trésorerie actualisé (FTA) n'a cessé d'augmenter dans les
pays en voie de développement. Cependant, une forte
préférence a été observée pour la pratique
des méthodes flux de trésorerie non-actualisé (non-FTA).
Ferait-on des observations similaires dans un pays en voie de
développement comme Haïti ?
Suite à cette interrogation, nous avons
décidé plus spécifiquement d'étudier la pratique
des règles de décisions d'investissement dans le secteur bancaire
en Haïti. Nous souhaitons principalement évaluer si la pratique au
sein du milieu bancaire haïtien est conforme à la théorie
sur les RDI. Dans le cas contraire, en trouver les causes. D'où le titre
de ce TFE : « La théorie face à la pratique des
règles de décisions d'investissement (ROI) dans le secteur
bancaire d'Haïti ».
Le choix s'est porté sur Haïti, notre pays
d'origine, en raison de sa qualité de pays en voie de
développement. Par ailleurs, le milieu bancaire est un secteur assez
représentatif en
1 Ou pays à faible revenu : se dit des pays
qui ont un revenu national brut per capita de $1305 ou moins (Banque Mondiale,
2019)
3
finance (Tongurai & Vithessonthi, 2018). À la
lumière de la littérature récente sur les RDI, nous
voulons estimer si la situation d'Haïti (sociale, culturelle,
économique et politique) ainsi que le niveau d'éducation des
directeurs de banques ont une influence sur la pratique des RDI.
La réalisation de ce TFE s'est appuyée sur deux
procédés. L'un, comprenant la consultation de la
littérature disponible relative à la théorie et pratique
des RDI (à travers l'étude de livres, revues scientifiques ainsi
que de sites spécialisés). L'autre, s'articulant autour de la
réalisation d'un sondage visant à s'informer et à mieux
comprendre la pratique des RDI dans le secteur bancaire haïtien.
L'objectif principal étant de vérifier si la pratique des RDI en
Haïti est conforme à la théorie prescrite par les
différents ouvrages traitant de la finance.
Ce travail se divise en quatre parties. Dans un premier temps,
nous nous consacrerons à la présentation des différentes
RDI, la théorie qui les sous-tend ainsi qu'une revue de
littérature assez récente sur le sujet (de 1977 à 2016).
Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur la situation
d'Haïti sur le plan historique, culturel, politique et économique
avant de clôturer avec la composition de son système bancaire.
Dans un troisième temps, nous expliciterons la méthodologie de
travail et exposerons différentes hypothèses avant de
présenter et de discuter de résultats du sondage. Enfin, nous
apporterons une conclusion, qui, entre autres, mettra en avant les
recommandations et puis seulement les limites du travail.
4
Chapitre 1 : Les règles de décisions
d'investissement (RDI) : Définition, Théories et Revue de
Littérature
1.1 Définition &
Théories
1.1.1 Définition
Les règles de décisions d'investissement (RDI)
sont des techniques utilisées par les entreprises pour décider
s'il faut investir dans un projet. Ces techniques aident aussi à
comparer les projets entre eux afin de choisir celui ou ceux pouvant maximiser
la valeur de l'entreprise (Berk & DeMarzo, 2017, p. 254). Les
décisions d'investissement relèvent d'un processus comprenant
plusieurs phases : I) l'identification, II) le développement, III) la
sélection, IV) le contrôle (Baker, Singleton, et al., 2011).
Cependant, dans le cadre de ce travail, nous nous focaliserons sur le processus
de sélection (choix) des investissements qui est
considérée comme l'étape la plus étudiée
dans la littérature (Burns & Walker, 2009). Il faut noter qu'on
trouve dans la littérature plusieurs règles de décisions
d'investissement2 faisant l'objet de plusieurs
catégorisations sophistiquées3 et
non-sophistiquées ou naïves4 pour Haka (1987) et
Wolffsen (2012); les « orphelins théoriques » et les
règles qui font « frontières avec la superstition
» pour Terborgh (1949). Cependant, selon Baker et al, la
majorité des ouvrages en finance s'entendent sur la classification qui
suit : a) Les règles de flux de trésorerie actualisé
(Discounted cash-flow methods ou DCF methods, en anglais); b) Les règles
de flux de trésorerie non-actualisé (Non-discounted cash-flow
methods ou non-DCF methods, en anglais) (2011).
1.1.2 Théories - Type de décisions
d'investissement (Baker, Singleton, et al., 2011, pp. 66, 67)
Il existe deux types de règles de décisions d'investissement
:
a. Les règles de flux de trésorerie
actualisé (RDI FTA) qui sont : la valeur actuelle nette (VAN), le taux
interne de rentabilité (TIR), l'indice de profitabilité (IP) et
le délai de récupération actualisé (DRA).
2 Autres RDI non-mentionnées dans ce TFE :La
méthode Monte-Carlo, l'analyse de sensibilité, l'arbre de
décision, l'analyse par les options réelles (Bennouna, Meredith,
& Marchant, 2010)
3 Se réfèrent aux RDI telles que la VAN,
le TIR et l'IP (Haka, 1987)
4 Se réfèrent aux RDI telles que le TRC
et le DRS (Haka, 1987)
5
b. Les règles de flux de trésorerie
non-actualisé (RDI non-FTA) qui sont : le délai de
récupération simple (DRS) et le taux de rentabilité
comptable (TRC).
La valeur actuelle nette (VAN)
La VAN d'un projet d'investissement est la différence
entre les bénéfices futurs actualisés et les coûts
ou dépenses exigées par le projet. En général, elle
tient compte de la valeur réelle de tous les flux rentrants et sortants
potentiels du projet.
??
(1)
?????? = -??0 + ? ??????
??=1
(1 + ??)??
??0 : l'investissement ou coût initial N
: la durée totale du projet
?????? : le cash-flow en temps t i : taux
d'actualisation utilisé t : le temps du cash-flow
La VAN étant l'impact monétaire actuel d'un
projet sur la valeur de l'entreprise, à ce titre, la théorie
recommande d'accepter tout projet dont la VAN est supérieure à
zéro (VAN>0). Mais, elle reste libre de décider
d'accepter ou de refuser tout projet dont la VAN est égale à
zéro (VAN=0), et de rejeter tout projet si sa VAN est
inférieure à zéro (VAN<0).
En conclusion, l'entreprise doit choisir tous les projets qui
augmenteront sa valeur maximale. Par conséquent, en cas de choix entre
des projets s'excluant mutuellement, il convient de choisir le projet qui a la
VAN la plus élevée (Berk & DeMarzo, 2017, p. 263).
Le taux interne de rentabilité (TIR)
Le TIR d'un projet d'investissement est le taux de
rentabilité généré par le projet en tenant compte
du montant de l'investissement initial et de l'échéance des flux
rentrants futurs. En d'autres termes, le TIR mesure la rentabilité
moyenne d'un projet. C'est aussi le taux qui annule la VAN.
??
(2)
0 = -??0 + ? ??????
(1 + ??????)??
??=1
6
La théorie indique qu'il faut accepter tout projet dont
le TIR est supérieur au taux d'actualisation du projet. Ce qui implique
qu'il faut rejeter tout projet dont le TIR est inférieur à son
taux d'actualisation. En principe, le TIR est une bonne méthode
d'évaluation de la rentabilité d'un projet ssi ses flux
négatifs précèdent ses flux positifs. Autrement, le TIR
n'est pas recommandé parce qu'il peut conduire à des
résultats erronés, à l'existence de plusieurs TIR pour un
seul projet ou encore l'inexistence de TIR. Le TIR est recommandé pour
l'évaluation de plusieurs projets ss'ils sont de même
échéance, risque et portée (Berk & DeMarzo, 2017, p.
263).
L'indice de profitabilité (IP)
L'IP est la valeur actuelle du flux rentrant pour chaque
unité de flux sortant. En d'autres termes, cette méthode
représente le rapport entre la VAN du projet et les ressources
consommées, c'est-à-dire le rapport entre la VAN du flux
d'exploitation du projet sur la VAN du flux d'investissement.
????=
|
??
??=1
|
?????????????
|
(3)
|
(1 + ??)??
|
??????? ?? ??=0
|
??????
|
(1 + ??)??
|
???????????? : flux d'exploitation en temps t
???????????? : flux d'investissement en temps t
La logique de l'IP est similaire à celle de la VAN. En
cas de contrainte budgétaire, la théorie recommande d'accepter
tous les projets dont l'IP est le plus élevé jusqu'à
l'épuisement des ressources disponibles (la contrainte). Cependant,
cette méthode peut conduire à des décisions
erronées pour des projets qui sont mutuellement exclusifs et de
portée différente. Baker et al ont démontré
qu'entre deux projets A et B, lorsque L'IP de A est supérieur à
celui de B, il faut logiquement choisir le projet A. Cependant, cette
décision peut être erronée si le projet B a une plus grande
portée que le projet A.
Le délai de récupération
actualisé (DRA)
Le DRA tient seulement compte du délai de
récupération de l'investissement initial en valeur réelle
ou actualisée. Elle mesure le temps entre l'adoption du projet
d'investissement et le délai de récupération du flux
sortant. Son objectif est de déterminer le temps nécessaire pour
que la VAN des flux rentrants actualisés et cumulés soit
positive.
??????
??????? (1 + ??)?? - ??0
??=1
= 0 (4)
7
La règle du DRA veut qu'on choisisse les projets avec
les délais de récupération les plus courts, car plus le
délai de récupération est court, plus le projet est moins
risqué et attractif (Baker, Singleton, et al., 2011). Mais, toujours
est-il que cette méthode peut conduire à un choix erroné,
dans la mesure où, le principe du DRA ne considère pas
l'importance des flux futurs du projet après la
récupération du montant investi. La vraie faiblesse de cette
règle est qu'elle ne tient pas compte de la rentabilité totale du
projet. En effet, pour des projets mutuellement exclusifs, choisir le projet
avec le délai de récupération le plus court n'est pas
forcément le projet qui maximise la valeur de l'entreprise. Cependant,
si l'entreprise a besoin d'un succès rapide, cette méthode serait
à conseiller.
Le délai de récupération simple
(DRS)
La logique du DRS est semblable à celle du DRA. La
seule différence est que le DRS ne tient pas compte de la valeur
actualisée des flux rentrant cumulés, car son objectif est de
déterminer le temps nécessaire pour récupérer
l'investissement initial à partir des flux rentrants cumulés
non-actualisés.
??????
? ?????? - ??0 = 0 (5)
??=1
8
Le taux de rentabilité comptable (TRC)
Le TRC est le rapport entre le bénéfice annuel
moyen après l'impôt et l'investissement comptable moyen.
TRC =
|
vt1 Bt I0 + VR
2
|
(6)
|
Bt : Bénéfice après
l'impôt en temps t n : durée du projet
I0 : Investissement initial en temps 0 VR :
Valeur résiduelle
En principe, on doit accepter tout projet dont le TRC
dépasse le seuil de rentabilité arbitraire de l'entreprise. Pour
des projets mutuellement exclusifs, il faut choisir le projet dont le TRC est
le plus élevé, tout en veillant à ce que celui-ci
dépasse le seuil de rentabilité l'entreprise. Comme le soulignent
Baker et al (2011), le TRC n'est pas une méthode recommandée,
parce qu'elle ne tient compte que des profits comptables du projet et non de
son cash-flow. Donc, elle ne considère pas la valeur réelle
(actualisée) du profit. De plus, elle est une méthode assez
simple à calculer.
En conclusion, la théorie recommande trois
comportements par rapport aux règles de décisions
d'investissement :
a) L'utilisation des règles qui tiennent compte du
flux de trésorerie actualisé (VAN, TIR, IP et DRA) parce qu'elles
sont supérieures aux règles non-FTA (DRS et TRC) (Baker,
Singleton, et al., 2011)
b) La supériorité de la VAN sur le TIR
(Bennouna et al., 2010)
c) L'utilisation de la règle de la VAN car elle est la
seule qui garantit toujours, de façon non-équivoque, la
maximisation de la valeur pour l'entreprise (Bennouna et al., 2010)
Comme nous allons le voir dans le prochain chapitre, certaines
pratiques vont à l'encontre des trois principes susmentionnés. En
effet, il y a des entreprises qui choisissent les
9
méthodes qui font fi des flux de trésorerie en
raison de leur simplicité de calcul, principalement du fait que
celles-ci n'exigent pas le calcul complexe de la valeur réelle de
l'argent, car la détermination de cette dernière, suppose
l'utilisation du vrai taux d'actualisation5. Même si, dans la
pratique, l'évaluation à partir du calcul du flux de
trésorerie actualisé, exige une certaine technicité
(Magni, 2009). Somme toute, il est recommandé aux entreprises
d'appliquer au moins deux ou trois RDI (Hatfield, Hill, & Horvath,
1999).
Tableau 1: Classification des règles de
décisions d'investissement
RDI FTA
|
Avantages
|
Désavantages
|
Champ d'application & Principe
|
1. VAN
|
- Valeur monétaire
réelle du projet
- Supérieure aux autres règles
|
- Difficile à
calculer
- Difficile à trouver le vrai taux d'actualisation
|
- VAN>0, accepter
- VAN=0, indifférent
- VAN<0, rejeter
|
2. TIR
|
- Simple à interpréter
|
- Peut donner
des résultats erronés
- Peut exister plusieurs TIR pour un seul projet
- Le TIR peut ne pas exister
|
- TIR>coût
d'opportunité du capital, accepter
- TIR< coût d'opportunité du capital,
rejeter
- TIR= coût d'opportunité du capital,
indifférent
- Permet de comparer les projets de même portée,
durée et risque
|
3. IP
|
- Contrainte de budget
- Obtention de
résultats rapides
|
- N'est pas
conseillé pour classer des projets mutuellement
exclusifs
|
- Accepter tous les
projets dont l'IF le plus élevé
|
4. DRA
|
- Plus ou moins simple
à calculer
|
- Peut donner
des résultats erronés
|
- Accepter le projet
dont le délai de
|
|
5 Pouvant être le coût moyen
pondéré du capital (WACC), le coût de la dette et le
coût du capital.
10
|
- Permet d'améliorer
la structure financière de
l'entreprise
- Obtention de résultats rapides
|
- Ne tient pas
compte du risque, de la valeur réelle de l'argent et de
l'importance des flux après le délai de
récupération
|
récupération est le plus court
|
RDM Non-FTA
|
Avantages
|
Désavantages
|
Champ d'application & Principe
|
5. DRS
|
- Simple à calculer
- Permet d'améliorer
la structure financière
- Obtention de résultats rapides
|
- Peut donner
des résultats erronés
- Ne tient pas compte du risque, de la valeur réelle
de l'argent et de l'importance des flux après le délai de
récupération
|
- Accepter le projet
dont le délai récupération est le plus
court
|
6. TRC
|
- Simple à calculer
|
- Peut donner
des résultats erronés
- Ne tient pas compte des
flux
|
- Accepter tout projet
dont le TRC est supérieur au seuil de rentabilité
arbitraire de l'entreprise
|
|
11
1.2 Revue de littérature
Les règles de décisions d'investissement (RDI)
sont parmi l'un des sujets les plus étudiés par les «
chercheurs-sondeurs », c'est-à-dire utilisant les sondages en
finance pour appuyer leurs recherches (Baker, Singleton, et al., 2011). Baker
et al (2011) font mention de plus d'une centaine de recherches sur le sujet. De
son côté, Lazaridis (2004) souligne que les RDI peuvent affecter
la compétitivité de l'entreprise, dans la mesure où, le
bon choix des RDI peut lui donner un avantage sur ce plan.
Les projets d'investissement doivent par essence aider
à maximiser la valeur de l'entreprise pour ses actionnaires ou ses
propriétaires, car du point de vue Welch, il s'agit de l'un de ses
objectifs majeurs (1980). A cet effet, des règles ou techniques
conduisant au bon choix des projets d'investissement ne peuvent être que
très importantes pour l'entreprise.
La pratique et la préférence pour certaines RDI
varient selon le pays dans lequel l'entreprise se trouve. Des auteurs tels que
Graham et Harvey (2001), Hermès, Smid et Yao (2007) soutiennent que les
RDI sont influencées par « l'effet-pays6
»; en témoigne la disparité dans la pratique des RDI,
à travers les différentes recherches menées au cours des
deux dernières décennies. Par exemple, les entreprises
américaines et canadiennes préfèrent en
général, la VAN et le TIR (Bennouna et al., 2010;
Chadwell-Hatfield, Goitein, Horvath, & Webster, 1997; Cooper, Morgan,
Redman, & Smith, 2002; Graham & Harvey, 2001; Ryan & Ryan, 2002).
Dans la littérature pour les entreprises françaises, une forte
préférence est observée pour le DRS et le TIR (Brounen et
al., 2004). Celle-ci est plus ou moins la même pour bon nombre d'autres
pays européens tels que l'Italie, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie
(Andor, Mohanty, & Toth, 2015; Rossi, 2014). L'Allemagne, les Pays-Bas et
la Suède ont, quant à eux une forte préférence pour
le DRS et la VAN (Brounen et al., 2004; Daunfeldt & Hartwig, 2014). A
l'exception de quelques pays d'Europe de l'est (Bulgarie, Romanie), la pratique
en Europe du taux de rendement comptable (TRC) est quasiment inexistante (Andor
et al., 2015). Les pays asiatiques tels que la Chine et la Malaisie pratiquent
quant à eux fortement la VAN et le DRS (Hermes et al., 2007; Kester et
al., 1999). D'autres pays asiatiques comme Hong Kong, Singapour et les
Philippines préfèrent davantage le TIR et le DRS (Kester
6 Se dit des facteurs spécifiques à un
pays tels que : les politiques économiques, le type de taxation, les
principes comptables, le climat socio-comportemental, la culture, la
technologie, le type de gouvernement, la situation politique et les
infrastructures (Kengatharan, 2016).
12
et al., 1999). Au Japon, on observe beaucoup plus
l'utilisation du DRS et de la VAN (Shinoda, 2010). Le TIR est,
également, très populaire en Inde (Babu & Sharma, 1996; Singh
et al., 2012; Verma, Gupta, & Batra, 2009). En Afrique, la majorité
des entreprises sud-africaines jonglent entre la VAN et le TIR (Correia &
Cramer, 2008; Maroyi & van der Poll, 2012). En Amérique du sud, ils
ont opté, le plus souvent, pour les RDI telles que la VAN, le TIR et le
DRS (Maquieira, Preve, & Sarria-Allende, 2012; Mendes-Da-Silva & Saito,
2014). D'autres pays tels que le Nigéria, Chypre et la Jordanie ont une
certaine préférence pour le DRS (Elumilade et al., 2006; Khamees,
Al-Fayoumi, & Al-Thuneibat, 2010; Lazaridis, 2004). Selon Elumilade et al
(2006), le taux de rentabilité comptable (TRC) est aussi très
pratiqué au Nigéria, et Khamees et al (2010) soulignent que
l'indice de profitabilité (IP) est la méthode la plus populaire
chez les entreprises jordaniennes. Au Pakistan, il existe une certaine
popularité pour la VAN et le DRS auprès des petites entreprises
et pour le TIR, chez les grandes entreprises (Zubairi, 2008). Au Népal,
après un sondage auprès de 50 fermes de café, on a
observé une certaine popularité pour la méthode ratio
bénéfice-coût, la VAN , le TIR et le DRS (Poudel et
al., 2009).
Jusqu'à nos jours, les recherches
réalisées sur la pratique des RDI dans divers pays ont
montré qu'il existe une certaine divergence entre la théorie et
la pratique. Néanmoins, d'ordre général, on peut observer
qu'il y a un certain penchant pour les règles de flux de
trésorerie actualisé. De plus, on constate que dans la
littérature, davantage de sondages sont réalisés dans les
pays développés au détriment des pays en voie de
développement. D'ailleurs, Kengatharan (2016) s'en plaint et invite
d'autres chercheurs à en faire plus, pour vérifier l'influence de
l'effet-pays sur les RDI.
Toutefois, le peu de recherches disponibles sur la pratique
des RDI dans les pays en voie de développement, a confirmé une
forte utilisation de la règle du délai de
récupération simple (DRS), allant à l'encontre de la
recommandation de la théorie. Holmen (2009) souligne que des facteurs
comme l'imperfection du marché, l'instabilité ou la crise
politique influencent le choix des RDI dans les pays en voie de
développement. En effet, en situation de crise politique, les chefs
d'entreprises utilisent beaucoup plus de techniques simples comme le DRS
plutôt la VAN. Aussi, il explique qu'en situation de marché
imparfait, il est très complexe pour une entreprise d'estimer les effets
des risques politiques dans le calcul de la VAN. (Holmen & Pramborg, 2009;
Kengatharan, 2016).
Kengatharan (2016) a regroupé les différents
facteurs influençant le choix des RDI évoqués dans la
littérature au cours des deux dernières décennies, et
parmi ceux-ci, on retrouve l'éducation financière des
chefs d'entreprise. D'après lui, presque tous les auteurs s'entendent
que les chefs d'entreprise qui ont un bon niveau d'éducation
financière ont moins de difficulté à saisir les
méthodes de RDI dites sophistiquées, et de ce fait, devraient
être en mesure de les appliquer. Par exemple Hermes et al (2007), Graham
et Harvey (2001) ont observé qu'il existe aux États-Unis une
corrélation positive entre les chefs des grandes entreprises qui ont un
MBA7 et l'utilisation de la VAN. Inversement, les petites
entreprises dont leurs chefs n'ont pas de MBA, sont plus portés à
utiliser le DRS. A l'exception de l'Angleterre, cette tendance a, aussi,
été observée en France, aux Pays-Bas et en Allemagne,
où les chefs d'entreprises ayant un niveau MBA utilisent des
méthodes comme le TIR et la VAN (Brounen et al., 2004). Selon Pike
(1996) et Sangster(1993), la disponibilité des mécanismes
complexes de computation et de softwares informatiques, surtout dans les pays
développés, a facilité l'expansion et la popularité
des méthodes de flux de trésorerie actualisé. Cependant,
selon Kengatharan (2016), aucun sondage auprès des pays en voie de
développement n'a été fait pour vérifier
l'existence ou non, d'une corrélation entre un niveau d'éducation
en MBA et l'utilisation des méthodes de flux de trésorerie. Ce
dernier et d'autres auteurs tels que Léon et al (2008) soulignent que
les décisions en matière de finance, par extension les RDI, sont
influencées par les «illusions cognitives8» des
décideurs ou chefs d'entreprise. Ils ont donc démontré
l'importance de la finance comportementale dans la compréhension des
choix de RDI. Selon eux, les chefs d'entreprises ne font pas toujours montre de
rationalité, comme le préconisent les théories
traditionnelles de la finance. De ce fait, des facteurs comme l'influence
culturelle des entreprises peuvent jouer un grand rôle dans le choix des
RDI. En ce qui concerne les pays en voie de développement, Kengatharan
(2016) déplore l'inexistence de recherches sur les RDI, en
matière de finance comportementale.
13
7 Master in Business Administration.
8 Se dit des biais cognitifs.
14
Chapitre 2 : Haïti et le secteur bancaire
2.1 Haïti
2.1.1 Contexte historico-culturel (Roupert, 2011)
Haïti est un pays caribéen d'Amérique
centrale, de 11 millions d'habitants sur une superficie de 27,750
km2, se trouvant à l'ouest de la République
Dominicaine, non loin de Cuba, de la Jamaïque et de Porto-Rico. Ancienne
colonie française réduite en esclavage après
l'arrivée des noirs venus d'Afrique, Haïti a pris son
indépendance en 1804 et est devenue la première république
noire du monde. Au lendemain de l'indépendance, Haïti a dû
faire face a beaucoup de crises internes et externes liées notamment
à une lutte incessante pour la prise du pouvoir. En 1806, le pays
était divisé en deux grands blocs politico-administratifs : le
grand nord et le grand sud. Ce n'est qu'en 1820 qu'un président du nom
de Jean-Pierre Boyer a pu réunifier le pays. Au lendemain de
l'indépendance, les haïtiens, jadis esclaves, n'avaient pas
nécessairement les moyens et les outils adéquats pour administrer
la chose publique (l'administration, l'économie, l'éducation).
Sur le plan international, la France n'a pas voulu reconnaître
l'indépendance d'Haïti, et a contraint les autres pays de
l'époque de ne pas commercer avec Haïti. Malgré la
séparation du pays d'avec la France depuis 1804, on y trouve une grande
présence de la culture française. Les langues parlées en
Haïti sont le créole, langue parlée par la majorité,
et le français. L'Éducation au niveau primaire et secondaire est
calquée sur le modèle français. Les lois haïtiennes
sont influencées par l'ancien code napoléonien de 1804.
Grâce à la présence en Haïti des institutions comme
l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et l'Ambassade de France, un
grand nombre d'Haïtiens vont étudier en France pour leurs
études de Master et de Doctorat. Dans le milieu public et privé,
beaucoup de professionnels, fonctionnaires, et chefs d'entreprises
haïtiens sont éduqués en France. Selon l'Ambassade de France
en Haïti, à peu près 2400 étudiants boursiers
haïtiens faisaient leurs études en France en 20199.
9 HaitiLibre (2019). Haïti-Éducation :
Environ 2,400 boursiers haïtiens poursuivent leurs études en
France. HaitiLibre. En ligne :
https://www.haitilibre.com/article-28633-haiti-education-environ-2-400-etudiants-boursiers-haitiens-poursuivent-leurs-etudes-en-france.html
. Consulté le 01 Avril 2021.
15
2.1.2 Contexte politico-économique
La plus récente constitution haïtienne, celle de
1987, stipule que Haïti est un pays démocratique ayant à sa
tête un président élu pour cinq ans10.
Cependant, rares sont les présidents qui ont pu terminer leur mandat. Le
pays ne cesse de vivre des crises politiques l'empêchant de s'engager
dans une vraie réforme structurelle et économique. Beaucoup
d'auteurs ont essayé d'expliquer les raisons de ces instabilités
politiques. Politico Tech11, une firme haïtienne de recherche
en gouvernance publique, a souligné que de 1804 à 2019,
Haïti a connu 52 chefs d'État dont des rois, empereurs,
présidents (à vie, provisoires, mandatés) : 24% d'entre
eux ont terminé leur mandat constitutionnel, 9% sont morts en fonction,
8% assassinés au pouvoir, 54% ont été renversés via
des coups d'État, puis exilés. Selon le politologue haïtien
Stanley Penn : « l'instabilité politique est inhérente
à la culture politique d'Haïti. Elle y est bien installée
depuis la création même du pays ». Il avance que cela
est dû au fait que la majorité (56%) des chefs d'État
haïtiens ont été des militaires qui ont accédé
au pouvoir par la force des armes, et qui à leur tour sont
renversés de la même manière. Il faut aussi souligner que
c'est seulement en 1990 que Haïti a connu son premier président
élu démocratiquement, le prêtre Jean Bertrand Aristide.
L'autre raison avancée pour expliquer
l'instabilité politique est le faible taux de participation des
haïtiens en âge de voter aux élections. Selon IDEA
international12, sur les trois dernières élections
présidentielles de 2006, 2011 et 2016, y ont pris part seulement 59%, 22
% et 18% de la population électorale13, respectivement. Le
faible taux de participation peut s'expliquer par la faiblesse des institutions
impliquées dans le processus électoral, le manque de consensus
politique autour de l'organisation des élections et la non-obligation de
participer aux élections14. La corruption au niveau de
l'administration de l'État pourrait aussi expliquer cette
méfiance ou ce désintérêt lors des votes aux
élections . Selon l'organisation non-gouvernementale Transparency
International15, Haïti figure depuis des années au top
20 du
10 Constitution haïtienne amendée de 1987.
Article 1 et Article 134-1. En ligne :
https://observatoriop10.cepal.org/sites/default/files/documents/la_constitution_de_1987_amendee.pdf
. Consulté le 01/02/2021
11
https://politicotech.com.
Consulté le 01/02/2021
12 Insititut international pour la
démocratie et l'assistance électorale (IDEA), organisation dont
la mission est de promouvoir la démocratie durable dans le monde.
13 Se dit de la population en âge de voter, soit
18 ans en Haïti.
14Sample K. Défis électoraux en
Haïti : Analyse comparative. Club Madrid. En ligne :
http://www.clubmadrid.org/wp-content/uploads/2017/10/Electoral_Challenges_Haiti_FRENCH.pdf
. Consulté le 01/02/2021
15 Corruption Index. 2019. Transparency
International.
URL :
https://www.transparency.org/en/cpi/2019/index/nzl
. Consulté le 01/02/2021
16
classement parmi les pays les plus corrompus. La
conséquence directe du faible taux de participation aux élections
est que le président arrivant au seuil de la magistrature suprême
ne jouit pas d'une vraie légitimité populaire pour engager le
pays dans une vraie dynamique de développement.
Haïti, pays instable politiquement, est aussi un pays en
voie de développement ou à faible revenu. Selon le classement de
la Banque Mondiale (BM) de Juin 2020, Haïti est parmi l'un des 29 pays au
monde dont le revenu national brut per capita est le plus faible, soit $1,035
US ou moins. C'est aussi le pays le plus pauvre du continent américain.
Plus de 58% de sa population vivait en dessous du seuil de la pauvreté
en 2012, soit moins de $2,41US par jour. La situation économique ne
s'est pas améliorée depuis. En 2016, la population active
était estimée à 4.8 millions selon la Banque Mondiale,
alors que le taux de c
hTMmage était 70%. Les principaux secteurs
d'activités économiques sont l'agriculture et l'industrie.
Cependant, une grande partie du secteur économique baigne dans
l'informel. L'État étant très faible, juridiquement et
matériellement, peine à augmenter sa recette fiscale
(L'USAID16, 2014). Les recettes fiscales représentaient
seulement 8.3% du produit intérieur brut de 2003, 12.7% en 2012, et
13.73% en 2016.
Haïti, tout comme le Zimbabwe et le Fidji, est
très vulnérable aux catastrophes naturelles. En 2010, Haïti
a connu un tremblement de terre dévastateur causant plus 200 000 morts
et aussi de pertes matérielles considérables. Plus
récemment, en 2016, l'ouragan Matthew a fait plus de 400 morts et a
causé des pertes estimées à plus de 4 milliards
d'euros.
2.2 Système bancaire
Le système bancaire ou financier haïtien comprend
des institutions financières bancaires et non-bancaires (les
coopératives d'épargne et de crédit et les institutions de
microfinance). Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes
intéressés uniquement aux
16 USAID. (2014). Overview of the tax systems of selected
countries in Latin America and the Caribbean. En ligne :
https://pdf.usaid.gov/pdf
docs/PA00JNWF.pdf. Consulté le 01/02/2021
17
institutions financières bancaires, communément
appelées « Banques » parce que nous voudrions
comprendre la pratique des RDI dans le secteur bancaire «
formel17 ».
De prime abord, il convient de noter que les banques,
étant aussi des organes d'intermédiaires financiers,
interviennent dans le choix d'investissement. Dans le cadre de leurs
activités, elles évaluent constamment des projets
d'investissement afin de prêter, d'investir18 ou non de
l'argent.
En Haïti, au sommet on trouve une banque centrale, la
Banque de la République d'Haïti (BRH). Elle a été
créée en 1979 en vertu de la loi du 17 Août 1979
créant et organisant la Banque de la République d'Haïti. La
BRH, selon la loi du 20 Juillet 2012, doit agréer et valider le
fonctionnement de toutes les autres banques sur le territoire.
L'article 83 de cette loi stipule que :
« La Banque de la République d'Haïti, en
sa qualité d'organisme administratif, est l'instance de
régulation des banques »
Elle joue aussi un rôle disciplinaire et de contrôle,
comme l'explique l'article 98 :
« La Banque de la République d'Haïti est
chargée de contrôler le respect, par les banques, des dispositions
légales et règlementaires qui leur sont applicables et de
sanctionner les manquement constatés »
Selon le site web officiel de la BRH, il existe actuellement
dans le paysage bancaire haïtien :
· Une banque d'épargne et de logement (La
SOGEBEL)
· Une filiale d'une banque étrangère (La
Citibank)
· Deux banques commerciales d'État (la
BNC19 et la BPH20)
17 Le secteur bancaire formel haïtien est
régi par la loi du 20 Juillet 2012 portant sur les banques et autres
institutions financières (Source: Journal le Moniteur
haïtien, No 4. En ligne:
https://www.brh.ht/wp-content/uploads/2018/08/loi
bancaire 2012.pdf). Les banques en Haïti représentent 88% du
système financier haïtien (BRH, 2016)
18 Les banques sont considérées comme
des institutions prêteuses et investisseuses de fonds (Barbot, 2010).
19 Banque Nationale de Crédit.
20 Banque Populaire Haïtienne.
· 18
Quatre banques commerciales à capitaux privés (La
SOGEBANK, La UNIBANK, La CAPITAL BANK et la BUH21)
(Hyppolite, 2019)
Chapitre 3 : Hypothèses, Méthodologie,
Résultats et Discussions
3.1 Hypothèses
Ce TFE essaye de répondre à trois questions
fondamentales :
· Quelle est la pratique des règles de
décision d'investissement (RDI) en vigueur au niveau des banques
haïtiennes ?
· Celle-ci, est-elle conforme et à quel
degré, aux théories et aux prescriptions des ouvrages traitant de
la finance, en ce qui concerne le choix des règles de décisions
d'investissement (RDI) ?
· En cas de conformité ou non-conformité,
quelles en sont les raisons ?
Pour répondre aux interrogations susmentionnées,
nous sommes amenés à faire des hypothèses eu égard
à la littérature sur la pratique des RDI dans les pays
développés et dans les pays en voie de développement.
Principalement, par rapport à la pratique des RDI en Haïti, nous
voulons tester le poids des éléments comme l'effet-pays
(l'influence historico-culturelle, la situation politique) et le niveau
d'éducation des décideurs de projets d'investissement. Dans la
littérature, ces facteurs, parmi tant d'autres, sont
considérés comme des éléments fondamentaux pouvant
expliquer le choix ou la pratique des RDI dans un pays donné
(Kengatharan, 2016).
Par conséquent, sachant qu'Haïti est un pays
politiquement instable, nous allons supposer qu'Haïti
préfère les règles de décisions d'investissement
qui font fi du flux de trésorerie actualisé (donc la pratique
irait à l'encontre de la théorie), auquel cas, cette
considération sera conforme à la littérature sur le fait
que les pays troublés politiquement, donc instables, ont tendance
à primer les règles les plus simples comme le DRS plutôt
que celles de flux de trésorerie actualisé.
21 Banque de l'Union Haïtienne.
19
L'autre considération qui sera faite dans le cadre de
ce travail est qu'Haïti préfère le taux interne de
rentabilité (TIR) plutôt que la valeur actuelle nette (VAN), car
cela pourrait s'expliquer par l'attachement historico-culturel d'Haïti
avec la France et aussi par le fait que les professionnels haïtiens, ont
pour la plupart été formés en France. De ce fait, ils sont
au courant de la préférence des entreprises françaises
pour le TIR plutôt que pour la VAN. En conséquence, malgré
la supériorité de la VAN sur le TIR, ils
préfèreront appliquer le TIR.
On va aussi supposer que le taux de rentabilité
comptable (TRC) sera d'usage en Haïti, mais ne sera pas populaire.
De plus, considérons aussi l'hypothèse qu'à cause de
l'influence de la culture française, l'usage du TIR au niveau des
banques l'emportera aussi sur d'autres pratiques telles que le délai de
récupération actualisé (DRA) et l'indice de
profitabilité (IP).
Il sera également opportun de prendre en
considération le niveau d'éducation des décideurs ou
évaluateurs d'investissements pour voir s'il existe une
corrélation entre leur niveau d'éducation en finance (ou un MBA),
et le choix des RDI dites « sophistiquées » comme la VAN.
Conformément à la littérature, on va supposer que les
évaluateurs détenant un MBA ou une éducation
avancée en finance sont tous au courant et peuvent appliquer les RDI
complexes.
Somme toute, notre approche suit la logique suivante : vu
qu'Haïti est un pays politiquement instable, par principe les banques
haïtiennes préfèreront les règles non-FTA telles que
le délai de récupération simple, donc ne respectera pas la
théorie sur les RDI. Aussi, vu que les évaluateurs de projets de
finance, pour la plupart, ont été formés en France et
qu'historiquement et culturellement Haïti est lié à la
France, de ce fait, les banques afficheront une grande préférence
pour le taux interne de rentabilité (TIR) par rapport à la VAN.
De plus, on a estimé que l'IP, le DRA et le TRC seront pratiquées
mais ne seront pas populaires au niveau des banques. En d'autres termes, nos
hypothèses peuvent se résumer da la manière suivante :
1- Haïti préfère les RDI non-FTA aux RDI
FTA
2- Haïti préfère le TIR à la VAN
3- Le TRC sera d'usage en Haïti, mais ne sera pas
populaire
4- Dans la catégorie des RDI FTA, Haïti
préfère le TIR au DRA et à l'IP
5- Les responsables de banques qui ont une éducation
avancée en Finance connaissent tous les RDI FTA
20
On expliquera dans le prochain chapitre comment on va tester
ces différentes hypothèses.
3.2 Méthodologie : Questionnaire
A ce niveau, nous parlerons de la méthodologie qui sera
suivie pour répondre aux interrogations soulevées dans ce TFE.
Pour ce faire, nous procéderons par sondages. Un questionnaire
en ligne sera rédigé et partagé via email aux
différentes banques haïtiennes, principalement à leur
département de finance ou de gestion de projets. L'objectif sera d'avoir
la réponse des neuf banques faisant partie du système bancaire
haïtien. Une fois ces réponses reçues, nous utiliserons une
méthode de classement pour s'informer de la prévalence
d'une RDI sur une autre. Ce faisant, nous pourrons aussi vérifier si les
méthodes préférées sont celles de flux de
trésorerie actualisé ou pas. Aussi, cette méthode de
classement nous permettra de comparer le TIR à la VAN, nous aidant ainsi
à confirmer ou infirmer l'une de nos hypothèses. À travers
une série de questions, nous tenterons d'identifier le niveau
d'éducation en finance (MBA) du participant à ces sondages.
Ce questionnaire sera construit à partir de cinq
questions. Pour s'informer du niveau d'éducation en finance (ou MBA) et
aussi de la familiarité du participant par rapport aux RDI non-simples,
les questions suivantes seront posées :
· Avez-vous une licence universitaire ? Si oui, dans
quelle discipline ? et dans quel pays ?
· Avez-vous un master ? Si oui, dans quelle discipline
? et dans quel pays ?
· Avez-vous un doctorat ? Si oui, dans quelle
discipline ? et dans quel pays ?
· Connaissez-vous les méthodes de la VAN, du
TIR, du DRA et de l'IP ? Si oui, savez-vous comment les calculer ?
Pour estimer la fréquence de l'utilisation d'une
règle par rapport à une autre, on utilisera une question qui est
couramment utilisée dans la littérature (Andor et al., 2015;
Brounen et al., 2004) :
· A quelle fréquence votre banque
utilise-t-elle les techniques suivantes pour décider des projets ou
acquisitions à poursuivre ?
21
Pour cette question, le participant aura à choisir
parmi les RDI suivantes : la VAN, le TIR, le DRA, l'IP pour les RDI de flux de
trésorerie actualisé ; et le DRS, le TRC pour les RDI flux de
trésorerie non-actualisé. Les options de réponses (choix)
pour une telle question seront : toujours (100%), souvent (75%), parfois
(environ 50%), rarement (environ 25%), jamais (0%).
3.3 Analyse des Résultats et Discussions
3.3.1 Résultats d'enquête
À cette étape, nous commencerons, d'abord, par
une description des résultats de l'enquête, ensuite, nous
présenterons une classification des différentes méthodes
de décisions d'investissement utilisées par les banques, et
enfin, nous analyserons les différentes hypothèses
soulevées dans ce travail.
Vu la taille de nos données et de notre
méthodologie, nous n'avons pas estimé nécessaire de
recourir à des logiciels statistiques pour l'analyse et
l'interprétation de nos résultats.
Notre enquête a été réalisée
en ligne et les liens ont été partagés par email aux
différents responsables des banques.
Durant deux mois, nous avons, individuellement,
contacté les responsables en question, afin de leur envoyer les liens
précités contenant un formulaire d'enquête à
remplir. Sur neuf banques, nous avons pu collecter les données de quatre
d'entre elles, à savoir : 1) l'Unibank, 2) la Sogebank, 3) la Banque
Nationale de Crédit (BNC) et 4) la Banque de l'Union Haïtienne
(BUH) ; deux d'entre elles, ne l'ont toujours pas rempli et deux autres
ont décliné notre proposition.
Quant à la BRH, deux de ses responsables nous ont
informé qu'en tant que Banque Centrale22, elle n'est pas une
banque commerciale23. En effet, dans la mesure où, tous leurs
investissements sont soit d'ordre public ou soit réinvestis au sein
même de l'organisation, de ce fait, les responsables de la BRH ont
déclaré ne pas être concernés par notre
enquête.
22 La Banque Centrale est la banque des banques. Son
activité principale est de veiller à la stabilité des
institutions financières, des prix et du système de paiement (Van
Der Broek, 2015, p. 48)
23 Une banque commerciale ou de détail est une
banque dont l'activité principale est de recevoir des
dépôts et accorder des prêts. Les banques commerciales les
plus larges s'engagent aussi dans l'investissement, dans l'assurance ou
d'autres services financiers (Casu, Girardone, & Molyneux, 2015, p. 53).
22
Cependant, vu la façon dont notre questionnaire est
élaboré, nous estimons qu'il leur serait applicable. En
conséquence, nous ne tiendrons pas compte de la BRH, mais seulement, des
huit autres banques du système bancaire.
En dépit du fait que notre échantillon de
réponse ne représente que la moitié des banques du
système bancaire haïtien (excluant la BRH) ; nous estimons tout de
même que les données collectées sont assez significatives,
dans la mesure où, ces quatre banques figurent au top 5 du classement
des banques en termes de représentation d'actifs et d'employés,
selon le classement de la Banque de la République d'Haïti
(BRH)24.
Toujours selon la BRH ; à elles seules, ces quatre
banques représentaient 83.23% des actifs du système bancaire
haïtien au 30 Juin 2020. Toutefois, nous sommes conscients des limites de
notre travail qui nous impose de ne pas tomber dans le piège de la
généralisation automatique de nos résultats.
En termes de résultats de notre enquête :
- En ce qui concerne « les règles de flux de
trésorerie actualisé », seulement une banque sur quatre
utilise « toujours » la VAN, tandis que les trois autres
l'utilisent « souvent » ; quant à la méthode
du TRI, 25% l'utilisent « toujours » contre 75% qui l'utilisent
« souvent » ; 50% utilisent « toujours » la méthode
du DRA, alors que 75% en font « souvent » l'usage ; et enfin quant
à l'indice de profitabilité (IP), seulement 25% l'utilisent
« toujours » contre 75% l'utilisant « souvent ».
- Quant aux « règles de flux de trésorerie
non-actualisé », 25% des banques disent « toujours »
utiliser la règle du délai de récupération simple,
alors que 75% l'utilisent « souvent ». Ce constat est identique pour
le taux de rentabilité comptable (TRC), donc 25 % l'utilisent «
toujours » contre 75% « souvent ».
24 Top 5 des banques haïtiennes en termes d'importance en
actif par ordre décroissant au 30 Juin 2020 : Unibank (165,138.15
millions de gourdes ou MG & 1,304 Employés), Sogebank (129,769.23 MG
& 1,254 Employés), BNC (95,894.20 MG & 845 Employés),
Capital Bank S.A ( 65,393.44 MG & 749 Employés), BUH (36,010.33 MG
& 394 Employés) (Source: site web officiel de la BRH. En ligne :
https://www.brh.ht/supervision-bancaire/liste-des-banques/
. Consulté le 08 Avril 2021).
23
Nous observons que toutes les banques utilisent les
différentes méthodes explicitées dans ce travail. De ce
fait, il n'y a pas une seule des méthodes précitées qui
n'ait pas été utilisée.
Tableau 2: Fréquence d'utilisation des RDI au
niveau des Banques haïtiennes
|
BNC
|
BUH
|
SOGEBANK
|
UNIBANK
|
VAN
|
Souvent
|
Toujours
|
Souvent
|
Souvent
|
TIR
|
Souvent
|
Toujours
|
Souvent
|
Souvent
|
DRA
|
Toujours
|
Toujours
|
Souvent
|
Souvent
|
IP
|
Souvent
|
Toujours
|
Souvent
|
Souvent
|
DRS
|
Souvent
|
Toujours
|
Souvent
|
Souvent
|
TRC
|
Souvent
|
Toujours
|
Souvent
|
Souvent
|
Source : Questionnaire d'enquête.
Tableau 3: Proportion d'utilisation des RDI au niveau
des Banques haïtiennes
|
Toujours
|
Souvent
|
VAN
|
1/4
|
3/4
|
TIR
|
1/4
|
3/4
|
DRA
|
2/4
|
2/4
|
IP
|
1/4
|
3/4
|
DRS
|
1/4
|
3/4
|
TRC
|
1/4
|
3/4
|
Source : Questionnaire d'enquête.
Tableau 4: Tableau récapitulatif sur la
formation universitaire et la connaissance des RDI FTA par les
responsables
|
Niveau d'éducation le plus
élevé
|
Connaissance ou non de tous les RDI
FTA
|
Remarques
|
Éducation avancée en Finance
|
Licence en sciences comptables
|
Oui
|
Connaissance de tous les 4 RDI FTA
|
Master de Finance
|
Oui
|
Connaissance de tous les 4 RDI FTA
|
Licence en sciences administratives
|
Non
|
Aucune
connaissance des RDI FTA
|
Pas d'éducation avancée en
Finance
|
Master en sécurité informatique*
|
En partie
|
Connaissance de tous les RDI FTA, sauf le DRA
|
* : Ce répondant a une licence en sciences
informatiques
Source : Questionnaire d'enquête.
24
3.3.2 Mise en situation des hypothèses et
discussions
Pour répondre aux trois premières
hypothèses de notre travail, nous allons maintenant nous baser sur le
tableau 3 qui résume les réponses des banques par rapport
à leur préférence des RDI, représentées sous
forme de fractions.
À l'hypothèse selon laquelle Haïti
préfèrerait les RDI de flux de trésorerie
non-actualisé (que nous désignerons dans la suite par non-FTA)
plutôt que les RDI de flux de trésorerie actualisé, il est
possible de constater qu'au moins 1/4 des banques utilisent toujours les RDI de
flux de trésorerie (FTA) et les RDI de non-FTA, et deux d'entre elles
utilisent toujours le délai de récupération
actualisé (DRA). De ce fait, il n'est pas possible d'affirmer qu'il
existe une préférence pour les RDI de non-FTA. Cette
première hypothèse est donc rejetée.
Nous avions aussi émis l'hypothèse
qu'Haïti préfère recourir au TIR plutôt qu'à la
VAN. Cependant, à partir du tableau 3, nous pouvons remarquer qu'il y a
une utilisation identique de la VAN et du TIR ; dans la mesure où, une
banque sur quatre les utilise toujours et 3/4 des banques les utilisent
souvent. Cette deuxième hypothèse est également
rejetée.
Dans ce travail, nous avions supposé que le TRC
serait d'usage en Haïti, mais n'y serait pas populaire. Nous pouvons
effectivement constater que le TRC est utilisé en Haïti. Cependant,
son usage est aussi populaire que les autres RDI, dans la mesure où, 1/4
des banques l'utilisent toujours, contre 3/4 déclarant en faire souvent
l'usage. Le même constat peut être dressé pour l'IP, le DRS,
la VAN ou le TIR. Cette troisième hypothèse peut donc être
confirmée en partie.
Pour l'hypothèse selon laquelle les banques
préfèreraient le TIR au DRA et à l'IP, selon le tableau 3,
il est constatable que 2 des 4 banques utilisent toujours le DRA, alors que
seulement 1/4 d'entre elles utilisent soit le TIR, soit l'IP. De plus, on
relève que 3 banques sur 4 déclarent souvent recourir au TIR et
à l'IP, tandis que 2 sur 4 déclarent utiliser souvent le DRA, ce
qui nous amène à rejeter notre quatrième
hypothèse.
En ce qui concerne le niveau d'éducation, selon notre
enquête, nous avions trouvé, que deux responsables de banques ont
un niveau de master, l'un dans le domaine de la finance et l'autre dans un
autre domaine. Les deux autres responsables ont, quant à eux, un niveau
de licence, l'un en sciences comptables et l'autre en sciences administratives.
Il faut également
25
noter que 75% des responsables, connaissent toutes les RDI
FTA, donc les RDI complexes. L'un des responsables ayant un niveau de licence
en sciences administratives a déclaré ne connaitre aucune des
RDI, et le seul responsable ayant une licence et un master dans un domaine
n'ayant pas de rapport avec la finance a pourtant affirmé
connaître toutes les RDI, sauf le DRA (Tableau 4).
Nous serions portés à considérer les
répondants qui ont un master en finance, ou une licence en sciences
administratives, ou une licence en sciences comptables comme des responsables
détenant une éducation avancée en finance, car les cours
sur la finance sont très présents dans le cursus de ces
disciplines. Cependant, l'un de nos répondants, que nous estimerions
à priori comme détenant une éducation avancée en
finance, a dit ne pas connaître les RDI FTA. Toutefois, il faut noter que
quelqu'un peut ne pas personnellement connaître les RDI, mais peut, tout
de même, être courant ou s'informer auprès de ses pairs de
la pratique des RDI qui se fait au sein de la banque dans laquelle il/elle
travaille. En effet, cela pourrait expliquer pourquoi ce répondant a
été en mesure de remplir le formulaire en question. Nous pouvons
relever que l'hypothèse selon laquelle les responsables de banques
qui détiennent un niveau d'éducation avancée en finance
seraient tous au courant et pourraient appliquer les RDI FTA, ne peut
être affirmée, car nos données indiquent justement le
contraire. En effet, les données collectées ont montré
qu'avoir un niveau d'éducation avancée en finance n'impliquerait
pas automatiquement la connaissance de toutes les RDI FTA. La cinquième
hypothèse est donc rejetée.
Tableau 5: Tableau récapitulatif des
hypothèses et des résultats
Hypothèses
|
Résultat
|
Haïti préfère les RDI non-FTA aux RDI FTA
|
Rejetée
|
Haïti préfère le TIR à la VAN
|
Rejetée
|
Le TRC sera d'usage en Haïti, mais ne sera pas populaire
|
Confirmée en partie
|
Dans la catégorie des RDI FTA, Haïti
préfère le TIR au DRA et à l'IP
|
Rejetée
|
Les responsables de banques qui ont une éducation
avancée en Finance sont tous au courant des RDI FTA
|
Rejetée
|
26
Discutons à ce niveau de l'implication du
résultat des hypothèse évoquées dans ce travail.
Concernant la première hypothèse, nous avions supposé que
les RDI non-FTA seront plus populaires que les RDI FTA au niveau des banques.
Cette décision peut s'expliquer par le fait que les pays en voie de
développement ont tendance à être moins stables sur le plan
politico-économique, ce qui impacte largement leurs projets
d'investissement. De ce fait, ces pays préfèrent les RDI non-FTA
telles que le DRS et le TRC. Cependant, il s'est avéré que nous
n'avons pas pu confirmer une telle hypothèse au niveau du secteur
bancaire d'un pays en voie de développement comme Haïti.
Néanmoins, une observation assez intéressante a été
faite en ce sens que la moitié des banques recourt toujours au DRA qui
est aussi une RDI FTA. Une possible explication est qu'en dépit des
tensions politico-économiques, le système bancaire
préfère certes les projets donnant des résultats rapides
mais essaye, tout de même, de rester le plus proche possible de la
théorie en adoptant le DRA plutôt que le DRS. Nous pouvons aussi
observer cette tendance de prudence dans la distribution des
préférences pour les autres différentes RDI (Tableau
3).
L'hypothèse consistant pour le système bancaire
haïtien à primer le TIR sur la VAN a également
été rejetée. Nous avons observé que la pratique de
ces deux méthodes est similaire. Il convient de noter que nous avions
fait cette hypothèse par rapport à l'influence
historico-culturelle et éducationnelle de la France sur Haïti.
Cependant, le résultat de notre travail a permis d'observer
qu'Haïti ne préfère pas le TIR plus que les autres
règles, contrairement à notre postulat de départ
(Haïti et la France afficheraient les mêmes
préférences quant au TIR). Ainsi, il se pourrait que les
responsables de banques décident des RDI en fonction d'autres
paramètres tels que les différentes pratiques en vigueur dans le
secteur bancaire national haïtien en général. Il se peut
aussi que la BRH (Banque Centrale) impose les RDI que les banques doivent
pratiquer, ce que nous n'avons pas réussi à vérifier au
niveau de ce travail. Il convient également de noter que la
préférence des RDI au niveau des Banques haïtiennes ne
dépend pas non plus du niveau d'éducation financière de
ses dirigeants.
Concernant l'hypothèse selon laquelle le TRC serait
d'usage mais ne serait pas populaire, nous avons constaté que cette
méthode est aussi populaire que les autres RDI. En effet, cela peut
s'expliquer par le fait que, bien que cette méthode ne soit pas
recommandée par la littérature, le système bancaire a
opté pour la prudence en ne laissant de côté aucune des
méthodes. Nous pensons que le niveau d'incertitude et l'absence des
données fiables (taux d'intérêt et autres données
économiques) permettent d'expliquer ce comportement. En outre,
27
le système bancaire haïtien a choisi de ne pas
seulement compter sur une ou un groupe de règles de RDI
spécifiques mais préfère les utiliser toutes, même
celles qui ne sont pas recommandées.
28
Chapitre 4 : Conclusion, limites et recommandations
4.1 Conclusion
Notre revue de littérature nous a permis de saisir
davantage la théorie et la pratique sur les règles de
décisions d'investissement. Au niveau théorique, nous avons
observé que les règles de flux de trésorerie
actualisé (RDI FTA) sont supérieures à celles de flux de
trésorerie non-actualisé (RDI non-FTA). De plus, entre la VAN et
le TIR, il est préférable d'opter pour la VAN, car elle est la
seule méthode qui donne toujours un résultat non
équivoque. Cependant, dans la pratique, il n'existe pas forcément
une conformité de la théorie à la pratique. Nous avons
aussi constaté que le choix du type des RDI dépend de l'objectif
recherché à travers le projet (un résultat
immédiat, une amélioration de la structure financière,
...). Il peut dépendre aussi de l'effet-pays
c'est-à-dire du contexte politico-économique ou du climat
socio-culturel du pays. Cependant, de manière générale,
nous observons dans la pratique une préférence pour les
règles de flux de trésorerie actualisé dans les pays
à haut revenu. Alors que les pays à faible revenu, d'après
le peu de données existantes, ont tendance à
préférer les règles de flux de trésorerie
non-actualisé. Par rapport à cette observation, notre travail a
voulu contribuer à la littérature sur la pratique des RDI dans
les pays à faible revenu, en étudiant le système bancaire
haïtien. Pour ce faire, nous avons élaboré un questionnaire
que nous avons partagé en ligne avec les responsables de Banques
haïtiennes, lesquelles sont au nombre de huit au total. Seulement quatre
d'entre elles ont répondu à notre enquête.
Pour ce travail, nous avions émis des hypothèses
en nous basant sur la littérature de la pratique des RDI des pays
développés et des pays en voie de développement. Nos
résultats d'enquêtes ne nous ont pas permis de confirmer
l'hypothèse selon laquelle les RDI non-FTA sont plus populaires dans le
milieu bancaire haïtien que les RDI FTA. Nous n'avons pas pu confirmer non
plus la préférence du TRI par rapport aux autres méthodes,
ni montré que l'influence franco-historique d'Haïti a un impact sur
sa pratique des RDI. De plus, le niveau d'éducation avancée en
finance des responsables de banques n'implique pas leur connaissance des RDI
FTA. Nous avons pu observer aussi que la pratique du TRC est aussi populaire
que les autres méthodes de RDI, bien que cette pratique ne soit pas
considérée comme une méthode recommandée. De plus,
75 % des responsables de banques ou répondants de notre enquête,
ont déclaré connaître toutes les RDI FTA. Cette observation
n'est pas surprenante dans la mesure
29
où les banques, étant des institutions
financières, sont censées connaître ou maîtriser les
RDI dites complexes.
Enfin, nous avons expliqué que, par souci de prudence,
le système bancaire haïtien a décidé d'adopter
presque de manière quasi-proportionnelle toutes les méthodes de
RDI dans l'analyse de leurs projets d'investissement. En outre, nous avons
observé que toutes les RDI sont pratiquées, presque à
même niveau. Autrement dit, cette pratique n'est pas totalement conforme
à la théorie, en ce sens où les RDI non-FTA et FTA y sont
pratiquées presque de manière similaire (sauf pour le DRA). Nous
avons souligné aussi que ce souci ou volonté de prudence est fort
probablement dû au contexte politico-économique incertain du pays
qui affecte certainement le milieu bancaire.
4.2 Limites et recommandations
Il existe pas mal de limites au travail que nous venons de
mener. Nous inviterons donc à la prudence quant à la
généralisation des conclusions faites par rapport au
système bancaire dans le cadre de ce travail. Nos données ont
été recueillies seulement auprès de quatre banques du
système bancaire, alors qu'il en existe huit au total (excluant la BRH).
En dépit du fait que les quatre banques étudiées sont les
plus importantes dans le secteur bancaire haïtien, cependant, il serait
sans doute pertinent de comprendre également la pratique des quatre
autres banques que nous n'avons pas réussi à inclure dans notre
analyse.
Un autre fait important est que le système financier
haïtien est composé aussi des institutions non-bancaires comme les
coopératives d'épargne et de crédit et les institutions de
microfinance (loi du 20 Juillet 2012). Ces institutions non-bancaires
appliquent aussi les règles de décisions d'investissement. Il
aurait été judicieux de les inclure dans notre travail, ce qui
aurait donné une dimension plus équilibrée à nos
analyses et conclusions sur la pratique des RDI en Haïti.
La majorité des études voulant cerner la
pratique des RDI dans un pays donné a opté pour une analyse
incluant généralement tous les secteurs d'activités
(bancaires et non-bancaires). Les auteurs procèdent
généralement par la collecte des données auprès
d'un maximum d'entreprises de tout secteur confondu existant dans le pays en
question (Baker, Singleton, et al., 2011). De ce fait, une des limites de notre
travail est d'avoir choisi de
30
circonscrire cette recherche au secteur bancaire. Alors que
dans la pratique, la majorité des entreprises en Haïti font partie
du secteur de l'économie informelle (Aspilaire, 2014). En outre, il
serait, aussi, pertinent d'analyser la pratique des RDI dans le secteur
informel haïtien.
Pour collecter les données, en raison de la
difficulté de se rendre en Haïti, nous avons décidé
d'opter pour le format des questionnaires en ligne. En tenant compte des
différents biais de cette méthode, il nous aurait paru judicieux
d'essayer d'interviewer quelques responsables de banques. Ceci nous aurait
permis de mieux comprendre pourquoi nos hypothèses de départ
n'ont pas été confirmées. Par exemple, nous aurions pu
aussi savoir directement pourquoi les responsables des Banques haïtiennes
préfèrent une RDI par rapport à une autre. Plus
concrètement, les interviews auraient permis de savoir si les
responsables des banques estiment que leurs choix de RDI sont influencés
par la pratique en vigueur dans les pays où ils ont fait leurs
études, ou si cette pratique aurait été imposée par
la Banque centrale, en l'occurrence par la BRH.
Par ce travail, nous avons également essayé de
voir si la pratique des RDI dans le système bancaire haïtien est
influencée par celle de la France, vu qu'Haïti, pays à
faible revenu, est d'influence française de par son histoire et son
système éducatif. Plus précisément, nous avons
voulu voir si Haïti, tout comme la France, aurait une plus grande
préférence pour le TRI. Nous aurions pu aborder cette
hypothèse en adoptant une méthode comparative entre la pratique
des RDI dans d'autres pays à faible revenu qui sont influencés
aussi par la France, afin de voir s'il existe une convergence ou non dans la
pratique du TRI entre la France et ces autre pays (ex ; le Burkina Faso, le
Niger...). En outre, nous recommanderons de nouvelles études
orientées dans ce sens.
Il aurait été aussi pertinent de comparer la
pratique des RDI dans le système bancaire haïtien à celui
d'un autre pays à faible revenu ayant plus ou moins les mêmes
caractéristiques qu'Haïti. Cela aurait permis de vérifier
davantage le degré d'importance de l'effet pays par rapport aux
RDI.
Enfin, dans la littérature, d'autres études sur
la pratique des RDI se sont intéressées également sur la
façon dont les pays à faible revenu calculent les flux de
trésorerie (Mbabazize & Daniel, 2014), notamment en se demandant
s'ils tiennent compte de l'inflation ou encore du type de taux utilisé
dans l'actualisation des flux. Au regard de la situation instable d'Haïti
et
31
de la difficulté à trouver des données
fiables, il serait pertinent que d'autres études explorent la
mécanique des taux utilisés dans la pratique des RDI en
Haïti.
32
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35
Annexes
1- Email envoyé aux responsables des banques
Bonjour,
Cette étude sur la pratique des règles de
décisions d'investissement dans le secteur bancaire haïtien est
réalisée dans le cadre d'un Master en Sciences de Gestion
à l'Université Catholique de Louvain.
L'enquête proprement dite prend entre deux à trois
minutes. Elle devra être complétée par un.e Manager ou un.e
employé.e de l'un des départements traitant des questions de
décisions d'investissement au sein de la Banque.
Pour y
participer. il vous suffit de vous
rendre sur le site de l'enquête en cliquant sur l'addresse suivante:
https://forms.gle/Qc3QiWm5HK5bvU337
D'avance, nous vous remercions très chaleureusement pour
votre concours et somme disponibles pour toute question concernant
l'enquête.
Bien à Vous,
Venel GENEUS,
Étudiant de Master en Sciences de Gestion Louvain School
of Management (LSM)
venel.geneus@student.uclouvain.be
36
2- Retranscription du questionnaire en ligne
Règles de Décision
d'Investissement UCLouvainLouvain School
of Management
Ce questionnaire est réalisé dans le cadre d'un
programme de Master en Gestion à l'Université Catholique de
Louvain de la Belgique.
Il doit être OBLIGATOIREMENT rempli par un.e manager ou
employé.e du département de Finance ou dE Gestion de Projets dans
la Banque.
* Required
1. Avez-vous un niveau licence ou un diplôme bachelor? *
Non Oui
Untitled Section
2. Dans quelle discipline avez-vous obtenu votre licence ou
diplôme bachelor? *
3. Dans quel pays avez-vous obtenu votre licence ou
diplôme bachelor? * Untitled Section
httpsc//dots.google.comJformsJu)OfdJ1WeRrZDVIc3AQvX_QT2Vg1rO-rSBFdtrjsorEKZiRT9Y/printform
Page 1 of 6
Règles de Décision d'Investissement_UCLouvain
Lauvain School of Management 24l04f2021, 10'39
4. Avez-vous un niveau maîtrise (Master's degree)? *
Non
Oui
Untitled Section
5. Dans quelle discipline avez-vous obtenu votre maîtrise
(Masters degree)? `
6. Dans quel pays avez-vous obtenu votre maîtrise
(Master's degree)? *
Untitled Section
7. Avez-vous un niveau doctorat (PhD)? *
Non
0 Oui
Untitled Section
8. Dans quelle discipline avez-vous obtenu votre doctorat (PhD)?
*
37
https:Pildocs.google.com/formsju/0/df1WeRrZDVIc3AQvx
OT2Vg1r0-rS8FdtrjsorEKZIRT9Y/printfarm Page 2 of 6
9. Règles de Décision
d'Investissement_UCLouvain_Louvein School of Management 24)04)2021, 10:39
Dans quel pays avez-vous obtenu votre doctorat (PhD)? *
Untitled Section
10. Connaissez-vous la méthode de la Valeur Actuelle
Nette (VAN) ou, en anglais, Net Present Value (NPV)? *
Non
Oui
11. Connaissez-vous la méthode du Taux Interne de
Rentabilité (TIR) ou, en anglais, Internal R. of Return (IRR)?*
( )Non
( ) oui
12. Connaissez-vous la méthode du Délai de
Récupération Actualisé (DRA) ou, en anglais, Discounted
Payback Period (DPP)? *
(--) Non 0 Oui
38
https:Ildocs.google.com(tormsJu/0idllWeRrZDVIc3A0vX_OT2Vg1r0-rSSFdtrjsorEKZitT9YJprintform
Page 3 of 6
13. Régles de Décision
d'Investissement_UCLouvain_Louvain School of Management 24/04/2021, 10:39
Connaissez-vous la méthode de l'Indice de
Profitabilité (IP) ou, en anglais, Profitability Ind (PI)? *
Non dui
14. Veuillez choisir "Oui" pour cette question. *
( ) Non
( ) Dui
39
https://docs.google.com/forms/u/0/d/lWeRrZDVIc3AQvX_QT2Vgir0-rSEFdtrjsorEKliRT9Y/printform
Page 4 of 6
Règles de Décision d'Investissement_DCLouvain
.ouvain School of Management 24/04/2021,10:39
40
15. A quelle fréquence votre banque utilise-t-elle les
techniques suivantes pour décider des projets ou acquisitions à
poursuivre? *
JAMAIS RAREMENT PARFOIS SOUVENT TOUJOURS
(0%) (25%) (50%) (75%) (100%)
Valeur Actuelle Nette (VAN) ou Net Present Value (NPV)
Taux Interne de Rentabilité (TIR) ou Internal Rate of
Return (IRR)
Délai de Récupération Actualisé (DRA)
ou Discounted Payback Period (DPB)
Indice de Profitabilité (IP) ou Profitability Index
(PI)
Délai de Récupération Simple (DRS) ou
Payback Period (PP)
Taux de Rentabilité Comptable (TRC) ou Accounting Rate of
Return (ARR)
16. Quel est le nom de la Banque dans laquelle vous travaillez?
*
17. Quelle est votre position/rôle dans la Banque? *
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Page 5 of 6
41
Abstract :
There has been widespread research on the degree to which the
Investment Decision Rules (IDR) of Capital Budgeting do or do not conform to
theory. However, research on this topic has mostly focused on high-income
countries, overlooking low-income countries. Therefore, this thesis aims to
understand the use of IDRs in the banking sector of Haiti. The literature
review presents variables, including political-economic instability and
sociocultural influence, which justify why low-income countries would likely
prefer non-discounted cash flow IDRs. However, the results suggested that, in
reality, the Haitian banking system makes use of all IDRs to nearly the same
degree. This behavior, although not fully in accordance with theory, highlights
the prudence and practicality of Haitian banks, arising from the fragility of
the socio-political context of the country.
Résumé :
L'investigation sur le degré de (non)-conformité
de la pratique des règles de décisions d'investissement (RDI)
à la théorie est très répandue. Pourtant, les
recherches sur la question se sont articulées le plus souvent au niveau
des pays à haut revenu au détriment de ceux à faible
revenu. Dès lors, ce TFE a pour objectif de comprendre la pratique des
RDI dans le milieu bancaire d'Haïti. La revue de la littérature a
présenté des paramètres, dont l'instabilité
politico-économique et l'influence socio-culturelle, qui permettent de
justifier la préférence des pays à faible revenu pour les
RDI de flux de trésorerie non-actualisé. Néanmoins, ce
travail a permis d'observer que le système bancaire haïtien fait
usage de toutes les RDI, presque au même niveau. Ce comportement, bien
que n'étant pas totalement conforme à la théorie, peut
s'expliquer dans une logique de prudence dont font preuve les Banques
haïtiennes, découlant, à priori, de la fragilité du
contexte socio-politique du pays.
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