UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (UCAD)
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
(FASEG)
MEMOIRE MASTER II
ECONOMIE ET FINANCE QUANTITATIVES (EFQ)
DETERMINANTS DE LA PAUVRETE
MONETAIRE : cas du Sénégal
THEME
Présenté par : Sous la
supervision :
M. Zeynil El Abdine NDONGO Dr. Fatou CISSE
Enseignante chercheure à la FASEG
Année académique: 2017-2018
DEDICACES
i
- A mon père
- A ma mère
- A mes frères et soeurs - A mes amis d'enfance
II
REMERCIEMENTS
Bisimilaahi R Rahmaani R rahimi
Je rends grâce à dieu le clément, le
miséricordieux, le tout miséricordieux qui m'a permis de vivre,
d'étudier et de réussir jusqu'à aujourd'hui. Je remercie
son prophète Mohamed paix et salut sur lui et ses compagnons. A mon
vénéré cheikh Ahmed Tidiane chérif (RTA).
Je remercie chaleureusement mon encadreur Dr Fatou CISSE qui a
dirigé ce travail avec rigueur, gentillesse et méthode.
Je remercie mon oncle Abdoul wahabou SALL DG de la
sécurité publique et sa famille qui m'ont hébergé
et nourri depuis ma première année.
Je remercie mon frère et ami Aboubacry BA pour son soutien
et ses sacrifices pour la réussite de ce mémoire.
Je tends une main chaleureuse a tous les étudiants de la
première promotion du master II économie et finance quantitatives
de la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG).
Je ne saurais oublier mes amis qui m'ont encouragé durant
toute la formation. Je veux nommer : Alhouseynou DIENG, Tidiane TOURE, Alpha
Oumar NDONGO, Souleymane KANE, Fatimata LY, Oumar GOLOKO, Abou NIANG, Aliou
Yaya DIENG, Aminata KONTE, Souwadou CAMARA.
Je témoigne ma profonde gratitude à tous ceux qui,
de près ou de loin, ont contribué à l'élaboration
de ce travail et plus particulièrement à madame DIONE doctorante
au CRES et Mamadou
Abdoulaye DIALLO ingénieur statisticien économiste
au CRES. .
III
RESUMÉ
Ce travail porte sur les déterminants de la
pauvreté monétaire du Sénégal. En utilisant les
données de l'enquête ESPS II, 2011. Il a visé deux
objectifs spécifiques que sont : la détermination du profil de
pauvreté à l'aide de l'indice FGT d'incidence, de profondeur et
de sévérité de la pauvreté et une régression
logistique pour identifier les facteurs explicatifs de l'état de
pauvreté des ménages sénégalais. Les
résultats obtenus révèlent qu'il y'a une grande
disparité de l'état de la pauvreté monétaire entre
les régions, les milieux, les groupes d'âge du chef de
ménage, mais aussi entre les genres. En effet la région de
Ziguinchor est la région la plus pauvre avec une incidence de 60,9%
contre seulement 18% pour la région la moins pauvre (Dakar). Le milieu
rural est le milieu le plus défavorisé avec une incidence de la
pauvreté de 50,8% contre 33% pour le milieu urbain. Les ménages
dirigés par des hommes sont plus exposés à la
pauvreté avec une incidence de 45,4% contre 30,4% pour les
ménages dirigés par des femmes. Les chefs de ménage sans
instruction constituent le groupe de ménages le plus pauvre du
Sénégal. Les indices de profondeur et de
sévérité de la pauvreté sont plus
élevés chez les ménages inactifs que les autres
catégories de ménages. L'analyse montre également que la
pauvreté frappe plus les ménages polygames avec une incidence de
45% contre 41,1% pour les ménages monogames. L'estimation du
modèle logit montre que les principaux facteurs explicatifs importants
à prendre en compte dans la lutte contre la pauvreté sont
l'éducation (plus elle est élevée moins le ménage a
la probabilité d'être exposé à la pauvreté),
la localisation géographique (les ménages du milieu urbain, de la
région de Dakar et de Louga ont moins de chance d'être
exposés à la pauvreté), l'occupation du chef de
ménage (la probabilité d'être pauvre est d'autant plus
élevée que le chef de ménage est un chômeur), la
taille du ménage (la taille influence positivement la pauvreté
jusqu'à un certain niveau, au-dessus duquel l'influence devient
négative) et la situation matrimoniale du chef de ménage . Le
groupe d'âge du chef de ménage bien qu'étant une
caractéristique importante n'est pas un facteur explicatif de la
pauvreté des ménages du Sénégal.
Mot clés :
déterminants, incidence, profondeur, sévérité,
ménage, pauvreté, estimation, modèle etc.
iv
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et
de la Démographie
ACM : Analyse des Correspondances
Multiples
BCEAO : Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
BM : Banque Mondiale
CAQ : Consomption Adequacy Question
DER : Direction de l'Entreprenariat Rapide
ESAM : Enquête
Sénégalaise Auprès des Ménages
ESP : Enquête Sur les
Priorités
IPH : Indice de Pauvreté Humain
MIQ : Maximum Income Question
ONU : Organisation des Nations Unies
OMD : Objectifs Millénaires pour le
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PVD : Pays en Voie de Développement
QUID : Questionnaire Unifié des
Indicateurs de Développement
ESPS : Enquête de Suivi de la
Pauvreté du Sénégal
v
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Figure 1 : Sénégal, population totale 3
Figure 2 : Sénégal, croissance annuelle du PIB (%)
4
Tableau 1: La description des variables explicatives du
modèle 36
Tableau 2: Récapitulatif des formules appliquées
39
Tableau 3: Calcul de l'incidence, de la profondeur et de la
sévérité au niveau national. 40
Tableau 4: Calcul de l'incidence de la profondeur et de la
sévérité selon les régions. 41
Tableau 5: Calcul de l'incidence, de la profondeur et de la
sévérité selon le milieu de résidence. 42
Tableau 6: Calcul de l'incidence, de la profondeur et de la
sévérité selon le sexe du chef de ménage.
43
Tableau 7: Calcul de l'incidence, de la profondeur et de
la sévérité selon le groupe d'âge du chef de
ménage. 44
Tableau 8: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon le niveau d'instruction
du
chef de ménage. 45
Tableau 9: Calcul de l'incidence,
de la profondeur et de la sévérité selon l'occupation du
chef de
ménage. 45
Tableau 10: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon la situation
matrimoniale.
46
Tableau 11: Résultats de la
régression logit et les différents tests de spécification
48
vi
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DU SENEGAL
3
I. LA SITUATION ECONOMIQUE 3
II. LA SITUATION SOCIALE 6
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTÉRATURE
9
I. CADRE D'ANALYSE DE LA PAUVRETÉ
9
II. DÉFINITION DES CONCEPTS ET
DIFFÉRENTES MESURS DE LA PAUVRETÉ 13
III. REVUE EMPIRIQUE 27
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE ET SOURCE DE
DONNÉES 30
I. MÉTHODOLOGIE 30
II. SOURCES DE DONNÉES 38
CHAPITRE IV : RÉSULTATS DES ESTIMATIONS
39
I. LE PROFIL DE PAUVRETÉ DU
SÉNÉGAL. 39
II. LE DEGRÉ D'INDÉPENDANCE OU DE
DÉPENDANCE ENTRE LA PAUVRETÉ ET LES VARIABLES
EXOGÈNES DU MODÈLE 47
III. RÉSULTATS DE L'ESTIMATION DU
MODÈLE 48
IV. MESURES DE POLITIQUES ECONOMIQUES 52
CONCLUSION 54
BIBLIOGRAPHIE 56
ANNEXE 58
1
INTRODUCTION
La pauvreté est un phénomène longtemps
combattu par les Etats et les institutions internationales comme le fond
monétaire international et la banque mondiale. Au Sénégal,
après les indépendances, les stratégies de
développement visaient à transformées les systèmes
productifs et les appareils productifs hérités de la
colonisation. Ces stratégies devraient conduire à la mise en
place, au plan de l'équipement et de l'infrastructure sociale, de larges
programmes d'investissements qui se sont révélés, par la
suite, massifs, parfois peu réalistes. Dans le même temps, de
grave rupture survenue entre la structure de production et la structure de
consommation. Il en résulté un approfondissement des
déséquilibres entre la production intérieure et la demande
globale au sein de laquelle prédominait une consommation finale
excessive et conséquemment un accroissement du déficit en
ressource.
Dans les années 70, la crise pétrolière
avait favorisée des emprunts publics à des taux relativement
faible. A la faveur de l'augmentation des dettes publiques de l'Etat dans les
années 80, les marchés financiers sont arrivés aux
commandes. Et cela, c'est traduit par une augmentation des taux
d'intérêts, dont le niveau a dépassé non seulement
l'inflation, mais aussi la croissance.
Face à cette situation, « un programme
d'ajustement structurel » nous a été imposé par le
FMI dans les années 80, pour corriger les déséquilibres
internes et externes. Cependant, ces mesures ont été un
échec énorme pour le Sénégal. Le
désengagement de l'Etat dans les secteurs sociaux et la privatisation
des entreprises publiques, s'est traduit par un accroissement de la
précarité, du chômage et de la pauvreté.
A la fin de ces périodes d'ajustement, le
Sénégal, adopte un document stratégique pour la croissance
et la réduction de la pauvreté (DSRP), établi en 2000, qui
est le cadre de référence dans la lutte contre la
pauvreté, la recherche de développement économique et
sociale et l'atteinte des OMD. Son but est d'améliorer de manière
durable le bien-être des populations en réduisant l'incidence de
la pauvreté des populations en dessous de 30% en 2015, par une
croissance accélérée, forte, équilibrée et
mieux repartie.
Depuis 2014, la société
sénégalaise s'est accordée sur une vision à long
terme, l'émergence en 2035, à travers le Plan
Sénégal Emergent. Ainsi, en 2035, la société
sénégalaise devrait se jouir d'une forte accumulation de biens
matériels et immatériels caractérisé par des
niveaux de vie élevés. Donc une forte réduction de la
pauvreté.
Beaucoup de travaux ont été
réalisés sur les déterminants de la pauvreté, on
peut citer DOUCOURE (2001), a partir des données de l'ESAM (1994-1995)
et le travail de Oumar Diop DIAGNE, Salimata FAYE et Ousmane FAYE sur les
données de (l'ESAM 1994-1995 et l'ESAM II).
2
La dernière enquête réalisée par
l'ANSD en 2011 (ESPS II), évaluait la pauvreté à 47%
(source Banque Mondiale).
Malgré les efforts engagés par le pays pour
réduire, voire éliminer la pauvreté. Beaucoup de
ménages vivent encore en dessous du seuil de pauvreté. Ainsi,
tant que la pauvreté et les objectifs de lutte contre la pauvreté
existeront, des études sur les méthodes d'appréhension de
cette dernière auront leur intérêt afin de lutter contre ce
phénomène.
Au travers de cette étude, nous cherchons à
déterminer les principaux facteurs explicatifs ou déterminants de
la pauvreté monétaire de la population
sénégalaise.
Pour répondre à une telle préoccupation,
notre travail propose de compléter la littérature sur la question
de la mesure de la pauvreté en s'interrogeant sur les
déterminants macroéconomiques de la pauvreté
monétaire en prenant en compte plusieurs facteurs (Taille du
ménage, niveau d'instruction du chef de ménage, occupation du
chef de ménage, etc.).
Pour atteindre l'objectif général nous allons
passer par les objectifs intermédiaires suivants :
- Calcul des différents indicateurs de pauvreté
par l'indice FGT.
- Identification des déterminants de la pauvreté
par la régression logistique.
Les données de l'enquête ménages ESPS II
réalisée en 2011 par l'ANSD seront utilisées pour les
objectifs intermédiaires.
La suite du document s'articule comme suit : Un premier
chapitre qui décrit le contexte socioéconomique du
Sénégal. Un deuxième chapitre qui porte sur les
différentes approches de la pauvreté, la définition des
concepts, les approches de mesure et les différents travaux empiriques
sur ce phénomène. Un troisième chapitre portant sur la
méthodologie et la présentation des données
utilisées dans le cadre de cette étude. Un quatrième
chapitre présentant les résultats sur le profil de
pauvreté, ceux de la régression logistique, ainsi que les
différentes interprétations et recommandations. Enfin, une
conclusion qui rappelle les objectifs intermédiaires de la recherche, la
méthodologie, les différentes étapes, la source de
données, les principaux résultats par objectif
intermédiaire ainsi que leurs conclusions et les recommandations.
3
CHAPITRE I : CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DU SENEGAL
Le Sénégal est un pays de l'Afrique
subsaharienne avec une façade maritime de 700km sur l'océan
atlantique qui le limite à l'ouest. Il entoure la Gambie et partage ses
frontières avec la Guinée, le Mali et la Mauritanie. C'est l'un
des pays les plus stables d'Afrique avec deux alternances démocratiques
(d'Abdou Diouf à Abdoulaye Wade et d'Abdoulaye Wade à Macky Sall)
et plusieurs échéances électorales dans le calme et la
sérénité. La dernière en date est celle de
février 2019 qui a consacré la réélection du
président Macky Sall au premier tour pour la continuité du Plan
Sénégal Émergent (PSE). Sa superficie est de 196 712
km2 et sa population est estimée à 16 209 125
habitants en 2019 (source ANSD). Cette population est composée de 51,2%
de femmes et 49,8% d'Hommes, avec une densité de 82
habitants/km2. La plus grande partie de cette population se
concentre dans les milieux urbains, notamment dans la région de
Dakar.
Malgré la mise e place de mesures allant dans le sens
de limiter les naissances, la population sénégalaise ne cesse
d'augmenter depuis 1960 jusqu'à aujourd'hui comme l'illustre la figure
ci-dessous.
Figure 1 : Sénégal, population
totale
Source : Banque Mondiale, perspective monde, 2019.
I. LA SITUATION ECONOMIQUE
L'économie sénégalaise est marquée
par plusieurs phases que nous allons mettre en évidence par deux
intervalles de temps pour mieux comprendre l'évolution de la dynamique
économique du pays : un premier intervalle de temps allant de 1960
à 2012 et un deuxième intervalle de temps allant de 2012 à
2019. L'indicateur utilisé le plus souvent pour mesurer le niveau de
l'activité économique est la croissance annuelle du PIB en % qui
représente la variation relative du volume de PIB en dollar constant
entre deux années. Elle reflète l'augmentation (ou la baisse dans
le cas d'une croissance négative) du niveau d'activité
économique. Les statistiques avancées dans cette partie
proviennent de la Banque Mondiale.
4
- La période de 1960 à 2012
:
Cet indicateur montre que tout au long du demi-siècle
(1960 à 2012), l'économie sénégalaise n'a jamais
été une économie de forte croissance avec une
évolution contrastée. À partir de la fin des années
70, le pays fait face à la stagnation de la production nationale, la
dégradation des équilibres financiers internes et la
montée de l'endettement extérieur, ce qui entrainera une
dégradation de la situation économique du pays. Cette phase
difficile sera suivie par une phase un peu plus favorable mais de courte
durée. La figure ci-dessous montre l'évolution de la croissance
économique du Sénégal.
Figure 2 : Sénégal, croissance annuelle
du PIB (%)
Source : Banque Mondiale, perspective monde, 2019.
Passé de 2,2% par an dans la période 1960-1969
à 3% entre 1970-1979, le taux de croissance est tombé à
1,8% entre 1980-1984. Les difficultés rencontrées par les pays
ouest-africains, notamment le Sénégal, dans les années 80
ont conduit à la dévaluation du FCFA de 1994 qui a permis la
relance de la croissance qui, pour la première fois depuis l'accession
du pays à l'indépendance, s'est maintenue pendant sept
années consécutives. En dehors de 1994 (2,9%), la croissance a
toujours dépassé le niveau de 5%. Sur la période
1996-2000, le pays a enregistré des taux de croissance du PIB de 5,6% en
moyenne. En effet, ce taux a atteint les 4,9% de 1994 à 2000 et de 6%
entre 2001 et 2003. En 2006 avec la préparation des élections
présidentielles, la croissance économique a fait une chute libre
passant de 5,62% en 2005 à 2,46%. Comme le dit la théorie des
cycles politico-économiques de Kalecki et de Nordhausen : «
Pendant les élections, les arguments politiques dominent les arguments
économiques, la rationalité économique ne revient qu'au
lendemain des élections ». Après l'élection
présidentielle, la croissance s'est redressée pour atteindre
environ 4% en 2007 et en 2008. C'est à partir de cette année que
le cadre macroéconomique a commencé à se
détériorer avec une implantation progressive d'un système
patrimonial qui se caractérise par un gonflement du budget de la
présidence, un gigantisme ministériel à partir d'une
fragmentation des
5
champs de compétences, un accroissement des agences
etc. Une des caractéristiques les plus intéressantes de
l'économie sénégalaise est le faible taux de
l'épargne extérieure qui était de 13,3% du P11B en 1997 au
moment où la zone UEMOA enregistrait un taux moyen de 16,2% (BCEAO
2000). Ce bas niveau de l'épargne explique le recours constant de
l'État aux ressources extérieures pour financer l'investissement.
Ainsi, le Sénégal fait partie des pays d'Afrique subsaharienne
qui ont reçu le plus d'aide par habitant : sur la période
1975-1997, le volume d'aide par habitant attribué au gouvernement du
Sénégal est évalué à 1500 dollars US.
- La période de 2012 à 2019
Après quelques années de ralentissement, la
croissance économique est passée de 1,46% en 2011 à 5,12%
en 2012 avec la mise en oeuvre du plan « yoonu yokute ». Mais cette
croissance n'est pas soutenue, ce qui a entrainé sa chute l'année
suivante pour s'établir à 2,82%. En 2014, après des
décennies de croissance très modeste, le Sénégal a
adopté un nouveau plan de développement : le Plan
Sénégal Émergent (PSE) visant à faire sortir le
pays de ce cycle de croissance faible et de progrès insuffisants en
matière de réduction de la pauvreté. Depuis cette
année (2014), les tendances demeurent favorables : 5 années de
croissance maintenue sur un rythme de plus de 6%. Globalement, pour le
Sénégal le taux de croissance de l'activité
économique est de 6,8% en 2018 contre 7,2% en 2017 soit un
ralentissement de 0,4 point de pourcentage imputable en partie au sous-secteur
de l'agriculture avec la rareté des pluies qui impacte
négativement la production agricole qui devrait afficher une
augmentation de 9,4% contre 16,8% en 2017. Avec l'achèvement de la
première phase du plan Sénégal émergent qui est le
document de référence de l'ensemble des actions de l'Etat, le
Sénégal a enregistré des résultats satisfaisants en
matière de croissance économique soit 6,61% en 2014, 6,4% en
2015, 6,2% en 2016, 7,2% en 2017 et 6,8% en 2018. Et le taux de croissance
attendu en 2019 est de 6,9% soit relativement une hausse de 0,1 %
comparativement à 2018 qui coïncide avec le lancement de la
deuxième phase du PSE. Ce résultat tient en partie à la
mise en oeuvre du plan de développement national, qui a dopé
l'investissement public et stimulé l'activité du secteur
privé, ainsi qu'à un cadre macroéconomique propice
à la croissance et à des conditions exogènes favorables
(bonnes conditions météorologiques et cours du pétrole
relativement bas). L'inflation reste faible et maîtrisée, et ce
malgré le taux de croissance élevé. Avec un taux de
croissance supérieur à 7 % (tiré principalement par
l'agriculture), le secteur primaire est le plus dynamique, mais le secteur
secondaire se développe et devrait passer en tête d'ici quelques
années. Du côté de la demande, ce sont les exportations et
les investissements qui ont connu la progression la plus rapide. Si le cadre
macroéconomique du Sénégal reste solide, certaines
fissures apparaissent, avec notamment la hausse des niveaux d'endettement et le
manque de liquidités. Ainsi, malgré une baisse du déficit
budgétaire, qui s'élève en 2017 à 3,7 % du produit
intérieur brut (P11B), contre 4,2 % en 2016, plusieurs facteurs
pèsent sur l'équilibre des finances
6
publiques : le vaste programme d'investissement de
l'État, le renchérissement des prix de l'énergie (qui
induisent une hausse du montant des subventions énergétiques et
une réduction des recettes en raison du gel des prix de l'essence) et
les opérations du Trésor ayant financé le déficit
d'autres entités publiques. Par conséquent, le
Sénégal a retardé les paiements dus à certains
fournisseurs en 2017. Par ailleurs, la dette publique a continué
d'augmenter, bien qu'à un rythme plus faible, et a atteint 60,8 % du PIB
en 2017. Quant au service de la dette, il est passé de 24 à 30 %
des recettes publiques entre 2014 et 2017. Pour autant, le risque de
surendettement reste faible selon la dernière analyse de
soutenabilité de la dette du FMI et de la Banque Mondiale, cette
évaluation pourrait toutefois être revue en cas d'aggravation des
indicateurs concernés. La dette extérieure aurait atteint 62 % du
PIB en 2017 selon les estimations, tandis que le déficit de la balance
courante s'est creusé, passant de 5,4 % du PIB en 2016 à 7,9 % en
2017, en raison d'une hausse des importations de pétrole et de biens
d'équipement plus rapide que celle des exportations.
Le gouvernement poursuit la mise en oeuvre du PSE et des
réformes qui l'accompagnent. Ces mesures, qui visent à maintenir
une croissance soutenue, concernent des projets d'investissement dans
l'énergie, les infrastructures de transport et l'agriculture, ainsi que
des changements en profondeur destinés à attirer davantage
d'investisseurs privés.
II. LA SITUATION SOCIALE
La structure de l'économie sénégalaise
est inadéquate à une meilleure réduction de la
pauvreté1. Cependant, on peut noter qu'il existe un
déséquilibre considérable entre la structure actuelle de
l'économie sénégalaise et celle qui permettrait à
la croissance d'avoir un meilleur impact sur la réduction de la
pauvreté. En effet, l'incidence de la pauvreté est de 80,7% dans
le secteur primaire qui englobe plus de 81% des pauvres du
Sénégal, il ne contribue qu'à hauteur de 19% à la
création de la richesse. C'est également le secteur où le
taux de croissance du PIB/tête est le plus bas (2,18%). Le secteur
tertiaire, englobant 14,3% des pauvres, contribue à fournir à lui
seul plus de la moitié (51%) de la richesse créée. Il en
est de même pour le secteur secondaire qui ne renferme que 4% des pauvres
avec cependant une contribution de 18% au PIB.
Les performances économiques, sur la période
allant de 1995 à 2001, n'ont pas suffi à garantir une
réduction significative de la pauvreté. La faiblesse de
l'investissement, l'atonie de l'agriculture et de l'industrie expliquent le
contenu modeste en emploi de la croissance économique et sa faible
propagation vers les populations les plus pauvres. Sur la base d'une ligne de
pauvreté correspondant à une consommation de 2400 calories par
personne et par jour, la première enquête budget consommation
(ESAM-I) a permis d'évaluer la proportion des ménages en dessous
du seuil de pauvreté à 57,9% en 1994. Les premiers
résultats du questionnaire unifié des indicateurs de
1 Jean Bosco KI, (2005). Croissance économique,
Pauvreté et Inégalité au Sénégal. Institut
de Recherche pour le Développement Economique et Social (IRDES),
Institut Nord-sud, mai
7
développement (QUID) évaluent cette proportion
à 53,9% en 2001. Malgré tous les efforts déployés
pour améliorer l'accès aux services sociaux de base, la structure
des dépenses publiques montre que le Sénégal est encore
loin des objectifs de l'initiative 20/20 auxquels il a souscrit ainsi que des
OMD.
Les fruits de la croissance sont faibles et de surcroit
inégalement répartis entre le milieu rural et le milieu urbain,
entre le secteur public et le secteur privé, entre les femmes et les
hommes, entre les générations, entre les différents
quartiers des villes, entre les secteurs productifs et ceux non productifs. Il
faudrait revoir les circuits de production, de distribution des richesses et
passer en revue les politiques sociales du Sénégal. Il semble que
les choix opérés jusqu'à présent en matière
de politique sociale n'ont pas permis d'améliorer significativement
l'accès aux services sociaux de base.
La répartition des revenus est marquée par de
fortes inégalités. En effet, le Sénégal se place
parmi les pays où les différences dans les conditions de vie sont
les plus marquées (World Développement Indicateurs, 1998). Le
coefficient de Gini qui mesure le degré d'inégalité dans
la répartition des revenus a une valeur de 0,51 en 1992 (Diagne 1997).
Ainsi, 40% des ménages les plus pauvres reçoivent à peine
17% des revenus tandis que les 10% les plus riches en reçoivent 44%. Un
autre indicateur qui témoigne des fortes inégalités
sociales est l'accès des différents groupes de ménages au
service de l'éducation. Diagne et al (1999) ont montré, à
partir des données de l'Enquête Sur les Priorités (ESP),
qu'en 1992 les taux de scolarisation sont d'autant plus faibles que les
ménages sont pauvres. C'est ainsi qu'on passe d'un taux de scolarisation
primaire de 26% pour les ménages les plus défavorisés
(quintile 1) à 101% pour les ménages les plus riches (quintile
5). Les mêmes calculs effectués pour les données de l'ESAM
I en 1995 font apparaître des taux bruts de scolarisation de 40% pour le
quintile le plus pauvre et de 99% pour le quintile le plus riche, ce qui
traduit une amélioration. L'écart entre les ménages riches
et les ménages défavorisés se creuse au fur et à
mesure que le niveau d'enseignement s'élève.
La forte inégalité dans la répartition du
revenu s'est accompagnée d'une paupérisation croissante de la
population. L'incidence de la pauvreté mesure la proportion de la
population vivant en dessous du seuil de pauvreté tel que celui-ci a
été défini. Ce seuil de pauvreté a
été évalué par l'ESP à 111 F CFA par jour et
par équivalent adulte en 1992, et par l'ESAM à 392 F CFA en 1995.
Alors que selon le seuil de pauvreté défini par l'ESP, le
Sénégal comptait 33% de ménages pauvres en 1992, selon
celui défini par l'ESAM, la pauvreté touchait 58% des
ménages en 1995. Ce dernier taux signifie que sur les quelques 778 000
ménages que comptait le Sénégal en 1995, 450 000 vivaient
en dessous du seuil de pauvreté. Entre les deux enquêtes, la
pauvreté s'est amplifiée. La situation alarmante de
l'économie sénégalaise à fin 2007 a entrainé
un profond malaise social qui s'est emparé de toutes les couches
populaires au premier rang desquelles la jeunesse. Le triptyque
8
chômage, précarité et pauvreté
s'est approfondi. Près de deux ménages sur trois (64%) ne sont ni
chômeurs, ni précaires mais pauvres (des adultes sans revenu). La
situation de cette catégorie s'est aggravée au cours des cinq
dernières années du régime de Wade. Le cout de la vie a
atteint des niveaux inacceptables et les inégalités se sont
creusées durant cette période : moins de 10% contrôlent
plus de 80% de la richesse nationale. La pauvreté, bien que toujours
élevée, semble avoir reculé ces dernières
années. La dernière enquête, qui remonte à 2011,
évaluait à 47 % le taux de pauvreté (source Banque
Mondiale). Les bonnes performances de croissance auraient permis de
réduire ce chiffre de 4 à 7 %. Le Sénégal occupait
la 162ème place (sur 188 pays) dans le classement de l'indice de
développement humain 2017 (qui repose sur des données de 2015).
Toutefois, avec 30 % (Banque Mondiale) des ménages les plus pauvres
couverts, le système de filets sociaux du Sénégal est l'un
des meilleurs d'Afrique. Le pays a progressé en matière de
santé infantile, principalement en s'attaquant au paludisme et à
la malnutrition chronique (retard de croissance) qui s'élève
désormais à 17 % (BM), soit le plus faible taux en Afrique
subsaharienne continentale. Les progrès ont été moins
importants en ce qui concerne la santé maternelle, néonatale,
reproductive et adolescente. Cela tient en partie au coût
élevé des soins de santé, surtout pour les habitants les
plus pauvres. En 2013, le Sénégal a lancé son programme
d'assurance santé universelle pour améliorer
l'égalité d'accès aux soins, en particulier pour les
ménages les plus pauvres, qui travaillent dans le secteur informel ou
vivent dans des zones rurales. En 2019, d'importants projets sont inscrits dans
les actions prioritaires de l'Etat en vue de réduire la pauvreté,
la vulnérabilité et l'exclusion. Dans ces projets d'ordre social
figure le programme de construction de 100 000 logements, le renforcement des
capacités de la Délégation à l'Entrepreneuriat
Rapide (DER) pour financer les jeunes et les femmes, le programme
Sénégal zéro déchet etc. Donc La mise en oeuvre de
ces projets peut réduire fortement la pauvreté d'ici quelques
années.
9
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTÉRATURE
Ce chapitre s'emploie à définir quelques
concepts rattachés à la pauvreté et à une revue des
différentes contributions ayant donné une certaine place à
la considération de la pauvreté au niveau des Etats. Au premier
plan, sera présentée d'une façon chronologique
l'apparition des approches de pauvreté. Au second plan, seront
définis des notions que nous jugeons importantes à être
comprises pour le lecteur. Si les approches sur la pauvreté existent en
nombre assez limité, les procédés de calcul sont, quant
à eux, nombreux. Ainsi, nous avons sélectionné quelques
méthodes de calcul rattachées aux différentes approches.
Nous présenterons dans cette partie quelques travaux portant sur la
pauvreté.
I. CADRE D'ANALYSE DE LA PAUVRETÉ
Dans cette partie, il s'agira de discuter des
différentes approches et des mesures de la
pauvreté.
I.1. L'approche Welfariste
Dans cette approche, le bien-être économique est
exclusivement lié à la notion de ressources monétaires.
L'école Welfariste demeure la plus usitée des écoles de
pensée de la pauvreté. Cette approche est qualifiée
généralement d'unidimensionnelle du fait qu'elle se conceptualise
autour d'un seul indicateur à caractère monétaire. En
effet, elle place la conceptualisation du bien-être dans l'espace de
l'utilité2. En effet, l'utilité est
considérée comme un synonyme du bonheur, de la satisfaction des
préférences et désirs, en tant que résumé
statistique du bien-être. Autrement dit, le bien-être est fonction
de l'utilité3 et cette dernière est une
représentation des préférences des individus. La
difficulté de quantification des préférences a
poussé à ce qu'elles soient implicitement
révélées par la demande des ménages pour les
différents biens ou en termes de pouvoir d'achat. Ainsi la formulation
de l'indicateur de niveau de vie repose sur le passage d'un niveau
d'utilité à celui de consommation correspondant ou du revenu.
Dans la pratique, le bien être des individus n'est pas facilement
identifiable car les préférences varient d'une personne à
une autre. Cette approche nous permet de tirer une première conclusion,
celle que les individus sont les seuls à savoir ce qui leur donne un
niveau de satisfaction élevé. Mais aussi une deuxième
conclusion tirée de la première selon laquelle l'État ne
doit pas intervenir dans l'économie. C'est-à-dire que ce qui doit
être produit, la façon dont on doit le produire et pour qui le
produire doivent être déterminés par les
préférences individuelles.
2(Ravallion, 1994)
3dont la satisfaction définit le niveau de bien
être à savoir le revenu ou la dépense de consommation [A.
Soliz et L. Alejandro (1999), Lachaud
(2000)].
10
L'école Welfariste préconise des politiques
axées sur l'augmentation de la productivité, de l'emploi pour une
augmentation du revenu afin de réduire la pauvreté.
Dans la plupart des travaux, les méthodes utilitaristes
de détermination des seuils de pauvreté considèrent le
niveau total des dépenses, représenté par les
quantités de biens, comme une bonne approximation du niveau de vie
comparé au revenu qu'elle considère trop variable.
Ce que nous pouvons dire de cette école, c'est qu'elle
se base sur des travaux beaucoup plus centrés sur une documentation
objective et quantitative de la condition des pauvres que sur l'expression
véritable d'une définition du phénomène.
I.2. L'approche des besoins de base
Au début du XXe siècle, l'émergence de
l'école sociologique de Chicago [cf. par exemple Frazier, 1932]
redéfinit l'étude de la pauvreté en apportant une
explication "scientifique" à la pauvreté urbaine à travers
des sujets tels que la délinquance, la déviance et la dissolution
des liens familiaux. À partir des années 1970, la recherche dans
le domaine de l'économie du développement est influencée
par divers facteurs. Parmi eux, Townsend et son approche relative de la
pauvreté qui représente un tournant de taille. L'approche
relativiste devient dans cette logique un phénomène
multidimensionnel. Pour lui, « les individus, familles ou groupes de la
population peuvent être considérés en état de
pauvreté quand ils manquent des ressources nécessaires pour
obtenir l'alimentation type, la participation aux activités, et pour
avoir les conditions de vie et les commodités qui sont habituellement ou
sont au moins largement encouragées ou approuvées dans les
sociétés auxquelles ils appartiennent. Leurs ressources sont si
significativement inférieures à celles qui sont
déterminées par la moyenne individuelle ou familiale qu'ils sont,
de fait, exclus des modes de vie courants, des habitudes et des
activités ». [Townsend, 1979].
L'étude de la pauvreté s'élargit et
intègre peu à peu des idées nouvelles, celle de
satisfaction est considérée comme un préalable à
l'atteinte d'une certaine qualité de vie et non plus perçue comme
contribuant nécessairement au bien-être. Au lieu de se concentrer
sur l'utilité comme les Welfaristes, l'accent est mis sur un ensemble de
biens et services qui représentent les besoins individuels de base.
Cette étude nouvelle, dite de besoins de bases traditionnels,
intègre : la nourriture, l'eau potable, les aménagements
sanitaires, un logement, les services de santé et d'éducation, un
service de transport public etc. Les limites de cette approche sont
liées à la définition même des besoins de base.
Malgré la différence idéologique avec l'école
Welfariste, cette école reconnait le bien-fondé des politiques
visant à accroitre les revenus, et les considère comme une arme
de lutte contre la pauvreté. Néanmoins, cette approche dite de
besoins de base met plus en avant les politiques visant particulièrement
la satisfaction des besoins de base qui sont des choses essentielles à
la vie comme le dit Lipton : «On doit être avant d'être
bien».
11
C'est en 1901 que Rowntree analyse et mesure
sérieusement, pour la première fois, le concept de « besoins
de base » en travaillant essentiellement sur trois catégories :
l'alimentation, le logement et les articles ménagers comme les
chaussures, les vêtements et le carburant.
Cette analyse se développe davantage avec Asselin et
Dauphin, en 2002, qui estiment que la pauvreté a atteint un niveau
inacceptable, qu'elle a engendré une iniquité sociale à
laquelle il est urgent et impérieux de remédier. Le pauvre, selon
cette perspective, est privé d'un minimum de commodités de base
jugées préalables à l'atteinte d'une certaine
qualité de vie. Cette analyse offre non seulement l'avantage de
conceptualiser la pauvreté multidimensionnelle, mais aussi de pouvoir
mesurer les privations des individus dans les domaines variés de la vie
humaine. Elle est donc plus élargie que celle proposé par
Rowntree.
I.3. L'approche des capacités
Parmi toutes les approches de la pauvreté
monétaire ci-dessus citées, l'approche des besoins de base est
celle qui a été le plus critiquée par l'approche des
capacités d'Amartya SEN, prix Nobel d'économie 1998. L'approche
de la pauvreté de potentialité ou de capacité
développée par Amartya SEN (économiste, philosophe et prix
Nobel 1998) critique et délimite les insuffisances de l'approche des
besoins de base. Cette approche s'inscrit dans le champ d'une réflexion
sur la justice sociale, l'égalité et les
inégalités. Elle permet d'aborder la pauvreté en la
considérant comme le résultat d'une incapacité
résultant d'une santé déficiente, d'une éducation
insuffisante ou de déséquilibres nutritionnels. Il y a trois
concepts de base à retenir dans cette approche :
- Les fonctionnements recouvrent toutes les choses de valeur
qu'une personne aspire à faire ou être. En d'autres termes, c'est
l'ensemble des possibilités d'être et d'agir des individus qui
leur permet de tirer profit des biens dont ils disposent tels que : être
bien nourri, bien logé, en bonne santé, rester digne à ses
propres yeux, être en mesure de prendre part à la vie sociale,
etc. Contrairement à l'approche des besoins de base qui sont fonctions
des caractéristiques des individus ou des ménages, le
fonctionnement est défini par rapport à l'ensemble de la
population à l'instar d'une nutrition adéquate,
aménagements sanitaires, éducation de grande qualité pour
tous, etc. La transformation des caractéristiques des biens en
fonctionnement repose sur trois facteurs : Des facteurs personnels (condition
physique, sexe, compétences), des facteurs sociaux (services publics,
infrastructures, normes sociales, pratiques discriminatoires, etc.) et des
facteurs environnementaux (pollution, etc.).
- Les «capabilités» sont définies
comme étant un ensemble de «fonctionnements» susceptibles
d'être mis en oeuvre par un individu. Cette approche met l'accent sur
l'aptitude des individus à transformer les caractéristiques des
biens de manière à en tirer profit. Autrement dit,
posséder un bien avec ses caractéristiques est une voie pour
réaliser les choses jugées de valeur par les individus. A
titre
12
d'exemple, si un individu possède une voiture, il doit
se rendre compte qu'elle a été construite pour être
utilisée, c'est-à-dire qu'elle doit fonctionner d'une
manière ou d'une autre, pourvue de procurer satisfaction ou profit
à son détenteur. Ainsi, il ne suffit pas que l'individu ait la
possibilité financière de s'offrir un bien, il faut qu'il
éprouve un besoin à se le procurer. Par-là, nous
comprenons que le revenu est certes un bon moyen pour développer ses
capacités, mais le tout émane des possibilités de choix et
d'actions. Ils existent d'autres facteurs économiques influençant
la production des capabilités à l'instar des libertés
politiques, des conditions environnementales, etc. Les capabilités
devraient représenter une liberté de mener différentes
sortes de vie formées par différentes combinaisons de
fonctionnements humains qui permettent aux individus d'exercer leur libre
initiative, choisir de manière autonome leurs actions. En un mot,
l'approche de Sen met l'homme au coeur du problème de la pauvreté
contrairement à d'autres approches, et l'homme est défini par sa
capacité à atteindre les fonctionnements définis plus
haut. Dans ce contexte, un agent ne peut être considéré
comme pauvre même s'il décide ne pas atteindre certains
fonctionnements vus plus haut et ce, aussi longtemps qu'il aura la
possibilité de les choisir dans un ensemble de fonctionnements.
- Quant aux accomplissements, ils représentent
l'ensemble des modes de fonctionnement qu'une personne exerce vraiment. A ce
niveau, il est utile de noter qu'il faut différencier accomplissement et
liberté d'accomplissement. L'approche de droit de Sen attribue une
grande valeur à la liberté d'accomplir puisqu'elle permet
d'élargir les possibilités de choix auxquelles fait face
l'individu.
I.4. L'approche subjective
Toutes les approches citées ci-dessus sont d'ordre
objectif. L'objectivité peut être expliquée du fait que de
toutes les questions constituant un questionnaire, aucune d'elles ne renferme
le vocable pauvre, mais pour le statisticien ces questions sont d'ordre
à renseigner sur la pauvreté. En quelque sorte, le
répondant est aveuglé. Parallèlement à cette
méthodologie de l'objectivité, il existe une autre
méthodologie, celle de la subjectivité. Comme son nom l'indique,
ça émane du sujet. Le sujet comprend nettement que les questions
qui lui sont posées sont d'ordre à ressortir de ce qu'il pense de
son niveau de vie ou de ses conditions de vie.
La subjectivité de la pauvreté réside sur
la façon dont les sujets perçoivent eux-mêmes leur
bien-être. En effet, elle se nourrit de réponses relativement aux
questions de perceptions des ménages sur les principales causes de la
pauvreté, sur la nature des difficultés liées à
leurs conditions de vie, sur les stratégies adoptées pour joindre
les deux bouts, sur leurs besoins et priorités par rapport à la
formulation de la politique gouvernementale, et éventuellement par
rapport à d'autres thématiques considérées comme
plus importantes que celles jugées prioritaires par les autorités
nationales. En réalité, c'est un procédé d'opinions
sur différents domaines de la vie des populations (satisfaction des
besoins matériels et immatériels, participation,
appréciation de l'environnement politique et
13
social, système de valeurs, etc.) reconnaissant que les
seuils de pauvreté sont le fruit de jugements fondamentalement
subjectifs de ce que constitue un niveau de vie minimum acceptable par la
population d'une société donnée. Ainsi un chef du
ménage sera le mieux placé pour indiquer le jugement
nécessaire de niveau de vie de son ménage pour ne pas être
pauvre. On retrouve des questions comme [Selon vous, quel est le niveau du
revenu mensuel au-dessous duquel vous ne pourriez pas joindre les deux bouts
?]. Pradhan et Ravallion et (Van Praag et al, 1994) ont écrit sur ce
type de pauvreté.
En définitif, toutes ces approches favorisent une
meilleure prise en charge des problèmes de la pauvreté dans le
monde. Elles nous permettent de mieux comprendre ce phénomène et
de définir des stratégies et des politiques économiques
efficaces visant la satisfaction des besoins de base, générateur
de capacité d'atteindre certains fonctionnements afin d'avoir un
bien-être économique plus élevé.
II. DÉFINITION DES CONCEPTS ET
DIFFÉRENTES MESURS DE LA PAUVRETÉ Les
développements ci-dessus montrent que la pauvreté est
considérée comme un phénomène économique et
mérite d'être abordée sous plusieurs angles. À ce
titre, une seule définition ne suffirait pas à cerner de tels
enjeux. Nous présenterons plusieurs acceptions de la pauvreté,
mais nous n'étudierons en détails que l'acception
monétaire.
II.1. Définition des concepts II.1.1.
Pauvreté monétaire
La pauvreté monétaire est une pauvreté
mesurée par les revenus ou les dépenses de consommation des
sujets. La plupart des pays utilise le niveau des dépenses de
consommation pour calculer la pauvreté monétaire. En effet, il
est si difficile qu'un ménage, lors d'une enquête, fasse un
état de ce qu'il gagne effectivement à moins de lui proposer des
tranches de revenus à forte dispersion. Ce procédé biaise
les résultats. Il est préférable de suivre la
fréquence des dépenses en consommation des ménages afin
d'évaluer en terme réel leur niveau de vie.
II.1.2. La pauvreté non monétaire
La pauvreté non monétaire est une
pauvreté qui ne repose pas sur les critères monétaires. La
conséquence de cette dernière est l'exclusion de certaines
pratiques sociales, de certaines normes de consommation, de certaines
privations dont souffre une partie de la population prise en compte par la
pauvreté non monétaire. Les éléments abordés
par ce type de pauvreté sont nombreux, surtout dans les pays
développés. Par exemple, on tient compte des fréquences
des découverts bancaires, du niveau d'épargne, les retards de
paiements inhérents aux loyers et à l'impôt,
l'incapacité de maintenir le logement à bonne température
et de pouvoir faire des repas de qualité, absence des toilettes, etc.
Les
14
approches multidimensionnelles, de conditions de vie, du
patrimoine font partie de cette optique à caractère non
monétaire.
II.1.3. Pauvreté multidimensionnelle
Comme son nom l'indique, c'est une approche qui tient compte
de plusieurs dimensions ou aspects de la pauvreté. Selon la
littérature, trois groupes de pensées ont défini ce
concept comme suit : Bourguignon et Chakravarty emploient l'expression «
pauvreté multidimensionnelle » pour désigner une situation
où des privations dans plusieurs dimensions permettent d'identifier si
une personne est pauvre d'un point de vue multidimensionnel et de
décrire l'étendue de sa pauvreté.
Pour l'approche d'intersection une personne identifiée
comme multidimensionnellement pauvre si et seulement si elle subit des
privations dans toutes les dimensions. En outre l'approche unioniste qualifie
de pauvre multidimensionnel une personne qui est privée d'une quelconque
dimension. La pauvreté multidimensionnelle peut être
définie comme un manque par rapport à un seuil dans chacune des
dimensions du bien-être d'un individu.
II.1.4. Bien-être
Le bien-être est un comparateur universel, à
partir duquel s'élaborent toutes les différentes
définitions de la pauvreté. Quand elle varie selon les choix
considérés ou les dimensions, deux grandes écoles de
pensée ont émergé, les `'utilitaristes» ou
`'welfaristes» et les `'non utilitaristes'. En effet, pour les welfaristes
le bien-être traduit le niveau de satisfaction qu'un sujet perçoit
; soit par usage de son revenu soit par l'accessibilité aux biens et
services fondamentaux dont la littérature classique montre qu'il y a des
bases théoriques suffisantes pour assimiler cette dernière
à une `'bonne» approximation du bien-être pour l'analyse de
la pauvreté. Les non utilitaristes tiennent compte de plusieurs aspects,
outre les aspects précités de la vision monétariste.
Cependant, il faut noter que la conception du bien-être varie en fonction
de l'importance accordée à la perception de la personne quant
à son bien-être : le bien-être est de ce fait une notion
subjective.
II.1.5. Seuil de pauvreté
Toutes les écoles de pensées de la
pauvreté semblent s'accorder sur la pensée d'Asselin et Dauphin
(2000) qui considèrent comme pauvre, « toute personne qui
n'atteint pas un minimum de satisfaction raisonnable d'une chose ».
Autrement dit, tout sujet ayant un niveau de bien-être inférieur
à la ligne de pauvreté fera donc partie des pauvres. Ce qui
distingue ces écoles est la nature (revenu, consommation, niveau
d'accessibilité à certaines commodités de base comme
l'éducation, la santé, le travail, ...) et le niveau de ce
minimum qui est la frontière qui sépare les pauvres des non
pauvres.
15
II.1.6. Profil de la pauvreté
En 1993 la Banque Mondiale a défini le profil de
pauvreté comme étant « un dispositif analytique qui
résume l'information sur les sources de revenu, les modes de
consommation, les activités économiques et les conditions de vie
des pauvres ». Cette définition a été soutenue
et améliorée par le PNUD (1999) comme « un outil
analytique qui résume la somme des informations recueillies sur le
phénomène et la structure de pauvreté d'un pays en tentant
à la fois de définir la pauvreté du pays, d'identifier et
localiser les pauvres, et de souligner les principales manifestations de la
pauvreté ». Il indique les manifestations essentielles de la
pauvreté et donne une facette enrichie sur la façon dont la
pauvreté varie d'une localité à une autre, d'un groupe
particulier de population à l'autre. Le profil de pauvreté est
élaboré en cinq étapes : (1) l'établissement d'un
consensus sur l'approche conceptuelle ; (2) le choix d'un seuil qui
sépare les pauvres et les non pauvres ; (3) le choix des indicateurs
spécifiques qui capturent le mieux les dimensions de la pauvreté
; (4) l'analyse de ces indicateurs ; et (5) la formulation des
stratégies adaptées.
II.2. Mesure de la pauvreté
Toutes les écoles font recours à un seuil qui
permet de distinguer les pauvres des non pauvres. Ce qui les
différencie, c'est la manière dont est calculé ce seuil.
De nos jours, l'étude économique d'un fait n'est pas seulement
réalisée d'un point de vue qualitatif, il faut proposer des
méthodes et outils de quantification. Plusieurs méthodes de
mesure de la pauvreté ont été proposées. Nous
allons nous attarder sur quelques-unes de ces méthodes, sachant qu'il en
existe d'autres.
II.2.1. Mesure de la pauvreté monétaire
Pour le cadre monétaire, un ménage ou individu
ayant un revenu inférieur au revenu correspondant au seuil de
pauvreté est considéré comme pauvre. À l'inverse,
un ménage ou individu ayant un revenu supérieur au revenu
correspondant au seuil de pauvreté est considéré comme non
pauvre. On note l'existence de plusieurs procédés de
détermination du seuil. Globalement, deux approches sont mises en
évidence sous l'impulsion de la Banque Mondiale : le seuil de
pauvreté absolue et le seuil de pauvreté relative.
- Seuil de pauvreté absolue globale
On parle de pauvreté absolue lorsqu'un individu ou
ménage ne dispose pas des attributs considérés comme ceux
du bien-être. Les seuils de pauvreté élaborés
à partir des données relatives à la consommation des
individus et des ménages, à l'aide desquelles on construit une
ligne de pauvreté normative au-dessous de laquelle les individus et les
ménages sont considérés comme pauvres, relèvent
d'une approche absolue. Le seuil absolu de pauvreté est classiquement
présenté en deux grandes catégories : la catégorie
des seuils de pauvreté à des fins de comparaisons internationales
et la catégorie des seuils nationaux de pauvreté. Parmi les
seuils de pauvreté destinés aux comparaisons
16
internationales, le plus utilisé est celui
calculé par la Banque Mondiale, à l'aide de la consommation ; il
est égal à 1 dollar (en parité de pouvoir d'achat, ou PPA
de 1985) par jour et par personne. En principe, chaque année, la Banque
Mondiale élabore un seuil de pauvreté absolue en convertissant le
seuil de pauvreté d'au moins 30 pays en voie de développement
(PVD) en PPA aux prix de 1985, puis, retient comme nouveau seuil de
pauvreté absolue la médiane des dix (10) seuils de
pauvreté en queue. En définitive, le nouveau seuil de
pauvreté absolue choisi a un pouvoir d'achat similaire à celui de
1 dollar par jour en PPA aux prix de 1985. Les seuils de pauvreté
nationaux sont confectionnés par chaque pays. Sachant que le
problème de développement en Afrique et dans la presque
totalité des pays du tiers monde reste la famine, les PVD qui ont
essayé d'élaborer des seuils de pauvreté l'ont construit
autour d'une approche alimentaire.
- Le seuil de pauvreté absolue alimentaire
(za)
Il existe deux modes d'évaluation inhérente
à la pauvreté relativement à l'optique alimentaire : la
méthode de l'énergie nutritive (Ravallion et Bidani, 1994 ;
Ravallion et Sen, 1995) et la méthode du coût des besoins
essentiels (Ravallion, 1994 ; Coudouel et al., 2002). Pour la méthode de
coûts, on fixe un panier de biens représentatifs en tenant compte
d'un niveau de calories à atteindre et on le valorise au prix d'une
région ou ville du pays, la valeur obtenue sera considérée
comme seuil national. Pour le reste des régions ou villes, on appliquera
un déflateur de l'agrégat de consommation (déflateur
spécial).
- Le seuil de pauvreté absolue non
alimentaire
Le seuil de pauvreté non alimentaire est
déterminé selon trois approches :
? La première est basée sur la loi d'Engel. Elle
modélise la consommation non alimentaire comme une fraction de la
consommation alimentaire. Et par voie de conséquence, le seuil non
alimentaire est estimé comme une fraction du seuil alimentaire. Cette
fraction est variable suivant les pays mais la pratique montre qu'elle varie en
général entre 50% et 60 %.
? La deuxième résulte des travaux de Ravallion.
Le bien essentiel non alimentaire de base est défini par Ravallion comme
un bien non alimentaire dont l'obtention nécessite de renoncer à
satisfaire un besoin alimentaire de base. Le montant
correspondant au seuil de pauvreté alimentaire est
considéré comme le montant des dépenses non alimentaires
de base. On peut chercher à mesurer ces dépenses non
alimentaires de base du fait que les ménages allouent leurs ressources
pour satisfaire des biens non alimentaires au détriment des besoins
nutritionnels. Pour un ménage qui a la possibilité de satisfaire
tout juste ses besoins nutritionnels ZA, son niveau de dépenses non
alimentaires est DNA. Pour ce type de ménage, la valeur de DNA est
estimée comme suit, dans l'équation une fois la valeur de ZA
connue :
DNA = ??A - ????A = (1 - ??)??A
17
On détermine ainsi un seuil de pauvreté
inférieur Z??????é?????????? comme la somme du seuil
alimentaire et du seuil non alimentaire.
Z??????é?????????? = ZA + DNA = ZA + (1 - a)ZA = (2
- a)ZA
On peut aussi retenir un seuil de pauvreté
supérieur Z??????é??????????, considéré
comme représentant une provision maximale raisonnable pour les besoins
non alimentaires de base, si l'on suppose que les personnes qui satisfont
à leurs besoins nutritionnels ont aussi satisfait à leurs besoins
non alimentaires.
Z??????é?????????? = ???????? ??(??) =
D'où l'on déduit que :
Z??????é?????????? = ZA x
Les valeurs des différents paramètres a ??t
fi sont tirées de l'estimation de la fonction de demande
alimentaire suivante : Pour un ménage ?? donné, on a
:
???? = a + fi x l??(????
????) + Où :
???? Correspond à la part des dépenses
alimentaires dans la dépense totale Y?? ;
?? représente une estimation de la part de la
consommation alimentaire moyenne des ménages ; a et
fi sont des paramètres qui ont été
estimés économétriquement à partir des informations
sur les dépenses des ménages.
? La troisième s'inspire de l'approche
précédente et estime le seuil non alimentaire comme la valeur
moyenne des dépenses non alimentaires des ménages. Le seuil
pauvreté non alimentaire se trouve dans le voisinage du seuil de
pauvreté alimentaire. Le critère de voisinage
généralement retenu fait allusion à un intervalle de
#177;10% ou #177;15% du seuil alimentaire. Le seuil non
alimentaire est estimé comme suit :
DNA = ?? [YNA|0,9ZA ~ Y?? ~ 1,1ZA]
- Seuil de pauvreté relative
La pauvreté relative s'intéresse aux
différences relatives entre sujets (individus ou ménages) d'une
même communauté ou d'un groupe social. Elle change de nature d'une
couche sociale à une autre, à l'intérieur d'un groupe
social, tant chez les pauvres comme les riches. Le vocable pauvreté
relative est utilisé pour désigner la situation des personnes
défavorisées comparativement aux autres membres de la
société. Le seuil de pauvreté relatif est calculé
de la manière suivante : on fixe une proportion égale à la
moyenne arithmétique ou à la médiane de la
répartition de la consommation voire du revenu à l'instar d'un
quintile des dépenses moyennes. Tous les sujets en dessous du
18
premier quintile sont considérés comme
relativement pauvres, et, au-dessus, sont considérés comme non
pauvres. Il convient de préciser que l'accroissement du revenu ou de la
consommation impacte dans les mêmes proportions le seuil de
pauvreté relative. Ainsi la mesure de la pauvreté ne subit aucun
impact suite à un doublement de la distribution des revenus ou de la
consommation, c'est la propriété d'invariance de la mesure de la
pauvreté induite par le seuil de la pauvreté relative. Cela n'est
pas le cas au niveau du seuil de pauvreté absolu.
- Incidence de la pauvreté
monétaire
La mesure de la pauvreté se fait à l'aide des
indices de pauvreté. Il existe plusieurs indices de pauvreté dont
les plus courants dans la littérature sont ceux de Foster, Greer et
Thorbecke (1984). Ils sont calculés à partir de la distribution
des revenus. Soit R(.), la distribution des revenus, z, le
seuil de pauvreté monétaire et y la consommation
annuelle (par équivalent adulte), alors pour un a donné,
l'indice s'écrit :
Cet indicateur peut pragmatiquement être estimé
en un indicateur discret. Soit n, le nombre de ménages faisant
partie de l'échantillon dont le revenu par équivalent adulte,
classé par ordre croissant, est de yi, y2, ... , yn
et que q est le rang du dernier pauvre dans cet échantillon,
l'indicateur Pa peut être estimé par :
?
P
|
? n (z z yi ??
iAvec q = Max(i) tel que yi <_ Z
|
Pour a compris entre 0 et 2, on a un certain nombre de
mesures de pauvreté monétaire.
Pour a= 0, P0 = Q
n
Cet indice est appelé taux de pauvreté (incidence
de la pauvreté ou l'indice de Head count). Il permet de connaître
le pourcentage de pauvres dans une région, une ville ou même dans
un pays. Cependant, cet indice ne tient pas compte des niveaux de
pauvreté, c'est-à-dire qu'on ne sait pas parmi les pauvres quels
sont les plus « vulnérables ».
4 _
Pour a = 1 P1 = 1 z
.Yl Avec yi <_ z
n i?1?z
Cet indice est appelé profondeur de la pauvreté
(intensité de la pauvreté, poverty gap ou gap). Il permet de
mesurer la part de revenu moyen qu'il faut octroyer aux pauvres pour les
ramener au niveau du seuil de pauvreté. Ainsi, cet indice peut permettre
d'éliminer la pauvreté en procédant à
19
des transferts aux pauvres. Le montant minimum de
l'élimination de la pauvreté par des transferts ciblés est
:
Pour a= 2, Avec yi ~ z
Cet indice est la sévérité de la
pauvreté ou écart de pauvreté au carré. Comme la
profondeur de la pauvreté, la sévérité augmente si
le revenu moyen des pauvres diminue. Cependant, elle augmente aussi quand la
distribution entre les pauvres devient inégale. Ainsi, cet indice
revient à pondérer l'écart de pauvreté en
privilégiant les personnes en situation d'extrême pauvreté.
Autrement dit, il permet d'apprécier les écarts qui existent
entre les pauvres. Il répond à une question à laquelle ne
peut répondre l'incidence.
II.2.2. Mesure de la pauvreté
multidimensionnelle
On peut résumer en deux les approches de mesure de
pauvreté multidimensionnelle : les approches axiomatiques et les
approches non axiomatiques.
II.2.2.1. Approche axiomatique
Selon cette approche on ne peut considérer une personne
comme pauvre du fait qu'elle est incapable d'atteindre le minimum requis pour
l'un des besoins fondamentaux, mais il semble raisonnable de juger un individu
pauvre si son espérance de vie tombe en dessous d'un certain seuil
même si son niveau de revenu est élevé. Beaucoup d'indices
de pauvreté proposés dans le cadre de la pauvreté
unidimensionnelle ont été adaptés au contexte
multidimensionnel en respectant les axiomes puis en se référant
à un seuil donné de pauvreté pour chaque indicateur
primaire d'Asselin. (Bourguignon et Chakravarty, 2002 ; Foster et al.
1984). Rappelons que les axiomes ci-dessus cités expliquent les
fondements éthiques et moraux qu'il conviendrait d'avoir à
l'égard des démunis, de sorte qu'un indice de pauvreté se
construise en reflétant assez bien ces axiomes.
II.2.2.2. Approche non axiomatique
Dans l'approche non axiomatique, on distingue deux
catégories de mesure : celle basée sur les indicateurs
agrégés de bien-être et celle axée sur les
données individuelles.
II.2.2.2.1. Approche basée sur les indicateurs
agrégés
Dans cette approche on peut par exemple citer l'indice de
pauvreté humain (IPH) proposé par Arnand et Sen (1997). L'IPH est
un indice permettant de caractériser le niveau de pauvreté d'un
pays. Il a été créé par le programme des nations
unies pour le développement (PNUD). Cet indice varie entre 0 et 100, en
fonction de 5 critères notés de 0 à 20.
20
La pauvreté est essentiellement estimée par le
nombre de personnes vivant avec un revenu en dessous d'un niveau dit « de
pauvreté », qui, en 2002, était de 2 USD par jour. D'autres
niveaux de pauvreté sont fixés à 1,4 et 11 USD par jour,
ce qui permet d'affiner l'analyse. Le niveau de revenu de 1USD par jour est
appelé « niveau d'extrême pauvreté ». Le PNUD
utilise également des indicateurs indirects qui mesurent l'impact de la
pauvreté sur la population et qui servent à calculer des
indicateurs composites de pauvreté humaine IPH-1 et IPH-2(indice de
pauvreté humaine).
L'IPH-1, plutôt adapté au classement des pays
pauvres ainsi que des pays en développement, est calculé à
partir des trois indicateurs P1, P2 et P3 ,
exprimés en pourcentage avec :
P1, le pourcentage de décès avant 40 ans.
P2, le pourcentage d'analphabétisme.
P3, représente le manque des conditions de vies
décentes, il est lui-même la moyenne arithmétique de trois
sous-indices P31, P32 et P33, avec :
P31, le pourcentage des personnes privées
d'accès à l'eau potable ;
P32, le pourcentage de personnes privées
d'accès aux services de santé ;
P33, le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans souffrant
d'insuffisance pondérale plus la mortalité infantile.
A partir de 2001, on a vu une rectification dans la
méthode de calcul du dernier indice en éliminant le pourcentage
de personne privées d'accès aux services de santé à
cause d'un manque de données fiables. On calcule alors :
P3 =
P31 + P32 + P33
3
L'IPH-1 s'écrit :
IPH-1=v??13+??23+??33
3
3
l'IPH-2, plutôt adapté au classement des pays
développés (il est utilisé pour la plupart des pays
de
l'OCDE), calculé à partir des quatre indicateurs
P1, P2, P3 et P4 exprimés en
pourcentage avec :
P1, le pourcentage de décès avant 60 ans ;
P2, est le pourcentage d'illettrisme ;
P3, représente le manque des conditions de vies
décentes, estimé par le pourcentage de personnes vivant en
dessous de la demi-médiane de revenu disponible des ménages : si
M est le niveau de revenus tel qu'une moitié de la population a
un revenu à M et l'autre moitié un revenu
inférieur à M, alors P3 est le pourcentage de
personnes ayant un revenu inférieur à M/2 ;
P4 est le pourcentage de personnes en chômage
de longue durée c'est-à-dire membre de la population active et
sans emploi depuis au moins 12 mois.
L'IPH-2 s'écrit :
21
IPH-2= v??13+??23+??33+??43
3
4
Plus un IPH est élevé, plus un pays est pauvre.
II.2.2.2.2. Approche basée sur les données
individuelles :
Dans cette approche, les mesures les plus citées dans
la littérature et les plus appliquées actuellement dans le cas
des pays en développement sont : les méthodes fondées sur
la théorie des ensembles flous, celles basées sur le
critère d'entropie et des mesures faisant appel au critère de
l'inertie.
II.2.2.2.2.1 Approche fondée sur la théorie
des ensembles flous
Cerioli et Zani, en 1990, furent les premiers à offrir
une première méthode multidimensionnelle basée sur la
théorie des ensembles flous (fuzzy sets). Elle est selon Zadeh, un pas
vers un rapprochement entre la précision des mathématiques
classiques et la subtile imprécision du monde réel. Un
rapprochement né de l'incessante quête humaine pour une meilleure
compréhension des déterminants mentaux de la connaissance. Elle a
donc pour objet d'étude la représentation des connaissances
imprécises et le raisonnement approché.
On peut définir la fonction d'appartenance du
i-ème ménage au sous ensemble flou B comme le
poids moyen de x ,, ??????.????
Y i'~ uB = ?????
????=1
C'est le ratio de pauvreté du i-ème
ménage ; avec ???? le poids relatif au j-ème
attribut et où
0 = uB(????) = 1. On a :
uB(????)=0, si ???? possède les m
attributs ;
uB(????)=1, si ???? est totalement dépourvu des
m attributs ;
0 = uB(????) = 1, si ???? est privé seulement de
quelques attributs.
Notons que le poids ???? représente l'intensité
de privation liée à l'attribut ????. Plus le nombre de
ménages privés de l'attribut ???? est petit, plus le poids ????
sera grand. Ainsi dit, ???? peut s'écrire de la manière suivante
:
? ??(????)
??
??=1
???? = ?????? [ ]
? ????????(????)
??
??=1
On obtient l'indice de pauvreté flou de l'ensemble A
par la formule suivante :
? u??(????)??(????)
??
??=1
u??= ? ??(
?? ??=1 ????)
On peut aussi calculer un indice unidimensionnel pour chacun
des j attributs définissant le degré de privation du
j-ème attribut pour la population des n
ménages. Ainsi :
? ????????(????)
??
??=1
u??(????) = ? ??(????)
??
??=1
22
L'indice de pauvreté flou global peut aussi être
obtenu comme une moyenne pondérée des indices unidimensionnels
pour chaque attribut :
u??
|
?T `=1
|
u??
|
(????)????
|
=
??? ??=1 ????
|
Cette méthode est très adaptée à
l'étude des situations dont les connaissances sont imparfaites
(incertaines et imprécises), admettant ainsi qu'il n'existe pas de
critère précis pour distinguer quels éléments
appartiennent ou non à un ensemble à priori. Cette méthode
permet de construire un indice comprenant les différentes dimensions
(attributs) de la pauvreté. Cette approche a pour avantage aussi de
permettre d'introduire une décomposition synthétique qui combine
à la fois le rôle des groupes d'une population et les dimensions
de la pauvreté dans l'explication de la pauvreté totale.
II.2.2.2.2.2. L `approche d'entropie
Elle a été développée à
l'origine par Claude Shannon (1948, A Mathematical theory of communication)
pour mesurer la quantité d'information. L'entropie est définie
comme la mesure de l'incertitude associée à une variable
aléatoire. E. Maasoumi (1999) est parti de cette théorie
s'appuyant sur une mesure de divergence entre deux distributions pour proposer
un indicateur composite optimal qui minimise une somme pondérée
de divergence deux à deux.
Soit P?? = P[?? = ????], i = 1, ... n, la
probabilité que le résultat d'une expérience ????
avec 0 = p?? = 1. Ainsi, la fonction captant l'information
générée par l'expérience est supposée
être une fonction de probabilité. Par ailleurs on pose que
??(.) est une fonction décroissante : ??(1) = 0 et ??(0) =
8. Enfin, l'information anticipée d'une expérience est
définie par :
H(p) ? ? Pi
g P i
( ) ? 0; P = (P??, ........., P??)
n
i?1
On définit l'entropie comme la mesure de l'incertitude
associée à une variable aléatoire.
Si ??(p??) = -??????P??, H(P), est l'entropie de
Shannon. Dans ce cas on a :
- pour un évènement sûr, par exemple P =
(0,1,0, .... ,0), H (P) = 0 ;
- pour des évènements équiprobables,
H(P) = log (??) ;
- 0 = H(P) = ????????
On peut alors définir des mesures pour déterminer
la divergence entre distributions. Prenons le cas
de deux distributions : la première P (P??,
... , P??) et la deuxième Q (Q??, ... , Q??)
obtenue après
modification de la première. La mesure de divergence entre
les deux distributions est donnée par :
n Q i
D ( Q ,
P ) ? ?Q log
P
i ?1 i
i
Il a été proposé une classe alternative de
mesures basée sur la famille d'entropie généralisée
:
? ?
1 ? ?
x ?
GE x X ? ? ? ?
iT
( , ; ) ? x ?? ?? ? ?
? t j iT
? ( ? ? 1) ? ?
j ? 1 i ? ?
L'aspect théorique évoqué ci-dessus peut
être adapté dans le cadre de la pauvreté
multidimensionnelle comme suit : soit n individus
indicés par i avec ?? = 1, , ?? et de m attributs
de
bien-être indicés par j, avec ?? = 1, ... , ?? et ??????
représente alors la valeur d'un attribut j pour l'individu
i. On procède en deux étapes. Dans un premier temps, on
agrège le vecteur d'attributs (????1,......, ??????) de
l'individu d'indice i en une valeur unique ??????. L'idée est de trouver
un vecteur ???? = (??1??, ... , ??????) qui reflète le plus possible le
bien-être procuré à chaque individu par l'ensemble des
attributs. Dans ce cas, il s'agit de minimiser la fonction d'entropie
généralisée suivante :
m
??? n ? 1 ?
1 ? ? x ij ?
m
E "
X 8 j x ij
( ) _ I l
x iT ?
= 1
L j J
? j
? j ? j
, ???????? ? 0, -1
Où ???? représente le poids de l'attribut
j. La solution du cas général de cette minimisation est
:
1
_
"
, avec
?
m
?
j?1
23
Dans un deuxième temps, on cherche à identifier
les critères de définition de la pauvreté. L'approche
d'entropie issue de la mécanique dynamique est beaucoup exploitée
dans la théorie statistique de l'information. Cette théorie a
été critiquée par Asselin (2002), qui souligne que la
théorie d'entropie souffrirait d'un problème
d'indétermination lié à la nature paramétrique des
mesures proposées, et à la détermination du poids des
attributs avec un degré important d'arbitraire. Pour Asselin, l'approche
d'inertie proposerait des méthodes permettant d'éliminer autant
que possible le problème d'arbitraire dans le calcul de l'indice
composite.
II.2.2.2.2.3. L `approche d'inertie
Cette approche est basée sur les techniques dites
d'analyse de données (J.P Benzecri et coll, 1973 ; P. Bertier et J.M.
Bouroche, 1975 ; F. Caillez et J. Pages, 1976 ; M. Volle, 1978) et dont les
principales méthodes sont l'analyse en composantes principales (ACP),
très prisée dans les pays anglo-saxons, et l'analyse en
correspondances multiples (ACM). Ces méthodes factorielles
relèvent de la géométrie euclidienne et conduisent
à diagonaliser une matrice carrée en extrayant les valeurs et les
vecteurs propres. Ce sont des méthodes exploratoires
multidimensionnelles qui permettent de décrire des relations entre deux
ou plusieurs variables en fournissant une représentation graphique sous
forme d'un nuage de points projetés dans un sous-espace de faible
dimension. Nous pouvons à
24
l'aide de ces méthodes réaliser une étude
d'homogénéité entre les indicateurs de bien-être et
construire un indicateur composite de bien-être.
Considérons un tableau X à n
lignes et p colonnes, c'est-à-dire p variables
mesurées sur n individus ; X = {xL1, i E I et j E J}.
Avec Card(I) = n, le nombre d'éléments de l'ensemble
I (les individus) et Card(J) = p, le nombre
d'éléments de l'ensemble J (les variables). À ce
tableau, on peut associer deux nuages de points :
- le nuage des n lignes dans E = Rp, E est
appelé espace des individus et l'on note N(J) le nuage des
individus
- le nuage des p colonnes dans F =
Rn, F est appelé espace des variables et l'on
note N(I) le nuage des variables.
Le problème géométrique de l'analyse
factorielle que l'on se pose est d'obtenir, dans un système d'axes
appropriés, la meilleure représentation des nuages
précédents. Pour obtenir ce système d'axes dits axes
factoriels, ou axes d'inertie, on opère pas à pas, en cherchant
l'espace à une dimension E1, puis l'espace à deux
dimensions E2, et de façon générale, l'espace
à k dimensions E1 ajustant au mieux (au sens de
l'inertie) les nuages de points.
L'approche d'inertie se base sur ces différentes
techniques pour proposer une méthodologie permettant de construire un
indicateur composite avec le moins d'arbitraire possible dans la
définition de la forme fonctionnelle (Bosco et al, 2005).
II.2.2.2.2.4. Approche économétrique de
Desai et Shah (1988)
La démarche de Desai et Shah (1988) a été
utilisée pour la détermination du niveau de la pauvreté
multidimensionnelle ou style de vie. Elle vise l'agrégation des
différents comportements de consommation et des différentes
conditions d'existence. Pour cela, le recours à
l'économétrie par le modèle Logit est appliqué pour
réaliser cette agrégation. Il essaye d'abord de déterminer
un ensemble d'évènements ou d'expériences de vie
représentatifs de la vie en société. Chaque
expérience est ensuite régressée par rapport à un
ensemble de variables socio-économiques. Enfin, pour chaque
expérience, il est calculé un indicateur correspondant à
la distance entre la valeur estimée pour chaque ménage et celle
correspondant à l'ensemble de la société. Ainsi, l'indice
de privation DI d'un ménage j donné se calcule comme
suit :
? ?? i ?ij Avec j = 1, ...,J (1) Avec :
i qui représente une consommation ou un
événement de la vie sociale ;
AL, une pondération de l'évènement
i dans le panier des évènements choisis à savoir
I ;
·
6????, la distance entre la valeur estimée de
l'événement j pour le ménage et la valeur moyenne
· · ·
observée pour toute la société pour cet
événement : 6???? = 8??
|
- 8
|
???? (2).
|
25
·
Ainsi, 8 ???? peut être interprétée comme la
probabilité estimée pour le ménage j de réaliser
·
l'événement j. Le recours à une valeur
estimée 8 ???? et non à la valeur observée
8???? découle du souci de s'assurer que tout écart
entre le ménage et la société tient plutôt à
un manque de ressources qu'à
·
un problème de préférence ou de goût.
Pour chaque ménage j, la probabilité 8 ???? de réaliser un
événement j devra ainsi ne dépendre que de ses
caractéristiques sociodémographiques (revenu,
·
taille, âge, etc.). Sur la base d'un modèle logit,
on mesure 8 ???? comme suit :
??
8·???? = P[8???? = 1] = ??(? ???? x ??k??) +
6???? (3)
k=1
Avec ??(.), une fonction logistique, ??k?? un vecteur de ??
variables sociodémographiques et ?????? correspondant à l'erreur.
Dans cette partie du travail, nous procéderons en deux étapes. La
première consistera, par une méthode Logit, à faire la
régression de chaque événement sur les variables socio-
démographiques qui caractérisent chaque ménage
(équation 3). Dans une deuxième étape,
????.
·
nous utiliserons les résultats de ces régressions
pour calculer la valeur de 8
Et estimer enfin l'indice de privation D ?? de chaque agent ??.
Nous adopterons la démarche de
·
Delausse et al.(1993) qui consiste à poser 8 ??
comme égal à la probabilité moyenne estimée de
·
l'événement j pour toute la société.
Cette valeur de 8 ?? servira aussi de pondération dans le calcul de
·
l'indice de privation (8 ?? = A??).
II.2.2.2.2.5. Approche noyau dur
L'approche noyau dur permet de déterminer le pauvre
quel que soit le type. C'est-à-dire le pauvre selon l'approche
monétaire, multidimensionnel et subjective. Dans cette approche, le
degré de la pauvreté est en fonction du nombre d'indicateurs qui
qualifient l'individu ou le ménage de pauvre. Un individu ou
ménage qualifié de pauvre par l'approche monétaire et
subjective est plus pauvre que celui uniquement qualifié de pauvre par
l'approche monétaire. Dans le même sillage, un individu ou
ménage qualifié de pauvre par l'approche monétaire et
subjective l'est moins que celui qualifié de pauvre par les trois
approches (monétaire, subjective et multidimensionnel). Cette conclusion
provient des travaux de DANSEREAU (2009). DIOP et Al qui ont pu
également démontrer avec les données d'enquêtes
auprès des ménages du Sénégal « que le noyau
dur de la pauvreté correspond ainsi à l'ensemble des individus ou
ménages qui cumulent les différentes formes de pauvreté
». Sur les données de Madagascar aussi, Kazafindrako, en s'appuyant
sur le noyau dur de la pauvreté sur la base de 7 approches
différentes, a montré que les différents types de
pauvreté appellent à des politiques différenciées.
Donc, le « noyau dur » est l'intersection entre les
26
différentes approches. Pour qu'un individu ou
ménage fasse partie du noyau dur il faut qu'il soit
monétairement, subjectivement et multi-dimensionnellement pauvre.
Pour mettre en place cette approche, on fait
l'agrégation de ?? indicateurs de la pauvreté qui sont
identifiés comme suit : Soit {??1, ??2,. . . , ????, . . . , ????}, un
ensemble de ?? indicateurs de pauvreté portant sur un échantillon
de ménages. On suppose que ces indicateurs sont deux à deux non
redondants et pas totalement disjoints. L'intersection des ?? ensembles ??
(????), ?? = 1, 2, ... ?? constitue le noyau dur de la pauvreté.
??= 1,...,??
II.2.3. Mesure de la pauvreté subjective
La subjectivité de la pauvreté réside sur
la façon dont les sujets perçoivent eux-mêmes leur
bien-être. En effet, elle se nourrit de réponses relativement aux
questions de perceptions des ménages sur les principales causes de la
pauvreté, sur la nature des difficultés liées à
leurs conditions de vie, sur les stratégies adoptées pour joindre
les deux bouts, sur leurs besoins et priorités par rapport à la
formulation de la politique gouvernementale, et éventuellement par
rapport à d'autres thématiques jugés plus importantes que
celles jugées prioritaires par les autorités nationales. En
réalité, c'est un procédé d'opinions sur
différents domaines de la vie des populations (satisfaction des besoins
matériels et immatériels, participation, appréciation de
l'environnement politique et social, système de valeurs, etc.)
reconnaissant que les seuils de pauvreté sont le fruit de jugements
fondamentalement subjectifs de ce que constitue un niveau de vie minimum
acceptable par la population d'une société donnée.
- Seuil de pauvreté subjective
Il existe plusieurs méthodes dans la littérature
pour la détermination du seuil de la pauvreté
subjective4 : celles de l'école de Leyden (Van Praag et alii,
1994) à partir du Minimum Income Question (MIQ), la méthode
d'insécurité d'existence objective utilisée en Belgique
par AMYNAH G, la méthode des paliers.
La démarche du MIQ consiste à
interroger les individus sur le niveau de revenu minimal pouvant permettre de
mener une vie décente. L`application de cette méthode dans le
cadre des économies qui ne sont pas fortement monétarisées
peut aboutir à des résultats peu convaincants.
La méthode Consumption adequacy question (CAQ)
de Pradhan et Ravallion : Dans cette méthode, le
répondant (souvent le chef du ménage) est supposé
être capable d'évaluer qualitativement le niveau du revenu de son
ménage à savoir : très mauvais, mauvais, suffisant,
bon,
4Kapteyn (1994) et Kapteyn et al (1988)Ferrer
Carbonell et Van Praag (2001).
27
très bon. Cette méthode est basée sur des
questions ayant trait à l'habillement, le logement et la consommation
alimentaire.
III. REVUE EMPIRIQUE
Il est question ici de présenter les études
empiriques réalisées sur la pauvreté. Une approche
théorique est toujours suivie d'une vérification empirique. Dans
ce contexte, nous présenterons brièvement les travaux qui ont
été réalisés sur cette question, les
méthodologies utilisées et les résultats obtenus pour
l'approche monétaire, multidimensionnelle et de besoins de base.
III.1. Selon l'approche monétaire
En 2001, une étude faite par Fodiye Bakary DOUCOURE,
sur les déterminants de la pauvreté au Sénégal, a
permis de mettre en exergue l'importance des variables explicatives. Et par
conséquent, les axes prioritaires d'action pour réduire la
pauvreté. L'approche utilisée dans cette étude
considère les modèles logit-probit-gombit. Ces
modèles permettent, sur la base d'une différentiation de la
population en deux sous-échantillons (pauvre et non pauvre), de
procéder à l'explication de la probabilité d'appartenir
à un des groupes susmentionnés. S'appuyant sur des données
de l'enquête sénégalaise auprès des ménages
(ESAM 1994-1995), il résulte de cette étude que les principales
variables explicatives agissant sur la pauvreté sont l'éducation,
la localisation géographique, et le statut sur le marché du
travail.
En 2003, une étude a été
réalisée par Fatou CISSE sur « le profil de pauvreté
du Sénégal : approche monétaire » en utilisant les
données sur les deux enquêtes nationales réalisées
par la direction de la prévision et des statistiques (ESP et ESAM I),
ainsi que les approches numérique (FGT) et graphique. L'étude
basée sur les données ESP montre que 56,65% des individus
étaient pauvres en 1992 alors que celle basée sur les
données ESAM conduit à une estimation de 65%. À Dakar, le
niveau de la pauvreté des ménages est passé de 3,2 % en
1992 à 19,2% en 1995. Dans la zone rurale, la proportion des pauvres est
passée d'un peu plus de la moitié des ménages 52,8%
à 80% soit une progression de 27 point de pourcentage. L'étude
montre également que la pauvreté touche plus les ménages
dirigés par les hommes que ceux dirigés par les femmes. Mais il
ressort également que la progression de la pauvreté est plus
forte chez les ménages dont le chef est une femme entre les deux
enquêtes. La région de Dakar, Louga, Diourbel et saint louis
accusent les niveaux de pauvreté les plus bas. La pauvreté est
plus accentuée chez les indépendants agricoles (81%), les
chômeurs (62%), les ménages dont les chefs sont sans instruction
(67%), les polygames (68%) et les ménages de grande taille (les
ménages dont la taille est supérieure à 8 ont une
incidence de (62%).
28
III.2. Selon l'approche multidimensionnelle
En novembre 2004, Oumar Diop DIAGNE, Ousmane FAYE et Salimata
FAYE ont étudié le noyau dur de la pauvreté pour le cas du
Sénégal. La méthodologie utilisée est le cumul des
indicateurs de pauvreté monétaire (des dépenses), de
privation relative de Townsend et celui du patrimoine. L'ACM a
été utilisée pour le calcul de ces deux derniers
indicateurs. Cette étude s'appuie essentiellement sur deux
enquêtes conduites par l'Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie (ANSD) (ESAM 1994-1995 et ESAM II 2001-2004). L'analyse du
noyau dur montre que deux ménages sur onze manquent de revenu pour faire
face à leurs besoins immédiats, éprouvent des
difficultés à accéder à la modernité et,
pire, ont des perspectives sombres en raison d'une absence de qualification et
d'avoirs pouvant les faire sortir de la précarité. Le noyau dur
représente 18% des ménages vivant au Sénégal soit
17,54% de la population. Il est plus représenté en zone urbaine
(23,9%). On note un taux 16,8% à Dakar contre 16,54% en zone rurale. Le
profil âge du noyau dur est contrasté suivant les zones.
L'incidence de noyau dur est croissante avec l'âge du chef de
ménage à Dakar. Les ménages dirigés par des jeunes
sont nettement moins pauvres que ceux dirigés par des adultes ou
personnes âgées. Les ménages dirigés par des veufs
ou divorcés sont également très exposés au cumul
des trois formes de pauvreté. Dans l'espace urbain, les taux d'incidence
sont croissants avec la taille du ménage, jusqu'au seuil de 15 membres,
au-delà, l'évolution connaît une inflexion.
En avril 2005, la même étude,
révisée par les mêmes auteurs, a montré que
contrairement aux travaux antérieurs, que la pauvreté
sévit plus chez les ménages dirigés par des femmes soit
34% contre 27% pour ceux dirigés par des hommes. Parmi ses femmes, ce
sont des divorcées (18,20%) et veuves (18,50%) qui cumulent plus de type
de pauvreté. En ce qui concerne le niveau d'éducation, les sans
niveau représentent les 85,20% de la frange la plus exposée en
pauvreté du noyau dur et sont constitués à 70%, au moins,
par des ménages ayant pour chef un non instruit. La démographie
des ménages constituant le noyau dur montre que ces derniers sont d'une
taille ordinaire pour le Sénégal avec des taux de 20,20 à
21,60%. Les vieux sont plus exposés à 15,30%. Dans le milieu
urbain, on recense le plus d'extrêmes pauvres soit 36,70% à Dakar,
45,30% dans les autres milieux urbains et 19% en zone rurale.
III.3. Selon l'approche des besoins de base
En 2005, baba NDIAYE a étudié la pauvreté
en milieu rural du Sénégal par l'approche classique des besoins
de base en utilisant le maximum de vraisemblance. Les variables qui ont
été retenues dans cette étude comme déterminants de
la pauvreté sont : la taille du ménage, la localité, le
sexe du chef de ménage, le bétail possédé, la terre
possédée, situation matrimoniale, niveau d'instruction, la
catégorie socioprofessionnelle et l'âge du chef du ménage.
En utilisant les données issues de la
29
deuxième enquête au prêt des ménages
(ESAM II), les résultats obtenus montrent que la pauvreté rurale
résulte de plusieurs facteurs tels que : une taille du ménage
très élevée, un faible niveau d'instruction, la polygamie,
le nombre de pièces du logement et la distance par rapport aux
infrastructures sociales de base. Cette étude a montré que la
pauvreté est plus élevée dans les régions de
Kaolack, Ziguinchor et Kolda avec une sévérité de
pauvreté qui frappe respectivement 19% des ménages ruraux de
Kolda et 18% de ceux de Kaolack et de Ziguinchor. Il révèle
également que les femmes sont plus touchées par la
pauvreté que les hommes dans ces zones et que la pauvreté est une
fonction décroissante du niveau d'instruction.
30
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE ET SOURCE DE
DONNÉES
Dans cette partie nous allons présenter la méthode
retenue pour déceler les déterminants de la pauvreté
monétaire au Sénégal. Par ailleurs nous
présenterons les données utilisées et dans le cadre de
l'étude, et justifierons la pertinence des variables exogènes
considérées.
I. MÉTHODOLOGIE
Notre démarche consiste à faire d'abord le
profil de pauvreté en calculant l'incidence, la profondeur et la
sévérité de la pauvreté à travers l'indice
de FGT, et ensuite faire une régression logistique pour
déterminer les facteurs explicatifs de la pauvreté
monétaire. Et pour cela, nous allons utiliser la base de données
de l'enquête de 2011 (ESPS II).
Le profil de pauvreté nous permet d'identifier les
pauvres, de les localiser, etc. Pour classer les individus comme étant
pauvres ou non pauvres, on utilise souvent le revenu par tête ou les
dépenses de consommation. Le revenu que possède un individu est
facile à mesurer si le nombre de sources de revenus est limité.
Mais, dans le cas contraire, l'individu peut ne pas se souvenir de certaines
sources lors de l'enquête. Et dans ce cas, l'inconvénient
d'approximer le bien être par le revenu pour classer les pauvres et les
non pauvres est qu'il est susceptible d'être sous-estimé. Et pour
éviter cela, nous allons utiliser les dépenses par
équivalent adulte. Elles sont moins sous-estimées que le revenu
car, il est plus facile de se souvenir de ces dépenses. Le choix des
échelles d'équivalences permet de résoudre les
problèmes liés à la comparaison des ménages de
compositions différentes. Et pour comparer le niveau de vie de ces
derniers, on fait recours habituellement à une échelle
d'équivalence de façon à obtenir une dépense par
équivalent adulte. Elle permet d'appréhender les économies
d'échelles que réalise un ménage de plusieurs personnes
principalement grâce au partage des biens à usage collectif.
L'échelle d'équivalence souvent utilisée est celle
d'OXFORD, qui attribue un poids de 1 à l'adulte, de 0,7 à
l'adulte supplémentaire et 0,5 à chaque enfant. Une fois les
dépenses par équivalent adulte identifiées, nous allons,
à partir d'un seuil (qui va servir de frontière entre les riches
et les pauvres), classer les ménages. Ce seuil est
généralement calculé par l'agence nationale de la
statistique et de la démographie (ANSD). Donc, est pauvre tout individu
ou ménage ayant une dépense inferieure à ce seuil, et non
pauvre, tout individu ou ménage ayant une dépense
supérieure à ce seuil. Une fois l'identification des pauvres et
des non pauvres faite, nous allons calculer l'incidence, la profondeur et la
sévérité pour chaque variable socioéconomique
intégrée dans le modèle.
Après le profil de pauvreté, nous allons faire
une régression logistique pour détecter les déterminants
de la pauvreté monétaire, en mettant en relation une variable
binaire (pauvre ou non pauvre) avec plusieurs variables endogènes
(taille du ménage, niveau d'éducation du chef de ménage,
occupation du chef de ménage, situation matrimoniale du chef de
ménage, groupe d'âge du
31
chef de ménage, sexe du chef de ménage, milieu
de résidence et région de résidence), susceptibles
d'expliquer la pauvreté monétaire dans nos pays afin de pouvoir
faire un meilleur ciblage des politiques économiques, en vue
d'éliminer la pauvreté au Sénégal.
I.1. Présentation théorique du
modèle
Pour déterminer les déterminants de la
pauvreté monétaire, nous recourrons à une des
méthodes d'économétrie. En général, le but
de la plupart des recherches est de déterminer des relations entre un
ensemble de variables. On a opté pour la régression logistique
parce qu'elle combine les avantages de la régression et de
l'échelle logistique. Ici, l'intérêt de l'utilisation de la
modélisation logistique réside dans l'existence simultanée
de variables quantitatives et qualitatives dans l'enquête
socio-économique qui va nous servir de base de données. Souvent,
on considère une variable dépendante que l'on veut expliquer en
fonction d'autres variables appelées variables explicatives. Cette
méthode s'appelle l'analyse en régression. L'un des objectifs de
cette analyse est d'étudier les associations et de faire des
prévisions. Lorsque la variable dépendante est qualitative, le
modèle de régression linéaire n'est pas approprié.
En effet, l'écriture d'un modèle linéaire conduirait
à une équation dont les deux membres ne seraient pas de
même nature, et donc à des estimateurs biaisés. Le premier
membre serait constitué de codes associés à des
modalités de la variable qualitative, et aurait, de ce fait, pour
ensemble de définition un ensemble dénombrable. Le second membre,
combinaison linéaire de variables quantitatives et/ou qualitatives,
pourrait prendre n'importe quelle valeur. Le principe dans ce cas consiste
à modéliser la probabilité de survenance des
différentes modalités et cela se fait généralement
en utilisant une fonction de répartition. Dans notre cas, nous disposons
d'une variable ?? (l'indicateur de la pauvreté
monétaire) à prédire. Elle ne prend que deux valeurs 1
(Pauvre) et 0 (Non pauvre). Pour un individu i de l'échantillon de
taille n, ?? prend la valeur ??(i). La base de données
comporte j variables explicatives X1, X2, X3, ...., X??, et
pour un individu i, X(i) prend les valeurs X1(i), X2(i), X3(i),
.... , X?? (i). Supposons que le risque de transmission est
guidé par une variable X(i) non observée. Cette variable
latente, qui par hypothèse s'adapte à une mesure quantitative
décrit alors le risque de finir pauvre. Ainsi, le ménage i
devient pauvre dès lors que X(i) est supérieure à
un certain seuil??0. Un exemple concret nous pousse ainsi
à dire que Y est une variable supposée mesurer le risque de
pauvreté.
L'hypothèse émise sur la variable latente nous
permet d'écrire d'une part :
Et d'autre part :
X(i) = {0, si X(i) = ??0
1, sin??n
|
X(i) = ??0 +
|
Ci
????X??(i)) + ????
k=1
|
De ce fait, la probabilité Pi qu'un ménage
soit pauvre (Y=1) sera :
l
Pi= P(Y(i) = 1) = P(X(i) > Y0) =
P(a0 + / akXk(i) + Ei > Y0)
k=1
k=1 k=1 k=1
l l l
P Ei > Y0 - a0 - / akXk(i) )]= P Ei
< a0 + / akXk(i) - Y0] = t[a0 + / akXk(i) -
Y0I
Où q$(. ) est la fonction de
répartition de la loi de Ei.
Ne connaissant pas la distribution de E1, on est
amené à faire des hypothèses sur la fonction de
répartition q$(. ). On parlera ainsi de modèle logit, de
modèle Probit ou de modèle gambit selon que la fonction de
répartition utilisée soit respectivement celle de la loi
logistique, de la loi normale ou de la loi de Gumbel. Le modèle logit
est le plus utilisé dans le domaine de la pauvreté car il fait
intervenir des Odds Ratio. Et lorsque la variable dépendante ne contient
que deux modalités, on parle du modèle logistique binaire.
L'objectif du modèle est de construire une fonction qui permettra de
prédire et expliquer les valeurs de la variable Y à
partir de l'ensemble de descripteurs. Pour ce faire, la régression
logistique binaire postule l'hypothèse suivante :
? jPi=q$ ao +I
EakXk(i))--yo )J
Si q$(.) est la fonction de répartition de la loi
logistique, alors
I\ k=1
En posant A=
|
?o ? #177;?kXk
(i) ?? yo
k?1
|
Pi=q$(A)= eA ?1
1?eA 1?e?A
j
Nous pouvons observer qu'une fonction Logit s'écrit :
ln
?p
J=A=ao-yo
+?akXk(i
p~k=1
)
Le rapport
|
1
|
pi
? pi
|
est appelé rapport de chance (Odds ratio (en anglais)).
La méthode utilisée pour
|
32
estimer les paramètres du modèle est celui du
maximum de vraisemblance et la probabilité d'un individu est
modélisée à l'aide de la loi binomiale.
33
?? (Y(??) = ??k/X (??)) = ??????(??) (1 -
????)1-??(??).
Ainsi, la vraisemblance du modèle s'écrit :
(/c9modèle --
sans var iables--exp licative
n
L (??, X) = ? ??????(??) (1 - ????)1-??(??) ??=1
La statistique de Wald permet de tester la
significativité individuelle des variables, c'est-à-dire tester
si chacune des variables influence significativement la variable
dépendante. Les hypothèses dans ce cas sont les suivantes :
{
H0 : ??k= 0
H1 : ??k? 0
Où ?k représente le coefficient
associé à la variable explicative Xk.
Le calcul du R2 de Mc Fadden permet de mesurer la
qualité d'ajustement du modèle. Il permet d'avoir une idée
sur le pourcentage de variabilité de la variable endogène
expliquée par la variabilité des variables explicatives. Il est
basé sur les fonctions de log vraisemblances des modèles avec
variables explicatives et sans variables explicatives. Mais, dans le cadre d'un
logit tout comme d'un Probit, il est généralement faible.
R2 1 --
logL(/c9modèle--avec--var
iable--explivative)
L
log
)
Il se peut que lors de l'estimation d'un modèle, le
problème de l'ajout ou du retrait d'une ou de plusieurs variables se
pose généralement. À cet effet, il a été
développé au sein de la littérature une batterie de
techniques visant à répondre à cette question. Au premier
rang de celles-ci, se trouvent : Le test du Likelihood-ratio, qui a pour
hypothèses :
- H0, les variables supplémentaires
ne sont pas pertinentes ;
- H1, les variables supplémentaires sont
pertinentes.
Ensuite, la technique de comparaison de la quantité
d'information : Le meilleur modèle est celui qui minimise la
quantité d'information.
Une fois le modèle est estimé, il faut
déterminer la qualité de l'ajustement du modèle aux
données ou, en anglais, le « Goodness of fit ». Pour fixer les
idées, notons les valeurs observées de la variable
dépendante observée par Y' = (Y1, Y2, ......, Yn)
et les valeurs prédites par le modèle par Y^'
= (Y^1, Y^2, . ....., Y^n),
où n est la taille de l'échantillon. On
considérera que le modèle est bon si :
- La distance entre la variable dépendante
observée Y'et la valeur prédite
Y^'par le modèle ^est petite. On vérifiera
cela avec le test de Hosmer et Lemeshow.
34
- Le modèle prédit bien les valeurs Y = 0 et les
valeurs Y = 1. La vérification de cette hypothèse se fera par le
tableau de classification.
- Le modèle permet de bien discriminer entre les
valeurs de Y = 0 et Y = 1 en fonction des variables explicatives X1, X2,
X3,...., X??; autrement dit, on obtient de bonnes
sensibilités, de bonnes spécificités et une bonne courbe
ROC.
I.1.1.2. Évaluation de la calibration du
modèle : le test de Hosmer et Lemeshow
Le test de Hosmer et Lemeshow est basé sur un
regroupement des probabilités prédites par le modèle, par
exemple par décile. On calcule, ensuite, pour chacun des groupes, le
nombre observé de réponses positives Y = 1 et négatives Y
= 0, que l'on compare au nombre espéré prédit par le
modèle. On calcule alors une distance entre les fréquences
observées et prédites au moyen d'une statistique du khi-deux.
Lorsque cette distance est petite (p-valeur est supérieure au seuil de
signification) on considère que le modèle est bien
calibré.
I.1.1.3. Évaluation du pouvoir discriminant du
modèle : sensibilité, spécificité et courbe
ROC
On utilise le modèle Logistique pour modéliser
la probabilité des attributs 0/1 de la variable dépendante Y en
fonction des Co variables. A partir des probabilités estimées, on
décidera en fixant un seuil, par exemple à 0.5, de classer
l'individu dans la catégorie Y = 1 si sa probabilité est
supérieure au seuil et dans la catégorie Y = 0 sinon. Il
s'agit d'une règle de classement : Il est intéressant de
déterminer la performance du classement et savoir comment celui-ci
dépend du seuil (ou de la règle) choisi. Pour cela, nous allons
considérer les notions de sensitivité et de
spécificité. La sensitivité est définie comme la
probabilité de classer l'individu dans la catégorie y =
1 (on dit que le test est positif) étant donné qu'il est
effectivement observé dans celle-ci :
??e??siti??ité = P (test positif |?? = 1)
La spécificité, par contre, est définie
comme la probabilité de classer l'individu dans la catégorie
y=0 (on dit que le test est négatif) étant donné
qu'il est effectivement observé dans celle-ci :
spécificité = P(test ??e????tif|?? = 1)
Lorsqu'on fait varier le seuil, la sensibilité et la
spécificité changent, puisque la règle de classement est
modifiée. Afin de représenter les valeurs pour toutes les
possibilités de seuil, on dessine sur un graphe des courbes de
sensibilités et spécificités.
Une courbe ROC est une courbe qui découle du graphique
des courbes de sensibilités et spécificités. Pour un seuil
donné, on relève la valeur de l'ordonnée pour chacune des
deux courbes, et en les reportant dans le graphique, on obtient un point
particulier de la courbe ROC. Il est clair qu'un modèle sans valeur
prédictive donne une courbe ROC qui correspond à la droite
à 45° et une aire
35
sous la courbe de 0.5 (moitié de la surface du
carré 1x1). Par contre, un modèle parfait aura une courbe ROC
avec une aire en dessous d'elle égale à 1. La surface de la
courbe nous permet d'évaluer la précision du modèle pour
discriminer les valeurs positives (Y = 1) des valeurs négatives (Y =
0).
On retiendra comme règle du pouce (source :
méthodes économétrique cours et exercice résolus
avec logiciel eviews et stata, tome 2 de Doucouré Fodiyé
(Septembre 2016)) :
- Si aire ROC < 0.5, il n'y a pas de discrimination.
- Si aire 0.5 = ROC < 0.7, la discrimination est
acceptable.
- Si aire 0.7 = ROC< 0.9, la discrimination est excellente.
Lorsque toutes les étapes sont validées, on a
des raisons de croire que le modèle choisi est bon. Ainsi, on peut
passer à l'interprétation des résultats.
I.2. Spécification du modèle logit
Beaucoup de travaux ne retiennent que le revenu ou la
consommation pour déterminer qui est pauvre ou non pauvre. Alors que
cette situation d'insuffisance ou de faiblesse de revenu découle d'une
certaine privation des choses essentielles à la vie. C'est pourquoi
à travers cette recherche, nous allons étudier les
déterminants de la pauvreté monétaire de la population
sénégalaise. Pour cela, nous allons utiliser plusieurs variables
susceptibles d'expliquer la pauvreté, que nous allons mettre dans un
modèle logistique. La littérature empirique sur la
pauvreté considère une grande diversité de variables
susceptibles d'agir sur ce phénomène. Le nombre et la nature de
ces variables dépendent non seulement de la question spécifique
à laquelle on veut apporter une réponse, mais aussi à la
disponibilité des données.
Le modèle que nous proposons comporte 9 variables
exogènes (taille du ménage, groupe d'âge du chef de
ménage, sexe du chef de ménage, milieu de résidence (rural
ou urbain), région de résidence, situation matrimoniale du chef
de ménage, niveau d'instruction du chef de ménage, occupation du
chef de ménage et le double de la taille du ménage), et une
variable binaire endogène, la probabilité d'être pauvre.
Le choix des variables explicatives ci-dessus est
justifié par leur importance dans la vie des individus et des
ménages, quelles que soient leurs caractéristiques. De
façon plus détaillée, la justification de ces choix est la
suivante :
- On a choisi la taille du ménage (taille et
taille2) parce qu'en général, plus la taille du
ménage est grande plus les chances d'être monétairement
pauvre est grande.
- Le milieu de résidence (milieu)
détermine souvent les chances d'être pauvre, car le monde
rural souffre de beaucoup de privations d'ordre infrastructurel, sanitaire
etc.
36
- Sexe du chef de ménage (sexe_cm), le
choix de cette variable se justifie par le fait que les femmes sont souvent
plus exposées à ce phénomène, surtout dans le monde
rural où la femme est préposée à des taches
ménagères qui ne procurent aucun revenu, où la femme n'a
aucun niveau d'instruction pour pouvoir exercer une activité, car sortie
prématurément de l'école à cause des mariages ou
d'autres motifs de sortie.
- Groupe d'âge du chef de ménage
(groupage1_cm), le choix de cette variable se justifie par le fait que
les ménages dirigés par les vieux sont souvent plus
exposés à la pauvreté que ceux dirigés par des
chefs en âge moyen. En effet, ces personnes reçoivent moins de
revenus pour assurer un bon niveau de vie au ménage parce
qu'étant en retraite.
- Région de résidence
(A1_Region), le choix de cette variable réside dans le fait que
le plus souvent les ménages se trouvant dans les régions à
forte activité économique sont moins exposés à la
pauvreté que ceux habitant les autres régions, car la majeure
partie des investissements se concentre sur ces régions.
- Statut matrimonial du chef de ménage
(statmat_cm), le choix de cette variable est justifié par le
fait que les chefs de ménage mariés sont plus exposés
à la pauvreté monétaire que les autres, car ayant souvent
des charges plus lourdes.
- Niveau d'instruction du chef de ménage
(ninvst_cm), le choix de cette variable se justifie par le fait que
les chefs de ménage ayant des niveaux d'instruction plus
élevés sont moins exposés à la pauvreté
monétaire que ceux ayant des niveaux d'instruction faibles. En effet,
plus l'individu est qualifié, plus il a la chance d'avoir des revenus
élevés, parce qu'il a souvent plus de compétences pour
avoir un travail, ou pour créer des activités source de
revenu.
- Occupation du chef de ménage
(occupation_cm), le choix de cette variable se justifie par le fait
que plus l'activité du chef de ménage génère des
richesses, moins il est exposé à la pauvreté
monétaire.
Le modèle est le suivant :
IPAUV = 130 + 131 x taille + 132 x milieut + 133 x
Sexecmt + 134 x groupagecmt + 135 x AiRegiont
+ 136 x Statmatcmt + 137 x ninvstcmt + 138 x
occupationcmt + 139 x taille2 + £
|
Résumons dans un tableau les variables explicatives
incluses dans le modèle, les termes de référence, les
modalités, les modalités de référence, ainsi que
les signes attendus.
Tableau 1: La description des variables
explicatives du modèle
Variables
|
Modalités
|
Terme de référence
|
Modalités de référence
|
Signes attendus
|
Taille du ménage
|
-
|
Taille
|
-
|
+
|
37
Milieu de résidence
du chef de ménage
|
- Urbain
- Rural
|
Milieu
|
Urbain
|
+
|
Sexe du chef de ménage
|
- masculin
- féminin
|
Sexe_cm
|
Masculin
|
+
|
Groupe d'âge du chef de ménage
|
- moins de 35 ans
- 35 à 60 ans
- Plus de 60 ans
|
Groupage1_cm
|
35 à 60 ans
|
+
|
Etat matrimoniale
|
- Monogame
- Polygame
- Divorcé
- Célibataire
- Veuf (Ve)
- Union libre
|
Etatmat_cm
|
Monogame
|
+
|
Région de résidence du ménage
|
- Dakar
- Ziguinchor
- Diourbel
- Saint-Louis
- Tambacounda
- Kaolack
- Thiès
- Louga
- Fatick
- Kolda
- Matam
- Kafrine
- Kédougou
- Sedhiou
|
A1_Region
|
Dakar
|
+
|
Niveau d'instruction du chef de ménage
|
- Supérieur
- Secondaire
- Moyen
- Primaire
|
nivinst_cm
|
Supérieur
|
-
|
Occupation du chef de ménage
|
- Occupe
- Inactif
- Chômeur
|
occupation_cm
|
Occupe
|
+
|
Taille au carrée
|
-
|
Taille2
|
-
|
+
|
38
II. SOURCES DE DONNÉES
Dans le cadre de notre recherche, on met l'accent sur les
déterminants de la pauvreté monétaire du
Sénégal en prenant en considération plusieurs variables
que sont : le milieu de résidence, taille du ménage, Sexe du chef
de ménage, groupe d'âge du chef de ménage, Région de
résidence, situation matrimoniale du chef de ménage et niveau
d'instruction du chef de ménage. Et pour atteindre notre objectif, nous
allons utiliser les données produites par l'agence nationale de la
statistique et de la démographie (ANSD) qui est un démembrement
du ministère de l'économie des finances et du plan dans la
période du 01 aout 2011 au 01 décembre 2011 (ESPS 2011 ou ESPS
II). Cette enquête est réalisée grâce à
l'appui technique (par la mise à disposition de Tablet PC
destinés à la collecte des données) du programme des
nations unis pour le développement (PNUD) et l'agence canadienne pour le
développement international (ACDI). Le financement de la production de
ces données est assuré par la Banque Mondiale et le programme
alimentaire mondial. Le fichier informatique des districts de recensement (DR),
créé en 2002, a servi de base de sondage de L'ESPS II. Un
district de recensement, ou encore grappe, est une aire géographique
ayant des limites, et de taille homogène (nombre d'habitants et de
ménages) connue lors du recensement de 2002. L'enquête porte sur
un échantillon initial de 18 216 ménages décomposés
en deux sous-échantillons. Un sous-échantillon réduit
auquel est administré la totalité du questionnaire ménage
qui représente 1/3 de l'échantillon global soit 6 750
ménages dont 60% en milieu urbain et 40% en milieu rural. Et un
sous-échantillon élargi auquel est appliqué le
questionnaire allégé qui représente 2/3 de
l'échantillon global soit 13 500 ménages, dont 60% en milieu
urbain et 40% en milieu rural. Les unités primaires du sondage sont les
DR, alors que les unités secondaires sont les ménages. Au premier
degré 1 010 DR sont tirés dont 337 pour le
sous-échantillon allégé et 673 pour le
sous-échantillon élargi. Au deuxième degré, dans
chacun des DR, un nombre fixe de 18 ménages sont
sélectionnés suivant une procédure de tirage
systématique, à partir des listes de DR nouvellement
établis après le dénombrement. Sur un total de 18 180
ménages échantillonnés par l'ESPS II, 17 891ont
été interviewés soit un taux de réponse de
98,4%.
Dans le cadre de notre étude nous allons utiliser un
échantillon ménage réduit de 5 953 ménages de cette
enquête de 2011 pour classer les pauvres et les non pauvres suivant un
seuil de pauvreté calculé par L'ANSD. Nous allons utiliser ces
données pour faire nos estimations à travers un modèle
logit, afin de déterminer les facteurs explicatifs de la pauvreté
monétaire au Sénégal.
39
CHAPITRE IV : RÉSULTATS DES ESTIMATIONS
Dans ce chapitre, nous allons d'abord dresser le profil de la
pauvreté du Sénégal selon la région de
résidence, le milieu de résidence, le sexe du chef de
ménage, le niveau d'instruction du chef de ménage, le groupe
d'âge du chef de ménage et la situation matrimoniale du chef de
ménage. Ensuite, nous présentons les estimations du modèle
de régression logistique sur les facteurs déterminants de la
pauvreté. Et enfin, nous ferons des recommandations de politiques
économiques pour une meilleure lutte contre la pauvreté.
I. LE PROFIL DE PAUVRETÉ DU
SÉNÉGAL.
Sur un échantillon de 5 953, nous avons appliqué
le seuil de pauvreté global (alimentaire et non alimentaire)
déjà calculé par l'ANSD et équivalent à 369
946,69 FCFA. Une identification des pauvres et des non pauvres est faite
suivant ce seuil au niveau national et selon chacune de ces
caractéristiques du chef de ménages citées ci-dessus. Pour
calculer les indicateurs de la pauvreté que sont l'incidence, la
profondeur et la sévérité pour le pays et pour les
différentes caractéristiques du chef de ménage.
Les indices ont été calculés comme suit :
Tableau 2: Récapitulatif des formules
appliquées
Indices
|
National
|
Selon les caractéristiques du chef de
ménage
|
Contribution de chaque catégorie de chef
de ménage
|
L'incidence
|
P0national=?? *
100
??
Q : nombre de ménages pauvres dans
l'échantillon N : nombre total de ménages dans
l'échantillon
|
P0caracteristiqu=?? *
100
??
q : nombre de ménages pauvres sur cette
catégorie n : nombre de ménages dans cette
catégorie
|
P0contribution=?? *
100
??
q : nombre de ménages pauvres sur cette
catégorie N : nombre de ménages dans
l'échantillon
|
40
Profondeur
(Les profondeurs (p1) sont
données pour
chaque
ménage dans l'échantillon)
|
P1national=? ??1
100
*
|
P1caracteristiqu=? ??1
100
*
|
? ??1
P1contribution= 100
*
|
??
? ??1 : somme des profondeurs des ménages pauvres
dans l'échantillon
Q : nombre de ménages pauvres dans
l'échantillon
|
??
? ??1 : somme des profondeurs des ménages pauvres
pour chaque catégorie de ménage q : nombre de
ménages pauvres sur cette catégorie
|
??
? ??1 : somme des profondeurs des ménages pauvres
pour chaque catégorie de ménage Q : nombre de
ménages pauvres dans l'échantillon
|
Sévérité (Les profondeurs p2
sont données pour chaque ménage dans
l'échantillon)
|
P2national=? ??2
100
*
|
P2caracteristiqu=? ??2
100
*
|
? ??2
P2contribution= 100
*
|
??
? ??2 : somme des sévérités des
ménages pauvres dans l'échantillon Q : nombre de
ménages pauvres dans l'échantillon
|
??
? ??2 : somme des sévérités des
ménages pauvres pour chaque catégorie de ménage q
: nombre de ménages pauvres sur cette catégorie
|
??
? ??2 : somme des sévérités des
ménages pauvres pour chaque catégorie de ménage Q
: nombre de ménages pauvres dans l'échantillon
|
Source : Auteur
I.1.L'analyse de la pauvreté au niveau national
Au niveau national nous avons une incidence de la pauvreté
de 41,6%, ça correspond au pourcentage des ménages pauvres dans
l'échantillon réduit. Près de deux ménages
sénégalais sur 5 sont pauvres, et l'écart moyen des
dépenses de ces pauvres par rapport au seuil de la pauvreté,
indice de profondeur de la pauvreté est de 31,9%. La valeur de l'indice
de sévérité est de 14,8%. Tableau 3:
Calcul de l'incidence, de la profondeur et de la sévérité
au niveau national.
Indices
|
Valeur nationale (%)
|
Incidence
|
41,6
|
Profondeur
|
31,9
|
Sévérité
|
14,8
|
Source : calculs de l'auteur à partir des données
de l'ESPS II, 2011.
41
I.2. L'analyse de la pauvreté selon la région
de résidence.
Les données observées montrent que la
pauvreté est loin d'être uniforme d'une région à une
autre. À l'exception de la région de Dakar et de Louga qui
jouissent d'une situation nettement plus favorable, toutes les autres
régions du pays affichent des taux de pauvreté
élevés en 2011, l'incidence de la pauvreté est
respectivement de 18% et 18,9% pour ces deux régions. Alors que dans les
autres régions les taux varient entre 29,4% pour la région de
Thiès à 60,9% pour la région de Ziguinchor. La
région de Kolda, de Ziguinchor et de Tambacounda contribuent plus
à la pauvreté nationale. Ce sont les régions les plus
pauvres, qui ont les mesures de profondeur et de sévérité
les plus élevées. Les régions de Kolda, Ziguinchor, Matam,
Kédougou et de Tambacounda connaissent les situations les plus
précaires. Les ménages pauvres de ces régions ont un
déficit moyen de dépense supérieur à la moyenne
nationale. Ce déficit est situé entre 33% pour Tambacounda et
39,6% pour la région de Kolda. Au plan national, l'indice de la
sévérité est de 14,8%. Il est plus élevé
dans les régions de Kolda (21,1%), de Matam (18,9%), de Ziguinchor
(18,1%) et de Kédougou (16,5%). Cela peut s'expliquer par le fait que la
région de Dakar, l'une des régions les moins pauvres, jouit des
avantages d'un développement longtemps inégal au dépend
des autres régions. L'analyse montre que la position
géographique, les opportunités économiques, la
facilité des moyens de transport et de communication, ainsi que la
sécurité des personnes et de biens sont des facteurs essentiels
dans la viabilité du développement. Les disparités
observées d'une région à une autre dans ces domaines
peuvent causer un accès inégal aux ressources et donc des
différences dans la probabilité d'être pauvre.
Tableau 4: Calcul de l'incidence de la
profondeur et de la sévérité selon les régions.
REGION
|
Incidence de la pauvreté dans
la région(%)
|
Contribution de la région a l'incidence de
la pauvreté nationale (%)
|
profondeur de la pauvreté dans
la région(%)
|
Contribution
de chaque région sur la profondeur
nationale
(%)
|
Sévérité de la pauvreté dans la
région (%)
|
Contribution de chaque région a la
sévérité nationale (%)
|
Dakar
|
18,0
|
1,8
|
25,5
|
1,1
|
10,7
|
0,5
|
Ziguinchor
|
60,9
|
3,9
|
37,1
|
3,5
|
18,1
|
1,7
|
Diourbel
|
36,5
|
2,7
|
29,1
|
1,9
|
12,8
|
0,8
|
Saint-Louis
|
30,3
|
2,1
|
28,3
|
1,4
|
11,7
|
0,6
|
Tambacounda
|
44,9
|
3,9
|
33,0
|
3,1
|
14,9
|
1,4
|
Kaolack
|
50,3
|
3,8
|
29,8
|
2,7
|
12,4
|
1,1
|
Thiès
|
29,4
|
2,2
|
23,6
|
1,3
|
8,9
|
0,5
|
Louga
|
18,9
|
1,3
|
20,8
|
0,7
|
7,3
|
0,2
|
Fatick
|
51,5
|
3,5
|
31,1
|
2,6
|
13,9
|
1,2
|
Kolda
|
58,5
|
6,1
|
39,6
|
5,8
|
21,1
|
3,1
|
42
Matam
|
39,6
|
2,4
|
36,5
|
2,1
|
18,9
|
1,1
|
Kaffrine
|
46,4
|
3,4
|
28,0
|
2,3
|
12,5
|
1,0
|
Kédougou
|
59,8
|
2,9
|
34,3
|
2,4
|
16,5
|
1,1
|
Sédhiou
|
53,1
|
1,6
|
27,9
|
1,1
|
11,5
|
0,4
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : calculs de l'auteur à partir des
données de l'ESPS II, 2011.
I.3. L'analyse de la pauvreté selon le milieu de
résidence.
Les résultats montrent que le milieu de
résidence influe fortement sur l'incidence de la pauvreté et la
répartition spatiale des pauvres. Il y a une grande disparité
dans la distribution de la pauvreté entre le milieu urbain et le milieu
rural. Le milieu urbain affiche un taux de pauvreté de 33% au moment
où celui du milieu rural culmine à 50,8%, et dépasse le
taux de pauvreté national. La profondeur de la pauvreté des
ménages de cette zone est de 32,8%. L'indice de la
sévérité du milieu rural est de 15,5%. Le milieu rural est
le milieu où les conditions de vie sont plus précaires, dû
à un accès limité aux infrastructures de production,
équipements, services sociaux de bases et structures de financement. Et
cela peut expliquer le niveau de bien être moins, qui est en
deçà de celui des citadins. Cette disparité dans le niveau
de vie entre le milieu urbain et le milieu rural peut aussi être
expliquée par la différence des ressources humaines. En
général, les ruraux ont un capital humain plus faible (bas niveau
d'instruction, manque de qualification professionnelle, manque d'information
pertinente etc.), facteur de nature à limiter leurs perspectives
économiques comparativement à ceux du milieu urbain.
Le milieu rural contribue à hauteur de 24,6% à
la pauvreté nationale, tandis que le milieu urbain contribue à
hauteur de 17%. La profondeur et la sévérité montrent les
mêmes tendances.
Tableau 5: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon le milieu de
résidence.
MILIEU DE RESIDENCE DU CHEF DE MENAGE
|
Incidence de la pauvreté dans le milieu
|
Contribution du milieu dans
la pauvreté nationale
|
Profondeur de pauvreté dans le milieu (%)
|
Contribution de chaque milieu dans la profondeur
|
Sévérité de pauvreté dans
le milieu
|
Contribution de chaque milieu dans la
sévérité nationale de la pauvreté (%)
|
|
(%)
|
(%)
|
|
national de la pauvreté
|
(%)
|
|
|
|
|
|
(%)
|
|
|
Milieu rurale
|
50,8
|
24,6
|
32,8
|
19,4
|
15,5
|
9,2
|
Milieu urbain
|
33,0
|
17,0
|
30,5
|
12,4
|
13,7
|
5,6
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des données
de l'ESPS II, 2011.
43
I.4. L'analyse de la pauvreté selon le sexe du chef
de ménage
Les questions du sexe se fondent le plus souvent sur une forme
de discrimination sociale qui se traduit d'une certaine manière par une
marginalisation de la femme qui peine à avoir les mêmes
opportunités que les hommes (accès à l'éducation,
à la formation, a un emploi décent), surtout en milieu rural. La
femme est souvent cantonnée aux tâches ménagères, et
est absente du processus de prise de décision. Dans le monde rural,
l'accès des femmes aux terres reste un problème, et cela limite
leurs capacités de production. Et cette situation met souvent les femmes
dans un manque de moyen et d'accès aux ressources, mais aussi dans un
manque d'épanouissement de ces dernières en tant que agents
économiques pouvant se prendre en charge. Ce qui les rend plus
vulnérables à la pauvreté. Mais nos calculs montrent que
le taux de pauvreté est plus élevé pour les ménages
dirigés par des hommes que ceux dirigés par des femmes, soit
respectivement 45,4% et 30,4%. Les conditions de vie sont plus précaires
pour les ménages dirigés par des hommes. La profondeur pour cette
catégorie est supérieure à la moyenne nationale et
s'affiche à 32,6%. Ils sont également plus frappés par
l'extrême pauvreté avec une sévérité de
15,3%, supérieur à l'indice de la sévérité
nationale. Cette catégorie de ménage (hommes) contribue largement
à la pauvreté nationale 34% contre seulement 7,6% pour les
ménages dont le chef est une femme. Donc, malgré toutes ces
privations que subissent les femmes, les ménages dirigés par
elles restent moins touchés par la pauvreté. En effet, cette
situation peut être expliquée en partie par le simple fait que
lorsque le chef de ménage est une femme, dans ce cas, il n'y a aucune
possibilité de polygamie. Par conséquent, il y a moins de
possibilités d'agrandir la taille du ménage. C'est pourquoi la
taille du ménage est relativement réduite. Les ménages
dont les chefs sont des femmes sont alors moins exposés à la
pauvreté que ceux dirigés par les hommes.
Tableau 6: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon le sexe du chef de
ménage.
SEXE DU CHEF DE MENAGE
|
Incidence de la pauvreté selon le sexe du
cm
|
Contribution de cette catégorie dans
la pauvreté nationale (%)
|
Profondeur de la pauvreté selon le
sexe (%)
|
Contribution de chaque catégorie a
la profondeur de la pauvreté (%)
|
Sévérité
de la pauvreté selon le sexe du
|
Contribution de chaque catégorie a
la sévérité nationale (%)
|
|
(%)
|
|
|
|
cm (%)
|
|
Masculin
|
45,4
|
34,0
|
32,6
|
26,7
|
15,3
|
12,5
|
Féminin
|
30,4
|
7,6
|
28,5
|
5,2
|
12,2
|
2,2
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des données
de l'ESPS II, 2011.
44
I.5. L'analyse de la pauvreté selon le groupe d'Age
du chef de ménage.
Les données analysées du point de vue du groupe
d'âge du chef de ménage montrent une baisse du niveau de vie dans
le temps. Les résultats montrent que l'incidence de la pauvreté
est une fonction croissante de l'âge du chef de ménage. C'est
à moins de 35 ans que la pauvreté est la plus basse avec un taux
de 35,3%, il atteint son maximum à 46,7% à 60 ans et plus. Ainsi
les ménages dirigés par des personnes âgées,
généralement inactives ou retraitées, sont plus
touchées par la pauvreté. On voit que le niveau de vie baisse
avec l'âge du chef de manage, cela peut également par la prise en
charge d'une famille beaucoup plus élargie. Si ses revenus ne suivent
pas la même progression que la dynamique démographique du
ménage, cela peut détériorer le niveau de vie de cette
catégorie de ménage dans le temps. Même si le taux de
pauvreté est plus élevé pour la première classe
d'âge, elle est plus sévère pour les chefs de 35 à
60 ans. La profondeur de pauvreté de ces derniers est de 32,4% avec une
sévérité de 15,1%, ces valeurs sont supérieures
à celles nationales. Les chefs de ménage de cette tranche
d'âge contribuent également plus à la pauvreté
nationale (25,1%).
Tableau 7: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon le groupe d'âge
du chef de
ménage.
LES
GROUPES D'AGES DU
|
Incidence de la pauvreté
|
Contribution du groupe d'âge a la
|
Profondeur pour le groupe d'âge
|
Contribution du groupe d'âge a la profondeur
|
Sévérité pour le groupe
|
Contribution du groupe d'âge a la
sévérité
|
CM
|
dans ce groupe d'âge (%)
|
pauvreté nationale (%)
|
(%)
|
nationale(%)
|
d'âge(%)
|
nationale(%)
|
plus de 60 ans
|
46,7
|
12,1
|
30,8
|
8,9
|
14,1
|
4,1
|
35 à 60ans
|
40,8
|
25,1
|
32,4
|
19,6
|
15,1
|
9,1
|
moins de 35 ans
|
35,3
|
4,4
|
31,7
|
3,3
|
14,5
|
1,5
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : Calcul de l'auteur à partir des données de
l'ESPS II, 2011.
I.6. L'analyse de la pauvreté selon le niveau
d'instruction du chef de ménage
Les calculs montrent que la pauvreté des ménages
sénégalais baisse de façon drastique avec le niveau
d'instruction. L'incidence de la pauvreté pour les chefs de
ménages sans instruction est de 47,4%, ce taux est supérieur
à la moyenne nationale. La profondeur et la
sévérité de la pauvreté pour cette catégorie
sont respectivement de 32,3% et 15,0%. Les conditions de vie de ces
ménages sont précaires. Sur les 41,6% de pauvres au plan
national, les ménages dont les chefs sont sans instruction contribuent
à hauteur de 32,6%. Donc, cela montre que la majorité des
ménages sénégalais pauvres sont sans instruction. Ces
résultats nous confortent sur le fait que le capital
45
humain, qui est le fruit de l'éducation et de la
formation, est un facteur de réalisation de l'épanouissement
social permettant à l'Homme de tirer un meilleur profit des
opportunités qu'offrent les différents marchés où
se négocient le travail et les services, pouvant aider à la
génération des revenus source d'un niveau de vie
élevé. L'éducation et la formation peuvent aider les
ménages du milieu rural qui vivent essentiellement de l'agriculture, de
la pêche et de l'élevage à trouver de meilleures techniques
de production, de transformation et de distribution pour une meilleure
utilisation des ressources tirées de ces activités. Cela peut
aussi permettre aux femmes d'avoir plus d'autonomie dans l'initiative et la
prise de décision tant au niveau local, qu'au niveau national et
améliorer ainsi leur bien-être. Globalement, plus le niveau
d'instruction est élevé plus, les opportunités de
création de richesse s'élargissent en milieu urbain comme en
milieu rural.
Tableau 8: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon le niveau d'instruction
du chef de ménage.
NIVEAU D'INSTRUCTION DU CM
|
Incidence de la pauvreté pour
ce niveau d'instruction
|
Contribution
de cette catégorie de cm dans
la pauvreté
|
Profondeur de
la pauvreté pour ce niveau
d'instruction
(%)
|
contribution des ménages de
cette catégorie a la profondeur
|
Sévérité de la pauvreté
pour ce
niveau d'instruction
|
Contribution des ménages
de cette catégorie a
la sévérité de la
|
|
(%)
|
nationale (%)
|
|
de la pauvreté nationale (%)
|
(%)
|
pauvreté nationale (%)
|
Sans instruction
|
47,4
|
32,6
|
32,3
|
25,3
|
15,0
|
11,7
|
Primaire
|
36,9
|
5,5
|
31,1
|
4,1
|
14,4
|
1,9
|
Moyen
|
26,1
|
1,9
|
30,5
|
1,4
|
13,7
|
0,6
|
Secondaire
|
21,5
|
1,0
|
29,2
|
0,7
|
13,4
|
0,3
|
Supérieur
|
13,8
|
0,6
|
26,7
|
0,4
|
10,2
|
0,1
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des
données de l'ESPS II, 2011.
I.7. L'analyse de la pauvreté selon l'occupation du
chef de ménage
L'analyse de la pauvreté des ménages
sénégalais selon l'occupation du chef de ménage montre
presque une même distribution de la pauvreté quelle que soit
l'occupation du chef de ménage avec des taux respectifs de 41,7% pour
les ménages dont le chef est occupé, 41,6% pour les
ménages dont le chef est inactif et enfin 40,2% pour les ménages
dont le chef est un chômeur. La mesure de la profondeur et de la
sévérité sont plus élevées pour les
ménages dont le chef est inactif, ils s'affichent respectivement
à 32,6% et 15,4%. Cependant, ce sont les ménages dont le chef de
ménage est occupé qui contribuent plus à la
pauvreté nationale avec un pourcentage de 28,5%. Tableau
9: Calcul de l'incidence, de la profondeur et de la
sévérité selon l'occupation du chef de ménage.
46
Eléments
|
Incidence dans cette catégorie
|
Incidence de cette catégorie dans
|
Profondeur dans cette catégorie (%)
|
Profondeur de cette catégorie dans
|
Sévérité dans
cette catégorie
|
Sévérité de cette catégorie
dans l'échantillon
|
|
(%)
|
l'échantillon globale (%)
|
|
l'échantillon globale (%)
|
(%)
|
globale (%)
|
Occupe
|
41,7
|
28,5
|
31,7
|
21,7
|
14,6
|
10,0
|
Inactif
|
41,6
|
11,9
|
32,6
|
9,3
|
15,4
|
4,4
|
Chômeur
|
40,2
|
1,2
|
29,2
|
0,9
|
11,7
|
0,3
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des
données de l'ESPS II, 2011.
I.8. L'analyse de la pauvreté selon la situation
matrimoniale du chef de ménage
Pour faire l'analyse de la pauvreté selon la situation
matrimoniale du chef de ménages, nous avons pris en compte quatre
catégories de chef de ménage : les mariés monogames, les
mariés polygames, les célibataires et les autres
(divorcés, veuf (Ve), concubina etc.). L'analyse montre que la
pauvreté est plus répandue parmi les ménages
sénégalais dont le chef est marié avec un taux de 45,1%
pour les ménages dont le chef est polygame, ce taux dépasse la
moyenne nationale. C'est également cette catégorie de
ménages qui contribue le plus à la pauvreté nationale avec
un taux qui s'affiche à 21,4% de l'incidence globale. Cependant, la
profondeur et la sévérité de la pauvreté sont plus
importantes pour les ménages dont le chef est célibataire ainsi
que les « autres » avec des valeurs de la
sévérité respectivement de 18,6% et 15,2%. Les chefs de
ménages célibataires ne représentent que 30,1% de la
population pauvre et les « autres » 38,2%. On peut donner comme
explication que les célibataires ont relativement moins d'engagements
donc moins de charges que les autres.
Tableau 10: Calcul de l'incidence, de la
profondeur et de la sévérité selon la situation
matrimoniale.
SITUATION MATRIMONIALE DU CHEF DE MENAGE
|
Incidence
de la pauvreté
pour
cette catégorie
|
Contribution des chefs de ménages de cette
catégorie a la pauvreté
|
Profondeur de la pauvreté pour
chaque catégorie(%)
|
Contribution des chefs de ménages de
cette catégorie a la profondeur nationale(%)
|
Sévérité
de la pauvreté
pour chaque catégorie
|
Contribution des chefs de ménages de cette
catégorie a la sévérité
|
|
(%)
|
nationale(%)
|
|
|
de ménage
|
nationale(%)
|
|
|
|
|
|
(%)
|
|
Monogame
|
41,1
|
21,4
|
31,5
|
16,2
|
14,5
|
7,5
|
Polygame
|
45,1
|
14,2
|
32,1
|
10,9
|
14,7
|
5,0
|
Célibataire
|
30,1
|
0,9
|
36,1
|
0,8
|
18,6
|
0,4
|
Autres (veuf (Ve), divorcée, concubinant,
etc.)
|
38,2
|
5,1
|
32,0
|
4,0
|
15,2
|
1,9
|
Total
|
41,6
|
41,6
|
31,9
|
31,9
|
14,8
|
14,8
|
Source : Calculs de l'auteur à partir des données
de l'ESPS II, 2011.
47
II. LE DEGRÉ D'INDÉPENDANCE OU DE
DÉPENDANCE ENTRE LA PAUVRETÉ ET LES VARIABLES EXOGÈNES DU
MODÈLE
L'étude de la relation entre les différentes
variables du modèle considéré se fait à l'aide du
test d'indépendance de khi-deux. Ce test permet de voir le degré
d'indépendance de celle-ci entre elles. Les résultats montrent
:
- Une dépendance entre la pauvreté et le milieu
de résidence du chef de ménage. Le test de khi-deux
effectué entre ces deux variables donne un Pearson chi2(1) égal
à 193,6343 et une probabilité nulle. Donc l'hypothèse de
dépendance ne peut être rejetée. En effet, le tableau du
test (voir annexe) montre qu'il y a plus de pauvres dans le milieu rural que
dans le milieu urbain. Ce lien entre la pauvreté et le milieu de
résidence apparait clairement. Ce résultat montre que le
mouvement des ménages du milieu urbain vers le milieu rural permet de
réduire la pauvreté.
- La pauvreté est liée à la région
de résidence du chef de ménage, avec un Pearson chi2(13)
égal à 497,8753 et une probabilité nulle. Donc
l'hypothèse d'indépendance entre les deux variables est
rejetée.
- Qu'il y'a un lien entre la pauvreté et le statut
matrimonial du chef de ménage. En effet, la statistique de Pearson
chi2(5) est égale à 30,2394 et la probabilité est nulle.
On rejette l'hypothèse d'indépendance entre ces variables.
- Que l'hypothèse d'indépendance entre les
variables pauvreté et niveau d'instruction du chef de ménage est
rejetée. Car la statistique de Pearson chi2 (4) est égale
à 251,7500 avec une probabilité nulle. Donc le niveau
d'instruction du chef de ménage et la pauvreté sont liés.
Le tableau du test (voir annexe) montre que la pauvreté décroit
avec le niveau d'instruction du chef de ménage. Plus il est
élevé, moins le ménage est exposé à la
pauvreté.
- Que l'hypothèse d'indépendance entre les
variables occupation du chef de ménage et pauvreté ne peut
être rejetée. La statistique de Pearson chi2(2) est égale
à 0,1441 et la probabilité est nulle. Donc la pauvreté ne
dépend pas de l'occupation du chef de ménage.
- Que l'hypothèse d'indépendance de la
pauvreté et du groupe d'âge du chef de ménage est
rejetée. Car la statistique de Pearson chi2(2) est égal à
30,9686 et la probabilité est nulle. Donc la pauvreté est
liée au groupe d'âge du chef de ménage.
Les résultats statistiques obtenus ont permis de jeter
un coup d'oeil sur les interactions entre la variable endogène (pauvre
et non pauvre) et les variables exogènes. Et le modèle
économétrique proposé permet un approfondissement de
l'analyse sur les impacts et la capacité des différentes
variables exogènes à expliquer la variable endogène
(pauvre ou non pauvre). De cela, dépend ainsi la pertinence et la
qualité de l'analyse et de la recommandation.
48
III. RÉSULTATS DE L'ESTIMATION DU
MODÈLE
Nous avons fait le profil de pauvreté des
ménages du Sénégal, qui nous a permis de voir la
distribution et l'intensité de la pauvreté selon les
régions, le milieu, le sexe du chef de ménage, l'occupation du
chef de ménage, le niveau d'instruction du chef de ménage, le
groupe d'âge du chef de ménage et la situation matrimoniale du
chef de ménage. Nous avons également fait le test
d'indépendance entre la pauvreté et les variables explicatives du
modèle pour voir les interactions. Nous allons maintenant estimer le
modèle de régression logistique pour voir les facteurs
explicatifs de la pauvreté monétaire du Sénégal.
Le souci d'une analyse plus pertinente nous a conduit à
faire une régression en éclatant toutes les variables
qualitatives du modèle en autant de modalités que chacune d'elle
comporte tout en prenant en compte les modalités de
référence. Les modalités des différentes variables
sont analysées séparément afin de mesurer le degré
de significativité de chaque modalité.
Tableau 11: Résultats de la
régression logit et les différents tests de
spécification
VARIABLES
|
Modalité de référence
|
Coefficient
|
Odds ratio
|
degrés de pauvreté
|
non pauvre
|
|
|
Taille du ménage
|
|
|
|
Taille
|
|
0,244***
|
1,276***
|
|
|
|
|
|
|
-0,014
|
-0,018
|
taille2
|
|
-0,00321***
|
0,997***
|
|
|
-0,000432
|
(0,000431
|
Sexe du chef de ménage
|
Masculin
|
|
|
Féminin
|
|
-0,487***
|
0,614***
|
|
|
-0,0944
|
-0,058
|
Milieu de résidence du chef de
ménage
|
Urbain
|
|
|
Rural
|
|
0,151**
|
1,163***
|
|
|
-0,069
|
-0,08
|
Niveau
d'instruction du chef de ménage
|
Supérieur
|
|
|
Sansinstrucyion
|
|
2,301***
|
9,988***
|
|
|
-0,271
|
-2,71
|
Primaire
|
|
1,870***
|
6,490***
|
49
|
|
-0,278
|
-1,803
|
Moyen
|
|
1,418***
|
4,128***
|
|
|
-0,291
|
-1,203
|
Secondaire
|
|
1,051***
|
2,861***
|
|
|
-0,312
|
-0,892
|
Région de résidence du chef
ménage
|
Dakar
|
|
|
Ziguinchor
|
|
2,208***
|
9,095***
|
|
|
-0,167
|
-1,518
|
Diourbel
|
|
0,533***
|
1,704***
|
|
|
-0,162
|
-0,275
|
Saint-Louis
|
|
0,237
|
1,268***
|
|
|
-0,17
|
-0,216
|
Tambacounda
|
|
0,715***
|
2,044***
|
|
|
-0,162
|
-0,331
|
Kaolack
|
|
1,197***
|
3,311***
|
|
|
-0,156
|
-0,517
|
Thiès
|
|
0,103
|
1,108***
|
|
|
-0,167
|
-0,185
|
Louga
|
|
-0,391**
|
0,676***
|
|
|
-0,181
|
-0,123
|
Fatick
|
|
1,393***
|
4,028***
|
|
|
-0,163
|
-0,658
|
Kolda
|
|
1,513***
|
4,539***
|
|
|
-0,168
|
-0,762
|
Matam
|
|
0,644***
|
1,904***
|
|
|
-0,171
|
-0,326
|
Kafrine
|
|
0,945***
|
2,572***
|
|
|
-0,166
|
-0,426
|
Kédougou
|
|
1,762***
|
5,826***
|
|
|
-0,178
|
-1,04
|
Sedhiou
|
|
1,464***
|
4,323***
|
|
|
-0,166
|
-0,719
|
Situation matrimoniale du chef de
ménage
|
Monogamie
|
|
|
Polygame
|
|
-0,341***
|
0,711***
|
|
|
-0,0739
|
-0,053
|
Co?=libatair
|
|
0,599***
|
1,820***
|
|
|
-0,213
|
-0,387
|
Veuf
|
|
0,287**
|
1,332***
|
|
|
-0,127
|
-0,17
|
Divorcer
|
|
0,198
|
1,219***
|
|
|
-0,226
|
-0,275
|
Groupe d'âge du chef de
ménage
|
âgé de 35 à 60 ans
|
|
|
50
moinde35ans
|
|
0,117
|
1,124***
|
|
|
-0,104
|
-0,117
|
plusde60ans
|
|
-0,0389
|
0,962***
|
|
|
-0,0797
|
-0,077
|
Occupation du chef de ménage
|
Occupe
|
|
|
Chômeur
|
|
0,513***
|
1,670***
|
|
|
-0,187
|
-0,312
|
Inactif
|
|
0,0231
|
1,023***
|
|
|
-0,0784
|
-0,08
|
Constant
|
|
-5,111***
|
0,006***
|
|
|
-0,304
|
-0,002
|
|
|
|
|
Observations
|
|
5,894
|
|
significativité globale
|
|
0.0000
|
Test de Hosmer- Lemeshow
|
|
0.2375
|
Taux de bon classement
|
|
72.51%
|
Area Under ROC curve
|
|
0.7958
|
|
|
|
|
|
Robust standard errors in parenthèses
|
|
|
|
*** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1
|
|
|
- Analyse des déterminants
Les résultats de cette estimation ont permis de
détecter les principaux déterminants de la pauvreté
monétaire des ménages du Sénégal.
- On remarque que le coefficient de la
variable taille du chef de ménage est positif. Ainsi la pauvreté
est une fonction croissante de la taille du ménage. Sans aucun doute,
l'augmentation de la taille du ménage est un facteur de rabaissement du
niveau de vie du ménage, ayant un impact significatif car la
probabilité du test est nulle. Toutes choses étant égales
par ailleurs, la probabilité pour un ménage d'être pauvre
est plus grande à mesure que la taille du ménage augmente. Mais
lorsque la taille du ménage double la probabilité du
ménage d'être pauvre diminue. Globalement, elle agit positivement
sur la pauvreté jusqu'à un certain niveau, et lorsqu'elle double
elle devient un facteur négatif sur la pauvreté.
51
- On constate que la modalité « féminin
» de la variable sexe du chef de ménage est significative aux
seuils de 1%, 5% et 10%. Ainsi toutes choses étant égales par
ailleurs, la probabilité pour un ménage d'avoir un niveau de vie
faible est d'autant plus important que le chef de ménage est de sexe
masculin.
- Les modalités de la variable niveau d'instruction du
chef de ménage sont significatives aux seuils conventionnels. L'effet de
l'éducation sur la pauvreté apparait nettement. Le niveau
d'instruction supérieur étant pris comme référence,
les signes positifs indiquent que la pauvreté est une fonction
décroissante du niveau d'instruction du chef de ménage. L'examen
des coefficients de la régression montre que les ménages sans
aucun niveau d'instruction sont les plus pauvres. Viennent ensuite
respectivement les ménages de niveau primaire, moyen et secondaire. Ce
qui montre l'intérêt que l'on doit accorder à
l'éducation qui est un puissant facteur de réduction de la
pauvreté.
- La dimension spatiale de la pauvreté est
vérifiée par l'analyse économétrique. Le
coefficient de la modalité « rural » de la variable milieu de
résidence du chef de ménage est positif et significativement
diffèrent de zéro. Ce qui indique que les ménages
situés dans le milieu rural sont plus exposés à la
pauvreté que ceux du milieu urbain. Les résultats obtenus mettent
en évidence également le lien entre la pauvreté et les
régions. D'une manière générale les ménages
situés à l'extérieur de la capitale et de la région
de Louga sont plus exposés à la pauvreté.
- Les résultats économétriques montrent
que les modalités « célibataire » et « veufs (Ve)
» sont significatives au seuil de 5% et les signes des coefficients sont
positifs. Ce qui montre que les ménages dont le chef est
célibataire ou veuf(Ve) sont plus exposés à la
pauvreté. Mais paradoxalement, la modalité « polygame »
de la variable situation matrimoniale du chef de ménage est
significative et le coefficient est négatif. Ce qui indique que la
probabilité d'être pauvre est d'autant moins élevée
que le chef de ménage est polygame. Cela peut s'expliquer par le fait
que lorsqu'un chef de ménage choisit la polygamie, c'est parce qu'il a
les ressources pour le faire. Donc ces ménages sont relativement plus
nantis que les autres, même si ce n'est pas toujours le cas. C'est ce qui
peut expliquer en partie ce signe négatif.
- Pour le statut du chef de ménage, on constate que
seule la modalité « chômeur » de la variable occupation
du chef de ménage est significative. Le signe positif obtenu est
conforme à ce à quoi on pouvait s'attendre. Ainsi, toutes choses
étant égales par ailleurs, la
52
probabilité pour un ménage d'avoir un niveau de
vie élevé est d'autant plus important que le chef de
ménage occupe un emploi.
- Le groupe d'âge du chef de
ménage n'est pas un facteur significatif du modèle car les
probabilités sont supérieures aux seuils conventionnels. Les
résultats de l'estimation montrent que le groupe d'âge du chef de
ménage n'a pas un impact sur la probabilité d'être
pauvre.
Les résultats de nos travaux montrent le degré
de significativité de chaque modalité des variables
exogènes du modèle. Le modèle est très significatif
et jouit d'une grande capacité explicative (79,58%). On note aussi que
le modèle s'ajuste bien à nos données et qu'il a un bon
pouvoir de prédiction et un pourcentage de prédiction correct
très élevé (72,51%).
IV. MESURES DE POLITIQUES ECONOMIQUES
En résumé, l'étude montre que les
principales variables agissant sur la pauvreté des ménages du
Sénégal sont l'éducation, la localisation
géographique (région et milieu), le statut sur le marché
du travail, la taille du ménage et la situation matrimoniale du chef de
ménage. Parmi tous ces facteurs, l'éducation a un poids
extrêmement important, car susceptible d'influencer les autres facteurs
pour réduire de manière efficace et durable la pauvreté.
L'effet réducteur de l'instruction sur la pauvreté, ainsi mis en
évidence, est un argument de taille pour conduire une politique de
l'éducation pour tous, en particulier en permettant la
généralisation de l'enseignement primaire et l'éradication
et la déperdition scolaire avant la fin du cycle primaire. L'État
gagnerait, dans ses politiques et stratégie de réduction de la
pauvreté, à équiper les régions
défavorisées et le milieu rural d'écoles et de structures
de formation de qualité, en donnant à chaque enfant la chance de
s'instruire. Il faut également, et surtout, promouvoir
l'éducation des jeunes filles pour leur permettre de participer à
toutes les instances de décision et d'être plus productives. Il
faut des stratégies pour les dans le système, surtout en milieu
rural où les contraintes pour les femmes sont plus nombreuses (travaux
domestiques, mariages forcés, mariages précoces, etc.). Pour
mieux lutter contre la pauvreté, il faut un ciblage des régions
défavorisées telles que les régions de Ziguinchor,
Tambacounda, Kolda, Matam, Kaolack, Fatick, entre autres ; et mettre en place
dans ces régions des services sociaux de base de qualité, des
infrastructures de transport et de communications pour attirer les
investisseurs dans ces zones, afin de développer les dotations
factorielles naturelles de chaque région et créer des emplois
sources de revenus pour les ménages, pour améliorer leurs niveaux
de vie. Les ménages du monde rural qui vivent de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche doivent être plus encadrés,
plus préparés, plus outillés (formation, machines,
tracteurs, semences de qualité, engrais etc.) pour une meilleure
productivité et une meilleure commercialisation, afin de permettre
à ces derniers de vivre
53
de manière décente de leurs activités
sources de revenus pour eux, mais aussi sources de croissance économique
pour le pays. La question du chômage des jeunes et des femmes doit
être prise au sérieux dans les politiques de lutte contre la
pauvreté et la vulnérabilité, car elles constituent un
réel frein aux initiatives de lutte contre la pauvreté.
L'État doit encore faire des efforts et assainir le cadre
macroéconomique pour attirer les investisseurs et renforcer le secteur
privé national pour une meilleure création d'emplois pour les
jeunes diplômés et les jeunes sans instruction, qui peuvent
exercer des travaux qui demandent un peu de force dans les entreprises. Cela va
permettre à ces jeunes, futurs chefs de ménage, d'avoir un niveau
de vie confortable et réduire la pauvreté et la
précarité dans le pays.
Donc, pour réduire de manière durable et
efficace la pauvreté des ménages sénégalais, nous
recommandons au gouvernement, à la classe politique présente et
future les éléments suivants :
- Une éducation et un système éducatif de
qualité et accessible à tous, surtout aux femmes, notamment en
milieu rural ;
- La mise en place de politiques de réduction des
natalités, afin de capter les dividendes démographiques au sein
des ménages (meilleure prise en charge de l'éducation des enfants
et de leur avenir) ;
- Assainir le cadre macroéconomique, pour attirer
d'avantage les investisseurs et renforcer les capacités du secteur
privé, pour mieux prendre en charge les questions de l'emploi. Mais
aussi, comme ce fut le cas avec la DER, L'ANPEJ, etc. ; de mettre à la
disposition des personnes porteuses de projet un financement, un encadrement et
un suivi beaucoup plus rigoureux pour un meilleur impact sur le niveau de vie
de ces personnes.
- Exploiter les dotations factorielles naturelles de chaque
région, de chaque milieu, pour régler les disparités
interrégionales, et améliorer les conditions de vie des
populations résidentes. Mais aussi mettre en place, dans ces
régions, toutes les infrastructures nécessaires pour une
meilleure productivité des ménages.
54
CONCLUSION
L'objectif de ce travail de recherche était d'analyser
les facteurs qui expliquent la pauvreté monétaire des
ménages sénégalais, en s'appuyant sur les données
de l'enquête ESPS II réalisée en 2011 par l'agence
nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du
Sénégal. Pour cela, nous avons d'abord, à l'aide des
indices FGT ; établit le profil de pauvreté des ménages
suivant leur localisation, le niveau d'instruction du chef de ménage, le
sexe du chef de ménage, l'occupation du chef de ménage, le groupe
d'âge du chef de ménage,. Ensuite, nous avons, effectué une
régression logistique pour déterminer les facteurs explicatifs de
l'état de pauvreté monétaire des ménages
sénégalais.
En ce qui concerne le profil de pauvreté, les
résultats montrent qu'il y'a une grande disparité entre les
régions. La région de Dakar et la région de Louga comptent
moins de pauvres comparées aux autres régions et leurs taux de
pauvreté est respectivement de 18% et 18,9% alors qu'il s'affiche pour
la région la plus pauvre, Ziguinchor à 60,9%. Cela s'explique,
pour la région de Louga, par les transferts colossaux de fonds venant
des émigrés. Les ménages du milieu rural restent les plus
vulnérables et les plus touchés par la pauvreté que les
ménages citadins avec un taux de 50,8%. Lorsqu'on prend en compte
l'occupation du chef de ménage dans la construction du profil de
pauvreté, on voit que les ménages dont le chef est inactif sont
plus vulnérables à la pauvreté. Les ménages sans
instruction sont plus exposés à ce phénomène avec
un taux, une profondeur et une sévérité respective de
47,4%, 32, 3% et 15%. Les ménages dirigés par des personnes
âgées sont plus exposées à la pauvreté avec
un taux de 46,7%, suivi de ceux dirigés par des adultes, et ceux par des
jeunes, pour respectivement 40,8% et 35,3%. Les ménages dirigés
par des hommes sont plus pauvres avec des incidences respectives de 45,4% et
30,4%. Le profil de pauvreté classe les ménages du milieu rural
comme étant les plus pauvres avec une incidence, une profondeur et une
sévérité respectives de 50,8%, 32,8% et 15,5%. La
profondeur et la sévérité sont plus élevées
dans les zones où l'incidence est plus importante.
Les résultats de la régression logistique ont
montré que les facteurs déterminants de la pauvreté
monétaire des ménages sénégalais sont : la taille
du ménage, le niveau d'éducation du chef de ménage, la
localisation géographique, l'occupation du chef de ménage et la
situation matrimoniale du chef de ménage.
La régression a conduit à quelques
résultats inattendus : le groupe d'âge du chef de ménage
n'est pas un facteur explicatif de la pauvreté, et les ménages
polygames sont moins exposés aux risques de la pauvreté. Les
ménages dont les chefs sont célibataires ou veufs ont beaucoup
plus de chance d'être pauvres. Cela peut s'expliquer par le fait que les
veufs (ve) et les célibataires arrivent souvent à la tête
du ménage suite à un choc (décès d'un mari ou d'un
parent). Et de ce fait, cette catégorie
55
est très vulnérable à la pauvreté
car en perdant un mari ou un parent, on perd de fait une source importante de
revenu. Le groupe d'âge du chef de ménage, bien qu'étant un
facteur important, n'explique pas la situation de pauvreté des
ménages. Cela pourrait être expliqué par le fait que le
chef peut ne pas être nécessairement le pourvoyeur de fonds du
ménage. En effet, traditionnellement, dans nos familles, le père,
s'il est en vie, est toujours considéré comme le chef du
ménage, même si les enfants ont repris à leur compte les
charges du ménage.
Toute politique de lutte contre la pauvreté doit
privilégier les couches vulnérables (les personnes
âgées, les femmes, les chômeurs, les inactifs, les veuves
etc.) et les milieux défavorisées (le milieu rural, les
régions autres que Dakar et Louga comme Ziguinchor, Kolda, Tambacounda,
Matam, Kaolack, Fatick, Diourbel, etc.). Le pouvoir réducteur de
l'éducation doit être mis au centre de toutes les initiatives de
lutte contre la pauvreté, car pouvant abolir toutes les formes de
discrimination entre les ménages du milieu urbain et du milieu rural et
entre les régions. Ça permet grâce à l'accumulation
du capital humain d'avoir un bon statut sur le marché du travail et
avoir un bon niveau de vie. L'éducation permet à la personne
d'avoir la capacité de gérer ses ressources pendant ses
années d'activité, pour qu'une fois à la retraite, il
puisse conserver un bon niveau de vie. Donc, cela doit pousser l'État
à faire plus d'efforts pour un accès universel à une
éducation de qualité. Plus on est instruit, moins on est pauvre.
Les ménages de grande taille sont plus exposés à la
pauvreté monétaire, ce qui nécessite des politiques de
restriction des naissances pour réduire la pauvreté dans certains
ménages sénégalais. Les ménages qui résident
dans le milieu rural sont beaucoup plus soumis au risque de la pauvreté
que ceux vivant en milieu urbain. En effet, le fait de vivre en milieu urbain
ou dans la capitale donne aux ménages un meilleur accès aux
services sociaux de base et à une formation de qualité. Ainsi,
l'État doit faire plus d'efforts pour une répartition
équitable des richesses, pour donner aux ménages pauvres, en
particulier ceux du milieu rural, la possibilité de pouvoir sortir de
cette situation, en mettant en place des structures de santé, des
routes, des mécanismes d'accès l'électricité, et en
investissant sur les potentialités de chaque zone pour réduire le
chômage et la précarité. En outre, nous constatons que
l'emploi est un levier très important pour réduire la
pauvreté. Pour cette raison, des politiques d'assainissement du cadre
macroéconomique et de transformation structurelle de l'économie
doivent être engagées, sinon consolidées, pour la
création d'emplois durables, stables et décents pour les
ménages sénégalais.
La lutte contre la pauvreté reste une impérieuse
nécessité pour un monde plus juste, plus équitable et
où il fait bon vivre. C'est dans cette recherche perpétuelle du
bien-être pour tous que s'inscrivent ce travail et les analyses qui lui
sont inhérentes, pour mieux orienter les actions publiques et
réduire, voire éliminer, ce fléau de manière
structurelle.
56
BIBLIOGRAPHIE
[1]BERTIER, P. & BOUROCHE,
J.M., (1975). «Analyse des données multidimensionnelles»,
PUF, Paris.
[2]Banque Mondiale, 2001,
Combattre la pauvreté, Rapport sur le développement dans le
monde : 2000/01, Editions ESKA, 381 p.
[6] Banque Mondiale rapport,
dernier mise à jour le 11 avril 2019 sur le site de la Banque Mondiale
[3]BOURGUIGNON François, 2008,
« Du revenu aux dotations : le renouvellement des conceptions de la
pauvreté », La Découverte, 2008/2, in Pour en finir
avec la pauvreté, pp. 34-42.
[4]BENZECRI, J.-P., (1973).
«L'analyse des données, Tome 2 : l'analyse des correspondances
». Duodi, Paris.
[5]CISSE, F., 1997, La
pauvreté rurale au Sénégal : profil et
déterminants, mémoire de DEA, Faseg - UCAD, Dakar.
[6] CISSE, F., aout 2003,
Analyse des impacts sur la pauvreté et les inégalités de
revenus des politiques macroéconomiques et d'ajustement au
Sénégal (MIMAP/SENEGAL), « profil de pauvreté :
une approche monétaire », rapport final.
[8] CAILLIEZ, F., PAGES, J.P.
(1976). « Introduction à l'analyse des données
», Smash, Paris. [9]DIAGNE, O. D.,
MAMPOUYA - M'BAMA, F. C. and Ousmane, F. (2005). "Le Noyau Dur De La
Pauvreté Au Sénégal." Poverty Monitoring, Measurement
and Analysis (PMMA). [10]DELHAUSSE B., A.
LUTTGENS ET S. PERELMAN, 1993, Comparing measures of poverty and relative
deprivation: an example for Belgium, Journal of Population
Economics.
[11]DESAI M. ET A. SHAH, 1988, an econometric approach to the
measurement of poverty, Oxford Economic Papers, 40.
[12] FODIYE BAKARY DOUCOUR,
«methodes econometriques cours et exercises resolus avec les logiciels
eviews et stata» tome 2, premiere edition, edition ARIMA.
[13]KI, Jean Bosco, Bocar FAYE
: Salimata FAYE(2004) ; Pauvreté multidimensionnelle au
Sénégal : approche non monétaire fondée sur les
besoins de base, Rapport provisoire PEP, juin.
[15]KASSE, Moustapha,
« cours politique nationale de développement master 1 »
2017. [16]NDIAYE, A. (1999). Essai
de quantification et d'identification des déterminants de la
pauvreté à Dakar. Des concepts aux réalités,
Thèse de Doctorat d'Etat, université Panthéon-Assas, Paris
II. [17]NDIAYE, A. (1999). Essai de
quantification et d'identification des déterminants de la
pauvreté à Dakar. Des concepts aux réalités,
Thèse de Doctorat d'Etat, université Panthéon-Assas, Paris
II.
[18] Ministère de l'économie des finances est du
plan, Rapport annuel d'activité 2018
[19] RAVALLION, M. (1994). «Poverty
comparisons», Fundamentals of pure and applied economics, Chur,
Switzerland: Harwood Academic Publishers.
[20]Rawls, J., 1971, a
Theory of Justice, Cambridge, MA: Harvard University Press.
57
1291SAHN, D. and STIFEL, D
(2001) « Exploring Alternative Measures of Welfare in the
Absence
of Expenditure Data», Cornell University, URL:
http://people.cornell.edu/pages/des16/sahn/wp97.pdf.
1301SEN, A. (1985). The
Standards of Living, Cambridge University Press.
I31ISEN A. K, 1985,
Commodities and Capabilities, North Holland
1321SEN A. K., 1976,"Poverty:
An Ordinal Approach to Measurement", EconometricaVol.44, pp.
219-231.
1331SEN A.K., 1993, "Capability
and Well-Being", in the Quality of Life, Clarendon Press, Oxford, pp.
30-66.
I34ITOWNSEND, P. (1979).
Poverty in the United Kingdom, London: Allen lane and Penguin. Ted K. Bradshaw.
(2006). Theories of Poverty and Anti-Poverty Programs in Community
Developmen
58
ANNEXE
Les estimations, les différents tests faites sur le
modèle et les commandes sur stata. - Test d'Independence entre la
pauvreté et le milieu de résidence
tabulate p0 milieu, chi2
Incidence |
de la | milieu de résidence
pauvret~ |
+
|
urbain
|
|
rural |
+
|
Total
|
Non pauvre |
|
2,053
|
|
1,423 |
|
3,476
|
Pauvre |
|
1,010
|
|
1,467 |
|
2,477
|
+
|
|
|
+
|
|
Total |
|
3,063
|
|
2,890 |
|
5,953
|
Pearson
|
chi2(1)
|
=
|
193.6343
|
Pr = 0.000
|
-Test d'indépendance entre la pauvreté et la
région de résidence du chef de ménage
tabulate p0 a01 ,chi2
Incidence |
de la |
pauvret~ | Dakar
|
Ziguincho
|
Diourbel
|
Saint-Lou
|
A1_R~gion Tambacoun
|
Kaolack
|
Thi~s
|
Louga
|
Fatick | Total
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
Non pauvre | 491
|
151
|
278
|
288
|
283
|
222
|
317
|
344
|
195 | 3,476
Pauvre | 108
|
235
|
160
|
125
|
231
|
225
|
132
|
80
|
207 | 2,477
|
|
|
|
|
|
|
|
+
|
|
|
|
|
|
|
|
+
Total | 599
|
386
|
438
|
413
|
514
|
447
|
449
|
424
|
402 | 5,953
|
|
|
|
|
|
|
|
Incidence |
de la | A1_R~gion
pauvret~ | Kolda Matam Kaffrine K~dougou S~dhiou | Total
+
|
|
|
|
|
+
|
|
Non pauvre |
|
167
|
217
|
233
|
115
|
175 |
|
3,476
|
Pauvre |
|
221
|
142
|
202
|
171
|
238 |
|
2,477
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
Total |
|
388
|
359
|
435
|
286
|
413 |
|
5,953
|
Pearson chi2(13) = 497.8753 Pr = 0.000
-Test d'indépendance entre la pauvreté et le sexe
du chef de ménage
. tabulate p0 sexe_cm ,chi2
Incidence |
de la | B2_Sexe
pauvret~ |
+
|
Masculin
|
F~minin |
+
|
Total
|
Non pauvre |
|
2,437
|
1,039 |
|
3,476
|
Pauvre |
|
2,024
|
453 |
|
2,477
|
+
|
|
+
|
|
Total |
|
4,461
|
1,492 |
|
5,953
|
Pearson chi2(1) = 103.6665 Pr = 0.000
-Test d'indépendance entre la pauvreté et la
situation matrimoniale du chef de ménage
tabulate p0 etatmat_cm ,chi2
59
Incidence |
de la | Etat matrimonial
pauvrete |
+
|
Marie (e)
|
Marie (e)
|
Celibatai
|
Veuf (ve)
|
Divorce
|
( Concubina |
+
|
Total
|
Non pauvre |
|
1,832
|
1,028
|
121
|
386
|
95
|
0 |
|
3,462
|
Pauvre |
|
1,276
|
843
|
52
|
248
|
42
|
2 |
|
2,463
|
+
|
|
|
|
|
|
+
|
|
Total |
|
3,108
|
1,871
|
173
|
634
|
137
|
2 |
|
5,925
|
Pearson chi2(5) = 30.2394 Pr = 0.000
-Test d'indépendance entre la pauvreté et le groupe
d'âge du chef de ménage.
tabulate p0 groupage1_cm ,chi2
Incidence |
de la | Groupe d'ege
pauvrete | Moins de 35 - 60 a Plus de
+
|
6 |
+
|
Total
|
Non pauvre | 462
|
|
2,175
|
822
|
|
|
3,459
|
Pauvre | 246
|
|
1,497
|
719
|
|
|
2,462
|
+
|
|
|
|
+
|
|
Total | 708
|
|
3,672
|
1,541
|
|
|
5,921
|
Pearson chi2(2)
|
=
|
30.9686
|
Pr =
|
0.000
|
|
-Test d'indépendance entre la pauvreté et
l'occupation du chef de ménage.
. tabulate p0 occupation_cm ,chi2
Incidence |
de la | Occupation
pauvrete | Occupe (1 Chomeur (
+
|
Inactif ( |
+
|
Total
|
Non pauvre |
|
2,360
|
|
110
|
992 |
|
3,462
|
Pauvre |
|
1,681
|
|
74
|
708 |
|
2,463
|
+
|
|
|
|
+
|
|
Total |
|
4,041
|
|
184
|
1,700 |
|
5,925
|
Pearson
|
chi2(2)
|
=
|
0.1441
|
Pr = 0.930
|
|
-Test d'indépendance entre la pauvreté et le niveau
d'instruction du chef de ménage.
tabulate p0 nivinst_cm ,chi2
Incidence |
de la | Niveau d'instruction
pauvrete |
|
Sans inst
|
Primaire
|
Moyen
|
Secondair
|
Superieur |
|
Total
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
Non pauvre |
|
2,147
|
563
|
325
|
216
|
190 |
|
3,441
|
Pauvre |
|
1,938
|
329
|
115
|
59
|
16 |
|
2,457
|
+
|
|
|
|
|
+
|
|
Total |
|
4,085
|
892
|
440
|
275
|
206 |
|
5,898
|
Pearson chi2(4) = 251.7500 Pr = 0.000
- Estimation du modèle logit (coefficients).
logit pauvre taille taille2 feminin rural sansinstrucyion
primaire moyen secondaire ziginchor diourbel saintlouis tambacounda
k
> aolack thies louga fatick kolda matam kafrine
kedougou sedhiou polygame C~libatair veuf divorcer moinde35ans plusde603
chomeur
> inactif
|
Iteration 0:
|
log
|
likelihood
|
=
|
-4003.2212
|
|
|
|
Iteration 1:
|
log
|
likelihood
|
=
|
-3178.0567
|
|
|
|
Iteration 2:
|
log
|
likelihood
|
=
|
-3163.6587
|
|
|
|
Iteration 3:
|
log
|
likelihood
|
=
|
-3163.5119
|
|
|
|
Iteration 4:
|
log
|
likelihood
|
=
|
-3163.5116
|
|
|
|
Logistic regression
|
|
|
|
Number of obs
|
=
|
5,894
|
|
|
|
|
|
LR chi2(29)
|
=
|
1679.42
|
|
|
|
|
|
Prob > chi2
|
=
|
0.0000
|
60
Log likelihood = -3163.5116
|
|
Pseudo R2
|
=
|
0.2098
|
pauvre | Coef.
|
Std. Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
taille
+
|
| .2436793
|
.0147072
|
16.57
|
0.000
|
.2148537
|
.2725049
|
taille2
|
| -.0032127
|
.0004796
|
-6.70
|
0.000
|
-.0041526
|
-.0022728
|
feminin
|
| -.487462
|
.094513
|
-5.16
|
0.000
|
-.672704
|
-.30222
|
rural
|
| .1511685
|
.06952
|
2.17
|
0.030
|
.0149118
|
.2874251
|
sansinstrucyion
|
| 2.301416
|
.2825635
|
8.14
|
0.000
|
1.747602
|
2.85523
|
primaire
|
| 1.870197
|
.2885087
|
6.48
|
0.000
|
1.30473
|
2.435663
|
moyen
|
| 1.417742
|
.3032585
|
4.68
|
0.000
|
.8233661
|
2.012118
|
secondaire
|
| 1.051266
|
.3214845
|
3.27
|
0.001
|
.4211678
|
1.681364
|
ziginchor
|
| 2.207772
|
.1697219
|
13.01
|
0.000
|
1.875123
|
2.540421
|
diourbel
|
| .5327335
|
.1640757
|
3.25
|
0.001
|
.211151
|
.8543161
|
saintlouis
|
| .2373773
|
.1698213
|
1.40
|
0.162
|
-.0954663
|
.570221
|
tambacounda
|
| .7149973
|
.160335
|
4.46
|
0.000
|
.4007466
|
1.029248
|
kaolack
|
| 1.197388
|
.1594455
|
7.51
|
0.000
|
.8848802
|
1.509895
|
thies
|
| .1029906
|
.1670141
|
0.62
|
0.537
|
-.224351
|
.4303321
|
louga
|
| -.391457
|
.1818801
|
-2.15
|
0.031
|
-.7479354
|
-.0349785
|
fatick
|
| 1.393147
|
.1658009
|
8.40
|
0.000
|
1.068183
|
1.718111
|
kolda
|
| 1.512746
|
.1703309
|
8.88
|
0.000
|
1.178904
|
1.846588
|
matam
|
| .6441411
|
.171304
|
3.76
|
0.000
|
.3083915
|
.9798908
|
kafrine
|
| .9448465
|
.1652939
|
5.72
|
0.000
|
.6208763
|
1.268817
|
kedougou
|
| 1.762357
|
.1819696
|
9.68
|
0.000
|
1.405703
|
2.119011
|
sedhiou
|
| 1.464034
|
.1679942
|
8.71
|
0.000
|
1.134772
|
1.793297
|
polygame
|
| -.3408496
|
.074214
|
-4.59
|
0.000
|
-.4863064
|
-.1953928
|
C~libatair
|
| .5988161
|
.2099442
|
2.85
|
0.004
|
.187333
|
1.010299
|
veuf
|
| .2868266
|
.1258383
|
2.28
|
0.023
|
.0401882
|
.5334651
|
divorcer
|
| .1978437
|
.2245417
|
0.88
|
0.378
|
-.2422499
|
.6379373
|
moinde35ans
|
| .1168014
|
.1039288
|
1.12
|
0.261
|
-.0868954
|
.3204981
|
plusde603
|
| -.0388947
|
.0797217
|
-0.49
|
0.626
|
-.1951463
|
.1173569
|
chomeur
|
| .5128739
|
.1799739
|
2.85
|
0.004
|
.1601316
|
.8656162
|
inactif
|
| .0231097
|
.0784995
|
0.29
|
0.768
|
-.1307464
|
.1769658
|
_cons | -5.11088
|
.3154629
|
-16.20
|
0.000
|
-5.729176
|
-4.492584
|
-Estimation du modèle logit (odds ratio)
logistic pauvre taille taille2 feminin rural
sansinstrucyion primaire moyen secondaire ziginchor diourbel saintlouis
tambacound
> a kaolack thies louga fatick kolda matam kafrine
kedougou sedhiou polygame C~libatair veuf divorcer moinde35ans plusde603
chome
> ur inactif
|
Logistic regression
|
|
|
Number of obs
|
=
|
5,894
|
|
|
|
LR chi2(29)
|
=
|
1679.42
|
|
|
|
Prob > chi2
|
=
|
0.0000
|
Log likelihood = -3163.5116
|
|
Pseudo R2
|
=
|
0.2098
|
pauvre | Odds Ratio
|
Std. Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
taille
+
|
|
|
1.275935
|
.0187654
|
16.57
|
0.000
|
1.239681
|
1.31325
|
taille2
|
|
|
.9967925
|
.000478
|
-6.70
|
0.000
|
.995856
|
.9977298
|
feminin
|
|
|
.6141832
|
.0580483
|
-5.16
|
0.000
|
.5103268
|
.7391755
|
rural
|
|
|
1.163193
|
.0808651
|
2.17
|
0.030
|
1.015024
|
1.332991
|
sansinstrucyion
|
|
|
9.988317
|
2.822334
|
8.14
|
0.000
|
5.740819
|
17.37844
|
primaire
|
|
|
6.489573
|
1.872298
|
6.48
|
0.000
|
3.686694
|
11.42339
|
moyen
|
|
|
4.127789
|
1.251787
|
4.68
|
0.000
|
2.278155
|
7.479139
|
secondaire
|
|
|
2.861271
|
.9198542
|
3.27
|
0.001
|
1.52374
|
5.372879
|
ziginchor
|
|
|
9.09543
|
1.543694
|
13.01
|
0.000
|
6.521623
|
12.68501
|
diourbel
|
|
|
1.703583
|
.2795166
|
3.25
|
0.001
|
1.235099
|
2.349767
|
saintlouis
|
|
|
1.267919
|
.2153197
|
1.40
|
0.162
|
.908949
|
1.768658
|
tambacounda
|
|
|
2.044181
|
.3277538
|
4.46
|
0.000
|
1.492939
|
2.798961
|
kaolack
|
|
|
3.311455
|
.5279965
|
7.51
|
0.000
|
2.422694
|
4.526255
|
thies
|
|
|
1.108481
|
.1851319
|
0.62
|
0.537
|
.7990346
|
1.537768
|
louga
|
|
|
.6760711
|
.1229639
|
-2.15
|
0.031
|
.4733428
|
.9656261
|
fatick
|
|
|
4.027504
|
.6677637
|
8.40
|
0.000
|
2.910087
|
5.573987
|
kolda
|
|
|
4.539179
|
.7731623
|
8.88
|
0.000
|
3.250809
|
6.33816
|
matam
|
|
|
1.904351
|
.3262229
|
3.76
|
0.000
|
1.361234
|
2.664165
|
kafrine
|
|
|
2.572418
|
.4252052
|
5.72
|
0.000
|
1.860558
|
3.556641
|
kedougou
|
|
|
5.826152
|
1.060182
|
9.68
|
0.000
|
4.078393
|
8.322899
|
sedhiou
|
|
|
4.323367
|
.7263007
|
8.71
|
0.000
|
3.110464
|
6.009233
|
polygame
|
|
|
.7111659
|
.0527785
|
-4.59
|
0.000
|
.6148934
|
.8225115
|
C~libatair
|
|
|
1.819963
|
.3820906
|
2.85
|
0.004
|
1.206029
|
2.746422
|
veuf
|
|
|
1.332193
|
.1676409
|
2.28
|
0.023
|
1.041007
|
1.70483
|
61
divorcer | 1.218772 .2736651 0.88 0.378 .78486 1.892573
moinde35ans | 1.123896 .1168052 1.12 0.261 .916773 1.377814
plusde603 | .961852 .0766804 -0.49 0.626 .8227143 1.124521
chomeur | 1.670084 .3005715 2.85 0.004 1.173665 2.37647
inactif | 1.023379 .0803347 0.29 0.768 .8774403 1.19359
_cons | .0060308 .0019025 -16.20 0.000 .0032498 .0111917
Note: _cons estimates baseline odds.
-Test d'ajustement du modèle de hosmer-lomeshov.
estat gof
Logistic model for pauvre, goodness-of-fit test
number of observations = 5894
number of covariate patterns = 4430
Pearson chi2(4400) = 4466.68
Prob > chi2 = 0.2375
-Test de prédiction correcte du modèle
lstat
Logistic model for pauvre
True
Classified | D ~D | Total
+ +
+ | 1538 702 | 2240
- | 918 2736 | 3654
+ +
Total | 2456 3438 | 5894
Classified + if predicted Pr(D) >= .5 True D defined as pauvre
!= 0
Sensitivity Pr( +| D) 62.62%
Specificity Pr( -|~D) 79.58%
Positive predictive value Pr( D| +) 68.66%
Negative predictive value Pr(~D| -) 74.88%
False + rate for true ~D Pr( +|~D) 20.42%
False - rate for true D Pr( -| D) 37.38%
False + rate for classified + Pr(~D| +) 31.34%
False - rate for classified - Pr( D| -) 25.12%
Correctly classified 72.51%
- Test du pouvoir discriminant du modèle(ROC)
lroc
Logistic model for pauvre
number of observations = 5894
area under ROC curve = 0.7958
0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
1 - Specificity
Area under ROC curve = 0.7958
62
TABLE DES MATIERES
DEDICACES I
REMERCIEMENTS II
RESUMÉ III
SIGLES ET ABRÉVIATIONS IV
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES V
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DU SENEGAL
3
I. LA SITUATION ECONOMIQUE 3
II. LA SITUATION SOCIALE 6
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTÉRATURE
9
I. CADRE D'ANALYSE DE LA PAUVRETÉ 9
I.1. L'approche Welfariste 9
I.2. L'approche des besoins de base 10
I.3. L'approche des capacités 11
I.4. L'approche subjective 12
II. DÉFINITION DES CONCEPTS ET
DIFFÉRENTES MESURS DE LA PAUVRETÉ 13
II.1. Définition des concepts 13
II.1.1. Pauvreté monétaire
13
II.1.2. La pauvreté non monétaire
13
II.1.3. Pauvreté multidimensionnelle
14
II.1.4. Bien-être 14
II.1.5. Seuil de pauvreté 14
II.1.6. Profil de la pauvreté 15
II.2. Mesure de la pauvreté 15
II.2.1. Mesure de la pauvreté monétaire
15
II.2.2. Mesure de la pauvreté
multidimensionnelle 19
II.2.3. Mesure de la pauvreté subjective
26
III. REVUE EMPIRIQUE 27
III.1. Selon l'approche monétaire
27
III.2. Selon l'approche multidimensionnelle
28
III.3. Selon l'approche des besoins de base
28
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE ET SOURCE DE
DONNÉES 30
I. MÉTHODOLOGIE 30
I.1. Présentation théorique du
modèle 31
I.2. Spécification du modèle logit
35
II. SOURCES DE DONNÉES 38
63
CHAPITRE IV : RÉSULTATS DES ESTIMATIONS
39
64
I. LE PROFIL DE PAUVRETÉ DU
SÉNÉGAL. 39
I.2. L'analyse de la pauvreté selon la
région de résidence. 41
I.3. L'analyse de la pauvreté selon le milieu
de résidence. 42
I.4. L'analyse de la pauvreté selon le sexe du
chef de ménage 43
I.5. L'analyse de la pauvreté selon le groupe
d'Age du chef de ménage. 44
I.6. L'analyse de la pauvreté selon le niveau
d'instruction du chef de ménage 44
I.7. L'analyse de la pauvreté selon
l'occupation du chef de ménage 45
I.8. L'analyse de la pauvreté selon la
situation matrimoniale du chef de ménage 46
II. LE DEGRÉ D'INDÉPENDANCE OU DE
DÉPENDANCE ENTRE LA PAUVRETÉ ET LES VARIABLES
EXOGÈNES DU MODÈLE 47
III. RÉSULTATS DE L'ESTIMATION DU MODÈLE
48
IV. MESURES DE POLITIQUES ECONOMIQUES 52
CONCLUSION 54
BIBLIOGRAPHIE 56
ANNEXE 58