WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le malaise identitaire et sa quete dans l'enfant des deux mondes de Karima Berger : vers une représentation romanesque de l'hybride


par Amar MAHMOUDI
UMMTO - Master 2 2021
  

précédent sommaire

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

ANNEXES

I. Karima Berger, Le « saut hors du rang des meurtriers ».

II. Christiane Chaulet-Achour & Karima Berger, «Dans un sens, dans l'autre, sans cesse». - «Dialogue avec le texte L'enfant des deux mondes de Karima Berger».

III. Marion Muller-Colard, «Karima Berger : femme d'un seul monde».

IV. Informations en lien avec le corpus.

Annexe I.

----------FIGURE LIBRE----------

Le « saut hors du rang des meurtriers »

Karima Berger

A

près une longue histoire emplie de spiritualité et d'ouverture à l'autre (mais aussi de guerres comme toutes les grandes civilisations), mon islam (je dis MON car je ne parle que de mon expérience et non au nom d'une communauté abstraite ou imaginaire ) était une religion où l'on ne craignait pas d'honorer Marie à laquelle le Coran réserve une sourate entière, d'honorer Jésus, un temps où le prophète Mohammed ne craignait pas d'offrir l'hospitalité, à Médine, aux chrétiens de Najran qui, venus le voir en délégation, lui demandent à la fin de la discussion, de la controverse même, où peuvent-ils aller prier ? Mohammed leur répond : « Là, ici, dans ma mosquée ! »

Cette période faste a fondé mon imaginaire et fait la richesse de mes ressources culturelles mais en réalité, cette histoire nous est commune pour partie, un jour mais peut-être est-ce trop tôt, nous assumerons ensemble l'héritage de ces Lumières, de toutes ces Lumières.

Puis cette immense civilisation connut le sort réservé à ses soeurs, un déclin où, menacé de l'intérieur et de l'extérieur, l'islam s'est refermé, desséché, resserré sur lui-même jusqu'à l'asphyxie de ce qui faisait sa sève particulière, jusqu'à ces monstres qui occupent aujourd'hui nos esprits.

Ceci sur la scène publique, mais en privé, chacun dans son islam intime sentait venir le naufrage. J'ai vécu dans une Algérie coloniale, violente et injuste, et j'ai éprouvé combien mes parents, mes grands-parents, tout en s'inspirant du Coran, nous exhortaient avec ce verset : « C'est Lui qui a fait de vous les héritiers de la terre. » À vous, enfants, d'en être dignes ! Ils voulaient sauvegarder leur foi, sans jamais la confondre avec une quelconque revendication nationale ou identitaire. La résistance était « laïque », si je puis dire, et nullement orientée vers une guerre contre les chrétiens.

Ils se tenaient dans l'exercice périlleux d'élever leurs enfants à la fois dans les enseignements du Coran et de la nouvelle modernité, venue d'ailleurs, une découverte qui faisait leur admiration. La science, le savoir, le progrès, le péril les rendaient intelligents, alors ils se questionnaient : « De cette modernité, que prendre, que ne pas prendre ? Que transmettre ? Que ne pas transmettre ? ». Ils allaient commencer à vivre avec ces contradictions, ces premières divisions de l'homme oriental entre son pôle spirituel et l'appel du monde terrestre, en plein bouleversement.

Mais nous voilà aujourd'hui, défaits, nos mondes bouleversés. En fait, nous sommes à présent un seul monde, tenu sous la férule de cette gigantesque toile virtuelle qui nous enserre, et que nous appelons Mondialisation. Dans les pays arabes, on ne fait pas d'euphémisme, on n'y va pas par quatre chemins, on l'appelle Occidentalisation, perçue comme nivelant les cultures et voulant faire avaler à l'autre les couleuvres de l'universalité. Il n'y a qu'à voir, me disent mes amis, le redoutable savoir-faire technique, médiatique et managérial de Daech, du 100% pur occidental.

Et dans notre univers maintenant unifié, tel un animal blessé, longtemps ignoré, rejeté, l'islam revendique sa place au soleil en convoquant non pas, hélas, ses valeurs spirituelles, mais en privant le musulman de sa part intime, personnelle pour inoculer en lui le virus de l'appartenance. Travaillé par les situations d'exil qui sont devenues le modèle de notre condition d'homme contemporain, le musulman ne « se » reconnaît plus ni chez lui ni hors de chez lui. Alors, quoi de plus consolateur que l'attrait de la foule, cette matrice tiède et enveloppante qui fait oublier son exil et empêche de penser par soi-même, qui fait se croire le meilleur, oubliant ou ignorant plutôt ce principe coranique de la multiplicité des croyances : « Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous une communauté unique, mais Il voulait rivaliser en vos dons. »

Or, la stratégie de cette violence est redoutable et cynique, elle frappe là où les populations dites musulmanes sont « stigmatisées » afin d'accroître la défiance qui pèse sur elles, fragiliser encore davantage leurs positions sociales pour mieux les prendre dans leurs filets. Alors, le risque est que tous les diables se réveillent en nous tous, avec le pouvoir, en quelques actes meurtriers, de faire s'écrouler le patient travail tissé par la société civile avec ses multiples associations qui travaillent à vivre ensemble. Rancoeurs, histoire mal digérée (la perte de l'Algérie), l'islam (que peut apporter de neuf cette troisième religion qui s'invite dans le cercle très fermé du cénacle judéo-chrétien ?), l'arrogance occidentale, les mensonges, un vrai festin pour mauvais esprits qui se tiennent tassés au fond de nos cerveaux ; nos histoires sont leur oxygène...

C'est que le péril nous menace, nous aussi, musulmans d'Europe ; pour eux, l'islam court à sa perte à cause de son ouverture (pour moi, il sera sauvé) ; alors nous voilà tiraillés entre l'intégration ou la séparation. Comme s'il nous était interdit d'accéder au droit d'indifférence à la religion, au droit à la séparation entre une foi intime et personnelle et un engagement citoyen, il nous est interdit d'accéder au droit de se dire d'abord Français et de réfuter l'assignation religieuse. En réalité, c'est un suicide moral que nous serions sommés d'accomplir collectivement.

Et c'est ainsi que l'islam peu à peu est devenu un symptôme, mais ne serait-il pas plutôt le symptôme de la maladie du monde ? Secret, caché, oublié, voilé, intime : jusqu'aux années 1990, l'islam rasait les murs des villes minières du Nord ou le quartier Barbès, ou les chantiers de Billancourt. De l'image de soumission et de fatalisme, ma religion est devenue l'incarnation de la violence. Quelle redoutable réversibilité des images !

Violence dit-on, mais n'est-ce pas que tout est inquiétude ? L'effroi ne cesse de grandir en nous, du massacre d'Utoya en Norvège, des caranges récurrents aux États-Unis, de la catastrophe qui menace Gaïa, et cette terreur maintenant à nos portes, dans nos rues, cette violence s'est cristallisée autour de l'islam, identifiée comme une religion humiliée, dominée. L'islamisme est devenu la dernière idéologie radicale à la mode, nourrie de la frustration d'une jeunesse arabe, sous la coupe de dictatures qui ont fermé tout horizon, de l'échec de l'intégration en France, et du « deux poids deux mesures » de la politique internationale qui décrédibilise nos dirigeants et donc le politique, et donc la république, et donc la nation.

Nous avons cessé d'être en paix. La modernité promettait le progrès, mais une seule chose progresse, la peur. La modernité nous lègue la démesure. Mais quelle est la mesure ? Pour se mesurer il faut un repère, et ce repère est l'autre ! Plus d'autre, plus de Dieu, ne subsiste plus que l'homme, érigé comme désormais l'unique instance de référence, une autoréférence mortifère : « ni autre ni Dieu ».

Mais l'Orient me diriez-vous, n'était-ce pas le lieu même de ce pôle, cette quête de l'Autre vers lequel l'homme s'oriente jusqu'à le nommer du nom de Dieu ?

Oui, mais mon Orient est aujourd'hui défiguré, il n'existe plus ; la toile mondiale lui a arraché son âme, la vendant au pétrole, au marché et à la finance. Mon Orient est défiguré, ni l'homme ni la terre, ni l'hospitalité, ni la grande paix qu'implique l'abandon confiant en Dieu, ainsi que je traduis l'islam, ne survivent.

Mais ces fous de Dieu ne seraient-ils pas le signe d'un renouveau religieux ?

Non, le fou de Dieu ignore son Dieu, il le méprise en l'entravant dans son empressement d'idolâtre, il est fou de religion mais pas de Dieu ! C'est la religion qui est son idole, oublié le Dieu de miséricorde ! Le temps où on créditait les orientaux d'une spiritualité splendide dans laquelle l'Occiental allait puiser pour retrouver un peu de son âme, cette âme « qu'il cache comme une chose un peu indécente » nous disait Etty Hillesum, cet Orient est peut-être définitivement mort.

Car l'Orient n'était pas qu'un continent ou une terre, il était une idée, une vision, un horizon, une boussole pour le coeur ; aujourd'hui, il est devenu une immense plaie, une terre à occuper, détruire et... reconstruire pour les plus grands bénéfices futurs des marchés. Cette ère s'achève sous nos yeux de vivants du XXIe siècle et, sur mon Orient, s'amoncellent des nuages et des temps de plus en plus sombres ! L'Irak, la Syrie, Gaza, la Libye le Yémen, mon monde est à genoux, désolation, exil, fuite, une apocalypse lente, destruction des plus hauts lieux de l'islam, destruction des plus anciens sites de la chrétienté, destruction de ce qui faisait l'Orient majeur, c'est-à-dire, la renaissance, l'origine de Dieu même. Remontent à la surface de mes yeux Damas, Alep, Bagdad, Homs, Palmyre, villes trésors du monde, écrins de la civilisation, architectures, temples, jardins, beautés brûlées enfouies. Cendres sur non têtes, cendres sur ma culture.

Dieu ne serait-il de nouveau voilé à nos yeux depuis la Shoah, la plus grande catastrophe du XXe siècle ?

Mais la catastrophe est pour nous cette fois, elle est là avec sa religion de masse, alliées à la technique pour produire un cocktail désastreux et funeste.

Dans une sorte de mimétisme inversé, l'Orient a voulu rappeler à l'Occident que celui-ci avait oublié Dieu. Mais en affirmant que tout est Dieu, ne risque-t-on pas de parvenir au même oubli de Dieu ?

Oubli de Dieu, terreur. Nous sommes renvoyés tous à notre vide, cette aridité qui gouverne nos âmes, nos esprits, nos discours, une agonie disent même certains.

Certes, on peut soit se rassurer en voyant ces sauvages nous terroriser, se dire combien nous sommes civilisés et nous consoler ainsi de notre propre défaite car la France n'est plus ce qu'elle était, il faut désormais se battre pour exister, garder son rang, ses prétentions ; on peut aussi s'interroger comme beaucoup le font : mais nous que nous reste-t-il ? Ces musulmans semblent avoir une religion des valeurs, un ordre mais nous... ils révèlent notre manque, ils sont le miroir de ce qui a été perdu. Nous sommes en déclin, ils progressent, nous n'avons que des droits, ils ont encore des devoirs, des interdits, ils ont une religion mais nous, nous avons tout perdu et rien n'est venu occuper une place symbolique assez puissante pour ancrer notre culture dans les enjeux de notre monde contemporain. L'Autre nous renvoie à notre propre nuit.

Pourtant, il me semble que ce n'est pas derrière nous qu'il faut aller voir, ce n'est pas non plus devant, c'est ailleurs ! Ailleurs car nous n'avons pas le choix de ne pas rencontrer l'autre, il est notre chance. L'enjeu est aussi important que le soin que nous avons décidé d'apporter à Gaïa, et les migrations futures ne nous démentiront pas. L'autre est sans doute la chance d'une Visitation. Je pense à Louis Massignon qui n'a pas hésité à pénétrer l'univers islamique (du temps où l'Orient était l'Orient) et en retirer une expérience radicale de l'Autre et de l'hôte. Il a nommé « Visitation de l'étranger », l'épreuve mystique qui le mena à sa conversion, il a par la suite développé ce magnifique concept, la Badâlya, qui vient de badal, littéralement « substitution », être capable de se substituer à l'autre en un « expatriement » de soi vers l'autre, dit-il. Badâlya qu'a repris plus tard Christian de Chergé, dont l'assassinat reste pour moi, algérienne ayant joué enfant dans le jardin de leur monastère à Tibhirine, une mort inconsolable.

Nous n'avons pas tous l'envergure d'un Louis Massignon ou d'un Christian de Chergé, nous sommes juste ces « échafaudages de petits os cassants..., poupons rampants, bientôt chenus » comme dit le poète Hopkins.

Pour moi, cet accueil de l'étranger, c'est le socle pour bâtir une histoire, un langage, un récit. C'est un vrai travail de culture qui nous attend et qui a été entamé depuis cette année zéro de la terreur.

Ce travail qui nous attend a été très bien résumé par Sarah, cette jeune blogueuse qui, sur Facebook, au lendemain des attentats du 13 novembre, a fait un contre-appel à celui de continuer à aller en terrasses boire des verres...

« Si aller en terrasses est la seule réponse de la jeunesse française..., je ne suis pas sûre qu'on soit à la hauteur du symbole qu'on prétend être. L'attention que le monde nous porte en ce moment mériterait qu'on aille plus loin... Cela mérite que chacun se pose un instant à la terrasse de lui-même, et lève la tête pour regarder la société où il vit. Et qui sait... peut-être que dans un lambeau de ciel blanc accroché aux immeubles, il apercevra la société qu'il espère » et suit toute une série de résolutions pour transformer ses comportements individuels au quotidien, notamment l'attention à l'autre.

Elle m'a fait penser à cette autre jeune femme, Etty Hillesum, qui écrit en pleine tourmente nazie : « Mon faire consistera à être. »

Au fond, tout le monde a été paresseux ; je pensais, avant ces attentats, que seuls les musulmans n'avaient pas fait ce travail de pensée (ou d'interprétation pour reprendre l'antienne actuelle) pour répondre à la question majeure : quel islam veut-on aujourd'hui, en France, en Europe au XXIe siècle ? Au lieu d'y travailler, notre espace de réflexion s'est peu à peu gelé. Tétanisés, hébétés, nous sommes sous l'effet d'une sidération que, je vous assure, nul n'imagine, répétant de façon défensive et dérisoire, bégayant en boucle « Daech n'est pas l'islam » !

Et nous voilà, tous en train de découvrir, ahuris, que tout un territoire mental et spirituel de notre pays a été colonisé par un impérialisme culturel dont l'efficacité à coup de pétrodollars ne peut rivaliser qu'avec celle de l'Amérique, colonisé par des prosélytes du comportement unique, du littéralisme des textes, de modes vestimentaires, rituelles, communautaires semant la haine dans nos demeures spirituelles que sont les mosquées, fussent-elles des caves ou des garages. Comment a-t-on pu laisser une telle ingérence s'enraciner ? Il nous faudra expliquer cela. Mais Benjamin Stora nous prévient : « Ce qui est terrible avec l'Histoire, dit-il, c'est qu'on ne regarde toujours que la fin de l'histoire ».

En fait, c'est toute la France qui a été paresseuse, reposant sur les lauriers de sa gloire passée, de ses Lumières et droits de l'homme. Alors aujourd'hui, c'est quoi la France que nous désirons ? Comment vivre désormais avec cette religion, autre, dont la présence massive ravive l'arrachement colonial, cette indépendance de l'Algérie qui a amputé la France de trois de ses départements et qui fait, sur fond d'horreur islamique, le fonds de commerce du Front national.

Et nos hommes politiques qui ne viennent même pas à notre secours ! Je suis frappée par leur indigence concernant la chose religieuse ou disons sacrée, le politique n'entend pas le religieux. Je ne dis pas que la solution doit être religieuse mais comment le politique peut-il penser son action, sa vision sans faire une place à cet ordre symbolique qui occupe en secret nos consciences ? Nos gouvernants sont une tragédie à eux seuls, aucun souffle n'habite leurs bouches, ils ne lisent pas, ils ont juste le temps de tweeter, seul François... nous fait rêver de sa haute et grande vision, on le voudrait président de tous les pays du monde. Mais il n'est que le Pape...

Alors il nous revient non pas de définir une identité, je me méfie définitivement de cette chose-là, changeante, mouvante, trop vivante pour être enfermée, mais de renouveler ensemble le récit de notre pays ; vous l'aurez compris, j'aime les récits, j'aime les romans et nul ne peut vivre sans qu'on lui raconte des histoires. Comment refonder un roman national qui soit inclusif de tous ceux qui font ce pays ? Par exemple, ces grandes figures musulmanes, comme l'émir Abd el-Kader qui a écrit avec sa très noble reddition, une page de l'histoire française et quelques années plus tard, une nouvelle page de l'histoire chrétienne en protégeant en 1860 à Damas les chrétiens contre la furie extrémiste. Sa magnifique stature rendrait tellement fiers, dans leurs écoles, les petits Français de confession musulmane, et leur donnerait tant de dignité pour honorer la stature de leur ancêtre qui, à Mgr Pavy le remerciant pour sa protection, répond ainsi : « Toutes les religions apportées par le prophète depuis Adam jusqu'à Muhammad reposent sur deux principes : l'exaltation du Dieu Très-Haut et la compassion pour ses créatures. En dehors de ces deux principes, il n'y a que des ramifications sur lesquelles les divergences sont sans importance ».

Nous sommes responsables ensemble, y compris les écrivains (et Alexis Jenni s'est colleté avec cette tâche d'aller voir du côté de ce grand trou laissé par l'aventure coloniale), de ce travail de culture qui ne consiste pas à rejeter ou à révoquer hors-champ l'espace du religieux ou du spirituel ! Il s'agit au contraire d'en reconnaître l'aspiration existentielle, profondément humaine, et de se pencher sur sa métamorphose aujourd'hui ainsi que sur ses nouvelles formes d'expression.

Pour conclure, je dirai que la seule véritable « ressource culturelle collective » est celle de travailler ensemble à notre maison commune. Ce serait, pour moi, l'occasion d'une résurrection, une renaissance qui relèverait mon islam de l'épreuve tragique qu'il vit aujourd'hui car « Dieu ne modifie pas l'état d'un peuple qu'ils ne l'aient modifié de leur propre char... » nous dit le Coran.

Penser, croire, aimer, prier, écrire nous sauvent. Lorsque j'écris, je pense à cette parole de Kafka : « écrire, c'est faire un saut hors du rang des meurtriers... ».

Nous sommes donc responsables du saut qu'est en train d'accomplir notre destin, et plus spécifiquement, notre destin spirituel. Responsables totalement.

Karima BERGER

Annexe II.

----------ALGÉRIE LITTÉRATURE / ACTION----------

DIALOGUE

?

Karima Berger, L'enfant des deux mondes, roman. Editions de l'Aube,

1998, 127 p. ------------------------------

«Dans un sens, dans l'autre, sans cesse»

Karima Berger, ce nouveau nom des littératures algériennes, nous convie à lire un très beau récit de vie, L'enfant des deux mondes dans une région que les écrivains algériens ne nous ont pas fait «visiter» depuis longtemps et dans «un entre-deux» existentiel auquel nous ne sommes plus accoutumés.

«Alger - Médéa, voyage. Deux heures de route heureuse et chaotique parcourues presque chaque fin de semaine. A la sortie de la ville, très vite, la plaine généreuse que traversait la route de part en part jusqu'à pénétrer lentement dans les gorges de la Chiffa, du nom du fleuve qui prenait sa source dans les montagnes, dernière frontière avant les steppes désertiques du sud. Elle les appelait «les gorges de Chériffa», du prénom de sa mère.»

On entre dans le récit par ce mouvement du voyage et par cette pénétration heureuse dans le territoire maternel. On sait l'importance de ces seuils qui impulsent l'écriture et notre parcours de lecture. Ils se font sous le double du déplacement et de la mère.

Elle rapportera, après l'exil, à l'un de ses voyages une «Agua viva, morte : morceau de son propre cordon ombilical conservé jusque-là par sa mère. Chair asséchée par le temps, privée de son eau nourricière : laquelle ? Comment savoir qui en était la source, le corps de l'enfant ou celui de la mère ?» Elle la transférera de l'armoire maternelle à son armoire parisienne pour re-sceller le corps à corps mère-fille, cette filiation féminine si constante et si problématique dans les écritures des femmes. Mort, le cordon ombilical continue à vivre et provoque la remontée vertigineuse d'une mémoire de «morte maternité». Il lui faudra le jeter dans l'eau du fleuve pour se récupérer et habiter pleinement son présent : «Elle n'a jamais su s'il retrouva la mer et plus loin les gorges de la Chiffa, s'il voyagea, d'une rive à l'autre, d'un monde à l'autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.»

Karima Berger, - un nom d'écriture, sésame d'une entrée en littérature -, est née à Ténès en 1952, quatrième fille d'une famille de cinq enfants dont le dernier est un garçon. On sait ce que cet «ordre» signifie !... Après des études supérieures à Alger de Sciences Politiques et de Droit, elle vient en France en 1975 pour faire un doctorat. Sa thèse porte sur le Nationalisme, l'idéologie de l'indépendance nationale qu'elle souhaite mieux cerner car elle y décèle de nombreux germes de l'enfermement de l'Algérie indépendante autour de l'unicité dans tous les domaines. Elle se consacre à la recherche universitaire et a une charge de cours à Dauphine en Sociologie du développement. Elle se dirige ensuite vers les métiers des ressources humaines. C'est dans ce domaine qu'elle travaille actuellement.

Karima Berger a publié plusieurs articles dans Le Monde Diplomatique, Le Cheval de Troie, Intersignes, La Revue de Psychanalyse...

Comment s'est donc fait ce passage à l'écriture de fiction ?

« C'était présent en moi depuis longtemps. Je tournais autour... Je crois que je peux dire que ces dernières années m'ont poussée... pas dans le sens d'un témoignage sur l'actualité. Non. Mais j'ai eu envie de dire ce que j'avais à dire pour qu'on le lise comme un des éléments de ce qui se passe, comme une part de l'histoire inconsciente de ce pays. J'ai hésité entre un essai ou une fiction car je souhaitais faire un essai sur le dualisme, sur l'identité. Mais j'avais abandonné la recherche universitaire depuis de nombreuses années et un tel essai aurait nécessité des lectures, tout un travail de synthèse. J'ai donc opté pour la fiction. Et c'est cette écriture qui est venue...»

Le jeu de l'écriture se construit entre échos et parallélismes ; le récit nous emporte ainsi entre ce début et cette fin que nous venons d'évoquer, dans la douce langue de la réminiscence où tout s'organise pour signifier et comprendre au-delà d'une simple chronologie des faits qui n'explique pas grand-chose.

«C'est un récit plutôt qu'un roman. Ce n'est pas non plus une autobiographie. Disons que c'est la reconstruction d'éléments vécus ou observés. Les noms par exemple ! Certains ne s'inventent pas, comme l'école Richard de Médéa... Pour d'autres, j'ai conservé un écho du nom réel mais pas le nom véritablement.»

La notion de «traduction» semble le maître-mot de ce récit. «D'une rive à l'autre, d'un monde à l'autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.» Ce mouvement de flux et de reflux, vague qui submerge et se retire, avait déjà ponctué la fin du premier chapitre pour dire la formation scolaire initiale où l'enfant a été installée, d'emblée, dans la traduction, «intense travail de tous les instants, d'une langue à une autre, d'un signe à un autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.» Il ponctue aussi la fin du chapitre VIII qui a comparé les cadeaux que l'on peut offrir aux petites filles, dans les deux «mondes» où «elle» doit se mouvoir : «elle qui cherchait toujours à comparer, faire correspondre les deux mondes, à traduire, intense travail de tous les instants, d'une langue à une autre, d'un signe à un autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.» Mouvement de vague, mouvement du va-et-vient, mouvement du tissage qui, en suivant la trame, fait naître une oeuvre où les dessins progressivement prennent sens.

«Quand je pense «traduction», je pense en premier lieu à la langue, puis à deux mondes, deux univers. L'héroïne a vécu un véritable traumatisme linguistique : celui de grandir dans et en face de la langue arabe comme une langue étrangère avec tout l'attrait que représente l'étranger, attrait de mystère, de magie, d'inaccessibilité...»

Pourtant, lorsque la mère console les nuits de cauchemar, elle le fait en récitant dans un murmure une sourate qui fait dire à la petite fille qu'elle y trouve le refuge de «la langue maternelle»...

«Oui, c'était la langue du rêve. Le Coran de la consolation dans la nuit. C'est la langue secrète de la mère. Donc, c'est la vraie langue de la mère, celle qui semble interdite d'accès. Et quand elle arrive à Alger, en 1962, cette langue de rêve devient une langue menaçante parce qu'elle ne sait pas la parler, qu'on la lui enseigne dans les conditions qui sont rappelées dans le récit. Et parce qu'on lui demande d'abandonner le français. Il y a eu un livre très important pour moi, celui d'Antoine Berman, L'épreuve de l'étranger publié chez Gallimard, dans les années 80. Déjà ce titre !... André Berman y parle de la traduction : comment la traduction peut être un élément de vivification de la langue traduite. Il cite un poème de Goethe où celui-ci évoquait des fleurs offrant un tableau magnifique dans la campagne. On vient les cueillir, on les coupe, on les met dans un vase et elles vont vivre une seconde vie. Je me suis demandée alors si on traduisait beaucoup dans nos pays parce que je voyais et je vois la traduction comme un signe de vie et de santé intellectuelle...»

Signe de vie et de santé, signe d'échange et jeu de miroirs. Comment traduire les intérieurs, ceux des Français, ceux de la famille, les différences de l'école Richard et de la médersa ; comment comprendre les vêtements, les rites, les édifices, les villes et les cérémonies ? Comment s'adapter à un monde ou à l'autre sans trop se briser ici et là lorsqu'on ne parvient pas à les faire coïncider ?

«Quand je suis passée à l'écriture, j'ai publié un extrait dans la revue Intersignes, n° 10, «Penser l'Algérie», où j'ai mis en parallèle les deux univers, typographiquement. Mon texte se présentait en deux colonnes, l'une commençant par : O le goût de l'école ! Celle de l'école Richard à Médéa, etc... et l'autre par : Ce n'était pas à la médersa qu'elle fit de telles rencontres, lorsqu'elle en suivant les enseignements, etc...! Mais ce n'était tenable, ni pour moi, ni pour le lecteur, sur toute une fiction !»

Comment dire la guerre, l'indépendance, le remplacement des uns par les autres, en cherchant à rester au plus près des souvenirs et à ne pas trop laisser la distance parler en lieu et place du passé ?

La lecture de L'enfant des deux mondes se fait en douceur, même lorsque ce qui est dit relève d'une violence symbolique profonde. Comme s'il fallait ne pas bousculer les mots pour comprendre, comme s'il fallait prendre le temps d'accepter de remonter dans ce temps qui semble si lointain et étrange au regard de l'Algérie d'aujourd'hui. Voyage au pays de Mémoire pour «pister» le devenir...

Au centre du récit, le chapitre V s'attarde sur la langue «maternelle», cette sourate récitée et apprise dans les nuits du cauchemar comme nous venons de le rappeler, cette langue du Coran qu'elle affronte autrement à l'âge adulte et avec laquelle et se réconcilie au chevet de l'oncle mourant : «elle se rendit à son chevet munie cette fois d'une traduction du Livre, en ayant préalablement lu la Sourate Yâsîne, celle que l'on murmure à l'oreille des mourants (...) Pour la première fois, la langue ne comptait plus, ni la française, ni l'arabe, ni celle de tous les jours, ni la muette, seule comptait cette lecture qui dessinait un espace clos dans lequel elle faisait se correspondre le Seigneur et son mourant.»

Le chapitre VI peut alors explorer l'autre voyage, celui du fil reconstruit de la confrontation d'une langue savante à l'autre, le français et l'arabe, depuis l'aïeul, interprète-judiciaire : «Dès lors, la langue française, jusque-là ignorée, dédaignée - seule l'arabe, langue sacrée du Coran méritait d'être étudiée -, se glissa dans l'univers privé de la famille sans que quiconque n'ait imaginé la puissance qu'elle déploierait dans la formation de ses générations futures.»

«Le rapport au religieux : il est, pour moi, au même niveau que la langue, une sorte de nostalgie d'un monde de l'origine, il a le même statut que la langue. Aller vers l'islam en tant que culture est pour moi une nécessité très forte de réappropriation. J'ai équilibré ma méconnaissance de la langue arabe par une entrée dans la connaissance de l'islam, sa culture, ses repères historiques. J'en voulais aux intellectuels d'avoir laissé le monopole de l'islam aux autres... Il faut avoir une connaissance des textes fondateurs. Mon père est tout étonné de pouvoir dialoguer avec moi sur ce terrain-là. L'arabe algérien, je le parlais mais sans une véritable fluidité. L'arabe classique... je suis frustrée. J'ai une immense nostalgie. La traduction m'a permis d'aller vers ces textes de ma culture, de surmonter cette sorte de complexe...»

Dans L'enfant des deux mondes, il est beaucoup question du voile, de l'enfermement, de l'aveuglement, de l'enlaidissement de la mère lorsqu'elle doit mettre son haïk, dans la voiture, pour traverser Médéa...

«Il y a quelque chose d'essentiel pour moi : c'est de réfléchir sur le dedans et le dehors. Tout féministe que je suis, je ne suis pas dupe de la violence et de la virilité qu'affichent les hommes... Un autre livre important a été Le Harem et les cousins de Germaine Tillion... J'ai toujours senti le pouvoir qu'avaient les femmes dans la sphère domestique. Un certain pouvoir très subtil. Quand les hommes entrent dans cet espace du dedans, ils «se voilent», ils toussent pour signifier leur présence, signifiant qu'ils ne sont pas sur leur territoire... C'est toujours dans la revue Intersignes, un numéro consacré aux femmes, que j'ai réfléchi à l'envers de ce que l'on présente habituellement : «déplacer don le regard et lire dans le comportement masculin les marques d'un voilement, dont il faut se demander ce qu'il dissimule»... Les femmes représenteraient l'intimité de l'homme. Si elles sortent, l'homme se retrouve nu. D'où l'enjeu de la lutte des femmes en Algérie, par exemple : si les femmes sont libres, les hommes voient leur identité niée»

Ne peut-on pas parler plutôt alors d'une nécessaire re-définition identitaire, car si on reste dans la «compassion», les femmes ne sortiront jamais de ce statut qu'on peut valoriser par l'analyse mais qui n'en reste pas moins un statut peu enviable ? Est-ce seulement caractéristique des pays d'islam ? Je n'en suis pas sûre, pour ma part. Je pense à Une chambre à soi de Virginia Woolf : «les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l'homme deux fois plus grande que nature (...) si elles n'étaient pas inférieures, elles cesseraient d'être des miroirs grossissants. Et voilà pourquoi les femmes sont souvent si nécessaires aux hommes». Débat toujours ouvert et essentiel.

L'enfant des deux mondes, c'est aussi un regard tamisé sur les préjugés - le racisme habituel des Français certes -, mais surtout les idées toutes faites sur l'autre communauté à laquelle on se mesure et contre laquelle on se protège comme par une peur instinctive de trop de séduction ; c'est apprendre à aimer sans se renier, sans verser dans le mépris et la méconnaissance. Et cette fois la «leçon» ne s'adresse pas à l'Autre, Français, Européen, occidental qui aurait dans ses gènes l'évidence du racisme, mais à soi, aux siens. Le ton mesuré s'emballe quelque peu pour cette saine interpellation. La narration dénonce cette ambivalence des Algériens, les contradictions dans leur rapport à l'autre, l'ex-colonisateur. Une telle attitude détruit des potentialités de choix.

L'enfant des deux mondes, c'est un regard sur les femmes exprimé autrement, différemment comme une femme peut le faire quand elle cherche à dire avec pudeur et justesse l'éveil de la sensualité, la conscience du corps et du désir, du trouble et de l'interdit : «Éveil de la chair dans le noir ou dans les trouées des feuillages ou dans les champs de blé ou sur les terrasses dans la lumière aveuglante de midi.»

«L'écriture est venue... dans un état de grâce... J'y ai travaillé deux ans, surtout l'été. C'est tombé comme un fruit mûr, sans doute parce que ce que j'écrivais été porté par tout un travail antérieur. J'ai toujours tenu des journaux, des carnets, depuis l'âge de vingt ans. Le matériau était là, ce qui aide le travaille de mémoire. J'avais noté des flashes que je sentais porteurs de quelque chose et c'est à partir d'eux que j'ai construit ma fiction. Le premier titre était, Petits tableaux de mémoire.»

Les projets, il y en a bien sûr ! Quand le désir d'écrire enfin se libère... «Je travaille sur un sujet plus difficile : sur le sentiment de la peur. Je resterai toujours dans la fiction. Ce que peut ressentir une femme : peur de la violence, des hommes, du noir, de l'extérieur... Peur qui naît de cette crainte de sortir de l'enceinte...»

Christiane Chaulet-Achour et Karima Berger, juin 1998

Annexe III.

----------Réforme----------

Karima Berger : femme d'un seul monde

Cette femme d'écriture aime le grand large et le dialogue des cultures et des espérances.

Il est des gens que les tiraillements élargissent plus qu'ils ne déchirent. Karima Berger est une femme élargie. Tout en témoigne : la largesse du sourire et celle de la pensée. La largesse de l'accueil aussi, dans l'appartement lumineux qui domine les toits de Paris, bordé d'oliviers et de lavandes sur le point de fleurir.

Elle s'excuse d'un peu de fatigue, une lassitude à vrai dire. Pour cette femme de l'ouverture, se confronter aux replis est une douleur. Replis de ces deux mondes qui l'ont mise au monde : la France et l'Algérie, l'Europe et l'Afrique du nord ; ces deux cultures qui, à l'intérieur, se sont rejointes pour la faire grandir. Et qui, à l'extérieur, se choquent à n'en plus finir.

N'en parlons plus, un merle court sur le balcon entre la lavande et l'olivier ; ce matin Karima a enregistré son chant, elle en diffuse la mélodie dans l'appartement en suivant du doigt la hauteur de chaque note.

Karima est le prénom que ses parents algériens ont donné à leur quatrième fille. Berger est la traduction française du nom de son époux, Jean-Michel Hirt. En deux mots est dite l'identité nomade de celle qui n'a de maison que l'écriture.

Double culture

Née en 1952 à Ténès, petite ville au bord de la mer, Karima Berger passe une enfance heureuse. « Mon père, libéral, moderne, musulman, a poussé toutes ses filles vers les études. Il nous voulait instruites. J'ai goûté très tôt au bonheur de la double culture ! J'avais l'impression d'être deux fois intelligente », dit-elle avec un sourire espiègle qui laisse deviner la vive fillette dont il est question. « J'avais deux manières de dire les couleurs, deux manières de dire Dieu, deux manières d'entendre, de sentir... »

Mais la double culture, c'est aussi les premières blessures. À dix ans, Karima est invitée à la communion solennelle de son amie Patricia. Elle ressort de la cathédrale d'Alger avec cette question d'enfant qui embarrasse les adultes : pourquoi n'a-t-on pas tous le même Dieu ?

Plus tard, sa grand-mère posera un verdict intolérable à l'enfant, après un après-midi passé à jouer avec une camarade : « Ton amie, elle est charmante, mais elle n'ira pas au paradis. » « Alors je déploie un attirail d'arguments : «Imagine une vieille dame chinoise qui n'a jamais connu l'islam et jamais fait le mal, pourquoi irait-elle en enfer ?» » Une faille ébranle le verdict de la grand-mère, qui invite la fillette à retourner à ses jeux. L'enfant est trop intelligente pour ne pas saisir ce talon d'Achille de la religion. Trop exigeante pour le classer dans les affaires sans suite...

« Ce jour-là, ma grand-mère a instillé en moi la question de l'altérité. Ce n'est pas un hasard si j'écris toujours sur l'autre. Sur Etty Hillesum (1), avec Christine Ray (2)... » Pas un hasard si, aujourd'hui, Karima Berger préside l'association Écritures et Spiritualités qui oeuvre à faire connaître une littérature porteuse de sens, de souffle et d'ouverture. Au coeur de cette association composée d'écrivains et d'essayistes des trois religions monothéistes, l'autre encore. Le dérangeant, l'élargisseur.

Ce privilège de se laisser déranger par l'autre, Karima Berger en fera une vocation : études de droit et de sciences politiques à Alger, pour s'orienter vers la diplomatie. Pendant ses années d'étudiante, à la faveur d'un voyage dans le Sahara, elle achète son premier Coran. « L'achat de ce Coran, c'était mon premier acte de présence spirituelle à moi-même. » À partir de là, dans sa foi comme dans ses rencontres, tout sera aller-retour incessant entre sa propre intériorité et l'ouverture au monde. « Quand on est assis dans son for intérieur, le dialogue avec les autres peut se faire. Mais quand on commence à être inquiet sur sa propre identité, c'est là que les choses deviennent difficiles. » Elle connaît déjà son ancrage, la jeune fille qui quitte l'Algérie pour poursuivre sa thèse en France et entamer une psychanalyse. « Quand on creuse, on touche à la pâte humaine », ce fond de toute humanité qui permet d'aborder l'autre comme le frère étranger.

Psychanalyse, foi et écriture

Psychanalyse, foi et écriture partagent, dans la vie de Karima Berger, cet appel exigeant à la profondeur, à cette fouille de l'âme. Elle connaît toujours son ancrage, celle qui partage sa vie avec un mari psychanalyste, français et catholique, dans l'alliance intelligente de ceux qui se rencontrent sans fusionner. Celle qui fut L'enfant des deux mondes (3) est devenue la femme d'un seul monde où l'autre peut rester cette énigme d'altérité instillée jadis par sa grand-mère algérienne.

Son dernier roman, Mektouba, paru cette année aux éditions Albin Michel, comporte cette magnifique confession de foi : « Tous les antagonismes de Dieu pour éprouver Sa créature s'étaient confondus en lui mais Dieu sait ce qu'il fait avec Ses antagonismes. »

Dieu sait ce qu'il fait et Karima aussi, qui a choisi depuis quelques années la voie exclusive de l'écriture, cette voie tracée par ceux qui acceptent, précisément, de ne pas tout savoir. Ceux qui « manquent à leur devoir pour aller à leur désir », selon les termes du narrateur de Mektouba. « Mektouba, c'est le féminin de Mektoub, le destin et ce qu'il peut avoir d'écrasant. Je l'ai féminisé pour adoucir le sort... »

Ce roman est porté par une langue, une poésie, qui sourd de cette histoire ramassée à la matière brute de la vie. Karima cite Sylvie Germain : « L'écrivain n'écrit jamais de première main. »

L'islam, cadet des religions monothéistes, est aussi fait, bâti, nourri de tout ce qui dans la foi le précède. Alors, en écriture comme dans la foi, on invente peu et on hérite beaucoup ? Peut-être, mais le merle chante de nouveau à la fenêtre.

Sur la table basse est ouvert le conte perse d'Attar, Le langage des oiseaux. C'est peut-être cela, ce langage du fond de l'âme qui fait taire en l'homme ses querelles intestines et sa peur que l'autre le prive de lui-même. Il est temps de partir sur la pointe des pieds et laisser Karima répondre à l'invitation insistante de l'oiseau. Pour habiter finalement de deux manière un seul monde : politiquement et poétiquement à la fois.

(1). Les attentives, Albin Michel, 2014.

(2). Toi, ma soeur étrangère, éd. du Rocher, 2012.

(3). L'enfant des deux mondes, L'aube éditions, 1998.

Annexe IV.


· Auteure :
Karima Berger.
·
Roman : L'enfant des deux mondes.
·
Édition première : (éditions de) L'aube [31 mars 1998].
· ISBN : 2-87678-402-5.
· Réédition :
El ibriz (édition) ; [novembre 2012].
· ISBN : 9931-9114-2-5.

BIBLIOGRAPHIE

I. Corpus d'étude :

- BERGER Karima, L'enfant des deux mondes, Alger, El Ibriz, 2012, 128 p.

I.1. Ouvrages cités du même auteur :

- Berger K., La chair et le rôdeur, Paris, l'Aube, 2002, 192 p.

- Berger K., Filiations dangereuses, Montpellier, Chèvre feuille étoilée, 2007,

238 p.

- Berger K., Éclats d'islam : Chroniques d'un itinéraire spirituel, Paris, Albin Michel, 2009, 266 p.

- Berger K., Rouge Sang Vierge, Neuilly-sur-Seine, Al Manar, 2010, 96 p.

- Berger K., Les attentives : Un dialogue avec Etty Hillesum, Paris, Albin Michel, 2014, 210 p.

- Berger K., Cinq éloges de la rencontre, Paris, Albin Michel, 2015, 256 p.

- Berger K., Mektouba, Paris, Albin Michel, 2016, 256 p.

II. Ouvrages théoriques et critiques :

- ADDI Lahouari, La crise du discours religieux musulman. Le nécessaire passage de Platon à Kant, Tizi-ouzou, Frantz Fanon, 2020, 390 p.

- ALI-YAHIA Rachid, Sur la question nationale en Algérie, Tizi-ouzou, Achab, 2011, 235 p.

- ANGENOT Marc, Interventions critiques, volume I : Questions d'analyse du discours, de rhétorique et de théorie du discours social, in Discours social/Social Discourse, Montréal, 2002, 292 p.

- ARKOUN Mohammed, Quand l'islam s'éveillera, Alger, Hibr, 2009, 254 p.

- BAKHTINE Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées », 1978, 488 p.

- BARBÉRIS Pierre, Le Prince et le Marchand. Idéologiques : la littérature, l'histoire, Paris, Fayard, coll. « La force des idées », 1980, 462 p.

- BARKA Mahmoud, Le Dilemme de l'Etranger, Béjaïa, (auto-édition), 2018, 252 p.

- BELLEAU André, Le romancier fictif : Essai sur la représentation de l'écrivain dans le roman québécois, Presses de l'Université du Québec, 1980, 229 p.

- BELLEAU A., Notre Rabelais, Montréal, Boréal, 1990, 269 p.

- BENAÏSSA Hamza, Tradition et identité : Introduction à l'anthropologie traditionnelle, Alger, El Maarifa, 2001, 200 p.

- BENAÏSSA H., Tradition et modernité : Pour une démystification des sciences humaines et sociales, Alger, El Maarifa, 2001, 230 p.

- BENDJELID Faouzia, Le roman algérien de langue française, Alger, Chihab, 2012, 196 p.

- BENMAKHLOUF Ali, L'identité, une fable philosophique, Paris, PUF, 2011, 180 p.

- BERERHI Afifa & CHIKHI Beïda (Dir.), Algérie : ses langues, ses lettres, ses histoires. Balises pour une histoire littéraire, Blida, Tell, 2002, 254 p.

- BERQUE Jacques, Dépossession du monde, Paris, Seuil, 1964, 221 p.

- BHABHA Homi. K., Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale, Paris, Payot, 2007, 411 p.

- BLANCHOT Maurice, L'écriture du désastre, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1980, 224 p.

- BONN Charles, KHADDA Naget, MDARHRI-ALAOUI Abdallah (Dir.), Littérature maghrébine d'expression française, Paris, EDICEF/AUPELF, coll. « Universités Francophones », 1996, 276 p.

- BONN Charles, GARNIER Xavier, LECARME Jacques (Dir.), Littérature francophone : le roman, Paris, Hatier, 1997, 24 p.

- BOUDALIA-GREFFOU Malika, L'école algérienne de IBN BADIS à PAVLOV. Alger, Laphomic, 1989, 144 p.

- BOUDARÈNE Mahmoud, La violence sociale en Algérie : Comprendre son émergence et sa progression, Alger, Koukou, 2017, 128 p.

- BOURDIEU Pierre & PASSERON Jean-Claude, La reproduction : Éléments pour une théorie du système d'enseignement. (Livre I) : Fondements d'une théorie de la violence symbolique, Paris, Minuit, 1970, 284 p.

- BOURDIEU P., Sociologie de l'Algérie, Béjaïa, Tafat, coll. « Document », 2015, 180 p.

- BRAHIM-SALHI Mohammed, Algérie : identité et citoyenneté, Tizi-ouzou, Achab, 2010, 312 p.

- CAMUS Albert, Le mythe de Sisyphe : Essai sur l'absurde, Paris, Gallimard, coll. « Les classiques des sciences sociales », 1942, 187 p.

- CARRIER Hervé, Lexique de la culture pour l'analyse culturelle et l'inculturation, Tournai, Desclée, 1992, 479 p.

- CHAULET-ACHOUR Christiane & BELASKRI Yahia (Dir.), L'épreuve d'une décennie. Algérie, art et culture 1992-2002, Paris, Paris-Méditerranée, 2OO4, 208 p.

- CHAULET-ACHOUR C., Écrire ou non son autobiographie ? Écrivaines algériennes à l'épreuve du moi : Karima Berger, Maïssa Bey et Malika Mokeddem, Francofonia, Université de Cadix, Cristina Boidard (coord.), octobre 2007, 19 p.

- CHEBEL Malek, L'esprit de sérail : Mythes et pratiques sexuels au Maghreb, Lausanne, Payot et Rivages, 1995, 250 p.

- CHENIKI Ahmed, L'Algérie contemporaine : cultures et identités, Paris, 2019, 233 p. HAL, archives-ouvertes.fr

- CHIKHI Beïda, Maghreb en textes : Écriture, histoire, savoirs et symboliques : essai sur l'épreuve de modernité dans la littérature de langue française, Paris, L'Harmattan, 1996, 244 p.

- CHIKHI B., Littérature algérienne : Désir d'histoire et esthétique, Paris, L'Harmattan, 1997, 236 p.

- COMPAGNON Antoine, Le démon de la théorie, Paris, Seuil, coll. « Essais points », 1998, 371 p.

- Dayan-Herzbrun Sonia (Dir.), Vers une pensée politique postcoloniale : à partir de Frantz Fanon, in Tumultes, (n° 31), octobre 2008/2, Paris, Kimé, 202 p.

- DELEUZE Gilles & GUATTARI Félix, Rhizome : Introduction, Paris, Minuit, 1976, 74 p.

- DERRIDA Jacques, « La loi du genre », in « Maurice Blanchot est mort », Colloque, 1979, réédité in Parages, Strasbourg, Galilée, 2003, 39 p.

- FANON Frantz, Sociologie d'une révolution (L'An V de la révolution algérienne), Paris, Maspero, 1972, 175 p.

- FANON F., Les damnés de la terre, Alger, ANEP, 2006, 263 p.

- FANON F., La question anticoloniale : Chroniques de révolte (1952-1959), Béjaïa, Tafat, 2012, 156 p.

- FERRÉ Vincent, L'essai fictionnel. Essai et roman chez Proust, Broch, Dos Passos, Paris, Honoré Champion, coll. « Recherches proustiennes », 2013, 576 p.

- FRAISSE Émmanuel, Littérature et mondialisation, Paris, Honoré Champion, coll. « Essais », 2012, 208 p.

- GASPARINI Philippe, Est-il je ? Roman autobiographique et autofiction, Paris, Seuil, 2004, 384 p.

- GENETTE Gérard, « Discours du récit », in Figures III, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1972, 285 p.

- GHAFA Brahim, L'intellectuel et la Révolution algérienne, Alger, Houma, 2001, 142 p.

- GIRAUD Yann, Modernisme et postmodernisme, Cours de Culture Générale - Paris, Université de Cergy-Pontoise, 2015, 37 p.

- GLISSANT Édouard, Introduction à une poétique du divers, Paris, Gallimard, coll. « Littérature générale », 1996, 144 p.

- GLISSANT É., Traité du Tout-Monde, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1997, 268 p.

- HALL Stuart, Identités et cultures : Politiques des culturals studies, Paris, Amsterdam, 2017, 568 p.

- HARBI Mohammed, L'Algérie et son destin : croyants ou citoyens, Paris, l'Arcantère, 1992, 247 p.

- HEINICH Nathalie, Ce que n'est pas l'identité, Paris, Gallimard, 2018, 144 p.

- HÉBERT Louis (Dir.), L'analyse des textes littéraires : Une méthodologie complète, Paris, Classiques Garnier, 2015, 348 p.

- JEAN-LOUIS Flandrin, Familles : Parenté, maison, sexualité dans l'ancienne société, Paris, Seuil, coll. « L'univers historique », 1984, 290 p.

- JOUVE Vincent, La poétique du roman, Malakoff, Armand Colin, coll. « Campus », 2001, 238 p.

- KASSAB-CHARFI Samia (Dir.), Altérité et mutations dans la langue. Pour une stylistique des littératures francophones, Bruxelles, Academia bruylant, 2010, 288 p.

- KHATI Abdellaziz, La Kabylie par ses romanciers, Alger, Casbah, 2017, 288 p.

- KHATIBI Abdelkébir, Amour bilingue, Montpellier, Fata Morgana, 1983, 130 p.

- KHELLADI Aïssa, VIROLLE Marie, ASSIER Julie..., Mélanges pour Christiane Chaulet-Achour, Paris, Marsa, 2015, 252 p.

- KUNDERA Milan, L'art du roman, Paris, Gallimard, 1995, 208 p.

- LACOSTE Camille & Yves (Dir.), L'état du Maghreb, Paris, la Découverte, coll. « L'état du monde », 1991, 572 p.

- LEBDAÏ Benaouda, Chroniques littéraires (1990-1993), Alger, OPU, 1994, 334 p.

- LEJEUNE Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1975, 276 p.

- LUKÁCS Georg, La théorie du roman, suivi de : Introduction aux premiers écrits de Georg Lukács, par Lucien GOLDMAN, Paris, Denoël, 1968, 205 p.

- MAALOUF Amin, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998, 202 p.

- MAINGUENEAU Dominique, Le contexte de l'oeuvre littéraire : énonciation, écrivain, société, Malakoff, Dunod, 1993, 196 p.

- MAMMERI Mouloud (Dir.), Littérature orale : Actes de la table ronde, Alger, OPU, 1982, 170 p.

- MEDJEBEUR Sabrina, Femmes, éducation et banlieue : le triptyque du communautarisme, Lyon, Baudelaire, 2020, 91 p.

- MEMMI Albert, Portrait du colonisé (précédé de) portrait du colonisateur, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », 2002, 161 p.

- MIRAUX Jean-Philippe, Le personnage de roman : genèse, continuité, rupture, Paris, Nathan, coll. « 128 », 1997, 128 p.

- MOHAMMEDI-TABTI Bouba, La société algérienne avant l'indépendance dans la littérature : Lecture de quelques romans, Alger, OPU, 1986, 304 p.

- MOKHTARI Rachid, Le nouveau souffle du roman algérien : essai sur la littérature des années 2000, Alger, Chihab, 2006, 204 p.

- MOKHTARI R., La graphie de l'horreur : essai sur la littérature algérienne, (1990-2000), Alger, Chihab, 2018, 210 p.

- MOSTEGHANEMI Ahlem, Algérie : Femme et écritures, Paris, l'Harmattan, 1985, 320 p.

- MOUDILENO Lydie, Parades postcoloniales : la fabrication des identités dans le roman congolais, Paris, Karthala, coll. « Lettres du Sud », 2006, 170 p.

- MOURA Jean-Marc, Europe littéraire et l'Ailleurs. L'image de l'étranger : perspectives des études d'imagologie littéraire, Paris, PUF, 1998, 208 p.

- NDIAYE Christiane, Introduction aux littératures francophones : Afrique - Caraïbe - Maghreb, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 2004, 367 p.

- RICOEUR Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 2015, 424 p.

- RINNER Fridrun (Dir.), Identité en métamorphose dans l'écriture contemporaine. Publications de l'université de Provence (PUP), 2006, 310 p.

- SAÏD Édward. W., L'Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident, Paris, Seuil, coll. « La couleur des idées », 2005, 430 p.

- SAUSSURE Ferdinand de, Cours de linguistique générale, Béjaïa, Talantikit, 2002, 360 p.

- SENGHOR Léopold Sédar, Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédée de Orphée noir par Jean-Paul SARTRE, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1948, 232 p.

- SPIVAK Gayatri. C., Nationalisme et imagination, Paris, Payot, 2011, 157 p.

- STORA Benjamin, Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954), Alger, Hibr, coll. « Repères Histoire », 2012, 126 p.

- STORA Benjamin & JENNI Alexis, Les mémoires dangereuses, Alger, Hibr, 2016, 238 p.

- TODOROV Tzvetan, La notion de littérature et autres essais, Paris, Seuil, coll. « Points essais », 1987, 186 p.

- TOUALBI-THAÂLIBI Noureddine, L'identité au Maghreb : l'errance, Alger, Casbah, coll. « Essais », 2000, 304 p.

- TOURAINE Alain, Le retour de l'acteur : Essai de sociologie, Paris, Fayard, 1984, 348 p.

- YACINE Tassadit (Dir.), Les usages sociaux de la littérature en Afrique du nord, in Awal - Cahiers d'études berbères, (n° 45-46), 2014-2016, Paris- Boumerdès, Frantz Fanon, 2021, 238 p.

- YACONO Xavier, Les étapes de la décolonisation française, Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 1982, 130 p.

III. Articles et thèses :

- AÏT FERROUKHE Farida, « Situation d'impasse et agents de la culture », in Afifa BERERHI & Beïda CHIKHI (Dir.), Algérie : ses langues, ses lettres, ses histoires. Balises pour une histoire littéraire, Blida, Tell, 2002, pp. 55-70.

- ARKOUN Mohammed, « Relire la période coloniale », in Camille & Yves LACOSTE (Dir.), L'état du Maghreb, Paris, la Découverte, coll. « L'état du monde », 1991, pp. 131-138.

- BARRETT Caroline, « La voix(e) dialogique : Une lecture bakhtinienne de Babel, prise deux », in Voix et Images, 2021, pp. 304-312.

- BARTHES Roland, « Introduction à l'analyse structurale des récits », in Communication, (n° 8), 1966, pp. 1-27.

- BASTO Maria-Benedita, « Le Fanon de Homi Bhabha : ambivalence de l'identité et dialectique dans une pensée postcoloniale », in Sonia Dayan-Herzbrun (Dir.), Vers une pensée politique postcoloniale : à partir de Frantz Fanon, in Tumultes, (n° 31), octobre 2008/2, Paris, Kimé, pp. 47-66.

- BERGER Karima, « Le «saut hors du rang des meurtriers» », in Cairn.info, mars 2016/3, Paris, SER, pp. 87-94.

- BELKACEM Dalila, « Du texte autobiographique au texte romanesque dans «Le fils du pauvre» de Mouloud Feraoun. », in Insaniyat, n°? 29-30, juillet-décembre, 2005, pp. 159-173.

- BENRABAH Mohamed, « La question linguistique », in Christiane CHAULET-ACHOUR & Yahia BELASKRI (Dir.), L'épreuve d'une décennie. Algérie, art et culture 1992-2002, Paris, Paris-Méditerranée, 2OO4, pp. 83-108.

- BOUKEZOULA Inès, « Oralité et préservation de la mémoire par l'écriture », in Revue des Sciences Humaines, Université de Constantine, (n° 50 / Vol B), décembre 2018, pp. 61-72.

- CHAULET-ACHOUR Christiane & Karima BERGER, « Dialogue avec le texte « l'enfant des deux mondes » », in Algérie : Littérature / Action, (n° 22-23), juin-septembre, 1998, 8 p.

- CHAULET-ACHOUR C., « SEGARRA Marta, Leur pesant de poudre : Romancières francophones du Maghreb », in Études littéraires africaines, 1998, pp. 88-90.

- CHAULET-ACHOUR C., L'écrivain francophone et la langue, 5 p.

- CHIKHI Beïda, « Jean Amrouche », in Charles BONN, Naget KHADDA, Abdallah MDARHRI-ALAOUI (Dir.), Littérature maghrébine d'expression française, Paris, EDICEF/AUPELF, coll. « Universités Francophones », 1996, pp. 30-37.

- CIRET Yann, « Vers le Chaos-monde - Entretient avec Édouard Glissant », in Chroniques de la scène monde, Lyon, La passe du vent, 2000, 460 p.

- DERIVE Jean, La question de l'identité culturelle en littérature, Paris, 2007, 11 p. HAL, archives-ouvertes.fr

- DOUBINSKY Sébastien, « De la littérature et du genre comme notions ontologiquement instables », in Synergies Pays Scandinaves, (n° 9), 2014, pp. 11-22.

- FADWA Mohammad Abouzeid, « Identité et altérité : Le voyage vers l'Autre et la renaissance de Soi dans La goutte d'or de Michel Tournier », in Postures, L'Autre : poétique et représentations littéraires de l'altérité, hiver 2017/1 (n° 25), Montréal, 18 p.

- FELL Claude, « L'autobiographie aux frontières de l'histoire. La révolution mexicaine dans le récit autobiographique. », in América, Cahiers du CRICCAL, « Les frontières culturelles en Amérique latine », 1993, (série 2 éme / n° 13), pp. 227-240.

- FOURGNAUD Magali, « Pour une approche littéraire de l'identité », Université Bordeaux Montaigne, 11 p.

- GALLERANI Guido-Mattia, « L'Essai dans le roman et un cas d'hybridation générique, l'essai fictionnel. », in Acta fabula, (vol. 17/ n° 2), février-mars 2016, 10 p.

- HAGGERTY Harriet. K., « Le texte hybride : Les défis que pose la traduction », in Expressions - revue internationale de lettres -, (n° 8.), avril 2019, pp. 218-229.

- JULLIEN François, Il n'y a pas d'identité culturelle, Entretient France Culture, 2016.

- LEWIS R. A., « Langue métissée et traduction : quelques enjeux théoriques », in Meta, (vol. 48/n° 3), septembre 2003, pp. 411-420.

- LOUVIOT Myriam, « Poétique de l'hybridité dans les littératures postcoloniales. », Thèse de doctorat, Option : Littérature comparée, sous la direction de François-Xavier CUCHE, Université de Strasbourg, 2010, 969 p.

- MAAFA Amel, « L'Histoire, lieu de désenchantement dans le roman algérien post-colonial », in Synergies Algérie, (n° 26), 2018, pp. 97-105.

- MAHMOUDI Hakim, « La poésie de Mohammed Dib : entre bris-collage et bricolage. Éléments d'une esthétique postmoderne. », Thèse de doctorat en langue française, Option : Science des textes littéraires, sous la direction de Charles BONN & Khedidja KHELLADI, ENS d'Alger, 2015-2016, 297 p.

- MATHIS-MOSER Ursula, « « Littérature nationale « versus « littérature d'immigration « », in Fridrun RINNER (Dir.), Identité en métamorphose dans l'écriture contemporaine. Publications de l'université de Provence (PUP), 2006, pp. 111- 120.

- MAYA Ombasic, « Espace urbain et identité. », Thèse de doctorat, Option : Littérature générale et comparée, sous la direction de Monnet, Rodica-Livia, Montréal, 2012, 233 p.

- MOUSSAVOU Emeric, « La quête de l'identité dans le roman francophone postcolonial : Approche comparée des littératures africaine, insulaire, maghrébine et caribéenne... », Thèse de doctorat, sous la direction de Michel BENIAMINO, Université de Limoges, 2015, 323 p.

- MULLER-COLARD Marion, « Karima Berger, femme d'un seul monde », in Réforme, 2016, 4 p.

- NIZZI, Marie-Christine, « Le Propre et l'Etranger : Le concept d'identité vécue en première personne », Thèse de doctorat, sous la direction de Maximilian KISTLER, Paris I, 2011, 443 p.

- PÉTILON Sabine, « Multilinguisme et créativité littéraire, » (Dir.), Olga Anokhina, Louvain-la-Neuve, Academia/L'Harmattan, coll. « Au coeur des textes », n° 20 », 2012, pp. 204-205.

- PÉZARD Émilie, Les genres du roman au XIX éme siècle, Colloque, in Calenda - Le calendrier des lettres et des sciences sociales, juin 2015, 2 p.

- REDOUANE Najib, « Le roman algérien contemporain : Pour un renouvellement évolutif et dynamique », CSULB, pp. 63-89.

- avl? Füsun, « Interférences lexicales entre deux langues étrangères : anglais et français », in Synergies Turquie, (n° 2), 2009, pp. 179-184.

- SEBKHI Habiba, « identité rhizomatique », in Fridrun RINNER (Dir.), Identité en métamorphose dans l'écriture contemporaine. Publications de l'université de Provence (PUP), 2006, pp. 137-145.

- SCHONELING Manfred, « Le moi dissocié : Modernité et hybridité culturelle dans la littérature du XX éme siècle », in Fridrun RINNER (Dir.), Identité en métamorphose dans l'écriture contemporaine. Publications de l'université de Provence (PUP), 2006, pp. 11-21.

- YACINE Tassadit, « Discrimination et violence », in Sonia Dayan-Herzbrun (Dir.), Vers une pensée politique postcoloniale : à partir de Frantz Fanon, in Tumultes, (n° 31), octobre 2008/2, Paris, Kimé, pp. 17-27.

IV. Autres ouvrages exploités :

IV.1. Littérature :

- Dib Mohammed, Qui se souvient de la mer ?, Paris, Seuil, 1962, 187 p.

- FARÈS Nabile, Mémoire de l'absent, Paris, Seuil, 1974, 240 p.

- FERAOUN Mouloud, Lettres à ses amis, Paris, Seuil, 1969, 224 p.

- KATEB Yacine, Nedjma, Paris, Seuil, coll. « Points », 1956, 288 p.

- MALRAUX André, Le temps du mépris, Paris, Gallimard, 1935, 112 p.

IV.2. Philosophie :

- KANT Emmanuel, Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Victor Delbos, Béjaïa, Berri, 2016, 124 p.

- LOCKE John, Essai philosophique concernant l'entendement humain, trad. M. Coste, Amsterdam, édition originale, 1700, 368 p.

- NIETZSCHE Friedrich, Par-delà le bien et le mal, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1987, 288 p.

- NIETZSCHE F., Généalogie de la morale, Paris, Le livre de poche, 2000, 311 p.

- NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Le livre de poche, 2016, 416 p.

- Platon, Le Banquet, Béjaïa, Berri, coll. « Les classiques de la philosophie », 2020, 116 p.

INDEX DES NOMS CITÉS

A

Abbas, Ferhat, 104

Addi, Lahouari, 21

Adler, Alfred, 22

Ali-Yahia, Rachid, 10, 13, 20, 21, 30, 94, 95

Amrouche, Jean, 98

Angenot Marc, 102

Aristote, 28

Arkoun, Mohammed, 32, 33, 96

B

Bakhtine, Mikhaïl, 78, 85, 86

Balandier, Georges, 14, 31, 93

Balzac, Honoré de, 62

Barbéris, Pierre, 70, 85, 103

Barka, Mahmoud, 18, 47, 91

Barthes, Roland, 63, 65, 66

Belaskri, Yahia, 13, 86

Belkacem, Dalila, 67

Belleau, André, 80, 85

Benaïssa, Hamza, 10, 21, 37

Bendjelid, Faouzia, 10, 11, 37

Benmakhlouf, Ali, 20

Bererhi, Afifa, 8, 12

Berger, Karima, 10, 11, 12, 13, 14, 27, 32,

36, 39, 45, 48, 51, 52, 53, 54, 60, 61, 62,

64, 65, 67, 69, 72, 73, 75, 76, 78, 81, 83,

101, 134

Berque, Jacques, 21

Berry, Nicole, 22

Bhabha, Homi. K, 7, 9, 14, 34, 59, 84, 101,

Blanchot, Maurice, 101

Bloch, Marc, 26

Bonaparte, Napoléon, 51

Bonn, Charles, 12, 38, 43, 45, 46, 48, 52,

58, 59, 62, 66, 67, 69, 71, 72, 74, 78, 79,

87, 98, 102, 103

Boudalia-Greffou, Malika, 51, 95

Bourdieu, Pierre, 18, 19, 78, 94, 95

Brahim-Salhi, Mohammed, 7, 11, 18, 27

Bugeaud, 8

C

Camus, Albert, 24, 87

Carrier, Hervé, 91, 93

Césaire, Aimé, 93

Chaulet-Achour, Christiane, 13, 51, 60, 61,

64, 65, 67, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76,

83, 84, 86

Cheniki, Ahmed, 31, 32, 33, 34, 35, 41, 47,

56, 57, 97, 102

Chikhi, Beïda, 8, 12, 37, 45, 77, 98

Chraïbi, Driss, 48

Compagnon, Antoine, 65, 74, 75

D

Dayan-Herzbrun, Sonia, 37, 43, 91

Deleuze, Gilles, 8, 55

Derive, Jean, 38, 45, 78

Derrida, Jacques, 59, 61, 66, 75

Dib, Mohammed, 38, 52, 53, 101

Durkheim, Émile, 95

E

Erikson, H. Éric 22

F

Fanon, Frantz, 14, 20, 31, 34, 37, 38, 43,

46, 90, 91, 92, 94, 95, 101, 104

Farès, Nabile, 42

Feraoun, Mouloud, 62

Ferré, Vincent, 75, 76, 77

Foucault, Michel, 14

Fraisse, Émmanuel, 46, 47, 84, 85

Fraenkel, Béatrice, 25

G

Galand-Pernet, Paulette, 85

Gasparini, Philippe, 63

Gauvin, Lise, 9

Genette, Gérard, 89

Ghafa, Brahim, 93, 94, 95, 97, 104

Giraud, Yann, 83

Glissant, Édouard, 14, 31, 83, 84

Guattari, Félix, 8, 55

H

Haas, Gerhard, 77

Haddad, Malek, 46

Hall, Stewart, 30

Hammadi, Ghania, 78

Hamon, Philippe, 66

Harbi, Mohammed, 90

Hegel, 93

Heidegger, Martin, 18

Heinich, Nathalie, 18, 19, 20, 21, 22, 24,

25

Hirt, Jean-Michel, 65

J

Jenni, Alexis, 7

Jullien, François, 23, 24

K

Kane, Cheich Hamidou, 42

Kant Emmanuel, 29

Kassab-Charfi, Samia, 81

Kateb, Yacine, 7, 38

Khadda, Naget, 12, 38, 43, 45, 46, 48, 52,

62, 72, 87, 98, 102

Khati, Abdellaziz, 11

Khatibi, Abdelkébir, 85

Kundera, Milan, 58

L

Lacoste, Camille & Yves, 7, 32

Lejeune, Philippe, 60, 63, 64

Lewis, 83, 85

Locke, John, 28

Lukács, Georg, 64, 86

M

Maalouf, Amin, 26, 55

Mackey, W. F, 84

Maingueneau, Dominique, 62, 63, 72, 87

Malraux, André, 34

Mammeri, Mouloud, 58, 85

Memmi, Albert, 48, 70

Miraux, Jean-Philippe, 60, 64, 65, 66

Mohammedi-Tabti, Bouba, 69, 77, 94

Mokhtari, Rachid, 69, 78

Moudileno, Lydie, 23, 71, 88

Moura, Jean-Marc, 44, 46

N

Nietzsche, Friedrich, 28, 36

Nora, Pierre, 19

P

Passeron, Jean-Claude, 78

Pessoa, Ferdinand, 86

Pétillon, Sabine, 80

Platon, 28

R

Ricoeur, Paul, 19, 26, 28, 32

Rinner, Fridrun, 8, 82

S

Saïd, W. Édward, 43, 85, 92

Sartre, Jean-Paul, 14, 29, 31, 37, 93, 94

Saussure, 26

Senghor, L. Sédar, 94

Spivak, C. Gayatri, 71

Stendhal, 13

Stora, Benjamin, 7, 32, 36, 44, 92

T

Todorov, Tzvetan, 55, 79

Toualbi-Thaâlibi, Noureddine, 10, 95, 96,

97, 101

Touraine, Alain, 22, 31

V

Vauléon, Maud, 55

W

Weber, Max, 38, 95

Y

Yacine, Tassadit, 86, 92, 94

Yacono, Xavier, 34, 94

Z

Zanon, Damien, 63

Zénon, 17

INDEX DES MOTS-CLÉS

Altérité, 28, 32, 33, 44, 45, 48, 54, 56, 81, 98

Crise, 7, 9, 11, 13, 14, 18, 21, 22, 25, 27, 34, 35, 59, 98, 101

Croyance, 25, 56

Culture, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 60, 63, 65, 72, 73, 78, 79, 81, 83, 84, 86, 90, 91, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 101, 102, 103

Dédoublement, 8, 25, 52, 53, 54, 58, 63, 65, 66, 67, 70, 73, 74, 77, 78, 79, 80, 86, 87, 88, 134

Devenir, 8, 24, 27, 28, 29, 30, 35, 66, 84, 93, 97

Dualisme, 7, 9, 23, 26, 28, 51, 53, 54, 55, 76

Hybridation, 14, 55, 56, 60, 63, 68, 74, 76, 78, 79, 80, 82, 84, 85, 103, 134

Hybride, 14, 26, 32, 40, 44, 51, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 61, 64, 65, 73, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 93, 97, 101, 102, 103, 104, 134

Hybridité, 11, 39, 54, 56, 70, 78, 81, 91, 134

Identité, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 37, 38, 41, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 58, 62, 63, 65, 66, 67, 71, 72, 73, 75, 78, 81, 82, 84, 87, 88, 90, 91, 94, 93, 95, 97, 98, 101, 102, 103, 104, 134

Idéologie, 7, 8, 11, 12, 13, 20, 22, 25, 27, 31, 33, 34, 38, 53, 70, 72, 77, 85, 88, 90, 91, 94, 95, 102, 104

Malaise, 19, 57, 79

Mémoire, 7, 11, 19, 20, 30, 32, 33, 34, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 52, 53, 69, 71, 72, 74, 77, 80, 96, 97, 98, 134

Métissage, 9, 13, 32, 54, 56, 57, 73, 101

Nation, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 41, 42, 44, 46, 47, 48, 51, 54, 57, 58, 69, 77, 76, 79, 90, 91, 92, 94, 95, 96, 97, 98, 101

Postcolonial, 9, 10, 14, 17, 23, 26, 31, 33, 34, 37, 43, 56, 58, 59, 63, 68, 71, 74, 77, 78, 84, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 97, 101, 103, 104, 134

TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS .............................................................................................................. 2

DÉDICACE ............................................................................................................................. 4

EXERGUE ............................................................................................................................... 5

INTRODUCTION GÉNÈRALE ........................................................................................... 6

PARTIE I : L'identité, entre processus et interaction ....................................................... 16

Approches préliminaires ...................................................................................................... 17

CHAPITRE I : Autour de la notion d'identité - approche socio-historique .................. 17

1. L'identité, essai de définition ......................................................................................... 18

1.1. L'identité nationale (collective) ............................................................................. 18

1.2. L'identité-sujet (individuelle) ................................................................................ 23

Résumé ................................................................................................................................. 28

Tableau récapitulatif ............................................................................................................ 29

CHAPITRE II : Sur la question nationale en Algérie ....................................................... 30

1. L'héritage colonial ......................................................................................................... 31

2. L'après-guerre ................................................................................................................ 36

2.1. La quête mémorielle : vers une issue salvatrice ..................................................... 38

3. L'étrange[r] aux sources du renouveau .......................................................................... 43

3.1. L'effet boumerang .................................................................................................. 45

PARTIE II : Les processus de l'hybride en l'oeuvre .......................................................... 50

Quelques repères .................................................................................................................. 51

1. La vie de l'auteure .......................................................................................................... 51

2. Aperçu des ses oeuvres ................................................................................................... 52

3. Le corpus .........................................................................................................................53

CHAPITRE I : La dimension poétique ............................................................................... 54

1. L'hybridation générique ................................................................................................. 55

1.1. Un roman autobiographique ................................................................................... 59

1.2. La pratique de la pseudonymie : de l'anonymat à l'être-deux ............................... 64

1.3. Le parti-pris de l'Histoire ....................................................................................... 68

2. L'hybridation linguistique .............................................................................................. 78

3. Le cadre spatio-temporel ................................................................................................ 86

3.1. Le dédoublement spatial ........................................................................................ 87

3.2. Le temps discontinu ............................................................................................... 88

CHAPITRE II : Stratégies postcoloniales .......................................................................... 90

1. Pour une politique du fait colonial inversée ................................................................... 92

2. Stratégies d'accommodation en ambivalence culturelle ................................................ 95

2.1. L'exil, ou la renaissance dans l'ailleurs ................................................................. 97

CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................ 100

ANNEXES ............................................................................................................................ 106

I. Karima Berger, Le « saut hors du rang des meurtriers » .................................................. 107

II. Christiane Chaulet-Achour & Karima Berger, «Dans un sens, dans l'autre, sans cesse». - «Dialogue avec le texte L'enfant des deux mondes de Karima Berger» ............................... 113

III. Marion Muller-Colard, «Karima Berger : femme d'un seul monde» .............................. 118

IV. Informations en lien avec le corpus ................................................................................ 121

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................. 122

INDEX DES NOMS CITÉS ............................................................................................... 129

INDEX DES MOTS-CLÉS ................................................................................................ 131

TABLE DES MATIÈRES .................................................................................................. 132

LISTE DES ABRÉVIATIONS .......................................................................................... 133

RÉSUMÉ ...............................................................................................................................134

LISTE DES ABRÉVIATIONS

AP. Action Pédagogique.

APN. Action Politique Nationale.

Cf. [Confer]. À comparer avec, voir avec.

Chap. Chapitre.

EF. Essai fictionnel.

EX. Exemple.

Ibid. [Ibidem]. Au même endroit, eu égard à la note précédente.

LDM. L'enfant des deux mondes.

N°. Numéro.

Op. cit. [Opus citatum]. Opus cité.

OSM. Organisme sémantiquement modifié.

PA. Politique Anti-nationale.

SE. Séquence essayistique.

SF. Support fictionnel.

SQ. [Sequiturque]. Désigne ce qui suit la citation et la prolonge. Traduit en « et suivant ».

Supra. Ci-dessus, plus haut.

V. Voir.

VL. Violence légitime.

Vol. Volume.

VS. Violence symbolique.

RÉSUMÉ

Notre étude portait sur une oeuvre ambigüe de la littérature algérienne. Elle s'attache à la représentation des identités dans le roman de Karima Berger : identité succédant à l'ère des grands nationalismes et prise à part dans celle des postcoloniaux. Nous étions partis de la double appartenance de l'auteure, de par ses enseignements arabe et français, pour aboutir à la double appartenance de l'oeuvre. En assumant cette hybridité, l'auteure fait fi des représentations manichéennes du monde abstrait, telles qu'elles sont véhiculées sous couvert de mondialisation. C'est, de fait, un « Tiers-espace » qui s'impose et auquel personnages et lecteurs adhèrent. Notre étude vise à expliciter ce sentiment d'identité tel qu'il est vécu par le sujet, en nous penchant davantage sur le volet idéologique, politique de l'identité. Nous avons, du reste, traité de la manière dont elle se réfléchit au sein de l'oeuvre, et notamment par la voix(e) de l'hybride, qui est la consécration même des poétiques du postcolonial.

Par ailleurs, il était question de redéfinir ce concept-là des identités nouvelles en leur attribuant un nom, suivant la stratégie de l'auteure qui s'évalue autour des cercles traditionnels, en même temps qu'elle brigue ceux de sa propre modernité. Cela fut donc l'objet de tout le travail, et notamment de la première partie qui prend en charge les deux grandes représentations de l'identité, à savoir l'identité nationale (collective) et l'identité-sujet (individuelle). Cela étant, nous avons étalé les ?excès' de l'une et de l'autre et établi un parallèle avec différents points de notre corpus : en effet, arrivée par « en haut », l'identité est forcément nationale, tandis qu'elle est, par « en-bas » beaucoup plus personnelle. C'est dire toute l'ambigüité qu'il y a là pour L'enfant des deux mondes à saisir potentiellement son essence, sans plus opérer dans un quelconque extrémisme. C'est précisément à ce point que l'hybride apparaît important et occupe toute notre attention.

Logiquement, la seconde partie fut consacrée quant à elle à la structuration inter et intratextuelle de notre corpus selon le principe des hybridations, et s'accroche plus spécifiquement à l'aspect poétique de l'oeuvre étudiée. Il y a différents niveaux d'hybridation auxquels nous avons eu affaire tout au long de cette analyse : nous retenons à titre d'exemple les niveaux formel, informel, générique, linguistique, etc. De même qu'on y dispose, au sein de chaque niveau, de différents registres sémantiques qui font la richesse et la particularité de ce texte. En dernier lieu, nous avons précisé le rôle que jouait cet hybride dans la déconstruction du mythe sacral des identités figées, et ce en faveur d'une pensée effective et dynamique.

Le constat final fut que, l'identité, telle qu'elle est devenue au lendemain des indépendances et eu égard à la nouvelle « carte » du monde, ne peut désormais subsister dans l'un de ces deux mondes que par l'effet d'un tiers. Cela étant, on s'aperçoit vite de l'effet décentralisateur (ou de dédoublement) induit et par l'un et par l'autre. En attendant, c'est le roman qui s'empare le mieux de ces représentations troublées et brosse le tableau de ces correspondances.

précédent sommaire










Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy



"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore