ANNEXES
I. Karima Berger, Le « saut hors
du rang des meurtriers ».
II. Christiane Chaulet-Achour & Karima
Berger, «Dans un sens, dans l'autre, sans cesse». -
«Dialogue avec le texte L'enfant des deux mondes de Karima
Berger».
III. Marion Muller-Colard, «Karima
Berger : femme d'un seul monde».
IV. Informations en lien avec le corpus.
Annexe I.
----------FIGURE LIBRE----------
Le « saut hors du rang
des meurtriers »
Karima Berger
A
près une longue histoire emplie de spiritualité
et d'ouverture à l'autre (mais aussi de guerres comme toutes les grandes
civilisations), mon islam (je dis MON car je ne parle que de mon
expérience et non au nom d'une communauté abstraite ou imaginaire
) était une religion où l'on ne craignait pas d'honorer Marie
à laquelle le Coran réserve une sourate entière, d'honorer
Jésus, un temps où le prophète Mohammed ne craignait pas
d'offrir l'hospitalité, à Médine, aux chrétiens de
Najran qui, venus le voir en délégation, lui demandent à
la fin de la discussion, de la controverse même, où peuvent-ils
aller prier ? Mohammed leur répond : « Là, ici, dans ma
mosquée ! »
Cette période faste a fondé mon imaginaire
et fait la richesse de mes ressources culturelles mais en
réalité, cette histoire nous est commune pour partie, un jour
mais peut-être est-ce trop tôt, nous assumerons ensemble
l'héritage de ces Lumières, de toutes ces
Lumières.
Puis cette immense civilisation connut le sort
réservé à ses soeurs, un déclin où,
menacé de l'intérieur et de l'extérieur, l'islam s'est
refermé, desséché, resserré sur lui-même
jusqu'à l'asphyxie de ce qui faisait sa sève particulière,
jusqu'à ces monstres qui occupent aujourd'hui nos esprits.
Ceci sur la scène publique, mais en privé,
chacun dans son islam intime sentait venir le naufrage. J'ai vécu dans
une Algérie coloniale, violente et injuste, et j'ai
éprouvé combien mes parents, mes grands-parents, tout en
s'inspirant du Coran, nous exhortaient avec ce verset : « C'est
Lui qui a fait de vous les héritiers de la terre. » À
vous, enfants, d'en être dignes ! Ils voulaient sauvegarder leur
foi, sans jamais la confondre avec une quelconque revendication nationale ou
identitaire. La résistance était
« laïque », si je puis dire, et nullement
orientée vers une guerre contre les chrétiens.
Ils se tenaient dans l'exercice périlleux
d'élever leurs enfants à la fois dans les enseignements du Coran
et de la nouvelle modernité, venue d'ailleurs, une découverte qui
faisait leur admiration. La science, le savoir, le progrès, le
péril les rendaient intelligents, alors ils se
questionnaient : « De cette modernité, que prendre,
que ne pas prendre ? Que transmettre ? Que ne pas
transmettre ? ». Ils allaient commencer à vivre avec ces
contradictions, ces premières divisions de l'homme oriental entre son
pôle spirituel et l'appel du monde terrestre, en plein bouleversement.
Mais nous voilà aujourd'hui, défaits, nos
mondes bouleversés. En fait, nous sommes à présent un seul
monde, tenu sous la férule de cette gigantesque toile virtuelle qui nous
enserre, et que nous appelons Mondialisation. Dans les pays arabes, on ne fait
pas d'euphémisme, on n'y va pas par quatre chemins, on l'appelle
Occidentalisation, perçue comme nivelant les cultures et voulant faire
avaler à l'autre les couleuvres de l'universalité. Il n'y a
qu'à voir, me disent mes amis, le redoutable savoir-faire technique,
médiatique et managérial de Daech, du 100% pur occidental.
Et dans notre univers maintenant unifié, tel un
animal blessé, longtemps ignoré, rejeté, l'islam
revendique sa place au soleil en convoquant non pas, hélas, ses valeurs
spirituelles, mais en privant le musulman de sa part intime, personnelle pour
inoculer en lui le virus de l'appartenance. Travaillé par les situations
d'exil qui sont devenues le modèle de notre condition d'homme
contemporain, le musulman ne « se » reconnaît plus ni
chez lui ni hors de chez lui. Alors, quoi de plus consolateur que l'attrait de
la foule, cette matrice tiède et enveloppante qui fait oublier son exil
et empêche de penser par soi-même, qui fait se croire le meilleur,
oubliant ou ignorant plutôt ce principe coranique de la
multiplicité des croyances : « Si Dieu l'avait
voulu, il aurait fait de vous une communauté unique, mais Il voulait
rivaliser en vos dons. »
Or, la stratégie de cette violence est redoutable
et cynique, elle frappe là où les populations dites musulmanes
sont « stigmatisées » afin d'accroître la
défiance qui pèse sur elles, fragiliser encore davantage leurs
positions sociales pour mieux les prendre dans leurs filets. Alors, le risque
est que tous les diables se réveillent en nous tous, avec le pouvoir, en
quelques actes meurtriers, de faire s'écrouler le patient travail
tissé par la société civile avec ses multiples
associations qui travaillent à vivre ensemble. Rancoeurs, histoire mal
digérée (la perte de l'Algérie), l'islam (que peut
apporter de neuf cette troisième religion qui s'invite dans le cercle
très fermé du cénacle
judéo-chrétien ?), l'arrogance occidentale, les mensonges,
un vrai festin pour mauvais esprits qui se tiennent tassés au fond de
nos cerveaux ; nos histoires sont leur oxygène...
C'est que le péril nous menace, nous aussi,
musulmans d'Europe ; pour eux, l'islam court à sa perte à
cause de son ouverture (pour moi, il sera sauvé) ; alors nous
voilà tiraillés entre l'intégration ou la
séparation. Comme s'il nous était interdit d'accéder au
droit d'indifférence à la religion, au droit à la
séparation entre une foi intime et personnelle et un engagement citoyen,
il nous est interdit d'accéder au droit de se dire d'abord
Français et de réfuter l'assignation religieuse. En
réalité, c'est un suicide moral que nous serions sommés
d'accomplir collectivement.
Et c'est ainsi que l'islam peu à peu est devenu un
symptôme, mais ne serait-il pas plutôt le symptôme de la
maladie du monde ? Secret, caché, oublié, voilé,
intime : jusqu'aux années 1990, l'islam rasait les murs des villes
minières du Nord ou le quartier Barbès, ou les chantiers de
Billancourt. De l'image de soumission et de fatalisme, ma religion est devenue
l'incarnation de la violence. Quelle redoutable réversibilité des
images !
Violence dit-on, mais n'est-ce pas que tout est
inquiétude ? L'effroi ne cesse de grandir en nous, du massacre
d'Utoya en Norvège, des caranges récurrents aux
États-Unis, de la catastrophe qui menace Gaïa, et cette terreur
maintenant à nos portes, dans nos rues, cette violence s'est
cristallisée autour de l'islam, identifiée comme une religion
humiliée, dominée. L'islamisme est devenu la dernière
idéologie radicale à la mode, nourrie de la frustration d'une
jeunesse arabe, sous la coupe de dictatures qui ont fermé tout horizon,
de l'échec de l'intégration en France, et du « deux
poids deux mesures » de la politique internationale qui
décrédibilise nos dirigeants et donc le politique, et donc la
république, et donc la nation.
Nous avons cessé d'être en paix. La
modernité promettait le progrès, mais une seule chose progresse,
la peur. La modernité nous lègue la démesure. Mais quelle
est la mesure ? Pour se mesurer il faut un repère, et ce
repère est l'autre ! Plus d'autre, plus de Dieu, ne subsiste plus
que l'homme, érigé comme désormais l'unique instance de
référence, une autoréférence
mortifère : « ni autre ni Dieu ».
Mais l'Orient me diriez-vous, n'était-ce pas le
lieu même de ce pôle, cette quête de l'Autre vers lequel
l'homme s'oriente jusqu'à le nommer du nom de Dieu ?
Oui, mais mon Orient est aujourd'hui
défiguré, il n'existe plus ; la toile mondiale lui a
arraché son âme, la vendant au pétrole, au marché et
à la finance. Mon Orient est défiguré, ni l'homme ni la
terre, ni l'hospitalité, ni la grande paix qu'implique l'abandon
confiant en Dieu, ainsi que je traduis l'islam, ne survivent.
Mais ces fous de Dieu ne seraient-ils pas le signe d'un
renouveau religieux ?
Non, le fou de Dieu ignore son Dieu, il le méprise
en l'entravant dans son empressement d'idolâtre, il est fou de religion
mais pas de Dieu ! C'est la religion qui est son idole, oublié le
Dieu de miséricorde ! Le temps où on créditait les
orientaux d'une spiritualité splendide dans laquelle l'Occiental allait
puiser pour retrouver un peu de son âme, cette âme
« qu'il cache comme une chose un peu indécente »
nous disait Etty Hillesum, cet Orient est peut-être définitivement
mort.
Car l'Orient n'était pas qu'un continent ou une
terre, il était une idée, une vision, un horizon, une boussole
pour le coeur ; aujourd'hui, il est devenu une immense plaie, une terre
à occuper, détruire et... reconstruire pour les plus grands
bénéfices futurs des marchés. Cette ère
s'achève sous nos yeux de vivants du XXIe siècle et,
sur mon Orient, s'amoncellent des nuages et des temps de plus en plus
sombres ! L'Irak, la Syrie, Gaza, la Libye le Yémen, mon monde est
à genoux, désolation, exil, fuite, une apocalypse lente,
destruction des plus hauts lieux de l'islam, destruction des plus anciens sites
de la chrétienté, destruction de ce qui faisait l'Orient majeur,
c'est-à-dire, la renaissance, l'origine de Dieu même. Remontent
à la surface de mes yeux Damas, Alep, Bagdad, Homs, Palmyre, villes
trésors du monde, écrins de la civilisation, architectures,
temples, jardins, beautés brûlées enfouies. Cendres sur non
têtes, cendres sur ma culture.
Dieu ne serait-il de nouveau voilé à nos
yeux depuis la Shoah, la plus grande catastrophe du XXe
siècle ?
Mais la catastrophe est pour nous cette fois, elle est
là avec sa religion de masse, alliées à la technique pour
produire un cocktail désastreux et funeste.
Dans une sorte de mimétisme inversé,
l'Orient a voulu rappeler à l'Occident que celui-ci avait oublié
Dieu. Mais en affirmant que tout est Dieu, ne risque-t-on pas de
parvenir au même oubli de Dieu ?
Oubli de Dieu, terreur. Nous sommes renvoyés
tous à notre vide, cette aridité qui gouverne nos
âmes, nos esprits, nos discours, une agonie disent même
certains.
Certes, on peut soit se rassurer en voyant ces sauvages
nous terroriser, se dire combien nous sommes civilisés et nous consoler
ainsi de notre propre défaite car la France n'est plus ce qu'elle
était, il faut désormais se battre pour exister, garder son rang,
ses prétentions ; on peut aussi s'interroger comme beaucoup le
font : mais nous que nous reste-t-il ? Ces musulmans semblent avoir
une religion des valeurs, un ordre mais nous... ils révèlent
notre manque, ils sont le miroir de ce qui a été perdu. Nous
sommes en déclin, ils progressent, nous n'avons que des droits, ils ont
encore des devoirs, des interdits, ils ont une religion mais nous, nous avons
tout perdu et rien n'est venu occuper une place symbolique assez puissante pour
ancrer notre culture dans les enjeux de notre monde contemporain. L'Autre nous
renvoie à notre propre nuit.
Pourtant, il me semble que ce n'est pas derrière
nous qu'il faut aller voir, ce n'est pas non plus devant, c'est
ailleurs ! Ailleurs car nous n'avons pas le choix de ne pas
rencontrer l'autre, il est notre chance. L'enjeu est aussi important que le
soin que nous avons décidé d'apporter à Gaïa, et les
migrations futures ne nous démentiront pas. L'autre est sans doute la
chance d'une Visitation. Je pense à Louis Massignon qui n'a pas
hésité à pénétrer l'univers islamique (du
temps où l'Orient était l'Orient) et en retirer une
expérience radicale de l'Autre et de l'hôte. Il a nommé
« Visitation de l'étranger », l'épreuve
mystique qui le mena à sa conversion, il a par la suite
développé ce magnifique concept, la Badâlya, qui
vient de badal, littéralement
« substitution », être capable de se substituer
à l'autre en un « expatriement » de soi vers
l'autre, dit-il. Badâlya qu'a repris plus tard Christian de
Chergé, dont l'assassinat reste pour moi, algérienne ayant
joué enfant dans le jardin de leur monastère à Tibhirine,
une mort inconsolable.
Nous n'avons pas tous l'envergure d'un Louis Massignon ou
d'un Christian de Chergé, nous sommes juste ces
« échafaudages de petits os cassants..., poupons rampants,
bientôt chenus » comme dit le poète Hopkins.
Pour moi, cet accueil de l'étranger, c'est le
socle pour bâtir une histoire, un langage, un récit. C'est un vrai
travail de culture qui nous attend et qui a été
entamé depuis cette année zéro de la terreur.
Ce travail qui nous attend a été
très bien résumé par Sarah, cette jeune blogueuse qui, sur
Facebook, au lendemain des attentats du 13 novembre, a fait un contre-appel
à celui de continuer à aller en terrasses boire des verres...
« Si aller en terrasses est la seule
réponse de la jeunesse française..., je ne suis pas sûre
qu'on soit à la hauteur du symbole qu'on prétend être.
L'attention que le monde nous porte en ce moment mériterait qu'on aille
plus loin... Cela mérite que chacun se pose un instant à la
terrasse de lui-même, et lève la tête pour regarder la
société où il vit. Et qui sait... peut-être que dans
un lambeau de ciel blanc accroché aux immeubles, il apercevra la
société qu'il espère » et suit toute une
série de résolutions pour transformer ses comportements
individuels au quotidien, notamment l'attention à l'autre.
Elle m'a fait penser à cette autre jeune femme,
Etty Hillesum, qui écrit en pleine tourmente nazie :
« Mon faire consistera à être. »
Au fond, tout le monde a été
paresseux ; je pensais, avant ces attentats, que seuls les musulmans
n'avaient pas fait ce travail de pensée (ou d'interprétation pour
reprendre l'antienne actuelle) pour répondre à la question
majeure : quel islam veut-on aujourd'hui, en France, en Europe au
XXIe siècle ? Au lieu d'y travailler, notre espace de
réflexion s'est peu à peu gelé. Tétanisés,
hébétés, nous sommes sous l'effet d'une sidération
que, je vous assure, nul n'imagine, répétant de façon
défensive et dérisoire, bégayant en boucle
« Daech n'est pas l'islam » !
Et nous voilà, tous en train de découvrir,
ahuris, que tout un territoire mental et spirituel de notre pays a
été colonisé par un impérialisme culturel dont
l'efficacité à coup de pétrodollars ne peut rivaliser
qu'avec celle de l'Amérique, colonisé par des prosélytes
du comportement unique, du littéralisme des textes, de modes
vestimentaires, rituelles, communautaires semant la haine dans nos demeures
spirituelles que sont les mosquées, fussent-elles des caves ou des
garages. Comment a-t-on pu laisser une telle ingérence
s'enraciner ? Il nous faudra expliquer cela. Mais Benjamin Stora nous
prévient : « Ce qui est terrible avec l'Histoire, dit-il,
c'est qu'on ne regarde toujours que la fin de l'histoire ».
En fait, c'est toute la France qui a été
paresseuse, reposant sur les lauriers de sa gloire passée, de ses
Lumières et droits de l'homme. Alors aujourd'hui, c'est quoi la France
que nous désirons ? Comment vivre désormais avec cette
religion, autre, dont la présence massive ravive l'arrachement colonial,
cette indépendance de l'Algérie qui a amputé la France de
trois de ses départements et qui fait, sur fond d'horreur islamique, le
fonds de commerce du Front national.
Et nos hommes politiques qui ne viennent même pas
à notre secours ! Je suis frappée par leur indigence
concernant la chose religieuse ou disons sacrée, le politique
n'entend pas le religieux. Je ne dis pas que la solution doit être
religieuse mais comment le politique peut-il penser son action, sa vision sans
faire une place à cet ordre symbolique qui occupe en secret nos
consciences ? Nos gouvernants sont une tragédie à eux seuls,
aucun souffle n'habite leurs bouches, ils ne lisent pas, ils ont juste le temps
de tweeter, seul François... nous fait rêver de sa haute et grande
vision, on le voudrait président de tous les pays du monde. Mais il
n'est que le Pape...
Alors il nous revient non pas de définir une
identité, je me méfie définitivement de cette
chose-là, changeante, mouvante, trop vivante pour être
enfermée, mais de renouveler ensemble le récit de notre
pays ; vous l'aurez compris, j'aime les récits, j'aime les romans
et nul ne peut vivre sans qu'on lui raconte des histoires. Comment refonder un
roman national qui soit inclusif de tous ceux qui font ce pays ? Par
exemple, ces grandes figures musulmanes, comme l'émir Abd el-Kader qui a
écrit avec sa très noble reddition, une page de l'histoire
française et quelques années plus tard, une nouvelle page de
l'histoire chrétienne en protégeant en 1860 à Damas les
chrétiens contre la furie extrémiste. Sa magnifique stature
rendrait tellement fiers, dans leurs écoles, les petits Français
de confession musulmane, et leur donnerait tant de dignité pour honorer
la stature de leur ancêtre qui, à Mgr Pavy le remerciant pour sa
protection, répond ainsi : « Toutes les religions
apportées par le prophète depuis Adam jusqu'à Muhammad
reposent sur deux principes : l'exaltation du Dieu Très-Haut et la
compassion pour ses créatures. En dehors de ces deux principes, il n'y a
que des ramifications sur lesquelles les divergences sont sans
importance ».
Nous sommes responsables ensemble, y compris les
écrivains (et Alexis Jenni s'est colleté avec cette tâche
d'aller voir du côté de ce grand trou laissé par l'aventure
coloniale), de ce travail de culture qui ne consiste pas à rejeter ou
à révoquer hors-champ l'espace du religieux ou du
spirituel ! Il s'agit au contraire d'en reconnaître l'aspiration
existentielle, profondément humaine, et de se pencher sur sa
métamorphose aujourd'hui ainsi que sur ses nouvelles formes
d'expression.
Pour conclure, je dirai que la seule véritable
« ressource culturelle collective » est celle de travailler
ensemble à notre maison commune. Ce serait, pour moi, l'occasion d'une
résurrection, une renaissance qui relèverait mon islam de
l'épreuve tragique qu'il vit aujourd'hui car « Dieu ne modifie
pas l'état d'un peuple qu'ils ne l'aient modifié de leur propre
char... » nous dit le Coran.
Penser, croire, aimer, prier, écrire nous sauvent.
Lorsque j'écris, je pense à cette parole de Kafka :
« écrire, c'est faire un saut hors du rang des
meurtriers... ».
Nous sommes donc responsables du saut qu'est en
train d'accomplir notre destin, et plus spécifiquement, notre destin
spirituel. Responsables totalement.
Karima BERGER
Annexe II.
----------ALGÉRIE LITTÉRATURE /
ACTION----------
DIALOGUE
?
Karima Berger, L'enfant des deux mondes, roman.
Editions de l'Aube,
1998, 127 p.
------------------------------
«Dans un sens, dans l'autre, sans
cesse»
Karima Berger, ce nouveau nom des littératures
algériennes, nous convie à lire un très beau récit
de vie, L'enfant des deux mondes dans une
région que les écrivains algériens ne nous ont pas fait
«visiter» depuis longtemps et dans «un entre-deux»
existentiel auquel nous ne sommes plus accoutumés.
«Alger - Médéa, voyage. Deux
heures de route heureuse et chaotique parcourues presque chaque fin de semaine.
A la sortie de la ville, très vite, la plaine généreuse
que traversait la route de part en part jusqu'à pénétrer
lentement dans les gorges de la Chiffa, du nom du fleuve qui prenait sa source
dans les montagnes, dernière frontière avant les steppes
désertiques du sud. Elle les appelait «les gorges de
Chériffa», du prénom de sa mère.»
On entre dans le récit par ce mouvement du voyage
et par cette pénétration heureuse dans le territoire maternel. On
sait l'importance de ces seuils qui impulsent l'écriture et notre
parcours de lecture. Ils se font sous le double du déplacement et de la
mère.
Elle rapportera, après l'exil, à l'un de
ses voyages une «Agua viva, morte : morceau de son propre cordon
ombilical conservé jusque-là par sa mère. Chair
asséchée par le temps, privée de son eau
nourricière : laquelle ? Comment savoir qui en était la
source, le corps de l'enfant ou celui de la mère ?» Elle
la transférera de l'armoire maternelle à son armoire parisienne
pour re-sceller le corps à corps mère-fille, cette filiation
féminine si constante et si problématique dans les
écritures des femmes. Mort, le cordon ombilical continue à vivre
et provoque la remontée vertigineuse d'une mémoire de «morte
maternité». Il lui faudra le jeter dans l'eau du fleuve pour se
récupérer et habiter pleinement son présent :
«Elle n'a jamais su s'il retrouva la mer et plus loin les gorges de la
Chiffa, s'il voyagea, d'une rive à l'autre, d'un monde à l'autre,
dans un sens, dans l'autre, sans cesse.»
Karima Berger, - un nom d'écriture, sésame
d'une entrée en littérature -, est née à
Ténès en 1952, quatrième fille d'une famille de cinq
enfants dont le dernier est un garçon. On sait ce que cet
«ordre» signifie !... Après des études
supérieures à Alger de Sciences Politiques et de Droit, elle
vient en France en 1975 pour faire un doctorat. Sa thèse porte sur le
Nationalisme, l'idéologie de l'indépendance nationale qu'elle
souhaite mieux cerner car elle y décèle de nombreux germes de
l'enfermement de l'Algérie indépendante autour de
l'unicité dans tous les domaines. Elle se consacre à la recherche
universitaire et a une charge de cours à Dauphine en Sociologie du
développement. Elle se dirige ensuite vers les métiers des
ressources humaines. C'est dans ce domaine qu'elle travaille actuellement.
Karima Berger a publié plusieurs articles dans
Le Monde Diplomatique, Le Cheval de Troie,
Intersignes, La Revue de Psychanalyse...
Comment s'est donc fait ce passage à l'écriture
de fiction ?
« C'était présent en moi depuis
longtemps. Je tournais autour... Je crois que je peux dire que ces
dernières années m'ont poussée... pas dans le sens d'un
témoignage sur l'actualité. Non. Mais j'ai eu envie de dire ce
que j'avais à dire pour qu'on le lise comme un des
éléments de ce qui se passe, comme une part de l'histoire
inconsciente de ce pays. J'ai hésité entre un essai ou une
fiction car je souhaitais faire un essai sur le dualisme, sur
l'identité. Mais j'avais abandonné la recherche universitaire
depuis de nombreuses années et un tel essai aurait
nécessité des lectures, tout un travail de synthèse. J'ai
donc opté pour la fiction. Et c'est cette écriture qui est
venue...»
Le jeu de l'écriture se construit entre
échos et parallélismes ; le récit nous emporte ainsi
entre ce début et cette fin que nous venons d'évoquer, dans la
douce langue de la réminiscence où tout s'organise pour signifier
et comprendre au-delà d'une simple chronologie des faits qui n'explique
pas grand-chose.
«C'est un récit plutôt qu'un roman.
Ce n'est pas non plus une autobiographie. Disons que c'est la reconstruction
d'éléments vécus ou observés. Les noms par
exemple ! Certains ne s'inventent pas, comme l'école Richard de
Médéa... Pour d'autres, j'ai conservé un écho du
nom réel mais pas le nom véritablement.»
La notion de «traduction» semble le
maître-mot de ce récit. «D'une rive à l'autre,
d'un monde à l'autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.»
Ce mouvement de flux et de reflux, vague qui submerge et se retire, avait
déjà ponctué la fin du premier chapitre pour dire la
formation scolaire initiale où l'enfant a été
installée, d'emblée, dans la traduction, «intense
travail de tous les instants, d'une langue à une autre, d'un signe
à un autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.» Il
ponctue aussi la fin du chapitre VIII qui a comparé les cadeaux que l'on
peut offrir aux petites filles, dans les deux «mondes» où
«elle» doit se mouvoir : «elle qui cherchait toujours
à comparer, faire correspondre les deux mondes, à traduire,
intense travail de tous les instants, d'une langue à une autre, d'un
signe à un autre, dans un sens, dans l'autre, sans cesse.»
Mouvement de vague, mouvement du va-et-vient, mouvement du tissage qui, en
suivant la trame, fait naître une oeuvre où les dessins
progressivement prennent sens.
«Quand je pense «traduction», je pense
en premier lieu à la langue, puis à deux mondes, deux univers.
L'héroïne a vécu un véritable traumatisme
linguistique : celui de grandir dans et en face de la langue arabe comme
une langue étrangère avec tout l'attrait que représente
l'étranger, attrait de mystère, de magie,
d'inaccessibilité...»
Pourtant, lorsque la mère console les nuits de
cauchemar, elle le fait en récitant dans un murmure une sourate qui fait
dire à la petite fille qu'elle y trouve le refuge de «la langue
maternelle»...
«Oui, c'était la langue du rêve. Le
Coran de la consolation dans la nuit. C'est la langue secrète de la
mère. Donc, c'est la vraie langue de la mère, celle qui semble
interdite d'accès. Et quand elle arrive à Alger, en 1962, cette
langue de rêve devient une langue menaçante parce qu'elle ne sait
pas la parler, qu'on la lui enseigne dans les conditions qui sont
rappelées dans le récit. Et parce qu'on lui demande d'abandonner
le français. Il y a eu un livre très important pour moi, celui
d'Antoine Berman, L'épreuve de l'étranger publié chez
Gallimard, dans les années 80. Déjà ce titre !...
André Berman y parle de la traduction : comment la traduction peut
être un élément de vivification de la langue traduite. Il
cite un poème de Goethe où celui-ci évoquait des fleurs
offrant un tableau magnifique dans la campagne. On vient les cueillir, on les
coupe, on les met dans un vase et elles vont vivre une seconde vie. Je me suis
demandée alors si on traduisait beaucoup dans nos pays parce que je
voyais et je vois la traduction comme un signe de vie et de santé
intellectuelle...»
Signe de vie et de santé, signe d'échange
et jeu de miroirs. Comment traduire les intérieurs, ceux des
Français, ceux de la famille, les différences de l'école
Richard et de la médersa ; comment comprendre les vêtements,
les rites, les édifices, les villes et les
cérémonies ? Comment s'adapter à un monde ou à
l'autre sans trop se briser ici et là lorsqu'on ne parvient pas à
les faire coïncider ?
«Quand je suis passée à
l'écriture, j'ai publié un extrait dans la revue Intersignes,
n° 10, «Penser l'Algérie», où j'ai mis en
parallèle les deux univers, typographiquement. Mon texte se
présentait en deux colonnes, l'une commençant par : O le
goût de l'école ! Celle de l'école Richard à
Médéa, etc... et l'autre par : Ce n'était pas
à la médersa qu'elle fit de telles rencontres, lorsqu'elle en
suivant les enseignements, etc...! Mais ce n'était tenable, ni pour moi,
ni pour le lecteur, sur toute une fiction !»
Comment dire la guerre, l'indépendance, le
remplacement des uns par les autres, en cherchant à rester au plus
près des souvenirs et à ne pas trop laisser la distance parler en
lieu et place du passé ?
La lecture de L'enfant des deux mondes se fait
en douceur, même lorsque ce qui est dit relève d'une violence
symbolique profonde. Comme s'il fallait ne pas bousculer les mots pour
comprendre, comme s'il fallait prendre le temps d'accepter de remonter dans ce
temps qui semble si lointain et étrange au regard de l'Algérie
d'aujourd'hui. Voyage au pays de Mémoire pour «pister» le
devenir...
Au centre du récit, le chapitre V s'attarde sur la
langue «maternelle», cette sourate récitée et apprise
dans les nuits du cauchemar comme nous venons de le rappeler, cette langue du
Coran qu'elle affronte autrement à l'âge adulte et avec laquelle
et se réconcilie au chevet de l'oncle mourant : «elle se
rendit à son chevet munie cette fois d'une traduction du Livre, en ayant
préalablement lu la Sourate Yâsîne, celle que l'on murmure
à l'oreille des mourants (...) Pour la première fois, la langue
ne comptait plus, ni la française, ni l'arabe, ni celle de tous les
jours, ni la muette, seule comptait cette lecture qui dessinait un espace clos
dans lequel elle faisait se correspondre le Seigneur et son
mourant.»
Le chapitre VI peut alors explorer l'autre voyage, celui
du fil reconstruit de la confrontation d'une langue savante à l'autre,
le français et l'arabe, depuis l'aïeul,
interprète-judiciaire : «Dès lors, la langue
française, jusque-là ignorée, dédaignée -
seule l'arabe, langue sacrée du Coran méritait d'être
étudiée -, se glissa dans l'univers privé de la famille
sans que quiconque n'ait imaginé la puissance qu'elle déploierait
dans la formation de ses générations futures.»
«Le rapport au religieux : il est, pour
moi, au même niveau que la langue, une sorte de nostalgie d'un monde de
l'origine, il a le même statut que la langue. Aller vers l'islam en tant
que culture est pour moi une nécessité très forte de
réappropriation. J'ai équilibré ma méconnaissance
de la langue arabe par une entrée dans la connaissance de l'islam, sa
culture, ses repères historiques. J'en voulais aux intellectuels d'avoir
laissé le monopole de l'islam aux autres... Il faut avoir une
connaissance des textes fondateurs. Mon père est tout
étonné de pouvoir dialoguer avec moi sur ce terrain-là.
L'arabe algérien, je le parlais mais sans une véritable
fluidité. L'arabe classique... je suis frustrée. J'ai une immense
nostalgie. La traduction m'a permis d'aller vers ces textes de ma culture, de
surmonter cette sorte de complexe...»
Dans L'enfant des deux mondes, il est beaucoup
question du voile, de l'enfermement, de l'aveuglement, de l'enlaidissement de
la mère lorsqu'elle doit mettre son haïk, dans la voiture, pour
traverser Médéa...
«Il y a quelque chose d'essentiel pour
moi : c'est de réfléchir sur le dedans et le dehors. Tout
féministe que je suis, je ne suis pas dupe de la violence et de la
virilité qu'affichent les hommes... Un autre livre important a
été Le Harem et les cousins de Germaine Tillion... J'ai toujours
senti le pouvoir qu'avaient les femmes dans la sphère domestique. Un
certain pouvoir très subtil. Quand les hommes entrent dans cet espace du
dedans, ils «se voilent», ils toussent pour signifier leur
présence, signifiant qu'ils ne sont pas sur leur territoire... C'est
toujours dans la revue Intersignes, un numéro consacré aux
femmes, que j'ai réfléchi à l'envers de ce que l'on
présente habituellement : «déplacer don le regard et
lire dans le comportement masculin les marques d'un voilement, dont il faut se
demander ce qu'il dissimule»... Les femmes représenteraient
l'intimité de l'homme. Si elles sortent, l'homme se retrouve nu.
D'où l'enjeu de la lutte des femmes en Algérie, par
exemple : si les femmes sont libres, les hommes voient leur
identité niée»
Ne peut-on pas parler plutôt alors d'une
nécessaire re-définition identitaire, car si on reste dans la
«compassion», les femmes ne sortiront jamais de ce statut qu'on peut
valoriser par l'analyse mais qui n'en reste pas moins un statut peu
enviable ? Est-ce seulement caractéristique des pays d'islam ?
Je n'en suis pas sûre, pour ma part. Je pense à Une chambre
à soi de Virginia Woolf : «les femmes ont pendant des
siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir
magique et délicieux de réfléchir une image de l'homme
deux fois plus grande que nature (...) si elles n'étaient pas
inférieures, elles cesseraient d'être des miroirs grossissants. Et
voilà pourquoi les femmes sont souvent si nécessaires aux
hommes». Débat toujours ouvert et essentiel.
L'enfant des deux mondes, c'est aussi un regard
tamisé sur les préjugés - le racisme habituel des
Français certes -, mais surtout les idées toutes faites sur
l'autre communauté à laquelle on se mesure et contre laquelle on
se protège comme par une peur instinctive de trop de
séduction ; c'est apprendre à aimer sans se renier, sans
verser dans le mépris et la méconnaissance. Et cette fois la
«leçon» ne s'adresse pas à l'Autre, Français,
Européen, occidental qui aurait dans ses gènes l'évidence
du racisme, mais à soi, aux siens. Le ton mesuré s'emballe
quelque peu pour cette saine interpellation. La narration dénonce cette
ambivalence des Algériens, les contradictions dans leur rapport à
l'autre, l'ex-colonisateur. Une telle attitude détruit des
potentialités de choix.
L'enfant des deux mondes, c'est un regard sur
les femmes exprimé autrement, différemment comme une femme peut
le faire quand elle cherche à dire avec pudeur et justesse
l'éveil de la sensualité, la conscience du corps et du
désir, du trouble et de l'interdit : «Éveil de la
chair dans le noir ou dans les trouées des feuillages ou dans les champs
de blé ou sur les terrasses dans la lumière aveuglante de
midi.»
«L'écriture est venue... dans un
état de grâce... J'y ai travaillé deux ans, surtout
l'été. C'est tombé comme un fruit mûr, sans doute
parce que ce que j'écrivais été porté par tout un
travail antérieur. J'ai toujours tenu des journaux, des carnets, depuis
l'âge de vingt ans. Le matériau était là, ce qui
aide le travaille de mémoire. J'avais noté des flashes que je
sentais porteurs de quelque chose et c'est à partir d'eux que j'ai
construit ma fiction. Le premier titre était, Petits tableaux de
mémoire.»
Les projets, il y en a bien sûr ! Quand le
désir d'écrire enfin se libère... «Je travaille sur
un sujet plus difficile : sur le sentiment de la peur. Je resterai
toujours dans la fiction. Ce que peut ressentir une femme : peur de la
violence, des hommes, du noir, de l'extérieur... Peur qui naît de
cette crainte de sortir de l'enceinte...»
Christiane Chaulet-Achour
et Karima Berger, juin 1998
Annexe III.
----------Réforme----------
Karima Berger : femme d'un seul monde
Cette femme d'écriture aime le grand large et le
dialogue des cultures et des espérances.
Il est des gens que les tiraillements élargissent plus
qu'ils ne déchirent. Karima Berger est une femme élargie. Tout en
témoigne : la largesse du sourire et celle de la pensée. La
largesse de l'accueil aussi, dans l'appartement lumineux qui domine les toits
de Paris, bordé d'oliviers et de lavandes sur le point de fleurir.
Elle s'excuse d'un peu de fatigue, une lassitude à vrai
dire. Pour cette femme de l'ouverture, se confronter aux replis est une
douleur. Replis de ces deux mondes qui l'ont mise au monde : la France et
l'Algérie, l'Europe et l'Afrique du nord ; ces deux cultures qui,
à l'intérieur, se sont rejointes pour la faire grandir. Et qui,
à l'extérieur, se choquent à n'en plus finir.
N'en parlons plus, un merle court sur le balcon entre la
lavande et l'olivier ; ce matin Karima a enregistré son chant, elle
en diffuse la mélodie dans l'appartement en suivant du doigt la hauteur
de chaque note.
Karima est le prénom que ses parents algériens
ont donné à leur quatrième fille. Berger est la traduction
française du nom de son époux, Jean-Michel Hirt. En deux mots est
dite l'identité nomade de celle qui n'a de maison que
l'écriture.
Double culture
Née en 1952 à Ténès, petite ville
au bord de la mer, Karima Berger passe une enfance heureuse. « Mon
père, libéral, moderne, musulman, a poussé toutes ses
filles vers les études. Il nous voulait instruites. J'ai
goûté très tôt au bonheur de la double culture !
J'avais l'impression d'être deux fois intelligente », dit-elle
avec un sourire espiègle qui laisse deviner la vive fillette dont il est
question. « J'avais deux manières de dire les couleurs, deux
manières de dire Dieu, deux manières d'entendre, de
sentir... »
Mais la double culture, c'est aussi les premières
blessures. À dix ans, Karima est invitée à la communion
solennelle de son amie Patricia. Elle ressort de la cathédrale d'Alger
avec cette question d'enfant qui embarrasse les adultes : pourquoi
n'a-t-on pas tous le même Dieu ?
Plus tard, sa grand-mère posera un verdict
intolérable à l'enfant, après un après-midi
passé à jouer avec une camarade : « Ton amie, elle
est charmante, mais elle n'ira pas au paradis. » « Alors je
déploie un attirail d'arguments : «Imagine une vieille dame
chinoise qui n'a jamais connu l'islam et jamais fait le mal, pourquoi
irait-elle en enfer ?» » Une faille ébranle le
verdict de la grand-mère, qui invite la fillette à retourner
à ses jeux. L'enfant est trop intelligente pour ne pas saisir ce talon
d'Achille de la religion. Trop exigeante pour le classer dans les affaires sans
suite...
« Ce jour-là, ma grand-mère a
instillé en moi la question de l'altérité. Ce n'est pas un
hasard si j'écris toujours sur l'autre. Sur Etty Hillesum (1), avec
Christine Ray (2)... » Pas un hasard si, aujourd'hui, Karima Berger
préside l'association Écritures et Spiritualités qui
oeuvre à faire connaître une littérature porteuse de sens,
de souffle et d'ouverture. Au coeur de cette association composée
d'écrivains et d'essayistes des trois religions monothéistes,
l'autre encore. Le dérangeant, l'élargisseur.
Ce privilège de se laisser déranger par l'autre,
Karima Berger en fera une vocation : études de droit et de sciences
politiques à Alger, pour s'orienter vers la diplomatie. Pendant ses
années d'étudiante, à la faveur d'un voyage dans le
Sahara, elle achète son premier Coran. « L'achat de ce Coran,
c'était mon premier acte de présence spirituelle à
moi-même. » À partir de là, dans sa foi comme
dans ses rencontres, tout sera aller-retour incessant entre sa propre
intériorité et l'ouverture au monde. « Quand on est
assis dans son for intérieur, le dialogue avec les autres peut se faire.
Mais quand on commence à être inquiet sur sa propre
identité, c'est là que les choses deviennent
difficiles. » Elle connaît déjà son ancrage, la
jeune fille qui quitte l'Algérie pour poursuivre sa thèse en
France et entamer une psychanalyse. « Quand on creuse, on touche
à la pâte humaine », ce fond de toute humanité
qui permet d'aborder l'autre comme le frère étranger.
Psychanalyse, foi et écriture
Psychanalyse, foi et écriture partagent, dans la vie de
Karima Berger, cet appel exigeant à la profondeur, à cette
fouille de l'âme. Elle connaît toujours son ancrage, celle qui
partage sa vie avec un mari psychanalyste, français et catholique, dans
l'alliance intelligente de ceux qui se rencontrent sans fusionner. Celle qui
fut L'enfant des deux mondes (3) est devenue la femme d'un seul monde
où l'autre peut rester cette énigme d'altérité
instillée jadis par sa grand-mère algérienne.
Son dernier roman, Mektouba, paru cette année
aux éditions Albin Michel, comporte cette magnifique confession de
foi : « Tous les antagonismes de Dieu pour éprouver Sa
créature s'étaient confondus en lui mais Dieu sait ce qu'il fait
avec Ses antagonismes. »
Dieu sait ce qu'il fait et Karima aussi, qui a choisi depuis
quelques années la voie exclusive de l'écriture, cette voie
tracée par ceux qui acceptent, précisément, de ne pas tout
savoir. Ceux qui « manquent à leur devoir pour aller à
leur désir », selon les termes du narrateur de
Mektouba. « Mektouba, c'est le féminin de Mektoub, le
destin et ce qu'il peut avoir d'écrasant. Je l'ai féminisé
pour adoucir le sort... »
Ce roman est porté par une langue, une poésie,
qui sourd de cette histoire ramassée à la matière brute de
la vie. Karima cite Sylvie Germain : « L'écrivain
n'écrit jamais de première main. »
L'islam, cadet des religions monothéistes, est aussi
fait, bâti, nourri de tout ce qui dans la foi le précède.
Alors, en écriture comme dans la foi, on invente peu et on hérite
beaucoup ? Peut-être, mais le merle chante de nouveau à la
fenêtre.
Sur la table basse est ouvert le conte perse d'Attar, Le
langage des oiseaux. C'est peut-être cela, ce langage du fond de
l'âme qui fait taire en l'homme ses querelles intestines et sa peur que
l'autre le prive de lui-même. Il est temps de partir sur la pointe des
pieds et laisser Karima répondre à l'invitation insistante de
l'oiseau. Pour habiter finalement de deux manière un seul monde :
politiquement et poétiquement à la fois.
(1). Les attentives, Albin Michel, 2014.
(2). Toi, ma soeur étrangère,
éd. du Rocher, 2012.
(3). L'enfant des deux mondes, L'aube
éditions, 1998.
Annexe IV.
· Auteure : Karima Berger.
·
Roman : L'enfant des deux mondes.
· Édition première :
(éditions de) L'aube [31 mars 1998].
·
ISBN : 2-87678-402-5.
· Réédition : El ibriz
(édition) ; [novembre 2012].
· ISBN :
9931-9114-2-5.
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- BERGER Karima, « Le «saut hors
du rang des meurtriers» », in Cairn.info, mars 2016/3,
Paris, SER, pp. 87-94.
- BELKACEM Dalila, « Du texte
autobiographique au texte romanesque dans «Le fils du pauvre» de
Mouloud Feraoun. », in Insaniyat, n°? 29-30,
juillet-décembre, 2005, pp. 159-173.
- BENRABAH Mohamed, « La question
linguistique », in Christiane CHAULET-ACHOUR & Yahia
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pp. 83-108.
- BOUKEZOULA Inès,
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Université de Constantine, (n° 50 / Vol B), décembre 2018,
pp. 61-72.
- CHAULET-ACHOUR Christiane & Karima BERGER,
« Dialogue avec le texte « l'enfant des deux mondes
» », in Algérie : Littérature / Action,
(n° 22-23), juin-septembre, 1998, 8 p.
- CHAULET-ACHOUR C., « SEGARRA Marta,
Leur pesant de poudre : Romancières francophones du
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pp. 88-90.
- CHAULET-ACHOUR C., L'écrivain
francophone et la langue, 5 p.
- CHIKHI Beïda, « Jean
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« Universités Francophones », 1996, pp. 30-37.
- CIRET Yann, « Vers le Chaos-monde -
Entretient avec Édouard Glissant », in Chroniques de
la scène monde, Lyon, La passe du vent, 2000, 460 p.
- DERIVE Jean, La question de l'identité
culturelle en littérature, Paris, 2007, 11 p. HAL,
archives-ouvertes.fr
- DOUBINSKY Sébastien, « De la
littérature et du genre comme notions ontologiquement
instables », in Synergies Pays Scandinaves, (n° 9), 2014,
pp. 11-22.
- FADWA Mohammad Abouzeid,
« Identité et altérité : Le voyage vers
l'Autre et la renaissance de Soi dans La goutte d'or de Michel
Tournier », in Postures, L'Autre : poétique et
représentations littéraires de l'altérité,
hiver 2017/1 (n° 25), Montréal, 18 p.
- FELL Claude, « L'autobiographie aux
frontières de l'histoire. La révolution mexicaine dans le
récit autobiographique. », in América, Cahiers du
CRICCAL, « Les frontières culturelles en Amérique
latine », 1993, (série 2 éme / n° 13), pp.
227-240.
- FOURGNAUD Magali, « Pour une
approche littéraire de l'identité »,
Université Bordeaux Montaigne, 11 p.
- GALLERANI Guido-Mattia, « L'Essai
dans le roman et un cas d'hybridation générique, l'essai
fictionnel. », in Acta fabula, (vol. 17/ n° 2),
février-mars 2016, 10 p.
- HAGGERTY Harriet. K., « Le texte
hybride : Les défis que pose la traduction », in
Expressions - revue internationale de lettres -, (n° 8.), avril 2019, pp.
218-229.
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d'identité culturelle, Entretient France Culture, 2016.
- LEWIS R. A., « Langue
métissée et traduction : quelques enjeux
théoriques », in Meta, (vol. 48/n° 3), septembre
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- LOUVIOT Myriam, « Poétique de
l'hybridité dans les littératures
postcoloniales. », Thèse de doctorat, Option :
Littérature comparée, sous la direction de François-Xavier
CUCHE, Université de Strasbourg, 2010, 969 p.
- MAAFA Amel, « L'Histoire, lieu de
désenchantement dans le roman algérien
post-colonial », in Synergies Algérie, (n° 26),
2018, pp. 97-105.
- MAHMOUDI Hakim, « La poésie
de Mohammed Dib : entre bris-collage et bricolage. Éléments
d'une esthétique postmoderne. », Thèse de doctorat
en langue française, Option : Science des textes
littéraires, sous la direction de Charles BONN & Khedidja KHELLADI,
ENS d'Alger, 2015-2016, 297 p.
- MATHIS-MOSER Ursula, « «
Littérature nationale « versus « littérature
d'immigration « », in Fridrun RINNER (Dir.),
Identité en métamorphose dans l'écriture
contemporaine. Publications de l'université de Provence (PUP),
2006, pp. 111- 120.
- MAYA Ombasic, « Espace urbain et
identité. », Thèse de doctorat, Option :
Littérature générale et comparée, sous la direction
de Monnet, Rodica-Livia, Montréal, 2012, 233 p.
- MOUSSAVOU Emeric, « La quête
de l'identité dans le roman francophone postcolonial : Approche
comparée des littératures africaine, insulaire, maghrébine
et caribéenne... », Thèse de doctorat, sous
la direction de Michel BENIAMINO, Université de Limoges, 2015, 323 p.
- MULLER-COLARD Marion, « Karima
Berger, femme d'un seul monde », in Réforme, 2016, 4
p.
- NIZZI, Marie-Christine, « Le Propre
et l'Etranger : Le concept d'identité vécue en
première personne », Thèse de doctorat, sous la
direction de Maximilian KISTLER, Paris I, 2011, 443 p.
- PÉTILON Sabine,
« Multilinguisme et créativité
littéraire, » (Dir.), Olga Anokhina, Louvain-la-Neuve,
Academia/L'Harmattan, coll. « Au coeur des textes », n°
20 », 2012, pp. 204-205.
- PÉZARD Émilie, Les genres du
roman au XIX éme siècle, Colloque, in Calenda - Le
calendrier des lettres et des sciences sociales, juin 2015, 2 p.
- REDOUANE Najib, « Le roman
algérien contemporain : Pour un renouvellement évolutif et
dynamique », CSULB, pp. 63-89.
- avl? Füsun,
« Interférences lexicales entre deux langues
étrangères : anglais et français », in
Synergies Turquie, (n° 2), 2009, pp. 179-184.
- SEBKHI Habiba, « identité
rhizomatique », in Fridrun RINNER (Dir.), Identité en
métamorphose dans l'écriture contemporaine. Publications de
l'université de Provence (PUP), 2006, pp. 137-145.
- SCHONELING Manfred, « Le moi
dissocié : Modernité et hybridité culturelle dans la
littérature du XX éme siècle », in Fridrun
RINNER (Dir.), Identité en métamorphose dans
l'écriture contemporaine. Publications de l'université de
Provence (PUP), 2006, pp. 11-21.
- YACINE Tassadit, « Discrimination et
violence », in Sonia Dayan-Herzbrun (Dir.), Vers une
pensée politique postcoloniale : à partir de Frantz
Fanon, in Tumultes, (n° 31), octobre 2008/2, Paris, Kimé, pp.
17-27.
IV. Autres ouvrages
exploités :
IV.1. Littérature :
- Dib Mohammed, Qui se souvient de la
mer ?, Paris, Seuil, 1962, 187 p.
- FARÈS Nabile, Mémoire de
l'absent, Paris, Seuil, 1974, 240 p.
- FERAOUN Mouloud, Lettres à ses
amis, Paris, Seuil, 1969, 224 p.
- KATEB Yacine, Nedjma, Paris, Seuil, coll.
« Points », 1956, 288 p.
- MALRAUX André, Le temps du
mépris, Paris, Gallimard, 1935, 112 p.
IV.2. Philosophie :
- KANT Emmanuel, Fondements de la
métaphysique des moeurs, trad. Victor Delbos, Béjaïa,
Berri, 2016, 124 p.
- LOCKE John, Essai philosophique concernant
l'entendement humain, trad. M. Coste, Amsterdam, édition originale,
1700, 368 p.
- NIETZSCHE Friedrich, Par-delà le bien
et le mal, Paris, Gallimard, coll. « Folio »,
1987, 288 p.
- NIETZSCHE F., Généalogie de la
morale, Paris, Le livre de poche, 2000, 311 p.
- NIETZSCHE F., Ainsi parlait Zarathoustra,
Paris, Le livre de poche, 2016, 416 p.
- Platon, Le Banquet, Béjaïa,
Berri, coll. « Les classiques de la philosophie », 2020,
116 p.
INDEX DES NOMS CITÉS
A
Abbas, Ferhat, 104
Addi, Lahouari, 21
Adler, Alfred, 22
Ali-Yahia, Rachid, 10, 13, 20, 21, 30, 94, 95
Amrouche, Jean, 98
Angenot Marc, 102
Aristote, 28
Arkoun, Mohammed, 32, 33, 96
B
Bakhtine, Mikhaïl, 78, 85, 86
Balandier, Georges, 14, 31, 93
Balzac, Honoré de, 62
Barbéris, Pierre, 70, 85, 103
Barka, Mahmoud, 18, 47, 91
Barthes, Roland, 63, 65, 66
Belaskri, Yahia, 13, 86
Belkacem, Dalila, 67
Belleau, André, 80, 85
Benaïssa, Hamza, 10, 21, 37
Bendjelid, Faouzia, 10, 11, 37
Benmakhlouf, Ali, 20
Bererhi, Afifa, 8, 12
Berger, Karima, 10, 11, 12, 13, 14, 27, 32,
36, 39, 45, 48, 51, 52, 53, 54, 60, 61, 62,
64, 65, 67, 69, 72, 73, 75, 76, 78, 81, 83,
101, 134
Berque, Jacques, 21
Berry, Nicole, 22
Bhabha, Homi. K, 7, 9, 14, 34, 59, 84, 101,
Blanchot, Maurice, 101
Bloch, Marc, 26
Bonaparte, Napoléon, 51
Bonn, Charles, 12, 38, 43, 45, 46, 48, 52,
58, 59, 62, 66, 67, 69, 71, 72, 74, 78, 79,
87, 98, 102, 103
Boudalia-Greffou, Malika, 51, 95
Bourdieu, Pierre, 18, 19, 78, 94, 95
Brahim-Salhi, Mohammed, 7, 11, 18, 27
Bugeaud, 8
C
Camus, Albert, 24, 87
Carrier, Hervé, 91,
93
Césaire, Aimé,
93
Chaulet-Achour, Christiane, 13, 51, 60, 61,
64, 65, 67, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76,
83, 84, 86
Cheniki, Ahmed, 31, 32, 33, 34, 35, 41, 47,
56, 57, 97, 102
Chikhi, Beïda, 8, 12, 37, 45, 77, 98
Chraïbi, Driss, 48
Compagnon, Antoine, 65, 74, 75
D
Dayan-Herzbrun, Sonia, 37, 43, 91
Deleuze, Gilles, 8, 55
Derive, Jean, 38, 45, 78
Derrida, Jacques, 59, 61, 66, 75
Dib, Mohammed, 38, 52, 53, 101
Durkheim, Émile, 95
E
Erikson, H. Éric 22
F
Fanon, Frantz, 14, 20, 31, 34, 37, 38, 43,
46, 90, 91, 92, 94, 95, 101, 104
Farès, Nabile,
42
Feraoun, Mouloud, 62
Ferré, Vincent, 75, 76, 77
Foucault, Michel, 14
Fraisse, Émmanuel, 46, 47, 84, 85
Fraenkel, Béatrice,
25
G
Galand-Pernet, Paulette, 85
Gasparini, Philippe, 63
Gauvin, Lise, 9
Genette, Gérard,
89
Ghafa, Brahim, 93, 94, 95, 97, 104
Giraud, Yann, 83
Glissant, Édouard, 14, 31, 83, 84
Guattari, Félix, 8,
55
H
Haas, Gerhard, 77
Haddad, Malek, 46
Hall, Stewart, 30
Hammadi, Ghania, 78
Hamon, Philippe, 66
Harbi, Mohammed, 90
Hegel,
93
Heidegger, Martin, 18
Heinich, Nathalie, 18, 19, 20, 21, 22, 24,
25
Hirt, Jean-Michel, 65
J
Jenni, Alexis, 7
Jullien, François, 23,
24
K
Kane, Cheich Hamidou, 42
Kant Emmanuel, 29
Kassab-Charfi, Samia, 81
Kateb, Yacine, 7, 38
Khadda, Naget, 12, 38, 43, 45, 46, 48, 52,
62, 72, 87, 98, 102
Khati, Abdellaziz, 11
Khatibi, Abdelkébir, 85
Kundera, Milan, 58
L
Lacoste, Camille & Yves, 7, 32
Lejeune, Philippe, 60, 63, 64
Lewis, 83, 85
Locke, John, 28
Lukács, Georg, 64, 86
M
Maalouf, Amin, 26, 55
Mackey, W. F, 84
Maingueneau, Dominique, 62, 63, 72, 87
Malraux, André,
34
Mammeri, Mouloud, 58, 85
Memmi, Albert, 48, 70
Miraux, Jean-Philippe, 60, 64, 65, 66
Mohammedi-Tabti, Bouba, 69, 77, 94
Mokhtari, Rachid, 69, 78
Moudileno, Lydie, 23, 71, 88
Moura, Jean-Marc, 44, 46
N
Nietzsche, Friedrich, 28, 36
Nora, Pierre, 19
P
Passeron, Jean-Claude, 78
Pessoa, Ferdinand, 86
Pétillon, Sabine,
80
Platon,
28
R
Ricoeur, Paul, 19, 26, 28, 32
Rinner, Fridrun, 8, 82
S
Saïd, W. Édward, 43, 85,
92
Sartre, Jean-Paul, 14, 29, 31, 37, 93, 94
Saussure, 26
Senghor, L. Sédar, 94
Spivak, C. Gayatri, 71
Stendhal, 13
Stora, Benjamin, 7, 32, 36, 44, 92
T
Todorov, Tzvetan, 55, 79
Toualbi-Thaâlibi, Noureddine, 10, 95, 96,
97, 101
Touraine, Alain, 22, 31
V
Vauléon, Maud, 55
W
Weber, Max, 38, 95
Y
Yacine, Tassadit, 86, 92, 94
Yacono, Xavier, 34, 94
Z
Zanon, Damien, 63
Zénon,
17
INDEX DES MOTS-CLÉS
Altérité, 28, 32, 33, 44, 45,
48, 54, 56, 81, 98
Crise, 7, 9, 11, 13, 14, 18, 21, 22, 25, 27,
34, 35, 59, 98, 101
Croyance, 25, 56
Culture, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 27, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 43, 44, 45, 46, 47, 48,
51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 60, 63, 65, 72, 73, 78, 79, 81, 83, 84, 86, 90, 91,
93, 94, 95, 96, 97, 98, 101, 102, 103
Dédoublement, 8, 25, 52, 53, 54, 58,
63, 65, 66, 67, 70, 73, 74, 77, 78, 79, 80, 86, 87, 88, 134
Devenir, 8, 24, 27, 28, 29, 30, 35, 66, 84,
93, 97
Dualisme, 7, 9, 23, 26, 28, 51, 53, 54, 55,
76
Hybridation, 14, 55, 56, 60, 63, 68, 74, 76,
78, 79, 80, 82, 84, 85, 103, 134
Hybride, 14, 26, 32, 40, 44, 51, 54, 55, 56,
57, 58, 59, 61, 64, 65, 73, 77, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 93,
97, 101, 102, 103, 104, 134
Hybridité, 11, 39, 54, 56, 70, 78, 81,
91, 134
Identité, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14,
17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 37, 38,
41, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 58, 62, 63, 65, 66, 67, 71,
72, 73, 75, 78, 81, 82, 84, 87, 88, 90, 91, 94, 93, 95, 97, 98, 101, 102, 103,
104, 134
Idéologie, 7, 8, 11, 12, 13, 20, 22,
25, 27, 31, 33, 34, 38, 53, 70, 72, 77, 85, 88, 90, 91, 94, 95, 102, 104
Malaise, 19, 57, 79
Mémoire, 7, 11, 19, 20, 30, 32, 33,
34, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 52, 53, 69, 71, 72, 74, 77, 80, 96, 97, 98,
134
Métissage, 9, 13, 32, 54, 56, 57, 73,
101
Nation, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 17, 18, 19,
20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 41, 42, 44,
46, 47, 48, 51, 54, 57, 58, 69, 77, 76, 79, 90, 91, 92, 94, 95, 96, 97, 98,
101
Postcolonial, 9, 10, 14, 17, 23, 26, 31, 33,
34, 37, 43, 56, 58, 59, 63, 68, 71, 74, 77, 78, 84, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 97,
101, 103, 104, 134
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
..............................................................................................................
2
DÉDICACE
.............................................................................................................................
4
EXERGUE
...............................................................................................................................
5
INTRODUCTION GÉNÈRALE
...........................................................................................
6
PARTIE I : L'identité, entre processus et
interaction .......................................................
16
Approches préliminaires
......................................................................................................
17
CHAPITRE I : Autour de la notion d'identité -
approche socio-historique .................. 17
1. L'identité, essai de définition
.........................................................................................
18
1.1. L'identité nationale (collective)
.............................................................................
18
1.2. L'identité-sujet (individuelle)
................................................................................
23
Résumé
.................................................................................................................................
28
Tableau récapitulatif
............................................................................................................
29
CHAPITRE II : Sur la question nationale en
Algérie .......................................................
30
1. L'héritage colonial
.........................................................................................................
31
2. L'après-guerre
................................................................................................................
36
2.1. La quête mémorielle : vers une
issue salvatrice ..................................................... 38
3. L'étrange[r] aux sources du renouveau
..........................................................................
43
3.1. L'effet boumerang
..................................................................................................
45
PARTIE II : Les processus de l'hybride en
l'oeuvre ..........................................................
50
Quelques repères
..................................................................................................................
51
1. La vie de l'auteure
..........................................................................................................
51
2. Aperçu des ses oeuvres
...................................................................................................
52
3. Le corpus
.........................................................................................................................53
CHAPITRE I : La dimension poétique
...............................................................................
54
1. L'hybridation générique
.................................................................................................
55
1.1. Un roman autobiographique
...................................................................................
59
1.2. La pratique de la pseudonymie : de l'anonymat
à l'être-deux ............................... 64
1.3. Le parti-pris de l'Histoire
.......................................................................................
68
2. L'hybridation linguistique
..............................................................................................
78
3. Le cadre spatio-temporel
................................................................................................
86
3.1. Le dédoublement spatial
........................................................................................
87
3.2. Le temps discontinu
...............................................................................................
88
CHAPITRE II : Stratégies
postcoloniales
..........................................................................
90
1. Pour une politique du fait colonial inversée
................................................................... 92
2. Stratégies d'accommodation en ambivalence
culturelle ................................................ 95
2.1. L'exil, ou la renaissance dans l'ailleurs
................................................................. 97
CONCLUSION GÉNÉRALE
............................................................................................
100
ANNEXES
............................................................................................................................
106
I. Karima Berger, Le « saut hors du rang des
meurtriers » ..................................................
107
II. Christiane Chaulet-Achour & Karima Berger, «Dans
un sens, dans l'autre, sans cesse». - «Dialogue avec le
texte L'enfant des deux mondes de Karima Berger»
............................... 113
III. Marion Muller-Colard, «Karima Berger : femme d'un
seul monde» .............................. 118
IV. Informations en lien avec le corpus
................................................................................
121
BIBLIOGRAPHIE
..............................................................................................................
122
INDEX DES NOMS CITÉS
...............................................................................................
129
INDEX DES MOTS-CLÉS
................................................................................................
131
TABLE DES MATIÈRES
..................................................................................................
132
LISTE DES ABRÉVIATIONS
..........................................................................................
133
RÉSUMÉ
...............................................................................................................................134
LISTE DES ABRÉVIATIONS
AP. Action Pédagogique.
APN. Action Politique Nationale.
Cf. [Confer]. À comparer avec,
voir avec.
Chap. Chapitre.
EF. Essai fictionnel.
EX. Exemple.
Ibid. [Ibidem]. Au même endroit,
eu égard à la note précédente.
LDM. L'enfant des deux mondes.
N°. Numéro.
Op. cit. [Opus citatum]. Opus
cité.
OSM. Organisme sémantiquement
modifié.
PA. Politique Anti-nationale.
SE. Séquence essayistique.
SF. Support fictionnel.
SQ. [Sequiturque]. Désigne ce
qui suit la citation et la prolonge. Traduit en « et
suivant ».
Supra. Ci-dessus, plus haut.
V. Voir.
VL. Violence légitime.
Vol. Volume.
VS. Violence symbolique.
RÉSUMÉ
Notre étude portait sur une oeuvre ambigüe de
la littérature algérienne. Elle s'attache à la
représentation des identités dans le roman de Karima
Berger : identité succédant à l'ère des grands
nationalismes et prise à part dans celle des postcoloniaux. Nous
étions partis de la double appartenance de l'auteure, de par ses
enseignements arabe et français, pour aboutir à la double
appartenance de l'oeuvre. En assumant cette hybridité, l'auteure fait fi
des représentations manichéennes du monde abstrait, telles
qu'elles sont véhiculées sous couvert de mondialisation. C'est,
de fait, un « Tiers-espace » qui s'impose et
auquel personnages et lecteurs adhèrent. Notre étude vise
à expliciter ce sentiment d'identité tel qu'il est vécu
par le sujet, en nous penchant davantage sur le volet idéologique,
politique de l'identité. Nous avons, du reste, traité de la
manière dont elle se réfléchit au sein de l'oeuvre, et
notamment par la voix(e) de l'hybride, qui est la consécration
même des poétiques du postcolonial.
Par ailleurs, il était question de
redéfinir ce concept-là des identités nouvelles en leur
attribuant un nom, suivant la stratégie de l'auteure qui s'évalue
autour des cercles traditionnels, en même temps qu'elle brigue ceux de sa
propre modernité. Cela fut donc l'objet de tout le travail, et notamment
de la première partie qui prend en charge les deux grandes
représentations de l'identité, à savoir l'identité
nationale (collective) et l'identité-sujet (individuelle). Cela
étant, nous avons étalé les ?excès' de l'une et de
l'autre et établi un parallèle avec différents points de
notre corpus : en effet, arrivée par « en
haut », l'identité est forcément nationale, tandis
qu'elle est, par « en-bas » beaucoup plus personnelle.
C'est dire toute l'ambigüité qu'il y a là pour L'enfant
des deux mondes à saisir potentiellement son essence, sans plus
opérer dans un quelconque extrémisme. C'est
précisément à ce point que l'hybride apparaît
important et occupe toute notre attention.
Logiquement, la seconde partie fut consacrée quant
à elle à la structuration inter et intratextuelle de notre corpus
selon le principe des hybridations, et s'accroche plus spécifiquement
à l'aspect poétique de l'oeuvre étudiée. Il y a
différents niveaux d'hybridation auxquels nous avons eu affaire tout au
long de cette analyse : nous retenons à titre d'exemple les niveaux
formel, informel, générique, linguistique, etc. De même
qu'on y dispose, au sein de chaque niveau, de différents registres
sémantiques qui font la richesse et la particularité de ce texte.
En dernier lieu, nous avons précisé le rôle que jouait cet
hybride dans la déconstruction du mythe sacral des identités
figées, et ce en faveur d'une pensée effective et dynamique.
Le constat final fut que, l'identité, telle
qu'elle est devenue au lendemain des indépendances et eu égard
à la nouvelle « carte » du monde, ne peut
désormais subsister dans l'un de ces deux mondes que par l'effet d'un
tiers. Cela étant, on s'aperçoit vite de l'effet
décentralisateur (ou de dédoublement) induit et par l'un et par
l'autre. En attendant, c'est le roman qui s'empare le mieux de ces
représentations troublées et brosse le tableau de ces
correspondances.
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