CONCLUSION
Nous voici au terme de notre travail de mémoire dont le
sujet a porté sur « Le rôle de la
Société Civile et de la Barza intercommunautaire du Sud-Kivu dans
la transformation des conflits intercommunautaires : Cas des conflits
entre les Babembe et les Banyamulenge à Fizi».
L'intérêt de ce travail a été motivé par le
souci de savoircomment se déploient ces deux structures dans le
territoire de Fizi à fin d'apporter des solutions aux problèmes
de cohabitation pacifique entre ces deux communautés et d'identifier les
différents acteurs qui agissent dans l'ombre pour pérenniser ces
conflits.
De ce fait, trois questions principales ont constitué
la problématique qui a soutenu l'analyse de ce travail dont :
ü Quels sont les acteurs indirects (invisibles) dans
l'alimentation des conflits intercommunautaires à Fizi ?
ü Quel rôle joue le bureau de coordination de la
société civile du Sud-Kivu et la Barza intercommunautaire dans
la résolution des conflits intercommunautaires à Fizi?
ü Aux quelles limites se sont heurtées les
stratégies (approches) de transformation des conflits
précédentes dans la mise en oeuvre et le suivi de leurs
solutions ?
En réponse à ces questions, trois
hypothèses ont été également émises.
Ainsi, parmi les acteurs indirects participant à
l'alimentation de ces conflits on trouverait : les politiciens, les
leaders religieux, les leaders de la diaspora, les dirigeants de pays voisins,
les officiers de la police et des forces armées de la RDC et des pays
voisins, la MONUSCO, les ONGs, etc.
Dans la résolution des conflits intercommunautaires au
Sud-Kivu, la société civile et la Barza intercommunautaires du
Sud-Kivu joueraient trois principaux rôles : (i) lorsqu'elles
participent comme tierce partie (facilitateurs, médiateur, arbitre,
etc.) elles accompagnent les parties en toute neutralité a trouver des
solutions durables a leurs problèmes en vue de se
réconcilier ; (ii) lorsqu'elles y participent en tant parties
prenantes au conflits, elles jouent le rôle de la défense des
intérêts communautaires ; (iii) lorsqu'elles participent en
tant que observateur et jouent un rôle très passif se militants
seulement à des propositions et l'observation de la bonne marche du
processus.
Les différentes approches de transformations et de
résolution des conflits développée comme réponse
aux conflits intercommunautaires à Fizi se serraient heurtées
à un certain nombre des limites parmi lesquelles : le manque de la
volonté pour mettre en pratique les accords et conventions
signés, la manipulation des membres de la communauté et des
leaders communautaires de base par les acteurs politiques nationaux et de la
diaspora, les problèmes récurrents d'insécurités
perpétrés par les groupes armés dont les
intérêts sont menacés par le rétablissement de la
paix, l'absence de l'autorité de l'Etat et l'insuffisances des
éléments de forces de sécurité, le manque des
moyens financiers pour mettre en oeuvre ces politiques, etc.
Pour ce faire, un arsenal méthodologique mixte a
été mis en placedéveloppant une étude à la
fois descriptive et analytique, recourant à la méthode historique
et comparative, mobilisant les techniques d'entretien, d'enquête par
questionnaire et de l'analyse documentaire dans la collecte des données,
etcelle de l'analyse du contenu dans le traitement des données
qualitatives et quantitatives recueillis.
Du point de vue théorique, ce travail a mobilisé
la théorie de la transformation des conflits de John Paul Lederach, et
est ainsi subdivisé en quatre chapitres mis à part sa partie
introductive et sa conclusion.
A l'issu de nos données recueillies sur terrain et de
nos analyses, il est ressorti que les acteurs indirects intervenants dans
l'alimentation de ces conflits sont entre autres :les leaders politiques,
les autorités coutumières, les leaders religieux, les dirigeants
des pays voisins, la diaspora et les militaires haut gradés des FARDC,
avec comme principal acteur les leaders politiques avec un score de 60%
à l'issue de nos enquêtes.
Ces résultats nous ont permis de confirmer notre
première hypothèse.
En ce qui concernerôle joué par la
société civile et la barza intercommunautaire du Sud-Kivu, il
ressort de notre recherche que, à part ceux d'intervenir dans le
processus de transformation des conflits comme tiers (médiateur,
réconciliateur, négociateur, etc.), comme observateur et comme
partie défendant les causes de la population ; ces deux
organisations jouent d'autres rôles comme ceux de :lanceur d'alerte,
de plaidoyer, de lobbying, de représentation, etc., dans le processus de
recherche de la paix et de la transformation des conflits entre les Babembe et
le Banyamulenge à Fizi.
Cela permet de nuancer notre deuxième
hypothèse.
Comme limite des approches des construction de la paix
développées dans le cadre des conflits entre les Babembe et le
Banyamulenge à Fizi, on s'est aperçu à l'issue de nos
investigations de terrain que les facteurs comme l'incohérence des
solutions proposées par ces acteurs aux problèmes réels
existants, le manque de moyen financier et de la volonté pour la
population d'appliquer les accords de paix signés, avec le facteur comme
l'insécurité dans cette zone en constituent des véritables
obstacles.
Cela permet également de nuancer notre dernière
hypothèse.
Ainsi donc, le présent travail a comme limite le fait
de s'appliquer plus sur les originaires de Fizi habitant à Bukavu, ne
tenant pas ainsi compte de la conception des personnes qui vivent les
conflits ; il traite également avec égard la question de
l'implication de certains acteurs : leaders religieux, coutumières
et politiques dans le processus de recherche de la paix ; et n'aborde pas
avec précision le bilan réel des approches de ces deux structures
sur le terrain.
Comme apport, la présente étude s'inscrit dans
une multitude d'autres études de ce genre, à la seule
différence que cette dernière met l'accent sur le rôle du
Bureau de coordination de la société civile et de la Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu comme acteurs directs dans la transformation des
conflits à Fizi. Un autre apport de taille par rapport aux
résultats trouvés par d'autres chercheurs, est celui d'identifier
un nouveau facteur dans la dynamique des conflits entre les Banyamulenge et les
Babembe, qui est celui de l'inacceptation mutuelle.
En fin, nous n'estimons pas avoir épuisé toutes
les questions relatives à la présente problématique, c'est
ainsi que nous encourageons les futurs chercheurs à continuer leurs
études surl'apport des leaders religieux comme acteurs du processus de
paix et de la transformation sociale de cette crise.
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