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Le Gabon face à  la cybercriminalité: enjeux et défis


par Larry Warren DIYEMBOU BOUMAM'HA
Université Omar Bongo - Master Géosciences Politiques du Monde Contemporain 2019
  

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3.2.3 - La lutte contre la fraude à la Simbox

« Si la vulgarisation des services nouveaux tels la technologie de la Voix sur Internet (VoIP) et l'avènement de la 4G, ont révolutionné le marché de la téléphonie mobile, ils ont aussi facilité le développement de la fraude téléphonique sous des formes diverses. Laquelle est aussi liée à l'importation illicite de terminaux de télécommunications au Gabon ».122(*) Ces propos sont ceux de Lin MOMBO, Président de l'Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP), qui déplore la montée de cette nouvelle forme de piraterie qui se caractérise par un détournement du trafic international des appels entrant sur le territoire national, à partir des équipements dénommés « Simbox » ou encore « Gateway ». En outre, le trafic des télécommunications est aujourd'hui une forme de cybercriminalité en constante progression au Gabon et l'ARCEP, chargée de surveiller et assainir le marché des télécommunications afin qu'il soit conforme à la législation en vigueur, a décidé de partir en guerre123(*)contre la fraude à la Simbox. Plusieurs opérations de démantèlement se sont alors enchainées, et celles-ci ont mis à nu un vaste réseau aux ramifications internationales. Dans le but de soutenir ces deux affirmations, nous allons nous servir d'abord de la figure 11 et de la planche 1. Puis viendra le tableau 14.

Figure 12 : Tendance des volumes des appels frauduleux détectés au Gabon entre 2014 et 2017

Source : Enquêtes de terrain auprès de l'ARCEP, avril 2019.

L'analyse de ce graphique indique qu'entre 2014 et 2017, l'augmentation ou la diminution des cas de fraude sur les appels internationaux, a été fonction de la fréquence des campagnes de démantèlements. En d'autres termes, dès le début des investigations conjointes ARCEP-Direction Générale des Recherches (DGR) en 2014, le nombre de cas est passé de 67 en janvier, pour atteindre un pic de 2281 appels en décembre. Avec la poursuite des opérations en 2015, nous sommes passés à 1262 appels en janvier à plus de 4000 en août, avant de rechuter à 501 appels en décembre. 2016 est une année assez particulière car elle marque une certaine efficience de ces opérations.

On y observe par exemple que les cas de fraude ne sont détectés qu'à partir de mai, et que ceux-ci ne vont augmenter que dès novembre avec plus de 1526 appels. Fin 2016, début 2017, une légère baisse de la fréquence des opérations de démantèlement va donner lieu à une hausse vertigineuse des détournements des appels, avec plus de 10393 appels pour le mois de janvier. Cependant, à la faveur d'un retour en force de la répression, entamée en avril 2017, les appels frauduleux vont considérablement baisser jusqu'à atteindre le chiffre de 17 en décembre.

Ces nombreuses campagnes dites de contrôle, ont permis aux équipes techniques de l'ARCEP de localiser plusieurs sites exploités par des individus, et procéder à leur arrestation :

Planche 2 : Démantèlement d'un réseau de pirates au site de « Nombakélé »

Photo a : Appareil Simbox ou Gateway de 64 lignes

Chaque antenne représente une SIM,et donc une ligne frauduleuse

Photo b :Une vue de l'équipement destiné à détourner les appels entrant au Gabon

Simbox de 32 lignes

Les appels entrant sont traités par l'ordinateur qui constitue en quelque sorte le cerveau central de la fraude car, il contient plusieurs logiciels nécessaires au traitement des appels frauduleux.

Photo c : Lot de cartes SIM des opérateurs de téléphonie mobile utilisées pour la fraude

Photo d : Une vue du matériel en possession des pirates, lors de leurs arrestations par les équipes techniques de l'ARCEP et de la DGR

Source : ARCEP, Réalisation : DIYEMBOU BOUMAM'HA Larry Warren - 2019

Comme le démontre la planche 1, les investigations menées par l'ARCEP, assistée des forces de police et de gendarmerie et avec le concours de son partenaire technique, la société Telsig 124(*)(qui du reste, dispose d'outils de géolocalisation de pointe, permettant de repérer des foyers de fraudeurs), ont abouti à des interpellations en flagrant délit aussi bien à Libreville qu'à Port-Gentil, de plusieurs individus aux nationalités diverses :

Tableau 11 : Nombre de personnes interpellées par nationalité et par région

Nationalité des
personnes interpellées

Nombre

Région

Camerounaise

4

Afrique centrale

Gabonaise

3

Congolaise

1

Tchadienne

1

Ivoirienne

1

Afrique de l'ouest

Nigérienne

1

Burkinabè

1

Libanaise

1

Proche -Orient

Roumaine

1

Europe de l'est

Sources : ARCEP, 2017.

A partir de ce tableau, on remarque que la fraude aux appels internationaux implique non seulement des acteurs nationaux, sous régionaux, continentaux et même mondiaux à la motivation convergente de se faire le maximum d'argent possible à partir des détournements illicites des télécommunications au Gabon. C'est ce que précise Johnny Basile TCHIO FOPA, ressortissant camerounais opérant au quartier Petit-Paris de Libreville et interpellé par les agents de la DGR après de long mois d'enquête :« au Cameroun, la connexion n'est pas au top. Et les bénéfices ne sont pas importants. C'est pourquoi j'ai choisi de m'installer en Guinée-Equatoriale. Mais là-bas aussi, le réseau n'est pas très fiable. Ce qui m'emmène au Gabon, où la minute subtilisée à Airtel Gabon, était fixée à 50 francs CFA. Ce qui est une bonne affaire par rapport au Cameroun et à la Guinée-Equatoriale où le même temps de communication était fixé à 43 francs CFA »125(*).

En conséquence, il est alors plus que nécessaire de lutter contre ce phénomène de piraterie qui non seulement a pris une ampleur sans égale, mais par la suite, occasionne des pertes financières énormes pour l'Etat et les opérateurs de téléphonie mobile. Ces pertes sont liées au fait que chaque minutes d'appels internationaux entrant détournées par un réseau illicite, constituent une perte de revenus de 137 Francs CFA et se chiffrent à plusieurs millions dans la durée. Pour preuve, au cours d'un interrogatoire assez musclé d'un des délinquants gabonais, ce dernier a avoué avoir déjà reçu en termes de recettes, la somme faramineuse de 300 millions de francs CFA126(*).

* 122 https://directinfosgabon.com/fraudes-telephoniques-ont-coute-13-milliards-de-francs-a-letat-2015/

* 123 Entretien du 21 février 2019 à Libreville avec M. JOCKTANE Stéfane, Chef de service interconnexion et trafic international de l'ARCEP.

* 124 Quotidien l'Union, n° 12047 du mercredi 3 février 2016, p.4.

* 125 Quotidien l'Union, n° 12547 du samedi 14 et dimanche 15 octobre 2017, p.9.

* 126 Entretien du 20 février 2019 à Libreville avec le Capitaine Arnauld OBIANG OBIANG, Officier de Gendarmerie et Directeur des investigations à la DGR.

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