3.2.3. Principales activités
Dans la localité de Nassian, l'agriculture et
l'élevage consacrent l'essentiel des activités des
populations.
63
3.2.3.1. Agriculture
L'agriculture représente la principale activité
avec une importance qui varie d'un secteur à un autre (Figure 11).
Figure 11: Etendue spatiale des
activités agricoles à Nassian (adapté de l'OIPR,
2013)
L'agriculture constitue la principale source de revenu des
populations et occupe plus de 90% de la population active. Elle est
dominée par les exploitations familiales de type traditionnel. C'est une
agriculture itinérante utilisant les outils archaïques et les feux
pour le défrichement des parcelles. Cette agriculture est dominée
par les cultures vivrières. Ainsi, trois zones (Faible, moyenne et
forte) se partagent la localité selon l'intensité des
activités agricoles. En effet, toutes les parties de la
sous-préfecture sont considérées comme étant de
fortes zones agricoles à l'exception des espaces qualifiés de
moyennes et faibles zones agricoles qui se rencontrent au sud et au centre de
la localité. Deux types de cultures, à savoir les cultures
vivrières et les cultures industrielles sont observées à
Nassian. D'année en année une augmentation des superficies
s'observe dans l'intensification de ces cultures comme on le verra plus bas.
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Les cultures vivrières
Les cultures vivrières sont pratiquement identiques
à celles pratiquées partout sur le territoire ivoirien. Elle
porte sur les céréales (maïs, riz, haricot) et les
tubercules (manioc, igname etc.). Ces différentes cultures sont
associées à d'autres telles que les oléagineux (arachide)
et les potagers (piment, gombo, tomate). Les cultures vivrières sont
généralement pratiquées dans les grandes exploitations
familiales et selon les règles coutumières. Aujourd'hui avec
l'augmentation du nombre d'actifs agricoles, on assiste à
l'éclatement de ces grands ensembles en de petites exploitations
individuelles, grandes consommatrices de terre. La production vivrière
était pour la plupart autoconsommée. Mais aujourd'hui, les
paysans mettent en culture de vastes espaces afin de pouvoir assurer la
consommation familiale et vendre l'excédent sur le marché local.
La figure suivante réalisée à partir des données du
tableau 1 en annexe 3 présente l'évolution de quelques cultures
vivrières dans le temps de certains producteurs encadrés par les
services déconcentrés car les chiffres inscrits dans le tableau
ne sont pas exhaustifs et sont en dessous de la réalité.
Superficie (en ha)
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
2011 2013 2014 2015 2016 2017
Années
Igname MaÏs
Figure 12: Evolution des superficies
emblavées pour le maïs et l'igname de 2011- 2017 (adapté
de la
DDA Nassian)
Parmi les produits qui sont consommés par les
producteurs, l'igname occupe la première place à la lecture de la
figure 12 car supportant mieux que les autres cultures les
irrégularités inter annuelles des pluies dans la localité.
C'est par excellence un tubercule alimentaire de la localité de Nassian.
Cette situation s'explique par le faite que l'igname est l'aliment de base des
populations autochtones de cette localité. Chaque année, de
nouvelles terres sont défrichées pour la culture de l'igname. Les
superficies emblavées pour l'igname sont passées de 2456 hectares
en 2011 à 3080 en 2017 soit un accroissement de 25,40% en six ans. Au
cours de la même période, la production passe de 15912 tonnes
à 47040 tonnes soit un accroissement de 195,62%.
65
Pour le manioc, les superficies consacrées à sa
culture ont baissé de 2011 à 2017. Elle passe de 3204 hectares
à 2136 hectares (Tableau 1 en annexe 3). Cette baisse s'explique par le
fait que, le manioc est surtout cultivé en association avec l'igname. Le
maïs et le riz sont souvent cultivés également en
association. On observe aussi une décroissance continue des surfaces
emblavées de maïs et les rendements ne répondent pas aux
normes requises pour les céréales. Ainsi, la production du
maïs a connu une décroissance assez spectaculaire entre 2011 et
2017 passant respectivement de 2249 tonnes à 250 tonnes (DDA, 2018).
Cette faiblesse de la production du maïs s'explique par une réponse
de plus en plus défavorable des différents sols à cette
culture. Elle s'explique également par le faite que le maïs n'est
pas un aliment de base des populations de cette localité.
Quant à la culture de riz, sa production est en forte
régression par manque de bas-fonds aménagés et par son
abandon progressive. Cette régression s'explique aussi par le manque de
nouvelles variétés de semence moins sensible aux aléas
climatiques. Les projets d'aménagements rizicoles des bas-fonds de
Nassian (10 ha) et Parhadi (8 ha) pourraient favoriser la production en riz.
Les cultures industrielles
L'agriculture industrielle porte prioritairement sur
l'anacarde, la cola et le palmier à huile. Ces cultures sont
intégrées dans une économie internationale de
marché. Les paysans apprécient les cultures de rente dans la
mesure où elles apportent l'argent nécessaire pour leur besoin.
Le palmier à huile (très risquée sur le plan
agro-climatique) est moins cultivé. L'anacardier (Anacardium
occidentale), de la famille des anacardiacées est la culture
industrielle la plus importante au regard des tonnages et des superficies
emblavées chaque année. C'est une plante qui demande peu de
soins, s'adapte à tous les climats et fructifie au bout de 2 à 3
ans.
Elle supporte les fortes chaleurs mais est sensible aux basses
températures. Cette culture, grande consommatrice d'espace a
enregistré de grands progrès depuis la dernière
décennie où elle domine entièrement le paysage agricole
réduisant, de ce fait, la disponibilité en terre cultivable au
détriment des cultures vivrières. L'évolution des
superficies consacrées à l'anacarde rend entièrement
compte de l'importance qu'a cette culture dans la zone rurale. En effet,
l'anacarde connaît aujourd'hui, un engouement extraordinaire
auprès des populations au point de s'accaparer les meilleures terres et
les grandes superficies, entrainant un profond bouleversement dans les
pratiques agricoles locales. Dans l'ensemble l'extension des surfaces
consacrées aux cultures commerciales est notable.
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Cependant, l'anacarde étant la principale culture
commerciale, il importe de noter que, sa superficie ne cesse de grimper au
point de ne plus en resté des espaces cultivables d'ici quelques
années.
Pour la campagne 2016-2017, les nouvelles superficies
consacrées à la culture d'anacarde est de 7020 hectares pour une
production estimée à 5887 tonnes (Tableau 2 en annexe 3). Pendant
la même campagne, la superficie emblavée pour l'igname fait
environ la moitié de celle de l'anacarde et est estimée à
3080 hectares. Au niveau de la production, la culture d'igname a
enregistré 47040 tonnes et fait ainsi huit (8) fois la production
d'anacarde. Cette comparaison était nécessaire pour montrer que
l'anacarde est une nouvelle culture en pleine expansion dans cette
localité.
Commercialisation des produits
agricoles
La commercialisation des produits agricoles constitue la
principale source de revenu du paysan à Nassian. Le transport et les
stratégies commerciales sont deux facteurs importants dans le
système commercial qui lie les régions excédentaires aux
régions déficitaires. Ainsi le réseau routier constitue
l'élément primordial de l'accès aux différents
marchés.
Situé à 95 km de Bondoukou la
sous-préfecture de Nassian est d'accès difficile parce qu'elle
est enclavée. Toutes les voies ne sont pas bitumées et sont en
très mauvaise état de praticabilité surtout pendant les
saisons pluvieuses. De ce fait, certains villages importants du fait de leur
potentiel productif, sont isolés du reste du marché dès
les premières pluies. Ce réseau mal entretenu relie les
différents marchés de toute la sous-préfecture. En effet,
l'économie de la sous-préfecture se matérialise par un
réseau à deux niveaux d'organisation. Au premier niveau, se
trouvent de nombreux petits marchés d'impact villageois qui sont
largement informels ; où les échanges sont animés presque
exclusivement par les produits agricoles transformés pour
l'alimentation.
Aussi, les paysans font des ventes à bord champ ou
à domicile qui souffre de l'instabilité des prix. Au
deuxième niveau, viennent les coopératives (COPABO, SCOOPS.
CANAS, ...) pour l'achat de certaines cultures de rente comme l'anacarde. Mis
à part pour l'anacarde, le degré régional
d'intégration aux filières agro-industrielles reste donc encore
faible. Les produits les plus commercialisés sur les marchés
locaux sont surtout les vivriers. Ces produits maraîchers peuvent
être récoltés en contre-saison, ce qui les rend dans
certains cas plus intéressants que l'anacarde qui fournit des revenus
par hectare très inférieurs et parfois même des revenus par
journée de travail plus bas.
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Le tableau suivant présente certains produits vivriers
commercialisés par quelques groupements informels avec leurs superficies
en 2016.
Tableau 10: Commercialisation de quelques
vivriers à Nassian en 2016 (adapté de PROVINA)
Production
|
Superficie (en ha)
|
Rendement (en t)
|
Vente (en t)
|
Prix en saison (F CFA/kg)
|
Valeur (F CFA)
|
Oignon
|
7
|
17, 449
|
12, 450
|
400
|
4 980 000
|
Manioc
|
11
|
16
|
10, 50
|
75
|
787 500
|
Maïs
|
37,25
|
60, 195
|
33, 952
|
150
|
5 092 800
|
Arachide
|
2
|
5, 040
|
3
|
200
|
600 000
|
La commercialisation de ces produits agricoles sur les
marchés permet de comprendre leur importance dans économie des
populations locales. En effet, suivant les informations du tableau ci-dessus,
la valorisation des vivriers pourraient améliorer les conditions de vie
des populations face à la fluctuation des coûts et au
problème d'achat que rencontre l'anacarde.
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