UFR Sciences de l'Homme et de la Société
(SHS) Année académique 2017-2018
Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY Abidjan -
Cocody
Institut de Géographie Tropicale
Cote attribuée par la bibliothèque
Centre d'Excellence Africain sur les
Changements Climatiques, la Biodiversité et l'Agriculture
durable (CEA-CCBAD)
Mémoire de Master
Parcours: Géographie physique et
Environnement
Spécialité: Géographie
physique (Climatologie)
Sujet:
Activités agricoles et perceptions des populations de
Nassian face aux changements et variabilités climatiques
Présenté par:
KOBENAN Kadjo Raphaël
Encadreur:
Mr. SANOGO Souleymane Maître assistant
Sous la supervision de:
Mme. DIBI-KANGAH Pauline Maître de
conférences
Master pour le grade de Maître en
Géographie
Parcours: Géographie physique et
Environnement Spécialité: Géographie
physique (Climatologie)
Activités agricoles et perceptions des populations de
Nassian face aux changements et variabilités climatiques
KOBENAN Kadjo Raphaël
Présenté le 28 Décembre 2018 à
L'UNIVERSITE Félix HOUPHOUET-BOIGNY Abidjan -
Cocody
UFR SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE
Devant le jury composé de :
Président :
M. KONAN Kouadio Eugène, Maître de
conférences de Géographie, Institut de
Géographie Tropicale, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY
Abidjan
Rapporteur
Mme. DIBI-KANGAH Pauline, Maître de conférences de
Géographie, Institut de Géographie Tropicale,
Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan
M. SANOGO Souleymane, Maître-assistant d'Agrophysiologie/
Phytopatologie, Laboratoire de Physiologie végétale de l'UFR
Biosciences, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan
Examinateur
M. N'GUESSAN Kouassi Fulgence, Maître-assistant de
Géographie, Institut de Géographie Tropicale,
Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Abidjan
DEDICACE
Nous dédions ce mémoire :
A mon père Feu KOBENAN Boué
décédé le 20 Décembre 2011; paix à son
âme, et A ma mère KAMENAN Ayah, pour leurs nombreux
sacrifices
I
A mes frères et soeurs, pour leurs soutiens
et encouragements.
II
REMERCIEMENTS
Ce mémoire a été réalisé
dans le but de l'obtention du Master en option Géographie Physique et
Environnement, spécialité climatologie de l'Université
Félix Houphouët-Boigny. Il a pu être réalisé
grâce à l'appui et aux encouragements de personnes qu'ils convient
ici de remercier.
Notre reconnaissance et notre respect vont à Madame
DIBI-KANGAH Pauline (Maître de Conférences), notre superviseur de
cette recherche. Elle a encadré et suivi l'ensemble de nos travaux en
nous faisant bénéficier de son savoir, de son expérience
en matière de recherche et de la clairvoyance de ses opinions
scientifiques. Qu'elle trouve, dans ces quelques lignes, la marque de notre
respect et l'expression de notre admiration. Puisse Dieu vous le rendre
au-delà de vos attentes sur tous les plans.
Nous tenons également à manifester notre
reconnaissance à Docteur SANOGO Souleymane (Maître assistant), au
Laboratoire de Physiologie végétale de l'UFR Biosciences. Il est
notre encadreur de mémoire et responsable des Masters au Centre
d'Excellence Africain sur les Changements Climatiques, la Biodiversité
et l'Agriculture durable (CEA-CCBAD). En plus de nous considérer comme
«son fils», lors du démarrage de cette recherche, son soutien
et son encadrements inconditionnels qu'il nous a accordés pendant les
moments difficiles, nous ont été très utiles et
très réconfortants. Nous vous en sommes très infiniment
reconnaissants.
Merci énormément à Docteur N'GUESSAN
Kouassi Fulgence (Maître assistant) pour sa disponibilité, ses
explications, ses conseils et surtout pour l'instruction de notre travail de
recherche. Les nombreuses corrections apportées au présent
document ont été nécessaires pour l'aboutissement de ce
mémoire. Qu'il reçoive en retour notre reconnaissance pour tout
ce qu'il a fait pour nous.
Nous exprimons notre haute considération au Docteur
KONAN Kouadio Eugène (Maître de Conférences), notre
président de jury qui a bien voulu accepter d'évaluer ce travail
de recherche
Nos sincères remerciements à tous les
enseignant-chercheurs de l'Institut de Géographie Tropicale (IGT) pour
leur sens de la pédagogie et leur disponibilité à nous
inculquer le savoir depuis la première année.
Nos remerciements les plus chaleureux s'adressent
également à Messieurs COULIBALY Alama, NOHO Yali, tous Doctorants
à l'Institut de Géographie Tropicale (IGT). Ils ont
répondu présents à toutes nos sollicitations dans nos
recherches de données pluviométriques et cartographiques.
III
Nous remercions sincèrement Professeur OCHOU Delfin,
Docteur N'Da Christophe, Docteur ASSAMOI Eric et Docteur GBOCHO Ohoueu Didier
qui, malgré leurs multiples occupations, ont toujours été
à l'écoute et disponible tout au long de ce travail, ainsi que
pour l'aide et le temps qu'ils ont bien voulu nous consacrer.
Merci également à nos amis du Club d'excellence
et du mérite (CLEM) et à KOFFI Agohi Claver, nos condisciples de
Master, pour nos nombreuses discussions sur ce travail de recherche. Je leur
souhaite bon courage pour la suite.
Nous sommes également très reconnaissants aux
différents responsables au sein des institutions visitées et
surtout :
- Mme. OKOMA Adjo Jeannette, Préfet Grade I de Nassian,
son chef de cabinet M. SILUE Douyeri et son garde rapproché le
sergent-chef de la police préfectoral, M. KOE Aristide Bertrand pour
leur contribution et leur collaboration dans mes recherches de
données,
- M. TOTI K. Moise, Lieutenant des Eaux et Forêts de
Nassian, M. OGOU Y. Fabrice, chef secteur de l'OIPR Nassian et M. ESSI
Kouamé, Directeur départemental de l'agriculture et du
développement rural de Nassian pour m'avoir permis d'obtenir des
documents et informations relatives à notre sujet de recherche.
Nous tenons à exprimer notre sincère
remerciement aux chefs des villages visités et à tous les acteurs
au sein de ses villages pour leur accueil et contribution lors de nos
enquêtes de terrain.
Notre sincère reconnaissance à KARIME Kobena,
notre guide de terrain et à M. DIOMANDE Adama, notre tuteur à
Nassian et à sa famille pour leur accueil pendant notre séjour,
leur contribution et leur collaboration dans nos recherches de données.
Nous vous en sommes très redevables.
Nous adressons un remerciement tout particulièrement
à M. KAMENAN Assoumou, notre père, pour son soutien et ses
conseils. Un grand merci à M. N'GUESSAN Alain et M. ATTA Jean Paul, nos
tuteurs, pour leur soutien et pour leur contribution à la
réalisation de cette étude.
Enfin, nous remercions l'ensemble de nos proches et amis
notamment KONIN Edouard, SOH Hervé dont leur présence, leur
soutien, leur dynamisme et leur compréhension nous ont stimulés
tout au long de ce travail.
Que de personnes sont restées dans l'ombre !
Qu'elles puissent nous en excuser et pardonner cette omission, que je les prie
de ne point considérer comme une ingratitude.
IV
TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
TABLE DES MATIERES IV
LISTE DES FIGURES VIII
LISTE DES PHOTOS IX
LISTE DES ENCADRES IX
LISTE DES TABLEAUX X
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS XI
DENOMINATION EN LANGUE LOCALE KOULANGO XII
RESUME XIII
ABSTRACT XIV
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE 15
1.1. Contexte et motivations de l'étude 16
1.2. Description physique et humaine de la zone d'étude
18
1.2.1. Formations pédologiques 20
1.2.2. Relief et hydrographie 20
1.2.3. Climat et végétation 21
1.2.4. Peuplement, composition ethnique et croyances religieuses
22
1.3. Revue de la littérature 25
1.3.1. Perception des changements et variabilités
climatiques par les populations 25
1.3.2. Savoirs locaux des changements et variabilités
climatiques 27
1.3.3. Stratégies d'adaptation aux changements et
variabilités climatiques 27
V
1.3.3.1. Risques et incertitudes dans l'environnement agricole
27
1.3.3.2. Impacts des changements et variabilités
climatiques sur l'agriculture 28
1.3.3.3. Stratégies paysannes d'adaptation aux changements
et variabilités
climatiques 29
1.4. Problème et justification du sujet 30
1.5. Objectifs de la recherche 32
CHAPITRE 2 : DONNEES ET METHODES D'ETUDE. 33
2.1. Données et leur collecte 33
2.1.1. Données climatiques, agricoles et
démographiques 33
2.1.2. Données cartographiques et images satellitaires
33
2.1.3. Recherche documentaire 34
2.1.4. Enquêtes de terrain 34
2.1.4.1. Phase exploratoire 35
2.1.4.2. Choix des villages et des populations d'enquête
35
2.1.4.3. Observations et interviews 38
2.2. Méthodes de traitement et analyse des données
39
2.2.1. Traitement et l'analyse des images satellitaires 39
2.2.2. Traitement des données de terrain, climatiques et
leur analyse 43
2.2.3. Cadre retenu pour l'étude 45
2.3. Difficultés et limites de l'étude. 46
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS 48
3.1. Perception des changements climatiques par les paysans et
des personnes ressources
48
3.1.1. Perception paysanne des changements pluviométriques
48
3.1.2. Perception paysanne des changements thermiques et solaires
50
3.1.3. Perception paysanne des changements du vent 51
3.1.4. Perception du changement climatique par les personnes
ressources 52
VI
3.1.5. Niveau de cohérence entre perceptions paysannes et
données sur l'évolution du
climat 54
3.1.5.1. Analyse des tendances pluviométriques à
Nassian 54
3.1.5.2. Analyse des anomalies standards 55
3.1.5.3. Analyse des paramètres agro-climatiques 56
3.1.5.4. Analyse des tendances de températures 57
3.2. Causes et conséquences perçues des changements
et variabilités climatiques à
Nassian par les populations paysannes. 57
3.2.1. Causes perçues des changements et
variabilités climatiques 57
3.2.1.1. Causes liées aux activités anthropiques
58
3.2.1.2. Causes liées aux croyances locales 58
3.2.2. Population engagée dans l'agriculture et
système de production 60
3.2.2.1. Population engagée dans le secteur agricole 60
3.2.2.2. Système de production 61
3.2.3. Principales activités 62
3.2.3.1. Agriculture 63
3.2.3.2. Elevage 67
3.2.4. Milieu naturel soumis aux effets néfastes des
systèmes de production 68
3.2.4.1. Analyse de l'occupation du sol : un recul des formations
végétales
naturelles 68
3.2.4.2. Impact des activités agricoles sur le milieu
naturel 70
3.2.5. Perceptions des conséquences environnementales des
changements et
variabilités climatiques 72
3.2.5.1. Conséquences sur les activités agricoles
72
3.2.5.2. Effets des changements climatiques sur les animaux 74
3.2.5.3. Conséquences sur les conditions de vie des
populations 75
3.2.5.4. Conséquences des changements climatiques sur le
milieu naturel 76
VII
3.3. Stratégies de résilience: adaptation des
paysans aux changements et variabilités
climatiques 78
3.3.1. Stratégies développées dans la
pratique agricole 78
3.3.1.1. Modifications du calendrier agricole et des options
culturales 78
3.3.1.2. Aménagement de l'espace cultivable par les
paysans 81
3.3.1.3. Utilisation des intrants et réduction du temps de
travail 82
3.3.1.4. Invocation des dieux 84
3.3.2. Diversification des activités 84
3.3.3. Stratégies développées pour
l'élevage des animaux 86
3.4. Discussions et recommandations pour une meilleure
valorisation des savoirs locaux
86
3.4.1. Discussions 86
3.4.1.1. Perceptions paysannes du changement climatique 86
3.4.1.2. Perceptions paysannes des causes du changement
climatique 87
3.4.1.3. Perceptions paysannes des conséquences du
changement climatique 87
3.4.1.4. Stratégies d'adaptation face aux changements et
variabilités climatiques 88
3.4.2. Recommandations pour une meilleure valorisation des
savoirs locaux. 89
CONCLUSION 91
BIBLIOGRAPHIE 93
ANNEXES 102
VIII
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Localisation de la
Sous-préfecture de Nassian 19
Figure 2 : Proportions des principales
communautés ethniques de Nassian 23
Figure 3: Taille et répartition de la
population dans la Sous-préfecture de Nassian 24
Figure 4: Genre et âge des agriculteurs
enquêtés 34
Figure 5: Localisation géographique
des sites enquêtés 36
Figure 6: Cadre d'analyse de l'étude.
46
Figure 7 : Perception paysanne de la date de
début et de fin de la saison des pluies 50
Figure 8: Tendance des cumuls
pluviométriques annuels de Nassian 54
Figure 9: Variabilité interannuelle
des hauteurs de pluie moyenne à Nassian 56
Figure 10: Evolution de la température
moyenne annuelle a Nassian de 1986-2016 57
Figure 11: Etendue spatiale des
activités agricoles à Nassian 63
Figure 12: Evolution des superficies
emblavées pour le maïs et l'igname de 2011- 2017 64
Figure 13: Etat de l'occupation du sol en
1998 69
Figure 14: Etat de l'occupation du sol en
2016 70
Figure 15 : Évaluation paysanne de
l'impact du changement climatique sur la culture du maïs
et de l'igname au cours de la première saison culturale
73
IX
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Assèchement des feuilles et
tiges d'igname dû aux ruptures et aux manques d'eau 74
Photo 2: Inondation temporaire d'unité
de paysage en bas de pente sur une parcelle de riz à
Talahini 77
Photo 3: Défrichage d'une parcelle en
septembre pour un deuxième champ d'igname 79
Photo 4: Technique de paillage dans un champ
d'igname entre Talahini et Parhadi 80
Photo 5: Culture de riz dans un bas-fond
aménagé 81
Photo 6: Champ d'anacarde
pulvérisé avec des produits phytosanitaires à Longongara
83
Photo 7: Exemples de nouvelles cultures de
rente adoptée à Nassian 84
Photo 8: Exemple de cultures
maraichères adoptées 85
LISTE DES ENCADRES
Encadré 1: Perception des changements
climatiques par les personnes ressources 53
Encadré 2: Propos d'un paysan sur les
causes des changements climatiques 59
Encadré 3: Propos d'un paysan des
conséquences du changement climatique sur les animaux
74
X
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Choix de l'échantillon des
agriculteurs 37
Tableau 2: Liste des personnes ressources
interrogées 38
Tableau 3: Matrice de confusion de l'image de
1998 41
Tableau 4: Matrice de confusion de l'image de
2016 42
Tableau 5: Perceptions paysannes du
changement thermique et solaire 51
Tableau 6: Perceptions paysannes du vent
52
Tableau 7: Comparaison des moyennes
pluviométriques par le test de Segmentation de
Hubert à Nassian série 1986-2016 55
Tableau 8: Dates de débuts, de fin et
durées de la saison des pluies à Nassian 56
Tableau 9: Causes des changements climatiques
selon la conception paysanne 59
Tableau 10: Commercialisation de quelques
vivriers à Nassian en 2016 67
Tableau 11: Répartition des types
d'occupation du sol en 1998 et 2016 68
Tableau 12: Superficies
défrichées pour la culture d'anacarde à Nassian de 2013
à 2015 71
Tableau 13: Évaluation paysanne de
l'impact du changement climatique sur les activités
agricoles 72
Tableau 14: Perception paysanne des
conséquences des changements climatiques 77
Tableau 15: Stratégies d'adaptation
aux effets du changement climatique 79
Tableau 16: Types d'aménagement
realisé par les agriculteurs 82
Tableau 17: Types de nouvelles
activités développées par les agriculteurs 85
XI
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ANADER : Agence Nationale d'Appui au
Développement Rural
CEA CCBAD : Centre d'Excellence Africain sur les
Changements Climatiques, la
Biodiversité et l'Agriculture durable
CoPABo : Coopérative des Producteurs
Agricoles de Bondoukou
DDA : Direction Départementale de
l'Agriculture
FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
GIEC : Groupe Intergouvernemental d'experts sur
l'Evolution du Climat
IGT : Institut de Géographie Tropicale
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
INS : Institut National de Statistique
LAMINAT : Laboratoire d'Etudes et de Recherches
sur les Milieux Naturels Tropicaux
OIPR : Office Ivoirien des Parcs et
Réserves
PROVINA : Coopérative des Producteurs de
Vivriers du Département de Nassian
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SODEXAM : Société de
Développement et d'Exploitation Aéroportuaire,
Aéronautique et
Météorologique
SCOOPS-CANAS : Société
Coopérative Agricole Simplifiée du Département de Nassian
USGS: United States Géological Survey
WASCAL: West African Science Service Centre on
Climate Change and Adapted Land Use
XII
DENOMINATION EN LANGUE LOCALE KOULANGO
LES ELEMENTS DU CLIMAT
Pluie : yôkô ho hi
Vent : Djewo
Soleil : Gbeko
Chaleur : Bénbankpô
Le passé : Dougou dougou
Actuellement : Hombiyô
Harmattan : Roukô gnin
LES ELEMENTS DU MILIEU NATUREL
Forêt : Trougo.
Savane : Belego
Eau : yôkô
Cours d'eau ou marigot :
Côlgô.
Sol : Saakô
Bas-fonds : Mal-gboko
Arbre : Dèkô
LES CULTURES PRATIQUEES
Manioc : Agba
Riz : Mal
Igname : Dôgmô
Anacarde : Anacardï
Maïs : Dogodjo.
Arachide : Kakô
Oignon : Djawa
Aubergine : Hirèyô
Agriculteur : Gbassè
Champ : Hanhïdi
LES ANIMAUX ELEVES
Bovin (boeuf) : Nanh
Caprin (cabri) : Tégué
Ovin (mouton) : Arman
Volaille (poulet) : Zimiyo
XIII
RESUME
L'activité agricole occupe 90% de la population rurale
à Nassian dont les pratiques demeurent traditionnelles et la production
tributaire des conditions climatiques. Dans le contexte actuel de changement et
variabilité climatiques, marqué par des
irrégularités pluviométriques et une hausse des
températures, le monde rural est le plus exposé aux crises
alimentaires malgré la mise en oeuvre des programmes et politiques de
développement du secteur agricole en Côte d'Ivoire. Toutefois, la
population a toujours su faire face aux différentes perturbations
à partir de techniques et savoir-faire qui leur sont propres. La prise
en compte et la vulgarisation de ces savoirs locaux dans les politiques
agricoles sont indispensables afin de faire face à ces
dérèglements climatiques. Aussi, la présente recherche
vise-t-elle à analyser la perception des changements et
variabilités climatiques vécus par les populations rurales dans
leurs pratiques agricoles à Nassian. La méthodologie est
basée sur une approche de recherche quantitative et qualitative
intégrée en milieu agricole. Les outils de traitement des
données utilisées sont entre autres, la statistique descriptive
et analytique. Les résultats ont montré que les paramètres
climatiques ressentis par les agriculteurs sont la pluviométrie, la
température et le vent. En outre, les causes attribuées aux
changements et variabilités climatiques sont fonction de leur
attachement à la tradition et de leur conception personnelle. Les
conséquences environnementales négatives varient en fonction de
la topographie des parcelles de cultures et du phénomène en
présence. Les excès de pluie se manifestent par des inondations
fréquentes des bas-fonds et par des érosions. Les retards/
ruptures de pluie entraînent l'assèchement des cours d'eau, le
recul de la nappe phréatique, la dégradation du couvert
végétal, la dessiccation des sols et des baisses de rendement.
Les indicateurs « culture détruit par le vent » et «
température trop forte » sont les conséquences remarquables
des effets néfastes du vent et de la température sur les cultures
de maïs et d'igname. Les conséquences sur la vie des populations se
traduisent par une baisse de revenus agricoles et une dégradation de
leur cadre de vie. Au niveau des stratégies, le calendrier agricole est
établi par les agriculteurs en fonction des contraintes agro-climatiques
de la localité. Il est en perpétuel réaménagement
pour s'accommoder à la dynamique du dérèglement
climatique. La pauvreté et la rareté des terres arables
entrainent une mutation des systèmes de production vers
l'aménagement des bas-fonds. Par ailleurs, des mesures de restauration
des sols et d'amélioration de la fertilité sont adoptées.
L'intégration de l'ensemble de ces pratiques dans l'élaboration
des politiques agricoles pourrait contribuer efficacement à la
résilience des économies rurales aux risques climatiques.
Mots clés : Perceptions,
Changements et variabilités climatiques, Populations,
Activités
agricoles, Nassian.
XIV
ABSTRACT
Agricultural activity in Nassian, whose practices remain
traditional and production is dependent on climatic conditions, keeps 90% of
the rural population busy. In the current context of climate change and
variability, marked by irregular rainfall and rising temperatures, the rural
world is the most exposed to food crises despite the implementation of programs
and policies aiming at developing agricultural sector in Côte d'Ivoire.
But, Nassian people always succeed in coping with various disturbances using
their own techniques and know-how. Taking into account this local know-how and
popularizing it in agricultural policies is essential in order to deal with
these climate deregulations. Therefore, this research is about analyzing the
perception of climate change and variability faced by Nassian rural populations
in their agricultural practices. The methodology is based on quantitative and
qualitative research approach applied in agriculture. The data processing tools
used are, among others, descriptive and analytical statistics. The results
revealed that climatic parameters faced by farmers are rainfall, temperature
and wind. However, the causes used to justify climate change and variability
are function of their attachment to tradition and personal conception. The
negative environmental consequences vary according to the topography of
agricultural plots and the phenomenon involved. Rain excess is manifested by
frequent flooding of shallows and erosion. The delays / breaks of rain lead to
the drying up of the rivers, the drop of the groundwater, the degradation of
the vegetal cover, the desiccation of the grounds and the decrease of
agricultural productions. Indicators as "culture destroyed by wind" and
"temperature too high" are the remarkable consequences of the effects of wind
and temperature on corn and yam crops. Then, the consequences on people's lives
result in a decrease of agricultural income and a deterioration of their living
environment. Coming to the strategies, the farming calendar is developed by
farmers considering the agro-climatic constraints of the area. It is constantly
being edited to meet the dynamics of climate deregulation. Poverty and the
scarcity of arable land lead to shifting in former production systems towards
lowland development. However, some measures to restore land and improve
fertility are adopted. While making agricultural policies, integrating all
these practices could effectively contribute to the resilience of rural
economies subject to climate risks.
Key words: Perceptions, Climate Change
and Variability, Populations, Agricultural activities, Nassian
15
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GENERALE
L'agriculture forme le paysage et le transforme (Noufé,
2011). Depuis la révolution agricole du Néolithique, les hommes
n'ont cessé de déboiser, planter, brûler, labourer, couper,
etc., modelant leur environnement naturel afin d'en tirer les ressources
nécessaires à leur survie (Mazoyer, 1987 ; Mazoyer et Roudart,
2002). Comme le soulignent ces auteurs, l'agriculture faisait
déjà partie intégrante des relations de chaque
société avec son milieu. Les paysages sont donc le
résultat de milliers d'années d'intervention humaine (Fairclough,
2007), parfois soudaine et étendue (exploitation, déboisement),
parfois progressive et spécifique (altération de la
biodiversité à des fins agricoles, d'élevage, d'abattage
sélective, etc.). Mais face à cette longue emprise humaine, la
société commence à s'interroger sur les rapports entre
l'agriculture et l'environnement. En effet, pour les géographes,
comprendre et expliquer les interactions homme/nature, est devenu une
priorité au vu de l'état dans lequel se trouvent certaines
ressources naturelles (Brou et al., 1998 ; Noufé, 2011 ; N'Guessan, 2012
;). Aussi, du fait de la place grandissante de la multifonctionnalité de
l'agriculture (exploitation des ressources naturelles, durabilité et
reproductibilité de l'agriculture, etc.).
En Afrique, le secteur agricole joue un rôle primordial
dans le développement de nombreux pays, notamment ceux d'Afrique de
l'Ouest. En tant que pilier de l'économie, il touche à la vie de
la société, dans la mesure où les économies
nationales et les emplois, les revenus et la sécurité alimentaire
des populations en dépendent (Zougmoré et al., 2015). Cette
agriculture, est hyper-dépendante des aléas climatiques. Les
paramètres climatiques comme la sécheresse, les inondations et
les températures extrêmes influencent la production agricole
depuis les premiers stades de la culture jusqu'à la récolte
finale (Doumbia et al., 2013). En effet, on assiste depuis les années
1970 à une modification des régimes pluviométriques dans
la sous-région ouest-africaine, signe du changement climatique (Yao et
al., 2013). Une des raisons de ce changement réside certainement dans le
réchauffement climatique global lié à l'impact des
émissions des gaz à effet de serre. En outre, l'action de l'homme
sur l'environnement local contribue significativement à travers la
déforestation, les feux de brousse, la pollution atmosphérique
(Yao et al, 2013). Les productions agricoles subissent alors une importante
baisse de rendement.
La Côte d'Ivoire subit également les impacts du
changement climatique. Depuis plusieurs années, elle est aux prises avec
des conditions climatiques qui se traduisent par une baisse moyenne des pluies
de 0,5% par an entre 1965 et 1980, aggravés dans les années 1980
avec une diminution de 4,6% (Boko et al., 2016).
16
Ainsi, le climat influence largement la production alimentaire
et l'économie dans son ensemble (Doumbia et al., 2013). De ce fait, les
effets potentiels du changement climatique sur la productivité agricole
suscitent de nombreuses préoccupations, car les aléas climatiques
ont des répercussions immédiates sur les activités et la
production agricole. Les institutions internationales du développement
et de la recherche, menées par des chercheurs généralement
issus du milieu académique, s'attardent à ce problème et
tentent d'y trouver des solutions. De l'autre côté, les paysans,
perçoivent et développent également des stratégies
d'adaptation contre les changements et variabilités climatiques.
A Nassian, comme partout en Côte d'Ivoire, il y a une
irrégularité de pluie surtout au moment des périodes
culturales où les paysans s'apprêtent pour les activités
champêtres. Ces bouleversements constituent un risque important qui
laisse naitre, un sentiment d'incertitude au niveau des paysans en
matière du respect des calendriers culturaux. Face à cette
situation, les agriculteurs développent des stratégies pour
assurer leur survie. Ces mesures développées par les agriculteurs
sont en fonction de la lecture qu'ils font de l'évolution du climat, de
leurs connaissances environnementales traditionnelles et de leurs perceptions
des changements et variabilités climatiques en cours (Agossou, 2008).
Dans le cadre de la présente étude
intitulé « Activités agricoles et perceptions des
populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques
», il s'agit d'analyser les changements et variabilités climatiques
perçus par les populations notamment ses manifestations et ses causes
dans leurs pratiques agricoles.
1.1 . Contexte et motivations de l'étude
L'agriculture constitue un des secteurs les plus importants de
l'économie ivoirienne (Doumbia et al, 2013). Elle joue un rôle
crucial dans le développement de la Côte d'Ivoire et constitue le
moteur de l'économie. A ce titre, la Banque mondiale (2015) souligne que
l'agriculture génère plus de 50% des recettes d'exportation et
constitue également 22% du Produit Intérieur Brut (PIB). Mais les
acteurs de ce milieu rencontrent bien des difficultés liées aux
changements climatiques car l'agriculture est de type pluvial et donc
tributaire du climat (Dibi Kangah, 2004). Les paramètres climatiques
comme la sécheresse, les inondations et les températures
extrêmes influencent la production agricole (Doumbia et al., 2013).
Même si la pluviométrie est relativement importante, son
irrégularité et sa rareté peuvent affecter les rendements
des cultures.
17
Sans pluie, les rendements agricoles sont médiocres et
l'agriculture, pour beaucoup, est la principale activité lucrative. Les
changements climatiques font peser sur l'agriculture, secteur vital de
l'économie nationale, une menace réelle.
Partant, les impacts des changements et variabilités
climatiques sur l'agriculture sont une préoccupation majeure. Depuis
plusieurs années, de nouvelles stratégies d'adaptations sont
proposées dans l'accompagnement des populations paysannes (Brou, 2005 ;
Diouf et al., 2014 ; Kouassi et al., 2015 ; Boko et al., 2016). Mais la
majorité de ces travaux ont porté sur l'impact des changements et
variabilités climatiques sur les activités agricoles. Dans cette
recherche, il ne s'agit pas d'une reprise des travaux déjà
effectués, mais d'étudier la perception paysanne du changement
climatique telle que vécue dans la pratique agricole. Ainsi, ce travail
s'inscrit dans le programme de recherche du Centre d'Excellence Africain sur
les Changements Climatiques, la Biodiversité et l'Agriculture Durable
(CEA CCBAD), qui vise l'excellence à travers la formation des
étudiants. Il met l'accent sur la biodiversité, l'agriculture
durable et fait partie d'un réseau régional préexistant de
dix institutions axées sur le changement climatique à travers le
programme du West African Science Service Centre on Climate Change and Adapted
Land Use (WASCAL). Ce programme s'intéresse à plusieurs domaines
de l'agriculture.
D'abord, de développer des technologies innovantes pour
une résilience surtout les systèmes de culture, les pesticides et
autres alternatives aux pesticides. Ensuite, de contribuer au renforcement des
capacités des humaines en PHD et Master dans le domaine de
l'alimentaire. En outre, de disposer d'une masse critique et compétitive
d'enseignant-chercheurs, de chercheurs et d'agents de développement
africains de haut niveau dans le but d'informer, former et sensibiliser les
populations, les décideurs, sur les causes et les conséquences du
changement climatique et les mesures d'atténuation afin de
préserver l'environnement pour une agriculture durable. Enfin, de
rédiger ou actualiser des ouvrages collectifs sur la
biodiversité, l'agriculture et les mécanismes physiologiques
d'adaptation au changement climatique.
En choisissant ce sujet : « Activités agricoles et
perceptions des populations de Nassian face aux changements et
variabilités climatiques », le souci est de montrer la perception
des paysans et les nouvelles stratégies développées dans
leurs relations avec le milieu. Cette recherche est aussi menée dans le
but de capitaliser les connaissances des populations paysannes pour mieux
quantifier les différentes variations du climat pour une meilleure
planification des activités agricoles à partir des savoirs
traditionnels. Les réflexions et connaissances locales permettront de
proposer des mesures de renforcement des capacités des paysans face aux
perturbations climatiques.
18
Cette contribution pourrait aider à la prise de
conscience des décideurs afin d'améliorer les capacités
d'adaptation des agriculteurs face aux aléas climatiques. Pour y
arriver, il est nécessaire d'améliorer la gestion des ressources,
des connaissances et compétences, et la capacité d'influencer des
politiques.
1.2. Description physique et humaine de la zone
d'étude
La Sous-préfecture de Nassian est située, dans
la région du Bounkani (Nord-est de la Côte d'Ivoire), entre les
latitudes 8° et 9° nord et de longitudes 3° et 4° ouest
(Figure 1). Elle se compose de limites conventionnelles et de limites
naturelles (dont le fleuve Comoé).
Au Nord, elle est limitée par le département
Bouna, à proximité du Parc National de la Comoé. Au
Nord-est par le département de Bondoukou, sur une distance de 95
kilomètres. Au Sud, par le département de Sandégué.
A l'Ouest, par le fleuve Comoé et les Sous-préfectures de
Sominassé et de Kakpin.
3°36'0'W
3°25'30"W
7.000°0
3.000°0
5.000°O
4.000°0
0.000°0
6.000°0
5.000°0
6.000°O
3°36'0"W
4.000°0 3.000°0
m 25 50 75 100 Km
BURKINA-FASO
GOLFE DE GUINEE
F
3°25'30'W
z
KAKPIN
KOTOUBA
BONDOUKOU
PARC NATIONAL DE LA COMOE
z
Légende
O Chef-lieu de Sous-Préfecture
· Village
· Campement
Cours d'eau permanent
Route en terre
Piste
Limite de Sous-préfecture
Longongara
19
Figure 1 : Localisation de la Sous-préfecture de Nassian
(adapté de OIPR, 2018)
20
1.2.1. Formations pédologiques
Les sols de Nassian sont développés sur les
granites du type "baoulé". Ces roches cristallines de la région
sont de sous-type métasomatique de granite de cratons parce qu'ils sont
non intrusifs et circonscrits (Arnould, 1961). Ces sols proviennent de la
décomposition de ces roches (quartz, feldspath potassique et biotite
brun vert), qui évoluent sur un matériau originel issu de granite
à biotite. La différence du couvert végétal permet
de distinguer trois types de sols selon Leroux, (1969).
Les sols sous reliques boisées des plateaux (sols
ferralitiques moyennement désaturés issus de granite et de
schistes). Ils ont une extension limitée aux reliques boisées
dispersées dans le paysage ; ce qui représente une superficie peu
importante dans l'ensemble de la région. Leur relation avec les sols
voisins sous savane est progressive. Ensuite, les sols sous savane
arborée (Sols ferrugineux tropicaux sur matériau ferralitique).
Ils sont les plus répandus de la région et se développent
en position de plateau et sur pente.
Enfin, les sols des galeries forestières (Sols
hydromorphes de profondeur, sableux et argileux), localisés en bordure
des marigots. La plupart de ces sols résistent mal à
l'érosion et aux phénomènes d'induration, notamment ceux
issus des schistes. Leur fertilité et, par conséquent, leurs
aptitudes culturales, sont donc médiocres (OIPR, 2015). Ils permettent
cependant le maintien d'une végétation de type soudanien,
notamment des forêts claires sur les plateaux aux sols plus profonds et
relativement riches en argile.
1.2.2. Relief et hydrographie
Nassian occupe un site de plateau où la nature de la
roche exerce une influence sur la forme du relief (Leroux, 1969). Il appartient
à la région des « plateaux du nord », qui s'installe
sur un substratum granitique d'altitude légèrement
supérieure à 300 m (Avenard, 1971). Les plateaux sont plus
accidentés à cause de l'érosion.
Les reliefs individuels prennent une importance dans le
paysage. Cette configuration du relief résulterait d'une
pédiplanation contribuant à former des collines aux versants
étirés faiblement concaves, d'altitude ne dépassant pas 80
mètres par rapport à la pénéplaine (Leroux, 1969).
On observe dans la région quelques inselbergs formés de granites,
de dômes granitiques aux sommets arrondis, aux flancs abrupts et
dénudés. Cette érosion observée laisse en place des
éléments grossiers formés de quartz, de débris de
cuirasses démantelées, surtout là où la
végétation graminéenne couvre mal le sol.
21
Le réseau hydrographique de Nassian est en
majorité constitué du fleuve Comoé. On trouve
également sous les forêts galeries des cours d'eau (marigots).
Soumis au régime tropical de transition, les bassins supérieurs
de ces cours d'eau sont caractérisés par une crue unique de mai
à octobre, suivie d'une décrue rapide en novembre et
décembre, puis d'une longue période de saison sèche
(novembre à avril avec les mois de janvier et février
rigoureusement secs), ou ils tarissent et se réduisent en chapelet de
mares (Tricart et al, 1965). Dans les talwegs s'accumulent des sables qui sont
submergées d'eau en saison des pluies. En saison sèche, la nappe
phréatique descend dans ces sables à une profondeur de 2 à
3 mètres (Leroux, 1969). Sur les plateaux, des forages de puits ont
permis de mettre en évidence l'existence de nappes phréatiques
dans l'arène granitique à des profondeurs variant entre 10 et 25,
mètres. L'observation du relief montre que les plateaux sont
occupés en grande partie par, les habitats et les activités
agricoles. Le reste comme les bas-fonds asséchés en saison
sèche sont aujourd'hui exploités pour les cultures
maraichères.
1.2.3. Climat et végétation
Le climat est l'une des données essentielles en
matière de production agricole et animale, en ce sens qu'ils
conditionnent le cycle végétatif, la reproduction du
bétail et les activités humaines. Il convient de le
décrire avec le maximum de précision afin de mieux comprendre ses
différents modes d'intervention dans les phénomènes
d'évolution du paysage.
De par sa situation géographique, la région de
Nassian bénéficie d'un climat du type tropical subhumide aux
caractéristiques assez semblables à celles du climat
soudano-guinéen. Ce climat est défini par une pluviométrie
moyenne annuelle de 1130 à 1160 mm, répartie sur une saison des
pluies qui dure six à sept mois avec deux maximas qui se situent en juin
et septembre (Leroux, 1969). Il faut compter six mois de saison sèche
(novembre à avril avec les mois de décembre, janvier et
février rigoureusement secs). Cette saison sèche est
accentuée par l'harmattan qui souffle durant deux à cinq mois. Le
déficit hydrique cumulé est de 650 mm (OIPR, 2015).
La température moyenne annuelle varie de 26°
à 27°C avec une amplitude thermique de 2 à 4°C. Mars
est le mois le plus chaud avec 37°C comme maximum journalier moyen et
janvier le mois le plus froid avec 15°C de maximum journalier moyen.
L'humidité atmosphérique relative moyenne est d'environ 65% et la
durée moyenne annuelle d'insolation est de 2 500 à 2 700 heures
(OIPR, 2015).
22
Le couvert végétal de Nassian est
constitué de savane arborée à Panicum phragmitoides
(Leroux, 1969), de forêts claires et de forêts denses
sèches. Il renferme plusieurs groupements végétaux
installés en fonction, du climat, mais aussi de la topographie et de
l'édaphisme. La diversité des formations végétales
et des différents écosystèmes confère à la
zone une importante diversité faunique. Sur les plateaux se trouve des
reliques boisées (dense ou dégradée). Ce
sont des vestiges de forêts denses semi-décidues de type
Tiassalé et qui ont perdu la plupart de leurs espèces hygrophiles
selon Leroux (1969), en particulier : Triplochiton scleroxylon.
Les reliques boisées à Anogeissus leiocarpus et
Cola cordifolia sont des forêts denses sèches ne renfermant jamais
de Triplochiton. Egalement, sur les plateaux, pentes et sur les bas-fonds se
trouve des savanes arborées et savanes (à
végétation hydrophile). Ces savanes font partie du grand ensemble
de savane à Panicum phragmitoides associées de place en place aux
forêts claires de toute la région Nord de la Côte d'Ivoire
(Adjanohoun, 1964). Dans les bas de pente et bas-fonds, on a des
forêts-galeries. Elles occupent généralement les bordures
des cours d'eau. Séparées des reliques boisées sur
plateaux par la savane arborée, ces forêts-galeries sont
composées de plantes pour la plupart adaptées aux conditions de
vie en milieu humide.
1.2.4. Peuplement, composition ethnique et croyances
religieuses
Les populations de Nassian sont constituées de cinq
groupes ethniques : Koulango, Lobi, Baoulé, Agni et Attié. Leur
immigration s'est faite par vagues successives aux 16ème et 19ème
siècles (OIPR, 2015).
Les Koulango sont considérés comme le premier
peuple de cette région en raison d'ordre d'installation historique
(descendant des Lorhons) dont leur l'installation remonte à 2000 ans en
arrière. Ils représentent le peuple qui exerce plus d'influence
et en sont même les chefs de terre. Ensuite, vient les Lobi,
deuxième peuple à s'installer dans cette région. Cette
installation s'est faite en deux étapes : une première avant
l'indépendance et une deuxième après
l'indépendance. Ces deux étapes permettent donc de distinguer
deux sous communautés lobi à savoir l'une ivoirienne
(installée avant 1960) et l'autre burkinabé et ghanéenne
(installée après 1960). Les lobi sont connus sous les noms de
famille suivants : Kambiré ; Hien ; Kambou ; Palé ; Som ;
Noufé ; Sib et Dah. Les Baoulé, les Agni et les Attié sont
les derniers peuples qui se sont installés. Ils sont venus pour la
recherche de nouvelles terres cultivables et du fait de l'anacarde, une culture
plus adaptée aux sols de la région.
23
A ces cinq communautés principales, s'ajoutent les
nomades Peuhl. Déjà ancienne, leur présence s'est accrue
à la suite des sécheresses de 1971-1973 et 1982-1984 dans les
régions sahéliennes (passage plus important des troupeaux vers
les villes consommatrices du sud du pays et embauchés comme bergers par
les autochtones propriétaires de troupeaux) (OIPR, 2015). Ces
principales communautés de Nassian sont représentées par
la figure 2.
Agni Attié Baoulé Koulango Lobi
14%
1%
1%
83%
1%
Figure 2 : Proportions des principales
communautés ethniques de Nassian
(adapté de l'INS, 2014)
Nassian est longtemps restée très faiblement
peuplée. La population n'était que de 8 600 habitants en 1965
(Duchemin, 1967). A l'accroissement démographique naturel, rendu plus
important par les progrès sanitaires, sont venues se combiner deux
influences contradictoires (OIPR, 2015). A la fin des années 1960, un
exode rural s'est développé vers les régions
forestières plus propices à l'agriculture de rente et vers les
villes. Aussi, en raison des difficultés agro-climatiques au
Burkina-Faso voisin, une immigration, à dominante Lobi, s'est
amplifiée vers le milieu des années 1980. Pour beaucoup de ces
migrants, la région d'accueil n'a d'ailleurs, souvent, constitué
qu'une étape vers le Sud forestier.
Les données du dernier recensement
général de la population de 1998, montrent que la région
de Nassian, est restée faiblement peuplés à la fin du
siècle dernier, avec une population ne dépassant pas 7 000
habitants. Toujours sur la base du recensement de 1998, si l'on
considère, cet effectif reconstitué à partir des nouveaux
découpages administratifs de 2011- 2014, on note une croissance rapide
de la population estimée à 28 295 habitants pour toute la
sous-préfecture, soit un taux d'accroissement annuel de 2, 98% (RGPH,
2014).
Le recensement de 2014, montre que cette population a presque
doublé de 1998 à 2014. C'est-à-dire 44 528 habitants pour
tout le département.
24
De façon générale, la population totale
de la sous-préfecture de Nassian est de 19 971 habitants pour 14
villages (Figure 3).
Figure 3: Taille et répartition de la
population dans la Sous-préfecture de Nassian (adapté de l'
INS,
2014)
Il existe plusieurs religions à Nassian : l'Animisme,
le Christianisme et l'Islam. L'Animiste est la religion dominante de la
région suivit de l'Islam. Il repose sur le culte des ancêtres et
surtout l'initiation aux sociétés sécrètes,
régissant notamment l'initiation et évoquant les esprits de la
nature. L'Islam est réservé aux fractions commerçantes et
aux marabouts.
Toutes ces caractéristiques physiques et humaines
permettent d'avoir un aperçu du paysage de la région de Nassian.
Dans l'ensemble, la région dispose, avec ses vastes étendues
savanicoles, de réelles potentialités favorables au
développement de l'agriculture et de l'élevage de bétail,
mais ces formations ont été surexploitées et
profondément modifiées par l'homme qui continue à les
cultiver et à les brûler.
25
A l'heure actuelle, les forêts claires typiques, en
dehors des forêts sacrées (îlots naturels
épargnés par l'homme) et des forêts classées, ne se
trouvent que, par petits lambeaux développés aux dépens de
sites particuliers.
1.3. Revue de la littérature
Pour mieux appréhender les concepts
généraux et la littérature qui aborde certains aspects de
ce travail, plusieurs mémoires de maîtrise, de DEA, de
thèses et des articles scientifiques en numériques comme
physiques ont été consultés en rapport avec le sujet qui
porte sur les : « Activités agricoles et perceptions des
populations de Nassian face aux changements et variabilités climatiques
». De nombreuses personnes se sont intéressées et de
nombreux travaux ont été entrepris sur la problématique de
la perception des changements et variabilités climatiques par les
populations paysannes en fonction de certaines réalités propres
à ce phénomène. C'est pourquoi, il convient de donner le
contenu de certains de ces ouvrages, afin de montrer quelques aspects de ce
sujet.
1.3.1. Perception des changements et variabilités
climatiques par les populations
Les changements et variabilités climatiques se
définissent comme étant la variation de l'état moyen du
climat à des échelles temporelles et spatiales. Ce sont des
modifications de pluies mais aussi des vents et une augmentation
prononcée des températures (Afouda et al., 2004 ;
Ogouwalé, 2006). Les populations perçoivent ces changements et
variabilités climatiques à travers ces modifications. La
perception traduit la compréhension que les populations ont des effets
néfastes des changements et variabilités climatiques et de leur
vulnérabilité face au phénomène (Agossou, 2008 ;
Codjia, 2009). Les recherches sur la perception des populations face aux
changements et variabilités climatiques en Afrique et surtout en Afrique
de l'ouest vont vers un constat commun : perception de la variation
pluviométrique, de la hausse de la température et des vents
violents. En effet, dans l'article intitulé : « types de
réponses apportées par les paysans face aux contraintes
pluviométriques dans le centre de la Côte d'Ivoire : cas du
département de Daoukro », Kouassi et al., (2015) ont
déterminés la perception paysanne de la variation
pluviométrique. Pour eux, les paysans enquêtés affirment
que «la bonne terre vient du ciel », « qu'il ne pleut plus comme
avant car on pouvait subir des jours et des jours sans sortir de la maison
à cause de la pluie » et que maintenant « il est plus
difficile de déterminer les dates où vont commencer les pluies
».
26
Cette situation constitue un véritable obstacle pour le
développement des cultures. Brou et al., (2005) abonde dans le
même sens. Pour eux, selon les populations, Il y a une diminution
progressive de « l'eau venant du ciel ». Et que, cette diminution est
imputable au non-respect de règles divines telles que la pratique de
relations sexuelles discrètes en brousse, la profanation des lieux
sacrés. Il ajoute que, la saison sèche devient de plus en plus
longue (plus de six mois maintenant contre 5 mois avant 1970) finit par
assécher les nappes phréatiques et les cours d'eau autrefois
permanents.
Haxaire, (2002) effectue le même constat en pays Gouro.
Il ressort de ces recherches que les Gouro de Côte d'Ivoire
perçoivent les changements climatiques à travers la
variabilité saisonnière du réseau hydrographique. Il
ajoute que les populations attribuent cette variation au non-respect
contemporain des pratiques ancestrales. Ainsi, la variabilité climatique
est la manifestation colérique des aïeux. Cette situation a pour
corollaire sécheresse et dégradation des ressources
biologiques.
Aussi, Yegbemey et al. (2014), mettent en exergue la
perception du changement climatique par les producteurs. Pour eux, la
quasi-totalité des producteurs interrogés (97%) a perçu
des changements de facteurs climatiques de 2002 à 2012. Ces changements
concernent la pluviométrie (diminution des pluies), la
température (l'augmentation de la chaleur), le vent (vents plus forts)
et la disparition de certains arbres (arbres de néré et de
karité) et animaux (hippopotames et phacochères) dans le paysage
agro-écologique concerné.
Yao et al., (2013) stipulent que les populations paysannes
conçoivent le changement climatique comme principalement une diminution
de la pluviométrie, un décalage et une réduction de la
longueur de la saison pluvieuse associée à une augmentation de la
durée de la saison sèche. Selon eux, les premières pluies
après l'Harmattan (grande saison sèche) arrivent de plus en plus
tardivement.
La perception du changement climatique par les populations est
diverse et variée. Les populations enquêtées dans
différents pays (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009 ; Bambara, 2013 ; Doumbia
et al., 2013 ; Dossou-yovo et al., 2017) ont observé que les pluies
démarrent tardivement avec une faible intensité. Egalement, la
fin de la saison des pluies est plus précoce et le nombre de jours de
pluie actuel est en baisse par rapport au passé.
Les vents sont de plus en plus forts. Les séquences
sèches sont de plus en plus longues ces dernières années
avec une augmentation de la chaleur en intensité et en durée (la
grande saison sèche se prolongeant).
27
1.3.2. Savoirs locaux des changements et
variabilités climatiques
Le savoir local est essentiel dans la lutte contre le
changement climatique. Les expertises traditionnelles doivent être vues
comme venant en complément des connaissances scientifiques et des
efforts d'adaptation au climat, et non comme un obstacle. De ce fait, de
nombreuses recherches (FAO, 2007 ; Boko et al., 2016 ; Dibi Kangah et al., 2016
; Dipama, 2016), ont montré son importance dans les mesures
d'adaptations aux changements climatiques. Ainsi, les informations de
prédiction scientifique du climat disponibles ont besoin d'être
ajustées aux besoins des paysans en intégrant les pratiques
traditionnelles et en incorporant la connaissance locale existante (FAO,
2007).
Howes & Chambers (1979) suggèrent un certain nombre
d'usages de savoirs locaux dans le domaine du développement. Il s'agit
d'utiliser le système local de classification comme un moyen plus rapide
pour compiler et inventorier les ressources du terroir. Aussi, d'utiliser les
savoirs locaux comme canal d'information sur les problèmes
environnementaux et comme moyen de correction des erreurs externes à la
société dans la perception réelle des
réalités sociales. Enfin, d'intégrer les savoirs locaux
comme sources d'hypothèses préliminaires et comme sources
d'inspiration scientifique. Gosselin, (2008) montre que, les paysans
connaissent les changements climatiques et appliquent des méthodes de
gestion des ressources naturelles. Pour elle, face aux changements, les actions
entreprises par les paysans pour lutter contre cette dégradation des
ressources naturelles est influencée et dans certains cas
limités.
Pour Dipama, (2016), dans le contexte actuel de changement
climatique, la population a toujours su faire face aux différentes
perturbations à partir de techniques et savoirs-faire qui leur sont
propres. Il souligne que, la prise en compte et la vulgarisation de ces savoirs
locaux dans les politiques agricoles est indispensable afin de faire face
à l'adversité de la nature.
1.3.3. Stratégies d'adaptation aux changements et
variabilités climatiques
1.3.3.1. Risques et incertitudes dans l'environnement
agricole
Certains auteurs ont tenté de faire l'inventaire des
facteurs de risque de l'environnement du paysan.
Brou et Chaléard (2007) font mention des incertitudes
du climat et à la réduction des forêts. Pour eux, ces
incertitudes sont à l'origine des stratégies conservatoires et
régulatrices adoptées par les paysans.
28
Dans son rapport d'évaluation concertée de la
vulnérabilité aux variations actuelles du climat et aux
phénomènes météorologiques extrêmes, Aho
(2006) notifie que les principaux risques climatiques dans la commune
d'Adjohoun sont les vents violents, la chaleur excessive, les inondations, la
sécheresse et les pluies tardives et violentes.
L'influence de ces différents risques climatiques est
beaucoup perçue sur les activités agricoles et le milieu de vie
des agriculteurs. Ces risques seront donc pris en compte dans le cas de cette
recherche.
1.3.3.2. Impacts des changements et variabilités
climatiques sur l'agriculture
L'impact est défini comme, « toute modification
quantitative, qualitative et fonctionnelle, positive ou négative, subie
par tout ou partie d'un système (cible) à la suite d'un choc ou
stress externe (d'origine anthropique, artificielle ou naturelle), et dont la
magnitude dépend de la valeur et de la vulnérabilité du
système cible » (GIEC, 2001). Littéralement, l'impact
correspond souvent aux effets négatifs et aux dommages induits.
Ainsi définis, les changements et variabilités
climatiques affectent sérieusement la disponibilité des
ressources naturelles telles que l'eau qui laisse de graves impacts sur
l'agriculture et les populations. Les impacts directs des changements
climatiques sur l'agriculture portent sur les comportements des cultures, les
modifications pédologiques et les baisses de rendements.
Diomandé et al., (2016) mettent en évidence,
l'impact de la variabilité climatique sur la production de l'igname dans
la région du Gbêkê. Selon eux, la crise climatique est
ressentie à travers un raccourcissement des saisons des pluies au profit
d'un rallongement des saisons sèches. Cela s'accompagne d'une baisse de
la pluviométrie et une hausse des températures avec pour
conséquence, une chute significative de la production de l'igname (de
75000 tonnes en 1980, est passée à 33 635,25 tonnes en 2011 puis
à 23 183,35 tonnes en 2013), avec un rendement moyen de 15 t/ha,
nettement en dessous du rendement optimal estimé de 20 à 30 t/ha.
Il ajoute que cette situation a suscité chez les populations agricoles,
une prise de conscience et une amélioration des comportements
culturaux.
De plus, Djè, (2007) indique aussi qu'en Côte
d'Ivoire les perturbations pluviométriques ont eu un impact significatif
sur la production du cacao dont le rendement peut chuter de plus de 20 %
pendant les épisodes El Niño par rapport aux campagnes
précédentes. Yao et al., (2013) montrent que les impacts du
changement climatique sur le secteur agricole en Côte d'Ivoire à
travers les séquences sèches.
29
Pour eux, les séquences sèches arrivant en
période de floraison des cultures pourraient réduire
significativement leurs rendements et aussi entrainées des pertes de
jeunes plants des cultures de rentes.
1.3.3.3. Stratégies paysannes d'adaptation aux
changements et variabilités climatiques
Le changement climatique a d'énormes impacts directs
comme indirect sur le secteur agricole. Les paramètres agro-climatiques
présentent des particularités contraignantes pour l'agriculture
(Brou et al, 1998). Dans ce contexte les populations rurales développent
depuis des générations des stratégies pour s'adapter
à ce phénomène.
Dibi Kangah et al., (2016) montrent que la tendance
générale des pluies est à la baisse de 1950 à 2013
dans le Nord et le Nord-ouest ivoiriens. Mais, face à ce
dérèglement avéré de la pluviométrie, des
stratégies adaptatives comme les techniques de conservation des eaux de
pluies sont recommandées pour atténuer les effets néfastes
de la variabilité pluviométrique. Yao et al., (2013), stipulent
que la méthode d'adaptation paysanne pour les cultures sont le
décalage des planting, l'utilisation des pépinières (plant
en sachet), les semis direct, etc. Aussi, contre les vents forts et violents
qui accompagnent certaines pluies, les paysans utilisent des rangées de
Teck en bordure de parcelles comme brise vents afin de réduire l'effet
du vent. Ils continuent en disant que, l'allongement de la saison sèche
avec pour conséquence le dessèchement et la dureté du sol,
le planting du manioc sur buttes, billons ou sur des sols ayant subi un labour
profond est une mesure développer pour faciliter l'arrachage pendant les
périodes de sécheresse.
Egalement, les paysans adoptent de nouvelles pratiques
agricoles et de nouvelles formes de mise en valeur : utilisation de ressources
foncières autrefois délaissées, notamment des bas-fonds,
extension de certaines cultures et adoption de nouvelles variétés
moins sensibles aux aléas climatiques, etc. (Brou et Chaléard,
2007). L'association de cultures, le conservatisme, la diversification des
activités (création d'activités para agricoles) sont les
stratégies couramment développées par les paysans pour
faire face aux risques climatiques (Senahoun, 1994).
En somme, le processus de développement de technologie
a besoin de prendre en compte les incertitudes climatiques, la diversité
des écosystèmes, la complexité des processus agricoles ;
et de reconnaître l'importance de la connaissance endogène de la
population rurale pour développer des options d'agriculture intelligente
face au climat qui seront utiles aux différents acteurs à tous
les niveaux d'échelle.
30
La revue de la littérature a permis d'exposer le
contenu de certains ouvrages afin de montrer l'intérêt et
l'originalité de cette recherche. Le point de vue de nombreux auteurs a
été exploré sur les notions comme perception, changement
et variabilité climatique, etc.
Toutefois, très peu de recherches ont porté sur
ce sujet à Nassian et toutes celles qui ont été
réalisées ne concernent pas les « Activités agricoles
et perceptions des populations de Nassian face aux changements et
variabilités climatiques ». Il est donc nécessaire de se
focaliser sur cette problématique dans la région de Nassian afin
de pallier ces insuffisances. Ce travail fait suite aux travaux
réalisés au Bénin (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009) et en
Côte d'Ivoire (Doumbia et al., 2013 ; Boko et al., 2016) sur les
problématiques de perceptions paysannes de changements climatiques.
1.4. Problème et justification du sujet
Les changements et variabilités climatiques constituent
une menace pour l'humanité. Ainsi, ses répercussions
récurrentes se traduisent sous formes de cyclones de plus en plus
puissants, de sécheresses, d'élévation du niveau de la mer
et de la fonte des glaciers et des calottes polaires (Agossou, 2008 ; Diouf et
al., 2014). Les principales perturbations pour l'agriculture sont
l'irrégularité des pluies, l'augmentation de la
température, les sécheresses et les pénuries d'eau. Ces
aléas climatiques entrainent une baisse significative des
récoltes et une aggravation des crises alimentaires. Ces bouleversements
ont pour conséquences une insécurité alimentaire
croissante des populations, menaçant ainsi les progrès accomplis
dans la lutte contre la pauvreté (Diouf et al., 2014).
Dans ce contexte global, l'Afrique subsaharienne
apparaît comme la région du monde la plus exposée aux
changements climatiques (FAO, 2008). Cette grande vulnérabilité
est due à sa forte dépendance à l'agriculture et à
sa capacité limitée d'adaptation qui est liée au manque de
ressources et de technologies (Daouda, 2007).
Dans cet ensemble continental, la Côte d'Ivoire a connu
une baisse de la pluviométrie depuis les années 1970 (Paturel et
al.,1998 ; Brou et al., 1998; Bigot, 2004 ; Dibi Kangah, 2004 ; Bigot et al.,
2005 ; Dabissi et al., 2011 ; Boko et al., 2016 ; Dibi Kangah et al., 2016).
Cela a eu pour impact le déclin de la productivité de certaines
cultures (Dibi Kangah, 2004). Ces variations pluviométriques causent une
insatisfaction des besoins hydriques des cultures et bouleversent la vie
quotidienne des sociétés en agissant sur leurs habitudes
alimentaires (Brou et al., 2005).
31
Les effets potentiels de la variabilité des pluies sur
la productivité agricole sont multiples et soulèvent des
questions importantes pour le développement durable, notamment la
disponibilité des ressources en eau et la sécurité
alimentaire (Brou, 2005 ; Kouassi et al., 2008 ; Dibi Kangah et al., 2016). Cet
impact est particulièrement important en ce sens que l'agriculture
emploi près des deux tiers de la population et constitue la principale
source de revenus (Banque Mondiale, 2015). De ce fait, le changement climatique
impose trois défis majeurs à l'agriculture Ivoirienne.
Il s'agit de nourrir une population estimée à
22.671.331 habitants (RGPH, 2014). Ceci entrainera une augmentation de la
demande en nourriture nécessitant l'exploitation de ressources
supplémentaires. En outre, de s'adapter au changement climatique. En
effet, la hausse des températures, la baisse des pluies, la
fréquence accrue des périodes de sécheresse et des
inondations, ainsi que la prolifération des parasites
consécutives au changement climatique, va entraîner une baisse et
une instabilité des rendements ainsi qu'une forte augmentation des prix
des principales cultures vivrières. Enfin, de produire tout en
réduisant les effets sur l'environnement. L'agriculture constitue la
première source mondiale d'émission de méthane et de
protoxyde d'azote, une source importante d'émission de carbone et le
principal facteur mondial de déforestation (Vandaele et al., 2010 ; De
Menech, 2013).
A Nassian comme partout en Côte d'Ivoire, les
paramètres agro-climatiques présentent des particularités
contraignantes pour l'agriculture et la foresterie, qui connaissent parfois de
graves sécheresses. Dans ce contexte déjà difficile pour
les populations locales, il nait un sentiment d'incertitude climatique qui
fragilisent les systèmes agricoles (Dibi Kangah et al., 2016). Face
à ces incertitudes du climat et à la réduction des
forêts, les paysans adoptent des stratégies conservatoires et
régulatrices (Brou et al., 2007). Si les agriculteurs se sentent
impuissants face à la récession pluviométrique, en raison
de son caractère aléatoire, leurs perceptions contribuent
à de nouvelles pratiques agricoles. Ces pratiquent sont l'utilisation de
ressources foncières autrefois délaissées, notamment les
bas-fonds et l'adoption de nouvelles variétés de culture moins
sensibles aux aléas climatiques, etc., (Brou et al., 2007).
Les nouvelles mises en valeur des ressources et les choix
techniques des agriculteurs, se fondent sur la base de leur conception et leur
expérience des phénomènes climatiques. Des recherches ont
été menées en Afrique sur la perception des populations
face aux changements et variabilités climatiques (Brou et al., 2005 ;
Aho et al., 2008 ; Agossou, 2008 ; Gnanglè et al., 2009 ; Doumbia et
al., 2013 ; Boko et al., 2016 ; Dibi Kangah et al., 2016 ; Dossou-yovo et al.,
2017).
32
Ces auteurs révèlent que les paysans
perçoivent clairement les effets du changement climatique et mettent au
point différentes stratégies d'adaptation. Toutefois, ces mesures
sont parfois inefficaces et limitées parce qu'ils disposent de
très peu d'économies (Gosselin, 2008). Selon Diouf et al.,
(2014), ces agriculteurs sont vulnérables parce qu'ils dépendent
directement des pluies et des saisons. Les soutiens de la part du gouvernement
ou de leurs collectivités locales demeurent insuffisants. Aucune
alternative ne s'offre à eux. Ils ont perdu leurs repères
saisonniers, les pertes de récoltes s'accroissent et
l'insécurité alimentaire menace.
Dans cette perspective, on peut alors se demander : quel est
le niveau de perception des populations de Nassian face aux changements et
variabilités climatiques dans leurs pratiques agricoles ? De cette
question principale, il se dégage trois questions de recherche : Comment
les populations perçoivent-elles dans leurs vécus les changements
et variabilités climatiques ? Quelles sont les causes et
conséquences des changements et variabilités climatiques sur les
activités agricoles ? Comment les populations réagissent-elles
face à ce phénomène ? Ce sont là autant de
questions qui nécessitent des réponses et justifient la
nécessité de réaliser la présente recherche.
1.5. Objectifs de la recherche
L'objectif général est d'analyser la perception
des changements et variabilités climatiques vécus par les
populations rurales dans leurs pratiques agricoles à Nassian. Pour
atteindre ce résultat, trois objectifs spécifiques ont
été fixés. Il s'agit :
- d'analyser les perceptions des changements et
variabilités climatiques des populations locales à Nassian ;
- de déterminer les causes et les conséquences
des changements et variabilités climatiques sur les populations et sur
les activités agricoles à Nassian;
- d'identifier les stratégies d'adaptation
développées par les populations pour faire face aux
conséquences des changements et variabilités climatiques.
33
CHAPITRE 2 : DONNEES ET METHODES D'ETUDE.
Cette partie est constituée de l'ensemble des
techniques utilisées pour arriver aux résultats de cette
étude. Elle s'organise en deux grandes phases que sont : les
données d'étude et les méthodes utilisées pour
aboutir aux résultats de cette recherche.
2.1. Données et leur collecte
2.1.1. Données climatiques, agricoles et
démographiques
Les données climatiques (température et
pluviométrie) utilisées sont les données de la
Société de Développement et d'Exploitation
Aéroportuaire, Aéronautique et Météorologique
(SODEXAM), provenant de la station pluviométrique de Bondoukou. Elles
couvrent la période 1986-2016. Ces données ont permis à
travers leur analyse de vérifier les connaissances empiriques des
populations à Nassian.
Quant aux données agricoles, elles ont
été obtenues à l'ANADER et la Direction
départementale de l'agriculture de Nassian (DDA). Ce sont des
statistiques sur la production agricole. Les données
démographiques utilisées dans recherche, sont celles qui
proviennent du recensement général de la population et de
l'habitat (RGPH) de 1998 et 2014, de l'Institut National de la Statistique
(INS). Ce sont des données sur la population de la
Sous-préfecture Nassian. Elles contribuent à apprécier
l'évolution de la population dans le temps et dans l'espace sur
l'ensemble du paysage.
2.1.2. Données cartographiques et images
satellitaires
Les données cartographiques sont des
représentations cartographiques du contenu de l'espace d'étude
(routes, village, toponymie et limites administratives). Ce sont des
données vectrices obtenues à l'Office Ivoirien des Parcs et
Réserves (OIPR).
Les images satellitaires ont été acquises sur le
site de l'USGS. Il s'agit des images Landsat TM de 1998 et Landsat ETM+ de 2016
de la scène 196-054, de projection UTM 30N/WGS 84 couvrant l'espace
d'étude. Il s'agit pour nous de traiter ces images afin de mettre
à jour la carte d'occupation de la zone d'étude. Ces images
satellitaires permettent de disposer en temps réel, d'un ensemble de
données relatives à l'état de l'occupation du sol. Elles
offrent en outre, une perception simultanée, dans des conditions
sensiblement homogènes, d'une vaste étendue (Kangah, 2006).
34
2.1.3. Recherche documentaire
Cette phase a couvert toutes les étapes de cette
recherche et visait dans un premier temps à capitaliser les
connaissances théoriques utiles pour l'orientation à donner au
travail. Egalement, pour l'élaboration et l'exécution des
différentes phases de la recherche, puis dans une seconde phase,
à faire le traitement des informations collectées. A cet effet,
plusieurs centres de documentations ont été
fréquentés au fur et à mesure du déroulement de la
recherche. Au nombre de ces centres, nous avons : la Bibliothèque de
l'IGT, le centre de documentation de l'IRD, les bibliothèques en ligne,
etc. Par ailleurs, la documentation privée de certaines personnes
ressources et des sites internet ont été exploités. La
consultation d'ouvrages et d'articles divers a permis d'identifier les aspects
non encore ou pas suffisamment explorés sur la perception des
populations face aux changements et variabilités climatiques, leurs
manières d'adaptation dans cet espace d'étude. Aussi, ont-ils
permis de mieux appréhender cette recherche pour une utilisation plus
facile et judicieuse des résultats en agro-climatologie.
2.1.4. Enquêtes de terrain
Il s'agit de la phase exploratoire suivie du choix des
villages et des populations d'enquêtes, des observations, des interviews
et des enquêtes par questionnaire effectué. Elles se sont
déroulées du 09 au 17 septembre pour la phase exploratoire et du
20 au 30 septembre 2018 pour les enquêtes de terrain proprement dit dans
la sous-préfecture de Nassian. Au cours de ces enquêtes, 140 chefs
d'exploitation âgés de plus de 40 ans dont 98 Hommes et 42 Femmes
ont été interrogés (figure 4). Les personnes ressources
interviewées sont au nombre de 18.
Nombre de personne enquêté
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Moins de 40 ans Plus de 40 ans
Age enquêté
Nombre de personne enquêté
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
Masculin Féminin
Genre enquêté
Figure 4: Genre et âge des agriculteurs
enquêtés (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël,
septembre
2018)
35
2.1.4.1. Phase exploratoire
La première tâche effectuée a
consisté à une visite de reconnaissance et d'intégration
dans l'espace de recherche. Au cours de cette visite, des contacts ont
été pris avec les autorités aux niveaux communal et local.
La visite a durée sept jours. Elle a permis d'échanger et de
discuter avec les populations locales, les autorités administratives et
locales sur les principaux risques climatiques survenus dans leurs
localités. C'est au cours de cette phase qu'une connaissance sur le
milieu physique, ses caractéristiques générales et les
désignations en langue locale des différentes unités de
paysage ont été obtenues en vue de faciliter les entretiens lors
de la phase de terrain. Elle a servi à prendre des dispositions
pratiques dans la conduite des travaux d'entretiens et à la constitution
de l'échantillon a enquêté.
Ces activités ont été utiles pour mieux
cerner la problématique et appréhender les perceptions globales
des populations des villages d'enquête sur les conséquences des
changements climatiques et les stratégies d'adaptation.
2.1.4.2. Choix des villages et des populations
d'enquête
La grande taille de la population cible à
enquêter conduit à constituer un échantillon. La
méthode utilisée est la méthode à choix
raisonnée, qui conduit au choix des villages d'enquête et des
populations agricoles à interroger.
Choix des villages d'enquête
La visite de terrain et les informations collectées
auprès de la direction départementale de l'agriculture et du
développement rural, ont orienté le choix des villages
étudiés dans la région de Nassian concernées par la
recherche. Ainsi, le critère retenu dans le choix de ces villages est la
fragmentation de l'espace d'étude par un zonage, c'est-à-dire par
une stratification du milieu, en fonction des conditions qui sont sensés
influer sur son exploitation.
La mise en application de cette exigence préalable a
conduit au choix d'un échantillon de cinq localités
d'enquêtes ou « villages-témoins ». Suivant le gradient
sud/nord et l'ouest, les choix ont respectivement portée sur une
localité (wassidé) suivi d'un autre au centre (Nassian).
Les localités de Dépingo et Toungbo-Yaga, ont en
outre été choisies dans la zone nord de la
Sous-préfecture. Enfin le village de Talahini à l'ouest a
été choisi (Figure 5).
36
Outre, le critère relatif à la fragmentation,
les critères liés à l'accessibilité des sites,
à la taille des exploitations agricoles et à la taille
démographique des localités (choix des villages les plus
peuplés) ont été privilégiés.
Figure 5: Localisation géographique des
sites enquêtés (adapté de l'OIPR, 2018)
..Choix de la population
d'enquête
La population cible concernée dans cette recherche,
n'est rien d'autre que les agriculteurs ou les paysans. Les villages ayant
été choisis, l'INS et l'ANADER ont été
consultés pour avoir un aperçu de la taille des agriculteurs et
des activités agricoles pratiquées dans ces villages retenus afin
de pouvoir dégager l'échantillon d'enquête. Ainsi, les
critères sociodémographiques comme l'âge et le sexe des
exploitants nous ont guidés dans la phase de
l'échantillonnage.
L'unité d'observation retenue est le chef
d'exploitation. Le choix du chef d'exploitation se justifie donc pour la raison
qu'il est le plus expérimenté et susceptible de fournir un
maximum d'informations afin de mieux appréhender le degré
d'exposition des activités agricoles aux risques climatiques et leurs
stratégies développées pour y faire face.
37
Par ailleurs, les moyens matériels et le temps ne nous
permettant pas de faire les enquêtes exhaustives, nous avons opté
pour des enquêtes légères, auprès de 140 chefs
d'exploitation, constitués de façon aléatoire et
comportant donc les différentes catégories de producteurs (jeunes
agriculteurs, adultes, hommes et femmes, petits exploitants, etc.). Les
résultats obtenus sont présentés dans le tableau 1.
Tableau 1: Choix de l'échantillon des
agriculteurs (adapté de l' INS, 2014)
Villages retenus
|
Population totale
|
Population paysanne pratiquant
l'agriculture
|
Taille de l'échantillon
|
Pourcentage des enquêtés
|
Nassian
|
4785
|
161
|
20
|
14
|
Dépingo
|
808
|
120
|
15
|
11
|
Talahini
|
2609
|
668
|
85
|
61
|
Toungbo-Yaga
|
523
|
83
|
11
|
8
|
Wassidé
|
120
|
70
|
9
|
6
|
Total
|
8845
|
1102
|
140
|
100%
|
Les personnes ressources enquêtées ont fourni des
informations qualitatives pour infirmer ou confirmer certains propos des
paysans. Ces enquêtes se sont déroulées sous forme
d'entretiens et adressées à un certain nombre d'individus qui ont
des relations fréquentes et privilégiées ou même de
fois impliquées avec les personnes concernées dans la pratique
agricole. Dans ce contexte, ces personnes ressources en contact avec les
producteurs agricoles sont d'abord les agents et spécialistes de
l'agriculture, du développement rural, les chefs de terres, les
responsables de coopératives, etc.
Le tableau 2, résume le nombre de personnes
questionnés dans ces services précités. Ces personnes ont
été choisies parmi les premiers responsables de ces structures.
De ces personnes, nous avons établir un échantillon.
38
Tableau 2: Liste des personnes ressources
interrogées (adapté de la DDA Nassian et enquête de
terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Structures et organismes Personnes à
interroger
ANADER 2
Direction départementale de l'agriculture 2
Direction départementale des ressources animales et
1
halieutiques
5
Les gestionnaires de terres
4
Les groupements informels ou Associations
2
Les coopératives d'achat
1
Direction des eaux et forêt
1
OIPR
18
Total
Le nombre total des personnes ressources consultées est
de 18 personnes. Ces personnes nous ont révélés les
vérités qui sont soient cachées ou soient mal comprises
par les paysans.
2.1.4.3. Observations et interviews
En dehors des documents consultés, plusieurs visites de
terrain ont été effectuées dans la localité
d'étude pour avoir un aperçu des différentes
activités agricoles pratiquées par les populations. Ces
observations directes sur le terrain ont permis de caractériser cette
activité à travers les outils de travail et d'identifier la
chaine de production mise en place par les agriculteurs.
Elles ont permis également de connaitre les effets
néfastes des évènements climatiques sur les
activités agricoles. Enfin, de voir les stratégies misent en
place par les populations pour faire face aux conséquences des
changements et variabilités climatiques. Aussi, ces visites ont
consisté à identifier les espèces végétales
et à repérer les indices de l'action des populations dans la
localité de Nassian. Le repérage de tous les
éléments a été possible grâce à
l'utilisation de l'application OSM Tracker comme GPS.
Les interviews sont des discussions libres qui ont lieu avec
les autorités locales et les agents des services publics de la zone
étudiée. Nous en avons effectué 18 dans les cinq villages
sélectionnés (Tableau 2).
39
Afin d'appréhender le volet changement et
variabilité climatique, les activités agricoles pratiquées
et les stratégies développées, un guide d'entretien
pré-élaboré (annexe 1) a été utilisé.
Les prises de notes et les enregistrements ont été les techniques
de collectes des données obtenues en cette phase qui reste une phase de
recherche qualitative.
2.1.4.4. Enquêtes par questionnaire
Ce sont des entretiens effectués avec des agriculteurs
de façon individuels à base de questionnaire
préétabli (annexe 2). C'est purement une phase de recherche
quantitative comportant des questions fermées et quelques questions
ouvertes afin de permettre les analyses statistiques. Il s'agit d'un ensemble
de questions permettant d'évaluer la perception des
évènements climatiques par les populations locales, les effets de
ces changements sur les ressources naturelles et agricoles. Mais aussi, les
stratégies qu'elles développent pour faire face aux risques
climatiques. Pour y arriver, la technique d'échantillonnage a
été utilisée dans cette enquête (Tableau 1).
En outre, un appareil photo numérique pour les prises
d'images des dégâts des changements et variabilités
climatiques a été utilisé. Ce matériel a permis de
prendre les images des cultures pratiquées citées par les
agriculteurs ; ce qui a facilité leur identification une fois de retours
du terrain.
2.2. Méthodes de traitement et analyse des
données
Il s'agit des techniques d'étude, de l'analyse des
différentes données utilisées dans cette recherche. Elles
concernent aussi les traitements et l'analyse des données du travail
pour aboutir aux différents résultats.
2.2.1. Traitement et l'analyse des images satellitaires
Le traitement et l'analyse des satellitaires, après
leurs acquisitions s'est faite selon les étapes suivantes :
Le prétraitement des images
satellitaires
Le prétraitement consiste à faire une
calibration de l'image avant l'analyse principale et l'extraction de
l'information. Il s'agit essentiellement de faire une correction
atmosphérique (nettoyer les effets atmosphériques) et d'une
correction radiométrique (appliquer une équation de normalisation
afin de ramener le compte numérique entre 0 et 1 pour une
interprétation de
40
l'image). C'est en effet la conversion des luminances en
réflectance. Ces opérations améliorent la qualité
des images brutes, respectivement par l'étirement des contrastes pour
augmenter les distinctions des tons entre les différents
éléments d'une scène, par la correction des images
à cause des bruits et des effets atmosphériques.
Le traitement des images
satellitaires
Le traitement et analyse des images satellitaires ont
porté essentiellement sur le traitement des images dans le logiciel Envi
5.1, et leur intégration dans un environnement SIG pour leur
exploitation. De ce fait, une composition colorée « images fausses
couleurs » (O'Neill et al, 1996), pour mieux discriminer les
différents types d'occupation du sol et un choix des parcelles
d'entrainement basé sur les indices collectés par le GPS ont
été faites dans un premier temps.
Ensuite, une classification supervisée à travers
l'algorithme de « maximum de vraisemblance » (Bonn et al., 1992), a
été utilisé pour classifier les images dans cette
recherche. A travers cet algorithme, la distribution des pixels au sein de
chaque classe suit une loi normale (Konan et al., 2016). En effet, les pixels
sont affectés aux échantillons les plus proches selon la distance
bayésienne, qui calcule la probabilité qu'a un pixel d'appartenir
à une classe donnée. Le pixel est affecté à la
classe pour laquelle la probabilité est la plus forte. Cette
méthode classe tous les pixels sauf si on pratique un seuil de
probabilité en dessous duquel les pixels n'ont pas d'affectation. Enfin,
une élimination des pixels isolés par applications des filtres
3x3 a été faite afin d'homogénéiser les
différentes classes.
A la suite de ces traitements, deux grands thèmes sont
identifiés dans l'analyse de l'occupation du sol. Il s'agit des espaces
naturels et des espaces humanisés suivie de l'identification des objets
au sein de chaque grand thème. Au niveau des espaces naturels, six
niveaux de discrimination (forêt dense sèche, forêt galerie,
savane arbustive, savane herbeuse, plan d'eau et bas-fonds) ont
été obtenus. S'agissant des espaces occupés par l'homme,
deux niveaux ont été ressortis (culture / jachère et
habitat / sol nu). Au total, ce sont huit thèmes qui sont retenus dans
l'analyse et la cartographie de l'occupation du sol. La combinaison de ces huit
thèmes a permis de réaliser les cartes d'occupation du sol de
1998, et 2016.
D'autres analyses sont appliquées aux images issues de
la classification. Il s'agit de l'estimation de la qualité de la
classification. Ces analyses portent sur la matrice de confusion pour estimer
la qualité de la classification mais, surtout pour vérifier la
fiabilité de la méthode utilisée (Konan et al., 2016).
41
L'analyse de la matrice de confusion consiste à
déterminer la précision globale (pourcentages des pixels
correctement classés) et le coefficient de Kappa (réduction
proportionnelle de l'erreur obtenue par une classification comparée
à l'erreur obtenue avec une classification pseudo-aléatoire et
donne une estimation plus précise de la qualité de la
classification). Ils désignent le rapport entre le nombre de pixels bien
classés et le nombre total de pixels de référence.
Sur l'image de 1998, la précision globale de
classification est de 93, 42 % et le coefficient Kappa de cette image est de
0,92 soit 92 % (Tableau 3).
Concernant l'image de 2016, la précision globale de
classification est de 92, 88 % et le coefficient Kappa de cette image est de
0,9147 soit 91, 47 % (Tableau 4).
Tableau 3: Matrice de confusion de l'image de
1998 (classification de l'image Landsat TM, 1998)
Types
d'occupation du sol
|
Forêt Dense sèche
|
Forêt galerie
|
Savane arbustive
|
Savane herbeuse
|
Plan d'eau
|
Bas- fonds
|
Habitat/ Sol nu
|
Culture /jachère
|
Forêt
dense sèche
|
82.39
|
14.77
|
0.23
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
2.61
|
Forêt galerie
|
2.58
|
96.74
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.68
|
Savane arbustive
|
0.00
|
0.00
|
94.60
|
4.94
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.45
|
Savane herbeuse
|
0.00
|
0.00
|
2.53
|
94.96
|
0.00
|
0.00
|
2.79
|
2.51
|
Plan d'eau
|
0.66
|
0.48
|
0.00
|
0.00
|
97.53
|
1.99
|
0.00
|
0.00
|
Bas-fonds
|
0.00
|
0.22
|
0.00
|
0.00
|
0.94
|
98.50
|
0.00
|
0.34
|
Habitat/ Sol nu
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
2.11
|
0.00
|
0.00
|
97.49
|
0.40
|
Culture/jachère
|
4.58
|
0.00
|
0.96
|
3.57
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
90.89
|
42
Tableau 4: Matrice de confusion de l'image de
2016 (classification de l'image Landsat ETM+, 2016)
Types
d'occupation du sol
|
Forêt Dense sèche
|
Forêt galerie
|
Savane arbustive
|
Savane herbeuse
|
Plan d'eau
|
Bas-fonds
|
Habitat/ Sol nu
|
Culture /jachère
|
Forêt
|
93.98
|
3.56
|
0.96
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
1.10
|
Dense sèche
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Forêt galerie
|
1.73
|
98.21
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
Savane arbustive
|
2.54
|
0.00
|
93.06
|
3.90
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.46
|
Savane herbeuse
|
0.00
|
0.00
|
3.47
|
93.37
|
0.00
|
0.00
|
2.79
|
0.33
|
Plan d'eau
|
0.66
|
1.20
|
0.00
|
0.00
|
96.34
|
1.80
|
0.00
|
0.00
|
Bas-fonds
|
0.00
|
8.92
|
0.00
|
0.00
|
18.04
|
70.00
|
0.00
|
3.01
|
Habitat/ Sol nu
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
4.26
|
0.00
|
0.00
|
95.58
|
0.00
|
Culture/jachère
|
0.97
|
0.00
|
0.00
|
2.01
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
97.10
|
L'examen des tableaux 3 et 4 montrent que les pixels issus des
classes de référence ont entièrement été
affectés à plus de 90 %. Cependant, on constate que ce sont les
pixels des classes des secteurs de forêt dense sèche (Tableau 3)
et de bas-fonds (Tableau 4) qui enregistrent les faibles taux (82.39 et 70).
Les résultats statistiques obtenus par le calcul de la
précision globale, du coefficient de Kappa et de la matrice de
confusion, montrent qu'il existe des erreurs, voire des imperfections dans les
produits cartographiques obtenus. L'opération finale consiste à
exploiter les données issues du traitement des images satellitaires dans
un environnement SIG pour corrigés ces erreurs dans la table
attributaire afin d'être conforme à la réalité. Tous
les traitements effectués et les informations recueillies ont permis de
mettre en place une base de données fiable pour l'élaboration
d'un SIG. A la fin donc du processus de classification, on a obtenu deux cartes
d'occupation du sol des années 1998 et 2016 de la sous-préfecture
de Nassian.
43
Ainsi, le croisement des données d'occupation du sol de
1998 et de 2016 a permis d'analyser les facteurs de la dégradation de la
diversité végétale.
2.2.2. Traitement des données de terrain,
climatiques et leur analyse
Les données collectées sur les fiches
d'enquête ont été saisie dans le logiciel SphinxV5. Le
traitement de la base de données a permis de dégager des
statistiques, de réaliser les tableaux et les figures. Les outils
d'analyse seront présentés par objectif :
Le premier objectif émit sur la perception du
changement climatique par les populations locales a été
déterminé selon une démarche participative à l'aide
de questionnaires destinés aux agriculteurs dans cinq communautés
rurales sélectionnées et aux personnes ressources évoluant
dans le secteur de l'agriculture. Le questionnaire de collecte des
données structurées semi-ouvert a porté sur les points
suivants : la perception du changement climatique inspiré de leurs
savoirs locaux (Annexe 2). Chaque question a été codée
pour faciliter l'analyse statistique à l'aide du logiciel Sphinx.
Toutefois, pour corroborer ces résultats
présentés sous forme qualitative, une synthèse de
proportions relatives aux éléments indiquant un certain
changement du climat ont été faite selon les populations,
à partir des données contenues dans les fiches d'enquête
individuelle. Pour évaluer le niveau de cohérence entre les
perceptions paysannes et les données (statistiques) sur
l'évolution du climat, une évaluation de l'impact des changements
et variabilités climatiques sur les caractéristiques des saisons
de pluies ont été faite.
Cette démarche se justifie par le fait que les
perceptions paysannes des changements et variabilités climatiques sont
construites sur les modifications survenues par rapport aux
caractéristiques des saisons pluvieuses.
Les données pluviométriques de la SODEXAM et des
informations contenues dans le guide d'entretien ont permis de confirmer les
perceptions des paysans du changement climatique. En effet,
l'élaboration d'un calendrier agricole est définie
entièrement si l'on connaît le début et la fin de la saison
des pluies. Cependant, il existe plusieurs définitions du début
de la saison des pluies selon Balme et al., (2005), ce qui n'est pas sans
répercussions sur le choix de la méthode. A ce sujet, un
météorologue considérera comme début des pluies les
premières pluies liées à la mise en place de la
première convection organisée. Pour l'hydrologue, ce même
critère sera déterminé par la première pluie
générant du ruissellement.
44
Enfin, pour l'agronome, le début de la saison pluvieuse
ne peut pas être suivi d'épisodes secs trop longs pouvant porter
préjudice aux cultures. Ainsi, le point de vue agronomique adopté
dans le cas de cette étude, Sivakumar (1988) donne, le démarrage
de la saison des pluies dans les régions sahéliennes et
soudanienne comme la date à partir du 1er Mai, au moins 20 mm
de pluie sur 3 jours, sans épisode sec excédant 7 jours dans les
30 jours qui suivent (pour éviter les faux départs) et, comme
date de fin de saison après le 1er septembre, 20 jours
consécutifs sans pluie. Nous avons ainsi calculé les
caractéristiques de la saison (date de début, de fin,
durée), cumul annuel, nombre de jours de pluie de l'année pour
chaque année concernant cette étude (1986 à 2016). Les
moyennes de ces caractéristiques ont été calculées
et comparées entre elles avec le test de Scheffé (segmentation de
Hubert).
Quant aux indices pluviométriques annuels, ils ont
été calculés avec les totaux annuels des pluies au moyen
de la méthode du Filtre Passe-bas de Hanning d'ordre deux. Cette
méthode permet d'obtenir des "moyennes mobiles pondérées".
Son application se fait en deux étapes. La première consiste
à estimer chaque total pluviométrique au moyen des
équations de Tyson :
Avec X(t), le total pluviométrique
pondéré à l'année t ; X(t-2) et X(t-1), les totaux
pluviométriques observés des deux années qui
précèdent immédiatement l'année t ; X(t+2) et
X(t+1), les totaux pluviométriques observés de deux années
qui suivent immédiatement l'année t.
Dans la seconde étape, les totaux
pluviométriques annuels pondérés obtenue sont
centrés et réduits au moyen de la formule suivante :
Avec I(t) : l'indice pluviométrique de l'année t ;
X(t) : le total pluviométrique pondéré de
l'année t ; X: la pluviométrie
moyenne interannuelle sur la période de référence
(1986-2016) et ó : l'écart-type de la pluviométrie
interannuelle sur la période de référence (1986-2016).
Les résultats obtenus peuvent être
interprétés de trois manières. Lorsque la valeur de
l'indice est inférieure à zéro (< 0) on dit que la
pluviométrie de l'année portant cet indice est
déficitaire.
45
Quand cette valeur est supérieure à zéro
(>0), on dit que la pluviométrie est excédentaire. Quand
l'indice est égal à zéro, on parle de pluviométrie
normale.
Pour ce qui est de l'objectif 2 : « les causes
attribuées aux changements et variabilités climatiques »,
nous avons procédé par un calcul de proportion des
différentes causes évoquées par les producteurs suivants
leur croyance locale. Ensuite, les différentes proportions obtenues ont
été comparées et analysées. Au niveau des
conséquences des changements et variabilités climatiques sur les
principales cultures pratiquées. Nous avons procédé par un
calcul de fréquences des causes qui expliquent les pertes de
récolte car les principaux phénomènes qui impactent
l'agriculture sont l'irrégularité des pluies ainsi que la
progression de la sécheresse, les vents violents et les fortes
températures.
Quant à l'objectif 3: « Les stratégies
d'adaptation développées par les populations agricoles face aux
changements climatiques ». Les options d'adaptations sont
déterminées en fonction des stratégies et méthodes
adoptées ou exprimées par la population enquêtée.
Elle passe par l'ensemble des croyances, des valeurs et perceptions que les
populations ont des changements et variabilités climatiques. Ainsi, les
fréquences des mesures d'adaptations répertoriées ont
été d'abord calculées pour l'ensemble des exploitations
enquêtées puis analysés.
2.2.3. Cadre retenu pour l'étude
Concernant le cadre retenu pour cette étude, il est
important de rappeler le thème « Activités agricoles et
perceptions des populations de Nassian face aux changements et
variabilités climatiques ». Ce sujet inclut non seulement, les
savoirs et les stratégies d'adaptation contre les changements et
variabilités climatiques. Ainsi donc, une approche unique basée
soit sur la perception ou soit sur les stratégies d'adaptation ne
pouvait permettre d'atteindre les objectifs fixés. D'où
l'élaboration d'un cadre d'analyse de cette étude (Figure 6),
propre aux deux items (celles de la perception et des stratégies
d'adaptation). De ce fait, le commentaire du cadre montre que :
Les changements et variabilités climatiques sont
perçus par les populations à travers les facteurs du climat
(température, pluviométrie, vents, insolation.). L'annonce des
phénomènes climatiques (sécheresse, pluies précoces
et tardives, pluies abondantes ou faibles, etc.) sont signalés par des
indicateurs qui existent dans le milieu (déplacement des bergers,
migration d'oiseau, comportement de certaines plantes, etc.) qui proviennent
des savoirs locaux des populations et qui déterminent leur perception de
l'état du climat.
46
A partir de la perception et des savoirs locaux qu'ils ont du
climat dans le milieu, les agriculteurs développent de nouvelles
stratégies en réponse aux nouvelles conditions climatiques
(nouvelles cultures agricoles, utilisation des bas-fonds, etc.).
Savoirs endogènes Capital agriculteur
Changements climatiques : manifestations et
conséquences
Stratégies d'adaptation
Perception paysanne des effets climatiques
Figure 6: Cadre d'analyse de l'étude
2.3. Difficultés et limites de
l'étude.
Le phénomène du changement climatique et en
particulier celui de la perception paysanne de ces évènements
semble nouveau dans les institutions universitaires et étatiques
ivoiriennes malgré la médiatisation de ce
phénomène.
47
De ce fait, il est difficile de trouver des écrits,
mémoires et thèses sur cette thématique en ce qui concerne
l'espace d'étude car très peu de recherche scientifique ont
été réalisées dans cette localité. Le manque
de données sur la pluviométrie et la température constitue
également une difficulté de cette recherche.
Au niveau des limites de cette recherche, la méthode de
cette étude s'est basée sur la capacité des
enquêtés à se rappeler le passé. En effet, la
méthode de collecte des données sur la perception et les
estimations des pertes moyennes de récolte, faisant appel à la
mémoire des agriculteurs constituent la principale limite de cette
étude.
Aussi, il y a la réticence des enquêtés
face aux questions. Cette réticence s'est renforcée suite
à des lois imposées aux agriculteurs étrangers par les
autochtones qui entrainent souvent des conflits. Elle l'est aussi en raison des
récents événements politiques que le pays a connus.
Néanmoins, nous avons été satisfaits de
l'approche utilisée pour plusieurs raisons. D'abord, plusieurs
méthodes permettent de vérifier la véracité des
réponses. De même, conscient que les questions faisant appel
à la mémoire, ne peuvent pas toujours avoir de réponses,
nous avons introduit la modalité « ne sait pas ». Cette
modalité a été utile dans les cas où
l'enquêté révélait qu'il n'avait pas de
réponse pour la question posée ou qu'il n'était pas
convaincu de sa propre réponse.
Une autre limite de cette étude est le
désintéressement des populations des localités
d'enquête suite aux enquêtes répétitives qui ne leur
apportent rien. De ce fait, la majorité des enquêtés
était convaincue que l'enquête n'aboutirait pas
immédiatement à la résolution de leurs problèmes
actuels. Ils avaient donc tendance à répondre hâtivement
aux questions ou à les omettre. Néanmoins, des explications ont
démontré l'intérêt d'une telle étude non
seulement pour eux mais aussi pour les générations futures.
Ainsi, malgré quelques limites, cette recherche a obtenu des
résultats intéressants présentés dans le chapitre
qui suit.
48
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1. Perception des changements climatiques par les
paysans et des personnes ressources
En général, les populations paysannes
définissent le climat en se référant à leur
environnement et surtout à leurs activités agricoles. Pour elles,
le climat s'identifie aux paramètres météorologiques
courants à savoir la pluie, la température et, dans une moindre
mesure, le vent. La perception paysanne du changement climatique est
appréhendée dans cette étude à travers l'analyse de
ces trois facteurs comparativement à la situation qu'il y avait 25
à 30 ans auparavant dans la sous-préfecture de Nassian.
3.1.1. Perception paysanne des changements
pluviométriques
La pluie est un facteur important du climat qui conditionne
l'exercice de la profession agricole des agriculteurs en Côte d'Ivoire
notamment ceux de la région du Nord-Est. En effet, les conditions
climatiques déterminent celles de l'agriculture, principale
activité des populations.
Les populations paysannes entretenant des liens étroits
avec leur milieu environnant possèdent une parfaite connaissance du
climat, de ses manifestations et des modifications intervenues. De ce fait, il
existe de nombreux concepts relatifs au climat en général et
à la pluie en particulier pour désigner les différentes
manifestations pluvieuses clés dont les survenances déterminent
des périodes spécifiques dans l'année. Ces
déviances de la normale, des manifestations pluvieuses obtenues lors de
la séance de clarification conceptuelle sont exprimées par les
agriculteurs de l'échantillon de recherche dans la perception qu'ils ont
des changements et variabilités climatiques. Cette perception se traduit
par des péjorations pluviométriques telles que
résumées :
Pour 54,28% des paysans, la saison des pluies démarrait
au mois d'Avril, il y a trente ans alors que 32,14% pensent que c'est au mois
de Mars (Figure 7a). Seuls 3,57% situent ce démarrage beaucoup plus
précoce, au mois de Mai tandis que 10% d'entre eux disent ne pas savoir
dans quel mois ces pluies démarraient à cette période.
Actuellement, plus de la moitié (58,57%) des paysans interrogés
affirment que le démarrage de la saison des pluies a lieu en Mai alors
que 22,14% le situe en Juin et seulement 8,57% en Avril (Figure 7c). Aussi,
10,71% de ces agriculteurs affirment également ne pas savoir quand elle
commence actuellement.
49
En ce qui concerne la fin de la saison des pluies il y a 30
ans, plus des 2/3 des agriculteurs enquêtés (67,14%) indiquent
qu'elle intervenait en Novembre, 17,85% en Décembre, 10,71% en Octobre
et 4,28% disent qu'ils ne savent pas quand elle prenait fin (Figure 7b).
Pratiquement les mêmes proportions d'agriculteurs affirment que cette fin
de saison intervient actuellement mais de façon plus précoce,
avec un mois d'avance : Octobre (62,14%), Novembre (7,14%) et Septembre (25%)
(Figure 7d). A cette proportion s'ajoute, celle n'ayant aucune idée de
la fin actuelle de la saison des pluies (5,71%). Cette situation entraine la
non-opérationnalisation du calendrier agricole empirique.
Aussi, pour la quasi-totalité des enquêtés
(89,3%), la saison pluvieuse est devenue plus courte (3 mois de pluies au lieu
de 4 ou 5 mois comme auparavant). Selon eux, les pluies démarrent
tardivement. Ce qui conduit à l'abandon de certaines
variétés de cultures à cycle long comme l'igname N'za et
Bertai-bertai.
Par ailleurs, 87,9% des enquêtés affirment que
ces trente dernières années, les hauteurs pluviométriques
sont en baisse comparativement aux trente années
précédentes. Pour eux, cette baisse s'observe au fil des ans
notamment pendant la période de la saison des pluies. La plupart des
agriculteurs (70,7%) affirment même que, le nombre de jours de pluies au
cours des trente dernières années est en diminution.
Les pluies se concentrent sur un temps court et du coup, les
cultures ne tirent pas profit de toutes les quantités d'eau
tombées au cours de la saison pluvieuse. Ceci, pressent
énormément les agriculteurs quant à l'installation des
cultures.
De même, on assiste une rupture de pluie de 1 à 2
mois après le démarrage au cours de la saison d'une année
à l'autre pour 69,3% d'entre eux. Ceux-ci perturbent la bonne
installation des cultures et induit des pertes de récolte selon les
personnes enquêtées.
Au niveau de la répartition des pluies au cours de la
saison, 82,9% des enquêtés estiment qu'elle est devenue plus
variable. Quant aux poches de sécheresse, 97,2% des paysans sont
unanimes qu'elles sont de plus en plus fréquentes. Pour les 2/3 des
paysans, il y a une occurrence des pluies qui sont très fortes et
violentes ces dernières années accompagnées de grands
vents ayant pour conséquence le démolissage des maisons et la
destruction des plantes de maïs.
a
4%
Mars Avril Mai Ne sais pas
54%
10%
32%
b
Octobre Novembre Décembre Ne sais pas
18%
4%
67%
11%
50
a. Début de la saison il y a 30 ans b. Fin de la saison il
y a 30 ans
C
avril Mai Juin Ne sais pas
11%
22%
9%
58%
d
Septembre octobre Novembre Ne sais pas
7%
62%
6%
25%
c. Début actuel de la saison d. Fin actuel de la saison
Figure 7 : Perception paysanne de la date de
début et de fin de la saison des pluies (enquête de
terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Les agriculteurs se sont également prononcés sur
la longueur de la saison sèche. Pour 85,6%, elles deviennent de plus en
plus longues avec de fortes chaleurs dans la journée. Aussi, les
agriculteurs montrent clairement que l'eau dans les marigots débordait
pendant la période de pluies (juin-août). Ainsi, l'eau restait
jusqu'en saison sèche pour abreuver les animaux. Ce qui n'est plus le
cas à cause du tarissement des marigots selon les paysans.
3.1.2. Perception paysanne des changements thermiques et
solaires
Les agriculteurs perçoivent également les effets
des bouleversements de la température. En effet, elles remarquent
l'excès de chaleur par le raccourcissement de la durée de la
chaleur et l'augmentation de son intensité. Cette chaleur intense
s'accompagne de soleil ardent avec une augmentation du nombre de jours
ensoleillé par rapport à ceux nuageux qui est en diminution selon
les paysans interrogés (Tableau 5).
En outre, l'indicatrice « température de plus en
plus chaude », a été perçu par au moins 78,57% des
interviewés dans la Sous-préfecture de Nassian.
51
Cette hausse de température influence
négativement aussi bien les cultures que les animaux domestiques
(caprins, volailles, etc.). Les deux autres indicateurs de changements de
température tels que « fraicheur en début de saison
pluvieuse, fraicheur la nuit en début de saison sèche » ont
été signalés par plus de 50% des personnes
enquêtées (Tableau 5).
Tableau 5: Perceptions paysannes du changement
thermique et solaire (enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël,
septembre 2018)
Perceptions paysannes du changement thermique et
solaire
|
Fréquences des réponses (%)
Oui Non Total
|
Types de facteurs
|
Température de plus en plus chaudes
|
78,57
|
21,43
|
100
|
Naturel
|
Fraicheur en début de saison pluvieuse
|
57,14
|
42,86
|
100
|
Naturel
|
Fraicheur la nuit en début de saison sèche
|
85,71
|
14,29
|
100
|
Naturel
|
Plus de soleil
|
82,85
|
17,15
|
100
|
Naturel
|
Augmentation du nombre de jours ensoleillé
|
75,71
|
24,29
|
100
|
Naturel
|
Diminution du nombre de jours nuageux
|
62,14
|
37,86
|
100
|
Naturel
|
3.1.3. Perception paysanne des changements du vent
Le vent, après la pluie et la température est
l'un des facteurs climatiques dont les manifestations retiennent la
mémoire collective des populations à cause de ces nombreux
dégâts sur les cultures et le cadre de vie des producteurs
notamment leurs habitations.
En effet, 81,42% des agriculteurs interviewés ont
perçu l'indicateur « vents de plus en plus violents » dans la
région de Nassian. 88 à 94% des paysans interrogés ont
signalé « l'augmentation des tourbillons et la fréquence de
brouillard de poussière » dans la localité. L'indicateur
« apparition de tourbillons en saison pluvieuse » a été
signalé par 63,60% des enquêtés (Tableau 6). Hormis ces
indicateurs du vent, les populations ont également remarqué le
déplacement de la période d'apparition de l'harmattan et la
variation de son intensité d'une année à l'autre, signes
du changement climatique (Tableau 6).
Quant au raccourcissement du délai d'apparition de
l'harmattan, les populations ont plutôt soulignées un allongement
de sa période.
52
Tableau 6: Perceptions paysannes du vent
(enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Perceptions paysannes du vent
|
Oui
|
Non
|
Total opinion
|
Vents de plus en plus violents
|
114 (81,42%)
|
26
|
140
|
Augmentation de tourbillons
|
124 (88,57%)
|
16
|
140
|
Fréquence de poussière
|
132 (94,28%)
|
8
|
140
|
Apparition de tourbillons
|
89 (63,60%)
|
51
|
140
|
Déplacement de la période d'apparition
|
85 (60,71%)
|
55
|
140
|
Raccourcissement des délais de l'harmattan
|
34 (24,29%)
|
106
|
140
|
Variation de l'intensité de l'harmattan
|
105 (75%)
|
35
|
140
|
3.1.4. Perception du changement climatique par les
personnes ressources
Les 18 personnes ressources enquêtées sont des
agents et spécialistes de l'agriculture, du développement rural,
des gestionnaires de terres, des responsables de coopératives en contact
avec les agriculteurs. La majorité de ces enquêtés disent
avoir quelques connaissances sur le changement climatique.
Cependant, bon nombre d'entre eux n'ont jamais assisté
à un colloque ou à un séminaire dans le cadre de
sensibilisation et d'information sur le changement climatique. Mais tous les
enquêtés (100%) disent avoir remarqué un changement au
cours de ces dernières années. Pour avoir une vision claire de
ces changements, l'encadré ci-contre présente quelques
expressions qui rendent compte de cette sensation des personnes ressources.
53
Encadré 1: Perception des changements
climatiques par les personnes ressources (enquête de terrain KOBENAN
K. Raphaël, septembre 2018)
Avant il y avait la grande saison des pluies et la petite
saison des pluies mais actuellement toute a changé car ces
dernières années les saisons sont devenues un peu tardive avec
des décalages de 1 mois voire 2 mois souvent. Les pluies commencent en
Mai-Juin et prennent fin en Septembre ou en Octobre en fonction des
années avec souvent des ruptures de 1 mois.
Il fait beaucoup chaud la journée par rapport au
passé et la chaleur est devenue ardant et atroce ; même le vent
qui circule est devenue très violent, accompagné de tourbillon
qui entraine d'énorme dégâts (décoiffent les
maisons, déracinent des arbres dans les champs ...).Même les
plantes et les arbres en souffrent jusqu'à desséchés et
à perdre leurs feuilles.
La sècheresse est très longue. Elle commence
début Octobre jusqu'à la fin du 3ème mois de
l'année et souvent plus que ça (4 à 5ème
mois de l'année). Durant cette période, les puits et les marigots
deviennent sèchent.
De ces informations contenues dans cet encadré, il
ressort que les populations ressources ont remarqué un certain
déréglage quant aux indicateurs du climat, tel que connu
autrefois. Ce sont: une baisse de la pluviométrie, l'augmentation de la
longueur de la saison sèche, une réduction de la durée de
la saison des pluies, des températures de plus en plus
élevées au cours de la journée et très basse la
nuit pendant la saison sèche, des poches de sécheresse pendant la
saison des pluies, des arrêts prématurée de la pluie avant
la fin des récoltes, des vents de plus en plus fréquents et
violents surtout au début et à la fin de la saison pluvieuse,
etc.
Ces résultats des personnes ressources en donne la
preuve du changement climatique et sont en accord à ceux des
agriculteurs qui confirment les perceptions paysannes selon lesquelles les
changements et variabilités climatiques sont manifestes à travers
le démarrage tardif et/ou une mauvaise répartition et la baisse
des hauteurs de pluies ; la diminution du nombre de jours de pluies; la
rareté ou disparition assez rapide des périodes de crue, une
chaleur plus intense et accablante et plus de vents violents.
Il faut ainsi conclure que cet objectif formulé sur la
perception des populations des changements et variabilités climatiques
est donc vérifiée et retenir que les populations locales ont
effectivement perçus, un changement dans les manifestations de la pluie,
de la température, de l'insolation et du vent, donc du climat.
54
Néanmoins, ces résultats ne sont que des
perceptions paysannes fondées sur l'observation empirique du climat.
Donc leurs perceptions seules du phénomène ne peuvent suffire
pour conclure à un changement du climat ; une démarche
scientifique fondée sur l'analyse des données statistiques
s'impose pour confronter ces perceptions aux tendances dégagées
par ces données.
3.1.5. Niveau de cohérence entre perceptions
paysannes et données sur l'évolution du climat
Le climat est l'une des données essentielles en
matière de production agricole et animale, en ce sens qu'ils
conditionnent non seulement le cycle végétatif mais aussi la
reproduction du bétail et les activités humaines. Les perceptions
paysannes notées étant essentiellement liées au
déroulement des pluies (hauteurs et nombre de jours de pluies) et des
températures (maximales et minimales), il convient de le décrire
avec le maximum de précision afin de mieux comprendre ses
différents modes d'intervention dans les phénomènes
d'évolution du paysage. Nous ne possédons que très peu
d'informations météorologiques enregistrées à
Nassian. Cela nous amène à utiliser les données
climatiques de la station de Bondoukou (situé à 95 Km de Nassian)
où des relevés climatiques (pluies et température) ont
été effectués.
3.1.5.1. Analyse des tendances pluviométriques
à Nassian
Le climat de Nassian peut être définit
correctement en fonction de la pluie que si l'on possède des
données pluviométriques portant sur plusieurs années
d'observation ; ce qui permet de connaître les périodes favorables
aux activités agricoles, surtout la période sèche au cours
de laquelle les paysans préparent les parcelles par brûlis ou par
défrichement. La courbe ci-dessous réalisée à
partir des données pluviométriques présente
l'évolution des hauteurs annuelles de pluies enregistrées sur une
période de 30 ans au moins par la SODEXAM.
Pluie en mm
1800
1600
1400
1200
1000
400
800
600
1986
1988
1990
1992
Cumuls annuelles Tendance linéaire
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
y = 9,6643x + 1237,9 R2 =
0,1462
2010
2012
2014
2016
Figure 8: Tendance des cumuls
pluviométriques annuels de Nassian (adapté de la
SODEXAM)
55
L'examen de la figure ci-dessus montre que les cumuls
pluviométriques annuels de Nassian relèvent une baisse de 1986
à 2016, car la pente de la tendance est -9,664 (Figure 8).
Par ailleurs l'application du test de segmentation de Hubert a
détecté une rupture en 2000 dans la série des cumuls
pluviométriques (Tableau 7). Le test de comparaison des moyennes des
sous-séries pluviométriques homogènes avant et
après les points de ruptures met en exergue l'ampleur de la transition
brutale qui caractérise la modification de la pluviosité.
La période 1986-2000 présente une
particularité d'avoir une pluviométrie abondante : 1206,76 mm
d'eau en moyenne par an ; l'après 2000 enregistre une
pluviométrie moyenne de 967,4 mm.
Près de 239,3 mm de pluie séparent les deux
moyennes pluviométriques, soit une baisse significative de l'ordre de
-19,83% de la pluviométrie moyenne de 1986-1916 (Tableau 7).
Tableau 7: Comparaison des moyennes
pluviométriques par le test de Segmentation de Hubert à Nassian
série 1986-2016 (adapté de la SODEXAM)
Comparaison des moyennes
Années de rupture
|
Moyenne avant la rupture
|
Moyenne après la rupture
|
Différence
|
Significativité du test de Scheffé
|
Pluviométries 2000 1206,76 mm 967,40 mm -19,83%
1%
Pour apprécier l'existence de poche de
sécheresse, le test de Scheffé réalisé montre que
le nombre de jours de pluie est en diminution. Les affirmations des
agriculteurs selon lesquelles ces trente (30) dernières années,
il y a une baisse de la pluviométrie et une diminution du nombre de
jours de pluies sont confirmées.
3.1.5.2. Analyse des anomalies standards
Les totaux pluviométriques annuels présentent de
fortes variabilités par rapport à la normale 1986-2016. Les
années humides et sèches s'alternent parfois sans qu'aucune
périodicité n'apparaisse (Figure 9).
Indice pluviométrique
-0,5
-1,0
-1,5
-2,0
0,5
0,0
1,5
1,0
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2015 2016
Période de déficit Période
d'excédent
56
Figure 9: Variabilité interannuelle des
hauteurs de pluie moyenne à Nassian (adapté de la
SODEXAM)
De l'observation de la figure 9, nous pouvons noter deux
principales périodes : une période humide ou excédentaire
entre 1986 et 1999 et une période sèche entre 2000 et 2016. Elle
caractérise la sécheresse suivie d'une petite période
excédentaire entre 2009- 2011 avec l'alternance des années
pluvieuses. Ces constats sont faits également par plus de 80 % des
agriculteurs enquêtés.
3.1.5.3. Analyse des paramètres
agro-climatiques
L'analyse des paramètres agro-climatiques montre un
raccourcissement de la durée de la saison des pluies due à un
début tardif et une fin précoce de la saison des pluies. Les
dates de début et de fins de la saison des pluies ont des
caractères très aléatoires. La date de démarrage se
situe entre avril et juin. Quant à la fin, elle se situe entre octobre
et novembre (Tableau 8). Ce constat est fait par plus de la moitié des
agriculteurs.
Tableau 8: Dates de débuts, de fin et
durées de la saison des pluies à Nassian (adapté de la
SODEXAM)
|
Période
|
Paramètres de la saison agricole
|
1986-2000
|
2001-2016
|
Début de la saison
|
Moyenne
|
20 Avril
|
24 Avril
|
Plus précoce
|
03 Avril
|
01 Avril
|
Plus tardif
|
08 Mai
|
15 Mai
|
Fin de la saison
|
Moyenne
|
02 Novembre
|
04 Novembre
|
Plus précoce
|
11 Octobre
|
02 Octobre
|
Plus tardif
|
25 Novembre
|
16 Novembre
|
Durée de la saison en jours
|
Moyenne
|
197
|
193
|
Courte
|
165
|
160
|
Longue
|
217
|
213
|
57
3.1.5.4. Analyse des tendances de
températures
En dehors de la pluviométrie, la température est
un paramètre climatique qui affecte le cadre de vie aussi bien des
hommes que des animaux et végétaux. Ayant aussi marqué les
populations par son évolution, nous présentons ici
l'évolution de la température ces trente (30) dernières
années. En effet, l'analyse tendancielle de la température
annuelle montre qu'il y a une augmentation moyenne annuelle des
températures depuis 1986 avec une hausse de + 1,1°C (Figure 10). Ce
constat est fait par plus de 78,57 % des agriculteurs.
Température moyenne annuelle Tendance
linéaire
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2015 2016
Température en °C
27,5
27,3
27,1
26,9
26,7
26,5
26,3
26,1
25,9
25,7
25,5
Figure 10: Evolution de la température
moyenne annuelle a Nassian de 1986-2016 (adapté de la
SODEXAM)
3.2. Causes et conséquences perçues des
changements et variabilités climatiques à Nassian par les
populations paysannes.
3.2.1. Causes perçues des changements et
variabilités climatiques
Les changements climatiques en cours sont largement reconnus
par toute la population paysanne. Mais la conception paysanne des causes des
changements climatiques différent largement au sein des
communautés rurales et tiennent compte fortement des croyances de
chacun, même si certaines semblent faire l'unanimité dans les
points de vue. Les causes attribuées par les populations à ces
changements rendent l'homme responsable de par ces actions et son comportement
mais également font état d'une évolution
intrinsèque de la nature elle-même. En effet, différents
points ont été évoqués par les populations rurales
comme causes des changements climatiques. L'analyse des résultats
d'enquête dévoile deux types de causes : les causes liées
aux activités anthropiques et les causes liées aux croyances
locales.
58
3.2.1.1. Causes liées aux activités
anthropiques
Les actions de l'homme ont été citées par
moins d'un 1/ 3 des personnes interrogées. Ces causes sont :
l'utilisation du bois de chauffe ; les feux de brousse ; l'agriculture
itinérante sur brûlis (Tableau 9). Seule la déforestation
qui a été citée par 51,42% des enquêtés. De
plus, d'autres raisons comme l'augmentation des surfaces cultivées et le
déboisement ont été cité par les agriculteurs. En
effet, pour accroitre le rendement des cultures dans le but d'avoir plus de
revenu, les populations sont obligées de couper et de bruler de grandes
surfaces pour augmenter les superficies cultivées, ce qui a pour
conséquence une réduction de la forêt et une
émission importante de gaz à effet de serre. Pour étayer
ces points énumérés, les populations utilisent plusieurs
argumentaires et brandissent de nombreuses preuves. Ainsi, face à la
cherté sans cesse de la vie, la pratique de l'agriculture extensive est
devenue une monnaie courante occasionnant une destruction drastique des
forêts. La disparition des forêts `'devant favoriser la
pluie» explique, selon les agriculteurs, les phénomènes
climatiques enregistrées, notamment les retards de pluie, la baisse de
la pluviométrie, les nombreuses poches de sécheresses et les
irrégularités spatio-temporelles dans les manifestations
pluvieuses. A cette liste qui n'est pas exhaustive s'ajoute la chaleur
excessive observée ces dernières années. En outre,
d'autres paysans ont affirmé n'ayant pas connaissance des causes
liées aux activités humaines (33,57%).
Ceci pourrait expliquer la faible proportion des agriculteurs
qui ont remarqué les activités humaines comme causes des
changements en cours.
Toutefois, les activités anthropiques comme cause des
changements climatiques ne sont pas partagées par tous en ce qui
concerne certaines causes attribuées au phénomène. Il
convient donc de les énumérées.
3.2.1.2. Causes liées aux croyances locales
Concernant ces causes, l'examen du tableau 9 et de
l'encadré 2 évoquant les propos d'un paysan traduisent
l'unanimité au sein des agriculteurs. Ainsi, pour les cent quarante
autres agriculteurs interrogés (100%), les causes de la
variabilité climatique se résument au non-respect des pratiques
ancestrales, des fétiches, des relations sexuelles discrètes en
brousse, la profanation des lieux sacrés, des crimes commis et des
interdits liés à la nature. Aussi, la non-fréquentation
des lieux d'adoration ; le manque de coordination des rituels et sacrifices
expiatoires aux génies de la terre, la multiplicité des
religions, la dégradation des valeurs traditionnelles, le bouleversement
des règles de la société (non-respect des personnes
âgées), les totems (sobo et souper) et enfin les saletés
ont provoqué la colère des dieux qui se manifeste par
l'arrêt des
pluies. Cette situation a pour corollaire sécheresse et
dégradation des récoltes. Il en résulte l'organisation de
rituels d'imploration du pardon de Dieu pour faire revenir la pluie car les
pactes sellés ne sont plus respectés comme jadis.
Tableau 9: Causes des changements climatiques
selon la conception paysanne (enquête de terrain KOBENAN K.
Raphaël, septembre 2018)
Causes perçues du changement climatique par les
paysans
|
Fréquences des réponses (%)
Oui Nom Total
|
Agriculture sur brûlis
|
7,10
|
92,90
|
100
|
Déforestation
|
51,42
|
48,58
|
100
|
Feux de brousse
|
30,00
|
70,00
|
100
|
Utilisation du bois de chauffe
|
3,57
|
96,43
|
100
|
Industries/ engins motorisés
|
0,00
|
100,00
|
100
|
Crimes
|
70,00
|
30,00
|
100
|
Fétiches
|
50,00
|
50,00
|
100
|
Pratique ancestrale
|
91,42
|
8,58
|
100
|
Profanation des lieux sacrés
|
85,00
|
15,00
|
100
|
Relation sexuelle en brousse
|
67,85
|
32,15
|
100
|
Autres causes
|
4,30
|
95,70
|
100
|
. Types de
facteurs
Anthropique
Anthropique
Anthropique
Anthropique
Anthropique croyance locale croyance locale croyance locale
croyance locale croyance locale croyance locale
59
Encadré 2: Propos d'un paysan sur les
causes des changements climatiques (enquête de terrain KOBENAN K.
Raphaël, septembre 2018)
Les causes de ces changements sont naturelles. Ce sont les
interdis, les totems, les saletés et le fait de jurer qui font qu'il ne
pleut plus. Par exemple, le Chef a interdit aux femmes d'envoyer les marmites
noires dans les forêts sacrées les jours de la terre «
Souper et Sobo »et lorsqu'elles ne respectent pas ses jours, il
ne pleut plus.
Aussi, les génies vivent dans les arbres et lorsque ces
arbres sont abattus, les génies fuirent ou meurt donc la pluie ne vient
plus car ce sont eux qui sont l'intermédiaire entre nous et Dieu pour
faire venir la pluie.
Dans ce cas, nous en tant qu'Africain, ils nous arrivent de
solliciter nos mânes ; c'est-à-dire de faire des prières
pour demander pardon à Dieu et aux génies pour que la pluie
revient.
60
En résumé, tous les agriculteurs attribuent
plusieurs causes aux changements climatiques en fonction de leur attachement
à la tradition et de leur conception personnelle.
On peut donc dire que l'objectif formulé sur les causes
attribuées aux changements et variabilités climatiques est
vérifiée.
Somme tous, certains des causes attribuées aux
changements climatiques par les paysans font l'unanimité. Par ailleurs,
une des causes non évoquées par les agriculteurs, mais qui
demeure la cause scientifique est l'émission des gaz à effet de
serre. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les agriculteurs des villages
enquêtés, ne sont pas familiers à ce
phénomène et ne saurait donc le lier aux perturbations
climatiques actuelles. Ceci peut aussi s'expliquer par le fait qu'il n'y a
jamais eu des actions de sensibilisation à leur endroit pour attirer
leur attention sur le fait.
Si les causes des changements climatiques ne font pas doute,
alors les conséquences de ces changements du climat n'épargnent
aucune activité des agriculteurs. Il est donc nécessaire de voir
les principales activités sur lesquelles ces changements agissent.
3.2.2. Population engagée dans l'agriculture et
système de production
3.2.2.1. Population engagée dans le secteur
agricole
Dans la localité de Nassian, la production agricole
évolue en fonction de la croissance de la main d'oeuvre. Dans les
exploitations villageoises, on remarque un lien entre les superficies mises en
valeurs et la main d'oeuvre disponible.
En conséquence, la population active agricole est
organisée de façon à mettre au service de la production,
la communauté des forces actives à travers différents
procédés.
Ainsi, les formes d'entraide dans le travail telles que le
travail d'ensemble et les sollicitations sont des associations temporaires en
vue de l'exécution des travaux champêtres qui donnent lieu
à de vastes superficies ensemencées. Ces dernières
années, l'organisation du monde rural à Nassian est
caractérisée par une responsabilisation démesurée
des groupements de producteurs tels que : les Groupements informels et
associations. A ce jour la sous-préfecture de Nassian compte 6
groupements informels et 18 associations, intervenant tous dans la production
et vente de vivriers (Tableau 3 en annexe 3).
Parmi cette population active dans l'agriculture, on y
rencontre également une population féminine très
engagée dans ce secteur d'activité. La totalité des femmes
interrogées dans le cadre de cette recherche travaille dans
l'agriculture (100%).
61
Elles sont dans les travaux agricoles proprement dits, en
payant une main d'oeuvre à cet effet ou dans la transformation et la
commercialisation des produits agricoles. Dans les travaux champêtres,
les femmes de Nassian sont toutes aussi actives que les hommes mais ne
disposent pas souvent de plantations propres à elles. Cependant, les
quelques femmes propriétaires de plantations interrogées ont
affirmé la difficulté pour une femme de posséder un chef
d'exploitation dans la localité. En effet, les femmes sont
appelées à travailler dans les champs de leur mari. Seules les
femmes qui ont fini les obligations maritales peuvent, avec l'aide de leurs
enfants travaillées à leurs propres comptes.
En outre, l'encadrement des populations agricoles est
assuré par les agents de l'ANADER et souvent par les présidents
des groupements et associations pour les membres de leur organisation. Ces
différents agents sont chargés de vulgariser les nouvelles
techniques nécessaires à l'amélioration de la production
et de la productivité agricole, mais les résultats au plan
environnemental sont encore loin d'être satisfaisants. Le constat fait
sur le terrain permet d'affirmer que les spécialistes en encadrement
paysanne, chargés de conseiller les paysans n'arrivent pas à
parcourir tous les villages par manque de personnel, de moyens financiers et
d'engins roulants (motos et voitures). Cependant, Nassian, reste une
localité fortement agricole avec une population engagée dans le
travail de la terre.
3.2.2.2. Système de production
De façon générale, le système de
production agricole est la gestion dans le temps et dans l'espace des facteurs
de production de manière à satisfaire le mieux possible les
critères de l'unité de production. Cela se fait en respectant les
contraintes imposées, en l'occurrence les contraintes climatiques,
économiques, sociales et foncières.
Le système de production procède d'abord de
l'affectation des terres puis à l'aménagement du calendrier
agricole. L'affectation des terres aux différentes spéculations
se fait suivant leur potentiel agronomique (nature du sol, sa saveur et les
espèces qu'il comporte). A Nassian, par exemple, les sols argileux
fertiles sont affectés aux cultures vivrières tandis que les sols
gravillonnaires sont destinés aux cultures de rente.
Une fois le terrain identifié, le calendrier agricole
est établi par les exploitants en fonction des contraintes
pédoclimatiques de la localité. Par le passé à
Nassian, la campagne agricole débute en Décembre-Janvier par les
défrichements ou les feux de brousse selon 77,6% des
enquêtés. Le défrichement consiste à
débarrasser le sol du tapis herbacé.
62
Les herbes déterrées sont laissées
étalées par terre tandis que les bois secs sont coupés et
entassés autour des arbres à abattre pour les calciner sur pieds.
Le feu de brousse est une technique qui consiste à faire un pare-feu
autour d'une parcelle qui sera soumise à la culture. Le brûlis a
généralement lieu en février - mars. Pour les paysans, les
avantages de cette pratique sont multiples : économie de force de
travail et fertilisation appréciable du sol par apport
d'éléments minéraux fournis par les cendres, d'où
les rendements élevés. De plus pendant cette période les
herbes mortes se décomposent et humidifient le sol. Ces deux techniques
prennent le pas sur les autres et permettent de mettre en place les buttes
destinées à recevoir les têtes d'igname coupées qui
servent de semis. Elles sont faites aussi pour recevoir la semence des graines
d'anacardier. Après cela, les travaux de préparation des champs
interviennent en avril.
A partir du mois de Mai, c'est le labour et les semis (pour
les céréales) qui se pratiquent jusqu'en Août en fonction
des spéculations dans toute la localité. Au cours de la
période de Juin à Juillet, les agriculteurs s'attellent au
buttage pour l'igname et le manioc. Dès la fin du mois d'Août,
certaines variétés, notamment le maïs, est à
maturité. Les premières récoltes s'organisent en ce moment
jusqu'en Octobre ou Novembre. La saison sèche demeure la période
consacrée aux activités sociales et aux cérémonies
coutumières. En outre, compte tenu du bouleversement du calendrier
agricoles, les paysans fond des champs à contre saison pour accroitre
leurs rendements. En effet, ils font aussi des défrichements dans le
mois de septembre pour préparer les champs à recevoir les
nouvelles boutures d'igname (Kpona par exemple) puis attendre la pluie pour les
mettre dans les buttes (67,1% des enquêtés).
Par ailleurs ces techniques utilisées par des paysans
pour la mise en valeur des parcelles ne garantissent pas une grande
productivité. Aussi, elles ne sont pas respectueuses de
l'environnement.
Par exemples, à chaque saison, les paysans font des
feux tardifs de végétation, coupent ou incinèrent les
arbustes qui devraient reconstituer le couvert végétal. C'est
aussi le cas des labours dont leurs inconvénients résident dans
le fait qu'ils favorisent l'ablation du sol.
L'exploitation d'une terre devrait être soumise à
des normes qui permettent au paysan de tirer le maximum de profit sur le plan
du rendement et la conservation du sol.
3.2.3. Principales activités
Dans la localité de Nassian, l'agriculture et
l'élevage consacrent l'essentiel des activités des
populations.
63
3.2.3.1. Agriculture
L'agriculture représente la principale activité
avec une importance qui varie d'un secteur à un autre (Figure 11).
Figure 11: Etendue spatiale des
activités agricoles à Nassian (adapté de l'OIPR,
2013)
L'agriculture constitue la principale source de revenu des
populations et occupe plus de 90% de la population active. Elle est
dominée par les exploitations familiales de type traditionnel. C'est une
agriculture itinérante utilisant les outils archaïques et les feux
pour le défrichement des parcelles. Cette agriculture est dominée
par les cultures vivrières. Ainsi, trois zones (Faible, moyenne et
forte) se partagent la localité selon l'intensité des
activités agricoles. En effet, toutes les parties de la
sous-préfecture sont considérées comme étant de
fortes zones agricoles à l'exception des espaces qualifiés de
moyennes et faibles zones agricoles qui se rencontrent au sud et au centre de
la localité. Deux types de cultures, à savoir les cultures
vivrières et les cultures industrielles sont observées à
Nassian. D'année en année une augmentation des superficies
s'observe dans l'intensification de ces cultures comme on le verra plus bas.
64
Les cultures vivrières
Les cultures vivrières sont pratiquement identiques
à celles pratiquées partout sur le territoire ivoirien. Elle
porte sur les céréales (maïs, riz, haricot) et les
tubercules (manioc, igname etc.). Ces différentes cultures sont
associées à d'autres telles que les oléagineux (arachide)
et les potagers (piment, gombo, tomate). Les cultures vivrières sont
généralement pratiquées dans les grandes exploitations
familiales et selon les règles coutumières. Aujourd'hui avec
l'augmentation du nombre d'actifs agricoles, on assiste à
l'éclatement de ces grands ensembles en de petites exploitations
individuelles, grandes consommatrices de terre. La production vivrière
était pour la plupart autoconsommée. Mais aujourd'hui, les
paysans mettent en culture de vastes espaces afin de pouvoir assurer la
consommation familiale et vendre l'excédent sur le marché local.
La figure suivante réalisée à partir des données du
tableau 1 en annexe 3 présente l'évolution de quelques cultures
vivrières dans le temps de certains producteurs encadrés par les
services déconcentrés car les chiffres inscrits dans le tableau
ne sont pas exhaustifs et sont en dessous de la réalité.
Superficie (en ha)
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
2011 2013 2014 2015 2016 2017
Années
Igname MaÏs
Figure 12: Evolution des superficies
emblavées pour le maïs et l'igname de 2011- 2017 (adapté
de la
DDA Nassian)
Parmi les produits qui sont consommés par les
producteurs, l'igname occupe la première place à la lecture de la
figure 12 car supportant mieux que les autres cultures les
irrégularités inter annuelles des pluies dans la localité.
C'est par excellence un tubercule alimentaire de la localité de Nassian.
Cette situation s'explique par le faite que l'igname est l'aliment de base des
populations autochtones de cette localité. Chaque année, de
nouvelles terres sont défrichées pour la culture de l'igname. Les
superficies emblavées pour l'igname sont passées de 2456 hectares
en 2011 à 3080 en 2017 soit un accroissement de 25,40% en six ans. Au
cours de la même période, la production passe de 15912 tonnes
à 47040 tonnes soit un accroissement de 195,62%.
65
Pour le manioc, les superficies consacrées à sa
culture ont baissé de 2011 à 2017. Elle passe de 3204 hectares
à 2136 hectares (Tableau 1 en annexe 3). Cette baisse s'explique par le
fait que, le manioc est surtout cultivé en association avec l'igname. Le
maïs et le riz sont souvent cultivés également en
association. On observe aussi une décroissance continue des surfaces
emblavées de maïs et les rendements ne répondent pas aux
normes requises pour les céréales. Ainsi, la production du
maïs a connu une décroissance assez spectaculaire entre 2011 et
2017 passant respectivement de 2249 tonnes à 250 tonnes (DDA, 2018).
Cette faiblesse de la production du maïs s'explique par une réponse
de plus en plus défavorable des différents sols à cette
culture. Elle s'explique également par le faite que le maïs n'est
pas un aliment de base des populations de cette localité.
Quant à la culture de riz, sa production est en forte
régression par manque de bas-fonds aménagés et par son
abandon progressive. Cette régression s'explique aussi par le manque de
nouvelles variétés de semence moins sensible aux aléas
climatiques. Les projets d'aménagements rizicoles des bas-fonds de
Nassian (10 ha) et Parhadi (8 ha) pourraient favoriser la production en riz.
Les cultures industrielles
L'agriculture industrielle porte prioritairement sur
l'anacarde, la cola et le palmier à huile. Ces cultures sont
intégrées dans une économie internationale de
marché. Les paysans apprécient les cultures de rente dans la
mesure où elles apportent l'argent nécessaire pour leur besoin.
Le palmier à huile (très risquée sur le plan
agro-climatique) est moins cultivé. L'anacardier (Anacardium
occidentale), de la famille des anacardiacées est la culture
industrielle la plus importante au regard des tonnages et des superficies
emblavées chaque année. C'est une plante qui demande peu de
soins, s'adapte à tous les climats et fructifie au bout de 2 à 3
ans.
Elle supporte les fortes chaleurs mais est sensible aux basses
températures. Cette culture, grande consommatrice d'espace a
enregistré de grands progrès depuis la dernière
décennie où elle domine entièrement le paysage agricole
réduisant, de ce fait, la disponibilité en terre cultivable au
détriment des cultures vivrières. L'évolution des
superficies consacrées à l'anacarde rend entièrement
compte de l'importance qu'a cette culture dans la zone rurale. En effet,
l'anacarde connaît aujourd'hui, un engouement extraordinaire
auprès des populations au point de s'accaparer les meilleures terres et
les grandes superficies, entrainant un profond bouleversement dans les
pratiques agricoles locales. Dans l'ensemble l'extension des surfaces
consacrées aux cultures commerciales est notable.
66
Cependant, l'anacarde étant la principale culture
commerciale, il importe de noter que, sa superficie ne cesse de grimper au
point de ne plus en resté des espaces cultivables d'ici quelques
années.
Pour la campagne 2016-2017, les nouvelles superficies
consacrées à la culture d'anacarde est de 7020 hectares pour une
production estimée à 5887 tonnes (Tableau 2 en annexe 3). Pendant
la même campagne, la superficie emblavée pour l'igname fait
environ la moitié de celle de l'anacarde et est estimée à
3080 hectares. Au niveau de la production, la culture d'igname a
enregistré 47040 tonnes et fait ainsi huit (8) fois la production
d'anacarde. Cette comparaison était nécessaire pour montrer que
l'anacarde est une nouvelle culture en pleine expansion dans cette
localité.
Commercialisation des produits
agricoles
La commercialisation des produits agricoles constitue la
principale source de revenu du paysan à Nassian. Le transport et les
stratégies commerciales sont deux facteurs importants dans le
système commercial qui lie les régions excédentaires aux
régions déficitaires. Ainsi le réseau routier constitue
l'élément primordial de l'accès aux différents
marchés.
Situé à 95 km de Bondoukou la
sous-préfecture de Nassian est d'accès difficile parce qu'elle
est enclavée. Toutes les voies ne sont pas bitumées et sont en
très mauvaise état de praticabilité surtout pendant les
saisons pluvieuses. De ce fait, certains villages importants du fait de leur
potentiel productif, sont isolés du reste du marché dès
les premières pluies. Ce réseau mal entretenu relie les
différents marchés de toute la sous-préfecture. En effet,
l'économie de la sous-préfecture se matérialise par un
réseau à deux niveaux d'organisation. Au premier niveau, se
trouvent de nombreux petits marchés d'impact villageois qui sont
largement informels ; où les échanges sont animés presque
exclusivement par les produits agricoles transformés pour
l'alimentation.
Aussi, les paysans font des ventes à bord champ ou
à domicile qui souffre de l'instabilité des prix. Au
deuxième niveau, viennent les coopératives (COPABO, SCOOPS.
CANAS, ...) pour l'achat de certaines cultures de rente comme l'anacarde. Mis
à part pour l'anacarde, le degré régional
d'intégration aux filières agro-industrielles reste donc encore
faible. Les produits les plus commercialisés sur les marchés
locaux sont surtout les vivriers. Ces produits maraîchers peuvent
être récoltés en contre-saison, ce qui les rend dans
certains cas plus intéressants que l'anacarde qui fournit des revenus
par hectare très inférieurs et parfois même des revenus par
journée de travail plus bas.
67
Le tableau suivant présente certains produits vivriers
commercialisés par quelques groupements informels avec leurs superficies
en 2016.
Tableau 10: Commercialisation de quelques
vivriers à Nassian en 2016 (adapté de PROVINA)
Production
|
Superficie (en ha)
|
Rendement (en t)
|
Vente (en t)
|
Prix en saison (F CFA/kg)
|
Valeur (F CFA)
|
Oignon
|
7
|
17, 449
|
12, 450
|
400
|
4 980 000
|
Manioc
|
11
|
16
|
10, 50
|
75
|
787 500
|
Maïs
|
37,25
|
60, 195
|
33, 952
|
150
|
5 092 800
|
Arachide
|
2
|
5, 040
|
3
|
200
|
600 000
|
La commercialisation de ces produits agricoles sur les
marchés permet de comprendre leur importance dans économie des
populations locales. En effet, suivant les informations du tableau ci-dessus,
la valorisation des vivriers pourraient améliorer les conditions de vie
des populations face à la fluctuation des coûts et au
problème d'achat que rencontre l'anacarde.
3.2.3.2. Elevage
A Nassian, l'élevage de case traditionnel de bovins,
d'ovins, caprins et volailles est largement répandu. Pendant la saison
sèche, les éleveurs nomades Peuhl en quête de
pâturage et de points d'eau, traversent la région avec leurs
troupeaux. Ces divers passages sont périodiquement à l'origine de
conflits en raison des dégâts causés aux cultures et des
taxes exigés par certains paysans qui ont des barrages dans leur
plantation. Comme ailleurs dans les régions de savane, des citadins,
cadres ou retraités, possèdent des petits troupeaux
confiés à des bergers Peuhl. Quelques améliorations sont
tentées en aviculture : lutte contre la peste aviaire,
amélioration de l'hygiène, introduction de reproducteurs
sélectionnés pour améliorer la productivité.
Le manque d'eau est un obstacle certain au
développement de l'élevage intensif. Egalement, l'élevage
de porc est une activité qui se pratique peu à peu dans la
région. Un développement de cette activité pourrait
aidée les populations à améliorer leurs conditions de
vie.
68
3.2.4. Milieu naturel soumis aux effets néfastes des
systèmes de production
3.2.4.1. Analyse de l'occupation du sol : un recul des
formations végétales naturelles
Les pratiques paysannes conduisent à la destruction non
seulement du couvert végétal mais également à la
destruction de la fertilité initiale des sols déjà
fragiles, donc à la perte de leur potentiel productif. Les agriculteurs
de Nassian dans la pratique des travaux agricoles exploitent les produits
ligneux sous différentes formes. En effet, il y a moins de trente (30)
ans, l'exploitation du couvert végétal pour l'agriculture
était encore négligeable. Mais avec l'accroissement de la
population et surtout l'arrivée de l'anacarde comme un espoir pour les
populations, ils se sont engagés dans l'exploitation abusive des
ressources forestières dans le but de développer cette culture
pour faire face à la pauvreté dont souffraient les
populations.
Au rythme actuel de la dégradation du couvert
végétal, les sols de Nassian ne tarderont pas à devenir
nus comme présente les résultats issus du traitement permettent
d'avoir une approche statistique de l'occupation du sol (Tableau 11). Cette
situation pourrait causer des problèmes environnementaux graves.
Tableau 11: Répartition des types
d'occupation du sol en 1998 et 2016 (classification des images Landsat TM,
1998 et ETM+, 2016)
|
Superficie 1998
|
Superficie 2016
|
Types d'occupation du sol
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
Forêt dense sèche
|
28519
|
23
|
22039
|
18
|
Forêt galerie
|
30696
|
26
|
21037
|
17
|
Savane arbustive
|
5975
|
5
|
4460
|
4
|
Savane herbeuse
|
21805
|
18
|
14603
|
12
|
Plan d'eau
|
14
|
0
|
5
|
0
|
Bas-fonds
|
5183
|
4
|
993
|
1
|
Habitat/ Sol nu
|
1174
|
1
|
5568
|
5
|
Culture/jachère
|
28125
|
23
|
52786
|
43
|
Total
|
121491
|
100
|
121491
|
100
|
69
En 1998 (Figure 13), la superficie occupée par les
formations végétales naturelles à Nassian est
dominée par les surfaces forestières qui couvrent environ 49 % de
l'espace total. Elle est plus importante que la savane qui avec 23 % de
couverture, ne se rencontre que dans certains secteurs de la localité.
Les espaces humanisés (cultures/jachère, habitats et sols nus)
occupent 24 % de l'espace.
Figure 13: Etat de l'occupation du sol en 1998
(USGS : image Landsat TM, 1998/ scène 196-054)
La situation a totalement changé en 2016 (Figure 14).
En effet, on constate une régression des formations
végétales naturelles (51%) au profit des surfaces
humanisées. Car on assiste à la reconquête de l'espace par
les activités humaines (48 %) qui ont doublé durant cette
période. Les formations végétales naturelles se
caractérisent par une forte régression des superficies soit 21%
de l'espace total. Cette situation traduit la pauvreté des sols
laissés en jachère d'une part et d'autre part de la destruction
des formations végétales naturelles par une population qui
s'accroît au fil des ans.
70
Figure 14: Etat de l'occupation du sol en 2016
(USGS : image Landsat ETM+, 2016/ scène 196-054)
3.2.4.2. Impact des activités agricoles sur le
milieu naturel
La pression humaine est très forte sur le paysage
naturel à Nassian. En effet, pour répondre à
l'accroissement démographique et pallier la pauvreté de la
localité, les surfaces cultivées s'étendent. On aboutit
ainsi à une diminution des formations végétales naturelles
au profil des activités agricoles donc une saturation de l'espace. A ce
stade de l'analyse des faits spatiaux, on peut constater que le risque
d'atteintes aux espaces naturels et à sa diversité
écologique, voire à son intégrité est important.
Car les défrichements pour la mise en culture des terres ôtent
toute la couverture végétale (herbacée et ligneux) et bien
souvent la croissance des cultures est trop faible pour assurer la protection
du sol contre l'érosion pluviale. Aussi, la pratique du labour
nécessite en effet, la destruction presque totale des ligneux
préexistants. Le tableau 12 résume les superficies
emblavées de la culture d'anacarde sur 3 ans de quelques agriculteurs
encadrés dans la sous-préfecture de Nassian.
71
Tableau 12: Superficies défrichées
pour la culture d'anacarde à Nassian de 2013 à 2015
(adapté de la DDA Nassian)
Année
|
|
|
|
Superficies défrichées pour la culture
d'anacarde
|
Nbre. de paysans
|
Formations
végétales défrichées
|
Superficie (en ha)
|
2013 2014 2015 Total
|
3202 3952 4702 11856
|
Végétation exploitée (forêt dense
sèche, savane herbeuse)
|
16113 21529 26945 64 587
|
L'examen du tableau ci-dessus appel à quelques
remarques.
Sur la période de 2013 à 2015 (soit en 3 ans),
les paysans ont défriché 64 587 hectares de formations
végétales naturelles, pour la seule culture d'anacarde. Une
projection sur l'ensemble des actifs agricoles de la sous-préfecture et
suivant le rythme de croissance, donne une idée sur la vitesse
d'exploitation des espaces naturels dans la localité. Il se crée
alors une situation de dégradation des ressources naturelles. C'est ce
qui justifie la nécessité de l'analyse des systèmes de
production agricole et pastorale afin d'apporter des approches de solution pour
leur amélioration. Pour y parvenir, il faut que les acteurs ;
responsables locaux et paysans soient informés des inquiétudes
qu'engendre l'accroissement de la population sur un territoire dont les
dimensions ne varient pas dans le temps et dont les ressources s'amenuisent de
jour en jour.
L'analyse diachronique de l'occupation du sol, permet de faire
une analyse multi dates couplée aux données cartographiques, pour
mettre en évidence l'évolution du couvert végétal
entre 1998 et 2016 dans la sous-préfecture de Nassian. L'analyse de la
situation montre une forte régression du couvert végétal
au profil des activités agricoles.
Si les activités agricoles impactent
énormément le couvert végétal, il est donc
important de noter qu'elles n'échappent pas aux conséquences des
changements du climat.
72
3.2.5. Perceptions des conséquences
environnementales des changements et variabilités climatiques
3.2.5.1. Conséquences sur les activités
agricoles
De façon générale, les changements
climatiques ont des conséquences néfastes sur toutes les
cultures. Mais ces conséquences diffèrent selon les
manifestations du facteur climatique considéré. Il importe
d'évaluer l'impact des modifications de ces facteurs climatiques sur les
activités agricoles dans la sous-préfecture de Nassian.
Les résultats du tableau 13 ci-dessous indiquent la
perception qu'ont les agriculteurs de l'impact du changement climatique sur la
culture vivrière et de rentes. La plupart des agriculteurs (94, 28%)
estiment que le changement climatique a un effet négatif sur la
production agricole par la baisse des rendements qu'il occasionne. En effet,
cette baisse drastique du rendement est due au manque d'eau des plantes, les
soumettant à un stress hydrique pendant la période la plus
critique de sa croissance. En outre, la quasi-totalité des populations
enquêtes ont souligné que les changements climatiques ont
occasionné la destruction de leurs cultures par les animaux sauvages.
Selon eux, avec l'assèchement du couvert végétal et des
cours eaux, les animaux n'ont plus d'autres solutions que de manger leurs
cultures dans lesquelles ils trouvent également de l'eau.
Tableau 13: Évaluation paysanne de
l'impact du changement climatique sur les activités agricoles
(enquête de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Fort impact négatif Impact négatif moyen
à
faible
|
Total opinion
|
Activités agricoles 132 (94,28%) 8
(5,71%) 140
Les agriculteurs estiment par ailleurs que les perturbations
d'ordre climatique n'impactent pas de la même manière les
différentes cultures. Pour le maïs par exemple (Figure 15), les
facteurs tels que manque d'eau, culture détruit par le vent,
retards/ruptures de pluie, attaques des insectes et bouleversement du
calendrier agricole ont été cités par au moins 66% des
enquêtés. Les indicateurs de changements comme température
trop forte, excès de pluie, apparition/recrudescence de certaines
maladies ont été perçus par 18 à 25% des
enquêtés.
Ces indicateurs induisent des pertes de rendement, de
récolte et favorisent également la mauvaise qualité des
récoltes.
73
En ce qui concerne la culture d'igname, les changements
climatiques entrainent de profondes modifications dans l'itinéraire
technique de la production. En effet, il ressort des résultats de la
figure 15 que pour plus de 70% des agriculteurs l'impact des perturbations
climatiques, notamment manque d'eau ; retard/ rupture de pluie,
température trop forte et bouleversement du calendrier agricole sont les
plus négatifs sur la culture de l'igname. Pour eux, ces impacts sont
à l'origine de certaines maladies sur les feuilles avec pour
conséquence, l'assèchement des feuilles mais également la
pourriture des ignames dans les buttes après quelques semaines de
végétation (Photo 1). Cette situation oblige d'ailleurs certains
paysans à déplacer cette culture vers les zones plus humides
(bas-fonds).
100
90
80
20
10
0
|
Manque d'eau
|
Culture détruit par le vent
|
Retard/ rupture de pluie
|
Températur e trop forte
|
Excès de pluie
|
Attaque des insectes
|
Apparition/ recrudesce nce de certaines maladies
|
Bouleverse ment du calendrier agricole
|
Maïs
|
90,6
|
82,7
|
79,3
|
18,6
|
20,1
|
66,1
|
25,6
|
68,9
|
Igname
|
95,3
|
33,6
|
85,9
|
77,6
|
14,3
|
41,8
|
8,6
|
70,7
|
70
60
50
40
30
Taux de perception (%J
Figure 15 : Évaluation paysanne de
l'impact du changement climatique sur la culture du maïs et de l'igname au
cours de la première saison culturale (enquête de terrain
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
74
Photo 1: Assèchement des feuilles et
tiges d'igname dû aux ruptures et aux manques d'eau
(Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Aussi, les changements climatiques ont entraîné
une sorte de pluie dans les installations des cultures, pluviométrie due
au décalage de la grande saison des pluies et aux concentrations des
pluies en une courte période.
3.2.5.2. Effets des changements climatiques sur les
animaux
Tout comme les cultures, les animaux subissent les effets des
variations climatiques actuelles. Les périodes de sécheresse
prolongée et de manifestation de vents violents ne sont pas sans
conséquences sur la santé animale (Encadre 3). Aussi, l'analyse
des données de terrain ont montré que les indicateurs de
changements climatiques tels que l'apparition et la recrudescence de certaines
maladies ont été perçus par 92,1% des
enquêtés.
Encadré 3: Propos d'un paysan des
conséquences du changement climatique sur les animaux (enquête
de terrain KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Les changements climatiques ont d'énormes
conséquences sur les animaux. Par exemple l'an dernier, il y a un
monsieur qui a perdu 30 boeufs à cause de la saison sèche qui
durait. Aussi le chef à a perdu 12 boeufs. Ils sont morts parce qu'il ne
gagnait pas des herbes a mangés et de l'eau à boire. On constate
également des maladies respiratoires à cause de la
poussière et d'autres maladies dues aux parasites dans les flaques d'eau
(peste, grippe aviaire, diarrhée...). Les chiens deviennent très
nerveux en période de saison sèche car on observe un peu partout
des morsures.
75
Comme l'ont remarqué les populations locales, la
recrudescence et l'apparition de certaines maladies (peste, grippe aviaire)
fragilise la santé des animaux d'élevage qui paient de lourds
tributs aux bouleversements climatiques. De plus, il ressort de
l'encadré que l'assèchement du couvert végétal et
des cours d'eau entrainent des difficultés de pâture et
l'alimentation en eau des animaux. Cette situation a pour corolaire, une baisse
de leur performance entrainant la disparition de certaines espèces
animale selon 69,7% des enquêtés.
3.2.5.3. Conséquences sur les conditions de vie
des populations
Les changements climatiques actuels perturbent
énormément les conditions de vie des populations locales qui se
fragilisent davantage.
Conséquences sur l'agriculture comme
activité économique
L'agriculture est pour 90% des populations, la principale
activité génératrice de revenu. Elle est de type pluvial
donc fortement touchée par les effets des changements climatiques. Les
conséquences en sont : les baisses de rendement, les mauvaises
qualités des produits de récolte entraînant une
dépréciation de leurs valeurs marchandes. Ce qui a pour
conséquence une baisse des revenus des agriculteurs.
A cela s'ajoute, la recrudescence de certaines maladies des
animaux d'élevage aggravant ainsi leur situation déjà
difficile. Cette baisse constante de revenu laisse un effet négatif sur
les conditions de vie des ménages ruraux et la pauvreté, loin de
diminuer, augmente. Cette situation de précarité dans laquelle
vivent ces ménages se manifestent de plusieurs manières au sein
de la famille : difficulté de consommation alimentaire, maintien
difficile des enfants à l'école, difficulté d'accès
aux services de santé, incapacité de s'offrir un cadre
décent d'habitation, etc.
Conséquences sur la santé et les
habitations des populations
Les changements climatiques ont également des
répercussions sur la santé des agriculteurs à Nassian. .
Ces répercussions se traduisent, selon 70 à 85 % des
enquêtés, par l'apparition et la recrudescence des maladies comme
le paludisme, l'ulcère de buruli, les infections respiratoires,
l'ulcère et les maladies diarrhéiques. Cela se justifie par le
fait que, les vecteurs de ces maladies sont favorisés par les facteurs
du climat ; vent pour les infections respiratoires et pluie pour le paludisme.
Les maladies diarrhéiques et l'ulcère de buruli sont
favorisés par la mauvaise qualité des eaux. En effet, plus 90%
des enquêtés n'ont pas accès à de l'eau potable et,
dans la situation d'une persistance de la sécheresse, les puits, points
de pompage d'eau et marres qui servent à l'approvisionnement en eau,
tarissent plus vite.
76
Ces populations déjà vulnérables sont
davantage exposées aux pluies torrentielles ou aux vents violents
destructeurs. Ainsi, 75 % des enquêtés ont observé ces
dernières années des dégâts dû fortes pluies
et aux vents violents sur les habitations. Ils ajoutent que, les
dégâts se manifestent par des démolissages et des
décoiffements des maisons.
3.2.5.4. Conséquences des changements
climatiques sur le milieu naturel
Les activités agricoles telles que nous venons de les
décrire précédemment laissent inévitablement des
conséquences sur le milieu naturel. S'il est vrai que ce milieu subit
déjà la pression humaine, les changements climatiques constituent
un nouvel élément qui vient en addition contribués
à l'aggravation de la situation générée par ces
facteurs déjà existants. Le milieu naturel n'étant pas
homogène, les conséquences sur le milieu varient en fonction des
unités de paysage et la vulnérabilité de chaque
unité de paysage dépend de son degré d'exposition aux
aléas climatiques. Les parcelles en haut des pentes s'assèchent
très rapidement en cas de rupture ou de retard de pluie et durant les
périodes de sécheresse, réduisant ainsi la
disponibilité en eau des plantes, les soumettant à un stress
hydrique et aboutissant à la baisse de la production fruitière
des ligneux sauvages et domestiques.
Cette situation entraine également la chute et/ou la
disparition de certaines espèces végétales selon 65% des
populations enquêtés (Tableau 14). Par ailleurs, sur ces
mêmes parcelles situées en haut de pente, les excès de
pluies n'entraînent pas de cas d'inondations car le sol étant
filtrant ou favorise l'écoulement des eaux de pluie. Mais la
conséquence remarquable est, selon la situation topographique de la
parcelle et le type de sol, l'érosion des terres accompagnée d'un
fort lessivage des éléments nutritifs du sol (ceux existant dans
le sol et ceux apportés sous forme de fumure minérale)
occasionnant non seulement l'appauvrissement de ces sols et un ensablement des
bas-fonds mais également la dégradation des pistes de desserte
rurales et l'effondrement des habitations selon 78% des enquêtés
(Tableau 14).
Le même phénomène s'observe avec les
unités de paysage en milieu de pente mais à un degré
moindre. Pour l'unité de paysage de bas de pente (plaine d'inondation et
bas-fonds) ce sont plutôt l'augmentation du niveau des eaux dans les bas
-fonds pendant les saisons pluvieuses qui occasionnent des dégâts
d'inondation précoces enregistrés sur certaines parcelles de
cultures (Photos 2). Les indicateurs de changements écologiques tels que
le recul de la nappe phréatique, la dégradation du couvert
végétal, le tarissement des marigots, l'appauvrissement du sol,
la dégradation des pistes et l'ensablement des bas-fonds ont
été cités par 46 à 100% des enquêtés
(Tableau 14).
Pour la plupart de ces populations, les excès de pluies
dues aux variations des changements climatiques en absence du couvert
végétal ont fortement accentué l'érosion des sols
dénudés.
Photo 2: Inondation temporaire d'unité de
paysage en bas de pente sur une parcelle de riz à Talahini
(Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre
2018)
Tableau 14: Perception paysanne des
conséquences des changements climatiques (enquête de terrain
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Perceptions paysannes des conséquences
environnementales négatives
|
Fréquences des réponses (%)
Oui Non
|
Total
|
Types de facteurs
|
Tarissement des marigots
|
100
|
00,00
|
100
|
Naturel
|
Recul de la nappe phréatique
|
67,90
|
32,10
|
100
|
Naturel
|
Erosion des terres
|
78,00
|
22,00
|
100
|
Naturel
|
Appauvrissement du sol
|
46,90
|
51,10
|
100
|
Naturel
|
Ensablement des bas-fonds
|
66,40
|
33,60
|
100
|
Naturel
|
Dégradation des pistes
|
97,20
|
2,80
|
100
|
Naturel
|
Extension des superficies dénudés
|
10,50
|
89,50
|
100
|
Naturel
|
Dégradation
|
53,60
|
46, 40
|
100
|
Naturel
|
Chute/dessèchement d'espèces ligneuses
|
72,30
|
27,70
|
100
|
Naturel
|
Baisse de la production fruitière des ligneux sauvages
et domestiques
|
83, 40
|
16,60
|
100
|
Naturel
|
Disparition de certaines espèces
végétales
|
65,00
|
35,00
|
100
|
Naturel
|
77
78
Le constat est bien net. Le changement climatique a des effets
négatifs sur le milieu naturel, les activités agricoles et le
quotidien des populations à Nassian. Pour faire face à ces
conséquences, ils ont développé des mesures variées
pour s'assurer un mieux-être et améliorer leurs conditions de
vie.
3.3. Stratégies de résilience: adaptation
des paysans aux changements et variabilités climatiques
Dans cette partie, il est question des stratégies
d'adaptation développées par les agriculteurs de Nassian pour
faire face aux évènements climatiques ces dernières
années en fonction des ressources dont ils disposent. En effet, ils ont
réagi devant la nouvelle donne climatique pour remodifier leur
savoir-faire afin de continuer à tirer de leur milieu l'essentiel de
leur subsistance. Ils ont développé diverses stratégies
basées sur leurs perceptions du climat dans la pratique agricole et
l'élevage des animaux. La diversification des sources de revenu est
également une composante des stratégies que développent
les populations locales pour assurer leur survie.
3.3.1. Stratégies développées dans la
pratique agricole
Les aléas du climat ont conduit les populations rurales
à développer une pluralité de réponses adaptatives
à partir de leurs connaissances endogènes. Les stratégies
notées sont de quatre ordres: celles basées sur la modification
du calendrier agricole et option culturale, celles basées sur
l'aménagement de l'espace cultivable, celles basées sur
l'utilisation des intrants et réduction du temps de travail et celles
basées sur l'imploration des dieux pour faire venir la pluie.
3.3.1.1. Modifications du calendrier agricole et des
options culturales
Dans la région de Nassian, le calendrier cultural a
connu d'importantes modifications voir une certaine évolution. En effet,
les paysans identifient les effets du changement climatique au fait que, par le
passé, les travaux de préparation des champs commençaient
tôt, dès le mois de novembre ou de décembre, suivis par le
défrichage en janvier février (77,6% des enquêtés).
Cette opération prenait fin avec la mise à feu des parcelles
défrichées.
Cette tradition culturale est aujourd'hui perturbée par
le retard du début des pluies et la quasi-disparition de
l'écosystème forestier. Ainsi, la préparation du sol et le
défrichement connaît un prolongement jusqu'à mi-avril, voir
la fin de ce mois, repoussant d'autant l'opération des semis.
Aussi, pour ne pas perdre, 67,1% des agriculteurs affirment
qu'ils font un deuxième défrichage dans le mois de septembre pour
faire des champs à contre saison (Photo 3).
Photo 3: Défrichage d'une parcelle en
septembre pour un deuxième champ d'igname (Cliché KOBENAN
K. Raphaël, septembre 2018)
En outre, afin de faire face à la récession
pluviométrique, les agriculteurs ont fait le choix d'adopter dans leur
système de cultures de nouvelles stratégies pour s'adapter et
réduire les risques climatiques (Tableau 15). A ces stratégies
endogènes, s'ajoutent celles des institutions de recherche et de
développement (semences améliorées).
Tableau 15: Stratégies d'adaptation
aux effets du changement climatique (enquête de terrain KOBENAN K.
Raphaël, septembre 2018)
Stratégies d'adaptation
|
Fréquences des réponses (%)
Oui Non Total
|
Origine
|
Changement de parcelle et/ou de culture
|
87,20
|
12,80
|
100
|
Endogène
|
Changement de technique agricole
|
39,30
|
60,70
|
100
|
Endogène
|
Déplacement de la date de semis
|
86,40
|
13,60
|
100
|
Endogène
|
Protection des jeunes plantes
|
10,00
|
90,00
|
100
|
Endogène
|
Re-labour
|
49,30
|
50,70
|
100
|
Endogène
|
Re-semis
|
52,10
|
47,90
|
100
|
Endogène
|
Utilisation de semences améliorées
|
73,60
|
26,40
|
100
|
Exogène
|
79
80
L'examen du tableau 15 montre que le changement de culture, le
déplacement de la date de semis, l'utilisation de semences
améliorés et le re-semis étaient les quatre
stratégies dont une exogènes occupant plus de la moitié de
l'ensemble des stratégies développées dans le cas de la
modification du calendrier agricole.
De plus, par crainte de voir mourir leurs semis et pour
éviter les opérations multiples de re-semage, les paysans
attendent désormais la saison effective des pluies qu'ils situent au
mois de mai au lieu d'avril. C'est le cas de l'igname, par exemple, qui pourrit
quand elle n'a pas un certain apport pluviométrique après
quelques semaines de végétation. A cette stratégie
s'ajoute la technique de paillage. Elle consiste à recouvrir les buttes
de résidus de récole ou de produits ligneux (Photo 4). Son
avantage est de permettre la protection des buttes contre le soleil et de
conserver l'humidité du sol par la réduction de
l'évaporation, l'amélioration de l'infiltration par
l'augmentation de l'activité biologique du sol.
Photo 4: Technique de paillage dans un champ
d'igname entre Talahini et Parhadi (Cliché KOBENAN K.
Raphaël, septembre 2018)
De même, les agriculteurs, pour faire face aux
changements climatiques associent plusieurs cultures sur une même
parcelle. Ce sont par exemple l'association de l'anacarde à l'igname et
au manioc. Son avantage réside dans le faite que les plantes
protègent les plantes ; c'est-à-dire de s'échanger divers
services (fertilisation, action répulsive sur les insectes et/ou les
mauvaises herbes) pour accroitre et diversifier leur production.
81
Enfin, il est a noté que, les cultures à cycle
long telles que certaines variétés de tubercules (ignames N'za,
bertai-bertai, térela, lorbrai et tamlagba) disparaissent
progressivement de l'activité agricole de la région au profil de
d'autres variétés comme l'igname (kpona), l'igname (florido),
l'igname pahinté et l'igname ANADER qui se révèlent
être plus adaptées au nouveau calendrier agricole (93,6% des
enquêtés).
L'accent est aussi mis sur les cultures à cycle plus
court et demandant des travaux agricoles plus hâtifs. Les
variétés de plantes cultivées les plus recherchées
sont celles qui exposent moins le paysan aux incertitudes des débuts de
saison pluvieuse ainsi qu'à ses interruptions brutales.
3.3.1.2. Aménagement de l'espace cultivable par
les paysans
La rareté de plus en plus prononcée de l'espace
cultivable, conduit à des tentatives de réorientation du
système de production vers l'intensification à travers
l'aménagement des bas-fonds, et des périmètres
irrigués en aval des retenues d'eau. C'est le cas des bas-fonds
aménagés pour la production rizicole dans la région de
Nassian, avec un appui de l'ANADER dont les rendements s'élèvent
à plus de 21 tonnes pour les 6 hectares de riz cultivé en 2017.
Il n'est donc pas rare d'observer que, dans la sous-préfecture, les
populations qui pratiquent traditionnellement la culture du riz sur les
plateaux, exploitent de plus en plus les bas de pentes et surtout les bas-fonds
(généralement humides) à des fins rizicoles (Photo 5).
Photo 5: Culture de riz dans un bas-fond
aménagé (Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre
2018)
82
Les bas-fonds et les points d'eau sont également
utilisés pour la production des cultures maraîchères
(tomate, choux, salade, oignon, etc.). Le recours à ces espaces permet
de réduire la dépendance de ces cultures vis-à-vis de la
pluviosité, grâce à l'irrigation à l'arrosoir.
Aussi, les produits maraîchers peuvent être récoltés
en contre-saison, ce qui les rend dans certains cas plus intéressants
que l'anacarde qui fournit des revenus par hectare très
inférieurs et parfois même des revenus par journée de
travail plus bas.
Au cours des enquêtes, l'observation de plusieurs
localités à Nassian, montre que les cultures pérennes
(igname, anacarde) occupent toujours les plateaux et les versants alors que les
rizières et les maraichères descendent progressivement vers les
bas-fonds humides. Le tableau 16 ci-dessous fait le point sur les
différents aménagements fait par les paysans avec leurs
proportions respectives. Mais ces aménagements sont encore nouveaux dans
la région car 66,4% des agriculteurs disent qu'ils ne réalisent
pas d'aménagement dans le cas de leurs activités agricoles.
Tableau 16: Types d'aménagement
realisé par les agriculteurs (enquête de terrain KOBENAN K.
Raphaël, septembre 2018)
Types d'aménagement
|
Fréquences relatives des réponses
(%)
Oui Non
|
Total
|
Valorisation des bas-fonds
|
20,40
|
79,60
|
100
|
Réalisation de drain
|
12,10
|
87,90
|
100
|
Arrosage des plantes
|
3,57
|
96,43
|
100
|
Irrigation
|
17,70
|
82,30
|
100
|
Aucun aménagement
|
66,40
|
33,60
|
100
|
Il ressort de ce tableau que les bas-fonds
aménagés sont exploités par plus de 20,40% des
agriculteurs enquêtés. L'irrigation arrive en deuxième
position avec une proportion de 17,70%, suivi de réalisation de drain
avec une proportion de 12,10% des paysans. Quant à l'arrosage des
plantes, il représente 3,57% des proportions paysannes
interrogés.
3.3.1.3. Utilisation des intrants et réduction
du temps de travail
Dans le nord-est, par exemple, pour faire face aux risques
climatiques, les paysans, en plus de la culture d'igname privilégient
les cultures de manioc, d'anacarde et de maïs pour lesquelles les
techniques de production se sont améliorées.
83
Ainsi, du fait du passage de la culture traditionnelle
à la culture mécanisée, on assiste d'année en
année à une augmentation considérable des superficies
cultivées. A Nassian, les superficies d'anacarde ont été
multipliées par 2 entre 2011 et 2015. Au nombre des causes de
l'augmentation des productions de l'anacarde, du manioc et de maïs, on
mentionne aussi l'utilisation croissante de produits phytosanitaires comme
«Kalah » appelé communément par les paysans, pour
pulvériser dans les plantations dans le but neutraliser et/tuer tous les
herbes (Photo 6). Après les semis et les grains ayant poussés,
les paysans utilisent d'autres types de produit qui ralentissent la croissance
des mauvaises herbes et donnent la force aux plants. Chaque type de champ
dispose de son produit. Les produits comme Elvextra, Erbextra, et Herbextra
sont utilisés par les paysans.
A ces stratégies, s'ajoutent l'utilisation croissante
de fertilisants industriels (engrais) dans le but de réduire la baisse
de rendement induit par les retards des pluies et le raccourcissement de la
durée des saisons pluvieuses. L'application de ces fertilisants
nécessitent un minimum de précaution en ce qui concerne leurs
usages et l'intérêt agronomique surtout si l'on considère
les cas où elles s'appliquent aux cultures légumineuses telles
que la tomate, le chou, etc.
Photo 6: Champ d'anacarde
pulvérisé avec des produits phytosanitaires à Longongara
(Cliché KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Pour l'échantillon de recherche, environ 68% des
agriculteurs appliquent ces stratégies exogènes vulgarisés
par les institutions de recherche et de développement du monde rural. Ce
qui leur permet non seulement de faciliter les travaux champêtres mais
également de réduire le temps de travail.
84
L'usage des fertilisants et la réduction du temps de
travail oblige les paysans à une diversification des activités
qui se traduit par le développement de d'autres activités
parallèles à la production agricole afin de faire face à
la baisse constante de rendement des culture et l'évolution sans cesse
croissante des incertitudes et risques climatiques.
3.3.1.4. Invocation des dieux
Elles se fondent sur organisation de rituels d'imploration du
pardon de Dieu pour faire revenir la pluie. Pour les 2/3 des paysans
enquêtés, le non-respect des pratiques ancestrales ont terni et
sali l'image ancestrale. Alors, la variabilité climatique est la
manifestation colérique des ancêtres. Cette situation entraine la
sécheresse et la baisse de leur production. Donc pour faire revenir la
pluie, ils implorent le pardon des ancêtres afin d'apaiser leur coeur
pour qu'ils donnent la pluie.
3.3.2. Diversification des activités
A Nassian, la diversification des activités
économiques est utilisée comme stratégie de
sécurisation des revenus par les paysans. Ainsi, certains ont
opté pour le commerce, l'élevage et l'orpaillage (Tableau 17).
D'autres se sont tournés vers de nouvelles cultures de rente comme le
tec, le bixa orellana ou roucou (Photo 7b), la cola et le palmier à
huile (Photo 7a) qui commencent à être une alternative
économique.
a b
Photo 7: Exemples de nouvelles cultures de
rente adoptée à Nassian (Cliché KOBENAN K.
Raphaël,
septembre 2018)
Aussi, pour contourner la faiblesse des revenus, mais aussi
leurs instabilités liées à la baisse des rendements de
l'anacarde, la solution trouvée par certains agriculteurs a
été de développer les cultures maraîchères
(Photo 8).
85
Photo 8: Exemple de cultures
maraichères adoptées (Cliché KOBENAN K. Raphaël,
septembre 2018)
Tableau 17: Types de nouvelles activités
développées par les agriculteurs (enquête de terrain
KOBENAN K. Raphaël, septembre 2018)
Types d'activité
|
Fréquences relatives des réponses
(%)
Oui Non Total
|
Commerce
|
43,50
|
56,50
|
100
|
Elevage
|
77,80
|
22,20
|
100
|
Orpaillage
|
2,14
|
97,86
|
100
|
Autre (s)
|
15,70
|
84,30
|
100
|
Aucune activité
|
48,60
|
51,40
|
100
|
Après lecture de ce tableau, il faut noter qu'environ
deux tiers des agriculteurs de l'échantillon ont développé
au moins une activité pour diversifier leur source de revenu. De ce
fait, le commerce cité dans 43,50 % des cas, l'élevage
cité dans 77,80 % des cas, et les activités comme la
maçonnerie, la menuiserie, la ferronnerie et la sculpture
représentent 15,70% des cas de diversification. Egalement, il est
important de noter que 48,60% des agriculteurs stipulent qu'ils ne pratiquent
aucune autre activité. Une dernière stratégie consiste de
la part des agriculteurs, compte tenu des aléas climatiques, à
abandonner les activités agricoles et à ne pratiquer que
l'activité d'orpaillage. Cette option extrême n'est
envisagée que par 2,14% des agriculteurs de l'échantillon.
86
3.3.3. Stratégies développées pour
l'élevage des animaux
Les pratiques anciennes d'élevage traditionnel n'ont
pas encore connu de modifications profondes. La forme de production
traditionnelle est basée sur le pâturage naturel qui était
disponible dans le passé (plus de 30 ans de cela). Actuellement les
éleveurs se plaignent de la rareté de plus en plus
préoccupante du pâturage lié à l'évolution
des conditions climatiques.
D'après les témoignages des
enquêtés (70%), la capacité de résilience du
pâturage était plus élevée qu'elle ne l'est
actuellement. Les plantes qui servaient de nourriture aux animaux avaient une
forte capacité de régénération naturelle, ce qui
n'est pas le cas actuellement. Il y a donc une diminution et surtout
irréversible des plantes à tel point que les transhumances sont
les formes de pratiques en cours actuellement, à la recherche de
meilleurs pâturages vers les zones plus humide.
Par ailleurs, pour limiter les cas de conflits
fréquents entre agriculteurs et éleveurs en raison des
dégâts perpétrés sur les cultures à cause de
la raréfaction des aires de pâture, la stabulation du
bétail est une technique que pratiquent les éleveurs. Cependant,
celle-ci est encore nouvelle et nécessite un investissement
supplémentaire dans la prise en charge des animaux surtout à
travers la vaccination, les compléments alimentaires ainsi que
l'alimentation en eau.
3.4. Discussions et recommandations pour une meilleure
valorisation des savoirs locaux
3.4.1. Discussions
3.4.1.1. Perceptions paysannes du changement
climatique
Les agriculteurs mettent en exergue plusieurs perceptions du
changement climatique. En effet, plus de 60% des agriculteurs de chaque village
enquêté ont perçu les changements pluviométriques
à travers les indicateurs tels que « la baisse de la
pluviosité », « les poches de sécheresse», «
le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse », «
rupture des pluies».
Ces observations corroborent les résultats de
recherches scientifiques telles que celles de Doumbia et al (2013), Beavogui
(2012), Bambara et al. (2013), Agossou (2008), Codjia (2009), Gnanglè et
al. (2009) menées dans la zone sahélienne africaine et relative
aux perceptions paysannes des indicateurs de changements
pluviométriques.
87
Les études de Pierre et al (2012) au Sud-est du Benin
ont montré également que plus de la moitié des
agriculteurs ont perçu le changement climatique à travers la
diminution du nombre de jours de pluies, l'occurrence des pluies violents et le
démarrage tardif des pluies. Ces résultats s'inscrivent dans le
même ordre d'idée que ceux des agriculteurs de la localité
étudiée.
L'analyse des résultats de l'enquête montre que
les taux de perceptions pour l'augmentation de la température et la
violence du vent font unanimités au sein des agriculteurs. En effet, les
agriculteurs se souviennent des phénomènes climatiques tels que
la hausse de température et la violence du vent qui entraînent de
nombreux dégâts matériels : décoiffement des
toitures, démolissage des murs, destruction des cultures,
déracinement des arbres, plasmolyse et flétrissement des
cultures, etc. Des taux de perception similaires pour les hausses de
température et la violence du vent ont été
rapportés par Ouédraogo et al., (2010) au Burkina Faso, par
Agossou et al., (2012) et Gnanglè et al., (2012) au Bénin.
3.4.1.2. Perceptions paysannes des causes du changement
climatique
En Côte d'Ivoire, les causes de la variabilité
climatique est la manifestation colérique des aïeux. C'est à
dire que les populations attribuent cette variation au non-respect des
pratiques ancestrales qui provoque la colère des dieux.
Brou et al., (2005), Haxaire, (2002) et Boko et al (2016) ont
révélé le non-respect des règles divines comme
perception du changement climatique à travers la pratique de relations
sexuelles discrètes en brousse, la profanation des lieux sacrés,
les fétiches, les crimes, les interdits liés à la nature,
etc. Les mêmes observations sont faites par les agriculteurs à
Nassian.
3.4.1.3. Perceptions paysannes des conséquences
du changement climatique
Plus d'une dizaine de conséquences dues essentiellement
à la baisse de la pluviométrie ont été
énumérés par les agriculteurs dans le site
étudié. Ce sont par exemple l'assèchement des cours d'eau,
disparition de certaines espèces végétales, le recul de la
nappe phréatique, la dégradation du couvert
végétal, la baisse de la production fruitière des ligneux
sauvages et domestiques, le dessèchement et/ou chute d'espèces
ligneuses, la baisse des rendements agricoles, apparition de certaines
maladies, etc.
Selon Heinrigs et al. (2006) et Weisrock (2006) ces
changements dans les paysages sahéliens semblent liés au
processus historique d'aridification du climat lié sans doute au
réchauffement global.
88
Le raccourcissement de la durée de la saison pluvieuse
empêche la croissance normale des cultures, car elle influence le
développement de la plante à n'importe quelle phase de celle-ci,
depuis les premiers stades de la culture jusqu'à la récolte
finale (Doumbia, 2013).
Les conséquences de l'excès des pluies
entrainent l'érosion des sols et la dégradation des pistes. Dans
les bas-fonds, elles occasionnent des inondations temporaires des parcelles de
cultures (Agossou, 2008). Les poches de sécheresse provoquent le
vieillissement des plantes, l'assèchement des sols et des plantes
situés en haut et milieu de pente. Toutefois, à ces causes
climatiques de dégradation de l'environnement, il faut ajouter les
causes liées aux activités anthropiques. Selon le World
Rainforest Movement (2008), Le déboisement est causé à 90%
par les pratiques agricoles non durables, tandis que l'exploitation et la
plantation forestière contribuent surtout à la dégradation
des forêts.
Des pratiques paysannes telles que les feux de brousse, le
déboisement, l'agriculture itinérante sur brulis, la
déforestation et le surpâturage contribuent plus ou moins
rapidement à la dégradation des couvertures
végétales favorisant l'effet de serre par la libération de
CH4 (élevage, riziculture) et de CO2 (déstockage du carbone des
sols à cause de certaines pratiques agricoles ou du changement
d'utilisation des sols) dans l'atmosphère (Vandaele et al, 2010).
3.4.1.4. Stratégies d'adaptation face aux
changements et variabilités climatiques
Conscients de la réalité du changement
climatique, les agriculteurs ont développé diverses
stratégies d'adaptation qui vont de l'observation d'un nouveau
calendrier agricole par la pratique des semis tardifs en utilisant des
variétés de cycle moyen à court, à l'abandon pure
et simple de certaines variétés de culture en passant par la
diversification des activités. La même remarque a
été faite par Doumbia et al., (2013) qui ont montrer que
l'ampleur des aléas climatiques avec le risque élevé de
rendement faible sur le riz pluvial emmène certains riziculteurs
à abandonner la culture. Aussi, des méthodes
d'amélioration de la fertilité des sols, le choix des
variétés plus résistantes à la sécheresse et
le développement des cultures irriguées, le changement de
parcelle, les re-semis, l'utilisation des intrants, déplacement des
dates de semis, l'utilisation des semences améliorées, à
la valorisation des bas-fonds sont entre autres les stratégies
utilisées par les agriculteurs de Nassian pour faire face aux
changements climatiques. Ceci vient confirmer l'assertion de Brou et al. (2007)
selon laquelle les paysans adoptent de nouvelles pratiques agricoles et de
nouvelles formes de mise en valeur : utilisation de ressources foncières
autrefois délaissées, notamment des bas-fonds, extension de
certaines cultures et adoption de nouvelles variétés moins
sensibles aux aléas climatiques, etc.
89
Les paysans en Côte d'Ivoire organisent également
de rituels d'imploration du pardon de Dieu pour faire revenir la pluie (Brou et
al., 2005). Cette stratégie a été élucidée
à travers cette étude. Les mêmes résultats ont
été trouvés par Haxaire, (2002), en pays Gouro où
les populations locales ont développé des stratégies
fondées sur des pratiques rituelles et culturelles pour apaiser la
colère des Dieux manquant de rationalité scientifique et qui ne
peuvent pas être ignorées.
Dans le cadre de la diversification des activités
économiques, certaines populations pratiquent le commerce et
l'élevage (Agossou, 2008). D'autres se sont tournés vers de
nouvelles cultures de rente (palmier à huile, le roucou),
vivrière et maraichère (manioc, oignon, gombo, etc...) (Brou,
2005 ; Doumbia, 2013). Les mêmes résultats ont été
trouvés dans cette recherche.
Ainsi, l'adaptation au changement climatique ressort de la
traduction des perceptions du changement climatique en des décisions
agricoles (Bryant et al., 2000). Cette assertion est vérifiée
dans cette étude puisque les producteurs de la zone
d'étudiée mettent au point des stratégies d'adaptation
à partir de leurs perceptions sur le changement climatique.
3.4.2. Recommandations pour une meilleure valorisation des
savoirs locaux.
La promotion et la valorisation des savoirs locaux telle que
l'envisage la présente recherche passe par l'implication de plusieurs
acteurs notamment les chercheurs, les populations rurales, les organisations
paysannes, les Organisations Non Gouvernementales, les collectivités
territoriales et les services techniques déconcentrés de l'Etat
qui oeuvrent dans le cadre du développement. Cette valorisation, si elle
s'appuie sur les expériences des populations en matière de
changements climatiques, pourrait contribuer énormément à
l'amélioration de leur capacité d'adaptation et de
résilience.
Cependant, il est nécessaire de renforcer les
capacités des services techniques en ressources humaines, en
compétences et en matière de changement climatique pour
accompagner davantage les agriculteurs dans leur capacité de
résilience. Cela passe par une formation des paysans en langue locale en
prenant en compte les connaissances traditionnelles à travers
l'élaboration d'un nouveau calendrier prévisionnel de semis
basé sur la collecte et la transmission des données
météorologiques, hydrologiques, agronomiques et phytosanitaires
plus adapter aux conditions climatiques actuelles.
90
Dans la sous-préfecture de Nassian, par exemple, tous
les villages ne bénéficient pas de l'assistance d'agents
techniques d'agriculture sur place. Certains villages comme Wassidé ne
reçoivent plus l'assistance des agents techniques depuis plusieurs
années.
Des initiatives sont déjà prises par le GIZ avec
l'ONG Chigata (Femme et développement) pour la production de l'oignon
pluviale. Ce projet est financé par la Banque mondiale pour accompagner
les populations locales à une diversification de leurs activités
mais également pour la gestion du Parc National de la Comoé. Sur
cet acquis, il serait indiqué de procéder à une mise
à jour des documents portant sur le changement climatique publié
en Côte d'Ivoire en y intégrant les savoirs locaux et les
possibilités de leurs améliorations. Mieux, les sessions de
formation devront être élargies aux agents techniques des autres
ministères, notamment les ressources animales et l'environnement. Il est
bien établi que tous les acteurs (chercheurs, décideurs
politiques et partenaire) s'accordent sur le rôle important des savoirs
locaux dans le paradigme de développement du secteur agricole (Dipama,
2016).
En outre, l'accompagnement des agriculteurs
financièrement et dans le développement d'une agriculture
mécanisée promouvant l'utilisation de charrues ou de tracteurs
pourront leur permettre de tenir dans le temps de l'installation des cultures,
devenu désormais court. Aussi, la vulgarisation des systèmes
d'agroforesterie pourront permettre aux agriculteurs de pouvoir limiter les
dégâts observés sur les cultures et l'amenuisement de leur
revenu. La sensibilisation à collaboration entre agriculteurs peut
permettre au partage des expériences d'adaptation dans le but de
réduire les risques climatiques.
Enfin, convient-il de mettre en place une véritable
stratégie de communication sur la portée des approches
endogènes en matière de gestion des ressources naturelles afin de
s'assurer que les messages pourront atteindre les cibles désignés
(Dipama, 2016). Il existe déjà sur le terrain plusieurs canaux de
diffusion et de relais de l'information (media locaux, groupements de
producteurs). Mais il revient surtout à l'Etat ivoirien de prendre en
compte les savoirs locaux dans la définition de ses politiques et
programmes de développement du secteur agricole.
91
CONCLUSION
La présente recherche réalisée dans le
cadre du programme CEA-CCBAD s'intitule : «Activités agricoles et
perceptions des populations de Nassian face aux changements et
variabilités climatiques» et fait suite aux travaux
réalisés au Bénin (Agossou, 2008 ; Codjia, 2009) et en
Côte d'Ivoire (Doumbia et al., 2013 ; Boko et al., 2016). Elle a eu pour
objectif d'analyser la perception des changements et variabilités
climatiques vécus par les populations rurales dans leurs pratiques
agricoles à Nassian. La synthèse des principaux résultats
obtenus ont permis d'atteindre les objectifs spécifiques fixés.
Aussi, des recommandations ont été faites à l'endroit des
différents acteurs du développement local. Fort d'une
méthodologie éprouvée dans plusieurs études
précédentes (Analyse statistique), ce travail a été
structuré en trois parties.
Premièrement, le travail fait le point des perceptions
paysannes des changements et variabilités climatiques et confronte ces
perceptions à celles des personnes ressources et des tendances
générées par les données climatiques
collectées dans les stations synoptiques et pluviométriques.
L'analyse des perceptions paysannes révèlent que le changement
climatique se perçoit à travers l'appréciation du total
pluviométrique, sa répartition, la température et le vent
comparativement à la situation de 25 à 30 ans auparavant. Ces
perceptions varient suivant les niveaux de prospérité et les
classes d'âge. L'analyse des perceptions des personnes ressources, des
tendances thermométriques et pluviométriques aboutissent aux
mêmes conclusions que celles des populations locales.
Deuxièmement, la description des causes et
conséquences des changements et variabilités climatiques a
décelé que la conception paysanne de ces évènements
est homogène. Toutes les causes (déforestation, relation sexuelle
en brousse, profanation des lieux sacrés, etc...) évoquées
par les agriculteurs font l'unanimité au sein des communautés
rurales. Cependant, ces causes identifiées montrent clairement que les
agriculteurs ont une connaissance partielle du phénomène car
l'une des causes non évoquée, mais qui demeure la cause
scientifique est l'émission des gaz à effet de serre.
Au niveau des conséquences des changements climatiques
sur les activités agricoles, le milieu physique et le cadre de vie des
agriculteurs, les analyses ont montré que les cultures, les sols et le
couvert végétal sont fortement impactés par les
modifications climatiques du milieu local. Sur la santé humaine, des cas
de recrudescences de certaines maladies sont également
enregistrées avec les changements climatiques actuels.
92
Il s'agit des maladies telles que le paludisme, les maladies
diarrhéiques, les infections respiratoires ainsi que l'ulcère de
buruli qui sont le plus souvent observées chez les enfants et les
personnes âgés.
Dans le domaine de l'élevage, les conséquences
des changements climatiques se manifestent essentiellement par l'apparition et
la recrudescence de certaines maladies notamment la peste, la grippe et les
maladies parasitaires.
Troisièmement, l'identification des stratégies
d'adaptation a permis de répertorier différentes mesures
développées par les agriculteurs pour faire face aux changements
en cours. Dans la pratique agricole, il s'agit de la pratique de semis tardifs
et contre saison avec utilisation de variétés de cycle court,
l'abandon et l'adoption de certaines variétés cultures, la
valorisation des bas-fonds et l'utilisation des intrants. Aussi, les
agriculteurs développent des mesures basées sur invocation des
dieux consistant surtout à la provocation de la pluie face à la
poche de sécheresse. Par conséquent, ces stratégies
méritent d'être testées au plan scientifique afin
d'évaluer leur performance. Ainsi, une fois confirmées et
révélées efficaces, elles peuvent contribuer à la
réduction de la vulnérabilité, à l'adaptation des
sociétés et des écosystèmes aux changements
climatiques.
D'autres mesures mises en oeuvre concernent non seulement la
diversification des cultures en adoptant des espèces résistant
aux aléas climatiques, mais aussi la diversification à travers
les activités comme le commerce, l'élevage, etc.
Enfin, des stratégies ont été
également développées par les agriculteurs dans le domaine
de l'élevage. Elles concernent la vaccination, la stabulation et la
transhumance.
A l'issue de cette recherche, l'aspect socio-économique
qui prendra en compte l'évaluation de la durabilité des
stratégies développées par les agriculteurs pourrait aussi
servir de piste pour de nouvelles recherches.
93
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102
ANNEXES
Annexe 1: Guide d'entretien
Groupe cible : Institutions intervenant
dans le secteur agricole (Responsables des coopératives, ANADER, chefs
de village ou de terre...).
Bonjour/bonsoir à toute l'assemblée. Merci
d'avoir répondu présents à notre invitation. Je
m'appelle... et je suis étudiant en fin de formation dans le domaine de
la climatologie à l'Université Félix Houphouët
Boigny. Ma présence parmi vous se justifie par la volonté de
consacrer mes recherches à la compréhension des changements
climatiques dans votre localité et comment ces changements affectent vos
activités agricoles. Je dois vous avouer que je n'ai pas encore une
maîtrise de votre langue, ce qui justifie la présence d'un fils de
votre localité, à mes côtés, pour me servir de guide
et d'interprète. Je veux respectueusement solliciter votre accord pour
l'enregistrement de la présente séance. Je vous remercie d'avance
pour votre compréhension.
I. PERCEPTIONS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Selon vos observations, quelles sont les modifications au niveau
de la pluviométrie ?
Quels sont les mois où il pleut le plus et cela dure
combien de temps?
Pouvez-vous comparer les pluies de maintenant à celles
d'avant ?
Pensez-vous qu'il est possible d'agir pour qu'il pleuve ?
Si oui, comment ?
Avez-vous constaté un changement au niveau de la
température, du vent et de l'ensoleillement?
Fait-il plus chaud ou plus froid et cela dure combien de temps
?
Avez-vous connu de sécheresses, d'inondations, de grands
vents, de fortes chaleurs, quelles sont
les années et comment sont-ils intervenus ?
Ont-elles duré combien de temps ?
Parmi ces événements, lesquels vous-ont le plus
marqué et comment ?
II. LES CAUSES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Vous venez de m'entretenir sur les changements climatiques que
vous constatez dans votre localité, quelles sont selon vous les origines
de ces changements climatiques ? (Recueillir l'avis des vieux, des jeunes,
des femmes, des migrants)
III. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE
MILIEU
Dans votre localité, quelles sont les conséquences
de ces événements climatiques sur :
- le sol et l'eau?
- la végétation ?
- les habitations ?
IV. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LES
ACTIVITES
AGRICOLES.
Quelles sont les conséquences des changements climatiques
sur :
- les activités agricoles ?
- les cultures ?
- les animaux d'élevage ?
V. ACTIVITES AGICOLES
Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des
travails champêtres par le passé ?
Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des
travails champêtres actuellement ?
Quelles sont les cultures pratiquées dans votre
localité par le passé et actuellement ?
Y'a-t-il de nouvelles cultures que vous pratiquées ?
Si oui, pourquoi ?
Avez-vous une idée des superficies cultivées ?
Faites-vous la mise en culture avant la pluie ou après la
pluie ?
Cultivez-vous sur les sommets, les versants ou dans les
bas-fonds ?
Pourquoi cultivez-vous à ces endroits et pas ailleurs ?
Quelles difficultés rencontrez-vous dans l'exercice de
vos activités agricoles ?
VI. STRATEGIES D'ADAPTATIONS AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUE
Aux vues de toutes ces conséquences que vous avez
exposées, dites-moi quelles sont les stratégies que vous
développez pour y faire face dans :
1- la pratique des activités agricoles ?
2- l'élevage des animaux ?
Mot de remerciement
Je vous remercie pour votre collaboration. Nous sommes
pratiquement à la fin de notre entretien. Je voudrais vous laisser la
parole si vous désirez revenir sur certains aspects de notre entretien.
Je vous remercie une fois encore d'avoir répondu présents
à mon invitation.
Annexe 2: Questionnaire
PERCEPTIONS DES POPULATIONS FACE AUX CHANGEMENTS ET
VARIABILITES CLIMATIQUES ET ACTIVITES AGRICOLES DANS LA REGION DE NASSIAN
/
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/
__
Numéro du questionnaire : /__
__
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|
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|
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|
Date de l'enquête : /__
__
Lieu de l'enquête :
N°
|
Questions
|
Modalités
|
Réponses
|
1. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE
|
Q1
|
Sexe
|
1.Masculin 2. Féminin
|
/__/
|
Q2
|
Age
|
1. 15-40 ans 4. Plus de 40 ans
|
/__/
|
Q3
|
Profession
|
1. Agriculteur 2. Eleveur
3. Agro-éleveur
|
/__/
|
2. PERCEPTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
|
A. Pour la pluviométrie
|
Q4
|
Quelle est la tendance des pluies ces 30 dernières
années ?
|
1. Plus de pluie
2. Moins de pluie
3. Pas de changement
4. Ne sais pas
|
/__/
|
Q5
|
Comment se présente les saisons de pluies ?
|
1. Plus longue 2. Plus courte
3. Plus tardive 4. Plus précoce
5. Pas de changement
6. Ne sais pas
|
/__/
|
|
Q6
|
En quel mois la saison des pluies démarraient-elle il y a
30 ans ?
|
1. Février 2. Mars 3. Avril
4. Mai 5. Ne sais pas 7. Autre
|
/__/
|
Q7
|
En quel mois démarre-t-elle actuellement ?
|
1. Février 2. Mars 3. Avril
4. Mai 5. Ne sais pas 7. Autre
|
/__/
|
Q8
|
En quel mois la saison des pluies prenait-elle fin il y a 30
ans
|
1. Septembre 2. Octobre
3. Novembre 4. Décembre
5. Ne sais pas 7. Autre
|
/__/
|
Q9
|
En quel mois prend-elle fin actuellement ?
|
1. Septembre 2. Octobre
3. Novembre 4. Décembre
5. Ne sais pas 7. Autre
|
/__/
|
Q10
|
Comment se présente les saisons sèches ?
|
1. Plus longue 2. Plus courte
3. Plus tardive 4. Plus précoce
5. Pas de changement
6. Ne sais pas
|
/__/
|
Q11
|
Les nombres de jours de pluies
|
1. Augmentation
2. Diminution
3. Pas de changement
4. Ne sais pas
|
/__/
|
Q12
|
Les pluies ont tendance à être
|
1. Plus forte 2. Moins forte
3. Pas de changement
4. Ne sais pas
|
/__/
|
Q13
|
La répartition des pluies au cours de la saison
est-elle
|
1. Plus variable ?
2. Plus régulière ?
3. Pas de changement
4. Ne sais pas
|
/__/
|
Q14
|
Les poches de sècheresse sont-elles de plus en plus
fréquentes ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
B. Pour la température
|
Q15
|
Fait-il de plus en plus chaud ?
|
1. Oui 2. Non
|
/__/
|
Q16
|
Il y a-t-il plus de fraicheur en début de saison pluvieuse
?
|
1. Oui 2. Non
|
/__/
|
Q17
|
Fait-il de plus en plus froid la nuit au début de la
saison sèche ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
C. Pour le vent
|
Q18
|
Les vents sont-ils de plus en plus violents, ces 30 ans
dernières années ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q19
|
Il y a-t-il une augmentation des tourbillons en période de
vent?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q20
|
Il y a-t-il une fréquence de poussière en
période de vent ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q21
|
Il y a-t-il une apparition de tourbillons en saison pluvieuse
?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q22
|
Il y a-t-il un déplacement de la période
d'apparition de l'harmattan ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q23
|
Il y a-t-il un raccourcissement des délais de
l'harmattan ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q24
|
Il y a-t-il une variation de l'intensité de l'harmattan
d'une année à l'autre ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
D. Pour l'insolation
|
Q25
|
Il y a-t-il plus de soleil
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q26
|
Le nombre de jours ensoleillés est-il
|
1. Augmentation ?
2. Diminution,
3. Pas de changement
4. Ne sais pas
|
/__/
|
Q27
|
Le nombre de jours nuageux est-il
|
1. Augmentation ?
2. Diminution ?
3. Pas de changement
4. Ne sais pas
|
/__/
|
3. CAUSES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
|
Q28
|
Les causes des changements climatiques sont-elles liées
aux activités anthropiques ?
|
1. Feux de brousse
2. L'agriculture sur brulis
3. La déforestation
4. Utilisation du bois de chauffe
|
/__/
|
|
|
5. Industries/ engins motorisés
6. Autre
|
|
Q29
|
Les causes des changements climatiques sont-elles liées
aux croyances locales?
|
1. Pratique ancestrale
2. Relation sexuelle en brousse
3. Profanation des lieux sacrés
4. Crimes
5. Les fétiches
6. Autre
|
/__/
|
4. ACTIVITES AGRICOLES
|
A. L'agriculture
|
Q30
|
Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des travaux
champêtres par le passé ?
|
1. Novembre 2. Décembre
3. Janvier 4. Février 5. Mars
6. Ne sais pas 7. Autre
|
/__/
|
Q31
|
Dans quel mois commencez-vous les préparatifs des travaux
champêtres actuellement ?
|
1. Décembre 2. Janvier
3. Février 4. Mars 5. Avril
6. Ne sais pas 7. Autre
|
/__/
|
Q32
|
Quand faites-vous la mise en culture ?
|
1. Avant la pluie
2. Après la pluie
|
/__/
|
Q33
|
Quels sont les principales cultures que vous pratiquiez dans le
passé ?
|
1. Igname 2. Manioc
3. Maïs 4. Riz 5. Anacarde
6. Cultures maraichères
7. Palmier à huile 8. Autre
|
/__/
|
Q34
|
Quels sont les principales cultures que vous pratiquiez
actuellement?
|
1. Igname 2. Manioc
3. Maïs 4. Riz 5. Anacarde
6. Cultures maraichères
7. Palmier à huile 8. Autre
|
/__/
|
Q35
|
Quelles sont les superficies cultivées
|
1. Moins de 5 hectares
2. Plus de 5 hectares
|
/__/
|
Q36
|
Quel est lieu topographique des champs ?
|
1. Sommet
2. Versant
3. Bas-fonds
|
/__/
|
Q37
|
Pourquoi cultivez-vous à ces endroits ?
|
1. Condition climatique
2. La qualité des sols
3. Faible rendement
4. Autre
|
/__/
|
B. L'élevage
|
Q38
|
Quels sont les animaux que vous élevez ?
|
1. Bovin 2. Ovin
3. Caprin 4. Porcin
5. Volaille 6. Autre
|
/__/
|
5. CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
|
A. Impacts sur les éléments du système
de culture
|
Q39
|
L'impact du changement climatique sur les activités
agricoles sont-ils plus:
|
1. Fort ?
2. Faible ?
|
/__/
|
Q40
|
Les changements climatiques
entrainent-ils des baisses de rendement agricoles ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
Q41
|
Quelles sont les conséquences des changements climatiques
sur la culture du maïs ?
|
1. Manque d'eau
2. Culture détruit par le vent
3. Retard/ rupture de pluie
4. Température trop forte
5. Excès de pluie
6. Attaques des insectes
7. Apparition/recrudescence de certaines maladies
8. Bouleversement du calendrier agricole
|
/__/
|
Q42
|
Quelles sont les conséquences des changements climatiques
sur la culture d'igname ?
|
1. Manque d'eau
2. Culture détruit par le vent
3. Retard/ rupture de pluie
4. Température trop forte
5. Excès de pluie
6. Attaques des insectes
7. Apparition/recrudescence de certaines maladies
8. Bouleversement du calendrier agricole
|
/__/
|
B. Impacts sur les animaux
|
Q43
|
Quelles sont les problèmes causés par les
changements climatiques ces 30 dernières sur vos animaux ?
|
1. Apparition/recrudescence de certaines maladies
2. Disparition/raréfaction des espèces animales
|
/__/
|
C. conséquences sur les conditions de vie des
populations
|
Q44
|
Quelles sont les problèmes causés par les
changements climatiques ces 30 dernières sur votre santé?
|
1. Maladie diarrhéique
2. Infection respiratoire
3. Le paludisme
4. L'ulcère de buruli
5. Autre
|
/__/
|
Q45
|
Quelles sont les problèmes causés par les
changements climatiques ces 30 dernières sur vos activités
économiques ?
|
1. Baisse de revenu
2. Augmentation de revenu
|
/__/
|
Q46
|
Quelles sont les problèmes causés par les
changements climatiques ces 30 dernières sur l'approvisionnement en
eau?
|
1. Tarissement des marigots
2. Recul de la nappe phréatique
|
/__/
|
Q47
|
Quelles sont les problèmes causés par les
changements climatiques ces 30 dernières sur vos habitations ?
|
1. Décoiffement des toitures
2. Démolissage des murs
|
/__/
|
D. Impacts sur les ressources en eaux et les sols
|
Q48
|
Quelles sont les problèmes causés par les
changements climatiques ces 30 dernières sur les sols?
|
1. Erosion des terres
2. Appauvrissement du sol
3. Ensablement des bas-fonds
4. Dégradation des pistes
|
/__/
|
|
|
5. Extension des superficies dénudées
|
|
E. Impacts sur la végétation
|
Q49
|
Quel est l'état de la couverture végétale
?
|
1. Dégradation
2. Chute/ dessèchement d'espèces ligneuses
3. Baisse de la production fruitière des ligneux sauvages
et domestiques
4. Disparition de certaines espèces
végétales
|
/__/
|
6. STRATEGIES D'ADAPTATIONS AUX CHANGEMENTS
CLIMATIQUES
|
A. Stratégies pour la pratique des cultures
|
Q50
|
Abandonnez-vous certaines variétés d'igname ?
|
1. N'za 2. Bertai-bertai
3. Autre
|
/__/
|
Q51
|
Adoptez-vous de nouvelles variétés d'igname?
|
1. Igname (kpona )
2. Igname (florido) 3. Autre
|
/__/
|
Q52
|
Quelles stratégies avez-vous adopté pour faire face
aux changements climatiques 30 dernières années?
|
1. Re-semis
2. Utilisation des semences améliorées
3. Déplacement de la date de semis
4. Changement de parcelle et/ ou de culture
5. Protection des jeunes plantes
6. Re-labour
7. Changement de techniques agricoles
8. Imploration des dieux pour faire pour faire venir la pluie
|
/__/
|
B. Aménagement de l'espace cultivable comme
stratégie
|
Q53
|
Quel aménagement avez-vous faire pour lutter contre les
aléas climatiques ?
|
1. Valorisation des bas-fonds
2. Réalisation de drain
3. Irrigation
4. Arrosage des plantes
5. Aucun aménagement
|
/__/
|
C. Utilisation des intrants comme stratégie
|
Q54
|
Utilisez -vous les engrais ?
|
1. Oui 2. Non
|
/__/
|
Q55
|
Utilisez -vous les produits
phytosanitaires (Kalah, Herbextra...) ?
|
1. Oui
2. Non
|
/__/
|
D. Diversification des activités comme
stratégie
|
Q56
|
Développez- vous d'autres activités ?
|
1. Elevage 2. Commerce
3. Orpaillage 4. Autre
5. Aucune activité
|
/__/
|
E. Stratégies développées pour
l'élevage des animaux
|
Q57
|
Quelles stratégies avez-vous développées
pour l'élevage de vos animaux ?
|
1. Transhumance
2. Stabulation 3. Vaccination
|
/__/
|
Merci pour votre collaboration.
Sources : DDA.
Annexe 3: Tableaux de quelques cutures
vivrières, de rente et des organisations paysannes du Département
de Nassian
Tableau 1: Superficies et productions de
l'igname, du maïs et du manioc de 2011 à 2017
|
Igname
|
Maïs
|
Manioc
|
ANNEE
|
Superficie (en ha)
|
Production (en T)
|
Superficie (en ha)
|
Production (en T)
|
Superficie (en ha)
|
Production (en T)
|
2011
|
2456
|
15912
|
1368
|
2249
|
3204
|
19611
|
2012
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
ND
|
2013
|
3311
|
26172
|
ND
|
ND
|
4325
|
21627
|
2014
|
3311
|
26172
|
340
|
540
|
10
|
105
|
2015
|
2456
|
15912
|
166
|
250
|
ND
|
ND
|
2016
|
3311
|
52753
|
140
|
210
|
1500
|
9000
|
2017
|
3080
|
47040
|
166
|
250
|
2136
|
12816
|
Sources : ANADER Nassian et Rapport DDA. ND :
non disponible
Tableau 2: Superficies et productions d'anacarde
de 2011 à 2017
|
ANACARDE
|
ANNEE
|
Superficie (en ha)
|
Production (en T)
|
2011
|
16113
|
8583
|
2012
|
ND
|
ND
|
2013
|
16113
|
8583
|
2014
|
21529
|
2087
|
2015
|
26945
|
8238
|
2016
|
6120
|
8238
|
2017
|
7020
|
5887
|
Sources : ANADER Nassian et Rapport DDA. ND :
non disponible
Tableau 3 : Récapitulatif des
organisations paysannes du Département de Nassian
Sous-préfectures
|
Sociétés coopératives
|
Associations
|
Groupements informels
|
Total
|
Nassian
|
02
|
18
|
06
|
26
|
Kotouba
|
00
|
09
|
05
|
14
|
Sominassé
|
00
|
09
|
06
|
15
|
Total
|
02
|
36
|
17
|
55
|
REGION DU BOUNKANI REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Union-Discipline-Travail
DEPARTEMENT DE NASSIAN
PREFECTURE DE NASSIAN
Nassian, le 25 septembre 2018
CIRCULAIRE N°22QP-NAS/CAB
A
Messieurs :
Les Sous-préfets ;
Le Maire de la commune;
Le Directeur Départemental de l'Agriculture et du
Développement Rural ;
Le Directeur Départemental des Ressources Animales et
Halieutiques ;
Le Chef secteur OIPR
Le Chef de poste des Eaux et Forêts ;
Le Responsable de l'ANADER ;
Les Chefs de village ;
Les Chefs de terre ;
Les Responsables des coopératives agricoles,
de NASSIAN
Dans le cadre de sa formation, Monsieur KOBENAN Kadjo
Raphael, étudiant inscrit en 2è année de Master
de Géographie, option Climatologie, de l'Institut de
Géographie Tropicale (IGT) de l'Université Félix
Houphouët Boigny, fait des recherches sur le sujet suivant : «
PERCEPTIONS DES POPULATIONS FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET
ACTIVITES AGRICOLES DANS LA REGION DE NASSIAN», sous la direction
de Monsieur SANOGO Souleymane (Maitre-assistant) et sous la supervision de
Madame DIBI Kangah Pauline (Maître de conférences),
Par conséquent, je vous saurais gré des
dispositions que vous voudrez bien prendre en vue de lui réserver un
accueil chaleureux pour le succès de ses recherches.
·
.-
OMA Adjojennette Préfet Grade
I
|