O.INTRODUCTION
O.1 Problématique
Depuis décembre 2019, le monde a été
frappé par la pandémie de coronavirus (Covid-19) qui a fait son
apparition en chine et s'est ensuite diffusé à l'échelle
mondiale sur tous les continents. Cette pandémie de Covid-19 a
créé une crise sur tous les plans. Cette crise a entrainé
une forte réduction des échanges commerciaux et de fortes
variations des taux de change, mais une réduction limitée des
déficits et excédents des transactions courantes à
l'échelle mondiale. Les perspectives restent incertaines, car les
risquent de nouvelles vagues de contagion, d'inversion des flux de capitaux et
de nouvelle diminution des échanges internationaux se profilent toujours
à l'horizon(Martin & All, 2020).
Cette pandémie a perturbé l'activité
économique et la vie quotidienne normale dans le monde entier et plus
particulièrement en Afrique. En réponse à la
pandémie, de nombreux gouvernements à travers le monde ont pris
des mesures strictes pour prévenir l'épidémie, assurer le
bon fonctionnement du système de santé et protéger les
plus vulnérables. Toutefois, en raison de l'incertitude et de la
vulnérabilité accrue résultant des fermetures
d'entreprises, des restrictions de voyage et des mesures de confinement, les
impacts économiques à court terme sont loin d'être
négligeables en termes de baisse de la production, des investissements,
des revenus et, par conséquent, de hausse du chômage (Jules,
2020).
Du fait de ces pertes de revenus, dont pâtissent
majoritairement les ménages urbains, le nombre de personnes susceptibles
d'être touchées par l'insécurité alimentaire aigu
pourrait quasiment doubler, passant de 135 millions en 2019 à 265
millions, et plus de 30 pays pourraient connaître une famine d'ici
à la fin de l'année 2021(PAM, 2020) ;
Maintenant que les coûts économiques et sociaux
importants sont plus clairs, les gouvernements se tournent de plus en plus vers
un ensemble plus large de politiques et introduisent des mesures fiscales et de
protection sociale atténuantes, la contraction économique
provoquée par Covid-19 pourrait plonger 500 millions de personnes
supplémentaires (8 % de la population mondiale) dans la
pauvreté, compromettant ainsi 30 années d'amélioration
économique (UN-WIDER, 2020).
La baisse de la demande, liée à la perte de
revenus en temps de COVID-19, a une incidence plus grande sur
l'insécurité alimentaire que les difficultés
d'approvisionnement. En effet, l'une des grandes menaces qui pèsent sur
la demande est la potentielle perte généralisée de revenus
imputable aux mesures de confinement et à la maladie, qui
empêchent les personnes de se rendre au travail, ainsi que le
déclin de la part de la demande extérieure dans les exportations.
Ce phénomène sera responsable d'une diminution de 10,5 % du
nombre d'heures travaillées dans le monde par rapport au début de
l'année (OIT, 2020).
Les acteurs qui se trouvent en aval de la chaîne
d'approvisionnement rencontrent davantage de difficultés que ceux
chargés de la production. Les étapes qui suivent la production
ont généralement lieu dans des zones urbaines et
périurbaines avec une plus grande densité de population, et
présentent donc un plus grand risque d'infection et sont soumises
à des mesures gouvernementales limitant l'activité. Les
chaînes d'approvisionnement transitoires, notamment les petites et
moyennes entreprises informelles du secteur alimentaire qui sont d'avantage en
Afrique et en Asie, dépendent davantage des travailleurs que des
machines pour des activités telles que la transformation, le transport
et le stockage. La viabilité de ces entreprises est donc
particulièrement mise à mal par le confinement des travailleurs
(Reardon, 2020).
Les perturbations de l'approvisionnement et la constitution de
réserves font monter les prix des produits des premières
nécessités. Cette pression à la hausse, imputable aux
nombreuses difficultés rencontrées dans l'approvisionnement, se
produit alors même que les prix payés aux exploitants s'effondrent
pour certains produits. La tendance des consommateurs finaux à faire des
réserves pourrait contribuer à une envolée des prix des
denrées alimentaires(Swinnen, 2020).
Au-delà du ralentissement de l'économie
mondiale, les mesures de fermeture des frontières qui s'ajoutent aux
conflits armés, au réchauffement climatique et à la
fermeture des entreprises ainsi qu'aux restrictions des mouvements pour
contenir l'expansion du covid-19 pourraient avoir des effets
dévastateurs à la fois sur l'offre alimentaire mondiale et
l'accès à la nourriture dans les PED comme la RDC qui s'appuie
sur les importations pour combler le déficit de sa production
alimentaire et qui affiche des taux élevés de pauvreté
(63,4%), de chômage surtout des jeunes et un faible pouvoir d'achat : 4
ménages sur 10 ont une consommation alimentaire pauvre et
limitée(E-QUIBB, 2020).
De ce fait, la RDC qui comptait déjà environ 16
millions des personnes (17èmecycle IPC, 2019), qui souffrent de
l'insécurité alimentaire aiguë en 2019 et 6,6 millions
d'enfants qui souffrent de la malnutrition pourrait voir les chiffres des
personnes qui font face à la faim et à la malnutrition augmenter
sensiblement cette année, si des stratégies efficaces pour face
aux effets pervers du Covid-19 ne sont pas mis en place (ACSS, 2020).
Par ailleurs, dans la ville de Bukavu, on a
assisté à des spéculations abusives. Ainsi, des pratiques
commerciales emblématiques suivantes se sont fait ressortir:La hausse
des prix des denrées de première nécessité :
à titre d'exemple, les prix de la farine de maïs est passé
de 19$ à 24$ pour un sac de 25 kgs, ou encore le prix d'un sac de 25 kgs
des haricots qui est passé de 25$ à 30$. Le même constat
peut être fait pour le prix de l'huile palmiste dont un bidon de 20L qui
se négociait à 20$ est passé à 28$ et celui d'un
sac de 25 kgs de sucre est passé de 33$ à 38$ depuis que le
désastre du COVID-19 a frappé à la porte de la RDC. Toutes
ces augmentations ont eu lieu dans moins de 48 heures à dater de
l'annonce par le Chef de l'État des mesures de con?nement suivies de la fermeture des frontières,Une
discrimination par les quantités et une discrimination par les prix : on
a assisté au refus par les revendeurs de satisfaire les demandes de
consommateurs. Cela s'est observé lorsque, par exemple, un o?reur vend
un même bien à diférents prix selon que le consommateur est
un proche ou un inconnu, ou bien rationner la quantité à vendre
au consommateur en fonction des a?nités qui les unissent, ainsi de
stocks de sécurité a?n de vendre plus chers à la longue
lorsque la ville sera en pénurie de stock. Faisant cela, ces revendeurs
sont appelés « spéculateurs haussiers »(Bahala,
2020).
Au regard de ce qui précède, il y a tout lieu de
constater un dysfonctionnement du marché des biens et services. Selon
les fondements de la microéconomie, il est connu que les choix du
consommateur sont supposés obéir à une certaine
rationalité : obtenir le maximum de satisfaction sous la contrainte que
ses dépenses ne dépassent pas le revenu dont il dispose(Ridha,
2006).
Pour tout ce qui précède, la question
principalement à laquelle nous allons nous employer à
répondre tout au long de cette étude est la suivante :
Quels sont les facteurs qui expliquent le changement des
prix de denrées alimentaires pendant la covid-19 dans la commune
d'Ibanda?
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