UNIVERSITE DE PARAKOU
(UP)
FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE
(F.D.S.P)
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES ARMEES
(ENSA)
Master II Professionnel : Etudes
Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense
(ESSPD)
Analyse critique de la menace terroriste dans la
zonefrontalière Bénin-Burkina Faso-Togo
Présenté par :
Kocou Mano Hermann ATTUY
Sous la direction de :
Dr Eric DEWEDI
Maître de conférences agrégé des
facultés de droit
Dr Mathieu ADJAGBE (PhD, Ottawa)
Assistant des UNB en science politique et relations
internationales
Membre du jury :
Président : Prof ADAMOU Moctar, Maître de
conférences agrégé des facultés de droit
Rapporteur : Dr MOUMOUNI Guillaume, Ph.D. (Peking
University) UAC, FADSP Examinateur : Examinateur : Dr YAROU
Stéphane, assistant à la FDSP-UP
Soutenu le 25/10/2021
Mention : Bien
UNIVERSITE DE PARAKOU
(UP)
FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE
(F.D.S.P)
ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES ARMEES
(ENSA)
Master II Professionnel : Etudes
Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense
(ESSPD)
Analyse critique de la menace terroriste dans la
zonefrontalière Bénin-Burkina Faso-Togo
Présenté par :
Kocou Mano Hermann ATTUY
Sous la direction de :
Dr Eric DEWEDI
Maître de conférences agrégé des
facultés de droit
Dr Mathieu ADJAGBE (PhD, Ottawa)
Assistant des UNB en science politique et relations
internationales
Membre du jury :
Président : Prof ADAMOU Moctar, Maître de
conférences agrégé des facultés de droit
Rapporteur : Dr MOUMOUNI Guillaume, Ph.D. (Peking
University) UAC, FADSPExaminateur : Examinateur : Dr YAROU
Stéphane, assistant à la FDSP-UP
Soutenu le 25/10/2021
Mention : Bien
ANNEE ACADEMIQUE : 2020-2021
LA FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE ET L'ECOLE
NATIONALE SUPERIEURE DES ARMEES N'ENTENDENT DONNER AUCUNE APPROBATION, NI
IMPROBATION, AUX OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ETRE
CONSIDEREES COMME PROPRES A LEUR AUTEUR.
SOMMAIRE
Dedicaces
|
VI
|
Remerciements
|
VII
|
Sigles et
acronymes
|
IX
|
Résumé/Abstract
|
XI
|
Introduction
|
01
|
Première Partie : L'essor du
terrorisme dans la zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo.
|
19
|
Chapitre 1 : Les
facteurs qui favorisent le terrorisme dans la zone frontalière
Bénin-Burkina Faso-Togo
|
22
|
Chapitre 2 :Les effets du terrorisme sur
la population transfrontalière
|
29
|
Deuxième Partie :Une gouvernance
étatique sécuritaire perfectible
|
32
|
Chapitre 1 : La
gouvernance militaro-policière, politique, sociétale et
humaine
|
34
|
Chapitre
2 : Lesstratégies pour une lutte performante contre la menace
terroriste dans la zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo
|
44
|
Conclusion
|
52
|
Liste des figures
|
57
|
Liste des tableaux
|
57
|
Liste des photos
|
57
|
Bibliographie
|
58
|
Table des matières
|
62
|
Annexes
|
64
|
Dédicace
Ce travail est dédié à la mémoire
de ma mère, qui a attendu ce moment avec impatience et qui l'a
vécu mais sans pourvoir être parmi nous pour le fêter...
Maman, sans toi rien n'aurait était possible, je t'aime infiniment.
Remerciements
Le présent travail de recherche a été
possible grâce au concours fort appréciable des personnes qui
n'ont ménagé aucun effort pour sa réussite. Il y a lieu
pour moi d'exprimer ma profonde reconnaissance à l'endroit de :
Dr DEWEDI Eric,Maître de conférences
agrégé, enseignant-chercheur à la Faculté de Droit
et de Science Politique de l'Université de Parakou (FDSP-UP) qui a
accepté de diriger cette recherche malgré ses multiples
occupations ;
Dr ADAMOU Moctar, Maître de conférences
agrégé, Doyen de la Faculté de Droit et de Science
Politique de l'Université de Parakou, coordonnateur du Master
Professionnel Etudes Stratégiques, Sécurité et Politique
de Défense ;parsolennité sans lequel le master professionnel
ne pourrait avoir facilement jour ;
Dr KOUGNIAZONDE Coffi Christophe pour vos conseils et
contributions dans la conduite de cette recherche. Ses conseils et sa rigueur
méthodologique sont aussi le résultat de ce travail.
Dr ADJAGBE Mathieu, enseignant-chercheur à la
Faculté de Droit et de Science Politique de l'Université de
Parakou qui a sacrifié du temps et d'énergie à la
codirection de cette recherche malgré un agenda suffisamment
chargé ;
Je tiens à remercier le Chef d'État-Major
Général des Forces Armées Béninoises, le
Contre-Amiral AHO Patrick pour avoir eu l'heureuse initiative de créer
ce pôle d'excellence au profit de l'élite militaire, paramilitaire
et civile africaine ;
Je remercie également tous les enseignants de la
Faculté de Droit et de Science Politique de l'Université de
Parakou et les instructeurs de l'Ecole Nationale Supérieure des
Armées de Porto-Novo, notamment, ceux qui ont soutenu de leurs efforts
le programme du Master Professionnel Etudes Stratégiques,
Sécurité et Politique de Défense : il s'agit des
Professeurs, ARIFARI BAKO Nassirou, DJOGBENOU Joseph, BANGA Arthur, des
Docteurs, ATTOLOU MOUMOUNIGuillaume,ADJAGBE Mathieu, AUGE Axel, PADONOU Oswald,
AYOSORO Felix, HENROTIN Joseph, MOUDACHIROU Djibril, l'expert HOUNKPE
Régis, Colonel GBAGUIDI Fructueux ;
J'adresse mes profondes gratitudes non seulement à Mr
SACCA Lafia, alors Ministre de l'intérieur et de la
sécurité publique pour avoir autorisé cette recherche,
mais aussi au Contrôleur Général de Police YAYA A.
Soumaila, Directeur général de la Police républicaine pour
avoir accepté transmettre ma demande d'autorisation au Ministre de
l'intérieur et de la sécurité publique ;
J'exprime aussi mes sincères remerciements aux Maires
des communes frontalières telles que Boukoumbé, Cobly,
Matéri et Tanguiéta du département de l'Atacora pour leurs
hospitalités. Je ne manquerai pas aussi d'adresse à la
disponibilité dont a fait preuve Mr NAMBIMA Périmou
Séraphin, Maire de la commune de Cobly, à l'endroit de ma modeste
personne.
Mes mots de reconnaissance vont également à
l'endroit du Directeur Départemental de la Police Républicaine de
l'Atacora, le Commissaire Divisionnaire de Police LASSISI Alabi, aux
Commissaires et personnels des unités de la police républicaine
des communes frontalières du département de l'Atacora
(Boukoumbé, Cobly, Matéri et Tanguiéta) qui ont bien voulu
avec professionnalisme et une ouverture d'esprit, partager avec moi les
informations sur les thématiques objet de la recherche.Ce travail dont
les données qui, prises en compte et mises en application, servirait
d'une manière ou d'une autre à amoindrir leurs
difficultés, n'a pas été fait sans leur contribution
active.
A l'Inspecteur Général de Police à la
retraite GUIDIMEY Célestin Amêyi; au Général de
Brigade AMOUSSOU Laurent ; au Chef de Bataillon SOUNOUVOU Charles
commandant militaire à l'Assemblé nationale et au
Contrôleur Général de Police TOKPANOU Louis,
président de la Commission Nationale de Lutte Contre la Radicalisation,
l'Extrémisme Violent et le Terrorisme,au
CommissairePrincipaldePoliceOSSENIRaoufouA.CommandantlaquatrièmecompagnierépublicainedesécuritédePorto-Novo
ainsi qu'à mes proches tels que AGBESSI E. Wilfred, DEDEWANOU Vincent et
son épouse SEIDOU Foussena, AZANDEGBE Pascal, mes frères et soeur
ATTUY Paulin, ATTUY Brice, ATTUY Clarisse, ATTUY T. Jacques, ATTUY K. Johnny,
HOUNWANOU Julienne, HOUNWANOU Rosine, je témoigne ma gratitude
pour leurs contribution, soutien et conseil.
A ma chère épouse SEIDOU Assana et mes adorables
enfants Kim Esénam, Esthella Gbèdolo, Kennedy Yémalin
Olamidé, Habib Wanilo Prince ; vous êtes ma source
d'inspiration pour l'affection que vous me donnez au quotidien.
Enfin, j'exprime ma reconnaissance aux amis, parents et
collègues qui m'ont aidé de quelque manière que ce
soit.
Sigles et acronymes
|
ABBAP
|
: Académie Alioune Blondin Beye pour la Paix
|
ABeGIEF
|
: Agence Béninoise de Gestion Intégrée des
Espaces Frontaliers
|
AFDL
|
: Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo
|
ANPC
|
: Agence Nationale de la Protection Civile
|
APN
|
: African Parc Network
|
AQMI
|
: Al-Qaïda au Maghreb islamique
|
ATDA
|
: Agence Territoriale de Développement de l'Agriculture
|
AViGEF
|
: Association Villageoise de Gestion des Espaces Forestiers
|
CA
|
: Commissariat d'Arrondissement
|
CDSP
|
: Centre de Documentation de Sécurité Publique
|
CEDEAO
|
: Communauté Economique des États de l'Afrique de
l'Ouest
|
CHNLTIF
|
: Comité de Haut Niveau chargé de Lutte contre le
Terrorisme et l'Insécurité aux Frontières
|
CIA
|
: Central Intelligence Agency
|
CNDS
|
: Conseil National de Défense et de
Sécurité
|
CNLCPAL
|
: Commission Nationale de Lutte Contre la Prolifération
des Armes Légères
|
CNLREVT
|
: Commission Nationale de Lutte Contre la Radicalisation
l'Extrémisme Violent et le Terrorisme
|
CNR
|
: Conseil National du Renseignement
|
DDPR/A
|
: Direction Départementale de la Police
républicaine/Atacora
|
DGPR
|
: Direction générale de la Police
républicaine
|
DSP
|
: Direction de la Sécurité Publique
|
DSP
|
: Direction de la Statistique et de la Planification
|
EIGS
|
: État Islamique au Grand Sahara
|
ENSA
|
: Ecole Nationale Supérieure des Armées
|
ENSP
|
: Ecole Nationale Supérieure de Police
|
ESSPD
|
: Etudes Stratégiques Sécurité et Politique
de Défense
|
FAB
|
: Forces Armés Béninoises
|
FDS
|
: Force de Défense et de Sécurité
|
FDSP
|
: Faculté de Droit et de Science Politique
|
FIS
|
: Front Islamique du Salut
|
FLM
|
: Front de Libération du Macina
|
FRS
|
: Fondation pour la Recherche Stratégique
|
FP
|
: Fonctionnaire de Police
|
GA
|
: Groupe Armé
|
GAT
|
: Groupe Armé Terroriste
|
GPS
|
: Global Positioning System
|
GSIM
|
: Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans
|
GSM
|
: Global System Mobile
|
HDR
|
: High Dynamic Range
|
ICG
|
: International Grisis Group
|
INSAE
|
: Institut National de Statistique et d'Analyse Economique
|
MAEP
|
: Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche
|
MISP
|
: Ministère de l'Intérieur et de la
Sécurité Publique
|
MOOC
|
: Massive Open Online Course
|
OIM
|
: Organisation Internationale pour les Migrations
|
OLP
|
: Organisation de Libération de la Palestine
|
ONU
|
: Organisation des Nations Unies
|
OUA
|
: Organisation de l'Union Africaine
|
PDA
|
: Pôle de Développement de l'Agriculture
|
PNDEF
|
: Politique Nationale de Développement des Espaces
Frontaliers
|
PNUD
|
: Programme des Nations Unies pour le Développement
|
RGPH
|
: Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
RI
|
: Relations Internationales
|
SAP
|
: Système d'Alerte Précoce
|
SEPO
|
: Succès Echecs Potentialités Opportunités
|
SIG
|
: Système d'Information Géographique
|
SNU
|
: Système des Nations Unies
|
UA
|
: Union Africaine
|
UAC
|
: Université d'Abomey-Calavi
|
UICN
|
: Union Internationale pour la Conservation de la Nature
|
UNESCO
|
: United Nations Educational Scientific and Cultural
Organization
|
UNILU
|
: Université publique de Lubumbashi, République
Démocratique de Congo
|
UP
|
: Université de Parakou
|
USSF
|
: Unité Spéciale de Surveillance des
Frontières
|
WAP
|
: W Arly Pendjari
|
Résumé :
Après le débordement du conflit algérien
des années 90 avec l'installation au nord du Mali du Groupe Salafiste
pour la Prédication et le Combat (GSPC) à l'an 2000, en fin
d'année 2006,le GSPC, s'est reconstitué sous un nouveau nom,
Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Et aprèsla chute de Mouammar
KADHAFI en Lybie en 2011, le Sahel est devenu un sanctuaire pour les groupes
djihadistes. Ainsi, l'Afrique de l'Ouest a vu fleurir sur son territoire de
nombreux groupes armés terroristes. La défaillance structurelle
des États ouest africains associée à l'augmentation des
conflits interethniques et la porosité des frontières en sont
quels-que des causes. Les « Nord » (Mali,
Burkina-Faso), sont actuellement sous l'influence des groupes terroristes.
Cette menace s'étend vers les régions centrales(Mali,
Burkina-Faso), Ouest et Est du Burkina-Faso et désormais vers le Nord
des pays du littoral (Golf du Guinée) dont le Togo et le Bénin.
Les zones frontalières que le Burkina-Faso partage avec le Niger, le
Togo et le Bénin ; sont aujourd'hui en partie occupées par des
hommes armés. Notamment, des djihadistes liés au GSIM (Groupe de
Soutien à l'Islam et aux Musulmans) et à l'EIGS (État
islamique au Grand Sahara) et leur servent de base logistique et de repli.
L'utilisation du modèle SEPO pour analyser les
mécanismes et outils de gestion de la sécurité et des
frontières existants au Bénin a permis d'en identifier les
potentialités et les faiblesses.
Les résultats obtenus montrent que dans la mise en
oeuvre de la Politique Nationale de Développement des Espaces
Frontaliers au Bénin, certains responsables optent pour le
développement des frontières d'une région pour des raisons
politiques à but électoral. Les militaires ont tendances à
oublier ou négliger leur mission première qui est d'assurer la
défense et la protection du pays par la force des armes en abandonnant
la gestion des frontières à la Police républicaine. Le
manque de ressources financières, humaines et matérielles sont
les difficultés quotidiennes des FDS.
Mots
clés :Bénin-Burkina-Faso-Togo, menace terroriste,
espaces frontaliers, FDS, GAT.
Abstract:
After the overflow of the Algerian conflit of the 90s with the
installation in northern Mali of the salafist group for preaching and combat
(GSPC) from the year 2000, at the end of 2006 the GSPC was reconstituted under
a new name, Al-Qaida in the Islamic maghreb. And the fall of Muammar KADHAFI in
Libya in 2011, the Sahel has became a sanctuary for jihadists. Thus, West
Africa has seen numerous armed terrorist groups flourish on its territory.
The structural failure of West African states associated with the increase in
inter-ethnic conflicts and the porosity of borders are whatever the causes.
The "North" (Mali, Burkina Faso) are currently under the influence of terrorist
groups. This threat is spreading to the Central (Mali, Burkina-Faso), West and
East Burkina-Faso, regions and now to the north of the coastal countries (Gulf
of Guinea), including Togo and Benin. The border areas that Burkina-Faso
shares with Niger, Togo and Benin; these areas are now partly occupied by armed
men, in particular jihadists linked to the GSIM and the EIGS, and serve as
their logistical and fallback base.
The use of the SEPO model to analyze existing security and
border management mechanisms and tools in Benin made it possible to identify
their potential and weaknesses.
The results obtained show that in the implementation of the
National Policy for the Development of Border Areas in Benin, some leaders opt
for the development of a region's border for policies for electoral purposes
without taking into account priorities. The military tend to forget or neglect
their primary mission, which is to ensure the defense and protection of the
nation by force of arms by abandoning border management to the paramilitaries,
in particular the Republican Police. Lack of financial, human and material
resources are the daily difficulties of the FDS.
Keywords: Benin-Burkina-Faso-Togo, terrorist
threat, border areas, FDS, GAT.
INTRODUCTION GENERALE
Aujourd'hui plus qu'hier, la question du terrorisme est au
menu de toutes les discussions comme sujet préoccupant par son impact
tant sur le développement que sur la paix et la sécurité
dans le monde1(*). En
Afrique de l'ouest2(*), la
question de la sécurité occupe une place de choix au sein des
instances internationales et régionales. En effet, cette partie de
l'Afrique est en proie à de nombreux défis qui menacent la
stabilité du continent.3(*)Depuis le début de l'an 2000, elle est
touchée par le phénomène sans précédent du
terrorisme, avec diverses manifestations d'activités terroristes dans la
communauté, notamment des attentats à la bombe, des
attentats-suicides, des enlèvements et prises d'otages. A l'origine de
ce phénomène, il y a les ressentiments d'ordre politique,
ethnique ou religieux4(*).
Les conditions menant à la propagation de ce phénomène
sont complexes et nécessitent des politiques fortes et efficaces pour
faire face aux facteurs économiques sous-jacents et aux problèmes
sociaux et politiques à l'origine des actes de terrorisme5(*). En réalité, ce
qui a fondamentalement changé au niveau des défis de type
sécuritaire, c'est l'inscription de l'islam radical au plan
international. Cela s'accompagne de méthodes nouvelles, importées
du Moyen-Orient par des Maghrébins ayant séjourné en
Afghanistan, ou tout simplement observées sur des sites internet.
Autrefois, que ce soit dans les années 1980 avec les émeutes du
pain ou dans les années 1990 avec la guerre civile algérienne,
les phénomènes étaient nationaux. Aujourd'hui, l'ennemi
est beaucoup plus difficile à identifier, et les objectifs des actes
terroristes ne sont pas précis. Les méthodes empruntées
rendent les moyens de lutte traditionnels peu opérants et donnent le
sentiment que les pouvoirs en place ont de moins en moins de maîtrise sur
la sécurité de leurs pays6(*). L'ethnicité est souvent
instrumentalisée au Sahel, dans une logique entre « Nous et Eux
». À titre d'exemple, le conflit au centre du Mali qui a pu
être greffé sur les tensions entre « Bambaras » et
« Peuls », associant les Peuls aux « djihadistes » et les
Bambaras à « l'État malien7(*) », est un défi de
sécurité.
Au début du terrorisme au Mali il y a, d'abord le
débordement de la guerre civile d'Algérie des années 1990.
Les derniers djihadistes de ce pays, vétérans d'Afghanistan, et
qui avaient rejeté toutes les offres de réinsertion d'Alger, ont
été presque tous repoussés vers le nord du Mali vers 2000.
C'était le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat
(GSPC), devenu, en 2007, Al-Qaïda auMaghreb islamique (AQMI).8(*)Au Mali, ces mouvements
djihadistes, surinfectant des problèmes locaux cités en exemple,
et se sont alliés à des groupes séparatistes en 2012, au
nord du pays d'où l'armée malienne s'était retirée
en application de l'accord de paix de1992signé avec la rébellion
touarègue.En 2012, le Mali sombre dans le chaos et une partie de son
territoire est contrôlée par des groupes terroristes
constitués d'anciens militaires touarègues de l'armée de
Kadhafi, repoussés aussi vers le Mali par la chute du « guide
» libyen, sont venus relancer et encadrer les séparatistes. Il
s'est formé alors un attelage improbable combinant ces ex-militaires de
Libye à des féodaux touarègues de la tribu des Ifoghas et
à trois groupes djihadistes (un algérien, AQMI, et deux locaux).
Ce regroupement a battu l'armée malienne en 20129(*).Ils ont commis plusieurs
violations des Droits de l'Homme. Cette défaite, aux lourdes
conséquences, a été facilitée d'une part par le
retournement d'environ 900 anciens rebelles touarègues qui avaient
été intégrés dans ladite armée par le
précédent accord de paix et, d'autre part, par une mutinerie
dégénérant en coup d'État et portant au pouvoir le
Capitaine SANOGO Amadou Haya à Bamako. Des bandes armées,
rapidement dominées par des djihadistes et, parmi eux, par
leleadertouarègue Iyad Ag Ghali, ont alors occupésle septentrion
malien, pendant neuf mois en 2012, menaçant de s'étendre vers le
sud. Face aux hésitations des acteurs régionaux, une intervention
militaire conduite par la France est lancée en 2013. L'intervention
militaire françaiseServal de janvier 2013, à laquelle a
succédél'opération Barkhane depuis 2014. Cette
intervention de l'opération serval doublée par l'appui de
l'armée malienne et Tchadienne s'était
révélée efficace dans la reconquête éclaire
du nord Mali10(*).
À partir de 2015, une relocalisation opportuniste s'opère
à l'intérieur et à l'extérieur du Mali.
L'organisation connaît de nombreuses réorganisations tandis que de
nouveaux groupes émergent dans le Delta intérieur (Front de
libération du Macina - FLM) et dans la région de Ménaka
(Touarègue et Peul), qui ravivent des disputes foncières et
pastorales jamais réglées par l'État11(*). Cette violence communale
enflamme également le pays dogon et le Burkina-Faso avec Ansaroul Islam.
L'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), Le front de libération du
Macina (FLM), ou katiba Macina, l'État islamique au Grand Sahara (EIGS)
et Ansaroul Islam, continuent de semer la terreur dans le centre du
Sahel12(*). Leurs attaques
sont largement concentrées dans le centre du Mali, au nord et à
l'est du Burkina Faso, et à l'ouest du Niger l'évolution
observée en Afrique de l'Ouest contraste fortement avec celle du reste
du monde, où la libéralisation du commerce s'est
accompagnée d'un renforcement des capacités des États et
des institutions régionales en matière de
sécurité.L'Afrique de l'ouest a vu éclore sur son
territoire de nombreux groupes terroristes qui, au travers de leurs attaques
meurtrières, semblent narguer les États de la zone13(*).
Dans le contexte actuel de la mondialisation, le terrorisme ne
connaît plus de frontière. Les criminels mènent leurs
activités illicites en se déplaçant d'un État
à l'autre ou en opérant sur plusieurs territoires
nationaux.14(*)
Le 15 janvier 2016, le raid djihadiste contre l'hôtel le
Splendide et le restaurant Cappuccino à Ouagadougou (capitale du
Burkina-Faso) a fait 30 morts. Dans la même année, le 13
août, deux assaillants ont ouvert le feu dans le café restaurant
Halal, Aziz Istanbul toujours dans la ville capitale avec un bilan de 19 morts.
En 2018, l'attaque terroriste du 02 mars contre l'ambassade de France et
l'État-Major des Forces Armées Burkinabès a fait une
trentaine de morts à Ouagadougou15(*). En 2021, c'est des successions d'attaques auxquelles
fait face le Burkina-Faso : le 26 avril 2021, une attaque ayant
coûté la vie à trois expatriés de nationalité
Espagnole et Irlandaise ; une autre le 04 juin dans la région de
Tadaryat soldée par 14 morts ; et la plus sanglante du 6 juin,
emporta160 personnes à Solhan. Ces cas ne sont pas exhaustifs, mais
montrent combien la situation est inquiétante.
Dès lors, dans un monde de plus en plus
interdépendant, aucun pays ne peut à lui seul s'attaquer
efficacement au terrorisme qui se répand dans les quatre coins de la
planète.16(*)
Autrefois épargné par les groupes armés
terroristes du sahel, l'espace frontalier situé entre le Bénin,
le Burkina Faso et le Togo fait, de plus en plus, l'objet d'attaques par des
terroristes qui circulent dans des pickups ou à motos. En effet, dans
cet espace frontalier des trois (03) États ouest-africains, les
terroristes sèment la psychose : ils enlèvent par endroits
des touristes étrangers et attaquent par ailleurs des résidents
autochtones, propageant ainsi, panique et frayeur dans le subconscient des
populations.Et là, inquiétude et doute grandissant dans l'esprit
des guides touristiques, gardes faune, Forces de Défense et de
Sécurité (FDS). De plus en plus, les populations locales, quelles
qu'en soit la nationalité, savent de moins en moins à quel saint
se vouer quant à la sérénité de leur personne et la
sécurité de leurs biens. Les menaces dont on entendait parler
ailleurs ou auxquelles l'on s'attendait ailleurs sauf à sa porte,
s'annoncent désormais présentes, non point seulement dans le
voisinage, mais plutôt à proximité de sa case, de sa
chambre à coucher, si ce n'est dans son champ ou sur le lieu de son
travail. Comment expliquer ce phénomène autrefois absent ou
vraiment distant ?
C'est ce que cherche à réaliser la
présente recherche qui porte précisément sur
« analyse critique de la menace terroriste dans lazone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo »
Pour conduire à bon port une telle analyse, une question
fondamentale urge.
Comment expliquer la présence de groupes armés
terroristes dans lazone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo?
Pour répondre à cette interrogation, deux
hypothèses ont été émises :
Ø La défaillance du système
sécuritaire, des politiques de gestion des frontières de chaque
État (Bénin, BurkinaFaso, Togo) qui expose la zone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo à la
pénétration des Groupes Armes Terroristes (GAT);
Ø Non application des initiatives d'intégrations
régionalesfacilite l'extension des GAT dans la zone
frontalièreBénin-Burkina Faso-Togo.
Des hypothèses, il résulte que les GAT y trouvent
un sanctuaire favorable à la mobilisation des ressources
économiques, financières, politiques et humaines. Créant
ainsi, chez les populations résidentes le sentiment d'être
abandonnées par les pouvoirs publics.
Pour vérifier ces hypothèses, des objectifs ont
été fixés.
Notre objectif général vise
à identifier les causes structurelles qui constituent les
paramètres d'attractions des GAT dans la zone
frontalièreBénin-Burkina Faso-Togo. Trois objectifs
spécifiques auront la primeur de notre analyse. Il s'agira de :
Ø Déterminer les facteurs naturels, politiques,
socio-économiques et religieux qui favorisent le terrorisme dans lazone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo ;
Ø Identifier les effets de ces facteurs sur la
population transfrontalière ;
Ø Proposer des stratégies efficaces de lutte
contre la menace terroriste dans ledit triangle.
Définition de quelques
concepts
Il est difficile de donner une définition
précise et incontestable du terrorisme. Car, les chercheurs ou les
scientifiques ne sont pas encore parvenus à un avis unanime sur ce
point. De ce fait, toute tentative de définition du terrorisme se heurte
d'emblée à des difficultés qui tiennent aux
présupposés véhiculés par le langage courant,
notamment par les médias et les hommes politiques qui le condamnent sans
le définir.
Pour l'appréhender, il convient d'observer ses
manifestations dont la violence est l'une de ses constances. Le terrorisme peut
être à la fois confondu à l'«
anarchisme »17(*) et à la grande
criminalité.18(*)
On entend communément parterrorisme le recours illégal à
la violence contre des objectifs civils et ou militaire afin de contraindre et
d'intimider des États et sociétés pour des revendications
politiques exprimées pour la plupart du temps en terme sociaux,
économiques ou religieux. Il se distingue fondamentalement de la
criminalité, organisée ou non du fait que son objectif premier
n'est du gain financier
Dans le dictionnaire de droit international, il est
défini comme « un fait illicite de violence grave commis
par un individu ou un groupe d'individus, agissant à titre individuel ou
avec l'approbation, l'encouragement, la tolérance ou le soutien d'un
État, contre des personnes ou des biens, dans la poursuite d'un objectif
idéologique, et susceptible de mettre en danger la paix et la
sécurité internationale19(*) »
Le dictionnaire Hachette, encyclopédique définit
le terrorisme comme l'usage systématique de la violence (attentats
terroristes, destruction, prises d'otages, etc.) auquel recourent certaines
organisations, politiques pour favoriser leur dessein.20(*) Pour Bruce H., le
terrorisme est la création délibérée de la peur, ou
son exploitation, par la violence ou la menace de violence, dans le but
d'obtenir un changement politique.21(*) De son côté, le département
d'État américain énonce que le terrorisme est « un
acte de violence prémédité, avec une motivation politique
et perpétrée contre les cibles non combattantes par des groupes
subnationaux ou par les clandestins d'un État.22(*)
A la lumière de toutes ces tentatives conceptuelles, le
terrorisme se veut être une pratique en même temps une doctrine
contraire aux usages et coutumes d'une société nationale ou
internationale ayant comme moyen d'action la violence ou la terreur. Le
terrorisme est qualifié comme étant toute méthode de lutte
ayant pour objectif immédiat non pas l'anéantissement ou la
réduction totale de l'adversaire, mais la création autour de lui
et dans son entourage d'un climat psychologique d'insécurité et
de nervosité pouvant être fatal à son moral, à sa
dignité, à son efficacité et à son
autorité.
Ainsi, selon BAUER A, le terrorisme est une méthode de
combat qui prend pour cible principale la population civile. Ainsi, les
mouvements de résistance ne pourraient viser que des cibles militaires,
ce qui les différencieraient des organisations terroristes.23(*)
PARADI J. L., affirme que le terrorisme est
considéré de nos jours comme une méthode de lutte ayant
pour objectif non pas l'anéantissement ou la réduction de
l'ennemi, mais la création autour de lui et dans ses rangs d'un climat
psychologique d'insécurité et de nervosité pouvant
être fatal à son moral, à son prestige, à son
efficacité donc à son autorité.24(*) Cette définition a le
mérite de rendre compte du phénomène non seulement du
point de vue de la méthode, des moyens, mais aussi des fins. Elle est
à même de qualifier la tragédie du 11 septembre 2001 aux
États-Unis d'Amérique.
De son côté, Raymond Aron considère le
terrorisme comme une action violente dont les effets psychologiques sont hors
de proportion avec les effets purement physiques.25(*)
Au-delà de toutes ces définitions, le terrorisme
est un acte de guerre asymétrique. Cette formule constitue une
ébauche non négligeable de définition du terrorisme ; mais
elle juxtapose deux conceptions différentes, voire contradictoires de ce
phénomène.
La première qui insiste sur les dommages causés
à la population civile, se situe dans la ligne des principes du tribunal
de Nuremberg. La seconde met l'accent sur la subvention de l'ordre politique et
trouve son expression dans le « terrorism act » du Royaume Uni. Cette
notion fait appel à l'étude des formes du terrorisme pour bien
comprendre ses manifestations.
Cette difficulté à définir le terrorisme
n'a pas épargné l'Union Africaine qui s'est également
bornée à définir l'acte terroriste. Est qualifié
d'acte terroriste par cette organisation : « Tout acte ou
menace d'acte en violation des lois pénales de l'État partie
susceptible de mettre en danger la vie, l'intégrité physique, les
libertés d'une personne ou d'un groupe de personnes qui occasionne ou
peut occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux
ressources naturelles, à l'environnement ou au patrimoine culturel, et
commis dans l'intention d'intimider, de provoquer une situation de terreur,
forcer, exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisation,
institution, population ou groupe de celle-ci à engager toute initiative
ou à s'en abstenir, à adopter à renouer à une
position particulière ou à agir selon certaine principes ;
ou de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de
services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise
au sein des populations ; de créer une insurrection
générale dans un État patrie26(*) »
En 1994, l'Assemblée générale des Nations
Unies (UN), dans la Déclaration sur les mesures visant à
éliminer le terrorisme international figurant dans la résolution
49/60, a indiqué que le terrorisme comprend «les actes criminels
qui, à des fins politiques, sont conçus ou calculés pour
provoquer la terreur dans le public, un groupe de personnes ou chez des
particuliers» et que de tels actes «sont injustifiables en toutes
circonstances et quel que soit les motifs de nature politique, philosophique,
idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre que l'on puisse
invoquer pour les justifier»27(*).
Dix ans plus tard, le Conseil de sécurité, dans
sa résolution 1566 (2004), a évoqué «les actes
criminels, notamment ceux dirigés contre des civils dans l'intention de
causer la mort ou des blessures graves ou la prise d'otages dans le but de
semer la terreur parmi la population, un groupe de personnes ou chez des
particuliers, d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou
une organisation internationale à accomplir un acte ou à
s'abstenir de le faire». La même année, le Groupe de
personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le
changement établi par le Secrétaire général a
décrit le terrorisme comme étant tout acte «commis dans
l'intention de causer la mort ou des blessures graves à des civils ou
à des non-combattants, qui a pour objet, par sa nature ou son contexte,
d'intimider une population ou de contraindre un gouvernement ou une
organisation internationale à accomplir un acte ou à s'abstenir
de le faire» et a défini un certain nombre
d'éléments clefs, renvoyant aux définitions figurant dans
la Convention internationale de 1999 pour la répression du financement
du terrorisme et à la résolution 1566 (2004) du Conseil de
sécurité28(*).
L'Assemblée générale des nations unies
réfléchit actuellement à l'adoption d'une convention
générale contre le terrorisme, qui viendrait compléter les
conventions antiterroristes sectorielles existantes. Le projet d'article 2
contient une définition du terrorisme qui inclut le fait de causer,
tenter ou menacer de causer, «illicitement ou intentionnellement»:
«a) la mort d'autrui ou des dommages corporels graves à autrui;
ou b) de sérieux dommages à un bien public ou privé,
notamment un lieu public, une installation gouvernementale ou publique, un
système de transport public, une infrastructure, ou à
l'environnement; ou c) des dommages aux biens, lieux, installations ou
systèmes ..., qui entraînent ou risquent d'entraîner des
pertes économiques considérables, lorsque le comportement
incriminé, par sa nature ou son contexte, a pour but d'intimider une
population ou de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale
à faire ou à ne pas faire quelque chose». Le projet
d'article 2 définit ensuite comme une infraction le fait de se rendre
complice d'une infraction visée, d'organiser la commission d'une
infraction ou d'ordonner à d'autres de commettre celle-ci, ou de
contribuer à la commission de telles infractions par un groupe de
personnes agissant de concert. Si les États membres se sont mis d'accord
sur bon nombre des dispositions du projet de convention générale,
des divergences de vues sur la question de savoir s'il faut ou non exclure les
mouvements de libération nationale du champ d'application de la
convention les ont empêchés de parvenir à un consensus sur
l'adoption du texte intégral.29(*) Les négociations se poursuivent. De nombreux
États définissent le terrorisme en droit national en reprenant,
à des degrés divers, ces éléments. Ainsi, dans le
nouveau code de procédure pénale togolais, Titre V : Des
infractions relatives au terrorisme. En son article 716 : les infractions
de nature terroriste comprennent : «
1) les infractions relatives à la
sécurité de l'aviation civile, de la navigation maritime, du port
et des plates-formes fixes ;
2) la prise d'otages et infractions contre les personnes
jouissant d'une protection internationale ;
3) les attentats terroristes à l'explosif et le
terrorisme nucléairequi tendent, par tout moyens, à causer
intentionnellement :
a) la mort d'autrui, des blessures graves ou des dommages
corporels grave à autrui ; oude sérieux dommages à un
bien public ou privé, notamment un bien public, une installation
gouvernementale ou publique, un système de transport public, une
infrastructure ou à l'environnement ; ou
b) des dommages aux biens, lieux, installations ou
systèmes mentionnés au point b du présent article, qui
entraînent ou risque d'entraîner des pertes économiques
considérables, lorsque le comportement incriminé, par sa nature
ou son contexte, a pour but d'intimider une population ou de contraindre un
gouvernement ou une organisation internationale à faire ou à ne
pas faire quelque chose».30(*)
Le nouveau code de procédure pénale
béninois en son article 362 alinéa 1 la définition de
terrorisme : « constituent des actes de terrorisme, en tant
qu'ayant rapport avec un projet individuel ou collectif ayant pour but la
subversion de l'ordre constitutionnel ou l'attentat grave de l'ordre et de la
paix publics moyennant l'intimidation et la terreur, les infractions
suivantes :
- Les attentats volontaires contre la vie et
l'intégrité des personnes.
- La détention illégale, la
séquestration, les menaces ou les pressions.
- Les vols, les extorsions, les dommages, les
dégâts, les incendies, ainsi que les infractions en matière
informatique définies dans le Code.
- Le dépôt d'armes ou munition, ou la
détention ou dépôt de substances ou d'appareils explosifs,
inflammables, incendiaires ou asphyxiants, ou leurs composants, ainsi que la
fabrication, le trafic, le transport ou l'approvisionnement de toute
sorte.31(*) »
Dans le cadre cette étude, nous allons retenir que le
terrorisme est une infraction internationale ou transnationale qui,
elle-même, se définit comme une infraction
« ...commise dans plus d'un État ; ou commis dans un
État mais qu'une partie substantielle de sa préparation, de sa
planification, de sa conduite ou de son contrôle a lieu dans un autre
État ; ou commise dans un État mais implique un groupe
criminel organisé qui se livre à des activités criminelles
dans plus d'un État; ou commise dans un État mais a des effets
substantiels dans un autre État32(*) »
Il existe plusieurs sortes de terrorisme mais ici nous nous
limitons à donner quelques cas à cause de leur importance. C'est
ainsi que nous examinerons les types ci-après : le terrorisme
d'État, le terrorisme révolutionnaire, le terrorisme
nationaliste, le terrorisme privé, le terrorisme international, le
bioterrorisme, le cyberterrorisme.
a) Le terrorisme d'État
Ce type de terrorisme est l'oeuvre des groupes privés
commandés par un gouvernement pour commettre des attentats à
l'étranger. Le terrorisme d'État est un phénomène
nouveau de relations internationales et une nouvelle composante des relations
diplomatiques. Les organisations qui le pratiquent, affirment agir de
manière autonome et tissent un rideau entre leurs commanditaires et les
victimes.33(*)
On s'aperçoit bien que les revendications des
commanditaires expriment les mêmes exigences que celles qui sont
émises, par voie diplomatique, par les États qui les manifestent.
L'argent et le soutien logistique sont fortement professionnalisés.
Dépister leurs membres est une épreuve de longue haleine pour la
Police.
b) Le terrorisme révolutionnaire
Le terrorisme révolutionnaire est l'oeuvre de certaines
organisations qui évoluent dans la clandestinité la plus absolue
et visent la déstabilisation et le renversement d'un système
politique en amenant un gouvernement à militariser les institutions pour
qu'elles basculent dans la révolution.34(*) Ce type de terrorisme correspond à une culture
de société. Il est surtout connu en Amérique Latine et en
Europe.
c) Le terrorisme nationaliste
Celui-ci est pratiqué par les mouvements de
libération nationale, en général, par des groupes
idéologiques armés qui luttent pour leur
indépendance.35(*)
Ce genre de terrorisme a été largement
utilisé durant toute la période de la décolonisation
depuis 1945, notamment en Algérie, en République
Démocratique du Congo avec l'alliance des forces démocratiques
pour la libération du Congo (AFDL). Les Juifs l'ont également
pratiqué avant 1948 quand le mouvement de l'organisation militaire
nationale irgoun36(*)
ayant à sa tête Menahem BEGIN, futur premier ministre s'est
attaqué, avec des bombes à la présidence britannique, sur
la terre promise. L'apartheid en Afrique du Sud, les basques en Espagne, les
Corses en France, les catholiques en Irlande du nord, ... en ont fait à
leur tour une redoutable arme.37(*)
d) Le terrorisme privé
Les organisations terroristes privées recourent
à la force armée pour intimider les gouvernements et le
contraindre à ses revendications, soit pour déstabiliser les
sociétés civiles en éliminant les personnalités
dont le rôle symbolise l'exercice de l'autorité.38(*)
e) Le terrorisme primordial
Il est à la fois moins intellectuel et plus
interpellant. Il suscite la plus grande sympathie et produit les formes les
plus extrêmes du fanatisme.39(*) A l'origine de cette forme de terrorisme, vient en
ordre utile les brimades, les marginalisations, les dépassassions, les
iniquités, etc, exprimés en termes ethniques, religieux,
linguistiques en politique à l'égard d'un groupe donné. Ce
groupe frappé par les injustices de tous les ordres va chercher la
libération immédiate en vue de créer une nouvelle
société et de sauver une société traditionnelle ou
de provoquer un changement révolutionnaire.40(*)
f) Le terrorisme international
La CIA (Central Intelligence Agency) américaine
qualifie de terrorisme international, tel le terrorisme transnational se
caractérisant par des actions perpétrées par des
étrangers dans un pays donné sur la personne d`un étranger
au pays où l'attentat a été commis.41(*)
L'organisation de libération de la Palestine (OLP),
s'était illustrée par le terrorisme international afin
d'interpeler l'opinion publique internationale et de remporter une victoire
politique au niveau des instances politiques internationales. C'est ainsi
qu'à partir de 1970, l'OLP s'illustrera par des détournements
d'aéronefs civils et d'autres types d'attentats loin du Moyen-Orient. De
même, les réseaux terroristes algériens, proches du Front
Islamique du Salut (FIS), exportent leurs actes de violence vers le territoire
français et considérant que c'est la France qui est à la
base de l'arrêt d'un processus démocratique ayant abouti à
l'échec des Islamistes42(*)
g) L'utilisation des aéronefs civils comme «
projectiles »
Le 11 septembre 2001, deux avions civils,
détournés par des terroristes, s'abattent sur les tours jumelles
du World Trade Center. Alors qu'un s'écrase sur le pentagone et l'autre
termine sa course en Pennsylvanie. Les attentats les plus meurtriers, jamais
conduits par une organisation terroriste, auraient fait plus de 4 000 morts.
Ces actes ont plongé les États-Unis et le monde dans une certaine
torpeur. Car, ils démontraient à suffisance la
vulnérabilité de « l'hyper puissante » mondial
frappé au niveau même des symboles de sa force économico-
financière et militaire parlant de son prestige43(*). Ces actions avaient
porté la marque d'Al-Qaïda, le réseau terroriste d'Oussama
ben Laden.
h) Le cyber terrorisme
Ce type de terrorisme fait référence à
l'utilisation de la technologie moderne tels que les ordinateurs et le virus
informatique qui détruisent les données ou les paralysent. C'est
l'ensemble des attaques graves (virus, piratage, etc.) et à grand
échelle des ordinateurs, des réseaux et des systèmes
informatiques d'une entreprise, d'une institution d'un État, commises
dans le but d'entraîner une désorganisation générale
susceptible de créer la panique. L'exemple des hackers russes qui ont
infiltrés les données électorales et auraient
favorisés l'élection de Donald TRUMP en Amérique. Le
sabotage des infrastructures militaires empêchant les armées de
communiquer lors des conflits est un acte de cyber terrorisme44(*).
i) Le bio terrorisme
C'est la dissémination délibérée
de virus, de bactéries, de toxines ou d'autres agents dangereux dans
l'intention de provoquer des maladies, de tuer des personnes ou des animaux ou
de détruire des espèces végétales. Par exemple, au
début de l'année 1995, l'attentat au gaz toxique dans le
métro de Tokyo a secoué le monde entier. L'exemple la plus
récente est la COVID19 qui a commencé en Chine45(*)et est devenue une
pandémie ayant fait des milliers de morts sur le plan mondial avec
plusieurs variantes actuellement.
L'approche méthodologique
Au demeurant, nous avons suivi une approche
méthodologique :
L'approche méthodologique dans le cadre de cette
recherche est axée sur la collecte des données, le traitement des
données et l'analyse des résultats.
La méthode utilisée est la tentative
d'explication, rattachée à une théorie appliquée
à la réalité. Elle est liée à un domaine
particulier, à la manière de procéder propre à ce
domaine.46(*) Notre
méthode sera essentiellement explicative basée sur l'approche
mixte.
Présentation des données
utilisées
Dans le cadre de cette étude, plusieurs types de
données ont été utilisés. Il s'agit des :
- données de la représentation de l'État
: elles ont servi à comparer la représentation de l'État
dans les communes transfrontalières ;
- données démographiques : elles ont permis
d'apprécier la répartition spatiale des populations
vulnérables ;
- données socio-anthropologiques : elles ont permis
d'évaluer la perception des acteurs civils, policiers et militaires sur
la menace terroriste transfrontalière ;
- données statistiques sécuritaires : elles ont
permis de voir l'évolution de la situation sécuritaire dans
l'Atacora ;
- données de correspondance des Forces de
Défense et de Sécurité (FDS) : des messages
téléphonés portés et des notes de service rendant
compte de la présence terroriste dans l'espace du département de
l'Atacora.
Collecte de données
Les méthodes de collecte de données se
résument à la recherche documentaire et aux travaux de terrain
(observations directes, enquêtes par questionnaires et par entretien).
Recherche documentaire
Dans le cadre de cette étude, la recherche documentaire
a été effectuée dans les centres de documentation
ci-après :
- Bibliothèque de la chaire UNESCO (United Nations
Educational Scientific and Cultural Organization / Organisation des Nations
Unies pour l'Education, la Science et Culture) de la Faculté de Droit et
de Science Politique de l'Université d'Abomey-Calavi) FADESP- UAC
(documents de mémoire et de thèses portant sur le terrorisme et
méthodologie de recherche) ;
- Centre de documentation de l'État-Major
Général Béninois (informations sur les plans d'urgence
militaire en cas d'attaque terroriste et sur les capacités logistiques
de l'armée) ;
- Centre de Documentation de Sécurité Publique
(ouvrage, rapports d'étude, données statistique
sécuritaire) ;
- Ministère de l'Intérieure et de la
Sécurité Publique (MISP), Agence Nationale de Protection Sociale
(ANPC), Direction générale de la Police républicaine
(DGPR), Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces
Frontaliers (ABeGIEF), Commission Nationale de Lutte Contre la
Prolifération des Armes Légères (CNLCPAL),
Secrétariat permanent de la Commission Nationale de Lutte Contre la
Radicalisation, l'Extrémisme Violent et le Terrorisme (CNLCREVT),
Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) des documents relatifs
aux plans d'urgence, Système d'Alerte Précoce (SAP) et des
documents nationaux de gestion des frontières et de lutte contre le
terrorisme) ;
- les sites internet spécialisés du
Système des Nations Unies (SNU) et des agences et institut
d'études sur le terrorisme.
La recherche documentaire a été
complétée par les travaux de terrain.
Travaux de terrain
Les enquêtes de terrain (enquêtes
socio-anthropologiques et observations directes sur le terrain) seront
menées à l'aide de questionnaires, et de guide d'entretien. Elles
seront réalisées dans les communes frontalières de
l'Atacora à savoir Boukoumbé, Cobly, Matéri et
Tanguiéta.
Dans les communes prospectées, les causes de la menace
terroriste, la perception des populations face à la menace terroriste et
le rôle de l'État dans la lutte contre le terrorisme seront
évalués.
A cette fin, un échantillon aléatoire a
été constitué dans les quatre communes parmi les plus
exposées à la menace terroriste dans le département de
l'Atacora. Il va permettre d'avoir des informations sur la défaillance
de l'État sur les plans : de la gouvernance politique, et celle
sécuritaire (policière, militaire), du contrôle de son
espace territorial, financier (comment assécher les fonds aux Groupe
Armé terroriste, les groupes de crimes organisés, le blanchiment
d'argent). Les personnes interrogées ont répondu aux
critères ci-après:
- être âgé de 18 ans au moins ;
- avoir résidé régulièrement dans
l'un des arrondissements d'investigation au cours des cinq dernières
années ;
- avoir une culture générale sur les questions
liées à la sécurité et le terrorisme.
En tout, 100 personnes ont été
interrogées dans les communes deBoukoumbé, Cobly, Matéri
et Tanguiéta.
Différentes unités spécialisées
ont été enquêtées en vertu de la nature des
activités et responsabilités qui y sont exercées.
L'enquête a ciblé des unités dotées de
capacités techniques ou logistiques mobilisables en cas d'attaque
terroriste.
Les critères utilisés ici sont les
suivants :
- être officier ou sous-officier des FDS et
assimilées, de la branche opérationnelle ou tactique;
- avoir une culture générale et des notions
surle terrorisme ;
- avoir une connaissance du potentiel logistique et technique
de l'armée et de la police républicaine ;
De plus, des entretiens semi-directs individuels seront
réalisés avec des experts des questions humanitaires et
sécuritaires.
Au cours de ces entretiens, un dictaphone sera utilisé
pour l'enregistrement vocal des déclarations des experts. Ces entretiens
vont permettre d'obtenir des informations sur le système d'alerte
précoce (SAP), ses contraintes et ses limites, ainsi que la perception
des experts sur la capacité des FDS pour lutter contre le terrorisme et
sur la politique de gouvernance de l'État.
Méthodes de traitement des données et
analyse des résultats
Les informations recueillies dans les correspondances et les
articles de journaux confirment la présence terroriste dans l'espace
transfrontalier. Les textes de l'agence chargée de la gestion des
frontières au Bénin, les mécanismes de lutte contre le
terrorisme et certains articles pertinents seront identifiés, notamment
ceux objets d'un défaut d'application.
Les données démographiques et leur
répartition spatiale seront présentées sous forme
graphique. Il en sera ainsi également de la proportion de la population
installée dans des zones transfrontalières.
A l'issue des investigations, un dépouillement manuel
des données socio-anthropologiques collectées sera
effectué, et les résultats seront codifiés puis
dénombrés. Les statistiques liées aux différents
types de matériels militaires seront disposées dans un
tableau.
Les données sur la politique de gouvernance
sécuritaire (militaire, policière), le plan de contrôle de
l'espace frontalier existant seront analysés par l'utilisation du
modèle SEPO (Succès, Echecs, Potentialités,
Opportunités) présenté ci-dessous (tableau N°1).
Tableau N°1 : Modèle d'analyse SEPO
|
Passé
|
Futur
|
Positifs
|
Succès
|
Potentialités
|
Négatifs
|
Echecs
|
Obstacles
|
Source :
http://www.socialbusinessmodels.ch/fr/content/sepo-succes-echecs-potentialites-obstacles
La première étape de cette démarche
consiste à examiner les succès, puis les échecs ou les
lacunes du système existant. Un regard prospectif permet ensuite
d'analyser les potentialités, puis les obstacles. La deuxième
étape consiste à faire une synthèse, éliminant les
répétitions ou ajoutant des nuances importantes.
Plusieurs études ont été
réalisées sur la récurrence et le caractère violent
et sauvage du terrorisme dans de nombreuses régions du monde. La
synthèse bibliographique réalisée dans le cadre de ce
travail se rapporte aux études consacrées aux terrorismes en
Afrique et les mécanismes de lutte contre le terrorisme en Afrique de
l'ouest. Si certains chercheurs comme MBAYO N., a réfléchi sur
« la régulation du système international face aux conflits
asymétriques et internes, cas de la lutte contre le terrorisme et les
guerres civiles africaines47(*) » Il démontre que les guerres ne sont
plus exclusivement une affaire des États, certaines d'entre elles se
caractérisent par leur déterritorialisation et leur
individualisation. Les pratiques de guerre ont changé délaissant
les cadres, les règles et les acteurs traditionnels au profit de formes
nouvelles. De plus en plus, les guerres ne sont plus le fait des armées,
mais des groupes comme les terroristes, les guérilleros, les bandits et
les brigands. Mais LIPANDA K., a abordé la question de « la
sécurité collective face aux conflits asymétriques, cas du
terrorisme international48(*)». Par rapport à notre analyse, nous
comprenons que l'auteur a plus axé son étude sur le terrorisme
international comme une méthode consistant à recourir à la
violence, en l'occurrence les attentats, les assassinats, les
enlèvements, les sabotages contre un adversaire en particulier un
gouvernement et la population qui assure sa légitimité. SARAMBE
L. A., a travaillé sur « les mécanismes de lutte contre
le terrorisme en Afrique de l'ouest : quel impact ?49(*) ». Il
démontre que ces mécanismes peinent à lutter efficacement
contre le terrorisme dans la zone d'étude et propose la prise en compte
des spécificités tels que la criminalité organisée,
la pauvreté, la marginalisation, la corruption qui sont autant de
facteurs qui exacerbent le terrorisme et réduisent l'efficacité
des mécanismes mis en place. Dans son mémoire de fin de formation
pour l'obtention du Diplôme d'Etude Supérieur Appliquée de
Police ALLOWANOU K. B., présente comment la police peut lutter contre le
terrorisme et sa capacité à protéger la
population.50(*)
Comparativement aux études précitées, le
présent travail se focalise essentiellement sur le thème
« Analyse critique de la menace terroriste dans la zone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo ». Le choix de
ce thème est une conséquence ou encore le fruit de
l'inquiétude ressentie non seulement devant la prolifération des
GAT en Afrique de l'ouest mais aussi de la dégradation
sécuritaire au Burkina-Faso, l'implantation des Groupes Armés
Terroriste (GAT) à l'Est du Burkina-Faso prêt des
frontières avec le Bénin et le Togo qui est préoccupante
et surtout devant la multiplicité des solutions proposées soit
par les États, en solitaire ou sous forme de coalition soit par les
organismes régionaux et internationaux notamment CEDEAO, l'UA, l'ONU ou
encore les puissances internationales (la France, les États-Unis) qui
jusque-là donnent des résultats très modestes pour ne pas
dire inefficaces. A voir de plus près cette situation, bon nombre
d'analystes s'interrogent avec raison sur les réels objectifs et
finalités de ces puissances internationales sur le continent dans cette
lutte supposée contre le terrorisme.
Du point de vue temporel, la présente étude
couvre la période allant de 2001 à 2021. Cette période
marque une montée du terrorisme dans le monde et particulièrement
en Afrique subsaharienne. L'année 2001 symbolise les attentats
terroristes du 11 septembre aux États-Unis et représente un
événement historique du terrorisme à l'échelle
planétaire.
Du point de vue spatial, notre étude s'étend sur
l'Afrique de l'ouest particulièrement sur les zones frontalières
entre le Bénin, le Burkina Faso et le Togo, espace dit de la mort. De
manière générale, la présente étude cherche
à expliquer les causes de l'extension des GAT dans l'espace Ouest
Africain. C'est depuis le 15éme siècle que le terrorisme est
devenu très en vue sur la scène internationale à cause de
sa complexité51(*).
Cette complexité du terrorisme se comprend très nettement par le
fait qu'elle englobe tour à tour des caractéristiques, de nature
politique, économique, religieuse et même sociale, des mouvements
bien organisés qui soutiennent et financent les terroristes.
Les informations recueillies nous ont permis de consacrer la
Première Partie de notre travail sur l'essor du
terrorisme dans la zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo et la
Deuxième Partie, la gouvernance étatique
sécuritaire perfectible.
Source : Plan de situation géographique du complexe
WAP, UICN, Octobre 2004, modifié par l'auteur
Statuts des zones et occupation du complexe
WAP
Figure N° 1 : illustration de la zone d'occupation des
GAT à l'Est du Burkina Faso et au Nord-Ouest du Bénin
« Toute investigation sérieuse sur le
terrorisme propre à un État conduit inexorablement à ce
que la communauté internationale tente sans cesse d'esquiver : il faut
s'interroger sur les causes profondes du recours à la terreur.52(*) »
CILLIERS J.
PREMIERE PARTIE
L'ESSOR DU TERRORISME DANS LA ZONE FRONTALIERE
BENIN-BURKINA FASO -TOGO
La première partie consacrée à
l'identification des facteurs qui favorisent le terrorisme ainsi que leurs
effets sur la population transfrontalière.
Toutefois, il y a lieu de comprendre pourquoi l'extension des
Groupes Armée Terroriste (GAT) du Burkina-Faso vers les
frontières du Bénin au Nord-Ouest ?
Figure N°2 : Carte du Bénin illustrant
l'espace frontalier d'étude
Les travaux examinés mettent en exergue la dimension
régionale de l'instabilité sahélienne. Elle aurait
été déclenchée par des évènements
externes comme le débordement du conflit algérien et
l'effondrement du régime de Kadhafi avec les flux de combattants qui
à partir de la Libye auraient rejoint le nord-Mali53(*), ou bien produite par
l'insertion du « Sahel » dans les réseaux globaux de
l'économie grise, voire dans la prolifération du terrorisme
à partir de l'Algérie et de la Mauritanie54(*). Les interférences
diplomatiques régionales (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc) ou
internationales (France) sont également mentionnées en tant que
déterminants impactant l'échiquier malien que les acteurs locaux
peuvent difficilement contrôler55(*).
Les actions des opérations de la force conjointe G5
Sahel ou « G5S »56(*)et de la force Barkhane57(*)ont fait repousser les GAT du
Mali vers le Burkina-Faso et vers les pays côtiers dont le
Bénin.
CHAPITRE 1 : LES
FACTEURS QUI FAVORISENT LE TERRORISME DANS LA ZONEFRONTALIERE BENIN - BURKINA
FASO - TOGO
Dans ce premier chapitre, il sera question d'identifier et
d'expliquer les facteurs qui favorisent le terrorisme dans la zone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo.
La littérature et l'enquête sur le terrain
procurent une liste longue et diverse des facteurs possibles causes du
terrorisme ou de facteurs de risque dans l'espace frontalier
Bénin-Burkina Faso-Togo. Ses facteurs sont les suivants : les
facteurs naturels, politiques, socioéconomiques, religieux et
culturels.
1-1- Les facteurs naturels
à risque de terrorisme dans l'espace frontalier Bénin-Burkina
Faso-Togo
Plusieurs facteurs naturels favorisent le terrorisme notamment
: la croissance démographique, le changement climatique et certaines
politiques publiques qui privilégient le développement de
l'agriculture extensive.
La croissance démographique entraîne une forte
concurrence pour l'accès aux ressources naturelles et notamment, une
intense course aux terres qui suscite des tensions communautaires et un
sentiment d'abandon par l'État à cause de l'absence d'un plan
d'aménagement territorial.
Le complexe WAP58(*)est un ensemble des aires protégées
(resserve de flore, de faune et site touristique), interdit d'accès aux
riverains qui ne peuvent ni prélever de tisanes, ni faire paître
les animaux, ni cultiver, ni chasser, etc. Alors que c'est de ces
activités qu'ils vivent. Par contre les touristes et gardes faune ou
Rangers ont accès. Ce qui crée une frustration et colère
au sein des riveraines. Depuis un moment le parc Arly du Burkina Faso et 10
Km59(*)d'emprise et
linéaire le long des frontières du Bénin avec le Burkina
Faso sont aux mains des Groupes Armés Terroriste (GAT) ou Groupes
Armés (GA) de par sa richesse en animaux sauvages pour leur subsistance
alimentaire de même pour la contrebande de tout genre. Ils servent de
base logistique et de repli pour préparer et planifier les attaques aux
GAT.
Des chasseurs de la commune de Matéri, au cours d'une
chasse ont rencontrés des GAT et seront en lien avec les djihadistes du
Burkina actuellement car certains seraient endoctrinés.60(*)
La géomorphologie permet aux djihadistes de se
réfugier dans ces zones à relief accidenté et difficile
d'approche aux FDS.
Le changement climatique et la désertification, source
de la rareté des précipitations, amènent certains
éleveurs et agriculteurs non résiliant à se donner au gain
facile en intégrant des groupes criminels pouvant s'affilier aux GAT.
Les personnes interrogées dans le cadre de ce travail
ont des avis partagés sur les indicateurs constituants les facteurs
naturels qui favorisent l'extension des terroristes dans l'espace
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo. Ainsi, dans le complexe WAP
et ses environs, la zone délimitée en rouge sur la figure
N°1 constitue un `'biotope'' idéal aux GAT, de par la
végétation qui permet de se camoufler, la géomorphologie
qui rend l'accès difficile de la zone aux FDS, la faune un moyen
d'alimentation et de trafic puis les ressources minières telles que l'or
dont son exploitation clandestin constitue un moyen de financement du
terrorisme.
Figure 3: Synthèse de l'avis des personnes
interrogées
Source : Enquête terrain juillet 2021
1-2- Les facteurs
socioéconomiques, religieux et culturels à risque de terrorisme
dans l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo
L'incidence de la pauvreté d'existence dans le
département de l'Atacora est de 50,4% en 201361(*) et pourrait dépasser ce
chiffre ces dernières années. La pauvreté pousse certains
jeunes des communes de Boukoumbé, Cobly et Matéri à
l'exode vers les communes productrices du Coton comme Banikoara, Kérou
et même vers d'autres pays comme le Burkina Faso, le Ghana, le
Nigéria et le Togo. Aujourd'hui avec la situation sécuritaire
dans la sous-région ouest africaine avec la floraison des groupes
armés, certains jeunes en exode pourraient être
enrôlés par ses groupes armés et constitués des
cellules dormantes dans le triangle Bénin-Burkina Faso-Togo. La
création du camp peul « Gouré
Potal »62(*)
à la frontière Bénin-Togo dans l'arrondissement de Tapoga
commune de Cobly constitué uniquement des peuhls ressortissants
burkinabés et nigériens qui ne sont pas administrativement tous
enregistrés est une bombe à retardement, vu le sinistre qui a
conduit à la création dudit village. Cette population
était à 4213en201863(*).Ce chiffre est actuellement dépassé vu
la situation au Burkina Faso et Niger.
Le financement de la construction des mosquées par des
pays arabes, le recrutement des enfants et jeunes de la commune de
Matéri pour l'école coranique au Togo ou Burkina-Faso et le flux
migratoire en juin des Burkinabés vers Porga fuyant les attaques des GA
sans de renseignements sur ces individus sont des facteurs à risque de
terrorisme. De plus, la porosité des frontières, l'accès
de Doga à Koualou par des pistes secondaires (zone dans laquelle des
matériels militaires ont été découverts) et les
trafics de tout genre qui se font à Koualou sont des sources probables
de financement des GAT.
En effet, les liaisons routières entre les
États, communes et arrondissements sont mal assurées dès
lors que la frontière est loin des zones urbaines : plus on
s'éloigne du centre et plus l'État et son administration
disparaît. Les personnes interrogées dans le cadre de ce travail,
nous déclarent que dans la commune deBoukoumbé, Cobly,
Matéri et Tanguiéta le chômage, la déscolarisation,
la pauvreté, l'inégalitéet l'immigration sont lequotidien
de la population.Ces Communes sont dans la zone frontalière
Bénin-Burkina Faso-Togo.
Figure N°4 : Synthèse de l'avis des personnes
interrogées
Source : Enquête terrain juillet 2021
1-3- Les facteurs
politiques à risque de terrorisme dans l'espace frontalier
Bénin-Burkina Faso-Togo
Le litige d'appartenance de la zone de Koualou entre les
États Béninois et Burkinabè fait de celle-ci une zone de
tous trafics et d'économie grise. A aucune représentation de FDS.
L'enclavement d'espace frontalier, l'accès aux services sociaux de base
et l'animation économique locale constituant des facteurs majeurs pour
que la population transfrontalière se laisse endoctriner par les
djihadistes du fait de l'abandon de l'État.
La commune de Matéri, est située au Nord-Ouest
du Département de l'Atacora. D'une superficie de 4 800 km², elle
est comprise entre 10° 38' et 11° 4' de latitude Nord et 0° 48'
et 1°10' de longitude Est. Elle est limitée à l'Est par la
Commune de Tanguiéta, au Sud par celle de Cobly, au Nord par la
République du Burkina-Faso et à l'Ouest par la République
du Togo.64(*)La Commune
est frontalière à deux pays dont l'un (Burkina-Faso) est
accessible par la voie inter-État Tanguiéta-Porga (en
dégradation avancée), et l'autre (Togo), est difficile
d'accès du fait du manque de pont sur la rivière Oti.
Dans la commune de Matéri, plusieurs personnes se sont
déjà radicalisées. Elles estiment être
abandonnées par l'État central. Pas grand accès aux
services sociaux de base. Le centre de santé souffre d'un
véritable problème de personnels et de moyens. Le plateau
technique du centre de santé ne répond plus aux exigences et la
plupart des malades sont référés à l'hôpital
Saint Jean de Dieu de Tanguiéta, un centre privé qui, avec sa
réputation aujourd'hui, il faut disposer de moyens nécessite pour
avoir un soin de qualité65(*). Pas d'accès à l'énergie
électrique 24/24 ; les voies reliant les arrondissements et
villages n'étant pas carrossables notamment, celle reliant
Tiélé à Doga. L'arrondissement de Gouandé donne
accès au Togo par le village de Doga dans lequel toute sorte de
transaction se fait. On peut également rejoindre le Burkina Faso
toujours en passant par Doga et Namboni, traverser la rivière Pendjari
et se retrouver à Koualou, zone frontière d'économie
grise. Les villages Namboni et Nambouli de l'arrondissement de Tantéga
sont fréquentés par des individus de toutes nationalités
sans aucun contrôle. A Matéri, les peulhs n'ont pas le même
droit que les autochtones. Ils ne peuvent se plaindre contre un autochtone de
peur de se faire expulsé du village, même s'il y est
né.66(*) Cet
état de chose crée une frustration au sein de cette
communauté. La commune de Matéri est exposée aux vents
violents et aucune politique n'est menée pour la résilience de la
population qui se demande si elle n'est pas béninoise.
La commune de Boukoumbé, l'une des neuf (09) communes
que compte le département de l'Atacora, est située au Nord-Ouest
du Département. Elle est localisée entre 10° et 10°40'
de la latitude Nord et 0°75' et 1°30' de la Longitude Est. La
superficie de Boukoumbé est de 1 036 Km2 dont, 342
km2 sont cultivables (soit 33%). La Commune de Boukoumbé est
limitée au Nord-Est par la Commune de Tanguiéta, au Nord-Ouest
par celle de Cobly, au Sud par la Commune de Natitingou, à l'Est par la
Commune de Toucountouna et à l'Ouest par la République du
Togo.67(*)
Dans la commune Boukoumbé, l'État est peu
représenté. Pas de couverture réseau GSM dans les
arrondissements frontaliers de Dipoli, Korontière. La quasi inexistence
de FDS au niveau des frontières est notée. Deux (02)
Commissariats d'Arrondissements pour sept (07) arrondissements dont le
Commissariat d'Arrondissement (CA) Manta qui ne dispose pas de moyens
roulants68(*) pour
sécuriser les frontières avec le Togo. Les voies d'accès
aux arrondissements de Dipoli et de Korontière sont impraticables. A
Dipoli, plusieurs personnes se sentent Togolais plus que Béninois du
fait des opinions politiques. Elles sont isolées et on note
également une faible couverture réseaux GSM dans
l'arrondissement. Aussi, ces arrondissements ne disposent pas assez d'addition
d'eau villageoise (AEV). Les quelques-unes disponibles en pannes. Il faut se
rendre au Togo
Photo N°1 : État du pont
de la voie reliant l'arrondissement de Dipoli à l'arrondissement de
Korontière dans la commune de Boukoumbé
Vue prise par : ATTUY, Juin
2021
pour avoir de l'eau potable et gratuitement.
La Commune de Cobly située au Nord-ouest du
Bénin dans le Département de l'Atacora est limitée au Nord
par la Commune de Matéri, au Sud par la Commune de Boukombé,
à l'Est par la Commune de Tanguiéta et à l'Ouest par la
République du Togo. Elle couvre une superficie d'environ 825
km2 subdivisée administrativement en quatre arrondissements
(Cobly, Tapoga, Datori, Kountori) et 26 villages. Dans la commune de Cobly,
l'État est peu représenté en général en
particulier, les services sociaux de base. Pas d'eau courante 24/24. Dans le
domaine sécuritaire, pas de présence militaire. Deux
commissariats pour quatre arrondissements. Tout est politisé à
Cobly et l'impunité est remarquable. Le lycée agricole
attribué à la commune de Cobly en conseil des ministres serait
détourné au profil de la commune de Matéri pour cause
politique69(*). Les
frontières avec le Togo sont poreuses. Le niveau d'enclavement est tel
que les populations ont plus facilement accès aux marchés au Togo
par Datori qu'aux marchés des grands centres de consommation au
Bénin pour l'écoulement de leurs productions. La marginalisation
de la communauté peulh d'un côté et, de l'autre
côté, les conflits autour des ressources naturelles (la terre)
sont autant de facteurs à risque de terrorisme.
La commune de Tanguiéta couvre une superficie de 5.456
km² et est située dans le département
de l'Atacora au Nord-Ouest de la république du
Bénin. Elle est traversée par la route Inter-États
Bénin-Burkina-Faso. La commune de Tanguiéta est entourée
des montagnes de la Chaîne de l'Atacora et limitée au Nord par le
Parc de la Pendjari. Au Sud, elle est limitée par les communes de
Toucountouna et de Boukombé ; à l'Ouest par les Communes de
Matéri et de Cobly, à l'Est par les communes de Toucountouna, de
Kérou et de Kouandé.70(*)Tanguiéta où des hommes suspects
viennent régulièrement se faire soigner à l'hôpital
Saint-Jean de Dieu, réputé dans toute la région pour la
qualité de ses soins. En septembre 2020, des présumés
djihadistes recherchés au Burkina Faso y ont été vus avant
d'être arrêtés. Cette ville riveraine du parc de la Pendjari
est située à une cinquantaine de kilomètres de la
frontière avec le Burkina Faso. C'est un motif d'inquiétude pour
les autorités locales ainsi que pour la direction du centre
hospitalier.71(*)Seul
l'arrondissement central bénéficie de la présence
effective de l'État. Les arrondissements de Cotiakou et de Tanongou qui
se situent dans la chaîne de l'Atacora soufrent d'accès à
l'eau et à l'énergie électrique. Celui de N'dahonta
entièrement en plaine, alors que les terroirs de Tanguiéta et
Taïacou comportent les deux types de reliefs. Les voies d'accès
sont dégradées et les villages sont difficilement accessibles. La
vente d'essence de contrebande est une spécialité des
commerçants de Tanguiéta qui seraient en contact avec les
terroristes. Des incursions en petit nombre existent, notamment au niveau de
Tanguiéta, où des hommes suspects viennent
régulièrement.
En raison du choix politique de l'État central pour le
développement des communes au Bénin, les populations des communes
de Boukoumbé, Cobly, Matéri et Tanquiéta estiment
être oubliées par l'État vu le développement actuel
des communes du sud. Elles expliquent que seule la commune de Boukoumbé
qui a connue un développement éclaire par le bitumage de la
bretelle Natitingou-Boukoumbé. En termes d'occupation et actions vers
les frontières, seules les bornes misent en terre à la
frontière avec le Togo peuvent être constatées. La plupart
des bornes ont été vandalisées,malgré la forte
médiation des actions que mènent l'ABeGIEF. Ainsi, les
frontières au Nord-ouest sont poreuses. Les personnes interrogées
dans le cadre de ce travail rapportent que la mauvaise représentation de
l'État, la corruption, l'impunité, la mauvaise gouvernance, le
favoritisme sont des maux des Communes d'étudeainsi, desterreaux
fertiles pour les GAT.
Figure N°5 : Synthèse de l'avis des personnes
interrogées
Source : Enquête terrain juillet 2021
Conclusion partielle
En résumé, les indicateurs des facteurs
naturels, socioéconomiques, religieux, culturels et politiques sont au
rouge dans l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo. Les facteurs
favorisant l'extension de la menace terroriste sont transversaux.Ils sont
constitués des indicateurs qui sont : la croissance
démographique, la végétation, la géomorphologie, le
changement climatique, la désertification, la répartition de
ressources minières, peu représentation de l'état,
corruption, impunité, exclusion sociale, transhumance, pauvreté,
chômage, crise économique, exclusion ethnique, prêche
excitant au djihad, conflits religieux, conflits entre agriculteurs et
éleveurs, le financement de construction de mosquées et
école coranique par des pays arabes, etc.Ilssont en proportion
inquiétantes dans la commune de Boukoumbé, de Cobly, de
Matéri et de Tanguiéta.Ils sont des terreaux fertiles sur
lesquels les djihadistes peuvent ou ils s'y appuient pour s'attirer des
sympathies locales. Toutefois, il est important que les autorités
à divers niveaux prennent au sérieux les problèmes de la
populationtransfrontalière. Car, de la menace terroriste à
l'attaque terroriste, c'est juste un pas.
CHAPITRE 2 : LES EFFETS
DU TERRORISME SUR LES POPULATIONS TRANSFRONTALIERES
Dans ce chapitre, les effets socioéconomiques et
psychologiques du terrorisme sur les populations et l'impact du terrorisme sur
les droits de l'homme sont traités.
2-1- Les effets
socioéconomiques du terrorisme sur les populations
Les attaques terroristes infligent souvent des dommages
matériels et de grandes souffrances aux populations. À cet
égard, le premier exemple qui vient à l'esprit est le bilan du 11
septembre 2001. La douleur et le deuil occasionnés par ces actes
s'accompagnent d'une perte de capital humain. L'attaque au point triple du
côté du Burkina Faso par des GAT le 14 février en est aussi
un exemple. Ce lieu abrite un centre régional de recherche
écologique et environnementale avec des infrastructures
hôtelières pour les touristes. Un véhicule `'Land
Cruiser'', trois motos et plusieurs objets non moins importants ont
été emportés. Au-delà de la destruction des
infrastructures et de la perte de vies humaines, elles provoquent un climat
d'incertitude et entraînent des distorsions dans l'allocation des
ressources internes ainsi que des coûts indirects provenant des mesures
de sécurité à mettre en place. « A cause des
terroristes, les activités et affaires ne prospèrent plus. Il
faut être sur le qui-vive. Pour un rien du tout on peut te tuer72(*)». Ces
préjudices économiques considérables ne sont, toutefois,
qu'une des conséquences du terrorisme. L'impact socioéconomique
ne constitue qu'une des conséquences du terrorisme. Il ne dit rien de la
peur, du deuil et de la souffrance subie par la population concernée.
Les souffrances humaines qui en résultent sont pires encore. Les
terroristes prennent régulièrement les touristes pour cible. Les
attaques dirigées contre des sites touristiques relativement faciles
à organiser ont un très fort retentissement médiatique
international du fait que leurs victimes sont originaires de nombreux pays et
peuvent mettre sérieusement en danger l'économie du pays
visé. L'exemple de l'attaque du lundi 29 avril 2021 où des
individus armés ont visé le convoi mixte constitué
d'éléments locaux des FDS et des expatriés de
nationalité Espagnole et Irlandaise sur l'axe Fada N'Gourma-Pama dans la
région de l'Est au Burkina Faso, dont le bilan fait état de trois
(03) blessés, quatre (04) portés disparus (tous expatriés
et un burkinabè), tous retrouvés morts par la suite. L'image des
corps sans vie ont fait le tour des réseaux sociaux73(*).
2-2- Effets psychologiques du
terrorisme sur la population
Le terrorisme cherche moins à tuer qu'à tuer
abominablement ; il vise moins à tuer en masse qu'à propager
l'effroi. Son but est d'inspirer l'horreur, l'indignation, la répulsion
et la terreur dans l'opinion publique en infligeant aux victimes une mort
horrible qui remet en question l'ordre social et la morale.
Décapitations, éventrations, castrations, vies fauchées
à la fleur de l'âge, la scénarisation monstrueuse de la
mort revêt une pluralité des formes. L'attaque de Solhan au
Burkina Faso, du 5 juin 2021 par les GAT a occasionné de source
officielle plus de 135 morts. Ceci conduit au déplacement de milliers de
personnes et de centaines de réfugiés vers le Bénin. Plus
de 12500 enfants ont eu accès à un soutien psychosocial pour les
aider à surmonter les événements traumatisants de leur
vie.74(*) La
sous-région ouest-africaine notamment le Mali, le Niger, le Burkina-Faso
et le Nigéria, ont connu et connaissent encore une augmentation des
manifestations de l'extrémisme violent ayant conduit à beaucoup
d'attaques terroristes sur leurs territoires respectifs et depuis un bon
moment, ces actes se sont délocalisés vers certaines de leurs
régions frontalières avec le Bénin, notamment les parcs
« Arly » au Burkina et « W » au Niger
et occasionnent plusieurs morts et blessés graves. L'enlèvement
de touristes français avec l'exécution d'un guide béninois
début mai 2019, l'attaque du poste avancé de police de
Mékrou, la traversée du Bénin par des individus
armés et bien d'autres cas viennent confirmer que le Bénin entre
temps épargné est désormais compté parmi les pays
touchés par le phénomène même si les ampleurs ne
sont pas les mêmes.
2-3- L'impact du terrorisme sur
les Droits de l'Homme
Le terrorisme vise la destruction même des Droits de
l'Homme, de la démocratie et de l'état de droit. Il s'attaque aux
valeurs qui sont au coeur de la Charte des Nations Unies et d'autres
instruments internationaux : le respect des Droits de l'Homme ; la
primauté du droit ; les règles régissant les conflits
armés et la protection des civils ; la tolérance entre les
peuples et les nations ; le règlement pacifique des conflits.
Le terrorisme a un impact direct sur l'exercice d'un certain
nombre de Droits de l'Homme, en particulier du droit à la vie, à
la liberté et à l'intégrité physique. Les actes
terroristes peuvent déstabiliser les gouvernements, affaiblir la
société civile, compromettre la paix et la
sécurité, menacer le développement social et
économique, et avoir un effet particulièrement
préjudiciable pour certains groupes, toutes choses qui influent
directement sur l'exercice des droits fondamentaux de l'homme.
Les effets destructeurs du terrorisme pour les droits de
l'homme et la sécurité ont été reconnus au plus
haut niveau de l'Organisation des Nations Unies, notamment par le Conseil de
sécurité, l'Assemblée générale,
l'ex-Commission des Droits de l'Homme et le nouveau Conseil des Droits de
l'Homme75(*). Les
États membres ont, en particulier, déclaré que le
terrorisme :
ü « menace la dignité et la
sécurité des êtres humains partout, met en danger ou prend
des vies innocentes, crée un climat qui empêche les populations
d'être libérées de la peur, compromet les libertés
fondamentales et vise à la destruction des Droits de l'Homme ;
ü a un effet négatif sur l'instauration de
l'état de droit, affaiblit la société civile pluraliste,
vise à détruire les bases démocratiques de la
société, et déstabilise des gouvernements
légitimement constitués ;
ü a des liens avec la criminalité
transnationale organisée, le trafic de drogues, le blanchiment d'argent
et le trafic d'armes ainsi que les transferts illégaux de
matières nucléaires, chimiques et biologiques et est aussi
lié à des crimes graves tels que les assassinats, les chantages,
les enlèvements, les agressions, les prises d'otages et vols, commis en
conséquence ;
ü a des conséquences négatives pour le
développement économique et social des États, met à
mal les relations amicales entre les États, et a un effet pernicieux sur
les liens de coopération entre les États, y compris la
coopération pour le développement ;
ü et menace l'intégrité territoriale et
la sécurité des États, constitue une grave violation du
but et des principes des Nations Unies, est une menace pour la paix et la
sécurité internationales, et doit être
éliminé comme une condition essentielle du maintien de la paix et
de la sécurité internationales.76(*) »
Il est clair que le terrorisme a des effets très
réels et directs sur les Droits de l'Homme, avec des conséquences
catastrophiques pour la réalisation du droit à la vie, à
la liberté et à l'intégrité physique des victimes.
Outre ces coûts individuels, le terrorisme peut déstabiliser les
gouvernements, affaiblir la société civile, compromettre la paix
et la sécurité et menacer le développement social et
économique, toutes choses qui ont aussi un réel impact sur
l'exercice des Droits de l'Homme
Conclusion partielle
Tout ce qui précède met à
l'évidence l'impact du terrorisme sur la population et leur vie
socioéconomique. Pour prévenir la radicalisation conduisant
à l'extrémisme violent et le terrorisme ; il convient,
cependant, de ne pas mettre trop unilatéralement l'accent sur les moyens
de dissuasion militaires et policiers. Mieux vaut chercher également
à éliminer les causes profondes en offrant une meilleure
condition de vie aux populations par un état de droit, de la bonne
gouvernance avec un investissement et redistribution équilibrée
des ressources nationales ; toutes ces conditions réunies donneront
du mal aux terroristes pour endoctriner les couches vulnérables.
DEUXIEME PARTIE
UNE GOUVERNANCE ÉTATIQUE SECURITAIRE
PERFECTIBLE
La bonne gouvernance recouvre aussi bien la capacité du
gouvernement à gérer efficacement ses ressources, à mettre
en oeuvre des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de
l'État pour les institutions, ainsi que l'existence d'un contrôle
démocratique sur les agents chargés de l'autorité. La
gouvernance de l'Étatserait une source de diverses crises auxquelles
sont confrontés les États ouest africains. La présente
partie traite : la gouvernance étatique sécuritaire et les
stratégies pour une amélioration de la lutte contre la menace
terroriste dans la zone frontalière Bénin-BurkinaFaso-Togo.
CHAPITRE 1 : UNE
SECURITE MILITARO-POLICIERE FRAGILE
Ce chapitre est consacré à l'évaluation
de la gouvernance sécuritaire de l'État dans le
département de l'Atacora : Identifier les potentialités et
les limites.
1-1- Les mécanismes
de gestion des frontières, de sécurité et de lutte contre
le terrorisme dans le département de l'Atacora
Le Bénin, après son accession à la
souveraineté légale internationale en 1960, avait opté
pour le développement des grandes villes abandonnant ses
frontières. A cause de l'imprécision, certaines de ses
frontières telles que la zone de Koualou actuellement devant les
juridictions internationales, les gouvernements qui se sont
succédés ont eu du mal à aller vers ces frontières
du département de l'Atacora. Les populations se retrouvent sans le
minimum, c'est-à-dire, l'eau, l'électricité, etc. Elles
ont été abandonnées. Ainsi, elles ont ouvert des pistes
secondaires de raccourci donnant accès aux villes des pays voisins pour
divers échanges rendant ainsi poreuse ces frontières. Au
Bénin, il existe des mécanismes de gestion des frontières
de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Les
différents acteurs sectoriels disposent de responsabilités
claires, mais ils n'arrivent pas à coordonner leurs efforts. La
Politique Nationale de Développement des Espaces Frontaliers (PNDEF) est
une politique territoriale de large champ d'intervention couvrant les domaines
civils, paramilitaires, militaires et diplomatique et porte sur 36 des 77
communes du Bénin. Elle traite des questions de sécurité
intérieure et extérieure du Bénin, de l'intégration
régionale par la base, de la valorisation des aires culturelles
héritées de l'histoire. La PNDEF est donc un instrument qui
renforce la Politique Nationale de Décentralisation et
Déconcentration (PONADEC) pour accroître les investissements
publics dans les communes frontalières afin de réduire
l'écart d'accès des populations aux services essentiels de base
avec les localités des pays limitrophes. La PNDEF est aussi un
instrument d'aménagement du territoire, car elle permet de
réguler l'occupation et l'utilisation des espaces frontaliers par les
opérations de délimitation, de sécurisation du territoire
et d'amélioration de l'accès des populations à des
services éducatifs, sanitaires, sécuritaire.77(*) Le Bénin dispose de
nombreux outils de gestion des frontières de sécurité et
de lutte contre le terrorisme. L'un de ces outils est l'Agence Béninoise
de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (ABeGIEF)
créée en décembre 2012 par le décret
n°2012-503 du 10 décembre 2012 portant attribution, organisation et
fonctionnement de l'ABeGIEF, tel que modifié par le décret
n°2019-516 du 20 novembre 2019 et le décret n°2021-055 du 10
février 2021 portant approbation des statuts de l'ABeGIEF. L'une des
finalités de cette agence est de renforcer la souveraineté
nationale dans les zones frontalières afin de sécuriser le
territoire national et de créer de meilleures conditions d'existences
des populations desdites zones. Toutefois, l'analyse des causes du terrorisme
ainsi que des facteurs de vulnérabilité révèlent
que l'efficacité des mécanismes de gestion intégrée
des espaces frontaliers relève d'une approche multisectorielle et
multi-acteurs.
1-2- La gouvernance de la
sécurité militaro-policière
1-2-1- Les Forces Armées
Béninoises (FAB)
En accédant à la souveraineté
internationale, le Bénin s'est doté le 30 juillet 1960 d'une
armée nationale fortement inspirée des armées
contemporaines et de l'organisation des troupes des différents royaumes
de notre pays.78(*) La loi
N° 90-016 du 18 juin 1990 portant création des forces armées
béninoises telle modifiée par la loi N° 2020-15 du 3
juillet 2020 et la constitution du 11 décembre 1990
révisée en 2019 par loi 2019-40 du 7 novembre 2019 portant
révision de la constitution du 11 décembre 1990, a prescrit aux
Forces Armées Béninoises (FAB) d'assurer la couverture
sécuritaire effective, permanente et efficace du territoire, ainsi que
la vigilance aux frontières. Ses missions sont officiellement les
suivantes :
ü Préserver l'intégrité du
territoire, la vie des citoyens et la souveraineté
internationale ;
ü Contribuer à la sécurité et la
stabilité régionale ;
ü Participer au développement
socioéconomique du pays ;
ü Permettre à l'État d'honorer ses
engagements internationaux en faveur de la paix et de la sécurité
internationale.
En réponse à la préservation de
l'intégrité territoriale et à la souveraineté
internationale, les FAB sont composées de quatre (04) corps :
Ø L'armée de terre ;
Ø La force aérienne ;
Ø La marine nationale ;
Ø La garde nationale ;
Lacunes et faiblesses relevées
Sur le plan administratif :
- Mauvaise gestion des ressources humaines : les
compétences sont sacrifiées au profit des liens de parenté
ou de parrainage (politique, religieux ou ethnique) ;
- Manque de sérieux dans le suivi des effectifs :
la position de beaucoup de militaires demeure inconnue à tout instant
car les structures habiletées n'exploitent pas les avantages
technologiques pour assurer ce suivi (pas d'homme qui faut à la place
qu'il faut) ;
- Difficulté à appliquer de manière
objective les différents textes gérant la carrière des
personnels militaires ;
Sur le plan opérationnel :
- Manque de leadership pour fédérer les
compétences au profit de l'institution : manque de cohésion
au niveau des différentes catégories et la non-participation
d'une grande majorité des militaires pour des questions d'enjeu
important pour l'institution et le pays ;
- L'affectation des personnels militaires à des
tâches qui ne relèvent prioritairement pas de leurs
compétences au détriment de leur préparation
opérationnelle ;
- Le manque de moyens : insuffisance en ressources
humaines et matériels (matériels de guerre, moyens de
mobilité) et financières (pour conduire les opérations de
sécurisation du territoire conforme au plan de travail annuel
(PTA) ;
- Absence d'un cadre réel de coopération et de
coordination des activités opérationnelles avec la Police
républicaine et les autres forces paramilitaires pour lutter
efficacement contre toute forme d'insécurité sur le territoire
national particulièrement le terrorisme ;
- Un faible maillage sécuritaire :
l'ex-gendarmerie, quatrième composante comblait partiellement ce vide.
La carte sécuritaire actuelle ne permet pas une bonne couverture du
territoire nation (Les bataillons inter-armés, unités mobiles,
unités spécialisées sont plus concentrés dans les
grandes villes abandonnant les espaces frontaliers) à laquelle s'ajoute
les mauvaises conditions de travail et de vie des militaires.
- Absence d'entraînements et de formation continue au
profit du personnel face à la dynamique de la menace terroriste dans la
région.
1-2-2- La Police
républicaine
Le Bénin, en 2017, a connu une reforme notable du
secteur de la sécurité par la fusion de deux anciens corps :
l'ex-gendarmerie nationale et l'ex-police nationale, en un seul corps
appelé Police républicaine par les lois 2017-41 du 29
décembre 2017 portant création de la Police Républicaine
et modifiée parlaloi2020-14du 03 juillet 2020 et la loi 2017-42 du 02
juillet 2017 portant statut des personnels de la Police républicaine
abrogée par la loi 2020-16 du 03 Juillet 2020 portant statut
spécial des personnels de la Police républicaine. Elle a pour
missions fondamentales d'assurer sur toute l'étendue du territoire
national :
- L'ordre public et la sécurité
intérieure ;
- La protection des institutions et installations de
l'État ;
- Le respect des lois et règlements ;
- La protection des personnes et des biens.
Elle assure, par ailleurs, les fonctions de police aux
armées.
La carte nationale de maillage sécuritaire se
présente suivant figure N°2.
Le département de l'Atacora, notre zone d'étude, ne
dispose que de trente (30) unités opérationnelles dont 25
Commissariats d'Arrondissement (CA), un (01) Commissariat Frontalier (CF), un
(01) Commissariat Spécial (CS) et trois (03) Unités
Spéciales de Surveillance des Frontières (USSF).
Figure N°6 : Carte de maillage sécuritaire de la
Police Républicaine
Lacunes et faiblesses relevées
Sur le plan administratif :
- Précipitation dans la mise en place de la force avec
pour conséquence l'adoption de textes mal élaborés source
de divergences et de nombreux recours à la cours suprême du
Bénin;
- Frustration d'une catégorie des personnels entre
temps au commandement, qui se retrouve assumer les fonctions d'exécution
par le décret N°2018-314 du 11 juillet 2018 portant
règlement du service dans la Police Républicaine en son article
13 « ont vocation à occuper les emplois de commandement et
direction, les fonctionnaires du corps des officiers de police.79(*) » ;
- L'exclusion des corps des agents et des brigadiers des
missions d'observation des Nations Unies malgré que le décret
N°2018-350 du 25 juillet 2018 portant modalités de participation
des personnels de la Police républicaine au missions extérieures
ne l'a prévue.
- Mauvaise gestion des ressources humaines ;
- Le manque de promotion des compétences à cause
de la guerre de leadership entre ex-policiers et ex-gendarmes pour diverses
raisons ;
- Inégalité de traitement d'indices salariales
(ex : un sous-brigadier de police de l'ex-policenationale et un
sous-brigadier de policede l'ex-gendarmerie ne gagne pas le même
salaire) ;
- Mauvais archivage des données dues à l'usage
abusif des réseaux sociaux pour les comptes rendus messages
etc. ;
- Problèmes de retard d'avancement et d'organisation de
stage ;
- Inexistence de plan de carrière ;
- La séparation jusqu'à ce jour des
différentes caisses secours ;
- Manque de prise en compte des signaux forts des impacts
psychologiques exprimés par les personnels (nombreux cas de radiation,
de suicide, de désertion) ;
Sur le plan opérationnel :
- La non dotation des fonctionnaires de police
républicaine de tenue par an ;
- Le ratio un policier une arme n'est pas respecté par
endroit ;
- un problème de moyens roulants et
équipements ;
- l'inexistence d'un plan travail annuel pour la formation du
personnel.
1-2-3- Le Comité
chargé de Contrôle des Missions de Sécurisation de
Territoire National (CCMST)
Le CCMST est créé par le décret
n°2020-068 du 12 février 2020. Il a pour missions :
§ La surveillance de la sécurisation des corridors
et axes secondaires du territoire national ;
§ Le suivi de la bonne gestion des ressources
additionnelles allouées à la sécurité
publique ;
§ L'inspection externe du bon fonctionnement des
unités de sécurité publique ;
§ L'exécution de toutes autres missions
républicaines assignées par le Chef de l'État.
Les capacités opérationnelles du CCMST
pourraient être renforcées par l'introduction du Système
d'Information Géographie (SIG) et certaines de ses applications.
1-2-4- La Commission Nationale
de Lutte Contre la Radicalisation, l'Extrémisme Violent et le Terrorisme
CNL CREVT
Vu la situation sécuritaire internationale,
régionale, sous régionale et nationale en matière de lutte
contre la radicalisation, l'extrémisme violent et le terrorisme, le
Président de la République, dès son accession au pouvoir,
a choisi de combler le vide. A travers le décret 2016-416 du 20 Juillet
2016 portant attributions, organisation et fonctionnement (AOF) du
Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité Publique
(MISP) en 2016, l'institution chargée de fédérer les
énergies pour conduire à l'atteinte de cet objectif : la
Commission Nationale de Lutte Contre la Radicalisation, l'Extrémisme
Violent et le Terrorisme est née. Quels étaient donc son ou ses
mandats en 2016 ?
Conformément à l'article 86 du décret
2016-416 du 20 Juillet 2016 portant AOF du MISP et qui était encore en
vigueur au moment des évènements de juin 2020,80(*)le Secrétariat Permanent
est l'organe exécutif du comité national de lutte contre le
terrorisme et le radicalisme aujourd'hui, Commission Nationale de Lutte contre
la Radicalisation, l'Extrémisme Violent et le Terrorisme (CNL CREVT).
« A ce titre, elle est chargée de :
- définir la stratégie nationale de lutte contre
le terrorisme et le radicalisme et de veiller à sa mise en oeuvre par
les parties prenantes ;
- coordonner les interventions des différentes forces
en matière de lutte contre le terrorisme et le radicalisme ;
- veiller à la mise en oeuvre des différents
accords régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme et le
radicalisme au Bénin ;
- veiller à une meilleure collaboration entre les
forces, les administrations civiles, les élus locaux et les
organisations de la société civile en matière de
prévention et de lutte contre le terrorisme et le radicalisme ;
- mener des actions de sensibilisations des populations par le
biais des élus locaux sur les risques liés à
l'enrôlement dans des mouvements terroristes ou radicaux ;
- Initier des réflexions avec des universitaires et
chercheurs sur les facteurs de risque, inducteurs de terrorisme et de
radicalisme ;
- mener des actions de plaidoyer auprès du gouvernement
pour le renforcement des capacités opérationnelles des structures
de prévention et de lutte contre le terrorisme et le
radicalisme ».
Quant à l'article 88 dudit décret, «
l'organisation et le fonctionnement du Secrétariat Permanent ... sont
fixés par décret ». Le projet de ce décret
portant AOF de la CNLCREVT ayant reçu l'avis favorable de la cellule
juridique ad'hoc de la Présidence de la République le 14 juin
2019, est retourné au Secrétariat Général du
Gouvernement après intégration de ses dernières
observations. Revenu et adopté à l'unanimité au CODIR/MISP
vendredi 12 juin 2020, puis en conseil interministériel du 15 juin 2020,
ce projet n'est toujours pas encore adopté et publié au Journal
Officiel pour être invocable en tant que tel.
C'est dans ces conditions que, suite à la modification
du décret portant structures types des ministères, celui, tout
nouveau, portant AOF du MISP a été adopté le 29 juillet
2020 abrogeant celui de 2016 et apportant des modifications qui méritent
attention.
Ainsi, conformément au décret N°2020-389 du
29 juillet 2020 portant attributions, organisation et fonctionnement du
Ministère de l'intérieur et de la Sécurité
publique, ledit Ministère « a pour mission de veiller à
(...)
- en outre, il élabore la politique de lutte contre la
radicalisation, l'extrémisme violent et le terrorisme, ...........
À ce titre, il est chargé :
- (...) d'organiser et coordonner la lutte contre la
radicalisation, l'extrémisme violent et le terrorisme.
Si tels sont donc les mandats aujourd'hui de la CNLCREVT, il
est loisible de constater que le décret qui doit les compléter et
les préciser n'a pas encore vu le jour et cela ne favorise pas
véritablement l'implémentation desdits mandats, avec cette
particularité complémentaire que de ce fait, tous les organes de
la Commission n'existent pas encore avant qu'on ne parle de leur
opérationnalisation.
1-2-5- Le Comité de Haut
Niveau chargé de Lutte contre le Terrorisme et
l'Insécurité aux Frontières (CHNLTIF)
Le CHNLTIF est un comité créé par le
décret n°2019-519 du 22 novembre 2019. Il a pour missions :
§ d'élaborer la stratégie de lutte contre
l'extrémisme violent et l'insécurité au niveau des
frontières béninoises ;
§ de faire mettre en oeuvre les conclusions de ses
réflexions au niveau opérationnel ;
§ de faire le suivi-évaluation de la mise en
oeuvre de la stratégie et de rendre compte au Président de la
République.
La cellule de mise en oeuvre de la stratégie de lutte
contre le terrorisme et l'insécurité aux frontières est
créée et chargée de :
§ mettre en oeuvre les actions stratégiques
arrêtées par le CHNLTIF ;
§ coordonner les actions de défense et de
sécurité destinées à :
- renforcer la prévention de l'extrémisme
violent aux frontières ;
- protéger les populations et les
infrastructures ;
- réagir à toutes formes d'attaques en lien avec
le terrorisme.
Le déploiement de ces moyens sur le terrain pourrait se
faire à travers :
v Opérationnalisation du Conseil National de
Défense et de Sécurité (CNDS) par un décret
conformément à l'article 62-2 de la loi 2019-40 du 7 novembre
2019 portant révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Il
s'agit de le doter d'un Secrétariat permanent, organe technique
permanent de préparation et de suivi de la mise en oeuvre des dossiers
soumis au CNDS ;
v Opérationnalisation du Conseil National du
Renseignement (CNR) par un décret conformément à l'article
62-4 de la loi 2019-40 du 7 novembre 2019 portant révision de la
Constitution du 11 décembre 1990. Et la Commission Nationale de
Contrôle des Renseignements et le Coordonnateur National du Renseignement
prévus par la loi N° 2017-44 du 5 février 2018 portant
recueil du renseignement en République du Bénin.
1-2-6- Le Centre de
Documentation de Sécurité Publique (CDSP)
Le Centre de Documentation de Sécurité Publique
(CDSP) est créé par le décret N°2009-727 du 31
Décembre 2009. L'une des finalités du CDSP est
l'élaboration des statistiques relatives à la délinquance
en République du Bénin. Il est placé sous la tutelle du
MISP et accompagne la police républicaine à augmenter le
professionnalisme et éradiquer la corruption de son personnel, former
à numériser les fichiers des services de sécurité
entrant dans le cadre du programme du Système d'information
policière pour l'Afrique de l'Ouest (SIPAO), des terminaux sont mises
à dispositions des unités pour la numérisation des fiches
de services de sécurité et fichiers toutes personnes faisant
objet d'une procédure judiciaire.
Lacunes et faiblesses relevées
Les animateurs formés n'arrivent pas exercer pleinement
pour défaut de personnel dans les unités. Faible couverture
nationale du SIPAO et non opérationnalisation de l'inter connexion SIPAO
dans la sous-région.
1-3- La gouvernance politique et
sociétale
1-3-1- l'Agence Béninoise
de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers (ABeGIEF)
Longtemps, les habitants de certaines zones très
reculées ont été les grands oubliés du pouvoir
central. Comparativement au reste du pays, le niveau d'accès des
populations frontalières aux services socio-collectifs de base est
très faible. Le niveau d'enclavement est tel que les populations ont
plus facilement accès aux marchés des pays limitrophes qu'aux
marchés des grands centres de consommation au Bénin pour
l'écoulement de leurs productions. Le sentiment d'injustice et d'abandon
par l'État est très fort au sein de la population du nord-ouest
du Bénin. C'est pour remédier à ces manquements que
l'État a mis en place, en 2012, l'Agence béninoise de gestion
intégrée des espaces frontaliers (ABeGIEF) par le décret
n°2012-503 du 10 décembre 2012. Cette agence aux compétences
larges, rattachée au MISP, a pour mission de « redonner un
sentiment d'appartenance au Bénin » aux habitants des zones
frontalières en construisant des infrastructures et en mettant en place
des politiques de réduction de la pauvreté.
Lacunes et faiblesses relevées
L'ABeGIEF est une structure qui demeure peu
opérationnelle pour dix ans d'existence à cause de sa
stratégie opérationnelle (intervenir dans tous les
départements et au même moment) ce qui fait que ses actions ne
sont pas encore satisfaisantes ou peu visibles dans certaines communes et
à cause de l'insuffisance de compétences spécifiques
nécessaires à l'accomplissement de sa mission. A cela s'ajoute le
manque de moyens (matériels, humains et financiers) pour l'atteinte de
ses objectifs. La mutualisation de ses moyens et actions avec les
différents ministères pourrait améliorer son rendement.
1-3-2- L'Agence Territoriale de
Développement de l'Agriculture (ATDA)
L'Agence Territoriale de Développement de l'Agriculture
est l'organe de gestion du Pôle de Développement Agricole (PDA).
Elle est sous la tutelle du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et
de la Pêche (MAEP). Sept (07) ATDA ont été
créées sur toute l'étendue du territoire national. La
commune de Natitingou abrite le siège du pôle de
développement « Atacora Ouest ».
Lacunes et faiblesses relevées
Le Taux de pauvreté multidimensionnelle est de 64,9%.
Une pauvreté extrême qui amène certains paysans à
délayer le riz cru.81(*) Faciliter l'accès des producteurs aux facteurs
de production et aux services de qualité adaptés à travers
des mécanismes novateurs d'appui à la mise en place des intrants
spécifiques, des matériels et équipements adaptés
qui est une mission de l'ATDA mais, la population ne disposant pas assez
d'équipements fait recours aux services des tractoristes Ghanéens
faisant partir les capitaux au Ghana. La commune Natitingou ne produisant pas
assez de produits agricoles stratégiquement abrite le siège PDA
Atacora Ouest alors que les autres communes du département
bénéficient d'une faible présence de l'État. Une
priorité donnée à la production cotonnière avec un
semblant de négligence de la diversification pourtant prévue par
les caractéristiques du PDA Atacora Ouest « il s'agit
d'une zone de diversification coton-vivrier. Cette zone abrite un
système d'intégration agro-sylvo-pastorale comportant
potentiellement le coton et le riz. Ainsi que le maïs, les
légumineuses (niébié et arachide) et le manguier ;
ainsi que l'élevage de bovin, d'ovin, et de volaille y compris.82(*) ».
1-4- La Potentialité et
les limites du système de gestion intégré des espaces
frontaliers et de la sécurité
L'utilisation du modèle SEPO a permis de faire
l'analyse générale des mécanismes et outils de gestion des
frontières et de la sécurité existant au Bénin.
Cette analyse s'est limitée aux outils et mécanismes où
les FDS peuvent intervenir.
A cet effet, le champ d'analyse a été
divisé en deux dimensions : une dimension interne (succès,
échecs) et une dimension externe (potentialités,
opportunités) comme l'indique le tableau II.
Tableau II : Faiblesses et lacunes du
système de gestion des frontières et de la sécurité
existant au Bénin
Succès
|
Potentialité
|
- Mandat des FDS
- Autonomie de gestion de l'ABeGIEF consacrée par
décret et des attributions fortes
- Attribution de définir la stratégie nationale
de lutte contre le terrorisme et le radicalisme et de veiller à sa mise
en oeuvre par les parties prenantes au Ministère de l'Intérieur
et de la Sécurité Publique
- Mandat de la CNLCREVT
- Existence de la base de données SIPAO
|
- Possibilité de création de corps des FSD
enseignant au profit du renseignement
- Mutualisation des moyens des ministères au profit de
l'ABeGIEF
- Possibilité de création des conditions
d'échange entre chasseurs et FDS afin de profiter des pouvoirs mystiques
pour traquer les terroristes
- Possibilité de décentraliser l'ABeGIEF
impliquant les maires des communes frontalières comme points focaux
- Possibilité d'introduction du SIG dans la gestion de
la sécurité et des frontières
- Formation des FDS au SIG
- Possibilité d'opérationnaliser le CNDS et le
CNR
|
Echecs
|
Obstacles
|
- Faible maillage des FDS
- Mauvaise condition de travail et vie des FDS
- Inexistence de Système d'Alerte Précoce (SAP)
pour les communes frontalières du département de l'Atacora
- Connaissance limitée de l'intiative d'Accra par les
chargés d'unités frontalières
- Manque de moyens et équipements aux FDS
- Pas d'accès aux crédits agricoles
- Faible mécanisation de l'agriculture
|
- Doublon des structures de lutte contre la radicalisation,
l'extrémisme violent et le terrorisme
- Manque de motivation et d'engagement des FDS
- Inexistence de plan de formation des FDS
- Inexistence de cadre de concertation entre les FDS et les
chasseurs
|
Source : Enquêtes de terrain, juillet 2021
Le tableau II fait ressortir de nombreux échecs et
obstacles qui sont à l'origine des dysfonctionnements identifiés
dans les mécanismes et outils de gestion des frontières et de la
sécurité existant au Bénin. Cette analyse indique la
nécessité de renforcer les cadres institutionnel, juridique et
organisationnel en vue d'établir un système efficace.
CHAPITRE 2 : LES
STRATEGIES EFFICIENTES ET EFFICACES DE LUTTE CONTRE LA MENACE TERRORISTE DANS
LA ZONE FRONTALIERE BENIN - BURKINA FASO - TOGO
Dans ce chapitre, il est question de montrer la
défaillance des structures Étatiques en charge de la gestion des
frontières et de la sécurité à travers la
survenance des évènements terroristes et de crimes
organisés transnational dans le nord-Bénin et la proposition des
stratégies pour l'amélioration de la lutte contre le terrorisme
dans le triangle Benin-Burkina-Faso-Togo.
2-1- Les
événements liés aux activités terroristes et le
crime organisé transnational enregistrés au nord Bénin
v 11 Janvier 2020 à Koualou : interpellation par des
Individus Armés Non Identifiés (IANI) d'un citoyen armé de
fusil de chasse. La victime s'est échappée en emportant leur AK
qui a été transmise à la police ;
v Mars 2020 Menaces d'attaques du personnel d'African
Parc Network (APN) suite à l'interpellation d'un djihadiste à
l'intérieur de la Pendjari ;
v 13 Avril 2020 : kidnapping par des IANI d'une ambulance de
l'hôpital de Koualou avec les occupants. Il leur est reproché
d'être des informateurs des FDS ;
v 14 Avril 2020: disparition de 02 béninois. Leurs
motos ont été retrouvées un mois plus tard
abandonnées dans le parc Arly ;
v Avril 2020: dépossession d'un peulh transhumant de
son troupeau par des IANI à quelques kilomètres de Koualou. Ce
dernier fut retrouvé par un passant, ligoté;
v Juin 2020 : assassinat de sept béninois à
environ 3km de Koalou ;
v 09 juin 2020: une vingtaine d'IANI, parlant le Haoussa
ont traversées à motos d'Ouest en Est, le Nord du Bénin
enturbanné ; ils portaient d'AK, PKM, matériels de
communication ;
v 14 juin2020 : Assassinat d'un individu avec ses deux
enfants à Koualou ;
v Interpellation d'individus en lien avec le terrorisme en
novembre 2020. Ils ont tous été mis sous mandat de
dépôt ;
v Interpellation d'Oumarou SOULE, alias Yero,
(Il est en lien avec plusieurs GAT actifs dans la région de l'Est au
Burkina-Faso)présumé membre de l'EIGS le 09 août 2020. Il a
participé à l'attaque de Kouré au Niger au cours de
laquelle six français ont trouvé la mort ;
v 09 janvier 2021 : découverte de matériels
militaires à Porga et Materi. Ces objets appartiennent probablement aux
djihadistes ;
v Menace de pêcheurs béninois par des djihadistes
sur la rive du fleuve Pendjari (côté BF) ;
v 08 février 2021 : Interpellation à
Malanville de Ali BOUKARI, de nationalité
nigérienne, présumé membre de l'EIGS. Cette interpellation
fait suite à celle de Oumarou SOULE alias
Yéro, de nationalité nigérienne et
présumé membre de l'EIGS ;
v Février 2021, Neutralisation de six (06)
malfrats ayant l'habitude d'opérer au profit des djihadistes. Double
attaque terroriste au point triple (Bénin, Niger et Burkina) ;
v Les 14 et 16 février 2021 : le 14 février
vers 18 heures, attaque au point triple côté du Burkina par des
IANI qui ont fait usage d'AK et d'AA52. Ce lieu abrite un centre
régional de recherche écologique et environnementale avec des
infrastructures hôtelières pour les touristes. Le véhicule
Land Cruiser, trois motos et plusieurs objets non moins importants ont
été emportés. Le Wi-Fi du Centre a été
saboté ;
v 16 février 2021 : double attaque terroriste au
point triple (Bénin, Niger et Burkina) aux environs de 01 heure, ces
IANI sont revenus vandaliser et brûler les mêmes installations.
Ensuite, ils sont venus sur le pont du fleuve Mékrou. Ils ont
éclairé la partie béninoise du point triple à la
recherche des positions des soldats béninois avant de rebrousser chemin.
Ils s'exprimaient en arabe ;
v 23 février 2021 : Arrestation de 02 chasseurs de
Koualou par des djihadistes. Puis libération d'un le 7 mars par des
djihadistes soit deux semaines après et le second deux mois plus tard.
Ses chasseurs sont actuellement soupçonnés d'être des
agents de liaison aux djihadistes;
v 28 février 2021 :Interpellation de trois
nigérians à Malanville. Ils sont soupçonnés
d'être des agents de liaison d'un groupe terroriste ;
v 25 mars 2021 :Échange de tirs entre rangers
d'APN et dequatre IANI munis d'AK. L'un des assaillants blessés a fait
l'objet d'une procédure judiciaire avec mandat de dépôt.
Plusieurs objets ont été saisis au cours de cette
opération.
v 08 avril 2021 : Interpellation d'un
suspect dans le parc W se faisant passer pour un malade mental. Il pourrait
avoir des liens avec ceux impliqués dans l'accrochage du 25 mars
2021 ;
Figure N° 7 : Carte illustrant les
attaques terroristes et activités terroristes vers les pays du golf de
la guinée
Source :Promediation, Nord des pays
du golf de guinée : la nouvelle frontière des groupes
djihadistes
2-2- Les stratégies pour
la prévention et la lutte contre le terrorisme
Le Bénin, après son indépendance en 1960,
la gestion des frontières souffrait d'un malaise profond et multiforme
qui se traduisait par leurs porosités, une détérioration
de la qualité de vie de la population des communes frontalières
alors que les béninois aspirent fondamentalement au bien-être
social, individuel et collectif. Les aspirations collectées
formulées par les populations sont globalement d'ordre social,
économique, culturel, politique, environnemental et technologique. Ces
aspirations renvoient aux divers problèmes qu'elles vivent et qui, en
raison de leur acuité, servent de déterminants à
l'extrémisme violent conduisant au terrorisme. Les réflexions
critiques des différents problèmes identifiés et les
diverses questions afférentes ont permis de formuler cinq (05)
orientations stratégiques (OS) afin de mieux sécuriser les
communes frontalières du département de l'Atacora.
Ces orientations stratégiques (OS) sont les
suivantes :
OS1 : Renforcement de la lutte contre la
pauvreté dans un cadre sécurisé ;
OS2 : Renforcement du maillage
territorial des FDS, de leurs effectifs et conditions de travail;
OS3 : Renforcement de la présence
de l'État par les services sociaux de base ;
OS4 : Promotion d'une diplomatie de
proximité et de coopération internationale ;
OS5 : Amélioration des conditions
de vie des populations.
Des orientations stratégiques (OS) nous obtenons des
stratégies opérationnelles (SO) afin d'améliorer les
conditions de vie de la population et un meilleur maillage sécuritaire
des communes frontalières pour une libre circulation des personnes et
des biens dans le département de l'Atacora.
La mise en place effective de cette politique
d'amélioration des conditions de vie de la population et le niveau
sécuritaire du département appelle à une volonté
des autorités à divers niveaux.
2-2-1 Le renforcement du
maillage territorial des FDS, de leurs effectifs et conditions de
travail
La finalité des stratégies
opérationnelles dans cette thématique serait de doter les
services de sécurité de moyens nécessaires pour leur bon
fonctionnement. La capacité actuelle de la Police républicaine ne
permet pas de garantir la sécurité au niveau des
frontières et dans toutes les communes frontalières du
département de l'Atacora. L'État central doit mettre les moyens
nécessaires à l'ère des nouvelles technologies de
défense et du numérique pour un meilleur rendement. Pour cela,
les stratégies opérationnelles qu'il faut s'inscrivent dans les
orientations stratégiques.
SO1 : Equiper les commissariats
d'arrondissements frontaliers de communes frontalières de drone
professionnel thermique afin d'effectuer des patrouilles aériennes
surtout dans les zones difficiles d'accès et des postes radios
talkie-walkie pour une meilleure communication dans les zones non couvertes par
les réseaux GSM ;
SO2 : Former et renforcer en
effectif les commissariats d'arrondissements frontaliers des communes
frontalières ;
SO3 : Introduire le Système
d'Information Géographie (SIG) dans la planification de la
sécurité ;
SO4 : Installer un détachement du
premier Bataillon des transmissions (1er BTRS) dans la commune de
Matéri arrondissement Gouandé village de Doga pour une couverture
radio dans le département de l'Atacora ;
SO5 Installer des unités de la
Garde Nationale dans tous les arrondissements frontaliers pour renforcer le
maillage sécuritaire ;
SO6 : Installer un détachement du
1er Bataillon d'Artillerie Mixtedans la commune de Cobly
arrondissement Pentinga village de Gouré Potal pour renforcer la
présence militaire dans le département de l'Atacora et
étouffer les intentions criminelles et terroriste dans l'oeuf ;
SO7 : Installer des terminaux du
Système d'Information Policière pour l'Afrique de l'Ouest (SIPAO)
dans toutes les unités de police pour ficher les criminels dans la base
de collecte de données sécuritaires ;
SO8 : Interconnecter les SIPAO de la
sous-région pour faciliter la recherche des criminels et terroristes
dans la base de données sécuritaires ;
SO9 : Organiser des opérations de
cohésion inter-forces dans le département de l'Atacora ;
SO10 : Former et sensibiliser les FDS
sur le féminisme de l'État ;
SO11 : Faire participer des élus
locaux à la production de la sécurité en renseignant les
forces de sécurité publique sur les refuges des suspects dans
leurs localités ;
SO12 : Recenser les éleveurs
peulhs du village Gouré Potal uniquement constitués d'autres
nationalités afin d'installer un mécanisme de contrôle des
entrées et sorties ;
SO13 : Veiller à une meilleure
collaboration entre les forces, les administrations civiles, les élus
locaux, et les organisations de la société civile en
matière de prévention et de lutte contre l'extrémisme
violent et le terrorisme ;
SO14 Mandater la CNLCREVT
conformément au nouveau AOF du MISP qui a été
adopté le 29 juillet 2020 abrogeant celui de 2016 par signature du
projet de ce décret portant AOF de la CNLCREVT ayant reçu l'avis
favorable de la cellule juridique ad'hoc de la Présidence de la
République le 14 juin 2019, déjà retourné au
Secrétariat Général du Gouvernement après
intégration des dernières observations; revenu à nouveau,
adopté à l'unanimité au CODIR/MISP, le vendredi 12 juin
2020, revenu du Conseil interministériel du 15 juin 2020 n'est toujours
pas encore adopté et publié au Journal Officiel sans quoi ladite
structure va dans un vide juridique.
La lutte contre l'insécurité transnationale et
le terrorisme prend en compte le renforcement de la sécurité
publique et du système de défense, mais il faut que les
conditions de vie des populations soient améliorées pour que
règne la quiétude dans les communes frontalières du
département de l'Atacora.
2-2-2- Le renforcement de
la lutte contre la pauvreté dans un cadre
sécurisé
Le niveau de développement des communes
frontalières du département de l'Atacora comparativement aux
communes du sud bénin est relativement faible. Ainsi, la pauvreté
dans ces communes entraîne la déscolarisation, l'exode rural, la
migration des jeunes etc. Pour lutter contre la pauvreté, il
faut :
SO15 : Faire intervenir massivement au
niveau des frontières tous les ministères. Ils doivent se mettre
ensemble en vue d'un plan Marshall en direction des frontières ;
SO16 : Initier un projet forestier de
reboisement dans les arrondissements de Tchanhoun Cossi et Gouandé dans
la commune de Matéri pour créer un brise vent dans l'avenir afin
d'atténuer les effets des vents violents dans ces
arrondissements ;
SO17 : Sensibiliser les peuls à
se constituer en association pour la création d'une unité
d'extraction de lait pour la fabrication de fromage et yaourt ;
SO18 : Faciliter l'accès des
paysans au crédit agricole pour une production maraichère de
contre saison ;
SO19 : Formater des paysans pour la
diversification de la production agricole ;
Cependant, la réponse au chômage et le
sous-emploi qui touche les jeunes et qui les installe dans une spirale
d'exclusion les privant de tout espoir d'un monde meilleur, d'un avenir
certain, doit être pratique et concrète. Il faudra d'abord que
soient améliorées les conditions socio-économiques de
leurs familles. Ensuite, sensibiliser les populations sur la
nécessité de la sauvegarde des normes et valeurs régissant
leur société. Car, le sentiment d'abandon exprimé par les
citoyens naît bien évidemment de la marginalisation, conditions de
vie socioéconomiques difficiles, etc.
L'État et les municipalités devraient mettre en
action des programmes de développement qui permettront aux populations
de bénéficier des atouts socio-économiques. Et aussi des
ressources financières nécessaires qui donnent accès
à l'éducation et aux services de santé.
Au-delà d'un tel programme, les populations devraient
par elles-mêmes prendre conscience de leur situation en étant plus
productives. C'est-à-dire qu'avec le soutien des autorités
locales, elles doivent se mettre en coopérative et initier des
activités génératrices de revenus capables
d'accroître leurs revenus et leurs moyens financiers.
2-2-3- Le renforcement de
la présence de l'État à travers les services sociaux de
base
Pour que la population des communes frontalières du
département de l'Atacora dans lequell'État est peu
représenté et qui se sent abandonné, retrouve le sentiment
d'appartenance, il faut renforcer les services sociaux de base afin
d'améliorer leurs conditions de vie. Ainsi, il faut :
SO20 : Améliorer la couverture
réseaux GSM dans l'espace frontalier ;
SO21 : Créer un centre
médical social à Pentinga dans la commune de Cobly et un
centre hospitalier universitaire à Boukoumbé;
SO22 : Assurer l'accès des
populations à l'énergie électrique et l'éclairage
public par le développement des projets d'électrification
à base des énergies renouvelables (éolienne à
Matéri, solaire à Cobly et Boukoumbé), jusqu'aux
frontières pour amorcer le développement dans l'espaces ;
SO23 : Recruter des enseignants au
sein des FDS pour renforcer le service de renseignement sur le
terrain ;
SO24 : Construire des logements sociaux
au profit des fonctionnaires des espaces frontaliers pour un meilleur rendement
de ces derniers ;
SO25 : Créer un cadre de
concertation (autorités en charge de la sécurité et
élus locaux) pour faire face aux défis
sécuritaires ;
SO26 : Construire un marché de
bétails à Cobly.
La lutte contre la criminalité transfrontalière
et le terrorisme prend en compte le renforcement de la sécurité
publique et du système de défense mais, il faut que les
conditions de vie des populations soient améliorées pour que
règne la quiétude dans les espaces frontaliers.
2-2-4- L'amélioration des conditions de vie des
populations
Si la prévention doit être
considérée comme prioritaire lorsqu'elle concerne les crimes
organisés et le terrorisme émanant des facteurs tels que
l'extrême pauvreté, la précarité, le chômage,
des difficultés familiales, la mauvaise gouvernance, l'injustice, il
faut souvent trouver la cause dans les bouleversements liés aux
conditions naturelles, économiques et sociales. Pour cela, il faut :
SO27 : Entretenir les pistes rurales et
extension du bitume de la commune de Boukoumbé à Cobly et
Matéri jusqu'aux frontières pour amorcer le développement
dans ces espaces ;
SO28 : Répondre de façon
pratique et concrète au chômage et le sous-emploi qui touchent les
jeunes ;
SO29 : Mener les travaux
d'aménagement et d'extension des réseaux GSM dans la zone
frontalière ;
SO30 : le renforcement de la
résilience de la population ;
SO31 : Acquérir des tracteurs
agricoles et les mettre à disposition des agents AIC pour le labour et
le recouvrement des frais à la fin de campagne comme le cas des intrants
agricoles.
Dans l'espace frontalier,il importe de promouvoir le rapport
de bon voisinage avec les pays limitrophes et souscrire au respect des
frontières héritées de la colonisation.En clair, il faut
faire la promotion de la diplomatie de proximité et la
coopération internationale
2-2-5- La promotion d'une
diplomatie de proximité et de coopération
internationale
A l'heure de la mondialisation, le Bénin se veut une
nation dont l'image est protégée, soignée et promue.Dans
ce cadre, le Bénin ne peut être un simple appendice ; il doit
être acteur et en conséquence développer une diplomatie
entreprenante, conquérante, performante pour être dans le peloton
des décideurs régionaux et internationaux. Pour cela, il
faut :
SO32 : Etablir des coopérations
transfrontalières d'initiative locale à effets directs sur le
bien-être des populations frontalières ;
SO33 : Renforcer les capacités
des commissaires en charge des commissariats de l'espace frontalier sur
l'initiative d'Accra ;
SO34 : Créer une annexe de
l'Ecole Inter-État des Sciences et Médecine
Vétérinaire à Matéri
SO35 : Créer une unité
mixte de FDS béninois et burkinabè pour sécuriser Koualou
en attendant la décision de la cour internationale de justice de son
appartenance à l'un des États.
SO35 : créer les conditions entre
les chasseurs et les FDS pour un transfert de la technologie noire83(*)
Conclusion partielle :
Les mécanismes de gestion des frontières et de
la sécurité du Bénin ont montré leur limite dans la
prévention et lutte contre le terrorisme en essor du Burkina Faso vers
le nord bénin. Il faut donc prendre en compte : primo
l'amélioration des conditions de vie des FDS, secundo, leurs formations,
sensibilisations, équipements, et renforcement de l'effectif et tertio,
la prise en compte de l'amélioration des conditions de vie de la
population frontalière dans les plans de développement et les
stratégies de lutte contre le terrorisme.Sans oublier la mise à
contribution des chasseurs.
CONCLUSION GENERALE
Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes fixés
pour objectif d'identifier les causes structurelles qui constituent les
paramètres d'attractions des groupes armes terroristes (GAT)dans
l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo. Les hypothèses de
départ stipulaient que : la défaillance du système
sécuritaire, des politiques de gestion des frontières de chaque
État (Bénin, Burkina Faso, Togo) associée au non
application des initiatives d'intégrations régionales, expose la
zone frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo à la
pénétration des groupes armes terroristes (GAT).
Le dogme religieux est un dogme qui fait foi, mais puisqu'il
porte sur les fins dernières, l'imagination est sollicitée dans
la représentation de celle-ci.84(*) Comme le rappelle Spinoza, qui écrit dans son
ouvrage, traité théologico-politique que les prophètes
parlent par énigmes.Lapeur qu'inspire souvent l'islam aux occidentaux,
ne doit pas avoir pour conséquence de concentrer (de manière
exclusive) les stratégies de lutte contre le terrorisme sur le
traitement de l'environnement social, économique et politique alimentant
haine, aliénation et radicalisme. Une attitude aussi réductrice
conduirait à la poursuite de la terreur sur plusieurs
générations, puisque toute contre-attaque n'aurait d'effet
qu'à terme. Il faut en réalité plusieurs étapes
pour que des inégalités structurelles se transforment, dans une
relation de causalité, en violence effective et/ou finalement en
terrorisme.
Les résultats obtenus au cours des recherches ont
permis d'identifier les causes de l'essor de la menace terroriste dans la zone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo. Ils se résument en
trois (03)facteurs qui sont :
· Les facteurs naturels à risque de terrorisme
dans l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo
· Les facteurs socioéconomiques, religieux et
culturels à risque de terrorisme dans l'espace frontalier
Bénin-Burkina Faso-Togo
· Les facteurs politiques à risque de terrorisme
dans l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo
Les causes de l'essor de la menace terroriste dans la zone
frontalière Bénin-Burkina Faso-Togo sont transversales.Leurs
présences dans la zone d'étude sont des indicateurs de
l'existence de la menace terroriste.
Ainsi, nous pouvons confirmerque :la défaillance
du système sécuritaire, des politiques de gestion des
frontières de chaque État (Bénin, Burkina Faso, Togo)
associéeau non application des initiatives d'intégrations
régionales qui expose la zone frontalière Bénin-Burkina
Faso-Togo à la pénétration des groupes armes terroristes
(GAT). Cette défaillance de l'État est générale et
quasi-universelle, allant de la sécurité
militaro-policière, politique, sociétale et humaine,
créant chez les populations résidentes le sentiment d'être
abandonné par les pouvoirs publics souverains.
La défaillance de l'État, par sa mauvaise
gouvernance en matière de sécurité
militaro-policière, politique et sociétale dans l'espace
frontalier serait une voie de terreau fertile sur laquelle les djihadistes
peuvent s'appuyer pour s'attirer des sympathies locales.
Mais, si les frontières Est comme de l'Ouest du Burkina
intéressent les djihadistes, ainsi l'extension vers le Nord des pays du
golfe de guinée, c'est aussi parce que c'est une zone de trafics de tous
genres favorisés par des frontières poreuses, une faible
présence des pouvoirs publics et des liens familiaux étroits de
part et d'autre de ces frontières. De même que la non application
des initiatives d'intégration régionales. Ces frontières
sont connues depuis plusieurs années comme étant un
épicentre des trafics d'armes, d'or, les motos, d'ivoires ou de
marchandises licites telles que les cigarettes oules drogues. Au Bénin,
la traversée des GAT du Nord-Ouest au Nord-Estpardeshommesarmésen
juin 2020 est un exemple de la défaillance militaro-policière.
L'action terroriste vise à affaiblir la capacité
d'une nation à résister à de telles attaques, dissociant
opinion publique et autorités politiques.
Toute réaction efficace au terrorisme doit prendre en
compte ce phénomène dans chacun de ses aspects. Une
société soucieuse des Droits de l'Homme, de la bonne gouvernance
et bénéficiant d'une croissance économique suffisante et
équilibrée réduit considérablement les risques
d'apparition de violences internes dont le terrorisme aussi bien que les
soutiens indirects à celui-ci.
L'utilisation de la méthode SEPO pour analyse des
mécanismes et outils de gestion de la sécurité et des
frontières fait ressortir de nombreux échecs et obstacles qui
sont à l'origine des dysfonctionnements identifiés dans les
mécanismes et outils existants. Cette analyse indique la
nécessité de renforcer les cadres institutionnel, juridique et
organisationnel en vue d'établir un système efficace ; de
même que la présence de l'État. Le département de
l'Atacora est classé en zone rouge depuis l'enlèvement de deux
touristes françaisdans le parc national de la Pendjari et l'assassinat
de leur guide béninois (Fiacre GBEDJI) le 1er mai 2019. De la
menace terroriste aux attaques terroristes seprécisent depuis la
découverte de matérielsmilitaire dans la commune de
Matéri.
· Non application des initiatives d'intégrations
régionales qui facilitent l'extension des GAT dans le triangle
Bénin-Burkina-Faso-Togodu fait que les trois Étatsont du mal
à mutualiser leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme. Cette
lutte est actuellement répartie entre plusieurs organisations, dont les
trois principales sont le G5, la Force multinationale mixte qui associe le
Nigéria, le Tchad, le Cameroun et le Niger dans la lutte contre Boko
Haram, et l'Initiative d'Accra qui réunit le Bénin, le Burkina
Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Togo dans des actions ponctuelles
de lutte contre le crime organisé et l'extrémisme violent aux
frontières des pays membres. Dans le « Communiqué final
de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d'État et
de gouvernementde la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest sur le terrorisme », Ouagadougou,14 septembre 2019.
Le plan se décline en plusieurs axes : mutualisation des efforts
etcoordination des initiatives de lutte contre le terrorisme ; partage effectif
et direct des informationset de renseignement entre les services de
sécurité des États membres ; formation et
équipement desacteurs étatiques impliqués dans la lutte
contre le terrorisme ; renforcement du contrôle sécuritairedes
frontières ; renforcement du contrôle des armes et des produits
sensibles à usage multiple ;lutte contre le financement du terrorisme ;
promotion du dialogue intercommunautaire. Force est constater qu'au niveau des
frontières du Bénin en général et en particulier au
nord-ouest avec le Togo et le Burkina Faso, aucun contrôle
systématique ne s'opère. Les FDS effectuent uniquement des
patrouilles sur le corridor. Les frontières au nord-ouest du
Bénin sont poreuses et non contrôlées. Hors du
côté Togolais, on peut distinctement constater la présence
de la police, la douane, la gendarmerie et des militaires.La plupart des forces
de défense et de sécurité interrogées lors de
l'enquête terrain pour cette étude n'ont pas connaissance de
l'existence de l'initiative d'accra. Le Burkina Faso un État a situation
sécuritaire instable voir chaotique discute Koualou avec le Bénin
sans être capable d'assurer sa sécurité faisant de cette
zone un noman's land occupé par des bandits armés affiliés
aux GAT.
A la lumière de tout ce qui précède, des
suggestions formulées vont dans le sens des orientations
stratégiques (OS). Qui se résume par :
1. renforcement de la lutte contre la pauvreté dans un
cadre sécurisé : la société civile constitue
un acteur incontournable dans la lutte contre le terrorisme. Les États
ouest-africain doivent en parallèle protéger les moyens de
subsistance de leurs populations et créer des opportunités
économiques pour maintenir l'écart qui existe entre la
populationtransnationale autochtones et les groupes armés terroristes
qu'ils tentent vivement de combler;
2. renforcement le maillage territorial des FDS, de leurs
effectifs et conditions de travail : en affirmant une présence
sécuritaire plus robuste et plus mobile dans
lesfrontalières.Aujourd'hui, l'ennemi est beaucoup plus difficile
à identifier, et les objectifs des actes terroristes ne sont pas
précis. Les méthodes empruntées rendent les moyens de
lutte traditionnels peu opérants et donnent le sentiment que les
pouvoirs en place ont de moins en moins de maîtrise sur la
sécurité de leurs pays85(*). Pour cela il faut recruter, équiper les FDS
des moyens de la dernière génération telle que des drones
thermiques capables de détecter l'ennemi dans son retranchement. Et
mettre à contribution les connaissances endogènesdes chasseurs
dans un cadre de concertation entre FDS et chasseur pour la coproduction de la
sécurité dans les espaces frontaliers, en passant par le paiement
de primes spécifiques aux FDS engagés dans la lutte contre le
terrorisme;
3. renforcement de la présence de l'État par les
services sociaux de base : car entre le développement et la
sécurité, il y a une liaison étroite. Ainsi, pour
développer un pays il faut la sécurité, de même pour
avoir la sécurité il faut le développement. Dans ce
contexte, le déploiement de l'administration à travers la
délocalisation des directions départementaux des institutions
étatiques, la création des conditions favorables pour les
entreprises privées, l'accès facile à l'eau,
l'électricité, aux soins médicaux à moindre
coût, la créationdes centre de loisir sont des pistes de
développements et la présence de l'État;
4. promotion d'une diplomatie de proximité et de
coopération internationale : en mutualisant les actions des forces
aux niveaux des frontières.Par la création d'une unité
mixte de FDS du Burkina Faso et du Bénin à Koualou, le Togo et le
Bénin à Doga. En passant par l'amélioration des conditions
de vie des populations.
Le terrorisme comme arme des pauvres et des frustrés,
sa typologie (idéologique, communautaire, séparatiste,
révolutionnaire, etc.), fait l'objet des querelles autour de sa
définition. Les enjeux qu'elles révèlentdemande un
changement de paradigme de la gouvernance sur tous les plans. Face aux
nombreuses suspicions de corruption, détournement, dénonciations
qui entourent la gestion des ressources du secteur de la
sécurité, il importe de réaliser un état des lieux
qui évalue le cadre normatif et les pratiques en les confrontant au
double enjeu de transparence et de la sécurité nationale.
Cette étude limitée aux communes
frontalières au nord-ouest du Bénin offre un tremplin pour des
recherches sur l'enjeu de la sécurisation des frontières du
Bénin au Nord-Est et à l'Est et la lutte contre le terrorisme.
Liste des figures :
Figure N°1 : Illustration la zone d'occupation des
GAT à l'Est du Burkina Faso et au Nord-Ouest du Bénin
Figure N°2 : Carte du Bénin illustrant l'espace
frontalier d'étude
Figure N°3 : Synthèse de l'avis des personnes
interrogées
Figure N° 4 :Synthèse de l'avis des personnes
interrogées
Figure N°5 : Synthèse de l'avis des personnes
interrogées
Figure N°6 :Carte de maillage sécuritaire de la
Police républicaine
Figure N°7 :Carte illustrant les attaques terroristes et
activités terroristes vers les pays du golfe de guinée
Liste des
Tableaux :
Tableau N°1 : Modèle d'analyse SEPO
Tableau N°2 : Faiblesses et lacunes des
systèmes de gestion des frontières et de la
sécurité existant au Bénin
Liste des Photos :
Photo N°1 : État du pont de la voie reliant
l'arrondissement de Dipoli à l'arrondissement de Korontière dans
la commune de Boukoumbé
Bibliographie
I- Ouvrages généraux
1- ARON R., cité par CARMARIN, «l'État
du tiers monde», la découverte, Paris, 1987, p.165
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l'exception», Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix.
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Larousse, 1984, p.325
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relations internationales après 11 septembre 2001, la relation
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25- O. J. Walther, Notes ouest-africaines novembre 2019
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26- PARADI JL., 1971, «La politique, la science de
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29- Principaux indicateurs socio-démographiques et
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32- SEVIER J., 1992, «terrorisme», PUF,
paris, P.7
33- Décret n°2017-101 du 27 février 2017
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Développement Agricole
II- Ouvrages spécialisés
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2- CILLIERS J., 2004, «l'Afrique et le
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3- Evolution récentes du GSPC - « Al-Qaida au
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4- Guichaoua Y et Pellerin M., «Faire la paix et
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6- Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme,
Droits de l'homme, terrorisme et lutte antiterrorisme, fiche d'information
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10- Promediation, KONRAD ADENAUER STIFTUNG, «Nord des
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11- Résolutions 1373 (2001) et 1377 (2001) du Conseil
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Déclaration de l'Assemblée générale sur les mesures
visant à éliminer le terrorisme international (résolution
49/60); résolutions 2001/37 et 2004/44 de la Commission des droits de
l'homme, résolution 6/28 du Conseil des droits de l'homme et
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l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme
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III- Mémoires et thèses
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3- LIPANDA K. «La sécurité collective
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5- MBAYO N, 2003, «La régulation du
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Burkina-Faso : unicef fournit une aide d'urgence aux enfants et familles
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http://www.rfi.fr/afrique/20120320-nord-mali-rupture-mnla-ancar-dine-touaregs-Iyad%20Ag%20Ghali
consulté le 15/08/21 à 10h20
9-
http://affricacenter/org/fr/spotlight/le-taux-de-violence-des-groupes-islamistes-militants-africains-ralentit-mais-se-maintient-a-un-niveau-record/
consulté le 21/09/21 à 18h12
Table des
matières
SOMMAIRE
V
Dédicace
VI
Remerciements
VII
Sigles et acronymes
IX
Résumé :
XI
INTRODUCTION GENERALE
1
Définition de quelques concepts
5
PREMIERE PARTIE
19
L'ESSOR DU TERRORISME DANS LA ZONE FRONTALIERE
BENIN-BURKINA FASO -TOGO
19
CHAPITRE 1 : LES FACTEURS QUI FAVORISENT LE
TERRORISME DANS LA ZONE FRONTALIERE BENIN - BURKINA FASO
- TOGO
22
1-1- Les facteurs naturels à risque de
terrorisme dans l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo.........
22
1-2- Les facteurs socioéconomiques,
religieux et culturels à risque de terrorisme dans l'espace frontalier
Bénin-Burkina Faso-Togo
23
1-3- Les facteurs politiques à risque
de terrorisme dans l'espace frontalier Bénin-Burkina Faso-Togo
24
CHAPITRE 2 : LES EFFETS DU TERRORISME SUR LES
POPULATIONS TRANSFRONTALIERES
29
2-1- Les effets socioéconomiques du
terrorisme sur les populations
29
2-2- Effets psychologiques du terrorisme sur la
population
30
2-3- L'impact du terrorisme sur les Droits de
l'Homme
30
DEUXIEME PARTIE
33
UNE GOUVERNANCE ÉTATIQUE SECURITAIRE
33
PERFECTIBLE
33
CHAPITRE 1 : UNE SECURITE MILITARO-POLICIERE
FRAGILE
35
1-1- Les mécanismes de gestion des
frontières, de sécurité et de lutte contre le terrorisme
dans le département de l'Atacora
35
1-2- La gouvernance de la sécurité
militaro-policière
36
1-2-1- Les Forces Armées Béninoises
(FAB)
36
1-2-2- La Police républicaine
37
1-2-3- Le Comité chargé de
Contrôle des Missions de Sécurisation de Territoire National
(CCMST)
39
1-2-4- La Commission Nationale de Lutte Contre la
Radicalisation, l'Extrémisme Violent et le Terrorisme CNL CREVT
40
1-2-5- Le Comité de Haut Niveau chargé
de Lutte contre le Terrorisme et l'Insécurité aux
Frontières (CHNLTIF)
41
1-2-6- Le Centre de Documentation de
Sécurité Publique (CDSP)
42
1-3- La gouvernance politique et
sociétale
42
1-3-1- l'Agence Béninoise de Gestion
Intégrée des Espaces Frontaliers (ABeGIEF)
42
1-3-2- L'Agence Territoriale de Développement
de l'Agriculture (ATDA)
43
1-4- La Potentialité et les limites du
système de gestion intégré des espaces frontaliers et de
la sécurité
43
CHAPITRE 2 : LES STRATEGIES EFFICIENTES ET
EFFICACES DE LUTTE CONTRE LA MENACE TERRORISTE DANS LA ZONE FRONTALIERE BENIN -
BURKINA FASO - TOGO
45
2-1- Les événements liés aux
activités terroristes et le crime organisé transnational
enregistrés au nord Bénin
45
2-2- Les stratégies pour la prévention
et la lutte contre le terrorisme
48
2-2-1 Le renforcement du maillage territorial
des FDS, de leurs effectifs et conditions de travail.......
48
2-2-2- Le renforcement de la lutte contre la
pauvreté dans un cadre sécurisé
50
2-2-3- Le renforcement de la présence
de l'État à travers les services sociaux de base
50
2-2-4- L'amélioration des conditions
de vie des populations
51
2-2-5- La promotion d'une diplomatie de
proximité et de coopération internationale
51
CONCLUSION GENERALE
53
Liste des figures :
58
Liste des Tableaux :
58
Liste des Photos :
58
Bibliographie
59
Table des matières
63
Annexes
Questionnaires de recherches
Identité de l'enquêté
Nom et
Prénoms :...............................................................
............
Sexe:............Age:............Profession................................................
Fonction :....................................................................................
Niveau d'instruction :
.....................................................................
Fiche
N°..........................
Date : ........................................
Contact :
.........................................................
Questionnaire N° 1
Cible : Population, Chargé
de Commissariat, chef d'arrondissement, chef quartier, et tout
spécialiste de la sécurité publique et du terrorisme
1- Quels sont les facteurs socioéconomiques qui
favorisent l'insécurité transfrontalière dans le
département de l'atacora ?
1- chômage
2- déscolarisation
3- exode rural
4- pauvreté
5- démographie
6- Insécurité alimentaire
7-inégalité
9- diversification des populations
1- sentiment d'isolement
11- crise financière
14-Le divorce
15-Immigration
16.
Autres:..............................................................................................................................................................
2- Quels sont les facteurs naturels qui favorisent
l'insécurité transfrontalière dans le département
de l'atacora?
1- variabilité climatique
2- répartition naturelle des minières
3-géomorphologie
4- faune
5- végétation
6- hydrographie
7-Sécheresse
7..Autres :................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
3- Quelles sont les conditions politiques qui
favorisent l'insécurité transfrontalière dans le
département de l'atacora ?
1- corruption
2- impunité
3- favoritisme
4- mal gouvernance
4..Autres:.....................................................................................................................................................................................
4- Aujourd'hui, avez-vous peur ou êtes-vous
inquiet de la situation sécuritaire actuelle dans votre
circonscription administrative?
1- Oui 2- Non
2- Si oui, pourquoi ?
...................................................................................................................
....................................................................................................................................................................................................................................
5- Quelles sont les différentes formes
d'insécurité fréquemment enregistrées
?
1-Vol 2- Cambriolage
3- Braquage 4- Terrorisme
4..Autres :..................................................................................................................................................................................
6- Avez-vous déjà entendu parler du
terrorisme ?
1-Oui 2-Non
7- Le terrorisme menace-t-il à nos
frontières au Nord-Ouest avec le Burkina-Faso et le
Togo ?
1- Oui 2- Non
8- Comment la population perçoit-elle la menace
terroriste ?
1- Comme problème de sécurité nationale
2- Comme problème de sécurité régionale
3- autres
9- La menace terroriste influe-t-elle sur les
activités quotidiennes de la population ?
1- Oui 2- Non
3-Si oui expliquer comment ?
10- La menace terroriste a-t-elle d'impact sur
les activités économiques ?
1- Oui 2- Non
3- Si oui, expliquer comment ?
11- Quelles sont les conditions qui favorisent la
menace terroriste ?
1- Conditions naturelles 2- Conditions
politiques 3- conditions sociales
4- Conditions économiques 5- Conditions
Religieuses et culturelles
6- autres
12- Quels sont les facteurs naturels qui favorisent la
menace terroriste ?
1- variabilité climatique 2-
répartition de ressource minière
3- La végétation/flore
4- faune 5- autres
13- Quels sont les facteurs politiques qui favorisent
la menace terroriste ?
1- Peu représentation de l'État 2-
corruption 3- Impunité
4-Exclusion électoral 5- autres
2- 14- Quels sont les facteurs sociaux qui favorisent
la menace terroriste ?
1- Exclusion sociale 2- transhumance
3- pauvreté
4-insécurité alimentaire 5-
Chômage 6- autres
15- Quels sont les facteurs économiques qui
favorisent la menace terroriste ?
1- Crise économique 2- inflation
3- infrastructures routière 4- autres
16- Quels sont les facteurs religieux et culturels qui
favorisent la menace terroriste ?
1-exclusion ethnique 2- prêche excitant
au djihad
3- conflits religieux 4- autres
17- Les populations ont-elles un rôle à
jouer dans la prise en charge de leur sécurité ?
1- Oui 2- Non
18- Quels sont les acteurs qui doivent jouer ce
rôle ?
1- FDS 2- Autorités municipale
à tous les niveaux
3- Têtes couronnées 4-
Leaders religieux 5- Eleveurs
6- Agriculteurs 7-Commercants 8 Chef
coutumiers/ Religieux
9-État
Autres:.....................................................................................................................................................................................
19- Y a-t-il un climat de confiance entre la
population civile et les forces de sécurité ?
1-Oui 2- Non
3- Si non, Comment créer un climat de confiance entre
la population civile et les forces de
sécurité?.....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
20- Quelles sont les voies de recours en cas
d'infractions criminelles?
1- appel numéro vert
2- dénonciation des auteurs
3- plainte auprès des autorités
compétentes
4- auto-défense
21- Qu'est-ce qui, d'après votre
expérience, amène des gens à se livrer à des
activités terroristes ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
22- Avez-vous vécu une action terroriste dans
votre zone ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
23- Comment vivez-vous la menace terroriste dans votre
zone ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
24- La menace terroriste a-t-elle d'impact sur vos
activités quotidiennes ?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
25- Quelles sont les zones à haut risque
d'insécurité dans votre circonscription
administrative?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
26- Comment les terroristes
opèrent-ils ?
1-Moyen d'arme à feu
2-Enlèvement
3-Par le biais de complice
4 Engin Explosif Improvisé
5..Autres :.....................................................................................................................................................................................
27- Quelles sont les actions à menées
pour lutter efficacement contre le terrorisme et les crimes organisés
transfrontaliers ?
1-. Patrouilles
2- Interpellations
3- Contrôles de routine
4- Renseignements
5- Mutualisation d'action de forces de sécurité
transfrontalière
6- Autres
................................................................................................
28- Quelles sont les sources de financement du
terrorisme ?
1-contrebande
2- braconnage
3-vol/braquage
4- Autres
...............................................................................................
29- Quelle est la provenance des terroristes ?
1-Nationaux
2-Pays frontaliers
3-Autres pays
30- Que pensez-vous de la situation sécuritaire
au niveau de nos frontières Nord-Ouest avec le Burkina-Faso et le Togo
ces 10 dernières années ?
...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
31- Vos suggestions pour une meilleure
stratégie préventive et réactive permettant de limiter ou
éradiquer la menace terroriste au Nord-Est de nos frontières
avec le Burkina-Faso et le Togo
................................................................................................................................................................................................
................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Questionnaire 2
Fiche d'enquête n°..........
Cible : DGPR, ABeGIEF,
Secrétariat Permanent de la CNLREVT, CNLCPAL, ANPC, Chargé de
commissariat, DDPR/Atacora, DSP
Identification de
l'enquêté
Date ...........................................................................................
Nom..................................Prénoms :.............................................
Sexe:..........
Fonction :
....................................................................................
Niveau
d'étude :..............................................................................
Ville........................................
Contact: ........................................................
1. Selon vous, la gestion de nos frontières
souffre-t-elle de faiblesses?
2. De par votre expérience, qu'est-ce qui amène
des gens à se livrer à des activités terroristes ?
3. Avez-vous connaissance des mécanismes mis en oeuvre
pour lutter contre le terrorisme au Bénin ??
4. Pouvez-vous en citer quelques-uns ?
Au niveau régional
.................................................................................
Au niveau national
................................................................................
Au niveau départemental
........................................................................
Au niveau communal
.............................................................................
5- Pensez-vous que nos FDS sont formées et
équipées pour la lutte antiterroriste ?
Oui Non
Fiche d'enquête n°..........
Groupe cible : Corps militaires/ Policiers
Armée..................Direction/Unité/Corps..........................................................
Nom...........................
Prénoms.............................. Contact
tél........................
Fonction.....................................................
Grade.........................................
Questions
1-Selon vous, la gestion de nos frontières
souffre-t-elle de faiblesses?
Oui Non
2. Les groupes armés terroristes sont en
extension du Burkina-Faso vers nos frontières. Avez-vous connaissance de
cela ?
3. De par vos expériences qu'est-ce qui
amène des gens à se livrer à des activités
terroristes ?
4. Il y-a-t-il des mécanismes mis en oeuvre
pour lutter contre le terrorisme au Bénin?
Oui Non
Au niveau régional
......................................................................................
Au niveau national
...................................................................................
Au niveau départemental
...........................................................................
Au niveau communal
................................................................................
5. Pensez-vous que nos FDS sont formées et
équipées pour la lutte antiterroriste ?
Oui Non
6. A votre avis, la population doit-elle être
impliquée dans la lutte contre le terrorisme ?
Oui Non
7. Doit-on adapté la Formation Commune de Base
(FCB) et stage à la menace terroriste ?
* 1 GNANGUENON, A., Afrique
de l'Ouest : faire de la prévention des conflits la règle et non
l'exception, Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix, 2018.
* 2 L'appellation
« Afrique de l'ouest » se réfère dans ce
travail à l'espace CEDEAO, comprenant 15 pays depuis 2002 (Bénin,
Burkina-Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria,
Sénégal, Sierra Leone et Togo).
* 3SARAMBE L. A.,Les
mécanismes de lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest : quel
impact? mémoire de maîtrise en Droit avec concentration en Droit
humanitaire et droit de la sécurité internationale, à
l'Université d'Ottawa, Canada, 2018, p155
* 4 GUILHAUDIS Jean-Paul,
« Terrorisme et relations internationales après 11 septembre
2001, la relation terroriste au coeur des relations internationales»,
AFFI, volume VIII, 2008, p.41
* 5KANTE M. I.,
« lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest :
coopération entre la CEDEAO, les États et les
Organisations », Revue Africaine sur le Terrorisme, volume n°2,
décembre 2019, p94
* 6Les défis
sécuritaires au Maghreb Khadija Mohsen-Finan Note d'IFRIprogramme
Maghreb Juin 2008 (
* 7Hagberg et al. 2017a : 58
; cf. Benjaminsen et Ba 2018+
* 8NICOLAS NORMAND, Le Sahel
peut-il retrouver la paix ?
* 9 ibid
* 10 ibidem
* 11ICG, Frontière
Niger-Mali: mettre l'outil militaire au service d'une approche politique,
International Crisis Group, Rapport Afrique 261, 2018
* 12 Menace terroriste en
Afrique de l'Ouest: État des réponses nationales,
régionales et internationales
* 13 Notes ouest-africaines
novembre 2019 no 26,O. J. Walther, Groupe de
recherche sur le Sahel, Université de Floride, 2019
* 14 ALLOWANOU K., La Police
Nationale du Bénin dans la lutte contre le terrorisme, 2019, p.4
* 15
https://information-tv5monde-com.cdn.ampproject.org
consulté le 26/05/21 à 03h 57
* 16 Ibidem
* 17 JEANCLOS Yves, Terrorisme
et sécurité internationale, Bruxelles, Editions Bruylant, 2004,
p.24
* 18 Ibidem
* 19 SALOMON Jean, (dir),
Dictionnaire international de droit public, Bruxelles, Editions Brylant /AUF,
2001, p.1081
* 20 Dictionnaire Hachette
encyclopédique, éd. Larousse, p. 1595
* 21 BRUCE, H., La
mécanique terroriste, éd. Calmanulerry, Paris, 2001, p.54
* 22 KRICHEN A., Les espions
français qui égalent la CIA, in Jeune Afrique, n°1425 du 11
au 17 Septembre, 1996, p.45
* 23 BAUER A., Professeur de
criminologie au Cnam, New York, Beijing, Cours MOOC, Terrorisme, 2021, Session1
- 1
* 24 PARADI JL., La politique,
la science de l'action, encyclopédie machette, Paris, 1971, p.466
* 25 ARON R., cité par
CARMARIN, l'État du tiers monde, la découverte, Paris, 1987,
p.165
* 26 OUA/UA : Convention
sur la prévention et la répression du terrorisme en Afrique,
article 3.
* 27 Voir Mémoire
Online- L'inopportunité des lois d'amnistie dans le processus de
pacification de la république démocratique du Congo. Josué
KALEKA
* 28Un monde plus sûr:
notre affaire à tous (Publication des Nations Unies, numéro de
vente F.05.I.5).
* 29Haut-Commissariat des
Nations Unies aux droits de l'homme, Droit de l'homme, terrorisme et lutte
antiterroriste, fiche d'information n°32
* 30 Loi n°2015-10 du 24
novembre 2015 portant nouveau code pénal en république du Togo
* 31 Nouveau code de
procédure pénal Béninois
* 32 ONU, convention des
Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée
adopté à New York le 15 novembre 2000 et entrée en vigueur
le 29 septembre 2003, article 3.
* 33 LABANA, L.,
Théories des relations internationales, notes de cours de G2 RI, UNILU,
1998-1999
* 34 KADIMA, K., Les nouvelles
stratégies des terrorismes face à la politique américaine
de lutte contre le terrorisme, Mémoire en RI, UNILU, FSSAP, 2008,
p-p.21-22
* 35 DENVERS, A., « Points
chocs » in Atlas des conflits dans le monde, Paris, éd. 101, 1987,
p.8
* 36 Irgoun est un groupe
terroriste Palestinien qui avait pour objectif de chasser les Britanniques de
leur territoire en 1942
* 37 DENVERS, A., op. cit
* 38 LABANA, L., op. cit
* 39 KABUYA, N., L'impact du
terrorisme intellectuel dans les relations interétatique, cas de la
Lybie, TFC en RI, UNILU, FSSAP, 1999, p.16
* 40 41 KABUYA,
N., op. cit
* 41 KRICHEN, A.,
« les espions français qui marquent la CIA » in Jeune Afrique,
n°1862 du 22 au 17 septembre 1996, p.15
* 42 KRICHEN, A., «
L'espion français qui nargue la CIA », in jeune Afrique,
n°1862 du 11 au 17 /09/1996, p.15
* 43 PATRICE G., «
géologie du terrorisme contemporain » début n°126,
(septembre- octobre 2003), p.158
* 44 KISIMBA K, et MBAYO N., La
lutte contre le terrorisme international : l'ère des conflits
asymétriques, éd. Aux petits génies, L'shi, 2002
* 45 L'apparition le 16
novembre 2019 à Wuhan, dans la province de Hubei en Chine centrale de la
pandémie d'une maladie infectieuse émergente, appelé la
maladie à coronavirus ou Covid-19, provoquée par coronavirus
SARS-CoV-2
* 46 MULUMA M., Le guide du
chercheur en science sociale et humaine, Kinshasa, éd. SOGEDES, 2003,
p.37
* 47 MBAYO N, La
régulation du système international face aux conflits
asymétriques et internes cas de la lutte contre le terrorisme et les
guerres civiles Africaines, Thèse de doctorat en R.I, F.S.S.A.P, UNILU,
LUBUMBASHI, 2003, (inédit)
* 48 LIPANDA K. La
sécurité collective face aux conflits asymétriques cas du
terrorisme international, mémoire de licence en RI, UNILU, Lubumbashi,
2007, (inédit)
* 49 SARAMBE L.
A., Ottawa, Canada, 2018
* 50 ALLOWANOU K.
B, La police nationale du Bénin dans la lutte contre le terrorisme,
ENSP, 2016, p.81
* 51 Grand dictionnaire
encyclopédique, Paris, éd. Larousse, 1984, p.325
* 52CILLIERS J., L'AFRIQUE ET
LE TERRORISME, revue-afrique-contemporaine-2004, page-86
* 53 FERDI (2016), Allier
sécurité et développement - Plaidoyer pour le Sahel,
FERDI, Clermont-Ferrand.
* 54Guichaoua Y et Pellerin M.,
Faire la paix et construire l'État : les relations entre pouvoir central
et périphéries sahéliennes au Niger et au Mali,
Études de l'IRSEM, 51, juillet, 2017
* 55 Ibid
* 56 Force conjointe de cinq
État (Mauritanie, Mali, Burkina-Faso, Niger et le Tchad)
créé lors du sommet du 15 au 17 février 2014. Un cadre
institutionnel de coordination et de suivi de la coopération
régionale en matière de politiques de développement et de
sécurité
* 57 La force Barkhane qui
remplace en 2016 l'opération militaire `'Serval'' lancée deux ans
plus tôt au Mali pour combattre les GAT. La force française, forte
de ses 5100 hommes porte le double sceau de l'appui aux sahéliens
quotidiennement endeuillés par les assauts des djihadistes, malandrins
et trafiquants de grand chemin
* 58 Les parcs W, Arly et
Pendjari dont W et Pendjari au Bénin et Arly au Burkina-Faso
* 59 Entretien avec responsable
AViGEF
* 60 Entretien avec un notable
de Nambouli 27/06/2021
* 61Principaux indicateurs
socio-démographiques et économiques, RGPH-4, 2013, p.17
* 62 Après
l'affrontement entre peul éleveur et population à Pentinga,
arrondissement de Tapoga dans la commune de Cobly ayant fait sept morts dans le
rang des peuls suite à une affaire de braquage. Un domaine
d'utilité publique d'une superficie de 835,26 ha a été
déclaré par le conseil communal de Cobly en session
extraordinaire du 26 octobre 2018 pour installer les peuls
déplacés au cours de cet évènement. Le domaine fait
office de village de nom Gouré Potal
* 63 Statistique des peuls
à l'installation dans Pentinga en 2018. Source Point Focal Risques et
Catastrophes de la mairie de Cobly
* 64 Monographie de la commune
de Matéri, 2006, p.11
* 65 Entretien avec un
élu local le 27/06/2021
* 66 Entretien avec un
éleveur le 26/06/2021
* 67 Monographie de la commune
de Boukoumbé, 2006, p.11
* 68 Le commissariat
d'arrondissement de Manta couvre quatre (04) arrondissements dont deux
frontières (Dipoli et Korontière). Le CA Manta gère les
quatre arrondissements en créant trois postes avancé (Dipoli,
Korontière, Tabota). Ses postes avancé sont gérés
chacun par un effectif très réduit de Fonctionnaire de la Police
Républicaine (FPR) sans moyen roulants (ni moto ni véhicule de
dotation). En dehors du panneau de bienvenue implanté par l'ABeGIEF et
du poste avancé plus rien ne démontre la présence
immédiate de l'État dans cet espace frontalier avec le Togo. A
chaque cent mètres du coté Togolais le constat est claire des
mesures de sécurité avec des checkpoints par force (Douane,
Police, Infanterie, Gendarmerie).
* 69 Entretien avec une
autorité communale le 26/06/2021
* 70Monographie de la commune
de Tanguiéta, 2006, p.11
* 71 Promediation, Nord des
pays du Golfe de Guinée : La nouvelle frontière des groupes
djihadistes ?, Avril 2021
* 72 Entretien avec un
commerçant à Porga le 27/06/2021
* 73 République du
Burkina Faso, ministère de la communication et des relations avec le
parlement, Cabinet, Communiqué, Ouagadougou, 27 avril 2021
* 74 Attaque de Solhan au
Burkina Faso : unicef fournit une aide d'urgence aux enfants et familles
déplacés https://wwwnicef-fr.cdn.ampproject.org consulté
le 22/07/21 à 05h19'
* 75 Résolutions 1373
(2001) et 1377 (2001) du Conseil de sécurité; résolutions
48/122, 49/185, 50/186, 52/133, 56/160 et 58/174 de l'Assemblée
générale, et Déclaration de l'Assemblée
générale sur les mesures visant à éliminer le
terrorisme international (résolution 49/60); résolutions 2001/37
et 2004/44 de la Commission des droits de l'homme, résolution 6/28 du
Conseil des droits de l'homme et résolution récente du 51 Conseil
sur la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales
dans la lutte contre le terrorisme (28 mars 2008).
* 76Haut-Commissariat des
Nations Unies aux droits de l'homme, Droit de l'homme, terrorisme et lutte
antiterrorisme, fiche d'information n°32, p8, 2009
* 77 Echo des
frontières, le magasine d'information sur les frontières du
Bénin, l'ABeGIEF, l'antidote des frontières, 2016, p8
* 78 Règlement de
discipline générale dans les forces armées
Béninoise, décembre 2008, p7
* 79 Décret
N°2018-314 du 11 juillet 2018 portant règlement du service dans la
Police Républicaine
* 80 Le 09 juin 2020 les GAT
ont traversés le Bénin du Nord-Ouest à l'Est
* 81 Entretien avec un
conseillé de la commune de Matéri le 25/06/2021
* 82 Décret
n°2017-101 du 27 février 2017 constatant approbation de la
création des Agences Territoriales de Développement Agricole
* 83 Est appelé
technologie noire la puissance occulte qu'utilise les chasseurs pour
disparaitre, suivre un ennemi sans être vu, détecté un
danger imminent, etc. cas tous les moyens de lutte contre la guerre
asymétrique qu'est le terrorisme sont bon.
* 84 Spinza, Traité
théologico-politique, 1670, traduit par C. Appuhn, Paris, Flammarion,
Collection GF, p45
* 85Les défis
sécuritaires au MaghrebKhadija Mohsen-Finan Note d'IFRI
programme Maghreb Juin 2008 (
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