La dégradation des sols dans cette partie est l'oeuvre
de plusieurs acteurs à savoir les paysans et les agrobusiness men ou
nouveaux acquéreurs. Les premiers défrichent et labourent la
terre pour pratiquer l'agriculture de subsistance. Plusieurs auteurs se sont
intéressés à cette question, notamment celle de la
dégradation des sols dans le domaine soudano-sahélien (DA D. E.
C. (1984, 1993) ; HIEN F. et al., (1996) ; DA D.E.C. et al.,
(2007, 2008), NDOUR T., 2001 ; FEM-FIDA, 2002 ; SMDD, (2002) ; BANDRE E.,
(1995) ; BANZHAF M., (2005) ; GAVAUD M., 1990 ; YERO S. K., 2012 ; FRATICELLI
M.,
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(2012) ; GBAGUIDI L., (2010) ; FAO, (2011) ; DIPAMA J. M.,
2004 ; HAUCHART V., (2005)). Pour DA D. E. C. et al., 2007, le
défrichement conduit à la dénudation des sols
déjà fragiles. Ces sols sont alors exposés à
l'érosion éolienne et hydrique. Dans la mise en valeur des
terres, les agrobusiness men quant à eux, mettent à nu les sols.
D'autres utilisent des engins lourds pour les remuer (cf. photo 7). Ces sols
remués et dépourvus de végétation sont soumis
à la dégradation, à l'érosion hydrique pendant la
saison pluvieuse et éolienne en saison sèche. La réduction
des espaces cultivables entraîne la surexploitation des terres, le
surpâturage, le déboisement, etc. Ces différents
éléments contribuent à la dégradation des terres.
Cette dégradation met en péril les moyens de subsistance des
populations agricultrices. La surexploitation des terres entraîne
également l'épuisement des sols et la diminution des ressources
végétales (BANDRE E., 1995).
La dégradation des sols est un enjeu fort de
développement durable. En effet, ses effets sont environnementaux,
à la fois locaux (érosion des sols, dégradation de la
fertilité et de la structure des sols, pollutions des nappes
souterraines) et globaux (appauvrissement de la biodiversité,
réduction de la capacité des sols à fixer le carbone,
pollution des eaux internationales). Ils sont également fortement
sociaux : la dégradation des sols fragilise les populations pauvres,
leur retirant parfois leur dernier moyen de subvenir de manière autonome
à leurs besoins, accroissant ainsi les risques
épidémiques, freinant le développement dans leur
localité (SMDD, 2002). Cette dégradation contribue
énormément à la perte de la diversité biologique.
En effet, elle s'accompagne d'une perte de la capacité des sols à
être l'habitat de diverses espèces, aussi bien dans les terres
cultivées que dans les zones protégées. Le sol est
l'élément essentiel dans lequel la végétation
prélève ses nutriments, la dégradation de celui-ci
entraîne la disparition des espèces végétales et la
faune sauvage, composantes essentielles de la pharmacopée.
Les matériaux issus de l'érosion des sols due
aux activités humaines sont directement conduits dans les vallées
et les cours d'eau, accélérant ainsi l'ensablement des retenues
d'eau. Les zones humides pouvant servir à l'agriculture sont
également remblayées. Ce phénomène accentue
l'assèchement, la diminution et la disparition des terres humides et des
retenues d'eau. La régression de la couverture végétale,
des sols favorise l'érosion et l'ensablement des réseaux
hydrographiques. Le tarissement des sources, la baisse des nappes
phréatiques et la raréfaction de l'eau disponible pour les
activités socioéconomiques des populations en sont les
conséquences (BANZHAF M., 2005). Aussi, les activités
socioéconomiques telles que les mécaniques automobiles qui se
développent à la périphérie de la ville sont pour
la plupart sans un véritable système de traitement des huiles
usées. Les huiles sont déversées dans la nature,
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celles-ci polluent les sols et les cours d'eau. En effet, les
vidanges issues des garages d'entretiens et de réparations des
automobiles implantés sur les pentes ruissellent progressivement vers
les cours d'eau proches, ce qui contribue à les polluer. Par ailleurs,
aux alentours (environ 300 m de rayon) de la cimenterie « Diamond Cement
», il y a un dépôt de poussière dû aux
matériaux utilisés (le calcaire, l'argile) pour la fabrication du
ciment. Avec l'étalement de la ville, cette zone pourrait être une
menace pour la population riveraine.
Photo 7 : des engins lourds utilisés dans les
travaux de terrassement à Zagtouli
Source : TIENDREBEOGO Y. / Zagtouli, août 2015
Cette photo montre des engins lourds utilisés par
les agrobusiness men dans les travaux d'aménagement des terrains en vue
d'implanter des infrastructures socio-économiques (des logements
sociaux, des écoles, des centres de santé, des terrains de jeux,
etc.). Ces engins détruisent tous sur leur passage.