III. II. 2. Les aspects socio-économiques
Cette séquence présente l'influence directe de
la vente des terres sur les conditions de vie des populations. Elle concerne
essentiellement la vente des terres et l'amélioration des conditions de
vie des populations. Elle montre également, la perception des paysans
sur les conséquences de la privatisation foncière dans leur
zone.
III. II. 2. 1. La vente des terres et
l'amélioration des conditions de vie des populations
Interrogées sur l'impact de la vente des terres sur
leurs conditions de vie, 94,01 % de la population estiment que la vente de
terrains leur permet de résoudre dans l'immédiat leurs
problèmes sociaux ou d'améliorer leurs conditions de vie. 5,99 %
des enquêtés ont quant à eux donné une
réponse contraire. Selon ces derniers, l'argent issu de la vente des
terres ne suffit pas pour exécuter toutes les dépenses
prévues. Ils affirment par ailleurs que cet argent crée parfois
des problèmes au sein des familles. En effet, dans nos contrées,
la terre appartient généralement à des familles et non
à des individus. Ainsi, une terre se vend dans l'intérêt et
ce pour le bien de toute la famille. Alors, toute cession de terre ne
respectant pas cette valeur est source de querelle familiale.
L'amélioration des conditions de vie des populations
est temporaire, car 88,62 % des enquêtées sont d'avis qu'à
la longue, leur situation empire et qu'ils rencontrent plus de problèmes
financiers qu'avant la vente de leur terre. Néanmoins, ces populations
arrivent à payer la scolarité de leurs enfants, acheter la
céréale pour leur famille, acheter des moyens de locomotion,
s'occuper des dépenses courantes des ménages (eau, soins, etc.).
Certains aménagent leur cadre de vie à travers la construction
des maisons en ciment, l'installation de plaque solaire ou la connexion au
réseau de l'électricité nationale, etc. Contrairement
à ces personnes, 11,38 % ont pu investir dans d'autres secteurs
d'activités en vue d'accroître leurs revenus ou pour compenser la
perte des terres. En effet, ils ont pu créer des activités
génératrices de revenus telles que l'ouverture de magasins de
vente de matériaux de construction, de boutiques de vente de
marchandises divers, de restaurants pour leur femme, etc.
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III. II. 2. 2. La perception paysanne sur les
conséquences de la privatisation foncière
De l'avis des paysans, les conséquences de la
privatisation des terres sont diverses. Malgré la volonté de
vendre la terre pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs
familles, les paysans (97,31 %) ont cependant émis l'idée de ne
pas avoir de moyens pour compenser la perte de leurs terres. Seulement, 2,69 %
ont pu compenser cette perte. En effet, ces personnes compensent la perte de
leurs terres par les nouveaux investissements qu'ils font. Il s'agit pour la
plus part de la reconversion dans le commerce, la fabrication de brique et la
vente des agrégats de construction.
Aussi, il convient de rappeler que la diminution des espaces
cultivables a un impact sur la production céréalière et,
la conséquence immédiate reste la baisse progressive des
productions. De ce fait, 87,13 % de la population font remarquer que leur
production est à la baisse, tandis que 12, 87 % estiment que la leur est
restée stationnaire. Les raisons qui expliquent la baisse des
productions sont : la réduction des espaces cultivables, la
dégradation continue des sols, les aléas climatiques qui se
traduisent par la répartition inégale et la baisse des pluies, le
début tardif et la fin précoce de la saison hivernale et
l'insuffisance de moyens pour acheter des engrais.
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