I.1.2.2. LA MONNAIE DE PAPIER OU LES BILLETS
(FIDUCIAIRE)
La monnaie papier est acceptée en vertu de la confiance
de son émetteur (d'où sa dénomination de monnaie
fiduciaire). On dit également que c'est un instrument
monétaire qui a une faible valeur intrinsèque en
comparaison de sa valeur faciale.
La mise au point de cet instrument monétaire s'est
révélée relativement longue. Trois grandes étapes
ont marqué l'évolution du billet de banque :
- Dans l'Antiquité, puis au Moyen Age, les particuliers
déposent de l'or et de l'argent auprès de banquiers et
reçoivent en contrepartie des billets représentatifs de ces
dépôts.
Le Billet est alors un certificat représentatif
d'un dépôt de métal précieux.
Utilisé pour effectuer des règlements, le billet ne constitue pas
pour autant une véritable monnaie.
- Il faut attendre le XVIIème siècle pour que le
banquier suédois Palmstruck procède à une réelle
création du billet de banque. En émettant un nombre de billets
supérieur au nombre de dépôts de métal
précieux, Palmstruck fait des billets une véritable
monnaie s'ajoutant à la monnaie métallique.
La circulation de cette nouvelle forme de monnaie repose avant
tout sur la certitude de pouvoir convertir à tout moment les billets en
métal. On parle alors de billet de banque
convertible.
Cette convertibilité du billet de banque fût
favorisée par l'Etat (la loi), qui lui conféra cours
légal (le billet ne pouvait être refusé en
paiement par tous). C'est alors sur la loi que repose la
confiance dans cette forme de monnaie.
A la suite d'événements tels que les guerres et
les demandes massives de conversion des billets en métal
précieux, l'Etat fût amené à prononcer le
cours forcé des billets (il devenait impossible d'en
obtenir le remboursement en pièces). Cette mesure mise en place
temporairement par de nombreux pays, devint définitive après la
crise économique de 1929 et les nombreux chocs monétaires de
cette fin de siècle. On parle alors de billet de banque
inconvertible.
I.1.2.3. LA MONNAIE
SCRIPTURALE OU LA MONNAIE DE BANQUE
On appelle ainsi la forme de la monnaie consistant en une
écriture dans les livres d'une banque sous la forme de l'ouverture d'un
compte à un client donnant naissance à un dépôt qui
est une reconnaissance de dette de la banque envers son titulaire, et qui
circule, sert à payer ses créanciers, est
transférée sur le compte d'un autre agent par
l'intermédiaire d'instruments tels que les chèques, les ordres
de virement et les cartes bancaires. Il s'agit de pratiques très
anciennes. Ainsi les Grecs et les Romains connaissaient les virements de
même que les arabes qui les utilisaient au IXe et Xe siècles.
Cependant leur véritable développement date du XIIe siècle
grâce aux marchands italiens et flamands.
Les premières techniques dites « bancaires »
apparaissent sous la forme de virements effectués
à partir des comptes courants de marchands tenus par des banquiers
changeurs. Les transferts pouvaient s'opérer entre
banques. Les règlements se faisaient par débits et crédits
de comptes et des avances en comptes courants
(découverts ou prêts gagés) étaient possibles.
Les comptes étaient ouverts sans dépôts
d'espèces préalables.
Viendront ensuite les procédés de
paiements à distance et lettres de change. Ces techniques
présentent l'avantage de permettre de payer sur une autre place un
exportateur étranger par exemple. Pour cela, on utilisait les
reconnaissances de dettes écrites à échéance
fixée. Au moment des Foires ou Places, on concentrait en un lieu et une
date, un grand nombre de ses créances pour lesquelles on
procédait à la compensation générale. Les soldes
étaient rarement payés en espèces (car dangereux et
coûteux) et plus généralement par report à la Foire
suivante.
La lettre de change fût le type de
reconnaissance de dette le plus répandu. Elle apparaît au XIVe
siècle et va devenir un outil indispensable du commerce et plus
particulièrement du commerce international. Ce mécanisme permet
le paiement à distance et met en relation plusieurs agents.
Ces pratiques en se généralisant, notamment dans
le cadre de Foires, vont donner lieu à de vastes systèmes de
compensation multilatérale dans lesquels les intermédiaires
spécialisés vont s'interposer pour centraliser les lettres de
change, évaluer leur qualité (juger la liquidité des
débiteurs) et effectuer le change de celles-ci puisqu'elles sont
libellées dans des unités de compte différentes. Ainsi
apparaissent des marchands de dettes spécialisés :
Les banquiers. Le rôle de ces
intermédiaires spécialisés va progressivement
s'accroître. Ils vont tout d'abord permettre au système des
paiements de s'améliorer en accélérant la circulation des
dettes par la technique de l'endossement de lettres de change qui cependant
peut être opéré par n'importe quel agent. Le transfert de
créance s'effectuant alors par signature du nouveau créancier,
les banquiers vont accepter de se substituer aux créanciers, ce qui
permet de régler plus vite les créanciers initiaux. Ils vont
ensuite faciliter le tirage de lettres de change en les émettant
spontanément sur eux-mêmes pour permettre à leur client de
régler et améliorer la compensation.
A partir du XVIIIe siècle, apparaît
l'escompte. A cette occasion, ils ajoutent à leur
fonction de participation aux mécanismes de paiements celle de faire des
crédits. La Banque achète alors la traite à son client et
lui remet en échange des espèces ou des billets. Cette
opération l'oblige à détenir des réserves. Ce sera
un facteur de développement d'une autre activité
caractéristique des banques; celle de recevoir des dépôts
du public.
La monnaie scripturale représente de nos jours, une
part très importante des moyens de règlement. La lettre de change
et le billet à ordre sont cependant de moins en moins utilisés au
profit d'autres instruments :
- Le chèque est un ordre de paiement
écrit adressé à sa banque (le tiré) que le payeur
(le tireur) remet au bénéficiaire. Celui-ci peut se faire payer
auprès de la banque du tiré directement ou le remettre à
sa propre banque pour créditer son compte. Ainsi un dépôt
bancaire (une dette du tiré) sera transféré du compte du
payeur vers le compte du bénéficiaire.
- Le virement est un ordre du payeur
adressé directement à sa banque afin que celle-ci effectue un
transfert de fonds sur le compte d'un bénéficiaire par
débit ou crédit. Celui-ci peut être un ordre automatique
(permanent) donné à la banque afin que cette dernière vire
à date fixe un montant déterminé à un tiers
désigné à l'avance par le payeur. Le virement et le
chèque sont rédigés sur du papier mais sont traités
par l'informatique.
- L'avis de prélèvement automatique
est à l'initiative du créancier qui opère un
Prélèvement dans le cadre d'une autorisation
donnée par le titulaire du compte. Cet instrument est
généralement utilisé pour le paiement des impôts et
des factures (téléphone, électricité...). La somme
est automatiquement et régulièrement prélevée sur
le compte du débiteur.
- Le titre interbancaire de paiement ; le
débiteur donne son accord pour le paiement de chaque opération,
mais le titre fait ultérieurement l'objet d'un traitement
informatique.
- La carte bancaire est l'instrument le plus
dématérialisé. Lors du paiement, les coordonnées
bancaires du payeur sont saisies par lecture d'une piste magnétique de
sa carte.
Elles permettront de pouvoir automatiquement débiter
son compte et créditer le bénéficiaire de façon
immédiate ou différée selon le type de contrat qui lie la
banque et le détenteur de la carte. Il existe des formes
élaborées qui permettent des opérations encore plus
rapides, plus sûres et plus anonymes. Ainsi un code secret peut
être joint à la carte qui est composé par le payeur rendant
le débit immédiat. Les cartes à puces sont des cartes
bancaires possédant un ordinateur miniaturisé permettant de
stocker des informations sur un compte bancaire et de le débiter
très rapidement. On parle également de monnaie
électronique.
|