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Quête bigmaniaque et légitimation politique locale des élites urbaines au Cameroun. Cas de l'arrondissement de Zoétélé.


par Julio Herman Assomo
Université de Yaoundé 2 - Master en Sciences politiques 2013
  

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Paragraphe 2 : Recherche de légitimité politique et mobilisation de ressources diverses

Pour Faure et Médard, « les ressources économiques, sociales et politiques sont ainsi à la base de l'élévation du big man dans la mesure où elles sont convertibles les unes dans les autres ».103(*)Bien que toutes les élites urbaines à Zoétélé ne soient pas nécessairement des big men, force est de constater que cette assertion est porteuse de sens dans la mesure où les élites engagées en politiques mobilisent une diversité de ressources publiques ou privées.

Anthony GIDDENS suggère que les élites sont des « individus qui occupent des positions d'autorité formellement définies à la tête d'une organisation sociale ou institutionnelle »104(*). Il en est ainsi de ces fils de l'arrondissement de Zoétélé qui occupent des positions d'autorité et de prestige au niveau de la haute administration étatique au Cameroun. Ces élites urbaines ayant en partie construit leur capital social et symbolique grâce à leur carrière bureaucratique, tirent de ces positions d'autorité pourvoyeuses d'avantages et de prébendes divers, les ressources nécessaires non seulement à leur implication politico partisane, mais aussi à leur quête personnelle de légitimité au sein de la localité. Autrement dit, ces élites assurent la légitimité de leur parti (le rassemblement démocratique du peuple camerounais, généralement) tout en s'assurant un rayonnement personnel. Cette assurance passe entre autres par l'apport de divers avantages et réalisations à la localité, mais aussi par l'entretien d'une multitude composée de courtiers en tout genre, de factions, etc.

Cet état des choses entraine généralement ces élites à se livrer au phénomène de straddling. En effet, une certaine confusion du patrimoine public et privé propre à la pratique africaine du point de vue de J.F. Médard105(*) est ici observable. D'après ce dernier, le straddling consiste en un dédoublement, mieux, un chevauchement de positions et, dans une certaine mesure, de fonctions pourvoyeuses de prébendes ; « parexemple de haut fonctionnaire et d'homme d'affaires [qui] exprime la nature politico-économico-sociale du pouvoir »106(*). La plupart des élites bureaucratiques de l'arrondissement de Zoétélé sont ainsi des big men qui profitent des avantages de leurs positions pour tirer des ressources nécessaires non seulement à la consolidation de leur capital social et symbolique, mais aussi, à leur recherche de légitimité politique. A cet effet, « les positions d'autorité offrent l'opportunité d'accès aux ressources publiques pour la satisfaction des besoins privés »107(*)

Ces big men et élites urbaines correspondent ainsi à l'illustration comparative suivante : « le grand homme accumule de la richesse afin de la distribuer ; en la distribuant il la consomme mais il la transmet en capital symbolique dont une partie peut être à son tour reconvertie en richesse. Il en est de même du politicien entrepreneur qui, dans le cas africain, profite de son accès à l'Etat pour s'enrichir. Sur la base des ressources ainsi accumulées, il investit une partie de la richesse dans des entreprises économiques variées ; en même temps il convertit une autre partie de sa richesse en capitalsymbolique, sous forme de soutiens politiques, en la redistribuant. L'art de la redistribution est la clé de la légitimation et donc de l'accumulation de capital politique ».108(*)

Il apparait évident que les ressources institutionnelles contribuent non seulement à légitimer les élites urbaines dans la mesure où elles leur permettent de distribuer et de réaliser davantage, tout en entretenant plus de courtiers. Ce qui leur facilite un positionnement aisé sur l'échiquier politique de Zoétélé, mais aussi à entretenir leur action politique pour se positionner dans l'échiquier politique. Généralement, leur activisme dans ce sens consiste à gagner des voix pour leur parti ou bien de soutenir un candidat quelconque appartenant à leurs factions.

Par ailleurs, nous avons, à coté des ressources institutionnelles mobilisées par les élites bureaucratiques, les ressources para institutionnelles.

A propos de ressources dites para-institutionnelles, il s'agit de l'ensemble des ressources plus ou moins liées aux institutions étatiques et pouvant être mobilisées par les élites en quête de légitimité politique ou de consolidation de la dite légitimité. Il s'agit là de ressources issues d'institutions telles que les partis politiques, les ONG109(*), entre autres. Il en ressort de ce fait que la capacité d'en tirer profit, dépend de l'accessibilité des élites aux « organes » porteurs desdites ressources. Autrement dit, il s'agît des ressources issues de l'Etat et de ses partenaires et dont les oeuvres profitent aux élites ayant accès à leur gestion.

Dans l'arrondissement de Zoétélé, l'accès aux ressources para-institutionnelles passe nécessairement par la capacité à accéder à certaines positions. Aussi, le positionnement partisan constitue ici le moyen d'accès auxdites ressources. De ce fait, l'omniprésence des partis politiques, et notamment de leurs militants et cadres, se justifie dans leurs diverses réalisations. En effet, les réalisations des partis politiques sont une opportunité de promotion de leur image par les élites urbaines impliquées dans lesdites réalisations ; aussi évident que cela apparait, « les positions acquises au niveau politique et social déterminent le comportement des acteurs et structurent leurs comportements »110(*)Les cadres de partis111(*) sont dans cette optique les plus en vue, d'autant plus qu'ils sont dans la majeure partie des cas, les contributeurs desdites réalisations. Le RDPC étant le parti le plus représenté ici, nous y avons appuyé notre analyse. Chaque descente sur le terrain représente pour ces acteurs une occasion d'aller au contact des populations, d'user du mobil de la descente (meeting, visite à un village précis, offre de dons, etc.) pour une opération de « séduction », soit de consolidation ou de recherche de légitimité, non seulement pour le parti, mais aussi et surtout en latence, pour leur propre compte.

Ces modes d'actions des élites sont identiques en ce qui concerne les différentes interventions économiques et sociales de l'Etat dans la localité. En réceptionnant un projet par exemple, l'élite impliquée (maire, député ou sénateur, entre autres) en profite pour mettre en valeur son image en récupérant d'une manière quelconque autant de légitimité possible. De ce fait, « Les élites urbaines mobilisées par le parti roulent pour leur propre compte même si, à travers leurs actions participent au développement de la localité »112(*)

La construction du nouveau marché de Zoétélé par la commune en partenariat avec le FEICOM113(*) entre 2012 et 2013 a été récupérée par les partisans de MENGUE NKILI, alors maire de Zoétélé. Cette réalisation a d'ailleurs été mobilisée par cette dernière pendant la campagne électorale liées aux municipales de 2013. Une certaine partie de la population interrogée lors de nos enquêtes de terrain est d'ailleurs persuadée que ce marché est une réalisation personnelle de l'ancien maire. C'est dire l'impact des ressources dites para-institutionnelles dans le processus de légitimation des élites urbaines dans l'arrondissement de Zoétélé. Médard et Faure soutiennent ainsi que « l'Etat est un capital dont il s'agit de tirer un maximum de profits ».114(*) Au demeurant, l'action des élites ici est, du fait d'une recherche incessante de légitimité, motivée par un « esprit de la rente »115(*) ; l'exploitation de diverses ressources dont des ressources institutionnelles et para-institutionnelles.

* 103 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995, « L'Etat-business et les politiciens entrepreneurs, Néo-patrimonialisme et big men : économie et politique : économie e politique » in Ellis S. (ed) FAURE YVES-ANDRE (ED), Entreprise et entrepreneurs africains. Paris, Karthala p.289-309. Op. Cit.

* 104 Genieys William. 2011 ; Sociologie politique des élite(s). Armand Colin- Collection U. Sociologie.

* 105 MEDARD J.F. 1990. « L'Etat patrimonialisé » in Politique africaine n° 39 p.25-36

* 106 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995, « L'Etat-business et les politiciens entrepreneurs, Néo-patrimonialisme et big men : économie et politique : économie e politique » in Ellis S. (ed) FAURE YVES-ANDRE (ED), Entreprise et entrepreneurs africains. Paris, Karthala p.289-309.

* 107 BIGOMBE LOGO P.« Les élites et la gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai d'analyse politiste de la gestion néo-patrimoniale de la rente forestière en contexte de décentralisation ».in CERAD-GEPAC-GRAPS. P 18.

* 108 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995 idem.

* 109 Organisation non gouvernementale.

* 110 BIGOMBE LOGO P.« Les élites et la gestion décentralisée des forêts au Cameroun. Essai d'analyse politiste de la gestion néo-patrimoniale de la rente forestière en contexte de décentralisation ». Op. Cit.

* 111Que sont les grands hommes et les élites urbaines (dont certains sont des big men).

* 112 MIMCHE H ; NELEM B ; NJOYA MAMA M ; 2006 ; « Les Elites Urbaines et le développement local au Cameroun », GEO I NOVA, Revista do departamento de Geographia e planeamentoRegional, Lisboa, n° 12, pp. 107- 128.

* 113 Fond spécial d'équipement et d'intervention intercommunale.

* 114 FAURE Y.A., MEDARD J.F. 1995, « L'Etat-business et les politiciens entrepreneurs, Néo-patrimonialisme et big men : économie et politique : économie e politique » in Ellis S. (ed) FAURE YVES-ANDRE (ED), Entreprise et entrepreneurs africains. Paris, Karthala p.289-309. Op. Cit.

* 115 MBEMBE A. « Pouvoir, violence et accumulation », in : (J.-F.) BAYART, (A.) MBEMBE, (C.) TOULABOR, (dir.), Le politique par le bas en Afrique noire. Contributions à une problématique de la démocratie, Paris, Karthala, 1992, p. 245.

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