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Stabilisation des sols gonflants.

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par DJOUDI A.KRIM NEDJAHI A.RAOUF
SOUK AHRAS -  Master en géotechnique 2015
  

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2.2.1.1. Hydratation des espaces inter foliaires :

Lors de l'hydratation d'une éprouvette d'argile sèche, l'eau pénètre dans l'espace inter foliaire et s'organise en couches mono moléculaires, puis interagit avec les feuillets et les cations déjà présents. Cette hydratation favorise la création d'une pression, appelée pression de disjonction, qui a pour conséquence une augmentation de la distance inter foliaire et donc un gonflement de l'ensemble des deux feuillets, c'est le gonflement cristallin (Yong, 1999).

Ce gonflement n'est possible que lorsque les liaisons interfeuillets sont très faibles pour laisser pénétrer l'eau dans l'espace interfoliaire. C'est le cas par exemple de la montmorillonite.

Le phénomène de gonflement est influencé par la nature des cations interfoliaire. Ainsi la montmorillonite sodique (Na+) gonfle plus qu'une montmorillonite calcique (Ca2+) (Dardaine et al, 1985; Saiyouri, 1996). En effet, le rayon ionique de Na+est plus proche de la taille de la molécule d'eau et son interaction avec cette dernière est plus faible que pour le cation Ca2+. L'eau se répartit alors plus facilement à la surface du feuillet.

Dans les argiles illitiques, le gonflement cristallin est très faible et il est quasiment inexistant dans les kaolinites.

D'après Tessier (1990), ce type de gonflement ne représente qu'environ le dixième du gonflement macroscopique total d'une argile gonflante. Il est donc nécessaire selon lui d'envisager un autre mécanisme de gonflement que celui relevant uniquement des seules variations interfoliaire.

2.2.1.2. Répulsion entre les particules :

Le gonflement osmotique se produit lorsque l'énergie d'hydratation est suffisante pour franchir la barrière de potentiel due aux forces électrostatiques attractives entre feuillets.

L'adsorption des cations par les particules argileuses et la formation de la double couche diffuse sont responsables de la répulsion des deux particules (Mitchell, 1993). En effet, dans une argile sèche, les cations sont fortement adsorbés à la surface des feuillets argileux. Les cations en excès, par rapport à ceux assurant l'électroneutralité des particules argileuses et des anions associés, sont présents sous forme de sels. Si l'argile sèche est placée au contact de l'eau, les sels s'y dissolvent, mais les différents ions se répartissent de manière non homogène, la concentration en cation devient plus forte au voisinage des surfaces externes des argiles, tandis que les anions ont plutôt tendance à s'éloigner des surfaces argileuses. La zone perturbée, ainsi créée par cette répartition non homogène des cations et des anions, est appelée la double couche diffuse (Bolt, 1956) .Cette dernière assure l'électroneutralité du système entre la particule d'argile et la double couche diffuse du modèle de Stern. La théorie de la double couche diffuse a permis de démontrer mathématiquement que le recouvrement de deux couches diffuses de même signe est responsable de la répulsion de deux particules (Van Damme, 2002). Appliquée à la multitude de particules

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constituant une éprouvette d'argile, cette théorie permet d'expliquer le gonflement à l'échelle macroscopique.

Une autre approche plus fréquemment utilisée permet, selon Mitchell (1993), d'expliquer le gonflement de manière plus pratique, c'est le concept de "pression osmotique". Dans cette approche, du fait des différences de concentration au sein de la couche diffuse, des pressions osmotiques sont développées à chaque fois que les doubles couches de deux particules se chevauchent. La surface argileuse chargée négativement jouerait un rôle comparable à celui d'une membrane semi-perméable, séparant deux solutions de concentration en sel différentes (aucun cation ne vient cependant traverser la surface argileuse) (Van Damme, 2002). La différence de pression osmotique créée entre les deux particules et la solution à l'équilibre environnant les particules d'argile est appelée "pression de répulsion inter particulaire". On peut alors imaginer qu'à l'échelle macroscopique, ce phénomène d'origine microscopique, répété un très grand nombre de fois, se répercute par l'apparition d'un gonflement observable. Rappelons également que le gonflement d'un sol argileux dépend non seulement de la minéralogie des argiles mais aussi de la texture (Bauer- Plaindoux et al., 1998), c'est-à-dire de l'agencement du squelette et du réseau poreux de ces minéraux au sein des autres minéraux constituants le matériau. Sous certaines conditions, les minéraux argileux gonflants peuvent se retrouver piéger au sein d'une matrice siliceuse ou carbonatée, créant des complexes susceptibles d'empêcher ou d'annuler le Gonflement de ces minéraux.

En résumé, la pression osmotique joue un rôle prépondérant dans le gonflement des argiles saturées. Une diminution de contraintes effectives dans le sol se traduit au niveau macroscopique par le gonflement des argiles. La théorie de la double couche fournit une interprétation intéressante des phénomènes physico-chimiques sur le plan qualitatif, mais l'application quantitative de cette théorie aux minéraux argileux ne permet pas toutefois de caractériser au mieux la texture réelle et complexe d'un matériau argileux. De plus, lorsque les argiles ne sont plus saturées, suite à une dessiccation répétée par exemple, d'autres forces deviennent prépondérantes dans l'hydratation des argiles, comme les forces d'attraction dues aux charges électriques, les forces capillaires de Van der Waals et les forces dérivant de l'énergie d'hydratation des cations échangeables (TranNgoc Lan, 1989). L'ensemble de ces forces constitue la force de succion qui agit directement sur les molécules d'eau. Cette succion est faible à nulle pour des sols saturés et très forte pour des sols secs.

2.2.2. Le Gonflement au sens mécanique :

Le phénomène de gonflement, de même que le tassement, peut provenir d'une modification de l'état de contraintes dans le sol en présence d'eau. Un sol est constitué de 3 phases :

? phase solide (les particules solides)

? phase liquide (eau interstitielle en général)

? phase gazeuse (bulles d'air).

Le sol est saturé si la phase gazeuse disparait, c'est-à-dire si tous les vides

interparticulaires sont occupés par l'eau interstitielle. Considérons ici un élément de sol saturé à

l'équilibre. Dans un sol saturé soumis à une contrainte totale ó (géostatique ou surcharge

extérieure óe), cette dernière se décompose de la façon suivante :

óe= ó = ó'+u (Théorie de Terzaghi, 1951)

Où u désigne la pression interstitielle de l'eau des pores et ó' la contrainte effective, c'est-à-dire

la contrainte exercée sur le squelette solide du sol.

Si l'élément de sol considéré est situé sous la nappe phréatique à une cote z, la pression

interstitielle est égale à la pression exercée par la colonne d'eau sus-jacente, soit u0 = ãw.z. Si l'on permet alors au sol de se drainer, un phénomène de consolidation va se développer, correspondant à l'expulsion de l'eau en surplus. Un nouvel équilibre va alors s'établir pour l'état de contraintes, avec :

u0= 0

ó'= óe

Dans un milieu poreux, l'existence conjointe d'une phase gazeuse et liquide provoque le développement de ménisques capillaires air-eau. Le développement de ces ménisques dans la structure du sol est la caractéristique principale d'un milieu non saturé (Delage et Cui, 2000), et traduit une pression négative de l'eau appelée succion. Si la contrainte se est alors supprimée, le même phénomène se produit en sens inverse, et immédiatement :

u = -óe

ó' = óe

La pression interstitielle u devient négative (succion négative) et opposée à la variation de la contrainte totale. Dans des conditions de libre circulation de l'eau, un phénomène de gonflement va alors se développer, exprimant l'absorption de l'eau et le transfert d'une contrainte négative de l'eau sur le squelette solide, jusqu'à l'état final où :

u = 0

ó' = 0

Il est donc possible d'affirmer que si la consolidation exprime une diminution de la pression interstitielle jusqu'à u0, le gonflement exprime quant à lui la diminution de la succion (-u) jusqu'à son annulation. La succion capillaire du terrain s'exprime alors par la relation suivante :

S = ua-uw

Où ua représente la pression de l'air dans le sol et uw, la pression interstitielle de l'eau dans le sol.

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