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Prise en charge et qualité de vie d'un patient schizophrène: vers une juste distance dans la relation de soins


par Chloé Desprez
Université de Caen  - Diplôme universitaire en soins infirmiers  2019
  

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3.2. Le constat

En psychiatrie, je constate qu'il est peut-être compliqué pour une infirmière d'adapter une juste distance thérapeutique avec un patient schizophrène en respectant la relation de soin.

3.3. La question de départ

En psychiatrie, en quoi la juste distance dans la relation de soin IDE avec un patient schizophrène permet-elle d'améliorer sa qualité de vie ?

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 14

4) Le cadre conceptuel

4.1. La schizophrénie

4.1.1. Définition de la schizophrénie

Le terme « schizophrénie » suggéré par le psychiatre suisse Eugen Bleuler, vient de deux racines grecques, « schizo » et « phrénia » signifiant « scinder » et « esprit ». Un mot qui permet d'illustrer l'idée de ce clivage du moi chez la personne schizophrène. On pourrait également la définir, en d'autres termes, par une dissociation de la pensée et de la personnalité. Mais être schizophrène c'est aussi vivre la réalité d'une autre façon et c'est une source d'anxiété et d'affliction terrible pour ceux qui en souffrent. Un aspect qui semble important de souligner pour comprendre que cette maladie est psychiquement douloureuse et qu'elle peut perturber la vie de la personne concernée mais aussi celle de sa famille et de ses amis. David H.Barlow et V. Mark Durand déterminent la schizophrénie comme « un syndrome complexe dont les effets sur la personne qui en souffre et sur ses proches sont dévastateurs. Ce trouble peut affecter la perception, la pensée, le discours et les gestes, en fait, chaque aspect du fonctionnement quotidien. »

Ainsi nous retrouvons dans l'ouvrage « La schizophrénie au quotidien » de Catherine Tobin le témoignage de X.B., schizophrène, qui nous raconte que « Contrairement à ce qu'on pense, nous ne sommes pas en dehors de la réalité ; en fait nous sommes en contact avec tant de réalités à la fois que nous en devenons confus et accablés »

Par ailleurs, selon la Fondation Pierre Deniker c'est une maladie qui touche 1 % de la population mondiale, un chiffre qui n'est pas négligeable et qui nous montre que cette maladie n'est pas inusuelle. 85 % des cas apparaissent entre 15 et 25 ans.

Mais ne serait-il pas plus adapté de parler des schizophrénies plutôt que de la schizophrénie ? Car en effet selon le caractère et l'environnement de chaque individu, les symptômes de la maladie seront très différents d'après l'UNAFAM. Eugen Bleuler, cité ci-dessus, écrivait : "Ce n'est pas une maladie au sens strict du terme, mais elle apparaît être un groupe de maladies... pour cette raison, nous devrions parler de schizophrénies au pluriel." Il semblerait donc que l'on retrouve plusieurs formes de schizophrénies dont certaines ont été décrites.

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 15

4.1.2. Les différentes formes classiques

En effet, il demeure différentes formes cliniques de la schizophrénie mais nous parlerons ici des plus fréquentes. Il est important d'assimiler pour la suite le retentissement possible de chaque état sur la relation à l'autre, c'est donc pour cela que nous insisterons davantage sur l'impact des expressions rattachées à chaque forme sur les rapports sociaux.

· La schizophrénie paranoïde

Comme son nom le suppose cette schizophrénie est dominée par le délire paranoïde avec des idées délirantes qui sont verbalisées de façon explicite par le patient. Le mot paranoïa est d'origine grecque, « para » et « noos » signifiant « à côté de » et « l'esprit ». En outre, le délire comporte des expériences d'étrangeté, de dépersonnalisation et d'influence. C'est la forme que l'on retrouve le plus souvent et qui reste la plus complète de par la richesse de ses symptômes. La dissociation et le délire en font partie ainsi qu'un univers subjectif qui se créé petit à petit. Un univers autistique dans un monde fermé à la communication et donc à la relation à l'autre. Le patient vit comme dans une bulle qui serait impénétrable ce qui rend difficile le maintien d'une activité sociale.

· L'hébéphrénie

« Hébé » signifiant jeunesse en grec, illustre le fait que cette forme est précoce, autrement dit qu'elle touche le sujet jeune. La dissociation et le retrait sont les symptômes qui la caractérisent dans un premier temps. On remarque souvent une pauvreté dans les éléments délirants ce qui permet de la distinguer. Selon le site psychologie.com, cette forme représente 20 % des schizophrénies. En ce qui concerne l'impact sur les relations sociales, l'évolution qui se fait progressivement dans l'indifférence et la dissociation laisse s'installer un état déficitaire et des capacités d'adaptation sociale de plus en plus affaiblies. L'appauvrissement intellectuel et relationnel entraine donc une désinsertion sociale importante.

· La catatonie

Ce terme provient du mot allemand Katatonie qui est lui-même composé du grec « kata » signifiant « en dessous » et de « tonos » traduit par « tension ». Elle peut évoluer vers le mutisme et l'immobilité presque totale, une sorte de délire corporel qui pourrait

DESPREZ Chloé | Travail de Fin d'Etudes IFSI de Lisieux | Mai 2019 16

traduire physiquement la dissociation mentale. Le déficit cognitif qui existe dans cette forme se caractérise également par l'absence d'initiative, une diminution des habilités et l'indifférence affective. Le patient a une attitude très négative dans tous les actes de son quotidien, que ce soit physiquement ou mentalement. Il est important de comprendre que cette forme est la plus grave. Les interactions sociales sont quasi nulles et il est très difficile de maintenir une vie relationnelle mais c'est une forme qui reste très rare.

· La psychose schizo-affective

Dysthymique vient du grec « dys » et « thymie » se traduisant par «de travers» et «humeur». C'est une forme qui se rapproche des troubles bipolaires de par le caractère maniaque ou dépressif des signes associés. Or, la distinction est possible en raison d'une présence d'idées délirantes mais aussi d'hallucinations. Elle affecte tout particulièrement la cognition et l'émotion. Il existe donc une diminution significative du niveau de fonctionnement social et personnel lié à ces troubles même si l'adaptation socio-familiale est souvent conservée.

En somme, il est indéniable que les schizophrénies s'accompagnent toutes d'une modification de l'ensemble des capacités sociales à des degrés différents. Ces altérations sont constantes et variables dans le temps. D'autre part, toutes ces formes sont comme nous l'avons vu précédemment différentes les unes des autres. Mais il existe pourtant un aspect que l'on retrouve dans chacune d'elle et qui impacte également sur les relations sociales du patient ; il s'agit de la chronicité de la maladie.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld