ANNEE UNIVERSITAIRE 2017/ 2018
INSTITUT SUPERIEUR DE GESTION
MEMOIRE DE MASTER PROFESSIONNEL
SPECIALITE FINANCE
OPTION
RISK-MANAGEMENT
LE « DE-RISKING », COMMENT
COMBATTRE
CE PHÉNOMÈNE ?
CHEDLY MANOUBA
SOUS LA DIRECTION DE :
IMEN KHOUJA : MAITRE ASSISTANTE, ISG TUNIS
ABDELLATIF HLIOUI : RESPONSABLE CONFORMITE ET
DIRECTEUR DE PROJET FATCA,
BIAT
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
Dédicaces
A Mes Chers Parents
Tous les mots du monde ne sauraient exprimer l'immense amour que
je vous porte, ni la profonde gratitude que je vous témoigne pour tous
les efforts et les sacrifices que vous n'avez jamais cessé de consentir
pour mon instruction et mon bien-être.
J'espère avoir répondu aux espoirs que vous avez
fondé en moi. Que Dieu vous garde et vous procure santé, bonheur
et longue vie.
Je dédie aussi ce travail à mon frère pour
son encouragement incessant.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Remerciements
Je tiens à remercier et à exprimer ma gratitude
à toutes les personnes qui ont contribué au succès de mon
stage et qui m'ont aidé lors de la rédaction de ce rapport.
Tout d'abord, j'adresse mes remerciements à mon
encadrante, Mme Imen Khouja, maître assistante à
l'ISG de Tunis, qui m'a beaucoup aidé dans mes recherches
ainsi que la rédaction de ce rapport, son écoute et
ses conseils m'ont beaucoup facilité les tâches. Elle fut d'une
aide précieuse dans les moments les plus délicats.
Je tiens à remercier vivement mon maitre de stage,
Mr Abdellatif Hlioui, responsable conformité et
directeur de projet FATCA au sein de la BIAT, pour son accueil, le temps
passé ensemble et le partage de son expertise au quotidien. Grâce
aussi à sa confiance j'ai pu m 'accomplir totalement dans mes
missions.
Je ne manquerai pas à exprimer mon respect au
président du jury et au rapporteur
d'avoir accepté de juger mon travail.
Chedly Manouba
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Liste des abréviations :
· AMF : Arab Monetary
Funds (Le fonds Monétaire Arabe)
· AML : Anti-money
laundering (lutte contre le blanchiment d'argent)
· BCT: Banque Centrale de
Tunisie
· BM : Banque Mondiale
· CBR: Correspondent
banking relationships (relations de correspondence
bancaire)
· CDD : Customer
Due-Diligence (Vérifications
nécessaires du client)
· CTAF : Commission
Tunisienne des Analyses
Financières
· DG : Direction
Générale
· FATCA : Foreign Account
Tax Compliance Act (un
règlement du code fiscal des États-Unis)
· FT : Financement du
terrorisme
· GAFI : Groupe d'action
financière
· IFC : International
Finance Corporation
· IMF : International
Monetary Funds (Le fonds Monétaire
International)
· KYC : Know Your
Customer (Connaissez votre client)
· KYCC : Know Your
Customer Customer (Connaitre le client de
votre client)
· LAB : Lutte
anti-blanchiment
· MENA : Middle East and
North Africa ( Moyen-Orient et Afrique du
Nord)
· MTO : Money
Transfert Operators (Opérateurs de transfert
d'argent)
· PNB : Produit Net
Bancaire
· PPE : Personne
politiquement exposée (exp : Ancien
ministre/président...)
· RCB : Relation de
correspondance bancaire
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phénomène ?
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Liste des figures
FIGURE N°1 : EVOLUTION DU PNB DES BANQUES COTEES 8
FIGURE N°2 : EFFECTIF COMMERCIAL 14
FIGURE N°3 : REPARTITION HOMMES-FEMMES 15
FIGURE N°4 : PYRAMIDE DES AGES EN 2016 15
FIGURE N°5 : EVOLUTION DES DEPOTS ET CREDITS CLIENTELE
(EN MD) 16
FIGURE N°6 : STRUCTURE DES CREDITS PAR SECTEUR EN 2016
17
FIGURE N°7 : EVOLUTION DU PRODUIT NET BANCAIRE (EN MD)
18
FIGURE N°8 : RESULTAT NET 18
FIGURE N°9 : RATIO DE LIQUIDITE 19
FIGURE N°10 : COURS DE L'ACTION AU 31 DECEMBRE 20
FIGURE N°11 : LES PLUS IMPORTANTES AMENDES INFLIGEES AUX
BANQUES POUR NON-CONFORMITE OU
FRAUDE (DEPUIS 2012) 28
FIGURE N°12 : LE RESEAU DE CORRESPONDANTS D'UNE BANQUE
40
FIGURE N°13 : LA RELATION DE CORRESPONDANCE BILATERALE
41
FIGURE N°14 : TRANSACTION TRADITIONNELLE DE
CORRESPONDANCE BANCAIRE 42
FIGURE N°15 : TRANSACTION DE CORRESPONDANCE BANCAIRE VIA
UN COMPTE IMBRIQUE 42
FIGURE N°16 : TOTAL DES PENALITES LAB PAR ANNEE 47
FIGURE N°17 : LA CORRESPONDANCE BANCAIRE AU ETATS-UNIS
48
FIGURE N°18 : LA CORRESPONDANCE BANCAIRE EN EUROPE 48
FIGURE N°19 : LA CORRESPONDANCE BANCAIRE EN AFRIQUE 49
FIGURE N°20 : LA CORRESPONDANCE BANCAIRE EN CHINE 50
FIGURE N°21 : RESILIATION DES CBR (2012-2015) 51
FIGURE N°22 : TENDANCE A LA FIN DES CBR (2012-2015) 52
FIGURE N°23 : JURIDICTIONS DE RESILIATION CBR ET / OU
RESTRICTIONS 53
FIGURE N°24 : DEVISES AFFECTEES 54
FIGURE N°25 : REPARTITION DES BANQUES AYANT REPONDU AU
QUESTIONNAIRE 67
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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FIGURE N°26 : LES TAILLES DES BANQUES INTERVIEWEES 67
FIGURE N° 27 : LES ACTIVITES DES BANQUES INTERVIEWEES 68
FIGURE N°28 : LE ROLE DE LA DIRECTION DANS LA MISE EN OEUVRE
ET LE SUIVI DE LA CONFORMITE 69
FIGURE N°29 : MOYENNE DES PERSONNES QUI PARTICIPENT A LA
FONCTION DE CONFORMITE 70
FIGURE N°30 : LES ACTIVITES DE LA CONFORMITE SONT-ELLES
CENTRALISEES OU DECENTRALISEES ? 70
FIGURE N°31 : RECUEIL DES INFORMATIONS DETAILLEES SUR LES
CLIENTS 71
FIGURE N°32 : DISPOSITION DES PROCEDURES PERMETTANT DE
S'ASSURER QUE VOUS NE TRAITEZ PAS AVEC
DES « SHELL BANK » 72
FIGURE N°33 : TENEZ-VOUS DES REGISTRES SUR LES RELATIONS
D'AFFAIRES ? 72
FIGURE N°34 : LE CHANGEMENT DES CBR ENTRE 2010 ET 2017 73
FIGURE N°35 : LE NOMBRE DES COMPTES NOSTRO RESILIES ENTRE
2010 ET 2017 74
FIGURE N°36 : LES JURIDICTIONS OU LES BANQUES
CORRESPONDANTES ONT RESILIE /IMPOSE DES
RESTRICTIONS SUR LES BANQUES TUNISIENNES. 75
FIGURE N°37 : LES DEVISES AFFECTEES 76
FIGURE N°38 : LES CAUSES / FACTEURS PRINCIPAUX QUI ONT
POUSSE LES INSTITUTIONS FINANCIERES ETRANGERES A RESILIER OU RESTREINDRE LES
RELATIONS DE CORRESPONDANTS BANCAIRES (CBR) ETRANGERS
AUPRES DES BANQUES TUNISIENNES 78
FIGURE N°39 : IMPACT DE LA BAISSE DES CBR SUR LA CAPACITE
DES BANQUES A EFFECTUER DES OPERATIONS
EN CAPITAL ET EN COMPTE COURANT EN DEVISES 80
FIGURE N°40 : IMPACT DE LA BAISSE DES CBR ETRANGERS DES
BANQUES TUNISIENNES SUR LEURS CAPACITES A
ACCEDER AUX DIFFERENTS PRODUITS / SERVICES 81
FIGURE N°41 : IMPACT DE LA BAISSE DES CBR ETRANGERS DES
BANQUES TUNISIENNES SUR LEURS CAPACITES A
SERVIR LEURS CLIENTS / SEGMENT CLIENT 82
FIGURE N°42 : SOLUTION TROUVEE POUR LA RESILIATION /
RESTRICTION DES CBR 83
FIGURE N°43 : COMMENT AVEZ-VOUS TROUVE LA SOLUTION 84
FIGURE N°44 : SOLUTIONS POUR LE SECTEUR PRIVE 85
FIGURE N°45 : SOLUTIONS POUR LE SECTEUR PUBLIC 87
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phénomène ?
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Liste des Tableaux
TABLEAU N°1 : RATIO DE CONCENTRATION 5
TABLEAU N°2 : EVOLUTION DU NOMBRE D'ETABLISSEMENTS AGREES
7
TABLEAU N°3 : ACTIONNAIRES DE LA BIAT 13
TABLEAU N°4 : LES 40 RECOMMANDATIONS DU GAFI 31
TABLEAU N°5 : AMENDES ET AUTRES SANCTIONS POUR LA
NON-CONFORMITE EN MATIERE DE LAB/FT 47
TABLEAU N°6 : EVALUATION DU MENAFATF DES 40
RECOMMANDATIONS (AOUT 2016) 55
TABLEAU N°7 : LES 40 RECOMMANDATIONS DU GAFI 55
TABLEAU N°8 : REEVALUATION DU MENAFATF DES 40
RECOMMANDATIONS (DECEMBRE 2017) 59
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phénomène ?
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Sommaire
INTRODUCTION GENERALE : 1
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCUEIL 4
INTRODUCTION 5
SECTION 1 : EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE TUNISIEN 5
SECTION 2 : PRESENTATION DE LA BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE
TUNISIE 9
SECTION 3 : PRESENTATION DE LA DIRECTION CENTRALE DU CONTROLE
PERMANENT ET DE LA
CONFORMITE 21
CONCLUSION 23
CHAPITRE 2 : CONFORMITE ET LAB/FT 24
INTRODUCTION 25
SECTION 1 : CONFORMITE ET LUTTE ANTI-BLANCHIMENT ET
FINANCEMENT DU TERRORISME (LAB/FT)
26
SECTION 2 : LE « DE-RISKING » 38
CONCLUSION 59
CHAPITRE 3 : « LE DE-RISKING », ETUDE DU PROBLEME 61
INTRODUCTION 62
SECTION 1 : DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE 62
SECTION 2 : ANALYSE DES RESULTATS PRELIMINAIRES 66
SECTION 3 : ANALYSE DU PHENOMENE DE « DE-RISKING »
73
SECTION 4 : SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS 84
CONCLUSION 88
CONCLUSION GENERALE : 90
BIBLIOGRAPHIE 92
WEBOGRAPHIE 94
ANNEXES : 95
TABLE DES MATIERES 109
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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2
INTRODUCTION GENERALE :
Après la révolution de 2011, la Tunisie a connu
diverses perturbations politiques, sociales et économiques qui n'ont
épargné aucun secteur et ont mis un frein à la croissance
économique et au développement du pays. En effet, les
autorités tunisiennes se sont consacrées en priorité
à la restauration de l'Etat de droit, à l'achèvement de la
nouvelle constitution et aux mécanismes de transition
démocratique. Par ailleurs, le développement du fléau du
terrorisme et sa prolifération dans le monde entier a conduit les
autorités de régulations internationales et nationales à
instaurer et renforcer le cadre règlementaire de lutte contre le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (LAB/FT). Dans ce cadre le
GAFI a développé un ensemble de recommandations à
l'adresse des banques centrales et des banques en vue d'instaurer ou de
renforcer leurs dispositifs de conformités aux nouvelles
règlementations LAB/FT. Néanmoins, en dépit des efforts
faits par la BCT et les banques tunisiennes à travers les
décisions, les circulaires publiées par la BCT et le nombre de
déclarations de soupçon par les institutions financières,
la Tunisie a été incorporée dans la liste noire
publiée par le GAFI en Janvier 2018. En effet, de nombreuses lacunes
restent remarquables en matière de conformité et
l'efficacité du système de LAB/FT reste encore faible. De plus,
le système bancaire tunisien n'a pas, dans sa majorité,
adopté les dispositifs de Bâle 3. La majorité des banques
recours encore aux normes de Bâle 2 dans la gestion de leurs risques.
Cette inscription de la Tunisie dans la liste noire des pays
qui constituent des paradis fiscaux et des plates-formes de blanchiment
d'argent et de financement du terrorisme, constitue une menace à
plusieurs échelles pour le pays. En effet, l'image de la Tunisie s'est
ébranlée aux yeux des organismes financiers internationaux et des
investisseurs étrangers. Ceci nuit considérablement à la
crédibilité du pays vis à vis des bailleurs de fonds
internationaux, augmente le risque pays ce qui détériore les
conditions de financement étranger aussi bien pour les secteurs publics
que privés notamment les établissements financiers.
Ce contexte défavorable au développement et
à l'ouverture du secteur bancaire tunisien a motivé notre choix
du sujet de ce mémoire de master professionnel en Risk-management.
Ainsi, nous nous intéressons dans ce mémoire à la question
de conformité dans le secteur bancaire en mettant l'accent sur une
problématique nouvelle qui se pose aux banques tunisiennes à
cause du phénomène de « De-risking ».
En effet, le « De-risking » se traduit par le fait
qu'une institution financière décide de ne pas faire affaire dans
un secteur, une région ou un pays parce qu'elle perçoit qu'il est
trop risqué pour son évaluation des risques. Effectivement, les
banques tunisiennes sont plus que jamais
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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concernées par ce phénomène car leurs
correspondants étrangers, un maillon important, dans leurs
échanges avec l'extérieur, sont en train de réduire ou de
suspendre leurs relations de correspondance avec les banques tunisiennes.
Ainsi, nous nous proposons dans ce mémoire
d'étudier la problématique du « De-risking » et son
impact sur le secteur bancaire tunisien.
Pour cela, nous nous posons la question de recherche centrale
suivante
Quel est l'impact du « De-risking » sur
l'activité des banques tunisiennes ?
Vue la nouveauté de la question et
l'indisponibilité de données chiffrées nous permettant de
mesurer l'impact du « De-risking » sur les banques tunisiennes, nous
avons choisi de mener une enquête auprès des responsables risques
dans les banques afin de collecter les informations nous permettant
d'étudier ce nouveau phénomène sous ses différentes
facettes. Pour cela, nous avons élaboré un questionnaire que nous
avons adressé aux responsables conformité et LAB au sein des
banques installées sur le territoire tunisien.
Afin d'atteindre cet objectif, notre mémoire est
articulé en trois chapitres.
Dans un premier chapitre, nous revenons, en premier lieu, sur
l'évolution du secteur bancaire tunisien. En second lieu nous
présentons l'organisme qui nous a accueilli pendant notre période
de stage qui a duré six mois auprès de la Banque Internationale
Arabe de Tunisie. Par la suite, nous procédons à la
présentation de la direction centrale du contrôle permanent et de
la conformité au sein de la BIAT.
Dans un second chapitre, nous présentons la fonction
conformité et LAB vu que cette notion ne date pas de très
longtemps. Comme première partie nous avons choisi de présenter
les enjeux de la conformité, le cadre réglementaire international
et périmètre de la conformité. Ensuite, en deuxième
partie nous revenons sur le « De-risking », pour présenter le
phénomène ainsi que son développement aux Etats-Unis, en
Europe, en Afrique et en chine. En particulier, nous étudions le cas de
la région MENA. Enfin, nous revenons sur l'évaluation du GAFI de
la Tunisie avant et après les reformes menées par la BCT.
Dans le cadre du troisième chapitre, nous examinons ce
phénomène auprès des banques installées en Tunisie.
Pour cela, nous allons d'abord présenter le questionnaire que nous avons
présenté aux responsables conformité et LAB des banques
interviewées. Puis, nous décrivons
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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3
la population de banques qui a fait l'objet du questionnaire.
Par la suite, nous procédons à l'analyse des réponses des
banques interviewées pour en tirer les enseignements nécessaires
sur le « De-risking »et les recommandations à proposer aux
banquiers tunisiens pour pallier aux problèmes posés par ce
nouveau phénomène.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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4
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE L'ORGANISME
D'ACCUEIL
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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5
INTRODUCTION
Depuis la révolution, la Tunisie a trouvé des
difficultés à garder la stabilité de son système
bancaire. L'évolution de ce dernier, a été freinée
à cause de plusieurs facteurs tel que le manque de liquidité,
l'existence des banques de petites tailles et peu compétitives et des
actifs de qualité défectueuse.
Au niveau de ce premier chapitre, nous allons
présenter, dans une première section, le système bancaire
tunisien et son évolution récente. Ensuite, dans la
deuxième section nous allons présenter la première banque
privée en Tunisie, qui a accueilli notre stage de fin d'études
qui est la BIAT. Et enfin, dans une troisième section nous revenons sur
la présentation de la direction Conformité et LAB et notre
mission au sein de cette direction.
SECTION 1 : EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE TUNISIEN
La Tunisie figure parmi les premiers pays à introduire
des réformes financières à la région MENA. Le
système bancaire tunisien, se compose de 23 établissements de
crédit ayant la qualité de banque, 2 banques d'affaires, 7
banques off-shore, 3 sociétés de factoring et 8
sociétés de leasing qui sont sous la tutelle et le contrôle
de la banque centrale de Tunisie. Il est caractérisé par sa
petite taille et sa forte concentration. Nous avons remarqué ça,
à travers le rapport annuel de 2016 de la BCT sur la supervision
bancaire, qui a étudié la concentration sur deux volets : Le
premier est la concentration au niveau des banques résidentes :
Tableau n°1 : Ratio de concentration
Part des 4 premières banques
|
Part des 8 premières banques
|
Total Actif
|
47,2
|
%
|
75,4
|
%
|
Crédits à la clientèle
|
46,2
|
%
|
76,1
|
%
|
Dépôts de la clientèle
|
47,5
|
%
|
79,3
|
%
|
Nombre de comptes
|
53,4
|
%
|
85,5
|
%
|
Source :
ilboursa.com
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phénomène ?
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6
Le ratio de concentration est calculé pour les 4 et 8
plus grandes banques. Un marché est considéré comme
concentré si la part des 4 plus grandes banques dépasse les 35%
ou si la part des 8 plus grandes banques dépasse les 50%, c'est ce qui
nous montre le tableau ci-dessus. Donc la concentration au niveau de
l'activité des banques résidentes est forte.
En ce qui concerne le deuxième volet, qui est la
concentration au niveau des banques non-résidentes, cette
dernière est forte aussi et elle est remarquable notamment au niveau des
dépôts en devise et un peu moins au niveau des crédits et
du total actif. En effet la part des quatre premières banques non
résidentes (vu que nous avons seulement 7 banques non
résidentes), s'élève à 84.1% dans le total actif,
à 90.5% dans les crédits et à 92.8% dans les
dépôts. (Source ilboursa)
Le système bancaire tunisien est en progression en
réponse aux changements de l'environnement et aux recommandations des
autorités qui elles-mêmes répondent aux exigences
prudentielles internationales. Nous revenons, dans ce qui suit, sur
l'évolution du système bancaire tunisien en termes de taille,
d'indicateurs clés, d'activité et de difficultés
rencontrées.
1.1. Evolution du nombre d'établissements
agréés :
Le système bancaire Tunisien est
caractérisé par une structure équilibrée de
l'actionnariat. Ceci revient principalement au désengagement de l'Etat,
à l'entrée des investisseurs étrangers dans l'actionnariat
des banques ainsi qu'à l'accès des banques
étrangères au marché local.
Cet équilibre décompose l'essentiel des banques en
3 catégories à savoir :
- Les banques ayant une forte participation de l'Etat
(principalement BNA, STB et BH).
- Les banques à capitaux privés Tunisiens
(principalement BIAT, BT et Amen Bank). - Les banques à majorité
étrangère (principalement UIB-SG, UBCI-BNP Paribas, Attijari Bank
et ATB).
A la fin de l'année 2016 le nombre total des banques et
établissements financiers est de 43 établissements dont 30
agréés en tant que banques et 13 en tant qu'établissements
financiers. Les 30 banques se divisent en 23 banques résidentes et 7
banques non-résidentes. Tandis que les 13 établissements
financiers sont de 8 sociétés de leasing, 3
sociétés de factoring et 2 banques d'affaires. Ce tableau
illustre la répartition des banques et des établissements
financiers :
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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7
Tableau n°2 : Evolution du nombre d'établissements
agréés
2014 2015 2016
BANQUES
|
29
|
30
|
30
|
Résidentes
|
22
|
23
|
23
|
Non résidentes
|
7
|
7
|
7
|
ETABLISSEMENTS FINANCIERS
|
14
|
13
|
13
|
Etablissement de Leasing
|
9
|
8
|
8
|
Société de factoring
|
3
|
3
|
3
|
Banques d'affaires
|
2
|
2
|
2
|
TOTAL
|
43
|
43
|
43
|
Source : rapport BCT 2016
Nous remarquons que depuis 2015, le nombre total des banques a
augmenté d'une unité, tandis que le nombre des
établissements financiers a diminué d'une unité aussi.
Ceci est dû au changement de l'activité de Wifak International
Bank suite à la transformation de la société Wifak leasing
en banque. Ce qui a augmenté le nombre total des banques islamiques
à 3 banques parmi les 23 banques résidentes à savoir
Zitouna, Al baraka et Al wifak. Les 23 banques résidentes sont
composées de 18 banques universelles et 2 banques
spécialisées dans le financement des microcrédits et des
PME.
1.2. Principaux indicateurs du secteur bancaire
:
En fin 2017, le produit net bancaire des banques cotées
a pu atteindre les 3.66 milliards de dinars contre 3.1 milliards en fin 2016,
soit une augmentation de 18.2%. Cette croissance peut s'expliquer par
l'évolution des trois composantes majeures du PNB qui sont :
- La marge d'intérêt qui a atteint 1.78 milliard de
dinars.
- La marge sur commissions avec un total de 839 millions de
dinars en 2017 contre 750 millions de dinars en 2016.
- Les revenus des portefeuilles titres commercial et
d'investissement avec une augmentation de 27% par rapport à 2016, soit
1.04 milliard de dinars en 2017.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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8
Figure n°1 : Evolution du PNB des banques cotées
800 700 600 500 400 300 200 100
0
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AMEN ATB ATTIJERI BH BIAT BNA BT BTE STB UBCI UIB WIFAK
|
PNB 2016 PNB 2017
Source : travail personnel
En termes de marge d'intérêt, l'évolution
la plus remarquable est celle de la BIAT qui a pu atteindre les 365 MDT en 2017
contre 295 MDT en 2016, soit une progression de 23.8%. Tandis que,
l'évolution la plus faible est celle de la BTE avec 1.8%.
En termes de marge sur commissions, la BNA a
réalisé une forte progression soit près de 27% entre 2016
et 2017 à 84.3 MDT.
1.3. Les difficultés actuelles du secteur bancaire
:
Les difficultés que trouve le secteur bancaire tunisien
depuis la révolution de 2011 sont innombrables, commençons par la
réglementation bancaire qui traine les pieds. « Une
réglementation faible et une mauvaise gouvernance ont accru les
risques du système bancaire tunisien », souligne Moody's. Selon la
même source, la Tunisie est en retard par rapport aux pays similaires
dans la région tels que, le Maroc et l'Egypte dans l'adoption des normes
internationales en matière de capitalisation des banques.
De même Moody's affirme que les dépendances
vis-à-vis du financement de la BCT ont augmenté (8,4% du
financement total). Les prêts progressent plus rapidement que les
dépôts, les déficits commerciaux persistants et
l'augmentation des émissions de dette publique ces dernières
années, ont alimenté les problèmes de liquidité
dans l'économie tunisienne. Un défi qui devrait se poursuivre en
2018. Ce déficit de liquidité du système bancaire qui est
la cause de beaucoup de banques nationales ont un accès limité
aux marchés internationaux et leur
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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9
recours à la BCT a entrainé leurs besoins de
financement, ce qui a engendré une hausse des taux du marché
monétaire. « Les besoins de financement des banques ont atteint le
niveau historique de 11 milliards de dinars en janvier 2018, contre 7 milliards
de dinars un an plus tôt, ».
Aussi, selon le rapport publié de l'agence Standard
& Poor's en décembre 2017 : « le secteur bancaire tunisien
est doté de passifs et représente de ce fait une faiblesse pour
l'économie du pays ». Les banques ont trouvé des
difficultés au niveau des conditions d'exploitation. Les crédits
bancaires octroyés pour le développement de certains secteurs
économiques à savoir le tourisme qui n'a pas encore repris son
essor et qui englobe près du quart des créances douteuses du
système bancaire tunisien et le retard dans la mise en oeuvre des
réformes bancaires ont causé la multiplication des actifs de
qualité défectueuse et une faible capitalisation.
Les exigences réglementaires imposées par la BCT
aux banques restent faibles par rapport aux recommandations internationales.
Prenons l'exemple du ratio d'adéquation des fonds propres qui est de
10%1 en Tunisie, alors qu'au Maroc il est de 12%2.
Au vu des nombreuses réformes entreprises par la BCT,
cette dernière prévoit de s'aligner aux normes prudentielles de
Bâle III d'ici 2020, mais selon Standard & Poor's et vu la situation
actuelle du secteur bancaire et la dégradation de l'image de la Tunisie
auprès des instances internationales (la Tunisie est sur la liste noire
du GAFI et de l'Union Européenne), le chemin reste encore long pour
passer à Bâle III.
SECTION 2 : PRESENTATION DE LA BANQUE INTERNATIONALE
ARABE DE TUNISIE
Créée en 1976, la Banque Internationale Arabe de
Tunisie (BIAT) est une banque universelle, offrant sa gamme complète de
services à sa clientèle de particuliers, tunisiens
résidents à l'étranger, professionnels, PME, grandes
entreprises et institutionnels.
Représentée sur le territoire Tunisien par 203
agences (Mars 2018). La BIAT offre ses services à une clientèle
qui dépasse les 750 000 clients. Elle dispose d'un réseau de
correspondants internationaux de 1500 banques. La BIAT a une filiale à
Tripoli (Lybie), et a récemment lancé
1 Source : Circulaire BCT 2016-03
2 Source : Circulaire 14G2013 banque centrale du
Maroc
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11
12
une filiale BIAT France à Paris en novembre 2015 dont
l'activité principale est le transfert d'argent à
l'international.
Elle constitue un groupe bancaire diversifié, avec cinq
domaines (l'assurance, la gestion d'actifs, le capital investissement,
l'intermédiation boursière et le conseil à
l'international). La BIAT dispose d'un groupe financier solide qui se
développe, ce qui lui a permis de devenir l'une des plus importantes
institutions financières en Afrique du Nord et leader en Tunisie en
termes de parts de marché et de résultats financiers.
La BIAT a été élue « Meilleure
banque en Tunisie » par deux magazines internationaux de renom : Global
Finance (USA) et EMEA Finance (GB). Elle appartient aussi au top 10 des banques
francophones africaines selon le classement 2015 de l'African Banker.
2.1. Carte d'identité de la BIAT
Dénomination Sociale : Banque
Internationale Arabe de Tunisie (BIAT)
Date de création :
Février 1976
Nationalité : Tunisienne
Capital : 170 000 000 TND
Secteur : Financier
Catégorie : Banque
commerciale
Matricule fiscal : 000110FPM000
Siège Social : 70-72 Av. Habib
Bourguiba - Tunis
Tél : 71 13 10 00 - 31 31 10
00
Code SWIFT : BIATTNTT
Site Web:
http://www.biat.com.tn/
2.2. Historique :
Après la fusion des agences tunisiennes de la
Société Marseillaise de Crédit (SMC) et de la British Bank
of the Middle East (BBME) en février 1976, Mansour Moalla et Habib
Bourguiba Jr, avec Mokhtar Fakhfakh fondent la Banque Internationale Arabe de
Tunisie (BIAT).
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Son premier exercice en 1977 était satisfaisant,
puisque la BIAT a enregistré une part de marché de 6% du total
des dépôts et des crédits bancaires.
En 1980, a eu lieu la première augmentation de capital
d'environ 2 millions de dinars (de 3 à 5 millions) avec la participation
de nouveaux actionnaires internationaux comme Abu Dhabi Investment Authority et
la National Commercial Bank of Jeddah.
Septembre 1990 était la date de l'introduction de la
BIAT en bourse.
C'est respectivement dans les années 1991 et 1992 que
les nouveaux actionnaires étrangers San Paolo Bank Holding et la
WAFABANK sont introduits dans la liste des actionnaires de la BIAT.
Cette dernière a débuté les années
2000 avec une part de marché de 14.5% pour les dépôts
bancaires et 10.4% pour les crédits à la clientèle, avec
un PNB qui a atteint les 135.5 MD et un total de capitaux propres de
228.7MD.
En 2000, la BIAT a pu atteindre les 85 agences
implantées sur tout le territoire tunisien.
La BIAT s'installe actuellement en plein centre-ville de
Tunis, avenue Habib Bourguiba, dans les anciens locaux du magasin « Maison
modèle ».
Le groupe BIAT compte aujourd'hui 37 filiales :
o Banque Internationale Arabe de Tunisie
o BIAT Capital
o BIAT Assets Management
o BIAT Capital risque
o Compagnie Internationale Arabe de Recouvrement
o SICAF BIAT
o Société de Promotion Immobilière Arabe
de Tunisie
o Société de Promotion Touristique
o Organisation et Service Informatique
o Société la PROTECTRICE
o Assurances BIAT
o Société FAIZA
o SICAV Opportunity
o SICAV Trésor
o SICAV Prosperity
o
|
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phénomène ?
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Société Générale de Placement
o Société TAAMIR
o Société Golf Sousse Monastir
o Société Palm Links Immobilière
o Société Tanit International
o Société Tunisie Titrisation
o Société de pôle de
compétitivité de Monastir
o SICAV PATRIMOINE Obligataire
o Fonds commun de créances 1
o Fonds commun de créances 2
o Société tunisienne de promotion des
pôles immobiliers et industriels
o Fonds communs de placement Epargne Actions
o Société Touristique Sahara Palace
o Société de Promotion Touristique Mohamed V
o Institut Tunis Dauphine
o FCP Equilibre
o FCP Prudence
o BIAT Consulting
o STE DE PROMOTION TOURISTIQUE (SPT) SFAX
o BIAT France
o FCP Equity Performance
o Société de Promotion Touristique Hammamet
2.3. Gouvernance :
Conformément aux meilleures pratiques en matière
de gouvernance, la BIAT a opté pour des principes fondamentaux de
gouvernance qui sont :
- La séparation des pouvoirs de contrôle et
d'exécution.
- L'indépendance des organes de contrôle.
- La compétence et la diligence des membres du conseil
d'Administration.
- L'organisation en comités.
- Le pilotage des rémunérations.
- La gestion des risques.
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- Le fonctionnement démocratique de
l'Assemblée Générale des actionnaires.
- La transparence des informations comptables
et financières.
En appliquant l'article 39 de la BCT n°2011-06
concernant les règles de bonne gouvernance, la BIAT se
réfère à des principes qui garantissent le bon
fonctionnement de son système de contrôle et de gestion des
risques ainsi que, son intérêt social et sa performance
durable.
2.4. Stratégie et perspectives :
La vision de la BIAT se résume en trois principaux points
qui sont :
o Être un groupe bancaire solide reconnu pour son
professionnalisme et sa bonne gouvernance.
o Être capable de s'adapter et de répondre aux
besoins de sa clientèle.
o Être une banque impliquée dans le
développement durable du pays.
Cette vision est suivie d'une nouvelle stratégie
commerciale, visant à mettre le client à la tête de la
liste des priorités de la banque à travers la diversification des
produits et services dédiés à la clientèle. Par
ailleurs, cette stratégie accorde une importance aux actions relatives
à la RSE (Responsabilité Sociale de l'Entreprise). De ce fait la
banque a créé en 2014, la Fondation BIAT pour la jeunesse
tunisienne dont sa principale mission est de réduire les
inégalités sociales, de soutenir la créativité et
la diversité culturelle.
2.5. Actionnaires :
La structure du capital de la BIAT au 31/12/2016 se
présente comme suit :
Tableau n°3 : Actionnaires de la BIAT
Actionnaires
|
Nombre d'actions
|
Part en %
|
A/ Actionnaires étrangers
|
1 324 462
|
7.79%
|
INTESA SANPAOLO S.p.A
|
1 157 787
|
6.81%
|
AUTRES
|
166 675
|
0.98%
|
B/ Actionnaires tunisiens
|
15 675 538
|
92.21%
|
PERSONNES MORALES
|
11 482 309
|
67.54%
|
PERSONNES PHYSIQUES
|
4 193 229
|
24.67%
|
TOTAL
|
17 000 000
|
100%
|
Source : Rapport annuel BIAT 2016
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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2.6. Evolution de la BIAT :
Nous présentons, dans ce qui suit l'évolution
chiffrée de la BIAT sur les trois à six dernières
années (selon les données disponibles).
2.6.1. Les effectifs :
En termes d'évolution, durant la période allant
de 2014 à 2016, l'effectif de la BIAT a diminué de 149 personnes
pour atteindre un effectif global de 2396 personnes au 31/12/2016 contre 2545
en 2014 soit un pourcentage de diminution de 6.2%. Ce recul dans les effectifs
de la banque est dû principalement à deux causes. En premier lieu,
la majorité de ces 149 personnes sont partis à la retraite.
Déjà nous remarquons dans le graphique n°4, que 11% de
l'effectif global de la banque ont plus de 55 ans. En second lieu, ayant
constaté un sureffectif du personnel, la banque n'a pas
procédé à des grandes compagnes de recrutement comme elle
a fait les années précédentes et c'est donc pour
améliorer la productivité de ses agents. En effet, le ratio de
productivité de la banque (effectif global / nombre d'agence), a
diminué de 1.03% en passant de 12.3 personnes par agence en 2015
à 11.98 personnes par agence en 2016, mais il reste, tout de même,
au-dessus de la moyenne qui est de 10.43.
Le graphique ci-dessous illustre l'évolution de
l'effectif commercial durant les trois dernières années (de 2014
à 2016) :
Figure n°2 : Effectif Commercial
742
800
|
696
|
700 648
|
|
|
|
|
|
600
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
500
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
400
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
300
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
200
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
100
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
2014 2015 2016
|
Source : Rapport annuel BIAT 2016
3 Rapport annuel de la BIAT (2016)
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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15
Nous remarquons que, contrairement à la baisse de
l'effectif total, l'effectif commercial de la banque a augmenté en 2015
de 7.4% et a continué en 2016 avec une progression de 6.6%. Ceci
reflète la politique commerciale agressive adopté par la BIAT ces
dernières années.
En ce qui concerne la répartition du personnel de la
banque, la BIAT engage en 2016 un effectif total de 2396 personnes
composé de 1563 Hommes, soit un pourcentage de 65% contre 833 Femmes,
soit un pourcentage de 35%.
Figure n°3 : Répartition Hommes-Femmes
35%
Hommes Femmes
65%
Source : Rapport annuel BIAT 2016
Cette répartition Hommes-Femmes selon la tranche
d'âge se présente comme le montre le graphique ci-dessous.
24%
17%
16%
10%
8%
3%
11%
11%
Moins de 25 ans entre 25-35 ans entre 35-45 ans entre 45-55 ans
Plus de 55 ans
Hommes Femmes
30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%
Figure n°4 : Pyramide des âges en 2016
Source : Rapport annuel BIAT 2016
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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16
Nous remarquons que la plupart des employés hommes sont
âgés entre 45 et 55 ans avec un pourcentage de 24% de l'effectif
global ; tandis que les femmes sont partagées de manière presque
égale entre les trois tranches d'âges.
2.6.2. Dépôts et crédits
clientèle :
Les dépôts de la clientèle constituent la
principale source de la banque pour financer ses engagements. Ainsi, la BIAT
propose une multitude de produits et de services permettant de drainer les
dépôts de la clientèle. Ceci se traduit par
l'évolution remarquable des dépôts de sa clientèle
et par conséquent des crédits accordés sur les
dernières années. Le graphique ci-dessous retrace
l'évolution des dépôts et crédits bruts
accordés par la BIAT durant la période allant de 2012 à
2016.
Figure n°5 : Evolution des dépôts et
crédits clientèle (en MD)
8 113
8 000 7 000 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000
1 000
0
6 340
5 576
6 021
7 011
7 514
7 100
6 345
2012 2013 2014 2015 2 016
Dépots clientèle Crédits bruts
Source : Rapport annuel BIAT 2016
Nous remarquons que les dépôts de la
clientèle s'élèvent à 9 078 MD à la fin de
2016, passant de 6 340 MD en 2012, soit une augmentation moyenne de 9.43%. Les
crédits bruts à la clientèle se sont accrus aussi et ont
enregistré une augmentation moyenne de 9.8% au cours de la même
période. Cette progression a été tirée par les
dépôts à vue et les dépôts d'épargne
qui ont augmenté respectivement de 10.1% et 10.3% par rapport à
l'année précédente (2015), quant aux dépôts
à terme leur augmentation s'est limitée à seulement 4.7%.
Il est intéressant de revenir sur la répartition par secteur
d'activité économique de la structure des crédits aux
entreprises, accordés par la BIAT. En effet, le graphique ci-dessous
illustre cette répartition en 2016.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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17
Figure n°6 : Structure des crédits par secteur en
2016
1,20%
27,40%
12,90%
3,70%
1,50%
5,30% 2,30%
1,30%
16,40%
22,20%
0,60%
5,10%
Agriculture et pêche Industrie
BTP
Filières oléicole Commerce
Tourisme Transport Télécom Services Holding
Crédits particuliers Divers
Source : Rapport annuel BIAT 2016
Ce graphique montre que la majorité des crédits
sont accordés à quatre principaux secteurs qui sont : les
crédits aux particuliers avec un pourcentage de 27.4% ensuite en
deuxième position nous trouvons les crédits à l'industrie
avec 22.2%, en troisième position les crédits aux
commerçants avec 16.4% et finalement les crédits au secteur de
services qui occupent la 4e position avec 12.9%. D'après cela, nous
pouvons conclure que la BIAT n'est pas concentrée sur un seul secteur,
au contraire elle suit la stratégie de la diversification afin de mieux
gérer son risque de crédit.
2.6.3. Le Produit net bancaire :
Le graphique ci-dessous, nous montre l'évolution
remarquable du PNB de la BIAT. Au cours des cinq dernières
années, ce dernier a enregistré une augmentation annuelle de
11.7% ce qui est très satisfaisant pour la banque. De 381.8 MD en 2012
à 593.6 MD en 2016, le produit net bancaire de la BIAT a
évolué de 55.5% entre 2012 et 2016.
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Figure n°7 : Evolution du Produit Net Bancaire (en MD)
593,6
532,6
491,8
381,8
2012 2013 2014 2015 2016
440,5
PNB
Source : travail personnel
Cette augmentation est principalement due à :
- L'évolution de la marge d'intérêt.
- L'augmentation des commissions sur la prestation de ses
services.
- L'engagement de nouveaux clients.
- Les gains récoltés sur les opérations de
marché à travers les prêts interbancaires.
2.6.4. Le Résultat Net :
Le graphique ci-dessous retrace l'évolution du
résultat net de la BIAT au cours des cinq dernières
années.
Figure n°8 : Résultat Net
190,1
151,6
94,7 107,7 102,4
2012 2013 2014 2015 2016
Résultat net
Source : travail personnel
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phénomène ?
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D'après le graphique, outre une légère
baisse du résultat net en 2014, la BIAT passe par une période
florissante. Son bénéfice est passé de 94.7 MD en 2012
à 190.1 MD en 2016, soit un pourcentage d'augmentation de plus que 100%
; Ce qui fait d'elle la banque leader de la Tunisie en termes de
bénéfices.
2.6.5. Le Ratio de liquidité :
Le ratio de liquidité établit une relation entre
deux éléments du bilan (les actifs à court terme et les
passifs à court terme) afin de quantifier en pourcentage la
liquidité dont une banque dispose à un moment donné. Il
est utilisé pour savoir si une banque est capable de faire face à
ses engagements à court terme et donc de maintenir son exploitation. La
formule du ratio de liquidité est donnée comme suit :
Actif à court terme
Ratio de liquidité =
Passif à court terme
Le graphique ci-dessous révèle le ratio de
liquidité de la banque calculé pour les années 2015 et
2016. Ce ratio reflète sa capacité à honorer ses
engagements à court terme.
Figure n°9 : Ratio de liquidité
150,74%
135,20%
2015 2016
Ratio de liquidité
Source : travail personnel
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phénomène ?
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20
A la fin de l'exercice 2016, la banque a enregistré un
ratio de liquidité égal à 150.74%, soit une augmentation
de 11.5% par rapport à celui de 2015. Ceci est le résultat de
l'évolution des dépôts de la clientèle sur les cinq
dernières années. Ce ratio est largement supérieur
à 100% c'est ce qui nous amène à conclure que les actifs
à court terme de la BIAT sont supérieurs de 1.5 de la somme
totale des passifs. Ainsi, la banque possède assez de liquidité
à court terme pour couvrir ses passifs à court terme. Ceci prouve
que la banque est capable de faire face à ses engagements.
Evolution du cours de l'action :
L'action de la BIAT a été introduite en bourse
des valeurs mobilières de Tunis en septembre 1990 à un cours
égal à 5 TND. Le graphique ci-dessous nous montre
l'évolution de cette action durant les six dernières
années.
Figure n°10 : Cours de l'action au 31 décembre
140
|
|
|
|
|
|
|
120
|
|
|
|
|
|
122
|
100
|
|
|
|
|
89,75
|
|
80
|
|
|
78
|
76,39
|
|
|
|
63,01
|
60,03
|
|
|
|
|
60
40
|
|
|
|
|
|
|
20
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
Cours de l'action au 31 décembre
Source : travail personnel
Le cours de l'action BIAT n'a pas cessé d'augmenter
durant les six dernières années comme nous montre le graphique
ci-dessus. De 63.010 TND au 31 décembre 2012, il a atteint 122 TND au 31
décembre 2017, soit une augmentation de près de 94% en six ans.
Ceci reflète la performance financière de la banque et la
confiance du marché en ses capacités d'évolution.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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2.7. Chiffres clés de l'année 2016
:
Total de bilan
9835.4
151.6
Résultat
Dépôts de la clientèle
771.2
Capitaux propres
8090
Crédits bruts à la clientèle
Nombre de collaborateurs
697 296
533
7011 2460
Nombre de clients
Source : travail personnel
SECTION 3 : PRESENTATION DE LA DIRECTION CENTRALE DU
CONTROLE PERMANENT ET DE LA CONFORMITE
La direction centrale de contrôle, qui a accueilli notre
stage, assure deux types de contrôle, le contrôle permanent et le
contrôle périodique :
3.1. Le contrôle permanent
3.1.1. La direction du contrôle
permanent
La principale mission de cette direction est le contrôle
régulier à travers des équipes dédiées qui
fournissent un reporting sur les incidents et les insuffisances relevés.
Cette direction se
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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22
charge, également de détecter les risques
encourus et mettre en oeuvre les actions d'amélioration du
contrôle permanent. Cette direction comporte neuf employés.
3.1.2. La direction conformité et LAB
C'est précisément dans cette direction que nous
avons effectué notre stage. Cette direction assure une veille
réglementaire permanente et corrobore l'exécution des
recommandations nationales et internationales et le respect des bonnes
pratiques et des règles déontologiques. Aussi, la direction
conformité et LAB a pour mission de détecter les
opérations suspectes comme le blanchiment de capitaux ou le financement
du terrorisme, et de les déclarer à la CTAF. De plus, cette
direction se charge de réaliser des formations dans ce domaine aux
employés concernés comme les nouveaux recrus et le personnel des
agences. Cette direction regroupe six employés.
3.1.3. La direction du risque
opérationnel
Actuellement, cette direction a pour mission la mise en place
de la cartographie des risques opérationnels. Deux personnes travaillent
dans cette direction.
3.1.4. Le responsable RSSI
La sécurité du système d'information est
assurée par un seul responsable qui assure le contrôle permanent
à travers la mise en place d'une stratégie adéquate et le
pilotage de missions de diagnostic.
3.2. Le contrôle périodique
Le contrôle périodique correspond au
contrôle de troisième et de quatrième niveau. Il assure la
bonne application des procédures et la régularité des
opérations de l'organisation. Il est assuré par la direction de
l'inspection et la direction de l'audit.
3.2.1. La direction de l'inspection
Sur la base des indicateurs de risque relevés, cette
direction assure un contrôle au niveau des agences de la banque que ce
soit à distance ou sur site, en accordant une importance
particulière aux agences à haut risque.
3.2.2. La direction de l'audit
La direction de l'audit est parmi les directions les plus
importantes dans la banque et qui a pour mission de contrôler le travail
du contrôle interne. Si ce dernier s'avère insatisfaisant, les
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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23
défaillances relevées conduisent la direction
à donner des recommandations au contrôle interne afin
d'améliorer encore plus le travail de la direction.
3.3. Les missions effectuées lors de la
période du stage
Durant les six mois, que nous avons passé à la
direction du contrôle permanent et plus précisément
à la direction de la conformité et LAB, nous avons observé
de prêt les opérations de profilage ainsi que celle du filtrage.
La première consiste à vérifier les opérations sur
le compte du client suivant son profil, autrement dit ses revenus sont-ils en
rapport avec ses dépenses, pour contrôler s'il existe une
opération de blanchiment d'argent. La deuxième qui est le
filtrage consiste à passer tous les clients sur un logiciel de filtrage
pour détecter si quelqu'un est un blacklisté ou une PPE.
CONCLUSION
A travers ce premier chapitre, nous avons exploré les
principaux indicateurs et les difficultés du secteur bancaire tunisien.
Nous avons, par la suite, présenté la banque qui a accueilli
notre stage de fin d'études, la BIAT, à travers son historique et
l'évolution de ses indicateurs de performance. Depuis notre
arrivée, nous avons pu découvrir les directions de contrôle
et plus particulièrement la direction de la conformité et LAB
où nous avons effectué notre stage. Ceci nous a permis de
détecter les difficultés rencontrées par cette direction
entre la préservation des relations de correspondance bancaire, les
recommandations imposées par la BCT et l'inscription de la Tunisie dans
la liste noire des paradis fiscaux et des pays exposés au blanchiment
d'argent et au financement du terrorisme par le GAFI et l'Union
Européenne.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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CHAPITRE 2 : CONFORMITE ET LAB/FT
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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26
INTRODUCTION
Suite à la crise financière mondiale
causée par le scandale des Subprimes en 2008, les autorités de
contrôle et de supervision tel que le FMI, le GAFI, l'ONU, le
comité de Bâle... ont conjugué leurs efforts pour renforcer
la sécurité financière afin d'éviter toute autre
crise qui peut affecter l'économie mondiale. C'est dans ce cadre que le
GAFI a mis ses 40 recommandations afin de contrôler
l'intégrité des établissements financiers de chaque pays
membre.
Par ailleurs, les nombreux scandales financiers des
dernières années, tels que les SwissLeaks4 ou les
Panama Papers5, ont conduit l'U.E à mettre la pression sur
les pays de juridictions fiscales non-coopératives en commençant
par définir des critères de transparence, d'optimisation et
d'équité fiscale auxquels ces derniers sont censés se
conformer.
Dans ce cadre, et suite à des missions de surveillance
rapprochée effectuée par le GAFI en Tunisie depuis 2016, le pays
a été inscrit sur la liste noire des pays qui encouragent le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme en décembre 2017.
Cette décision dont les conséquences économiques et
financières sont graves pour la Tunisie a été
précédée par plusieurs échanges entre l'Union
Européenne et la Tunisie depuis septembre 2016.
En effet, depuis janvier 2017, le groupe Code de
Conduite6 demande à la Tunisie de s'engager au sujet de sa
politique fiscale et des réformes à entreprendre dans le domaine.
Mais, les réponses des autorités tunisiennes n'ont pas
été convaincantes et aucune mesure concrète n'a
été prise. Ceci a conduit les autorités européennes
à inclure la Tunisie dans leur liste noire publiée en
février 2018.
Les principales critiques adressées à la Tunisie
et causant cette décision portent sur :
- L'équité fiscale et les avantages liés aux
entreprises totalement exportatrices.
- Le manque de transparence dans le secteur bancaire qui
encourage le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Dans le cadre de ce mémoire de fin d'études,
nous nous focalisons sur les critiques adressées au secteur bancaire
tunisien et plus précisément la conformité et la lutte
anti-blanchiment d'argent (LAB) au sein des banques tunisiennes. Nous nous
intéressons, plus particulièrement,
4 SwissLeaks est l'affaire de la banque HSBC qui
est soupçonnée de fraude fiscale, impliquant sa filiale suisse de
banque privée, HSBC Private Bank (PB), pendant la période
2006-2007.
5 Les Panama Papers désignent la fuite de
plus de 11,5 millions de documents confidentiels issus du cabinet d'avocats
panaméen Mossack Fonseca, détaillant des informations sur plus de
214 000 sociétés offshore. Le cabinet a aidé ses clients
à créer des sociétés « écran »
pour usage d'évasion fiscale ou de blanchiment d'argent.
6 Un groupe "Code de conduite (fiscalité des
entreprises)" a été créé dans par le Conseil Ecofin
du 9 mars 1998 afin d'évaluer les mesures fiscales pouvant entrer dans
le champ d'application du code de conduite. (Source : site du conseil de
l'Union Européenne).
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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à la question du « De-risking », qui est de
nos jours un sujet d'actualité et frappe de plus en plus les
institutions financières non-réglementées. La
réglementation internationale a poussé des banques à
mettre fin à leurs relations avec des correspondants bancaires non
réglementés, ou qui se situent dans un pays à haut risque
ou à cause du faible rendement de leur activité avec le
correspondant bancaire. Le fait de perdre des correspondants bancaires peut
causer pour une banque des pertes importantes en matière de transfert
des devises. Bloquer les opérations financières internationales,
oblige la banque à opérer seulement sur le marché local,
ce qui limite ses opportunités de croissance et de
développement.
L'importance et la nouveauté du « De-risking
» nous conduisent à étudier les différents aspects de
la question. En effet, les banques tunisiennes se trouvent de plus en plus
confrontées à ce problème de « De-risking ».
Elles devraient, par conséquent, revoir leurs normes de
conformité et mettre à jour leurs règlementations en
termes de luttes contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme
afin d'éviter les conséquences financières du «
De-risking » de leurs correspondants étrangers.
Ainsi, dans ce deuxième chapitre nous passons en revue
les questions de conformité, de lutte anti-blanchiment et de financement
du terrorisme dans une première section. Ensuite, dans la
deuxième section nous présentons ce nouveau
phénomène de « De-risking », son mécanisme de
fonctionnement, ses causes et son impact dans le monde, sur la région
MENA et plus particulièrement sur la Tunisie.
SECTION 1 : CONFORMITE ET LUTTE ANTI-BLANCHIMENT ET
FINANCEMENT DU TERRORISME (LAB/FT)
La conformité ou « compliance » en
anglais, est utilisée pour désigner le respect des dispositions
législatives et règlementaires, des dispositions normatives
propres aux activités bancaires et financières, mais aussi des
normes professionnelles et déontologiques7. Le directeur de
la conformité, est le premier responsable du respect de la banque, des
normes nationales et internationales, de la gestion du risque de
non-conformité, du respect des embargos, de la lutte contre le
blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dans cette
première section, nous allons présenter la conformité, ses
enjeux, les risques de non-conformité ainsi que le cadre
réglementaire international de la conformité.
7 Document N°103 du comité de Bâle
publié le 27 octobre 2003 sur la fonction de compliance dans les
banques
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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27
28
1.1.Enjeux de la conformité
1.1.1. Définition du risque de
non-conformité
Selon le comité de Bâle, « le risque de
non-conformité est un risque de sanction judiciaire, administrative ou
disciplinaire, de perte financière, d'atteinte à la
réputation, du fait de l'absence de respect des dispositions
législatives et réglementaires, des normes et usages
professionnels et déontologiques, propres aux activités de la
banque »8.
1.1.2. Les risques encourus
Les établissements bancaires sont exposés
à des risques dont les conséquences peuvent être lourdes
à cause de la non-conformité. Parmi ces risques, nous pouvons
citer :
1.1.2.1. Risque de sanction
judiciaire
Les banques peuvent être sanctionnées du fait de
la non application des règles de KYC (Know Your Customer) ou d'un
manquement au devoir de diligence. Elles peuvent faire l'objet de poursuites si
elles ne respectent pas les devoirs de diligence par exemple dans
l'opération de profilage qui consiste à identifier les clients et
connaitre leurs activités.9
1.1.2.2. Risque de pertes
financières
D'autres types de risque de non-conformité peuvent
avoir comme conséquences des pertes financières. A titre
d'exemple, ne pas enregistrer les conversations des opérateurs de la
salle des marchés lors d'une négociation des opérations de
changes ou d'achat ou/et de vente peut être considéré comme
un manquement au règlement général de l'autorité de
marché et de la banque centrale et peut conduire au paiement d'amandes.
En effet, ce manquement constitue un terrain favorable aux fraudes internes
et/ou externes.10
La non-conformité aux règles et normes
prudentielles a été la cause de pertes financières
importantes dans le système bancaire international.
En effet, le graphique qui suit résume les treize
importantes amendes imposées aux banques en raison de manquement
à leur devoir de conseil ou non-respect des engagements pris.
5 Compliance and the compliance function in banks
April 2005
9 Comité de Bâle sur le contrôle
bancaire Devoir de diligence des banques au sujet de la clientèle
Octobre 2001
10 Rapport annuel 2003 de la commission bancaire
française
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°11 : Les plus importantes amendes
infligées aux banques pour non-conformité ou fraude (Depuis
2012)
15 000
10 000
5 000
8 900
16 000
13 000
20 000
2 600 1 920 1 530 1 070 1 020 985 955 787 667 619
0
Montant (en millions de dollars)
Bank of America (Subprime) JP Morgan (Subprime)
BNP Paribas (Violation des sanctions) Credit Suisse (Aide
à la fraude fiscale)
HSBC (Blanchiment d'argent) UBS (Manipulation du Libor)
Rabobank (Manipulation du Libor) JP Morgan (Erreur de
trading/manque de contrôle)
Deutsche Bank (Entente illicite sur les teux
d'intérêt) UBS (Subprime)
Crédit Agricole (Violation des sanctions) Standart
chartered (Violation des sanctions) ING (Violation des sanctions)
Source : AFP, Thomson Reuters, Americain Treasury, Department of
Justice, SEC, FSA, Banques, la Tribune, RB.
Nous remarquons que le scandale le plus important était
celui de la Bank of America à la même période de la crise
des « Subprimes ». L'amende a pu atteindre les 16 000
millions de dollars, un chiffre énorme par rapport aux sanctions
précédentes. Ceci montre que les autorités de
contrôle sont devenues plus vigilantes après la crise mondiale de
2008 et ne laissent aucun dépassement des établissements
financiers qui peut avoir des répercussions sur l'économie
mondiale.
1.1.2.3. Risque de sanction administrative ou
disciplinaire
Ce risque englobe toutes les sanctions infligées aux
banques à la suite d'une mission d'inspection. Il s'agit des
avertissements, blâmes, sanctions pécuniaires...
Prenons la BNP Paribas comme exemple, qui a été
écopée en juin 2017 d'un blâme et d'une amende de 10
millions d'euros à cause de ses faibles moyens consacrés au
traitement des déclarations d'opérations suspectes, les retards
et le manque d'efficacité de ses dispositifs en la matière.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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29
1.1.2.4. Risque de réputation
C'est le risque de toucher à l'image de la banque
à travers une publicité défavorable, justifiée ou
non qui peut entrainer une perte de confiance de la clientèle et du
marché en général. Les banques sont
particulièrement vulnérables à ce type de risque, parce
qu'elles peuvent être la cible d'activités illégales. Pour
cela, elles doivent se protéger en pratiquant une vigilance
adéquate à travers un programme KYC efficace.11
Vu les risques encourus et les répercussions
éventuelles sur le système financier international, plusieurs
organismes internationaux ont conjugué leurs efforts pour mettre en
place un cadre règlementaire adéquat à la
prévention du risque de non-conformité.
1.1.3. La gestion du risque de
non-conformité dans les banques tunisiennes : état des
lieux
Le rapport de la Commission Tunisienne des Analyses
Financières (CTAF) en avril 2017 stipule que le climat bancaire actuel
est favorable à des opérations de blanchiment de capitaux. Selon
une étude en mai 2017 effectuée par Ernest and Young sur la
gestion des risques dans quinze banques tunisiennes les plus
représentatives du secteur bancaire tunisien12 , 47% de ces
établissements bancaires ne disposent pas d'un comité
opérationnel dédié au suivi transversal des risques. 33%
d'entre eux ne disposent pas de cartographie des risques. De même, ces
banques ont une faible implication de la fonction de risque dans la prise de
décision et une interaction limitée de cette fonction avec les
entités de contrôle interne et de direction financière qui
sont concernés par la gestion des risques. De plus, le nombre
d'employés engagés par la plupart des banques au service de
gestion des risques est trop faible, largement en dessous des pratiques
internationales.
Par ailleurs, Deloitte13 aussi a fait
récemment (en février 2018) une étude sur ce sujet. Cette
étude a été consacrée précisément au
risque de non-conformité dans les banques tunisiennes. Sur un
échantillon de 30 institutions interviewées (23 banques et 7
sociétés de leasing) qui représentent 90% des 33
institutions financières tunisiennes, l'étude
révèle que toutes ces institutions disposent d'une entité
dédiée à la conformité.
90% des responsables Conformité des banques
siègent à un comité de gouvernance. Mais seulement 22%
d'entre eux, soit 7 responsables conformité dans 25 banques,
siègent au comité
11 Deloitte, 2014
12 La STB, BH, BNA, Zitouna, BT, BIAT, AMEN, UIB, ABC,
Attijeri, BTK, UBCI, Albaraka, ATB et TIB.
13 Est un des 4 plus importants cabinets d'audit et de
conseil mondiaux.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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30
de direction. Ceci prouve que les notions de conformité
et de LAB ne sont pas parmi les priorités des banques qui
considèrent que leurs places sont parmi les directions de
contrôle.
En ce qui concerne les activités principales de la
fonction conformité aux banques, 97% ont répondu que
l'activité principale de cette fonction est la déclaration de
soupçons.
De plus, 56% des banques et des sociétés de
leasing interrogées, ne disposent pas d'une cartographie exhaustive des
risques de non-conformité, alors que cette pratique est indispensable
pour une évaluation exhaustive et évolutive du risque de
non-conformité.
Concernant la période d'évaluation des risques
de non-conformité, 57% des banques interrogées ont répondu
annuellement, seulement 17% ont répondu trimestriellement et une banque
n'évalue jamais ses risques de non-conformité.
1.1.4. Cadre réglementaire
international
Le cadre réglementaire international de la
conformité, est l'ensemble de règles et règlements, de
lois et d'indications, rédigés par des organismes internationaux
compétents. Les interventions de ces organismes se chevauchent et se
complètent sur les questions de la non-conformité bancaire. Le
graphique ci-dessous révèle les principaux organismes
internationaux.
Le GAFI
Banque Mondiale Groupe Wolfsberg
US PATRIOT ACT Le Comité de Bâle
Les Nations Unies
1.1.4.1. Le GAFI
Créé au sommet du G7 à Paris en juillet
1989, le Groupe d'Action Financière (GAFI) ou Financial
Action Task Force on Money Laundering (FATF), est un organisme
intergouvernemental qui a pour objectif de concevoir et de promouvoir aussi
bien à l'échèle
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
nationale qu'internationale, des stratégies de lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Le Groupe des Actions Financières, a émis quarante
recommandations divisées en quatre groupes comme le montre le tableau
ci-dessous.
Dans l'exercice d'auto-évaluation, chaque pays membre doit
fournir des renseignements sur sa situation en indiquant où il en est
dans la mise en oeuvre des 40 recommandations, en répondant chaque
année à un questionnaire.14
Tableau n°4 : Les 40 recommandations du GAFI
Groupe
|
Sujet
|
Recommandations
|
1
|
Généralités
|
1 à 3
|
2
|
Recommandations Liées aux systèmes
juridiques
|
4 à 7
|
3
|
Mesures à prendre par les institutions
financières
|
8 à 25
|
4
|
Coopération Internationale
|
26 à 40
|
Source : GAFI
MENAFATF : Il s'agit d'un mini GAFI pour le
moyen Orient et l'Afrique du Nord. Créé à Bahreïn en
novembre 2004 suite à la décision de quatorze gouvernements.
31
14 Source: GAFI
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phénomène ?
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32
Le MENAFATF compte aujourd'hui vingt pays à savoir :
Source : Site
menafatf.org
1.1.4.2. Le comité de
Bâle
Mis à jour en février 2016, le comité de
Bâle a publié un document portant sur le contrôle bancaire
avec des nouvelles recommandations en matière de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Après une large
consultation, le comité de Bâle a adopté le 15 janvier 2014
le document « Sound management of risks related to money laundering
and financing of terrorism. Ce document vient remplacer deux documents
antérieurs du comité intitulés : « Customer due
diligence of banks » et « consolidated KYC risk management
». Son objectif consiste à fusionner ces deux textes mais
aussi à mettre à jour les obligations imposées par le
GAFI. Cette nouvelle mise à jour insiste les banques à
renforcer
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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33
leurs mesures de vigilance à propos de la
clientèle ainsi que prendre les mesures de sécurité
concernant les relations de correspondance bancaire.
1.1.4.3.Wolfsberg Group
Le Wolfsberg Group, est une association qui regroupe treize
banques internationales15. Elle vise à élaborer des
cadres et des orientations pour la gestion des risques de criminalité
financière en particulier les politiques de KYC et LAB-FT. Aujourd'hui,
le groupe Wolfsberg publie ses questions fréquemment posées (FAQ
en anglais) sur la gestion des risques pays dans le contexte de la
conformité aux lois sur la criminalité financière. Le
risque pays est largement utilisé comme un facteur dans
l'évaluation des risques clients et a été abordé
par le Groupe dans le cadre de l'approche basée sur le risque de gestion
du blanchiment d'argent de 2006.16
1.1.4.4. USA PATRIOT ACT
Le Uniting and Strengthening
America by Providing
Appropriate Tools Required
to Intercept and Obstruct
Terrorism, est une loi votée par le congrès des
Etats-Unis en octobre 2001. Cette loi permet aux Etats-Unis de définir
sans limite toute personne soupçonnée de projet de terrorisme.
Elle confère aussi aux services de sécurité l'accès
à toute donnée informatique détenue par les particuliers
et les entreprises sans autorisation préalable et sans informer les
détenteurs des données. Pour se conformer aux mesures du «
Patriot Act », les banques sont appelées à :
- Réaliser l'identification de leurs clients
- Pouvoir repérer des transactions ayant un
caractère suspect17 1.1.4.5. Le
FMI
Le Fonds Monétaire International
(FMI), créé en juillet 1944 aux Etats-Unis, est
une institution internationale regroupant 189 Etats membres, assure la
stabilité du système monétaire international et la
coopération monétaire internationale. Dans le cadre de la
prévention contre les risques de non-conformité, de blanchiment
d'argent et de financement du terrorisme, le FMI a fortement augmenté
ses concours d'assistance technique aux pays membres pour leur
15 : Banco Santander, Bank of America, Bank of Tokyo-Mitsubishi,
Barclays, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, HSBC, J.P
Morgan Chase, Société Générale, Standard Chartered
Bank et UBS
16 Source:
wolfsberg-principles.com
17 Source:
ficen.gov (United states department of
the treasury financial crimes enforcement network)
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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34
permettre de renforcer leurs cadres financiers,
réglementaires et de contrôle de lutte anti-blanchiment et
financement du terrorisme (LAB/FT).18
1.1.4.6.L'ONU
L'organisation des nations unies, est une organisation
internationale, créée en 1945, compte 193 Etats membres. Sa
principale mission est d'assurer le maintien de la paix et la
sécurité internationale. Elle contribue également au
respect de la conformité en infligeant des sanctions financières
pour le non-respect des embargos et des recommandations internationales en
matière de LAB/FT.
1.2. Le périmètre de la conformité
1.2.1. Le blanchiment d'argent
Le blanchiment d'argent peut se définir comme
étant un moyen de faire entrer de l'argent provenant des
activités illicites dans le circuit économique
légal.19
1.2.1.1. Les étapes du blanchiment
d'argent (source GAFI) Le schéma ci-dessous nous
montre les 3 étapes du blanchiment de capitaux :
Faits d'introduire dans les circuits financiers les
espèces collectées.
Faits d'utiliser les capitaux blanchis dans des investissements
licites, mobiliers ou immobiliers.
1
Placement
2
Empilage
1
2
3
3
Faits de « brouiller » les pistes en multipliant les
opérations bancaires ou financières en faisant intervenir
plusieurs établissements, pays, personnes. Il s'agit d'éliminer
la traçabilité de l'argent sale.
Intégration
Pour mieux expliquer le phénomène, nous
présentons ce schéma qui met en évidence les trois
étapes de blanchiment de capitaux :
18 Source : IMF
19 Source : GAFI
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35
en amont argent en dehors du circuit économique
légal en aval
> > >
Infractions/activités illégales Argent "sale"
Blanchiment d'argent Système bancaire
Commençons par la première étape qui est
en amont. Au cours de cette étape, le blanchisseur collecte des fonds
importants en espèce à partir d'activités illégales
mais il demeure dans l'impossibilité de les utiliser légalement.
Pour les faire entrer dans le circuit économique légale, il
utilise, dans une deuxième étape, beaucoup de pistes à
travers plusieurs pays et/ou des détenteurs fictifs pour faire
disparaitre l'origine des fonds. Finalement, dans la troisième
étape, après l'introduction des fonds dans le secteur
légal en multipliant les pistes, le blanchisseur investit la somme
blanchie dans des activités licites à savoir l'immobilier,
l'achat des actions...20
1.2.2. Le financement du terrorisme
Les fonds investis aux actes de terrorisme, peuvent être
de sources légales comme les dons, les profits des entreprises ou de
sources illégales comme les actes de crimes, le commerce informel et le
commerce des produits prohibés. Ceci laisse les organismes de
contrôle dans la difficulté de détecter la source de ces
fonds. Pour pallier à ces difficultés, les organismes de
supervision internationaux et nationaux imposent des normes et multiplient les
directives pour améliorer la vigilance des banques sur les sources de
fonds collectés de leurs clients. Dans ce cadre, la BCT dans sa
circulaire n°2013-15 du 7 novembre 2013 portant sur la mise en
place des règles de contrôle interne pour la gestion du risque de
blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, a insisté sur
l'obligation des banques de suivre les normes internationales et d'être
très sévères envers les clients à haut risque, pour
éviter toute entrée en relation avec des suspects terroristes.
1.2.3. Les mesures de vigilance KYC /
KYCC
Pour toute entrée en relation avec un client, la banque
doit obligatoirement faire un entretien portant sur les données
d'identification, l'activité, les revenus, le patrimoine et l'objet
social.
Une banque doit procéder à l'identification de la
clientèle (KYC) lors de : - L'ouverture d'un compte / Location de
coffres forts
20 Source : GAFI
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36
- Transactions occasionnelles d'un client
- Virements électroniques
- Doute sur la pertinence des données d'identification du
client
Aussi la banque doit mettre en vigilance renforcée ou
refuser de poursuivre la relation d'affaire lorsque :
- Les données d'identification du client sont
insuffisantes - Le correspondant bancaire est une banque
fictive21
- Les PPE : Accepter de gérer les fonds des PPE
corrompues peut mettre la réputation de la banque en danger. Les fonds
de ces PPE peuvent être d'origine de pots-de-vin, détournement de
fonds, activités criminelles, corruption...
- Les clients ne résident pas en Tunisie : La banque ne
connait pas l'origine de leurs fonds, leurs activités...
- La relation d'affaire n'implique pas la présence
physique du client : Ouverture d'un compte à distance sans
présenter les papiers nécessaires
De même une vigilance particulière est
recommandée aux banques dans leurs relations avec :
- Des clients résidants dans un pays classé par le
GAFI en tant que paradis fiscal
- Les ambassades : Certains gouvernements peuvent financer des
actes terroristes à travers les comptes de leurs ambassades ouverts dans
les banques
- Les associations / Les casinos : Généralement
sont les moyens de blanchiment de capitaux
1.2.4. La Gouvernance
Parmi les missions du conseil d'administration est la
surveillance de la gestion du risque de non-conformité au sein de la
banque. Il doit instaurer une fonction de conformité et appliquer les
procédures nécessaires de contrôle et de suivi du risque.
Il envoie aussi des notes de rappel et de sensibilisation aux personnels
concernés. Il est le responsable de la mise en place des
21 : désigne une banque qui a été
constituée et agréée dans un pays où elle n'a pas
de présence physique et qui n'est pas affiliée à un groupe
financier réglementé soumis à une surveillance
consolidée et effective (comité de Bâle, banques fictives
et établissements d'enregistrement, janvier 2003)
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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37
moyens ainsi que les ressources nécessaires permettant
de s'aligner aux standards internationaux.
Les questions de conformité commencent à prendre
de plus en plus d'importance dans la gouvernance et dans les choix
organisationnels des grandes banques.
Deux exemples frappants sont ceux du groupe PNB Paribas et
celui de la Société Générale. En juillet 2014, un
mois après sa condamnation par la justice américaine à une
amende de 8.9 milliards de dollars pour avoir contournée entre 2000 et
2010 les embargos imposés par les Etats-Unis à Cuba, l'Iran,
Soudan et la Libye22, le groupe PNB Paribas a opéré un
changement majeur de son système de contrôle interne à
travers trois initiatives : la première est l'intégration
verticale des fonctions conformité et juridique afin de garantir leur
indépendance ; la création d'un « Comité Groupe de
supervision et de contrôle » présidé par le directeur
général et la création d'un « Comité Ethique
Groupe » afin de piloter l'orientation et le suivi du code de conduite du
groupe23.
Pour la Société Générale, en
janvier 2015, le Comité d'audit, du contrôle interne et des
risques a été divisé en deux comités : un
comité d'audit et de contrôle interne, et un comité des
risques.
1.2.5. L'approche par les risques
L'approche par les risques consiste à consacrer les
ressources de la banque sur les priorités en termes de risques,
autrement dit le plus grand risque entraine l'attention la plus
élevée.
La mise en place de la cartographie des risques est faite
annuellement par le responsable LAB/FT. Il présente ainsi ses
anticipations en termes de risques, aussi ses solutions pour y faire face.
Afin d'élaborer la matrice des risques, Trois
étapes sont essentielles, à savoir : - Etape1 :
La définition des catégories de risques et les natures
des clients - Etape2 : L'affectation de tous les clients dans
les catégories de risques déjà élaborées -
Etape3 : L'adaptation du programme de suivi aux
catégories de risques
22 Source: The United States Department of justice (
https://www.justice.gov/opa/pr/bnp-paribas-sentenced-conspiring-violate-international-emergency-economic-powers-act-and)
23 Source: Groupe-BNP-Paribas
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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39
La définition des catégories de risques se fait
à partir de la liste qui englobe tous les niveaux de risque :
Extrême, Elevé, Moyen, Faible.
La nature du client peut être un simple déposant,
un employé de société à risque, un ambassadeur, une
personne médiatique, un PPE, un résident de pays non
coopératifs...ect.
Après les avoir classé par type, le responsable
LAB/FT affecte tous les clients selon leurs catégories de risques et
commence à élaborer pour chaque niveau de risque un programme
bien déterminé de suivi des comptes et de fréquence de
filtrage (Suivi quotidien, hebdomadaire, trimestriel ou semestriel).
1.2.6. La formation du personnel en
matière de conformité
Le personnel de la banque doit bénéficier d'une
formation continue des règles édictées en matière
de conformité, pour mieux anticiper les situations à risques, se
poser les bonnes questions lorsqu'il y est confronté et avoir une
idée claire sur les risques qu'il peut rencontrer dans
différentes situations.
Malgré que la majorité des banques à
l'échelle mondiale satisfont les recommandations du GAFI au niveau de la
conformité et LAB/FT, un nouveau phénomène est apparu : le
« De-Risking ».
Depuis des années, et pour lutter contre les nouvelles
méthodes de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme, les
banques deviennent de plus en plus strictes dans leurs relations de
correspondances bancaires et prennent beaucoup de précautions dans leurs
activités avec les autres banques surtout celles qui appartiennent
à des pays à haut risque. Mais dans certains cas, cela n'est pas
suffisant et ces banques peuvent même mettre fin à leurs relations
de correspondances bancaires. Ces relations sont pourtant essentielles pour les
transferts de fonds vers l'étranger mais ces banques
préfèrent interrompre leurs relations que de risquer des
sanctions de la part des organismes internationaux de contrôle.
C'est ce que nous allons présenter dans la section qui
suit.
SECTION 2 : LE « DE-RISKING »
La banque correspondante est la pierre angulaire du
système de paiement global, conçue pour servir le
règlement des transactions financières au-delà des
frontières nationales. Elle permet aux entreprises et aux particuliers
de déplacer de l'argent en toute sécurité à travers
le monde et encourage le commerce mondial.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Depuis la crise financière de 2008 des
réglementations plus strictes et en particulier les sanctions
réglementaires imposées pour les violations du blanchiment
d'argent (AML) ont amené les banques occidentales à repenser leur
stratégie globale. Les risques de faire des affaires dans de nombreux
pays en voie de développement commencent à prendre le dessus sur
les avantages financiers apportés par l'activité de correspondant
bancaire. En conséquence, les banques américaines et
européennes ont réduit leurs activités de correspondants
bancaires dans les régions les plus risquées.24
Dans cette section, nous allons présenter en premier
lieu le phénomène du « De-risking », sa
définition, la relation de correspondance bancaire, les facteurs ayant
induit ce phénomène et son impact sur l'économie mondiale
en général et sur les activités de la banque en
particulier. Ensuite, dans une deuxième partie, nous allons analyser le
phénomène à l'échelle mondiale et dans le
Moyen-Orient et le nord Afrique pour arriver finalement au cas de la
Tunisie.
2.1. Présentation du phénomène
Définition
Le « De-risking » se traduit par le fait qu'une
institution financière décide de ne pas faire affaire dans un
secteur, une région ou un pays parce qu'elle perçoit qu'il est
trop risqué pour son évaluation des risques. Elle retire ses
services des banques régionales, ce qui lui enlève l'accès
au financement international. Cela peut se traduire par des difficultés
que rencontre le commerce international.25
2.2. La relation de correspondance bancaire
Selon le Groupe d'Action Financière (GAFI), la relation
de correspondance bancaire est définie comme suit : «
L'expression correspondance bancaire désigne la prestation de
services bancaires par une banque (la banque correspondante) à une autre
banque (la banque cliente). f...] Les banques clientes ont accès
à une vaste gamme de services, notamment la gestion de trésorerie
(par exemple, des comptes rémunérés dans plusieurs
devises), les virements électroniques internationaux, la compensation de
chèques, les comptes de passage et les services de change.
»
Ce schéma peut simplifier la situation :
24 Source: Accuity
25 Source: The World Bank Group
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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40
Figure n°12 : Le réseau de correspondants d'une
banque
Source :
comprendrelespaiements.com
Prenons l'exemple d'une banque américaine qui souhaite
détenir et échanger des Euros, elle doit ouvrir un compte dans
une banque européenne. Elle devient cliente de cette banque. Ainsi, la
banque européenne est appelée « correspondant » en
Europe de la banque américaine. Ceci donne naissance aux comptes
appelés « nostro » et « vostro
»
2.2.1. Les comptes Nostro et Vostro
Lorsqu'une banque « A » ouvre un compte
auprès d'une banque « B », cette dernière ouvrira
probablement aussi un compte auprès de la première. Ces comptes
s'appellent « Nostro » et « Vostro »
Un compte « Vostro » est un compte bancaire
d'un correspondant étranger ouvert auprès d'une banque locale. Le
correspondant bancaire exécute alors les opérations de change
ordonnées par l'établissement étranger en lui facturant
des frais commerciaux suivant la taille des opérations.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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41
Un compte « Nostro » est un compte bancaire
ouvert par une banque locale chez une banque étrangère. Cette
dernière exécute les opérations en devise de la banque
locale et lui comptabilise les frais nécessaires.26
Ce schéma résume bien la situation :
Figure n°13 : La relation de correspondance
bilatérale
Source :
comprendrelespaiements.com
2.2.2. Les comptes imbriqués
Les comptes imbriqués se sont des comptes qui se
produisent lorsqu'une banque étrangère accède au
système financier USD ou EURO en opérant à travers un
compte correspondant américain ou européen appartenant à
une autre banque étrangère.
Autrement dit, des banques étrangères auront
l'accès à une devise Euro ou USD (les plus utilisées)
à travers des comptes d'une autre banque étrangère
auprès d'une banque européenne ou américaine. Cela permet
aux banques étrangères d'avoir un accès anonyme au
système bancaire américain ou européen.27
Ces deux schémas nous montrent la différence
entre une transaction de correspondance bancaire traditionnelle et une autre
via un compte imbriqué :
26 Source: IMF 2017
27 Source: FATF Guidance Correspondent Banking
Services October 2016
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°14 : Transaction traditionnelle de correspondance
bancaire
Banque du donneur d'ordre Banque Correspondante
Banque D Banque C
Banque Correspondante Banque Correspondante
Donneur d'ordre
Bénéficiaire
42
Source : FMI
Figure n°15 : Transaction de correspondance bancaire via
un compte imbriqué
Banque A Banque B
Banque X
Banque Correspondante
Banque Correspondante
Bénéficiaire
Banque détenant un compte imbriqué
Banque Correspondante Banque Correspondante
Banque C
Banque D
Donneur d'ordre
Source : FMI
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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43
2.2.3. Les facteurs ayant induit le
De-risking
Le rôle principal de la règlementation est de
protéger le système financier mondial, mais dans certains cas, la
rigidité de la règlementation a un effet contraire et oblige des
institutions financières à sortir du système financier
réglementé. Dans ce qui suit, nous allons présenter les
principaux facteurs qui ont causé le « De-risking » :
§ L'évaluation du risque a augmenté le
coût de la conformité (coûts humains, techniques et
financiers) pour les clients à risque
élevé.28
§ La pression des régulateurs (en matière
de réglementation internationale)
§ Les sanctions à l'égard de pays ou de
banques individuellement
§ Les informations du « devoir de diligence »
disponibles sont insuffisantes
§ Le manque de confiance dans la capacité des
banques à gérer les risques
§ L'augmentation des sanctions pécuniaires et des
pénalités
2.2.4. Les répercussions du
phénomène de « De-risking »
Le « De-risking » croissant observé ces
dernières années dans le système bancaire international
admet plusieurs répercussions qui dépassent les frontières
de la sphère financière. A titre d'exemple, une enquête
menée par l'association des banquiers britanniques en 2015, a
révélé une baisse moyenne de 7.5% des rapports bancaires
par correspondance depuis 2011. Dans ce qui suit, nous allons présenter
les impacts du « De-risking » sur l'économie mondiale en
général.
Déplacement du risque BA/FT :
Avec la fermeture des comptes de nombreuses grandes institutions
financières, les clients ont été forcés de compter
sur de plus petites banques et coopératives de crédit qui n'ont
pas la capacité voulue pour traiter avec des clients à risque
élevé. Les relations de dénouement des comptes peuvent
également encourager les entités à passer dans des canaux
moins réglementés, réduisant ainsi la transparence et
limitant les capacités de surveillance. Ces systèmes souterrains
de « banques parallèles », définis comme des
transactions n'utilisant pas les systèmes financiers traditionnels. Les
systèmes bancaires « fantômes » peuvent également
entraîner une augmentation des coûts pour les clients, car ils
28 Source: IFC World Bank
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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44
deviennent la seule option de service financier disponible. De
plus, ils fonctionnent sans surveillance et sont donc moins responsables devant
les clients, laissant peu de recours aux clients si les services ne sont pas
fournis.29
Exclusion financière accrue :
Compte tenu des avantages de l'inclusion financière pour les
communautés pauvres et marginalisées, l'impact de la
réduction de l'accès aux services financiers sera significatif.
Sur le plan macroéconomique, l'accès aux services financiers a
réduit la pauvreté et les inégalités de revenu. La
disponibilité des services financiers pour les ménages pauvres
s'est traduite par de meilleurs résultats en matière de nutrition
et de santé, des années de scolarisation accrues pour les
enfants.30
Du point de vue de l'inclusion financière, la
réduction des risques, donne le plus de tort aux pays en
développement. La plupart des 2,5 milliards d'adultes non
bancarisés du monde vivent dans des pays en développement, avec
seulement 41% des adultes dans les économies en développement
ayant un compte dans une institution financière formelle, contre 89%
dans les économies développées31.
En outre, les banques ont historiquement exclu les ruraux
pauvres, car leurs activités dans les zones rurales n'offrent pas
suffisamment de marges bénéficiaires pour compenser les
coûts de transaction élevés de l'ouverture de succursales
dans des régions éloignées. 32
De plus, les communautés rurales, à faible
revenu et minoritaires, telles que les femmes et les jeunes, sont
touchées de manière disproportionnée par le manque
d'accès au secteur financier formel. Parmi les personnes vivant en
dessous du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour, les femmes sont 28%
moins susceptibles que les hommes d'avoir un compte bancaire officiel. Dans les
pays en développement, l'écart entre les hommes et les femmes est
de six à neuf points de pourcentage, ce qui souligne les obstacles plus
importants à l'inclusion financière.33
Les répercussions sur les droits des
personnes : Dans le contexte des pays en développement,
où les lois et les normes nationales peuvent entrer en conflit avec les
normes des droits de l'homme internationalement acceptées, l'exclusion
financière peut accroître le risque de violations des droits de
l'homme.34 Dans la mesure où la réduction des risques
réduit l'accès des
29 : FATF-GAFI.
30 : A. Ritchie, (2007)
31 : The Global Findex Database, banque mondiale , (2012)
32 : Barclays (2013)
33 : A. Demirguc-Kunt. and L. Klapper (2012)
34 : Rajeev H. Dehejia and R. Gatti, (2002)
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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45
populations vulnérables aux services financiers, elle
peut aussi forcer les pauvres à choisir des stratégies
d'adaptation alternatives qui mettent en danger les droits de l'homme. Une de
ces stratégies est le passage au travail des enfants pour
compléter le revenu des ménages et atténuer les chocs
économiques. La littérature a montré, par exemple, que les
taux de travail des enfants sont plus élevés dans les pays dont
le système financier est sous-développé et l'accès
au financement est limité.35
Préoccupations humanitaires :
Le discours actuel sur l'impact des pratiques de réduction des risques
s'est concentré en grande partie sur les questions humanitaires, en
particulier celles liées aux interruptions des flux mondiaux de
transferts de fonds. Les études de cas les plus notables viennent de
Somalie, où plus de 40% de la population dépend des envois de
fonds, qui représentent entre 25 et 45% du PIB total du
pays36.
Toute réduction de ces flux aurait des
répercussions claires et tangibles sur la population, notamment les
communautés vulnérables qui reçoivent chaque année
plus de 1,3 milliard de dollars de transferts de fonds mondiaux ; et un impact
significatif sur l'économie du pays37.
Réduction du financement du commerce :
La fermeture des comptes bancaires correspondants constitue une menace
réelle pour le financement du commerce international, en particulier
pour les pays en développement. Les relations bancaires correspondantes
sont le tissu conjonctif reliant divers points du système financier
mondial, offrant aux banques étrangères l'accès aux
marchés financiers américains et européens et, plus
important encore, aux devises étrangères. Ceci est important pour
les marchés émergents, car la majorité des flux de
capitaux transfrontaliers dans le monde, y compris les marchés des
produits de base et le financement du commerce, sont réalisés en
dollar américain. Le dollar américain est utilisé pour
44,6% de tous les paiements mondiaux, suivi de l'euro à 28% et de la
livre sterling à près de 8%.38
Lorsque les institutions financières ferment les
comptes correspondants des banques étrangères, par
conséquent, elles coupent l'accès aux devises nécessaires
pour financer le commerce international et l'investissement international.
35 : Rajeev H. Dehejia. R. H and R. Gatti. (2002)
36 : Adeso, (2013)
37 : Adeso, 2013
38 : article RI « yan top 5 payment swift» Janvier
2015
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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46
2.3. Analyse du phénomène
Dans ce qui suit, nous allons procéder à une
analyse du « De-risking » dans le monde en général,
puis nous allons nous focaliser sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et
particulièrement la Tunisie.
Le « De-risking » dans le
monde
Depuis la crise financière mondiale de 2008 et
jusqu'à nos jours, les relations bancaires internationales entre
correspondants ont diminué de près de 25%. Cela a laissé
un vide sur le marché dans certaines régions que les institutions
financières de l'Est, principalement les banques chinoises sont en train
de combler. Les relations bancaires correspondantes opérées par
les banques chinoises ont augmenté de 3,355% entre 2009 et
2016.39
Parallèlement, les entreprises des régions les
plus touchées par le « De-risking » luttent pour
accéder au système financier mondial afin de financer leurs
opérations. Sans cet accès, les banques locales et les
particuliers seront forcés d'utiliser d'autres canaux qui comprennent
des sources de financement non réglementées et à des
coûts plus élevés et de s'exposer au marché
parallèle.40
La crise financière de 2008 a provoqué des ondes
de choc à travers le secteur financier mondial. Dans les années
qui ont suivi, la réglementation du secteur aux États-Unis et en
Europe s'est resserrée. Les seuils de liquidité ont
augmenté, les exigences de transparence ont augmenté et de
manière plus significative et les sanctions imposées pour
violation de la législation anti-blanchiment d'argent ont
explosé. C'est pour cela que la gestion des risques est devenue la
première priorité pour les banques occidentales.
En revenant sur les pénalités de LCB
payées par les banques, nous remarquons qu'en 2014, ils ont pu atteindre
un niveau record de 10 milliards de dollars.41 À ce niveau,
la menace pour les banques de faire des affaires dans les pays à risque
élevé l'emporte sur les avantages de fournir des services
à leurs clients dans ces régions, même s'il existe de
bonnes occasions d'affaires à saisir.
39 Source: Accuity
40 Source: Accuity
41 Source: Accuity
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°16 : Total des pénalités LAB par
année
$10,000,000,000 $1,000,000,000 $100,000,000 $10,000,000
$1,000,000
47
2002 2003 2004 2005 2006 2015
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Source: US Department of Treasury, Office of Foreign Assets
Control
Nous remarquons que les plus grosses pénalités
ont été imposées aux banques défaillantes durant
les huit dernières années, c'est-à-dire après la
crise financière de 2008. En effet, depuis cette crise, les organismes
de contrôle internationaux ont imposé des réglementations
prudentielles strictes aux institutions financières afin de mieux
contrôler leurs activités et éviter tout dépassement
qui peut mener à une nouvelle crise mondiale. En 2014, c'était le
pique des sanctions (LAB) au monde, avec les cas JP Morgan et BNP Paribas,
respectivement, pour la crise des Subprimes et la violation de sanctions entre
2002 et 2008.
Tableau n°5 : Amendes et autres sanctions pour la
non-conformité en matière de LAB/FT
Banque (en billions de $) Date
HSBC
|
1.9
|
Décembre 2012
|
J.P. Morgan Chase
|
1.7
|
Janvier 2014
|
BNP Paribas
|
8.9
|
Juillet 2014
|
Commerzbank
|
1.5
|
Mars 2015
|
Sources : Auteur, compilé à partir de rapports
de médias.
Par ailleurs, une analyse a été faite
récemment (2016) par Accuity sur la correspondance bancaire aux
Etats-Unis et à l'Union Européenne. Les deux graphiques qui
suivent révèlent l'évolution du nombre total des banques
et du nombre des banques correspondantes aux Etats-Unis, dans l'Union
Européenne, en Afrique et en Chine durant la période allant de
2009 à 2016.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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48
Figure n°17 : La correspondance bancaire au Etats-Unis
Figure n°18 : La correspondance bancaire en Europe
La baisse de l'activité est concentrée sur les
banques occidentales entre 2009 et 2016. Le nombre de sièges sociaux de
banques situés aux États-Unis et dans l'Union européenne a
diminué de
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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49
24%, passant de 23 240 à 17 631. Au cours de la
même période, le nombre de fois où les banques
américaines et européennes ont été utilisées
comme correspondants a diminué de 30%.
Figure n°19 : La correspondance bancaire en Afrique
La tendance frappe les économies en
développement. L'impact sur les économies émergentes peut
être vu à travers une analyse des emplacements bancaires, des
sièges sociaux et des relations de correspondant bancaire en Afrique.
Alors que le nombre total de banques a augmenté sur le continent, le
nombre de relations bancaires correspondantes a diminué.
Cela suggère que, bien qu'il y ait une demande
croissante de services bancaires en Afrique, la capacité des entreprises
à effectuer des transactions internationales a été
restreinte. Les entreprises des régions les plus touchées ont du
mal à accéder aux systèmes financiers mondiaux pour
financer leurs opérations. Sans cet accès, les banques locales
sont obligées d'utiliser d'autres sources de financement non
réglementées et potentiellement plus coûteuses et
s'exposent au marché parallèle.
Certains signes indiquent, toutefois, que la demande de
services de correspondant bancaire dans les régions à haut risque
est satisfaite par les banques de l'Est, en particulier la Chine.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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50
Figure n°20 : La correspondance bancaire en Chine
Le secteur bancaire chinois a connu une forte croissance
depuis 2009. Le nombre de banques est passé de 421 à 983 et le
nombre de succursales de 57 937 à 95 801. Au cours de la même
période, le nombre de correspondants bancaires chinois a fortement
augmenté, passant de 65 en 2009 à 2 246 correspondants en 2016.
D'après le graphique, la majeure partie de l'augmentation a
été enregistrée à partir de 2012.42
En ce qui concerne les principales devises internationales, la
baisse de la correspondance bancaire a touché le dollar
américain. Ce dernier a dominé comme la monnaie fonctionnelle
pour la plupart des transactions de correspondants et est resté la
devise de choix pendant que l'économie mondiale se remettait de la crise
financière. Mais, d'après les nouveaux chiffres publiés
par Accuity, les relations de correspondants bancaires en dollar
américain sont en baisse de 15% depuis 2013. Les relations de
correspondance en euros ont également diminué, de 23% depuis
2009.
Par contre, les relations de correspondants bancaires dans les
RMB (Renminbis chinois) ont augmenté de 8% depuis 2013.
42 Source: Accuity
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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51
Le « De-risking » dans la région
MENA
Le phénomène de « De-risking »
commence à se faire sentir dans la région MENA. Selon une
étude faite par le FMI en collaboration avec la banque mondiale et le
Fonds Monétaire Arabe en 2016, 39% des 216 banques interrogées de
17 pays de la zone MENA ont remarqué que leurs relations de
correspondance bancaire ont diminué de manière significative
durant la période allant de 2012 à 2015.43 De plus, le
nombre de comptes fermés par les banques correspondantes a grimpé
et 63% des banques arabes ont subi des fermetures de comptes en 2015 contre 33%
en 2012.44 Les banques américaines sont en tête avec
40% des comptes fermés, suivies de celles du Royaume-Unis avec 29% et de
l'Allemagne avec 16%. Par conséquent et suite à l'arrêt de
leurs relations de correspondance bancaire, 21% des banques arabes ont
trouvé des difficultés pour compenser leurs relations perdues.
Les 216 banques participantes au questionnaire qui ont connu
une baisse significative de leurs CBR ont signalé une tendance à
la hausse des comptes Nostro clôturés entre 2012 et 2015. En 2012,
33% de ces banques ont indiqué qu'elles étaient sujettes à
une cessation de comptes avec leurs correspondants, ce nombre a
considérablement augmenté pour atteindre 63% en 2015, comme le
montre la figure ci-dessous.
Figure n°21 : Résiliation des CBR (2012-2015)
Banques % des Banques
63.10
61.90
33.33
28
46.43
39
52
53
Source : Rapport 2016 AMF & FMI & Banque mondiale
43 Source: Withdrawal of Correspondent Banking
Relationships (CBRs) in the Arab Region, IMF, AMF, WB, September 2016
44 Source: Withdrawal of Correspondent Banking
Relationships (CBRs) in the Arab Region, IMF, AMF, WB, September 2016
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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52
Figure n°22 : Tendance à la fin des CBR
(2012-2015)
Banques % des Banques
28.57
2012 2013 2014 2015
4.76
4
9.52
8
21.43
18
24
Source : Rapport 2016 AMF & FMI & Banque mondiale
En plus de la perte croissante des comptes CBR, les banques
qui ont subi une baisse de leurs CBR ont également signalé une
tendance haussière du nombre de comptes soumis à des restrictions
par des institutions financières étrangères (Exp :
Suspension d'activité) entre 2012 et 2015.
A titre d'exemple, plusieurs banques ont procédé
à un blocage momentané des comptes de leurs banques
correspondantes pendant une période jusqu'à ce que la banque
cliente régle sa situation en termes de réglementation
internationale et puis elle reprendra son activité habituelle.
En effet, 5% des banques, seulement, ont connu des
restrictions de comptes en 2012. Cette proportion est passée à
29% en 2015.
Les résultats du sondage indiquent que les pays des
banques étrangères qui ont mis fin ou imposé des
restrictions sur les banques de la région arabe, comprennent
principalement les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la KSA, les
EAU, la France, le Canada, l'Italie et la Suisse. Les banques
américaines ont été les 20 premières banques qui
ont réduit les relations commerciales avec les banques des pays arabes.
Voir figure n°23 :
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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53
Figure n°23 : Juridictions de résiliation CBR et /
ou restrictions
Nombre de banques (%)
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41
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29
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16
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12
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11
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11
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10
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9
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8
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7
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Source : Rapport 2016 AMF & FMI & Banque mondiale
Les banques qui ont subi une baisse de leurs CBR ont
indiqué que le principal facteur qui a poussé leurs
correspondants à mettre fin à leurs relations d'affaires est la
réduction du niveau global de risque supporté par les
institutions financières étrangères autrement dit la
baisse du niveau de risque que la banque correspondante est prête
à accepter (41.7% des 216 banques interrogées). Le
deuxième facteur provient des changements de la réglementation
internationale qui est devenue de plus en plus stricte (31%). De plus, le recul
de la rentabilité (29.8%) et les inquiétudes concernant les
risques de blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (23.81%) font
partie des facteurs affectant négativement les relations de
correspondance bancaire avec les pays de la région MENA.
Sur 84 banques participantes (84 parmi les 216) qui ont
enregistré une baisse de leurs taux de change, 19 banques ont
noté que les virements internationaux en USD étaient sensiblement
affectés, 10 banques ont indiqué un impact significatif sur les
virements bancaires en euros et 12 virements bancaires dans d'autres devises.
Voir figure n°24 :
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
Figure n°24 : Devises affectées
20
15
10
5
0
Nombre de banques
3 3 2 2 1 1
54
USD Euro GBP SAR JPY AUD CAD AED
Source : Rapport 2016 AMF & FMI & Banque mondiale
Les banques étrangères craignent de subir une
lourde amende par les régulateurs américains. Ceci les a
poussés à mettre fin à leurs relations avec les banques
« risquées » et a compliqué la tâche aux banques
locales qui sont désormais frappées par le « De-risking
».
Dans ce qui suit, nous allons reprendre la première
évaluation du GAFI pour la Tunisie qui a été faite en mai
2016 et la réévaluation de décembre 2017 en nous
concentrant sur les recommandations de la conformité bancaire et plus
précisément celles du « De-risking ».
2.3.1. La situation de la Tunisie par rapport aux
recommandations du GAFI
Suite à la première évaluation
demandée par la Tunisie en février 2015 l'équipe
d'évaluation du MENAFATF a réalisé un rapport qu'elle
avait publié en Mai 2016 présentant l'évaluation des 40
recommandations imposées par le GAFI. Le tableau ci-dessous nous montre
les cotes de conformité et d'efficacité technique des 40
recommandations.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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55
Tableau n°6 : Evaluation du MENAFATF des 40
recommandations (Aout 2016)
R1
|
R2
|
R3
|
R4
|
R5
|
R6
|
R7
|
R8
|
R9
|
R10
|
PC
|
PC
|
C
|
IC
|
C
|
PC
|
NC
|
IC
|
C
|
PC
|
R11
|
R12
|
R13
|
R14
|
R15
|
R16
|
R17
|
R18
|
R19
|
R20
|
C
|
PC
|
IC
|
IC
|
PC
|
NC
|
PC
|
PC
|
PC
|
C
|
R21
|
R22
|
R23
|
R24
|
R25
|
R26
|
R27
|
R28
|
R29
|
R30
|
C
|
PC
|
PC
|
PC
|
NC
|
NC
|
IC
|
PC
|
IC
|
C
|
R31
|
R32
|
R33
|
R34
|
R35
|
R36
|
R37
|
R38
|
R39
|
R40
|
PC
|
IC
|
PC
|
NC
|
IC
|
PC
|
C
|
PC
|
C
|
IC
|
Source : Rapport d'évaluation mai 2016 MENAFATF
R : Recommandation PC :
Partiellement conforme LC : Largement conforme
NC : Non conforme C :
Conforme
Tableau n°7 : Les 40 recommandations du GAFI
R1
|
Evaluation des risques et
application d'une approche fondée sur les
risques
|
R21
|
Divulgation et confidentialité
|
R2
|
Coopération et coordination nationales
|
R22
|
Entreprises et professions non financières
désignées - Devoir de vigilance relatif à la
clientèle
|
R3
|
Infraction de blanchiment de capitaux
|
R23
|
Entreprises et professions non financières
désignées - Autres mesures
|
R4
|
Confiscation et mesures provisoires
|
R24
|
Transparence et bénéficiaires effectifs des
personnes morales
|
R5
|
Infraction de financement du terrorisme
|
R25
|
Transparence et bénéficiaires effectifs des
constructions juridiques
|
R6
|
Sanctions financières ciblées liées au
terrorisme et au financement du terrorisme
|
R26
|
Réglementation et contrôle des institutions
financières
|
56
R7
|
Sanctions financières ciblées liées
à la prolifération
|
R27
|
Pouvoirs des autorités de contrôle
|
R8
|
Organismes à but non lucratif
|
R28
|
Réglementation et contrôle des entreprises et
professions non financières désignées
|
R9
|
Lois sur le secret professionnel des institutions
financières
|
R29
|
Cellules de renseignements financiers
|
R10
|
Devoir de vigilance relatif à la clientèle
|
R30
|
Responsabilités des autorités de poursuite
pénale et des autorités chargées des enquêtes
|
R11
|
Conservation des documents
|
R31
|
Pouvoirs des autorités de poursuite pénale et des
autorités chargées des enquêtes
|
R12
|
Personnes politiquement exposées
|
R32
|
Passeurs de fonds
|
R13
|
Correspondance bancaire
|
R33
|
Statistiques
|
R14
|
Services de transfert de fonds ou de valeurs
|
R34
|
Lignes directrices et retour d'informations
|
R15
|
Nouvelles technologies
|
R35
|
Sanctions
|
R16
|
Virements électroniques
|
R36
|
Instruments internationaux
|
R17
|
Recours à des tiers
|
R37
|
Entraide judiciaire
|
R18
|
Contrôles internes, succursales et filiales à
l'étranger
|
R38
|
Entraide judiciaire : gel et confiscation
|
R19
|
Pays présentant un risque plus élevé
|
R39
|
Extradition
|
R20
|
Déclaration des opérations suspectes
|
R40
|
Autres formes de coopération internationale
|
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
Source : Les recommandations du GAFI février 2018, mises
à jour octobre 2016
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
57
58
D'après le tableau n°4 qui concerne
l'évaluation du MENAFATF août 2016, nous remarquons que la Tunisie
était largement conforme seulement à 9 recommandations, conforme
à 9 autres, partiellement conforme à 17 recommandations et non
conforme à 5.
Nous allons analyser les 5 recommandations pour lesquelles la
Tunisie se trouve dans une situation de non-conformité.
La recommandation 7 oblige les pays membres à
mettre en oeuvre des sanctions financières ciblées
conformément aux résolutions du Conseil de sécurité
des Nations Unies qui lutte contre la prolifération des armes et de son
financement. Ces résolutions obligent les pays à geler les
comptes et les autres biens de toute personne ou entité
déclarée par le conseil de sécurité comme ayant
contribué à cette action. Néanmoins, la
réglementation tunisienne ne prévoit pas un texte précis
ou une loi qui oblige les banques à bloquer les comptes des
entités de ce type même si la Tunisie souffre des
opérations de terrorisme depuis 2011.
La recommandation 16 oblige les pays membres de
s'assurer que toutes les institutions financières surveillent avec
vigilance les virements électroniques entrants et sortants afin de
détecter les opérations suspectes qui ne comportent pas les
informations requises sur le donneur d'ordre et/ou le
bénéficiaire ou qui sont en rapport avec des opérations de
blanchiment d'argent ou de financement de terrorisme. Dans ce cas les banques
doivent renforcer leur vigilance surtout sur les virements venant de
l'étranger qui n'ont aucune information sur leurs origines.
La recommandation 25 exige des pays membres d'avoir un
cadre légal applicable aux trusts45 mais la Tunisie ne
dispose pas de ce cadre car ces constructions juridiques ne sont pas connues.
Elle connait d'autres mécanismes juridiques dont l'effet peut dans
certaines situations être similaire aux arrangements juridiques du type
trust comme l'usufruit46. Les trusts n'étant pas
explicitement interdits par les lois nationales, il est donc possible qu'ils
puissent établir des relations d'affaires avec des institutions
financières ou des EPNFD (Entreprises et professions non
financières désignées) tunisiennes.
La recommandation 26 stipule que les institutions
financières doivent suivre une approche basée sur les risques,
alors que les institutions financières tunisiennes font seulement
l'objet d'une réglementation stricte en matière d'enregistrement
et d'obtention des agréments pour
45 : Groupement d'entreprises qui, quoique conservant leur
autonomie juridique, sont contrôlées par une société
mère. (Larousse)
46 : L'usufruit est le droit de se servir d'un bien (habiter
une maison, utiliser du mobilier...) ou d'en percevoir les revenus (par exemple
encaisser des loyers, des intérêts ou des dividendes), sans pour
autant s'en dessaisir.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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l'exercice de leur activité. Elles n'ont pas encore mis
en place les outils nécessaires à l'exercice d'un contrôle
basé sur une approche fondée sur les risques de blanchiment de
capitaux et de financement de terrorisme. La fréquence du contrôle
n'est pas formalisée en tenant compte des types et niveaux de risques de
BC/FT identifiés.47
La recommandation 34 se résume dans le fait
d'obliger les autorités et les personnes assujetties à
échanger automatiquement les informations entre elles. Cependant, en
Tunisie cette pratique reste très limitée en termes de
périmètre, de mise à jour, de pertinence et
d'adéquation vu qu'elle ne concerne que le secteur financier et n'est
assurée que par la Commission Tunisienne des Analyses Financières
(CTAF).
La recommandation 13 concerne les relations de
correspondance bancaire transfrontalières et les autres relations
similaires. Les institutions financières sont dans l'obligation de
rassembler plus d'informations sur le correspondant afin de comprendre la
nature de ses activités et d'évaluer sa réputation et sa
qualité de contrôle en matière de LBC/FT. Elles sont,
également, contraintes d'obtenir l'accord de la direction avant
d'établir toute nouvelle relation de correspondance bancaire. De plus,
il est strictement interdit aux institutions financières
d'établir une relation d'affaire avec des banques fictives.
En ce qui concerne le cas de la Tunisie, le GAFI a
mentionné que ce dispositif est largement conforme, ce qui prouve que la
BCT a bien couvert les exigences de cette recommandation mais il reste
souhaitable qu'elle apporte plus de précision en ce qui concerne les
comptes de passages.48
Pour résumer, la conformité de la Tunisie aux
recommandations du GAFI qui se dégage du rapport d'évaluation du
MENAFT en 2016 semble insatisfaisante. Les autorités de contrôle
considèrent que plus que la moitié des recommandations sont entre
non conformes et partiellement conformes ; donc non validées. Par
conséquent, la BCT s'est engagée à effectuer les
réformes nécessaires. En 2017, une réévaluation a
été demandée par les autorités tunisiennes pour les
40 recommandations.
Le tableau ci-dessous résume les résultats de la
réévaluation effectué par le MENAFAT et publiée
dans son rapport en décembre 2017.
47 Source : rapport d'évaluation GAFI 2016
48 Selon le GAFI, l'expression compte de passage
désigne des comptes de correspondants, utilisés directement par
des tiers pour réaliser des opérations pour leur propre compte
(tel que ce terme est utilisé dans la note interprétative de la
recommandation 13).
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Tableau n°8 : Réévaluation du MENAFATF des 40
recommandations (Décembre 2017)
R1
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R2
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R3
|
R4
|
R5
|
R6
|
R7
|
R8
|
R9
|
R10
|
IC
|
PC
|
C
|
IC
|
IC
|
PC
|
NC
|
PC
|
C
|
IC
|
R11
|
R12
|
R13
|
R14
|
R15
|
R16
|
R17
|
R18
|
R19
|
R20
|
C
|
IC
|
IC
|
IC
|
IC
|
IC
|
IC
|
IC
|
IC
|
C
|
R21
|
R22
|
R23
|
R24
|
R25
|
R26
|
R27
|
R28
|
R29
|
R30
|
C
|
PC
|
PC
|
PC
|
PC
|
PC
|
IC
|
PC
|
IC
|
C
|
R31
|
R32
|
R33
|
R34
|
R35
|
R36
|
R37
|
R38
|
R39
|
R40
|
PC
|
IC
|
PC
|
PC
|
IC
|
IC
|
C
|
PC
|
C
|
IC
|
Source : Rapport d'évaluation
Décembre 2017 MENAFATF
Ce tableau révèle une nette amélioration
au niveau de la conformité de la réglementation tunisienne et des
pratiques de supervision aux recommandations du GAFI. En effet, la Tunisie est
largement conforme à dix-huit recommandations qui n'étaient que
neuf en 2016, conforme à huit et partiellement conforme à treize
recommandations. De même, elle demeure non conforme à seulement
une recommandation qui est la 7ème49.
CONCLUSION
Dans ce deuxième chapitre, et au niveau de la
première section, nous avons introduit la notion de la
conformité, ses enjeux et son périmètre. Dans la
deuxième section nous avons abordé, la problématique de
notre sujet qui est le « De-risking », sa définition et la
relation de correspondance bancaire. Ensuite, nous avons présenté
une analyse du phénomène dans le monde en général
puis nous avons pris le cas de la région MENA à laquelle
appartient la Tunisie.
Le « De-risking » a frappé beaucoup
d'institutions financières partout dans le monde. Ce
phénomène vient de prendre une place dans les
préoccupations des principaux organismes de contrôle (FMI, FMA,
BM...) à travers les nouvelles réglementations internationales.
Le système bancaire tunisien ne se trouve pas à l'abri de ce
phénomène. En effet, le « De-risking »
opéré par les banques correspondantes des banques tunisiennes
admet forcément des répercussions négatives sur la
rentabilité de ces banques et leur intégration au système
bancaire
49 Cette recommandation concerne, comme nous l'avons
déjà mentionné ci-dessus, les sanctions financières
liées à la prolifération (Armes / Financement du
terrorisme).
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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60
mondial. Nous allons tenter, dans le chapitre suivant,
d'analyser l'impact du « De-risking » sur les banques tunisiennes,
ainsi que leurs dispositifs de conformité et de lutte contre le LAB/FT
pour limiter les répercussions négatives du « De-risking
».
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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CHAPITRE 3 : « Le De-risking », étude
du problème
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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63
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65
INTRODUCTION
Le chapitre précédent nous a permis de passer en
revue le cadre règlementaire de la lutte contre le blanchiment d'argent
et le financement du terrorisme dans le secteur bancaire en mettant l'accent
sur un nouveau phénomène qui touche toutes les banques à
travers leurs relations de correspondances ; le phénomène du
« de-risking ». Ce phénomène concerne les banques
tunisiennes puisque leurs banques correspondantes à l'étranger
sont contraintes, à cause du renforcement de leurs
règlementations prudentielles, à limiter voire même
supprimer leurs relations d'affaires avec des banques situées dans des
pays ne respectant pas les nouvelles règlementations du GAFI et autres
organismes soucieux de la lutte contre le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme.
Pour tenter de cerner l'étendue et l'amplitude de ce
phénomène dans le secteur bancaire tunisien, nous avons choisi de
mener un questionnaire auprès des banques tunisiennes.
Ainsi, nous consacrons ce dernier chapitre à l'analyse
empirique du phénomène de « De-risking » en Tunisie
à travers un questionnaire proposé aux banques installées
sur le territoire tunisien. Pour cela, dans une première section nous
allons procéder à une description du questionnaire en mentionnant
son objectif principal et son contenu. Ensuite, dans la deuxième section
nous allons présenter la démarche empirique en décrivant
la population de banques interviewées et le dépouillement du
questionnaire. La troisième section sera consacrée à
l'analyse des résultats obtenus à travers le dépouillement
du questionnaire. Enfin, nous tenterons dans la quatrième section de
proposer des solutions et des recommandations afin de minimiser les
conséquences de ce nouveau phénomène.
SECTION 1 : DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE
1.1. Objectif du questionnaire
Cette enquête, menée au cours de la
période Février - Novembre 2018, vise à évaluer
dans quelle mesure les banques tunisiennes ont fait l'objet d'interruptions
et/ou des restrictions de leurs relations avec les correspondants bancaires au
cours des huit dernières années (20102018), identifier les causes
sous-jacentes et collecter les éléments pouvant justifier
l'impact engendré par les pratiques des banques correspondantes sur les
produits et services offerts par les banques tunisiennes ainsi que sur les
différents segments de leur clientèle.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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En effet, l'étude de l'impact du « De-risking
» dans d'autres régions et sur d'autres systèmes bancaires,
développée dans le chapitre précédent nous
mène à nous interroger sur la sensibilité des banques
tunisiennes à ce phénomène et sur l'amplitude de ses
répercussions sur leurs performances.
Ainsi, nous cherchons, à travers ce questionnaire,
à vérifier l'hypothèse que les banques affectées
par le phénomène du « De-risking » ont
réellement trouvé des difficultés à servir certains
segments de clientèle et à fournir certains produits et services,
ainsi que leur capacité à mener des opérations
libellées en devises aussi bien en capital qu'en compte courant.
Pour cela, nous avons choisi de proposer aux responsables des
directions conformité et LAB de chaque banque installée sur le
territoire tunisien, un questionnaire, permettant de situer ce
phénomène nouveau dans le contexte tunisien et de vérifier
les hypothèses précédemment posées. Il est à
noter que la nouveauté du phénomène ainsi que la non
disponibilité de données chiffrées nous a privé de
recourir à des outils autre que le questionnaire pour mener notre
étude.
1.2. Description du questionnaire
Notre questionnaire comporte vingt-trois questions
divisées en trois parties.
Les questions proposées sont de plusieurs types. Nous
avons inclus des questions ouvertes tel que par exemple, quel est le rôle
de la direction dans la mise en oeuvre et le suivi de la conformité et
de ses procédures ? Ce genre de questions permet aux responsables
interviewés de donner des réponses riches et variées. Nous
avons également inclus des questions fermées de type (Oui ou
Non), ou encore de type questions suggestives qui proposent plusieurs choix aux
interviewés.
Dans ce qui suit, nous allons procéder à une
description détaillée de notre questionnaire. Comme nous l'avons
déjà évoqué, le questionnaire se divise en trois
grandes parties :
1. La première nous permet de collecter des
renseignements généraux relatifs à l'établissement.
Elle contient trois questions sur le type, la taille et les principales
activités de la banque.
2. La deuxième partie comporte dix questions sur les
règles et les procédures de la conformité et la lutte
anti-blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Dans ce cadre nous
avons progressé des questions générales vers des questions
précises sur
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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la stratégie de la banque en termes de respect des
recommandations internationales imposées par le GAFI et les autres
organisations de contrôle. Les questions proposées visent à
mettre en valeur l'effort de la banque interviewée en termes de respect
de ces recommandations ou encore son état d'avancement dans ce domaine.
Nous avons proposé des questions sur le reporting, l'archivage, de la
sécurité de la banque (avec qui elle est en relation, est ce
qu'elle ne travaille pas des shell banques50), sur la
sécurité de la banque par rapport à ses clients (les
blanchisseurs ou bien les terroristes).
Cette partie du questionnaire nous permet d'avoir une
idée sur la conformité de l'établissement aux
règles de lutte anti-blanchiment d'argent et son respect des
dispositions règlementaires dans le domaine.
3. La troisième partie du questionnaire concerne notre
centre d'intérêt « Le De-risking ». Elle
représente la partie centrale du questionnaire et se divise,
elle-même, en quatre parties :
1. La première partie nous renseigne sur
l'évolution des relations de correspondance des banques après le
classement de la Tunisie comme pays à haut risque (augmentation,
diminution, pas de changement des relations de correspondance bancaire). Dans
ce cadre nous avons tenté de cerner le nombre des comptes
résiliés, les juridictions sous lesquelles les banques
correspondantes étrangères qui ont résilié et / ou
imposé des restrictions sur la banque, sont installées. Ceci nous
permet de connaître la juridiction qui a retiré le plus de
correspondants bancaires.
2. La deuxième partie concerne les causes de ces
résiliations. Le responsable interviewé a le choix entre seize
causes qui peuvent être responsables des résiliations de comptes
de la part des banques correspondantes. Ensuite, il est tenu de les classer par
ordre de signification (1 la plus significative, 16 la moins). Nous avons fait
notre choix des causes de résiliations possibles en nous inspirant des
questionnaires déjà proposés par l'AMF, l'IMF, la banque
mondiale ou celui de Wolfsberg, ainsi que des solutions proposées par
nous-
50 : sont définies comme les banques qui ne disposent
d'aucune présence physique (c'est-à-dire sans véritable
direction effective) dans le pays où elles sont constituées en
société et agréées, et qui ne sont pas
apparentées à un groupe de services financiers soumis à un
contrôle consolidé effectif (source : comité de Bâle
sur le contrôle bancaire janvier 2003)
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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même. Nous avons cherché d'abord à
détecter les anomalies qui impactent la conformité et la lutte
contre le blanchiment d'argent au sein des banques tunisiennes. Ensuite,
d'après les informations collectées, nous avons proposé
les solutions que d'autres pays sui sont passés par cette
expérience ont trouvé pertinentes.
3. La troisième partie est celle qui décrit les
différentes répercutions de la baisse des relations de
correspondance bancaire. D'abord, nous avons questionné à propos
de son impact sur la capacité des banques à effectuer des
opérations en capital et en compte courant libellées en devises
étrangères par région. Puis, nous avons soulevé la
capacité des banques à accéder aux différents
produits et services tel que les compensations et règlements, le
financement du commerce, la lettre de crédit, les virements
électroniques internationaux, le service de change... . De même,
nous avons étudié l'impact de la baisse des CBR sur la
capacité des banques à servir leurs clients comme les
fournisseurs de services, les petits et moyens exportateurs, les entreprises de
transfert de fonds... . Enfin, nous avons questionné les banques sur
leurs capacités à trouver des remplaçants ou à
établir une solution de rechange pour chaque relation
résiliée. Ceci nous permet de mesurer l'amplitude des pertes
subies si elles ne trouvent pas d'autres solutions pour continuer leurs
activités.
Et La dernière partie de notre questionnaire concerne
les solutions proposées de notre part pour chaque banque selon son type
(Privée ou publique). Nous avons présenté une liste de
solutions pour le secteur public ainsi que pour le secteur privé aux
banques interviewées, en espérant les aider à trouver la
meilleure pour leur situation.
1.2.1. Présentation de la population
Le système bancaire tunisien comprend : la Banque
Centrale de Tunisie, 21 établissements de crédit ayant la
qualité de banque, 2 banques d'affaires et 8 banques
off-shore.51
51 Source : Site officiel du ministère des
finances
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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66
Les 31 banques qui constituent le secteur bancaire tunisien
sont réparties en trois groupes comme suit :
· Les banques publiques : Ce sont les banques qui sont
sous le contrôle de l'Etat ou des acteurs publics ; on peut citer la
Société Tunisienne des Banques (STB), la Banque Nationale
Agricole (BNA), la Banque de l'Habitat (BH) et la Banque Tunisienne de
Solidarité (BTS).
· Les banques privées : Ce sont les banques qui
sont sous le contrôle des acteurs privées qui peuvent être
des étrangers ou de nationalité tunisienne ; on peut citer la
BIAT, Attijeri Bank, l'ATB, la BT, Zitouna Bank, l'UIB, l'UBCI, l'Amen Bank, la
BTE, la BTK, la BTL, la BFT, la QNB, Al Baraka Bank, Al wifak Bank et Stusid
Bank.
· Les banques off-shore : Ce sont des
établissements bancaires installés en dehors de la
résidence fiscale du déposant des fonds ; on peut citer : l'ABC,
City Bank, North Africa International Bank, TIB, l'UTB...
Nous avions pour objectif de couvrir toute la population de
banques de la place, mais nous avons eu accès à seulement
vingt-quatre banques. Ainsi nous avons été contraints d'exclure
les cinq banques off-shore à savoir : l'UTB, la LINC, la TIB, Best Bank
et North Africa International Bank pour des raison d'accessibilité ; et
deux banques privées qui sont l'UIB et l'AMEN BANK pour des raisons de
confidentialité.
Au final, sur 31 banques, nous avons eu les réponses
de 24 banques ce qui traduit que 22.5% des banques n'ont pas répondu
à notre questionnaire.
SECTION 2 : ANALYSE DES RESULTATS PRELIMINAIRES
2.1. Analyse de la première partie
(Renseignements relatifs à l'établissement) :
Dans cette partie nous avons proposé aux banques trois
questions à travers lesquelles nous pouvons avoir une idée sur
l'établissement interviewé. Pour le type de la banque
(Privée, publique ou offshore), la figure ci-dessous retrace en
pourcentage la répartition des banques qui ont répondu à
notre questionnaire. Nous remarquons que le pourcentage le plus
élevé est celui des banques privées. Ce résultat
est attendu vu leur nombre sur le territoire tunisien. Ensuite, vient la part
des banques publiques. Il est à noter que ce pourcentage de 17% des
banques
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phénomène ?
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67
68
interviewées représente, en
réalité la totalité de la population des banques publiques
en Tunisie (les quatre banques publiques ont répondu à notre
questionnaire). En dernier lieu, les banques off-shore représentent 13%
des banques interviewées avec seulement trois banques.
Figure n°25 : Répartition des banques ayant
répondu au questionnaire
17%
Banque Privée Banque Publique Banque Offshore
13%
71%
Source : Travail personnel
Figure n°26 : Les tailles des banques
interviewées
Petite Moyenne Grande
0,0%
20,8%
79,2%
Source : Travail personnel
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Pour la deuxième question nous avons interviewé les
banques sur leur taille, et nous avons trouvé que plus de 79% sont des
banques de petite taille (19 banques) et seulement 5 banques qui sont de grande
taille avec un pourcentage de plus de 20%.
Pour ce qui sont de taille moyenne, nous n'avons aucune banque
qui a répondu à notre questionnaire qui est de taille moyenne.
100%
88%
46%
71%
17% 17%
63%
Opérations de banque commerciale Gestion privée
Services d'investissement Gestion d'actifs
Assurance Banque correspondante
Banque de détail
Figure n° 27 : Les activités des banques
interviewées
Source : Travail personnel
D'après le graphique ci-dessus, nous remarquons que
toutes les banques interviewées font des opérations de banque
commerciale. De plus, 88% d'entre elles, sont des banques de détails.
Mais seulement 17% des banques questionnées, soit
quatre banques, ont des activités d'assurance et opèrent dans la
gestion d'actifs.
2.2. Analyse de la deuxième partie (Règles
& procédures) :
Pour cette partie, nous avons présenté dix
questions qui tournent au tour des généralités de la
conformité et de la lutte contre le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme.
Nous avons posé la question aux banques si elles ont
mis un dispositif de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme et nous avons remarqué que 100% des
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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69
banques questionnées l'ont déjà fait. Ce
qui prouve que toutes ces banques sont conformes à cette
réglementation imposée par le GAFI.
Pour la deuxième question, nous cherchons est ce que
ces banques ont déjà désigné une personne
responsable de l'application des règles de conformité et de la
lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme et nous
avons eu toutes les réponses affirmatives. Donc encore une
recommandation validée parmi les 40 imposées par le GAFI.
Figure n°28 : Le rôle de la direction dans la mise
en oeuvre et le suivi de la conformité
87,5%
41,7%
70,8%
62,5%
50,0%
29,2%
La supervision
La validation
Mise en place des ressources nécesaires
La gouvernance
Mise en place des nouvelles réglementations
Assurer la formation
Source : Travail personnel
Dans le graphique ci-dessus, nous avons constaté que
le rôle le plus important de la direction générale est la
supervision avec un taux de presque 88%. Cette réponse est attendue vu
que son premier rôle est le contrôle général.
En deuxième position et avec plus de 70%, les banques
ont choisi la mise en place des ressources nécessaires afin d'assurer le
bon déroulement de cette activité. Comme nous l'avons
déjà évoqué, la fonction conformité est
couteuse et nécessite beaucoup d'efforts et de moyens, c'est pour cela
que la direction joue un rôle très important par l'injection des
ressources indispensables pour garantir un bon déroulement de
l'activité.
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phénomène ?
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70
Seulement 29.2% des banques, soit 7 banques, exigent de leurs
directions générales, d'assurer les formations continues à
leur personnel afin d'éviter toute erreur et être à jour
avec les nouvelles recommandations des organismes de contrôle
internationaux.
Figure n°29 : Moyenne des personnes qui participent
à la fonction de conformité
6,5
7
6
5
4
3
2
1
0
Source : Travail personnel
Figure n°30 : Les activités de la
conformité sont-elles centralisées ou
décentralisées ?
Centralisées Décentralisées
16,7%
83,3%
Source : Travail personnel
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phénomène ?
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71
D'après les figures 29 et 30 nous avons pu relever la
moyenne des personnes qui assurent la fonction de la conformité
auprès de chaque banque et nous avons constaté que 6.5 personnes
est la moyenne pour les 24 banques questionnées. Ce chiffre nous parait
assez bas vu l'importance et la difficulté des tâches de la
conformité et de la lutte contre le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme. Donc, ces banques doivent investir encore plus dans
leurs ressources humaines.
83.3% des banques ont répondu que les activités
de la conformité sont centralisées. Ce chiffre important peut
s'expliquer par la stratégie des banques. Tout d'abord, la
centralisation de l'activité permet une réduction importante des
coûts. De même, la responsabilité est facilement
identifiable en cas d'erreur.
Figure n°31 : Recueil des informations
détaillées sur les clients
Oui Non
Source : Travail personnel
A travers cette question nous voulons savoir si les banques
suivent la réglementation imposée par le GAFI « KYC »
de bien connaitre leurs clients. Le groupe d'action financière
recommande aux banques de recueillir toutes les informations nécessaires
sur leurs clients, par exemple le nom, le prénom, adresse, numéro
de téléphone, la date de naissance, le nombre et le type de
pièces d'identité valides et la profession, afin de
connaître l'activité du client pour suivre l'activité de
son compte ouvert chez la banque. Au cas où il reçoit ou il
émet des virements suspects, le logiciel de profilage peut le
détecter.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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72
Figure n°32 : Disposition des procédures permettant
de s'assurer que vous ne traitez pas
avec des « Shell Bank »
Oui Non
Source : Travail personnel
D'après cette question nous voulons nous assurer que
les banques interviewées ne traitent qu'avec des banques qui ont une
présence physique dans leurs pays et qu'elles ont vraiment un extrait de
registre de commerce. Nous avons eu 100% de réponses positives. Une
recommandation de plus du GAFI qui soit validée.
Figure n°33 : Tenez-vous des registres sur les relations
d'affaires ?
Oui Non
Source : Travail personnel
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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73
A travers cette dernière question de la deuxième
partie, nous avons questionné les établissements sur l'archivage,
pour savoir si elles tiennent des registres sur les relations d'affaires et
depuis quand. Nous avons eu la même réponse de la part de toutes
les banques : elles affirment tenir des registres sur les relations d'affaires
qu'elles conservent 10 ans.
SECTION 3 : ANALYSE DU PHENOMENE DE « DE-RISKING
»
Question1 : Votre banque a-t-elle
connu des changements dans le nombre de relations de correspondance bancaire
avec des correspondants bancaires étrangers depuis 2010 ?
Figure n°34 : Le changement des CBR entre 2010 et 2017
Augmenté de manière significative
Fortement diminué
Diminué de manière significative Pas de changement
significatif
83%
4%0%
13%
Source : Travail personnel
Parmi les 24 banques interrogées, 83% d'entre elles
ont remarqué que le nombre de leurs relations de correspondance bancaire
a diminué d'une manière significative dans la période
allant de 2010 jusqu'au 2017.
L'enquête a révélé que 13% des
banques n'ont connu aucun changement important, alors que 4% ont indiqué
une augmentation significative de leur CBR, et aucune banque n'a
remarqué que ses CBR ont fortement diminué comme indiqué
dans Figure 21.
Question2 : Veuillez indiquer le
nombre de compte Nostro qui ont été résiliés et/ou
les restrictions imposées par des institutions financières
étrangères entre 2010 et 2017 ?
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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74
Figure n°35 : Le nombre des comptes Nostro
résiliés entre 2010 et 2017
15
10
5
0
Banque 1 Banque 2 Banque 3 Banque 4 Banque 5 Banque 6 Banque 7
Banque 8 Banque 9 Banque 10 Banque 11 Banque 12 Banque 13 Banque 14 Banque 15
Banque 16 Banque 17 Banque 18 Banque 19 Banque 20 Banque 21 Banque 22 Banque 23
Banque 24 Moyenne
Source : Travail personnel
D'après le graphique ci-dessus, nous remarquons
qu'entre 2010 et 2017, le nombre moyen des comptes Nostro52
résiliés est aux alentours de 9 comptes/banque (8.91). Le nombre
le plus grand est celui de la banque 22 avec 15 comptes résiliés,
par contre le nombre le plus petit est celui de la banque 1 avec seulement
trois comptes résiliés.
Il aurai été plus enrichissant que les banques
questionnées nous répondent par année afin de voir
l'impact de chaque année passée après la révolution
sur le nombre des CBR, mais nous n'avons pas pu parvenir à avoir les
détails de chaque année à cause de la non
disponibilité des informations auprès des banques
interrogées.
Question 3 : Veuillez
énumérer jusqu'à cinq juridictions (emplacements)
où les banques correspondantes étrangères ont
résilié et / ou imposé des restrictions sur votre banque
en tant que clients.
52 : Un compte « Nostro » est un compte bancaire
ouvert par une banque locale chez une banque étrangère. Cette
dernière exécute les opérations en devise de la banque
locale et lui comptabilise les frais nécessaires (source FMI)
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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75
Figure n°36 : Les juridictions où les banques
correspondantes ont résilié /imposé des restrictions
sur les banques tunisiennes.
1
USA Bretagne Allemagne Francçe Italie Espagne Japon
100%
|
88%
90%
|
|
80%
|
|
75%
|
|
|
70%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
58%
|
60%
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50%
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40%
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21%
17%
29%
Source : Travail personnel
Les résultats de l'enquête ont indiqué
que les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, l'Italie,
l'Espagne et le Japon étaient les pays d'origine des banques
étrangères qui ont supprimé / imposé des
restrictions aux banques tunisiennes. Les banques américaines se
trouvent en tête des banques qui ont rompu leurs relations commerciales
avec les banques tunisienne, 88% des banques participantes faisant état
de la perte de CBR auprès de banques américaines.
Il semblerait que les banques tunisiennes ne sont pas
assujetties aux mêmes directives réglementaires que les banques
américaines et n'atteignent pas leurs exigences en termes de mesures
prises pour la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme. Par conséquent, elles peuvent poser un risque
élevé à leurs correspondants respectifs dans les banques
américaines.
Nous revenons avec plus de détails dans ce qui suit
sur les principales causes de résiliations des CBR.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°37 : Les devises affectées
100% 95%
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90%
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85%
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60%
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50%
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40%
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30%
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20%
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10%
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0%
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USD Euro Autre devise
Source : Travail personnel
Sur les 20 banques participantes (sur 24) dont les CBR ont
baissé, 19 banques ont indiqué que les virements internationaux
en USD étaient considérablement affectés ; 17 banques ont
indiqué un impact significatif sur les virements électroniques en
euros et 4 banques en d'autres devises étrangères (Figure 24).
Question 4 : Quelles ont
été les causes / facteurs principaux dans les décisions
des institutions financières étrangères de résilier
ou de restreindre les relations de correspondants bancaires (CBR)
étrangers auprès de votre banque ?
A travers cette question, nous cherchons les causes
principales qui ont mené les banques étrangères à
mettre fin à leurs relations de correspondance bancaire avec les banques
installées sur le territoire tunisien. Pour cela, nous avons
proposé seize causes qui peuvent être la raison principale de
cette restriction.
Après avoir collecté les informations
auprès des banques, nous avons remarqué qu'il existe deux causes
principales qui ont eu 80% des réponses des banques. La première
cause concerne la nature de notre juridiction et sa soumission à des
contre-mesures ou identifiée comme ayant des déficiences
stratégiques en matière de LBC / FT par le GAFI (ou un autre
organisme international). La deuxième cause concerne les
préoccupations en matière de risques de blanchiment d'argent et
de financement du terrorisme dans notre juridiction. En troisième
position nous constatons que les impositions de sanctions internationales sur
notre juridiction
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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constituent également une cause. Ceci nous amène
à conclure que les dernières décisions du GAFI ainsi que
le classement de la Tunisie parmi les paradis-fiscaux et les pays à haut
risque a dû impacter les CBR avec les banques étrangères.
(Figure38).
Toutes ces causes mettent l'accent sur les
défaillances du système bancaire tunisien et le retard qu'il
accuse en termes de réglementations relatives à la lutte contre
le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme qui prennent beaucoup
plus d'importance dans les pays développés.
Ainsi, les solutions à proposer naissent de ces causes
qu'il faut corriger. En effet, les banques tunisiennes doivent renforcer leurs
dispositifs de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme qui n'a pas eu, jusque-là, l'importance nécessaire
auprès des responsables conformité de ces banques. Le manque
d'effectif ainsi que, les ressources nécessaires n'ont pas permis aux
banques de suivre la réglementation internationale et les
recommandations du GAFI. C'est ce qui explique les résultats obtenus de
l'analyse du questionnaire.
De plus, le manque de liquidité dans le système
bancaire et chez les banques, ne leur permet pas de refuser des clients
à cause de leurs risques face au blanchiment d'argent. En effet,
certaines banques peuvent accepter d'ouvrir des comptes à des clients
à haut risque et ne pas suivre la politique KYC pour leurs besoins des
fonds. Cela les expose à des sanctions réglementaires de la part
de la BCT d'une part et à la fuite de leurs correspondants
étrangers d'autre part.
A titre d'exemple, quatre banques tunisiennes se sont
trouvées impliquées, entre 2013 et 2014 dans des transferts
« douteux » d'environ un million de dollars.
« Les documents dont nous disposons, par le biais
d'ARIJ (Arab Reporters For Investigative Journalism), et leur source l'OCCRP
(Organised Crime and Corruption Reporting Project), montrent que 4 banques
tunisiennes, parmi les premières dans le pays, selon le classement
bancaire de 2016, ont reçu, entre 2013 et 2014, des transferts «
douteux » d'argent, d'un montant global estimé à un million
de dollars (2,49 millions de dinars). Quatre transferts en dollars et en euros
ont été effectués au profit d'une société
serbe non résidente en Tunisie. »53
53 Source : espace manager, enquête-explosive des banques
et des sociétés tunisiennes impliquées dans le blanchiment
d'argent
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°38 : Les causes / facteurs principaux qui ont
poussé les institutions financières étrangères
à résilier ou restreindre les relations de correspondants
bancaires (CBR) étrangers auprès des banques tunisiennes
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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83,3%83,3%
75,0%
62,5%
33,3%
33,3%33,3%
29,2%
25,0%
41,7%
33,3%
20,0%
10,0%
0,0%
16,7%
8,3%
62,5%66,7%
54,2%
90,0%
80,0%
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
79
Imposition de sanctions internationales sur votre juridiction
Imposition de mesures d'exécution par l'autorité
nationale à l'institution financière étrangère
concernée
Votre juridiction est identifiée comme ayant des
déficiences stratégiques en matière de LBC / FT par le
GAFI
Préoccupations concernant les risques de BA/FT dans votre
juridiction
La cote de risque de crédit souverain de votre
juridiction
Coût pour les institutions financières
étrangères d'entreprendre une vérification diligente de la
clientèle auprès des clients de vos institutions
financières
La clientèle à risque élevé de vos
institutions financières
Le non-respect par les institutions financières de la LBC
/ FT ou des sanctions
Insuffisances concernant les contrôles internes de vos
institutions financières en matière de LBC / FT
Impact des réformes de la réglementation
financière convenues au niveau international (autres que la LBC / FT)
Changements apportés aux exigences légales,
réglementaires ou prudentielles dans la juridiction des institutions
financières étrangères qui ont des implications sur le
maintien des RBC (par exemple, les
sanctions américaines et FATCA)
L'appétit global pour le risque de l'institution
financière étrangère
Respect des exigences juridiques / de surveillance /
réglementaires préexistantes par les institutions
financières étrangères
Consolidation de l'industrie dans la juridiction d'une
institution financière étrangère
Changements structurels aux institutions financières
étrangères et / ou réorganisation du portefeuille
d'activités
Manque de rentabilité de certains services / produits CBR
étrangers
Source : Travail personnel
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Question 5 : Veuillez décrire
l'impact de la baisse des CBR étrangers de votre banque sur votre
capacité à effectuer des opérations en capital et en
compte courant libellées en devises étrangères (en votre
nom ou au nom de vos clients), par région ?
Figure n°39 : Impact de la baisse des CBR sur la
capacité des banques à effectuer des opérations en
capital et en compte courant en devises
100,0%
Afrique Asie de l'est et
pacifique
15,0%
5,0%
87,5%
8,3%4,2%
Important modérément important aucun impact
0,0%
Europe Région arabe Asie du sud Etat Unis Amérique
du
nord hors les états unis
66,7%
33,3%
83,3%
12,5%
4,2%
0,0%
41,7%
58,3%
0,0%0,0%
100,0% 95,8%
4,2% 0,0%
Source : Travail personnel
Les banques interrogées dont les CBR ont baissé
ont indiqué que la région arabe, l'Asie de l'Est et pacifique et
l'Afrique avaient notamment un impact important sur leur capacité
à effectuer des transactions en capital et en compte courant
libellées en devises étrangères (pour leur compte ou pour
le compte de leurs clients) et en second lieu l'Europe avec un impact
modérément important.
Autrement dit, les banques ont eu des difficultés
à maintenir leurs CBR avec les banques de ces régions et par
conséquent elles ne peuvent satisfaire les besoins de leurs clients en
matière des opérations en capital et/ou en compte courant en
devises (le transfert ou bien les virements en devises principalement pour les
fournisseurs étrangers)
Question 6: Veuillez nous indiquer
l'impact de la baisse des CBR étrangers de votre banque sur votre
capacité à accéder aux produits / services suivants ?
Les banques participantes ont indiqué que la baisse de
leurs CBR affecte considérablement leur capacité à
desservir les clients et les segments de clients suivants (Figure 25) :
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°40 : Impact de la baisse des CBR étrangers
des banques tunisiennes sur leurs capacités à accéder
aux différents produits / services
Compensation et règlement
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Services de changes
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Services d'investissement
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Financement du commerce
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Virements électroniques internationaux
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Prêts
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95,8%
91,7%
91,7%
87,5%
4,2% 0,0%
4,2%
83,3%
12,5%
75,0%
12,5%
8,3%
0,0%
0,0%
16,7%
8,3%
0,0%
8,3%
Important Modérément important aucun impact
Source : Travail personnel
D'après ce graphique, nous remarquons que 91.7% des
banques interrogées ont signalé que l'activité principale
affectée par le phénomène du « De-risking » est
celle qui concerne le transfert des fonds et principalement les virements
électroniques internationaux.
Ces banques ont trouvé que l'impact du «
De-Risking » sur cette activité est très important et
perturbe leurs relations clients. Prenons l'exemple d'un client qui se trouve
bloqué de régler sa facture pour le compte de son fournisseur
à cause d'absence ou de restrictions de la part du correspondant
étranger de sa banque, par conséquent il va changer de banque.
Dans ce même contexte, plusieurs banques tunisiennes ont
du suspendre leurs opérations avec les banques syriennes, depuis que la
Syrie a été classée comme pays à haut risque et que
le FATCA a interdit tout échange avec elle. De ce fait, ces banques ont
perdu des clients qui font des importations de la Syrie.
Question 7: Veuillez nous indiquer
l'impact de la baisse des CBR étrangers de votre banque sur votre
capacité à servir les clients / segments de clientèle
suivants ?
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°41 : Impact de la baisse des CBR étrangers
des banques tunisiennes sur leurs capacités à servir leurs
clients / segment client
100,0% 95,8%
0,0% 0,0%
33,3%
4,2%
0,0%
0,0%
66,7%
Transfert d'argent Trasnfert de fonds aux fournisseurs Petits et
moyens exportateurs
Important Modérément important aucun impact
Source : Travail personnel
Comme nous l'avons déjà évoqué
dans la question numéro 6, les clients affectés par la baisse des
CBR étrangers auprès des banques tunisiennes sont principalement
les commerçants. 95.8% des banques interviewées ont
répondu que ces derniers qui font de l'importation qui ont besoin des
devises pour régler leurs factures pour le compte de leurs fournisseurs
sont les plus touchés par les décisions de résiliation des
CBR étrangers. 66.7% ont trouvé que les petits et moyens
exportateurs sont modérément impactés.
En effet, d'après les responsables interviewés,
les clients les plus touchés par la baisse ou les restrictions sur les
CBR étrangers sont les importateurs auprès des pays à
risque élevé avec lesquels les organes de contrôle ont
interdit tout échange.
Avec de telles restrictions, certains clients des banques ont
fait faillite car ils ne peuvent plus continuer leurs activités et les
banques ont perdu, de ce fait, des clients.
Question 8: Lorsque votre CBR a
été résilié ou restreint à
l'étranger, a-t-il été en mesure de trouver des
remplaçants ou d'établir une solution de rechange pour chaque
relation résiliée (c.-à-d. Maintenir le nombre de CBR)
?
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°42 : Solution trouvée pour la
résiliation / restriction des CBR
Oui
Non
12,5%
87,5%
Source : Travail personnel
Près de 88% des banques dont les CBR ont
été fermées ou restreintes ont été capables
de trouver des CBR de remplacement. 12.5% seulement, n'ont toujours pas pu
trouver de remplaçants ni d'arrangements alternatifs (Figure 29).
Ce pourcentage de 12.5% correspond à trois banques qui
n'ont pas encore trouvé de remplacements. Ceci est le cas des banques
qui ont traité auparavant avec des Shell bank ou avec des clients
douteux et qui ont été sanctionnées ou averties par les
organismes de contrôle. Parmi ces trois banques, deux sont publiques.
Sur les quatre banques publiques, deux sont menacées
dans leur rentabilité à cause des difficultés qu'elles
affrontent à trouver des correspondants étrangers nouveaux. En
effet, ce blocage incite leurs clients à changer de banque pour
accomplir leurs opérations internationales.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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85
Figure n°43 : Comment avez-vous trouvé la
solution
Extrêmement difficile
Difficile
Pas difficile
0,0%
34,8%
65,2%
Série1
70,0%
60,0%
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
0,0%
Source : Travail personnel
Parmi les banques qui ont pu trouver des remplaçants
ou des solutions de remplacement, 65.2% d'entre elles ont répondu
qu'elles ont facilement trouvé un CBR de remplacement ou des
arrangements alternatifs. Tandis que plus de 34% ont déclaré
qu'il était extrêmement difficile d'obtenir un CBR de remplacement
ou de trouver un autre moyen. Certaines banques ont évoqué un
coût important en temps et en argent, en plus des conditions qui ne sont
plus comparables à celles de leurs CBR antérieures.
SECTION 4 : SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS
Dans ce qui suit nous allons présenter les
réponses des banques interviewées sur les solutions que nous
avons proposé dans le questionnaire pour faire face aux
résiliations des CBR étrangers et pour pallier aux
conséquences du phénomène de « De-risking » dans
l'avenir.
Nous avons jugé opportun de diviser les solutions en
solutions pour les banques privées et celles pour les banques publiques.
Ce choix peut être justifié par les difficultés
structurelles dont souffrent les banques publiques tunisiennes et qui les
contraignent à revenir à leurs autorités de tutelles et
les empêchent de suivre leurs homologues privés dans les
dispositions prises pour se conformer aux exigences de conformité de
leurs correspondants étrangers.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Question 9: Selon vous, quelles sont les
solutions les plus efficaces du secteur privé pour
traiter ou prévenir les pressions CBR ?
Figure n°44 : Solutions pour le secteur privé
100,0% 100,0%
83,3%
79,2%
8,3%
33,3%
62,5%
50,0%
41,7%
29,2%
Établir ou étendre les RCB alternatives
Consolidation du trafic transactionnel à travers les
banques intermédiaires
Renforcer votre conformité aux exigences LAB / CFT
Améliorer la communication directe avec les banques
correspondantes pour clarifier les politiques et les attentes en matière
de gestion des risques
Demander à la BCT de jouer le rôle de
médiateur auprès des autorités compétentes de la
banque correspondante
Mettre en oeuvre des initiatives visant à rassurer les
banques correspondantes exp questionnaire Wolfsberg
Consolidation des transactions (en aval) par des
correspondants
Solutions pour améliorer l'automatisation de la diligence
raisonnable et du partage de l'information (p. Ex., Utilitaires KYC,
identificateur d'entité légale)
Utilisation de Fintech (par exemple, identité
numérique, blockchain)
Ajustements à la clientèle
Source : Travail personnel
RCB54
54 : Relation de correspondance bancaire
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phénomène ?
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Dans cette question, nous avons cherché à aider les
banques affectées à trouver des solutions à la
résiliation /restriction des CBR étrangers à travers la
proposition de dix solutions pouvant être pertinentes, que d'autres pays
ont essayé et ont trouvé appropriées pour ce
problème à condition de mobiliser les ressources
nécessaires.
Donc pour le secteur privé, il y a deux solutions que
les banques ont trouvé nécessaires et incontournables. La
première, avec un taux de réponse de 100% porte sur le
renforcement de la conformité des banques aux exigences du GAFI en
matière de lutte anti-blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme. Les banques doivent être conformes aux exigences et aux 40
recommandations du Groupe d'Actions Financières.
La deuxième avec un taux de réponse de 100%
également, consiste à améliorer la communication directe
avec les banques correspondantes pour clarifier les politiques et les attentes
en matière de gestion des risques. En effet, plusieurs banques ne se
soumettent pas aux questionnements de leurs correspondants et ne communiquent
pas avec eux pour connaitre leurs obligations en matière de LAB / FT et
garder leur CBR en activité. Dans le cadre d'une étude faite par
le AMF, IMF et BM en 2016 sur le « De-risking » dans la zone MENA, un
questionnaire a été proposé à toutes les banques
installées sur le territoire tunisien. Seulement deux banques
tunisiennes sur 31 ont répondu à ce questionnaire. Un
questionnaire proposé par la banque correspondante envoyé
à une banque tunisienne doit être pris avec beaucoup de
sérieux.
De plus, 83.3% des banques questionnées ont
trouvé que le fait de demander au régulateur bancaire ou à
la banque centrale concernée de jouer le rôle de médiateur
auprès des autorités compétentes de la banque
correspondante pourrait être une solution à suivre. La BCT a un
rôle important à jouer dans les relations de correspondance entre
les banques tunisiennes et leurs correspondants étrangers. Ce rôle
se manifeste par le fait que la BCT se porte garante pour la banque
correspondante, de ce fait elle rassure cette dernière et assure
l'activité de la banque tunisienne avec son correspondant à
l'étranger.
Question 10: Selon vous, quelles sont
les solutions les plus efficaces du secteur public pour
contrer ou prévenir les pressions en matière de CBR ? Veuillez
cocher tout applicable.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Figure n°45 : Solutions pour le secteur public
83,3% 79,2%
91,7%
Améliorer la réglementation et la supervision, en
particulier pour la LBC / FT, dans votre juridiction
Clarifier les attentes réglementaires (par les
régulateurs des juridictions qui accueillent les banques
correspondantes)
Clarifier les normes internationales
Compensation publique des coûts de mise en
conformité
Établir des systèmes régionaux de paiement
et de dédouanement
Source : Travail personnel
Concernant les solutions pour le secteur public, 91.7% des
banques interviewées ont trouvé que l'amélioration de la
réglementation et de la supervision en particulier pour la lutte contre
le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme est une solution
incontournable. En effet, vu le coût très élevé de
l'activité de la conformité, la plus part des banques publiques
ont des difficultés à suivre la réglementation et à
prendre les mesures nécessaires en matière de LAB/FT. La raison
évoquée par toutes les banques est le manque des ressources
nécessaires accordées au département conformité et
la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Comme
nous l'avons déjà évoqué au deuxième
chapitre, pour qu'une banque soit totalement conforme aux recommandations du
GAFI, elle doit allouer une somme importante pour le département
cité ci-dessus. C'est pour cela que ces dernières cherchent
toujours à trouver une nouvelle solution afin d'éviter tout genre
de problème qui peut agir directement sur leurs activités. Parmi
ces solutions, peut être le soutien financier de la BCT. La BCT peut
financer l'effort des banques publiques dans la mise en place de dispositifs de
conformité et de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement
du terrorisme sous forme de prêt dédiée à la
conformité.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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88
89
La deuxième solution trouvée pertinente avec un
pourcentage de 83.3%, est celle de la clarification des attentes
réglementaires par les régulateurs des juridictions qui
accueillent les banques correspondantes. En effet, d'après quelques
banques, leurs correspondantes à l'étranger ont pris la
décision de mettre fin à leur relation du jour au lendemain,
elles n'ont pas pris le temps à trouver des solutions ou bien de les
prévenir.
79.2% des banques questionnées, ont trouvé que
la BCT n'est pas en train de bien jouer son rôle dans la clarification
des normes internationales. Même si cette dernière émet
chaque année des circulaires aux banques, elle les incite à
déployer davantage d'effort en suivant les instructions de la circulaire
publiée, mais certaines banques ne trouvent pas ça suffisant.
Une autre solution peut être envisageable dans le cadre
des banques publiques est la privatisation. Cette solution peut apporter les
moyens financiers et l'efficacité managériale pour implanter un
système responsable et efficace de la conformité et de la lutte
contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Conclusion
Ce dernier chapitre a été consacré pour
l'étude du phénomène de « De-risking » du point
de vu des banquiers qui en souffrent. Pour cela nous avons
élaboré un questionnaire que nous avons soumis aux responsables
de 24 banques tunisiennes. L'objectif de ce questionnaire est de
détecter l'impact du phénomène de « De-risking »
sur l'activité des banques interviewées, ses causes ainsi que les
solutions pour faire face à ce problème major qui occupe de nos
jours une grande importance auprès des organismes de contrôle.
Dans la première partie de ce chapitre nous avons
présenté notre questionnaire, ainsi que l'échantillon de
banques interviewées. Ensuite, nous avons procédé à
l'analyse du questionnaire que nous avons divisé en trois parties. La
première nous a fourni des renseignements généraux
relatifs à l'établissement interviewé. La deuxième
partie nous a éclairé sur les règles et les
procédures de conformité utilisées par les banques. Enfin,
la dernière partie qui représente l'analyse du « De-risking
» dans les banques tunisiennes.
D'après les résultats que nous avons obtenu,
nous remarquons que la majorité des banques questionnées ont
été impactées par le « De-risking ». Le
changement significatif des CBR étrangers et la diminution du volume de
travail avec eux ont privé les banques d'une de leurs sources de revenus
et les ont fait perdre des clients.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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Les juridictions les plus concernées par ces
réductions de CBR sont les États-Unis ainsi que la Grande
Bretagne vue que ce sont celle les plus rigides et contraignantes en termes
juridique et règlementaire.
Pour ce qui est de devises, le dollar américain et
l'Euro sont les plus touchés avec des pourcentages respectifs de 95% et
85%.
Parmi les causes les plus évoquées par les
correspondants étrangers se trouvent les déficiences
règlementaires stratégiques en matière de LAB/FT et la
non-conformité à grand nombre des recommandations du GAFI.
En ce qui concerne l'impact du « De-risking » sur
l'activité de la banque, nous avons trouvé que les virements
électroniques sont les plus touchés. De ce fait, la banque n'aura
plus l'occasion de faire des transferts électroniques pour les comptes
des fournisseurs étrangers de ses clients qui font des importations par
exemple. Cela concerne les relations d'affaires des clients avec l'Afrique et
l'Asie de l'Est et Pacifique.
Finalement pour ce qui est des solutions, nous remarquons que
pour le secteur privé les deux meilleures solutions selon les
réponses des banques questionnées sont le renforcement de la
conformité des banques aux exigences LAB/FT, ainsi que
l'amélioration de la communication directe avec les banques
correspondantes. Pour le secteur public, l'amélioration de la
réglementation et la supervision LAB/FT dans notre juridiction est la
solution la plus pertinente selon les réponses des banques.
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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91
CONCLUSION GENERALE :
La conformité et la lutte contre le blanchiment
d'argent et le financement du terrorisme est une nouvelle fonction qui vient
d'être installée au sein des banques suite aux successions des
crises financière. Et petit à petit nous parlons de nos jours de
plus que 500 agents de conformité pour plusieurs grandes banques ; donc
cette fonction a pris une place importante parmi les préoccupations des
établissements financiers.
Mais en Tunisie, cette fonction a récemment vu le
jour, nos banques ne sont pas toutes conformes aux recommandations du GAFI en
ce qui concerne la conformité et la lutte contre le blanchiment d'argent
et le financement du terrorisme.
De plus, le renforcement du cadre règlementaire
international en termes de lutte contre le blanchiment d'argent et le
financement du terrorisme a conduit les banques de plusieurs pays à
élever leurs niveaux de vigilance et limiter voir, même interdire,
les transactions avec des banques situées dans des pays à haut
risques. C'est dans ce cadre que le phénomène de «
De-risking » s'est fait sentir dans le système bancaire tunisien.
En effet, les banques tunisiennes ont enregistré des baisses importantes
dans leurs relations d'affaires avec leurs correspondants étrangers. Ces
derniers, contraints par leurs nouvelles exigences règlementaires, ont
réduit leurs échanges avec les banques tunisiennes qu'ils
considèrent comme étant laxistes en termes d'application des
normes de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du
terrorisme.
C'est dans ce cadre que s'insère notre mémoire
de fin d'études qui se propose d'étudier ce nouveau
phénomène de « De-risking » ainsi que ses
répercussions sur le système bancaire tunisien.
Pour répondre à notre problématique,
nous avons interviewé les banques à travers un questionnaire vu
que les informations dont nous avons besoins ne sont pas disponibles. Nous
avons adressé notre questionnaire aux responsables conformité et
LAB de 24 banques tunisiennes.
Les résultats obtenus confirment que la
majorité des banques qui ont vu leurs CBR étrangers diminuer
d'une manière significative, ont réclamé le
dysfonctionnement de leurs activités bancaires. Effectivement, le «
De-risking » a un impact négatif sur le bon déroulement des
activités de la banque. En effet, une banque frappée par le
« De-risking » risque de ne plus
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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pouvoir émettre des virements électroniques pour
le compte de sa clientèle surtout en ce qui concerne les importateurs
pour le paiement de leurs fournisseurs, ainsi que l'ouverture de la lettre de
crédit et le financement du commerce international.
En ce qui concerne les solutions, nous pouvons conclure que
pour le secteur privé les deux meilleures solutions englobent le
renforcement de la conformité des banques aux exigences LAB/FT, ainsi
que l'amélioration de la communication directe avec les banques
correspondantes. Pour le secteur public, l'amélioration de la
réglementation et la supervision LAB/FT dans notre juridiction est la
solution la plus pertinente.
De ce fait, les banques devraient être de plus en plus
motivées pour renforcer leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment
d'argents et le financement de terrorisme dans le but de répondre aux
exigences réglementaire dictée par les autorités de
contrôle internationales. Pour cela, les responsables et le personnel de
la banque nécessitent plus de formations afin d'améliorer la
culture « conformité » dans leurs établissements.
Le renforcement des normes de conformité LAB/FT des
banques tunisiennes et la conformité aux exigences du GAFI devraient
conduire à la reprise des relations de correspondances bancaires avec
l'étranger. Ceci permet d'améliorer la crédibilité
du secteur bancaire tunisien vis à vis des organes de régulations
internationaux, assainir le climat des affaires et de lever les soupçons
sur l'engagement du pays dans le terrorisme sur la scène
internationale.
Enfin, ce travail constitue une modeste contribution à
éclairer cette question novatrice du « De-risking ». Il s'est
limité à une analyse descriptive du phénomène et de
ses répercutions vue la nouveauté de la question et
l'indisponibilité de données chiffrées permettant de
conduire d'autres types d'analyses. De plus, le questionnaire lui-même
présente des limites dues à la subjectivité des
interviewés et aux réponses manquantes par souci de
confidentialité.
Des études ultérieures, basées sur des
analyses économétriques permettront de mieux cerner l'impact du
« De-risking » sur la rentabilité des banques tunisiennes.
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
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92
Bibliographie
Articles & rapports :
· 2nd Enhanced Follow-Up Report for Tunisia Re-
Ratings Request Anti-Money Laundering and Combating the Financing of Terrorism
Report MENA FATF Tunisia 6 December 2017
· Bank for International Settlements (2016),
Committee on Payments and Market Infrastructures: Correspondent Banking
· Baromètre de la fonction Compliance en
Tunisie, Deloitte, Février 2018
· Circulaire BCT n°08 2017
· Code de déontologie BIAT publié en
2012
· Committee on Payments and Market Infrastructures,
Correspondent banking Report 2016, Bank for International Settlements
· Correspondent Banking Survey 2 Bank Supervision
Department, November 2016, THE CENTRAL BANK OF THE BAHAMAS
· De la conformité réglementaire
à la performance : une approche multidimensionnelle du risque juridique
septembre 2009 : Christophe Raquilly centre de recherche legal EDHEC
· Décision de la Commission Tunisienne des
Analyses Financières n°2017-02 du 2 mars 2017 portant principes
directeurs aux professions financières sur la détection et la
déclaration des opérations et transactions suspectes.
· De-risking and the demise of correspondent banking
relationships, Accuity, 2017, Henry Balani
· De-risking of correspondent banking relationships:
threats, challenges and opportunities ,James a. Haley, january 2018
· Devoir de diligence des banques au sujet de la
clientèle, comité de Bâle sur le contrôle bancaire,
octobre 2001
· Financial inclusion and de-risking, Accuity,
2017
· Financial Stability Board, Correspondent Banking
Data Report - Update 6 March 2018
· Guide opérationnel de la lutte
anti-blanchiment dans la banque Odilon Audauin 2007 Edition AFGES
· International Monetary Fund (2016), «The
Withdrawal of Correspondent Banking Relationships: A Case for Policy
Action,» IMF Staff Discussion Note SDN/16/07, June
· Is De-risking Riskier than a Risk-Based Approach?
Accuity; OCTOBER 2015
·
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
93
LA GOUVERNANCE BANCAIRE DANS LA LUTTE CONTRE LE
BLANCHIMENT DE CAPITAUX, Philippe Tauzin, Lavoisier | « Revue
internationale d'intelligence économique », 2014/1 Vol. 6 | pages
37 à 49
· Les nouveaux défis de la conformité
: périmètre de la fonction cartographie des risques de
non-conformité Mais 2015 Marie Agnès NICOLET
· Mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux
et le financement du terrorisme, Tunisie, Rapport d'évaluation mutuelle,
Mai 2016, MENAFATF
· Normes internationales sur la lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et de la
prolifération, les recommandations du gafi, février 2012, mises
à jour en octobre 2016
· Rapport « Rétrospective 2011,
Perspectives 2012 », Amen Invest, Mars 2011
· Rapport Annuel sur la Supervision Bancaire, BCT
2016
· Rapport Annuel sur la Supervision Bancaire BCT
2017
· Rapport Banque Internationale Arabe de Tunisie
(BIAT) 2016
· Réglementation bancaire : recueil de
textes
· Report RMB internationalisation: Where we are and
what we can expect in 2018, SWIFT (The global provider of secure financial
messaging services)
· Sensibilisation de la lutte anti-blanchiment et au
financement de terrorisme octobre/novembre 2009 Med Hedi Chaker Centre de
développement des compétences CDC BIAT
· Tenth survey on correspondent banking in euro
2016, European Central Bank
· Withdrawal of Correspondent Banking Relationships
(CBRs) in the Arab Region, Report IMF, AMF, BM September 2016
· World Bank Report 2015 on the G20 Survey on
De-risking Activities in the Remittance Market.
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
94
Webographie
·
http://fatf.gafi.org
·
http://Ilboura.com
·
http://Imf.org
·
http://menaFATF.org
·
http://transparency.org
·
http://un.org
·
http://wolfsberg-principles.com
· http://www.apbt.org.tn/
· http://www.bct.gov.tn/
· http://www.bis.org/
· http://www.bvmt.com.tn/
·
http://www.fatf-gafi.org/countries/s-t/tunisia/documents/mer-tunisia-2016.html
· https://accuity.com/
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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95
Annexes :
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
Annexe1 : Questionnaire proposé aux
banques
Ministère de l'Enseignement Supérieur Et de
la Recherche Scientifique Université de Tunis Institut Supérieur
de Gestion
Questionnaire relatif à la conformité et la
prévention du blanchiment de capitaux
Proposé par Chedly Manouba, étudiant en
mastère Risk-management à l'ISG de Tunis.
Afin de nous aider à élaborer notre recherche en
matière de « De-risking », nous vous prions de bien vouloir
renseigner le questionnaire suivant en détaillant vos réponses
quand c'est nécessaire.
Nom de l'établissement :
Nom de la personne responsable : Fonction
:
96
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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97
I. Renseignements relatifs à
l'établissement
1. Quel est le type de votre banque ?
Privée Publique Offshore
2. Quelle est la taille de votre banque ?
Petite Moyenne Grande
3. Principales activités de votre
établissement :
Opérations de banque commerciale
Gestion privée
Services d'investissement
Gestion d'actifs
Assurance
Banque correspondante
Banque de détail
Autres :
II. Règles et procédures
1. Votre établissement a-t-il mis en place une
procédure de lutte contre le blanchiment de capitaux et le
financement du terrorisme ?
Oui Non
2. Votre établissement a-t-il
désigné un responsable en charge de la coordination et de la
surveillance de votre politique en matière de prévention du
blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme ?
Oui Non
3. Quel est le rôle de la direction dans la
mise en oeuvre et le suivi de la conformité et de ses
procédures ?
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
4. Combien de personnes participent à la fonction
de conformité ? Les activités
de la conformité sont-elles centralisées ou
décentralisées ?
5. Votre établissement a-t-il une obligation
de collecte de renseignements sur les activités commerciales de ses
clients ?
Oui Non
6. Votre établissement recueille-t-il les
informations et évalue-t-il les politiques et pratiques des
établissements de crédit faisant partie de sa clientèle,
à l'égard de la LAB/FT ?
Oui Non
7. Les procédures de votre
établissement contiennent-elles les éléments
suivants ?
Identification du client et sa vérification
(par exemple : nom, nationalité, adresse, numéro de
téléphone, profession, âge/date de naissance, nombre et
type de pièces d'identité valides, ainsi que le nom de la
province ou de l'Etat qui les ont délivrées)
Oui Non
Procédure de connaissance du client :
Oui Non
Identification de PPE (Personnes Politiquement
Exposées) :
Oui Non
8. Votre établissement dispose-t-il de
procédures lui permettant de s'assurer raisonnablement qu'il ne traite
qu'avec des correspondants bancaires possédant un agrément dans
leur pays d'origine ?
Oui Non
98
Si oui, lesquelles ?
99
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
9. Votre établissement a-t-il des
procédures lui permettant de s'assurer raisonnablement qu'il
n'effectuera pas d'opération avec ou au nom de « shell »
banques par l'intermédiaire de l'un de ses comptes ou produits
?
Oui Non
Si oui, lesquelles ?
10. Votre institution tient-elle des registres sur les
relations d'affaires ?
Oui Non
Si oui, pendant combien de temps ? Ans
III. Le De-risking
1. Votre banque a-t-elle connu des changements dans le
nombre de relations de
correspondance bancaire avec des correspondants bancaires
étrangers depuis 2010 ?
E Oui, augmenté de manière significative E Oui,
fortement diminué
E Oui, diminué de manière significative E Pas de
changement significatif
E Inconnu
2.
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
|
Veuillez indiquer le nombre de comptes Nostro qui ont
été résiliés et / ou les restrictions
imposées par des institutions financières
étrangères entre 2010 et 2017
|
Comptes terminés
|
Comptes limités
|
Préciser les types de restrictions
|
2010
|
|
|
|
2011
|
|
|
|
2012
|
|
|
|
2013
|
|
|
|
2014
|
|
|
|
2015
|
|
|
|
2016
|
|
|
|
2017
|
|
|
|
|
3. Veuillez énumérer jusqu'à
cinq juridictions (emplacements) où les banques correspondantes
étrangères ont résilié et / ou imposé des
restrictions sur votre banque en tant que clients
1.
3.
5.
7.
100
5
4. Quelles ont été les causes / facteurs
principaux dans les décisions des
institutions financières étrangères
de résilier ou de restreindre les relations de correspondants bancaires
(CBR) étrangers auprès de votre banque ?
Veuillez cocher lorsque c'est applicable :
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
101
Causes / Pilotes
|
Vérifiez si applicable
|
Classement par signification
(1 le plus, 16 le moins)
|
a. Imposition de sanctions internationales sur votre
juridiction
|
n
|
|
b. Imposition de mesures d'exécution par
l'autorité nationale à l'institution financière
étrangère concernée
|
n
|
|
c. Votre juridiction est soumise à des contre-mesures
ou identifiée comme ayant des déficiences stratégiques
en matière de LBC / FT par le GAFI (ou un autre organisme
international)
|
n
|
|
d. Préoccupations concernant les risques de blanchiment
d'argent et de financement du terrorisme dans votre juridiction
|
n
|
|
e. La cote de risque de crédit souverain de votre
juridiction
|
n
|
|
f. Incapacité / coût pour les institutions
financières étrangères d'entreprendre une
vérification diligente de la clientèle (CDD) auprès des
clients de vos institutions financières
|
n
|
|
g. La clientèle à risque élevé de
vos institutions financières
|
n
|
|
h. Le non-respect par les institutions financières de la
LBC / FT ou des sanctions
|
n
|
|
i. Préoccupations ou insuffisances concernant les
contrôles internes de vos institutions financières en
matière de LBC / FT et les sanctions, y compris les procédures de
DVC (à des fins de LBC / FT ou de sanction)
|
n
|
|
j. Impact des réformes de la réglementation
financière convenues au niveau international (autres que la LBC / FT)
(par exemple, normes de Bâle III sur les fonds propres et les
liquidités, transparence fiscale et échange d'informations
fiscales)
|
n
|
|
k. Changements apportés aux exigences légales,
réglementaires ou prudentielles dans la juridiction des institutions
financières étrangères qui ont des implications sur le
maintien des RBC (par exemple, les sanctions américaines et FATCA)
|
n
|
|
l. L'appétit global pour le risque de l'institution
financière étrangère
|
n
|
|
m. Respect des exigences juridiques / de surveillance /
réglementaires préexistantes par les institutions
financières étrangères
|
n
|
|
|
n.
|
Consolidation de l'industrie dans la juridiction d'une
institution financière étrangère
|
?
|
|
o.
|
Changements structurels aux institutions financières
étrangères (y compris fusion / acquisition) et / ou
réorganisation du portefeuille d'activités
|
?
|
|
p.
|
Manque de rentabilité de certains services / produits
CBR étrangers
|
?
|
|
|
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
Si 4g) a été coché, s'il vous
plaît, spécifiez les catégories de clients à haut
risque :
1.
3.
5.
7.
9.
102
5. Veuillez décrire l'impact de la baisse des CBR
étrangers de votre banque sur
votre capacité à effectuer des
opérations en capital et en compte courant libellées en devises
étrangères (en votre nom ou au nom de vos clients), par
région :
Région
|
Important
|
Modérément important
|
Insignifiant / Aucun Impact
|
Inconnu
|
1. Afrique
|
|
|
|
|
2. Asie de l'Est et Pacifique
|
|
|
|
|
3. Europe et Asie centrale
|
|
|
|
|
4. Région arabe
|
|
|
|
|
5. Asie du sud
|
|
|
|
|
|
6.Amérique du Nord, excluant les États-Unis
|
|
|
|
|
7. Etats-Unis
|
|
|
|
|
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
103
6. Veuillez nous indiquer l'impact de la baisse des CBR
étrangers de votre
banque sur votre capacité à accéder
aux produits / services suivants :
Produit / Service
|
Important
|
Modérément important
|
Insignifiant/ Aucun impact
|
Inconnu
|
Compensation et règlement
|
|
|
|
|
Services de gestion de trésorerie (comptes de
dépôt, payables par comptes)
|
|
|
|
|
Vérifier la compensation
|
|
|
|
|
Services d'investissement (comptes du marché
monétaire, comptes d'investissement, certificats de dépôt,
comptes de négociation de titres)
|
|
|
|
|
Financement du commerce / Lettres de crédit / Collections
documentaires
|
|
|
|
|
Virements électroniques internationaux (veuillez
préciser la devise / les devises)
|
|
|
|
|
Prêt
|
|
|
|
|
Services de change
|
|
|
|
|
Structuré Finance
/Étranger
Investissements
|
|
|
|
|
7.
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
|
104
Veuillez nous indiquer l'impact de la baisse des CBR
étrangers de votre banque sur votre capacité à servir
les clients / segments de clientèle suivants :
Segments client / client
|
Important
|
Modérément important
|
Insignifiant/ Aucun impact
|
Inconnu
|
Opérateurs de transfert d'argent (MTO)
|
|
|
|
|
Autres entreprises de transfert de fonds / fournisseurs de
services
|
|
|
|
|
Petits et moyens exportateurs
|
|
|
|
|
Autres (veuillez préciser, ajouter des lignes si
nécessaire)
|
|
|
|
|
|
8. Lorsque votre CBR a été
résilié ou restreint à l'étranger, a-t-il
été en mesure de trouver des remplaçants ou
d'établir une solution de rechange pour chaque relation
résiliée (c.-à-d. Maintenir le nombre de CBR)
?
? Oui, remplacements trouvés
Veuillez expliquer le niveau de difficulté avec lequel ils
ont pu remplacer leurs CBR étrangères :
Extrêmement difficile
|
Difficile
|
Pas difficile
|
? Non, incapable de trouver des remplacements
? Non, incapable de trouver des remplaçants mais a
trouvé d'autres moyens de répondre à leurs besoins
(lesquels) ?
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
105
9. Selon vous, à votre avis, quelles sont les
solutions les plus efficaces du
secteur privé pour traiter ou
prévenir les pressions CBR ? Veuillez cocher tout applicable. S'il vous
plaît classer par signification.
Solutions du secteur privé
|
Vérifiez si applicable
|
Classement par signification (1 le plus ; -
11 le moins)
|
a. Établir ou étendre les RCB alternatives
|
El
|
|
b. Consolidation du trafic transactionnel à travers
les banques intermédiaires (" downstreaming ")
|
El
|
|
c. Renforcer votre conformité aux exigences LAB / CFT
|
El
|
|
d. Améliorer la communication directe avec les
banques correspondantes pour clarifier les politiques et les attentes en
matière de gestion des risques
|
El
|
|
e. Demander au régulateur bancaire ou à la
banque centrale concernée de jouer le rôle de médiateur
auprès des autorités compétentes de la banque
correspondante
|
El
|
|
f. Mettre en oeuvre des initiatives visant à rassurer
les
banques correspondantes (par exemple, questionnaire
Wolfsberg sur la correspondance bancaire)
|
El
|
|
g. Consolidation des transactions (en aval) par
des correspondants
|
El
|
|
h. Solutions pour améliorer l'automatisation de la
diligence raisonnable et du partage de l'information (p. Ex., Utilitaires
KYC, identificateur d'entité légale)
|
El
|
|
i. Utilisation de Fintech (par exemple,
identité numérique, blockchain)
|
El
|
|
j. Ajustements à la clientèle
|
El
|
|
k. Autres (s'il vous plaît spécifiez)
|
El
|
|
|
10. Selon vous, à votre avis, quelles sont les
solutions les plus efficaces du
secteur public pour contrer ou prévenir les
pressions en matière de CBR ? Veuillez cocher tout applicable. S'il vous
plaît classer par signification.
Solutions du secteur public
|
Vérifiez si applicable
|
Classement par signification (1 le plus, 6 le
moins)
|
a. Améliorer la réglementation et la supervision,
en particulier pour la LBC / FT, dans votre juridiction
|
El
|
|
b. Clarifier les attentes réglementaires (par les
régulateurs des juridictions qui accueillent les
banques correspondantes)
|
El
|
|
c. Clarifier les normes internationales
|
El
|
|
d. Compensation publique des coûts de mise
en conformité
|
El
|
|
|
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
106
e. Établir des systèmes régionaux de
paiement et de dédouanement
|
?
|
|
f. Autres (s'il vous plaît spécifiez)
|
?
|
|
|
D'avance, nous vous remercions pour votre collaboration et
pour les réponses que vous nous apporterez.
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
107
Annexe 2 : Chronologie des échanges entre l'UE
et les autorités tunisiennes
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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108
Annexe 3 : Lettre du ministre des finances
envoyée au groupe Code de Conduite le 4 décembre
2017
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
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|
109
110
111
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE : 1
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE L'ORGANISME D'ACCUEIL 4
INTRODUCTION 5
SECTION 1 : EVOLUTION DU SYSTEME BANCAIRE TUNISIEN 5
1.1. Evolution du nombre d'établissements
agréés : 6
1.2. Principaux indicateurs du secteur bancaire : 7
1.3. Les difficultés actuelles du secteur bancaire :
8
SECTION 2 : PRESENTATION DE LA BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE
TUNISIE 9
2.1. Carte d'identité de la BIAT 10
2.2. Historique : 10
2.3. Gouvernance : 12
2.4. Stratégie et perspectives : 13
2.5. Actionnaires : 13
2.6. Evolution de la BIAT : 14
2.6.1. Les effectifs : 14
2.6.2. Dépôts et crédits clientèle :
16
2.6.3. Le Produit net bancaire : 17
2.6.4. Le Résultat Net : 18
2.6.5. Le Ratio de liquidité : 19
2.7. Chiffres clés de l'année 2016 : 21
SECTION 3 : PRESENTATION DE LA DIRECTION CENTRALE DU
CONTROLE PERMANENT ET DE LA
CONFORMITE 21
3.1. Le contrôle permanent 21
3.1.1. La direction du contrôle permanent 21
3.1.2. La direction conformité et LAB 22
3.1.3 La direction du risque opérationnel 22
3.1.4 Le responsable RSSI 22
3.2. Le contrôle périodique 22
3.2.1. La direction de l'inspection 22
3.2.2. La direction de l'audit 22
3.3. Les missions effectuées lors de la période du
stage 23
CONCLUSION 23
CHAPITRE 2 : CONFORMITE ET LAB/FT 24
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Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
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INTRODUCTION 25
SECTION 1 : CONFORMITE ET LUTTE ANTI-BLANCHIMENT ET
FINANCEMENT DU TERRORISME (LAB/FT)
26
1.1. Enjeux de la conformité 27
1.1.1. Définition du risque de non-conformité 27
1.1.2. Les risques encourus 27
1.1.2.1. Risque de sanction judiciaire 27
1.1.2.2. Risque de pertes financières 27
1.1.2.3. Risque de sanction administrative ou disciplinaire 28
1.1.2.4. Risque de réputation 29
1.1.3. La gestion du risque de non-conformité dans les
banques tunisiennes : état des lieux 29
1.1.4. Cadre réglementaire international 30
1.1.4.1. Le GAFI 30
1.1.4.2. Le comité de Bâle 32
1.1.4.3. Wolfsberg Group 33
1.1.4.4. USA PATRIOT ACT 33
1.1.4.5. Le FMI 33
1.1.4.6. L'ONU 34
1.2. Le périmètre de la conformité 34
1.2.1. Le blanchiment d'argent 34
1.2.1.1. Les étapes du blanchiment d'argent 34
1.2.2. Le financement du terrorisme 35
1.2.3. Les mesures de vigilance KYC / KYCC 35
1.2.4. La Gouvernance 36
1.2.5. L'approche par les risques 37
1.2.6. La formation du personnel en matière de
conformité 38
SECTION 2 : LE « DE-RISKING » 38
2.1. Présentation du phénomène 39
Définition 39
2.2. La relation de correspondance bancaire 39
2.2.1. Les comptes Nostro et Vostro 40
2.2.2. Les comptes imbriqués 41
2.2.3. Les facteurs ayant induit le De-risking 43
2.2.4. Les répercussions du phénomène de
« De-risking » 43
2.3. Analyse du phénomène 46
Le « De-risking » dans le monde 46
Le « De-risking » dans la région MENA 51
2.3.1. La situation de la Tunisie par rapport aux recommandations
du GAFI 54
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
CONCLUSION 59
CHAPITRE 3 : « LE DE-RISKING », ETUDE DU PROBLEME 61
INTRODUCTION 62
SECTION 1 : DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE 62
1.1. Objectif du questionnaire 62
1.2. Description du questionnaire 63
1.2.1. Présentation de la population 65
SECTION 2 : ANALYSE DES RESULTATS PRELIMINAIRES 66
2.1. Analyse de la première partie (Renseignements
relatifs à l'établissement) 66
2.2. Analyse de la deuxième partie (Règle &
procédures) 68
SECTION 3 : ANALYSE DU PHENOMENE DE « DE-RISKING »
73
SECTION 4 : SOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS 84
CONCLUSION 88
CONCLUSION GENERALE : 90
BIBLIOGRAPHIE 92
WEBOGRAPHIE 94
ANNEXES : 95
TABLE DES MATIERES 109
|
Le « De-Risking », Comment combattre ce
phénomène ?
|
|
112
Soyons transparent, proche et à l'écoute de nos
correspondants bancaires.
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