Entrées en politique. Essai sur la rationalité des candidatures émergentes à l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Isaac Essame Université de Douala - Master2 recherche en science politique 2013 |
MEMOIRE DE MASTER II SOCIOLOGIE POLITIQUE LA RATIONALITE DES CANDIDATS EMERGENTS A L'ELECTION PRESIDENTIELLE DE 2011 AU CAMEROUN Rédigé par ESSAME Isaac Sous la direction de Dr Albert MANDJACK Chargé de cours Sous la supervision de Pr Janvier ONANA Agrégé de science politique Année académique 2010/2011 AvertissementDédicaceRemerciementsEn préambule de ce mémoire, je souhaite adresser mes plus sincères remerciements à Monsieur Albert Mandjack et Monsieur Janvier Onana, qui, en leurs qualités respectives de directeur de mémoire et de superviseur ont su m'accorder de leur attention, de leur temps et surtout de leur esprit critique. J'aimerais également remercier Messieurs joel Atangana et Jean -Roger Abessolo ainsi que tous les autres auteurs cités dans ce mémoire, qui, même s'ils ne le savent pas, m'ont été d'une aide infinie en publiant des ouvrages d'une grande qualité, sans lesquels ce mémoire n'aurait pas pu voir le jour. L'aide et le soutien de mes proches et amis ont été précieux, je les en remercie, ainsi que de leurs relectures attentives et de leurs conseils avisés. SommaireIntroductionC'est dans un contexte de jeu politique fermé où il est difficile d'arriver et de bousculer les lignes1(*)que 23 candidats sont entrés en compétition à l'élection présidentielle du 09 octobre 2011. Il s'agissait alors de la quatrième élection présidentielle depuis le retour au pluralisme politique dans notre pays en 1990 (1992, 1997, 2004 et 2011). I. Cadre historiqueL'élection présidentielle du 09 Octobre 2011 au Cameroun a mis en scène de nombreux entrepreneurs politiques2(*) avec 52 candidatures déclarées dont 23 retenues. C'est qu'au nombre de ceux qui avaient investi le champ politique à partir de 1990, se sont ajoutées de nouvelles figures qui étaient déjà soit des collaborateurs des entrepreneurs politiques traditionnels (Paul Ayah Abine député du RDPC ; Edith Kahbang Walla membre du SDF), soit de nombreux acteurs de la scène politique camerounaise influencés par la modification de la constitution du 14 avril 2008 remettant le candidat naturel du RDPC, Paul Biya en course à 3 ans de la fin de son dernier mandat. C'est dans ce sillage que s'inscrivent les candidatures d'Edith Kahbang Walla, de Paul Ayah Abine et de Momo Jean de Dieu lors de la dernière élection présidentielle. A. Contexte historiqueCela fait suite aux dynamiques internes3(*) et à ce qu'on a appelé « le vent de l'Est », ainsi qu'au discours de la Baule prononcé par le président français, François Mitterrand qui invitait ainsi ses partenaires africains de la France-Afrique à enclencher la démocratisation de leurs Etats4(*).En effet, il faut remonter à l'année 1987 pour trouver les premiers indicateurs du retour au pluralisme politique au Cameroun. C'est qu'avant 1990, le RDPC alors parti unique, applique en son sein le principe des candidatures multiples à l'occasion des élections municipales. Il en sera de même en 1988 avec les élections législatives. Il ne faut non plus négliger dans la perspective des dynamiques du « dedans », l'action de revendication de plus de liberté et d'ouverture politique d'Anicet Ekané, de maître Yondo Black et d'Henriette Ekwé. Et selon un rapport de Transparency international cameroon, « L'année 1990 est marquée au Cameroun par une série de revendications populaires pour plus de démocratie et de liberté. Le chef de l'Etat, Paul Biya, ne restera pas sourd à cet appel du peuple ; c'est ainsi qu'une série de projets de lois sur les libertés d'expression et d'association sera déposée sur la table de l'Assemblé Nationale. Après délibérations et amendements, il en sortira ce que l'on a appelé les « Lois sur les libertés». Le Cameroun renoue ainsi officiellement avec le multipartisme en décembre 1990. Dès février 1991, les premiers partis politiques sont légalisés. Ils sont plus de 300 à ce jour. Les revendications ne cessent pas pour autant. Regroupés au sein de la Coordination de partis politiques et des associations, les toutes nouvelles formations politiques revendiquent l'organisation d'une « Conférence Nationale Souveraine ». Le Chef de l'Etat répondra à cette demande de dialogue par l'organisation d'une « Conférence Tripartite » qui regroupe du 30 octobre au 15 novembre 1991, au Palais des Congrès de Yaoundé, le parti au pouvoir, l'Opposition et la Société civile. Les travaux sont présidés par le tout nouveau Premier Ministre Sadou Hayatou, nommé en avril 1991 à la suite d'un amendement de la Constitution. Dès le 1er mars 1992 et en application des conclusions de la Conférence tripartite, des élections législatives sont organisées. Malgré le boycott de l'opposition radicale, le RDPC en sort vainqueur avec 88 sièges sur les 180 de l'auguste Chambre. Pour obtenir la majorité absolue il doit composer avec le MDR (6 sièges). L'opposition parlementaire est, quant à elle, composée de l'UNDP (68 sièges) et de l'UPC (18 sièges) 5(*)». En revisitant le contexte historique de l'élection présidentielle d'octobre 2011 maitre charles Nguini fait observer que « L'élection présidentielle anticipée du 11 octobre 1992 est la deuxième étape majeure du calendrier électoral issu de la Tripartite. La loi électorale y afférent est adoptée à l'issue d'une session extraordinaire de l'Assemblée Nationale. Cette loi de tendance libérale sera appliquée pendant le scrutin qui connaîtra la participation de 6 candidats. Paul BIYA pour le RDPC en sort vainqueur avec près de 40% des suffrages. John FRU NDI du SDF est classé deuxième ; Bello Bouba MAIGARI de l'UNDP est troisième, suivi de Adamou NDAM NJOYA pour l'UDC, Jean-Jacques EKINDI pour le MP et EMA OTOU PPW pour le RFP. Le 21 janvier 1996, les Conseils municipaux se soumettent au verdict des urnes pour la première fois depuis le retour au multipartisme. Cette élection consacrera la domination des partis d'opposition (UNDP et SDF notamment) dans les principaux centres urbains du pays. Les 18 et 19 mai 1997 se tiennent les deuxièmes législatives pluralistes. Le RDPC en sort vainqueur avec une majorité absolue ; le SDF, l'UDC, l'UNDP l'UPC, le MDR et le MLDC obtiennent eux aussi des sièges. Ces élections seront suivies en octobre de la même année par le scrutin présidentiel, une fois encore boycotté par le SDF. Le président Paul Biya en sort vainqueur. Il a fallu attendre mars 2002 pour voir les camerounais se rendre à nouveau aux urnes dans le cadre des élections législatives et municipales couplées. Cette fois encore le grand vainqueur a pour nom le RDPC ; l'on constate toutefois que le SDF est intraitable dans le Nord-ouest et l'UDC dans le département du Noun. Le 11 Octobre 2004, les camerounais sont à nouveau appelés aux urnes dans le cadre de l'élection présidentielle. Une fois de plus, les partis de l'opposition n'arrivent pas à s'entendre sur la désignation d'un candidat consensuel et se présentent en rangs dispersés à ces scrutins remportés haut la main par le candidat BIYA, avec plus de 80% des voix. Il convient de noter que grâce à l'assistance du PNUD et de certains bailleurs de fonds, l'administration électorale utilise pour la première fois des urnes transparentes. Au sortir de ces élections, une coalition de partis de l'opposition et de la société civile se met en place pour réclamer l'informatisation du processus électoral et la mise en place d'une commission électorale indépendante, en lieu et place du MINATD et de l'ONEL 6(*)». En tant que gouvernement du peuple7(*), la démocratie met en compétition de nombreux acteurs politiques dont le nombre s'accroît dans le temps. L'élection présidentielle apparaît comme un grand moment de la vie politique dans les Etats démocratiques. C'est l'occasion de choisir selon les règles du jeu politique et démocratique le dirigeant principal de l'Etat. D'où la grande mobilisation qu'on lui reconnait. Voilà pourquoi les élections présidentielles constituent un champ d'étude privilégié. Il en est ainsi parce que « l'instrument de mesure que leurs résultats constituent, les sondages qu'elles occasionnent, les reclassements qu'elles provoquent sont autant d'éléments aptes à nourrir la réflexion ou la recherche 8(*)». Cependant, un aspect est resté non exploré au Cameroun. Il s'agit de la rationalité des candidats émergents à l'élection présidentielle. * 1 - Ce sont pratiquement les mêmes acteurs qui dominent la scène politique camerounaise et qui occupent les meilleures places aux élections et notamment Paul Biya du RDPC, Ni John Fru Ndi du SDF, Bello Bouba Maigari de l'UNDP, Garga Haman adji de l'ADD, Ndam Njoya Adamou de l'UDC... * 2 - Les leaders traditionnels et les nouveaux leaders des partis politiques concurrentiels dans la compétition politique. * 3 Georges Balandier, Sens et puissance, paris, PUF,1971, p.17 * 4- Voir Maurice kamto, la conditionnalité dans la coopération internationale, colloque de Yaoundé, 20-22 juillet 2004. Les éléments de la conférence franco-africaine de la Baule du 20 au 22 juin 1990 au cours de laquelle le Président français, François Mitterrand avait clairement indiqué que l'aide française allait désormais être liée aux efforts de démocratisation des Etats africains. * 5 -Maître Charles Nguini, rapport final d'observation électorale, Transparency international Cameroon, élection présidentielle du 09 octobre 2011, p.8 * 6 Maître charles Nguini, opcit, pp.8-9 * 7 - Extrait du discours d'Abraham Lincoln prononcé sur le champ de bataille de Gettysburg en 1863. * 8- Gilles Fabre-Rosane, Alain Guédé, RFSP, vol n°4, Août 1978, p.840. |
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