MEMOIRE DE MASTER II SOCIOLOGIE POLITIQUE
LA RATIONALITE DES CANDIDATS EMERGENTS A L'ELECTION
PRESIDENTIELLE DE 2011 AU CAMEROUN
Rédigé par
ESSAME Isaac
Sous la direction de
Dr
Albert MANDJACK
Chargé de cours
Sous la supervision de
Pr
Janvier ONANA
Agrégé de science
politique
Année académique 2010/2011
Avertissement
Dédicace
Remerciements
En préambule de ce mémoire, je souhaite
adresser mes plus sincères remerciements à Monsieur Albert
Mandjack et Monsieur Janvier Onana, qui, en leurs qualités respectives
de directeur de mémoire et de superviseur ont su m'accorder de leur
attention, de leur temps et surtout de leur esprit critique.
J'aimerais également remercier Messieurs joel
Atangana et Jean -Roger Abessolo ainsi que tous les autres auteurs cités
dans ce mémoire, qui, même s'ils ne le savent pas, m'ont
été d'une aide infinie en publiant des ouvrages d'une grande
qualité, sans lesquels ce mémoire n'aurait pas pu voir le
jour.
L'aide et le soutien de mes proches et amis ont
été précieux, je les en remercie, ainsi que de leurs
relectures attentives et de leurs conseils avisés.
Sommaire
Introduction
C'est dans un contexte de jeu politique fermé
où il est difficile d'arriver et de bousculer les lignes1(*)que 23 candidats sont
entrés en compétition à l'élection
présidentielle du 09 octobre 2011. Il s'agissait alors de la
quatrième élection présidentielle depuis le retour au
pluralisme politique dans notre pays en 1990 (1992, 1997, 2004 et 2011).
I. Cadre historique
L'élection présidentielle du 09 Octobre
2011 au Cameroun a mis en scène de nombreux entrepreneurs
politiques2(*) avec 52
candidatures déclarées dont 23 retenues. C'est qu'au nombre de
ceux qui avaient investi le champ politique à partir de 1990, se sont
ajoutées de nouvelles figures qui étaient déjà soit
des collaborateurs des entrepreneurs politiques traditionnels (Paul Ayah Abine
député du RDPC ; Edith Kahbang Walla membre du SDF), soit de
nombreux acteurs de la scène politique camerounaise influencés
par la modification de la constitution du 14 avril 2008 remettant le candidat
naturel du RDPC, Paul Biya en course à 3 ans de la fin de son dernier
mandat. C'est dans ce sillage que s'inscrivent les candidatures d'Edith Kahbang
Walla, de Paul Ayah Abine et de Momo Jean de Dieu lors de la dernière
élection présidentielle.
A. Contexte historique
Cela fait suite aux dynamiques internes3(*) et à ce qu'on a
appelé « le vent de l'Est », ainsi qu'au
discours de la Baule prononcé par le président français,
François Mitterrand qui invitait ainsi ses partenaires africains de la
France-Afrique à enclencher la démocratisation de leurs
Etats4(*).En effet, il faut
remonter à l'année 1987 pour trouver les premiers indicateurs du
retour au pluralisme politique au Cameroun. C'est qu'avant 1990, le RDPC alors
parti unique, applique en son sein le principe des candidatures multiples
à l'occasion des élections municipales. Il en sera de même
en 1988 avec les élections législatives. Il ne faut non plus
négliger dans la perspective des dynamiques du
« dedans », l'action de revendication de plus de
liberté et d'ouverture politique d'Anicet Ekané, de maître
Yondo Black et d'Henriette Ekwé. Et selon un rapport de Transparency
international cameroon, « L'année 1990 est marquée
au Cameroun par une série de revendications populaires pour plus de
démocratie et de liberté. Le chef de l'Etat, Paul Biya, ne
restera pas sourd à cet appel du peuple ; c'est ainsi qu'une
série de projets de lois sur les libertés d'expression et
d'association sera déposée sur la table de l'Assemblé
Nationale. Après délibérations et amendements, il en
sortira ce que l'on a appelé les « Lois sur les
libertés». Le Cameroun renoue ainsi officiellement avec le
multipartisme en décembre 1990. Dès février 1991, les
premiers partis politiques sont légalisés. Ils sont plus de 300
à ce jour. Les revendications ne cessent pas pour autant.
Regroupés au sein de la Coordination de partis politiques et des
associations, les toutes nouvelles formations politiques revendiquent
l'organisation d'une « Conférence Nationale Souveraine ». Le
Chef de l'Etat répondra à cette demande de dialogue par
l'organisation d'une « Conférence Tripartite » qui regroupe du
30 octobre au 15 novembre 1991, au Palais des Congrès de Yaoundé,
le parti au pouvoir, l'Opposition et la Société civile. Les
travaux sont présidés par le tout nouveau Premier Ministre Sadou
Hayatou, nommé en avril 1991 à la suite d'un amendement de la
Constitution. Dès le 1er mars 1992 et en application des conclusions de
la Conférence tripartite, des élections législatives sont
organisées. Malgré le boycott de l'opposition radicale, le RDPC
en sort vainqueur avec 88 sièges sur les 180 de l'auguste Chambre. Pour
obtenir la majorité absolue il doit composer avec le MDR (6
sièges). L'opposition parlementaire est, quant à elle,
composée de l'UNDP (68 sièges) et de l'UPC (18
sièges) 5(*)».
En revisitant le contexte historique de
l'élection présidentielle d'octobre 2011 maitre charles Nguini
fait observer que « L'élection présidentielle
anticipée du 11 octobre 1992 est la deuxième étape majeure
du calendrier électoral issu de la Tripartite. La loi électorale
y afférent est adoptée à l'issue d'une session
extraordinaire de l'Assemblée Nationale. Cette loi de tendance
libérale sera appliquée pendant le scrutin qui connaîtra la
participation de 6 candidats. Paul BIYA pour le RDPC en sort vainqueur avec
près de 40% des suffrages. John FRU NDI du SDF est classé
deuxième ; Bello Bouba MAIGARI de l'UNDP est troisième, suivi de
Adamou NDAM NJOYA pour l'UDC, Jean-Jacques EKINDI pour le MP et EMA OTOU PPW
pour le RFP. Le 21 janvier 1996, les Conseils municipaux se soumettent au
verdict des urnes pour la première fois depuis le retour au
multipartisme. Cette élection consacrera la domination des partis
d'opposition (UNDP et SDF notamment) dans les principaux centres urbains du
pays. Les 18 et 19 mai 1997 se tiennent les deuxièmes
législatives pluralistes. Le RDPC en sort vainqueur avec une
majorité absolue ; le SDF, l'UDC, l'UNDP l'UPC, le MDR et le MLDC
obtiennent eux aussi des sièges. Ces élections seront suivies en
octobre de la même année par le scrutin présidentiel, une
fois encore boycotté par le SDF. Le président Paul Biya en sort
vainqueur. Il a fallu attendre mars 2002 pour voir les camerounais se rendre
à nouveau aux urnes dans le cadre des élections
législatives et municipales couplées. Cette fois encore le grand
vainqueur a pour nom le RDPC ; l'on constate toutefois que le SDF est
intraitable dans le Nord-ouest et l'UDC dans le département du Noun. Le
11 Octobre 2004, les camerounais sont à nouveau appelés aux urnes
dans le cadre de l'élection présidentielle. Une fois de plus, les
partis de l'opposition n'arrivent pas à s'entendre sur la
désignation d'un candidat consensuel et se présentent en rangs
dispersés à ces scrutins remportés haut la main par le
candidat BIYA, avec plus de 80% des voix. Il convient de noter que grâce
à l'assistance du PNUD et de certains bailleurs de fonds,
l'administration électorale utilise pour la première fois des
urnes transparentes. Au sortir de ces élections, une coalition de partis
de l'opposition et de la société civile se met en place pour
réclamer l'informatisation du processus électoral et la mise en
place d'une commission électorale indépendante, en lieu et place
du MINATD et de l'ONEL 6(*)». En tant que gouvernement du peuple7(*), la démocratie met en
compétition de nombreux acteurs politiques dont le nombre
s'accroît dans le temps.
L'élection présidentielle apparaît
comme un grand moment de la vie politique dans les Etats démocratiques.
C'est l'occasion de choisir selon les règles du jeu politique et
démocratique le dirigeant principal de l'Etat. D'où la grande
mobilisation qu'on lui reconnait. Voilà pourquoi les élections
présidentielles constituent un champ d'étude
privilégié. Il en est ainsi parce que
« l'instrument de mesure que leurs résultats constituent,
les sondages qu'elles occasionnent, les reclassements qu'elles provoquent sont
autant d'éléments aptes à nourrir la réflexion ou
la recherche 8(*)». Cependant, un aspect est resté non
exploré au Cameroun. Il s'agit de la rationalité des candidats
émergents à l'élection présidentielle.
B. Sociohistoire des candidats
Une sociohistoire de ces candidats permet de mieux les
connaître tant il vrai qu'avant l'élection présidentielle
de 2011, ils étaient relativement inconnus. Ayah Paul Abine est investi
par le People's action party (PAP) a été député
RDPC de la Manyu depuis 2002 avant de quitter le parti au pouvoir le 3 janvier
dernier. Cette démission intervenait après son annonce le 12
décembre 2010, de briguer la présidence nationale de la formation
politique, afin d'en être le candidat à la présidentielle
du 9 octobre. Le magistrat à la retraite se veut le candidat «
de la jeunesse, des femmes camerounaises et des Camerounais de bonne foi en
général ».Déjà au sein du RDPC, Ayah Paul
était l'un des rares députés RDPC qui a osé se
démarquer de la ligne de conduite indiquée par le parti. Lors de
la campagne pour la modification de la constitution du Cameroun en 2008, par
exemple, il a été le seul élu RDPC à refuser de
voter pour cette modification qui instituait la non limitation des mandats
présidentiels. Il a également pris part à plusieurs
marches de protestation, à l'exemple de celle de février 2006 au
cours de laquelle les populations de la localité d'Akubaya dans le
Sud-Ouest avaient protesté contre le mauvais état de la route
Mamfé-Akwaya
Son programme politique prône
l'application de l'article 669(*) de la Constitution du Cameroun, relatif à la
déclaration des biens et des avoirs. Il a d'ailleurs
déclaré les siens sur internet. Dans son livre programme
intitulé « Vision d'une nation nouvelle », le chef
traditionnel de deuxième degré d'Akwaya, né le 28 juin
1950, prévoit une période de transition de 5 ans. Durant de cette
période, il promet par exemple, un gouvernement de 20 ministres au plus,
une commission de vérité et de réconciliation, la
résolution du problème anglophone au deuxième
semestre de la première année, un référendum
constitutionnel la deuxième moitié de la troisième
année.
Edith Kah Walla, de son vrai nom Kahbang Walla, est la
première candidature féminine retenue pour briguer la
magistrature suprême, depuis l'avènement du multipartisme au
Cameroun en 1990. C'est la nouvelle pasionaria de la politique camerounaise.
Dissidente du Sdf, elle a été investi candidate du Cameroon
People's Party (CPP) pour la présidentielle d'octobre 2011.
C'était le 30 avril 2011, lors de son congrès extraordinaire.
Connue pour ses activités militantes, la fondatrice de Cameroun O'
Bosso, s'est mise à la page dimanche 4 septembre 2011. Du haut de son
1,62 m, Edith Kah Walla, célibataire et sans enfant, s'est forgée
un caractère de fonceuse dans le monde de l'entreprise. Très
présente Elle figure d'ailleurs sur la liste des "150 femmes qui font
bouger le monde", établie par l'hebdomadaire américain Newsweek
et le site web d'information The Daily Beast, en 2011. Son ambition pour le
Cameroun : ''Devenir la puissance économique de l'Afrique centrale''.
Comment ? ''Mettre au niveau de chaque collectivité territoriale un
tracteur qui servira à la communauté. Mettre en place une
véritable banque des agriculteurs...'' Cette candidate a fait ses
premiers pas en politique dans le Social Democratic Front (SDF), une fois
retournée au Cameroun, après un long séjour à
l'étranger. A 46 ans, les armes politiques
de Kah Walla sont son courage et son activisme, qui lui ont valu
plusieurs arrestations par les forces de l'ordre. Elue conseiller municipal Sdf
de Douala 1er en 2007, elle est désignée membre du National
Executive Committee (Nec) la même année. Le 23 octobre 2010, elle
démissionne et le 30 avril 2011, elle est investie par le Cameroon
People's Party (CPP) avec pour slogan « The time's now ». Titulaire
d'un MBA en management de la Howard University aux Etats unis, la promotrice du
cabinet conseil en management et marketing, Stratégies, veut
résoudre la question anglophone au Cameroun.
Maître Momo Jean de Dieu est Avocat au Tribunal
Pénal International des Nations Unies pour le Rwanda, Président
du Parti politique les Patriotes Démocrates pour le Développement
du Cameroun, Candidat du PADDEC à l'élection
présidentielle d'octobre 2011 au Cameroun. Me Momo baptisé «
chasseur de généraux » au début de l'an 2000 en
raison de son activisme dans la défense des victimes du Commandement
Opérationnel face à la hiérarchie militaire est le premier
fils d'une grande famille descendante de la Grande Chefferie Bafou. Né
à Bassessa le 24 janvier 1960 d'une famille qui a aujourd'hui 56
enfants, de parents artisans tailleurs qui exploitent en même temps
un petit champ de cultures vivrières, il a passé une enfance
heureuse et dans l'opulence auprès de ses parents à Bassessa
Marié, il est père de dix enfants
dont les ainés sont encore à l'Université. Depuis 2006, il
est Avocat au Tribunal pénal International des Nations Unies pour le
Rwanda (TPIR), mais reste plus connu du grand public comme l'Avocat des
neuf disparus de Bépanda. Sur le plan politique, Maître Momo est
le président d'une formation politique, le PADDEC qui aspire de prendre
"démocratiquement" le pouvoir prochainement au Cameroun. Maître
Momo Jean de Dieu fait ses études primaires à l'école
catholique de la colline aux patates et ensuite à l'école
catholique Saint Thomas de Bafou. Il obtient son CEPE à l'Ecole
publique Bafou Carrefour en 1973 et l'entrée en sixième au
Lycée de Dschang la même année. Après son Bac, il
s'inscrit à la faculté de droit de l'Université de
Yaoundé. En 1992, il est admis au Barreau du Cameroun, mais auparavant
il passera trois ans dans un Cabinet de Notaire à Ebolowa avant de se
raviser sur le choix incertain du métier de Notaire. Il a aussi
profité d'autres études dans d'autres Universités comme
l'Université catholique ou l'Université de Douala, ainsi que des
formations diverses. Son parti politique, les Patriotes Démocrates pour
le Développement du Cameroun (Le PADDEC) est une nouvelle formation
légalisée en Mars 2010. Il est animé par une seule ligne
directrice : Le patriotisme. Il entend regroupe tous ceux qui aiment
effectivement le Cameroun et qui veulent le servir et non se servir de lui. Les
membres du PADDEC partent de l'idée que tous les autres partis
politiques avant eux ont échoué et n'ont pas pu
apporter le changement tant espéré au peuple depuis bientôt
vingt ans.
Leur participation pour le moins
concurrentielle10(*) a
permis la reconfiguration de l'espace politique camerounais et la
reconsidération de l'ordre des tenants de l'opposition. II est des
lors important dans « le cadre de la sociologie politique de
l'expérience de la compétition électorale (DUBET, 1994) de
montrer comment des logiques d'actions contradictoires vont être mises en
oeuvre par des acteurs pour définir et canaliser la "compétition
électorale." En d'autres termes, il ne s'agit pas d'aller de la
"théorie de la Compétition électorale " a sa pratique
camerounaise pour constater 1' harmonie ou le divorce sous le mode de la
célébration ou de la dénonciation (BARKAN 1993; KANTE
1994). II s'agit plutôt de se situer dans le cadre de "I'
historicité du Politique" au Cameroun (BAYART, 1996 a) pour voir comment
les acteurs gèrent, organisent et instrumentalisent la
compétition électorale. D'où l'hypothèse des
multiples réinventions de la compétition électorale en
fonction des acteurs, des enjeux et des logiques d'action 11(*)».
II. Clarifications conceptuelles
Le concept désigne la manière de
concevoir quelque chose. C'est en cela qu'il se distingue du lexique. Il s'agit
alors pour nous de définir les différents termes de notre sujet
afin de leur donner une meilleure lisibilité et une bonne
compréhension. Ainsi, selon Jacqueline Russ l'adjectif rationnel vient
du latin « rationalis » et signifie doué de
raison12(*). Du point de
vue Epistémologique, il peut être saisi comme ce qui
procède par des opérations de la raison indépendantes de
l'expérience. Cette acception est complétée par la
perception d'Hegel : « le rationnel (...) est synonyme
avec l'idée » (principes de la philosophie du droit,
préface, p. 42) et celle de Jung : « rationnel veut dire
raisonnable conforme à la raison (types psychologiques) P. 461. Le
dictionnaire Larousse Maxipoche de 2009 y voit ce « qui est fondé
sur la raison, le raisonnement ». La rationalité porte
alors sur le « caractère de ce qui est
rationnel »13(*). Dès lors, on peut comprendre la
théorie du choix rationnel que Guy Hermet et les autres exposent dans
leur ouvrage. Selon eux, il s'agit d'une « démarche
méthodologique désignée en anglais par l'expression de
« rational choice », et empruntée par la
science politique aux économistes néoclassiques au cours des
années 1950. Elle postule que les acteurs qui interviennent dans le
champ politique effectuent les choix qui leur apparaissent les plus efficaces
pour atteindre leurs fins »14(*). Selon Joseph Njasani, la rationalité comme
concept ne peut être définie sans un certain nombre de
présuppositions. Elle se manifeste «as a positive state of
possessing the capacity to engage in active thought or to observe the
principles of logical procedures or simply the capacity to exercise reason
rigorously, ordinately and abundantly in a deliberately and consciously enacted
situation»15(*).
Jurgen Habermas y voit « la raison centrée sur le
sujet»16(*) et
la rationalité communicative. Pour Max Weber, la rationalité
s'entend comme le fait que les actions humaines soient aiguillées par
des raisons d'agir comme l'explique Janvier Onana.17(*)Ces raisons peuvent d'ailleurs
être diverses. L'action humaine peut alors être rationnelle en
finalité, en valeur ou en affection. Quant à Alain Schumpeter, la
rationalité doit être saisie comme l'action
intéressée d'un entrepreneur et notamment d'un entrepreneur
politique. Chez Crozier, Friedberg et Herbert Simon, la rationalité est
entendue comme l'action significativement orientée de l'acteur en milieu
organisé. L'individu ne peut avoir qu'une connaissance approximative des
choix possibles car la
collecte et le
traitement des
données sont
limités par les
capacités. Il
s'agit de la rationalité limitée. Nous pouvons donc dire que la
rationalité renvoie aux motifs ou motivations qui donnent un sens
à l'action humaine. Bien plus, selon Raymond Bourdon « La
conception de la rationalité courante dans les sciences sociales
contemporaines est de caractère instrumental, y compris dans les formes
ouvertes que lui ont données les théoriciens importants comme
H.Simon ou G.Becker. Elle postule que les individus choisissent rationnellement
les moyens qu'ils utilisent pour atteindre leurs objectifs ; leurs
croyances et leurs objectifs leur étant imposés par des forces
conjecturales18(*) ». Il s'agit du rôle actif du
sujet dans la construction d'une réalité sociale.
Mokhtar Lakehal définit le concept candidature
comme un « acte de présentation d'un individu à une
élection politique en acceptant les conditions imposées par la
loi »19(*).
Du latin candidus le concept candidat désigne une personne qui aspire
à un titre, qui se présente à une
élection.20(*)
Moubarack LO, reprenant le dictionnaire Le Robert,
indique que « émerger » se dit d'un
phénomène « qui s'impose à l'attention
par sa valeur ». Il poursuit en rappelant que Wal W.
Rostow « considère cinq étapes par lesquelles
passent tous les pays : la société traditionnelle,
l'émergence des préconditions du décollage, la marche vers
la maturité et l'ère de la consommation de
masse 21(*)». Ce n'est pas dans ce sens que nous saisissons
l'émergence. Chez Durkheim, l'émergence apparaît comme la
conséquence de l'interdépendance des éléments d'un
ensemble considéré. Elle se définit
précisément par la nouveauté.22(*)
Les candidats émergents désignent
alors ceux qui se présentent pour la première fois à une
grande échéance électorale nationale et qui en sortent
comme figures sur lesquelles on peut dorénavant compter.
Concrètement, il s'agit des candidats dont le passé politique est
relativement inconnu. En reconstituant les itinéraires politiques, ce
sont ceux qu'on n'attendait pas et, qui sans respecter l'itinéraire de
la base au sommet, se sont présentés soudainement à la
dernière élection présidentielle.
L'élection apparaît comme un
« choix que l'on exprime par intermédiaire d'un
vote.23(*) C'est pour Guy
Hermet et les autres un « mode de désignation des titulaires
des rôles politiques octroyant aux membres de la collectivité
concernée le droit de choisir leurs
représentants »24(*). L'élection semble ainsi s'imposer en
même temps comme principe et comme technique du gouvernement. Comme
principe du gouvernement, elle constitue alors le fondement même de la
démocratie représentative dès lors qu'elle postule que le
pouvoir politique n'est légitime que s'il est exercé par le
peuple par l'intermédiaire de ses représentants dûment
désignés. Comme technique de gouvernement, l'élection
devient sujet de débat et de contestation. Bien plus, la manière
de désigner les gouvernants influe de manière déterminante
sur le résultat des élections et constitue à ce titre un
enjeu décisif pour la classe politique. L'élection
présidentielle apparaît alors comme un mode de désignation
du Président de la République à travers le libre choix des
citoyens. La présidentielle camerounaise de 2011 renvoie alors à
l'élection du Président de la République du Cameroun qui
s'est déroulée le 09 octobre 2011 et qui a connu la participation
de plusieurs candidats traditionnels et émergents.25(*)
III. Cadre d'observation
Cette étude a pour cadre spatial Douala et
Buéa étant entendu que le Cameroon people's party et le parti
patriotique pour le développement du Cameroun ont leurs sièges
dans le Wouri bien que, chacun de leur candidat en regard de son statut, ait la
capacité de se déployer à l'international.26(*)Le siège du people's
action party se trouve quant à lui à Buéa. Elle
s'intéresse à l'élection présidentielle d'octobre
2011. Elle ne porte que sur trois candidats émergents, Edith Kahbang
Walla, paul Ayah Abine et Momo jean de Dieu. Sont exclus les candidatures
fantaisistes, les candidats qui se sont présentés pour la
première fois et qui n'ont rien eu de bon. La candidate du CPP, bien
qu'ayant été élue conseiller municipal en 2007 à
Douala 1er s'est présentée pour la première
fois à une grande échéance électorale nationale et
a pu bousculer les lignes et sortir comme une nouvelle figure sur laquelle on
peut dorénavant compter. Il en a été de même pour le
candidat du PAP qui avait déjà été élu
député pour le compte du RDPC depuis 2002 et qui a pris part
pour la première fois à une élection
présidentielle. Le candidat du PADDEC bien que n'étant pas un
homme politique professionnel est entré en compétition. Cette
étude s'est limitée, pour des raisons à la fois de moyens
et d'intérêt scientifique, aux seuls candidats qui semblaient
appelés avant l'élection d'octobre 2011, à jouer un
rôle politique important dans le cadre de l'un des deux grands
pôles politiques en compétition : alliance
présidentielle et opposition traditionnelle.
IV. Problématique et intérêt
Nous avons porté notre choix sur ce sujet du
fait de l'intérêt que nous accordons à la
réalité de l'acteur face au système et à la
compréhension de la logique de l'action des acteurs politiques.
L'élection présidentielle du 09 Octobre 2011 a
particulièrement été marquée par un nombre
impressionnant des candidats dont le poids politique ne peut expliquer la
participation.27(*)Les
candidats traditionnels (RDPC, SDF, UDC, UNDP, ADD...) ne présentent
plus le même intérêt. D'où notre choix
d'étudier et de faire comprendre l'entrée en compétition
des candidats émergents et notamment les candidats du PAP, du CPP et du
PADDEC. « Le peuple d'abord », slogan du CPP et oeuvre de
son secrétaire général adjoint Franck Essi, s'inscrit dans
la perspective de la légitimation électorale de l'opposition
telle que présentée par Luc
Sindjoun : « S'opposer, c'est lutter pour la
représentation du peuple, l'occupation légitime des positions de
pouvoir28(*) ».
La reconfiguration de l'opposition camerounaise enquête de
représentativité et d'alternance politique constitue
également une motivation non négligeable ayant orienté
notre choix. Ce sont précisément les partis politiques et leurs
représentants qui, de par leurs actions permanentes et leurs moyens
d'action, animent la scène politique et donnent un sens à la
société politique en contexte de démocratie.29(*) Ce scrutin qui a mis aux
prises 23 candidats traduit l'idée d'Alain Didier Olinga selon
laquelle « Les partis politiques sont un élément
incontournable du pluralisme, un moyen de favoriser la libre expression de
l'opinion du peuple »30(*).La participation du CPP, du PAP et du PADDEC à
l'élection présidentielle du 09 octobre 2011 traduit en quelque
sorte leur capacité compétitive, c'est-à-dire
leur« capacité à présenter des candidats lors
d'un scrutin »31(*)
Bien plus, l'action de certains de ces entrepreneurs
32(*)politiques qui sont
en même temps engagés dans la société civile et ce
depuis avant leur investiture dans le champ politique n'est pas simple. Partir
de la société civile pour l'entrepreneuriat politique pose le
problème de la logique de l'action. Il peut donc être
intéressant de comprendre les logiques motivationnelles d'un certains
nombre d'acteurs qui entrent en compétition politique et par là
même fournir un certains nombre d'informations à ceux qui veulent
également investir le champ politique pour contribuer à son
animation.
Pourquoi cette tentative ? Pour deux raisons
essentielles. La première est que l'étude des logiques
motivationnelles des candidats émergents permet d'aborder une
sphère intéressante du monde politique : celle qui se situe
entre la zone stéréotypée candidats traditionnels (RDPC,
SDF, UNDP, UDC, ADD...) et la zone plus dynamique de l'émergence
politique (PAP, CPP, PADDEC). La seconde est que, même si on ne peut pas
postuler un déterminisme entre les moyens et les résultats, la
théorie de la rationalité des candidats permet de mieux cerner
l'action d'un candidat par-delà l'image qu'il souhaite donner de
lui-même. Ainsi, naîtra-t-il de cette étude un nouveau
regard ou une nouvelle perception de l'entrée en compétition des
candidats aux élections.
La problématique de la rationalité des
candidats à l'élection présidentielle n'a souvent
été abordée que de manière indirecte avec comme
terme de référence la rationalité des acteurs en sciences
sociales. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les travaux de Janvier
Onana sur la professionnalisation politique et de Max Weber, Schumpeter,
Habermas, Bourdieu, Michel Crozier et Erhard Friedberg sur la
rationalité de l'acteur. Qu'est-ce qui explique l'entrée en
compétition des candidats du PAP, du CCP et du PADDEC à
l'élection présidentielle de 2011 ? Pourquoi entrent-ils
précisément en compétition en 2011 ? Quelle est la
conjoncture qui les pousse à entrer en scène ? Qu'est-ce qui
fonde l'unité et la diversité de leur entrée en
compétition? La rationalité influe-t-elle sur
l'émergence ?
V. Cadre méthodologique
Nous avons convoqué et exploité plusieurs
instruments relatifs à la méthodologie au sens où Emile
Durkheim, pierre Bourdieu et les autres l'entendent. Ainsi au-delà des
approches théoriques, nous avons fait usage des méthodes et
techniques de collecte de données. Il a aussi fallu formuler un corps
d'hypothèses de recherche.
A-Approches théoriques
Le constructivisme qui appréhende l'action
sociale comme étant un construit, un produit des acteurs, nous permet de
comprendre comment les candidats ont construit l'émergence à
l'élection présidentielle du 09 octobre 2011. A cette
démarche, s'est ajoutée l'analyse stratégique qui nous a
permis de cerner l'acte fondateur de l'entrée en compétition de
Paul Ayah Abine, Edith Kah walla et Momo jean de Dieu à la
dernière élection présidentielle.
La théorie du choix rationnel et la
rationalité limitée ont permis de cerner la conjoncture qui a
poussé les candidats à entrer en scène. La méthode
comparative nous a permis de comparer l'élection présidentielle
de 2011 aux autres élections organisées depuis 1992. Elle a
aussi permis de comparer les candidats et de dégager des constantes par
delà les particularismes.
Les méthodes et techniques de collecte des
données ont facilité la conduite d'autres investigations.
B-Méthodes et techniques de collecte des
données
Le rapport final de Ttransparency international Cameroon
et les procès verbaux d'Elecam sur la présidentielle de 2011 ont
facilité la collecte d'un certain nombre de données. A ces
techniques documentaires ont été associées les techniques
vivantes de collecte des données. En effet, maître Momo du PADDEC
et Franck Essi, sécretaire adjoint du CPP nous ont accordé une
interview après avoir rempli les questionnaires. Ces questionnaires ont
été également adressés aux autres membres des
bureaux politiques des partis qui ont investi les candidats.
C-Hypothèses de recherche
Sur la base d'un bilan raisonné des savoirs
constitués et de nos investigations sur le terrain, on peut dire que
c'est la conjoncture qui a poussé Paul Ayah Abine, Edith Kah walla et
Momo Jean de Dieu à entrer en scène à la dernière
élection présidentielle. C'est qu'en effet, les
propriétés sociales spécifiques dont ils sont dotés
et les stratégies d'entrer en scène leur étaient
favorables.
PREMIERE PARTIE : LE PROFIL SOCIOLOGIQUE DES
CANDIDATS EMERGENTS.
La construction de la réalité
sociale est le produit des acteurs (Thomas LUCKMANN, Peter BERGER : The
social construction of reality).ces auteurs considèrent la
société comme une production humaine. La société
apparait alors comme une réalité objective de l'homme, une
production sociale. BERGER et LUCKMANN saisissent alors la
société à deux niveaux : une réalité
objective et extériorisée. Il s'agit donc d'un double mouvement
prenant en compte l'extériorisation et l'objectivation, lesquels entrent
dans le processus d'institutionnalisation. « Par
l'institutionnalisation, les individus se démarquent les uns des autres
à travers les pratiques sociales insérées dans l'histoire,
l'usage des stocks communs, des connaissances dont le langage qui nomme la
réalité »33(*)
Pour le constructivisme, la difficulté majeure
en Sciences Sociales est de savoir comment on passe d'un monde d'objet brut
à un monde d'objet investi de sens .Il est donc question pour le
chercheur de focaliser son attention sur les significations attribuées
aux phénomènes, sur les croyances tenues pour acquises. C'est
dans cette perspective que l'entrée en politique des candidats
émergents de l'élection présidentielle du 09 octobre 2011
au Cameroun doit être saisie. C'est que le profil sociologique de ces
candidats participe d'un construit.
Pour justifier leurs entrées en politique, un
certain nombre d'acteurs essayent souvent de naturaliser leur engagement
politique et parallèlement à ces formes de justification
déployées par les acteurs eux- mêmes dans leurs
mémoires ou suscitées dans les entretiens, politistes et
historiens ont peu à peu systématisé les formes de
l'accession aux positions de pouvoir politique. En combinant l'idée de
prédisposition socialement et historiquement constitué à
la réussite politique « (c'est-à- dire les ressources
sociales pertinentes dans l'espace politique)et l'idée de la
constitution d'une activité sociale spécialisée et
professionnalisée ,on a pu ainsi réfléchir sur long terme
aux activités qui préparent le mieux à la politique,
dresser la sociographie des élites politique ,signifier une rupture
historique entre le notable dilettante et l'Homme
politique professionnel, styliser trois filières d'accès
à la profession politique (carrière notabiliaire locale,
trajectoire militante ,accès direct au centre ) »34(*). On ne pourra ainsi
comprendre ou mieux saisir la rationalité des candidats émergents
qu'en reconstruisant les itinéraires qui les ont conduits à se
professionnaliser et en recherchant comment ils ont construit leur
émergence.
CHAPITRE PREMIER : LA RECONSTRUCTION DES
ITINERAIRES DES CANDIDATS EMERGENTS
L'action des candidats qui entrent en
compétition dans une élection présidentielle s'inscrit
dans la construction sociale .C'est qu'en effet, toute réalité
sociale est considérée comme existant à la fois
objectivement c'est-a- dire inscrite dans les logiques de fonctionnement de
l'univers sensible ,et subjectivement c'est-à-dire à travers les
perceptions et représentation que s'en constituent les agents .En allant
plus loin avec BERGER ,LUCKMANN (phénoménologie) et surtout
GARFINKEL(ethnométhodologie),il apparait à n'en point douter que
« les représentations du réel sont construites par les
individus à partir des schèmes mentaux, de savoirs et de
croyances ``tenu pour acquis'' lesquelles se mettent en place à l'issue
des processus socio complexes échappant à leur maitrise .Ces
schèmes constituent les matrices formatrices de leurs attitudes
,opinions et comportements ».34(*) Dès lors l'entrée en scène des
candidats émergents ne peut être comprise qu'en revisitant les
propriétés sociales spécifiques dont ils sont dotés
et les particularismes identitaires à partir desquelles leur profil
sociologique se forme.
SECTION PREMIERE : LES PROPRIETES SOCIALES
SPECIFIQUES DES CANDIDATS.
Les propriétés sociales
spécifiques des candidats peuvent rendre compte de leur
émergence. Les nouveaux entrants au sens de Michel OFFERLE
« doivent adapter leur propriété aux contraintes
structurelles du métier et de la profession politique tendanciellement
délimitée sans être fermée ou
codifiée ».35(*) C'est que les nouveaux entrant créent et
recréent les conditions de réussite les conditions politiques de
possibilité de leur réussite politique. Les trajectoires
étant individuelles que collectives, on peut comprendre que Maitre MOMO
Jean Dedieu, avocat ait réussi son entrée en politique à
la dernière élection présidentielle par rapport à
son homologue Bernard MUNA. Certains facteurs peuvent donc prédisposer
à la réussite politique. C'est le cas par exemple de la
profession et du statut social.
PARAGRAPHE I : LA PROFESSION COMME APPUI
La profession influe considérablement sur
l'entrée en politique. Cela signifie que certaines professions
prédisposent à l'entrée en politique si on s'en tient aux
acquis de la sociologie des professions. Cela peut par exemple expliquer que
Jean Dedieu MOMO avocat et Paul AYAH ABINE magistrat hors hiérarchie
et Edith NAH WALLA manager et marketiste soient entrés en politique
avec une certaine réussite. On peut donc constater que les
métiers juridiques et les métiers gestiologiques ont
été favorables à l'entrée en scène des
candidats émergents à l'élection présidentielle de
2011 au Cameroun.
A/ LES METIERS JURIDIQUES
Le palais de justice peut apparaitre comme un lieu
d'apprentissage de l'éloquence, où l'on voit qu'il existe une
relation linéaire entre les métiers juridiques et l'Homme
politique. C'est que les professions juridiques apparaissent comme des cadres
préparatoires à l'entrée en politique. Ainsi en est-il par
exemple de l'avocat et du magistrat qui feront l'objet de notre attention.
1) La profession d'avocat de Maitre MOMO Jean de
Dieu
La profession d'avocat présenté un
avantage certain quant aux possibilités de carrière politique. On
peut voir avec quelle rapidité l'avocat Jean Dedieu MOMO a
réalisé son entrée en politique. L'ancien étudiant
de l'Université de Yaoundé qui se destinait initialement à
la profession de notaire a finalement opté pour le barreau du Cameroun
en 1992. Il avait déjà passé trois ans dans un cabinet de
notaire à Ebolowa avant de se raviser sur le choix incertain du
métier de notaire.
Né à Bassessa le 24 Janvier 1960 de parents
artisans tailleurs, Maitre MOMO fait ses études primaires à
l'école catholique de la colline aux patates et à l'école
catholique Saint Thomas de Bafou. Après son CEPE obtenu en 1973, il
entre en 6ème au Lycée de Dschang .Après son
Baccalauréat il s'inscrit à la faculté de Droit de
l'université de Yaoundé.
C'est surtout en 2006 que le statut d'avocat de Maitre
MOMO Jean Dedieu devient très important. C'est qu'il devient avocat au
tribunal pénal internationale des Nations Unies pour le Rwanda .Les
diverses plaidoiries vont préparer le futur homme politique. Il explique
son entrée politique en ces termes : « J'ai
réalisé que ma position ne me permettait pas vraiment de changer
les choses. Pour le faire, il faut conquérir le sommet. »
La position d'avocat de Maitre MOMO peut avoir
favorisé son entrée en scène pour plusieurs raisons. Tout
d'abord on aime à dire que « l'avocat est la matrice la plus
commune de l'orateur parlementaire ». C'est que le prétoire a
quelques traits communs avec le parlement en termes de discours oratoire et de
gestuelle.
Les avocats sont aussi présentés au
Cameroun comme des bourgeois, les hommes respectables qui
bénéficient d'un certain nombre de privilèges. La
maîtrise de leurs droits leur confère une plus grande
liberté d'action. Ils sont donc de notoriété publique. Il
n'y a qu'à voir comment les jeunes s'affairent chaque fois que le
concours du barreau est lancé pour pouvoir accéder à ce
statut socialement valorisé.
Le métier d'avocat confère des ressources
financières aussi au-delà du prestige. L'avocat peut disposer
d'un ensemble de ressources financières lui permettant d'entrée
en compétition politique. Il faut par exemple une caution de
candidature qui est passée de 5.000.000 à 30.000.000de francs
pour ce qui est des élections présidentielles. Il faut
également des ressources pour mobiliser l'électorat. Or le
barreau camerounais confère ces ressources-là étant
entendu que les effectifs d'avocats ne sont pas pléthoriques du fait de
la rareté de l'organisation du concours du barreau au Cameroun ( le
dernier ayant eu lieu en 2008) Il s'agit donc d'un monde fermé où
la non régularité du concours offre des avantages
considérables et prestigieux à ceux qui ont déjà
le titre, et qui exercent déjà légalement la fonction. La
profession d'avocat est voisine de la fonction de Magistrat.
2) La fonction de Magistrat de Paul AYAH
ABINE
Paul AYAH ABINE est un magistrat hors
hiérarchie à la retraite. La fonction de Magistrat est
dotée d'une grande notabilité et respectabilité au
Cameroun. Le magistrat est un produit de l'ENAM, l'école qui fabrique
nombre d'élites administratives dans notre pays. Le rêve de la
plupart des jeunes camerounais est d'entrer à l'Ecole Nationale
d'Administration et de Magistrature. Les produits de cette école ont des
avantages dès leur admission au concours. Cela ne va pas sans susciter
de l'admiration et de la convoitise.
Ceux qui sont admis au concours de la magistrature sont
encore plus respectés que les autres. C'est que la magistrature
confère à la fois la notabilité, la respectabilité
et surtout l'autorité. Contrairement à l'avocat, le magistrat
prend des actes qui influencent fondamentalement la vie des justiciables. C'est
cela qui explique que le magistrat soit à la fois craint et
respecté.
Le magistrat est aussi présenté comme un
homme intègre et impartial qui est tenu d'appliquer le droit. C'est
donc légalement une référence en matière de
probité et de justice. Ces considérations peuvent être un
atout favorable de l'entrée en scène d'un magistrat dans le
champ politique. Pour Pierre BOURDIEU en effet, « la
société est constituée par un ensemble de champs sociaux
(champ politique, champ économique, champ religieux...). Il
définit un champ comme un « espace structurée de
positions dont les propriétés dépendent de leurs positions
dans cet espace et qui peuvent être analysés indépendamment
des caractères de leurs occupants ». Il considère tout
d'abord que lors du processus de socialisation, les individus incorporent
un « habitus de classe qui structure leurs
comportements » même si les agents ne se limitent pas à
un simple respect de cette disposition ».36(*)
La fonction de Magistrat aurait donc préparé
Paul AYAH ABINE à une entrée en scène. Il se
présente d'ailleurs comme un fervent défenseur de la justice et
de l'égalité ; comme un homme qui condamne fermement les
injustices et la corruption dans notre pays. Les audiences
présidées l'ont préparé à de grandes
responsabilités nationales.
On peut également relever que le recrutement
sélectif et limité des magistrats valorise davantage ce corps de
métier juridique. Le nombre de magistrat recrutés à l'ENAM
chaque année n'a jamais dépassé 195 candidats et ce nombre
de 195 candidats a été observé entre 2008 et 2010 avant de
retomber à 50 magistrats où l'on voit que le magistrat est un
homme très respecté et qui a droit a de nombreux avantages
sociaux : il ne peut pas être interpellé facilement,
menacé inquiété ou manoeuvré. Il peut être
reçu et même servi en priorité.
Bien plus, son statut ne lui permet pas d'avoir une
résidence n'importe où, de fréquenter n'importe quel
milieu ou n'importe quelle personne. C'est tout cela qui fait de lui un homme
de qualité et un homme très respecté dans la
société.
Les métiers juridiques ne sont pas les seuls
à faciliter l'entrée en scène d'un certains nombre
d'acteurs. Il y a aussi les métiers gestiologiques.
B/ LES METIERS GESTIOLOGIQUES DE KAH WALLA
Les métiers gestiologiques s'inscrivent dans le grand
ensemble des métiers économiques. C'est dire que le management et
le marketing sont des branches des métiers économiques.
Edith KAH WALLA, candidat du CPP est titulaire d'un MBA en
Management de la Howard University aux USA. Elle est promotrice du cabinet
conseil en management et marketing stratégie.
1) Le management
Edith KAH WALLA 46 ans, célibataire et sans
enfant s'est forgée un caractère de fonceuse dans le monde de
l'entreprise. Elle fait partie des 150 femmes qui font bouger le monde (info de
l'hebdomadaire américain New Week et le site Web The Daily Beast en
2011).
En tant que chef d'entreprise, KAH WALLA a appris
à s'organiser, à être soigneuse et à gérer
les hommes. Cette position lui confère le leadership dont elle a besoin
pour mobiliser les ressources électorales.
Administrer c'est gérer et gérer c'est
prévoir .La gestion est donc une grande fonction de
responsabilité qui suppose l'organisation, la précision, la
prévision et l'atteinte des objectifs et des buts assignés. Le
management s'appuie alors sur l'efficience et l'efficacité
administrative. Un diplôme en Master Business and Administration
prépare sans doute à l'efficacité sur le terrain. Celui
qui a appris à gérer une entreprise aura moins de
difficulté à gérer la société politique
quand on sait d'ailleurs que l'Etat est présenté comme
« une entreprise politique à caractère institutionnel
dont la direction administrative revendique dans l'application des lois et des
règlements le monopole de la contrainte physique
légitime »37(*)
Le management prédispose donc les managers
à travers le leadership dont parle constamment KAH WALLA à une
réussite politique. C'est que la maitrise de la gestion des hommes en
entreprise, la capacité de mobilisations autour des valeurs et des
règles de l'entreprise constituent des éléments
favorables à l'entrée en politique. Il est indéniable que
KAH WALLA a profité de cet atout dans son positionnement sur la
scène politique.
Par ailleurs, l'entreprise permet d'accumuler le
capital permettant de réaliser son projet et de se mettre à
l'abri des besoins élémentaires. La gestion d'entreprise procure
des ressources financières indéniables permettant à
l'acteur de se mouvoir. C'est bien cela que KAH WALLA a mis à profit
pour se forger une personnalité et de pouvoir mener son action en toute
efficacité. Elle ne s'est pas servie uniquement de sa posture
managériale ; elle a aussi fait appel au marketing.
2) Le marketing
Le cabinet Stratégique de KAH WALLA en dehors du
management s'occupe aussi du marketing. Le marketing est traditionnellement
associé au champ commercial. Il est alors mis en place pour vendre des
produits à des potentiels clients. Il s'agit d'une technique qui permet
de valoriser le produit mis en vente et de susciter son achat par le client
potentiel.
Une telle activité prépare à la
séduction et à la mobilisation de l'électorat. C'est que
le marketing apparait comme un discours d'action. Il faut savoir convaincre
et susciter l'adhésion du client potentiel.
En fonction de la nature du produit, on pourra
utiliser un emballage pour les biens et travailler l'image pour le service.
C'est en ce sens que les marchandises, les produits, les biens ont souvent un
emballage qui suscitent une admiration et une attention de la part des
destinataires. Quant aux services, les techniques marketings recommandent un
environnement décoratif, propre et organisé.
Le marketing a aussi une dimension psychologique dans la
mesure où il est question d'attendre le client potentiel dans son
esprit et de l'amener progressivement à se décider. Le choix
ainsi opéré ne sera pas libre, il sera en effet orienté
par l'agent marketing qui aura à travers les techniques de persuasion
et même de manipulation travaillé l'esprit du client potentiel.
Une telle tactique est transposable dans le champ politique tant il est vrai
que le candidat à une élection doit présenter une image
qui suscite l'adhésion, être éloquent et avoir un discours
persuasif (The time's now), ce slogan du CPP permet à la candidate
KAH WALLA de réveiller l'électorat en lui faisant savoir que
son heure a sonné.
Si la profession prédispose un certain nombre de
candidat à la réussite politique. Le statut social peut aussi se
présenter comme un atout.
PARAGRAPHE II : LE STATUT SOCIAL COMME UN ATOUT
Le statut social d'un acteur peut présenter un
intérêt particulier. Il peut en effet apparaitre comme un
élément permettant à un agent social de se
démarquer des autres et d'accéder à une position sociale
privilégiée en ce sens qu'une construction sociale des candidats
à l'élection présidentielle peut aussi se lire sous le
prisme de statut social comme atout. C'est qu'au rang des
propriétés sociales et spécifiques des candidats se
trouvent aussi le statut social.
Les candidats émergents à
l'élection présidentielle de 2011 qui font l'objet de notre
préoccupation ont pour Paul AYAH ABINE le statut de chef traditionnel et
pour KAH WALLA et MOMO Jean de Dieu le statut de membre de la
société civile.
A/ LE STATUT DE CHEF TRADITIONNEL DE PAUL AYAH
ABINE
La chefferie traditionnelle occupe encore une place
importante dans les sociétés africaines et notamment dans les
sociétés camerounaises. Elle apparait au Cameroun comme un relais
de la l'administration publique. Paul AYAH ABINE est une autorité
traditionnelle qui bénéficie d'un certain nombre de
privilège de par son statut.
1) L'autorité traditionnelle.
Les chefferies traditionnelles apparaissent comme
un échelon de l'organisation administrative au Cameroun. Elles sont
régies dans notre pays par le décret de 1977. La loi
constitutionnelle du 18 janvier 1996 garantit la représentation des
chefferies traditionnelles en prévoyant expressément leur
présence dans les conseils régionaux. Au sens de l'article 55 de
la constitution, les deux niveaux de la décentralisation sont la commune
et la région.
Les chefferies traditionnelles peuvent être
du premier, deuxième ou troisième degré selon leur
importance territoriale ou historique. A l'origine. Chez les peuples du Nord,
il y avait des grands lamidats féodaux qui étaient
tout-puissants. A l'Ouest chez les peuples de grassfields, les chefferies
tirent leur pouvoir d'une longue tradition rituelle. Et à l'Est, Centre
et Sud, on retrouvait des chefferies patriarcales avec un pouvoir d'arbitrage
entre individus.
Dans sa construction de la rationalité et sa
classification relative à la domination, MAX WEBER distingue
l'autorité traditionnelle de l'autorité charismatique et de
l'autorité légale rationnelle. L'autorité traditionnelle
trouve son fondement dans la coutume et la tradition. C'est ce qui justifie de
la domination d'un chef traditionnel et l'obéissance de ses sujets.
PAUL AYAH ABINE est chef traditionnelle de
2e degré d'Akwaya dans la région du Sud Ouest. Cela
lui confère le respect et une position de domination certaine .dans
notre tradition les sujets sont soumis au chef .IL apparait donc comme un
guide, l'homme dit on doit suivre les directives dans la chefferie.
Ce statut de chef qui assure l'autorité
traditionnelle par ses charges et ses responsabilités à
préparer le candidat à de plus hautes responsabilités,
à la gouvernance nationale. Une belle posture entraine un certain nombre
de privilèges.
2- Les privilèges du statut de chef
traditionnel.
Les chefs traditionnels sont nommés sur avis
des notables de la chefferie. Mais c'est l'autorité administrative qui
signe l'acte de désignation du chef. Les chefs ont un statut
d'auxiliaire administratif. Concrètement ce sont les relais
périphériques de l'administration.
On rencontre trois degré de chefferie au
Cameroun. Le premier degré couvre au moins deux chefferies du
deuxième degré et dont le territoire ne dépasse les
limites départementales. Le deuxième degré couvre au moins
deux chefferies du troisième degré et dont l'espace territorial
ne va au-delà des limites d'arrondissements. Le troisième
degré couvre le village en milieu rural ou le quartier en milieu
urbain.38(*)
Les autorités traditionnelles exercent une
forte influence morale et spirituelle sur leurs administrés. Les
autorités traditionnelles qui investissent le champ politique
n'hésitent pas à exploiter cette influence comme ressource
politique.
Au-delà du pouvoir que Paul AYAH ABINE en tant
que autorité traditionnel exerce sur ses sujets d'Akwaya, il lui est
reconnu des privilèges dès lors qu'il est
célébré, consulté et servi prioritairement. Il ya
donc une construction hiérarchique qui valorise la personne d'AYAH
ABINE.
Le chef a des facilités d'accès au
service public étant entendu que les chefferies traditionnelles sont un
échelon de l'organisation administrative au Cameroun ; il
reçoit constamment des présents de la part de ses sujets et des
dons des autres. Il n'a pas à fournir le même effort que ses
sujets pour la satisfaction de ses besoins. Ses déplacements sont
facilités et organisés de manière à lui permettre
de remplir ses obligations. De tels privilèges ne sont pas
appréciés de la même façon chez les membres de la
société civile.
B/ MEMBRES DE LA SOCIETE CIVILE
Le concept de Société Civile est un
héritage du XVIIIe siècle. Il permet
de penser dans une démarche philosophique que mettent en avant les
droits fondamentaux de la société humaine, ce qui dépasse
les individus et ce qui, socialement s'oppose à
l'Etat. « Il s'articule donc dans un double système
d'antinomies : la totalité par opposition aux parties qui la
compose (classes sociales, catégories socioprofessionnelle ou
démographique). Les finalités économiques et sociales
(lato sensus) par opposition aux finalités
politiques. ».39(*) On peut observer aujourd'hui que la
société civile a des représentants qui se distinguent plus
ou moins des professionnels de la politique, voir, entrent en concurrence avec
eux. Cette observation doit être nuancée car il arrive souvent
qu'on se retrouve devant une situation d'osmose où les professionnels de
la politique sont en même temps des représentants de la
société civile. Dans la plupart des cas, les acteurs qui se
retrouvent dans une telle situation ont souvent commencé à porter
la casquette de membre de la société civile comme c'est le cas
avec KAH WALLA et MOMO Jean de Dieu.
1) KAH WALLA Présidente
d'association
Edith KAH WALLA est membre de plusieurs associations au
niveau national et international. Les associations sont les composantes de la
société civile. Pour ARISTOTE le concept de société
civile désigne ce qu'on pourra appeler l'espace public. Dans la vie
privée le pouvoir est vertical alors que dans la société
civile les rapports sont horizontaux et contractuels entre les Hommes libres.
Pour les contractualistes de l'Etat moderne, la société civile
à l'idée de mobilité sociale intériorisée
par les individus. Les libéraux historiques quant à eux estiment
que les liens marchands sont constitutifs de cette société
civile car c'est par l'échange marchand et la culture que les individus
se « civilisent ».
KAH WALLA est d'abord membre de nombreuse association
d'entreprises. Membre du bureau de l'American Chambers of Commerce. Pendant 15
ans, elle va assurer la vice- présidence et ça par intérim
entre 2006 et 2007 où elle mènera des actions pour
l'amélioration de l'environnement des affaires au Cameroun pendant son
mandat. Elle est également membre fondatrice du Women Entrepreuneurs
of Cameroon. On la retrouve également membre du African Business Women's
net Works. Enfin elle devient membre du conseil du World Entrepreneurship
forum en 2008.
Edith KAH WALLA est présidente de deux
associations sociales : la Cameroon Gender and Development Net Works et
Cameroon ô Bosso. Ce statut de membre de la société civile
lui offre des tribunes d'expression et lui per met de mobiliser les
réseaux sociaux. C'est qu'une personne qui se retrouve dans plusieurs
structures associatives a de chances d'être plus connues et de
développer une capacité de mobilisation sociale et même
financière. La capacité de mobilisation sociale peut aussi se
construire à travers la défense des droits de l'Homme.
2) MOMO Jean de Dieu, défenseur des droits de
l'Homme
Maître Jean de Dieu MOMO a souvent
été présenté comme acteur de la
société civile. C'est l'image qu'on a eu de lui depuis 2004 avec
l'affaire des 09 disparus de Bépanda ; il avait d'ailleurs
été baptisé « chasseur des
généraux » au début de l'année 2000 en
raison de son activisme dans la défense des victimes du commandement
opérationnel face à la hiérarchie militaire.
Un acteur de la société civile parce que,
défendant des intérêts sensibles tels que les droits de
l'Homme, développe une capacité de persuasion et de mobilisation
sociale. Il peut à partir de cela pour se construire une
personnalité, s'ouvrir les portes des groupes intéressés
par l'action qu'il mène et se forger un statut social
considérable.
Il peut même devenir un référentiel
dans un espace donné et dans son domaine d'action. On a par exemple vu
comment Maître MOMO Jean de Dieu s'est fait un nom à travers la
défense des droits de l'Homme à partir notamment de l'affaire des
neufs disparus de Bépanda.
Son action sociale est même allée plus loin
dans son impact lorsqu'il est devenu avocat au TPI des Nations Unies pour le
Rwanda en 2006. C'est que son activisme dans un domaine aussi sensible que les
droits de l'Homme a pu le hisser au niveau international. Une belle ouverture
prépare forcement à un statut plus élevé. Cela peut
conduire à une mobilisation transnationale qui peut apparaitre comme un
levier pour l'action qui continue à se dérouler dans l'espace
nationale ou locale « l'extension de l'action hors des
frontières vise à donner accès à des ressources
additionnelles. Celles- ci sont d'abord symboliques : une
visibilité voir une reconnaissance par l'international, la
référence à de valeurs globale confère un surcroit
de légitimité dans la sphère
nationale »40(*).
Il peut aussi arriver qu'être reçu pour un acteur
social par un ambassadeur ou un responsable étranger de passage
.permette à l'intéressé d'accéder au statut de
« représentant de société civile ».
Les propriétés sociales spécifiques
des candidats émergents à l'élection
présidentielle de 2011 participent alors comme on l'a vu de leur
profession et de leur statut social. Les particularismes identitaires
rencontrés chez ces candidats renseignent d'avantage sur la
reconstruction des itinéraires.
SECTION II : LES PARTICULARISMES IDENTITAIRES
DES CANDIDATS EMERGENTS
En tant que candidat dont le passé politique est
relativement inconnu, les candidats émergents ont pu se forger un profil
à partir de facteurs ayant un poids social considérable. C'est
d'abord le cas de l'origine ethnique qui construit l'identité des
acteurs dans la mesure où l'origine ethnique d'un candidat influe
considérablement sur sa personnalité tant il est vrai que les
groupes ethniques présentent des particularités en terme de
valeur, de mode de vie et même de revendication sociale. Il y a aussi le
statut relatif d'homme ou de femme politique professionnels qui peut influencer
d'une façon ou d'une autre l'entrée en scène d'un candidat
dans le champ politique et notamment l'entrée en compétition
à une élection présidentielle.
PARAGRAPHE I : L'ORIGINE ETHNIQUE ANGLO-BAMI
Réfléchissant sur la préoccupation
politique du partage du pouvoir au Cameroun, le groupe ethnique anglo-bami a
souvent fait l'objet d'une préoccupation. C'est que les charges du
Président de la République se sont jusque là
retrouvées entre les mains des ressortissants du grand nord et celles
du centre-sud. Les révélations de Wikileask confirment d'ailleurs
cet état de chose.41(*) C'est pourquoi il convient d'examiner les origines
anglophones des candidats Paul AYAH ABINE et Edith KAH WALLA. Ainsi que les
origines Bamiléké de Maître MOMO Jean de Dieu.
A/ LES ORIGINES ANGLOPHONES DE PAUL AYAH ABINE ET
D'EDITH KAH WALLA
Sur les dix régions que compte le Cameroun, deux
sont anglophones à savoir le Sud- Ouest et le Nord ouest qui composent
le grand ensemble appelé Southern Cameroon. Jusqu'à
présent aucun candidat anglophone n'a encore brigué la
magistrature suprême dans notre pays malgré les efforts du
candidat du SDF Ni John FRU NDI. Si les deux candidats présentés
ici sont d'origine anglophone, il convient de préciser qu'Edith KAH
WALLA est originaire du Nord Ouest et Paul AYAH ABINE. du Sud Ouest.
1) KAH WALLA, originaire du Nord Ouest jus qu'à
présent aucun
Aucun ressortissant du Nord Ouest n'a
accédé à la magistrature suprême au Cameroun depuis
l'indépendance. Le leader du SDF, NI John FRU NDI qui, avait
suscité un espoir pour les ressortissants de la région du nord
Ouest de voir l'un des leurs assurer la gestion du pouvoir politique, a fini
par décevoir au fil du temps.
Il est pourtant légitime dans une perspective de
rotation du pouvoir qu'une élite politique du Nord Ouest puisse prendre
la tête de la magistrature suprême dans notre pays. Se rendant
justement compte que les autres acteurs de la région ont du mal à
mobiliser les ressources politiques suffisantes pour conquérir le
pouvoir, KAH WALLA, fort de son leadership, a cru bon de devoir prendre les
choses en main.
Bien plus, la grande rivalité qui oppose les
élites42(*) du Nord
Ouest à celles du Sud Ouest comme on le voit au niveau du contrôle
de la primature dans notre pays justifier l'entrée en compétition
à une grande échéance nationale comme cela a
été le cas le 09 octobre 2011 au Cameroun lors de la
présidentielle. C'est dire que le Nord Ouest a été
suffisamment représenté par KAH WALLA, NI John FRU NDI, et
Bernard MUNA l'origine anglophone peut aussi avoir influence l'entrée
en compétition de Paul AYAH ABINE.
2)- Paul AYAH ABINE, originaire du Sud
Ouest
La région du Sud Ouest a souvent voulu se
démarquer de celle du Nord Ouest dans le grand ensemble de le Southerm
Cameroon. On se souvient d'ailleurs que Buea a été la capitale du
Cameroun.
L'origine ethnique de Paul AYAH A peut aussi expliquer sa
volonté de se positionner comme une élite du Sud Ouest capable de
faire la différence à l'élection présidentielle.
C'est que même si certains originaires du Sud Ouest ont exercé les
fonctions de premiers ministres à l'occurrence Peter MAFANY MUSONGUE,
Philémon YANG il reste sue les élites de la région n'ont
pas souvent exclu hypothèse à l'accession à la
magistrature suprême. On peut donc comprendre que Paul AYAH A.
représentant du Sud Ouest à l'élection
présidentielle de 2011 ait pu s'engager après sa
désolidarisation du RDPC. Un représentant de cette région
à la tête de l'Etat ne serait que rendre justice à ceux qui
jadis ont abrité la capitale de notre pays.
La question de l'accession à la magistrature
suprême se pose aussi avec un grand intérêt dans le grand
groupe ethnique Bamiléké qui désigne le peuple des
grassfields.
B- les origines Bamiléké de Maître
MOMO
L'avocat Jean de Dieu MOMO est un ressortissant de la
région la plus petite en superficie au Cameroun et qui est pourtant
caractérisée par une population dense : c'est dire qu'il y a
une pléthore de ressortissants bamiléké au Cameroun que
ouvrent sur l'ensemble du territoire national. L'origine de maître MOMO
en tant que ressortissant de la Menoua influe considérablement sur son
entrée en politique quand on sait qu'elle est la référence
entrepreneuriale bamiléké
1)- Maître MOMO Jean de Dieu ressortissant de la
Ménoua.
Le Président du PADDEC est originaire du
département de la Menoua dans la région de l'ouest. Jusqu'ici la
grande ethnique bamiléké a eu du mal à accéder
à la tête de l'état du Cameroun. Il est fort remarquable
que malgré la présence de nombreux ressortissants de la
région de l'Ouest dans le champ politique tels que FONING,
Célestin KETCHANGA, Maurice KAMTO et autres qu'aucune élite de
cette région n'ait pu accéder à la primature ou à
la magistrature suprême malgré le retour au pluralisme politique
en 1990.
Se rendant compte de l'incapacité des ressortissants
de l'ouest de jouer le 1er rôle dans l'univers politique
Cameroun mais, malgré des grands noms tels que KONTCHOU KOMENI FOTSO
Victor ou encore KADJI de FOTSO, Jean de Dieu MOMO s'est engagé
à faire la différence en faisant oublier des compétiteurs
politiques tels que Hubert KAMGA et en se hissant comme le seul
bamiléké capable de représenter valablement l'Ouest
Cameroun au-delà du poids politique qu'on pourrait reconnaitre à
ADAMOU NDAM NJOYA représentant du peuple Bamoun.
Nous ne disons pas ici que chaque candidat entre en
compétition pour représenter sa région si ce n'est de
fait, mais pour remontrer sa capacité à mobiliser les
électeurs puisqu'il savoir d'une compétition nationale mais on ne
saurait non plus négliger le poids de l'ethnicité dans notre
univers politique43(*).
Cette référence à l'ethnicité présente un
certain intérêt chez le grand ethnique bamiléké.
2)- référence entrepreneuriale
bamiléké
Les peuples de grassfield ont toujours été
présentés dans notre pays comme étant très
entreprenants et travailleurs. C'est cela qui explique qu'ils puissent
contrôler la grande partie de l'économie nationale. On les
retrouve dans les secteurs bancaires (CBC), agricoles, Brassicoles (UCB), le
petit commerce, l'import-export... cet esprit d'entrepreneuriat est
caractéristique de plusieurs ressortissants de la région de
l'Ouest.
Cela peut expliquer que Maître MOMO Jean de Dieu soit
entreprenant. Ses origines ont participé à la construction et
à la formation de sa personnalité. Il est parti du notariat pour
le barreau avant de se retrouver comme acteur majeur de la défense des
droits de l'homme au Cameroun à partir des années 2000 pour enfin
se retrouver candidat à l'élection présidentielle de
2011.
L'entreprenariat suppose une vision de la part de l'acteur
social. La mise en oeuvre d'une telle vision suppose la nationalité de
l'action sociale.
L'entrepreneur entend investir et poser des actes rentables.
Il n'est de pas étonnant que cette emprunt ait marqué
l'entrée en scène du candidat MOMO à l'élection
présidentielle de 2011 au Cameroun au-delà de l'origine ethnique
on peut aussi relever que le statut relatif à l'homme ou de femme
politique professionnels aura influencé l'entrée en scène
des candidats émergents.
Paragraphe 2 : le statut relatif de l'homme ou de
femme politique professionnels
Mis à part le droit à
l'éligibilité on peut relever qu'il n'y a pas de condition
d'accès jusqu'à codifiées qui interdisent l'entrée
en politique. On observe néanmoins certains pré requis qui
conditionnent cette entrée et notamment la lute des valeurs et pour des
postes. La professionnalisation politique apparait alors plus ou moins comme un
élite pouvant faciliter l'entrée en compétition à
une grande échéance nationale qu'est l'élection
présidentielle si Edith KAH WALLA Paul AYAH A peuvent être
présentés comme des hommes politique professionnels ce n'est pas
le cas de MOMO Jean de Dieu.
A)- la professionnalisation politique d'AYAH A et de
KAH WALLA
Selon Michel OFFERLE, « la référence
à la profession pour désigner l'activité principale d'un
acteur (vivre dans la politique) est en effet chargée d'ambivalence le
professionnel vit pour la politique (vocation et désintéressement
vous mercenaire stipendié ; professionnalité amateurisme et
dilettantisme) et par la politique (revenus carrière activité
d'intermédiation séparée des préoccupation des
citoyens ordinaires) le terme de professionnalisation quoi qu'il soit son
ambigüité permet rendre compte du double processus
étudié ici : l'avènement de l'homme politique
à plein temps (du notable au professionnel) et de l'accession des
acteurs à l'activité politique continue l'accès d'un agent
à la politique comme première ou seconde
profession »44(*). C'est dans cette perspective que s'inscrivent Paul
AYAH A et KAH WALLA
1) Paul AYAH A, député
Paul AYAH A député RDPC de la Manyu
depuis 2002 c'est de un membre du parlement élu de la nation. En tant
que député Paul AYAH A exerce une activité politique
professionnelle.
L'émergence des savoirs et des savoir-faire
parlementaires de l'hémicycle ; les commissions, les couloirs
« réunions » traduisent la spécialisation
politique comme le montre Jean JOANA45(*) où l'on voit que Paul AYAH ABINE a
profité d'un apprentissage au parlement Camerounais pour réaliser
sa professionnalisation politique c'est que « la formation et le
développement des réunions montre que l'activité politique
déployée par le personnel notabiliaire qui siège dans les
chambres parlementaires durant cette période comportent une dimension
spécialisée. Les intérêts qui y sont disputé,
les ressources qui en découlent, les pratiques s'y forment, sont autant
d'éléments constitutifs d'un processus de
professionnalisation».46(*)
Le député se fait une certaine conception
des charges parlementaires qui influent sur son savoir
faire : « la conception que les députés se
font des obligations constitutives de leur mandat est importante dans la mesure
où elle influe directement sur la définition des savoir- faire
considères comme nécessaire à l'exercice de
celui-ci »47(*).
Autant l'activité parlementaire façonne le député
et le professionnalise comme on le voit chez Paul AYAH A. autant
l'activité communale du conseiller municipal façonne ce
dernier
2)- KAH WALLA conseillère
municipale
Edith KAH WALLA a été élue
conseillère municipale SDF à Douala 1er en 2007. Cela
lui a permis de conduire quelques réalisations politiques au sein du
conseil municipal. Ainsi en a-t-il été du rôle de
« WATCH DOG » sur la planification, les réalisations
et la gestion financière, l'interpellation de l'exécutif communal
sur la gestion financière de la mairie, la communication aux populations
sur le rôle et les projets de la commune, l'invitation des
représentants des communautés à participer aux conseils
municipaux, accompagnement des populations pour la participation aux projets de
la commune et pour la défense de leurs intérêts. Pour ce
dernier cas, on pourrait ainsi citer le projet d'amélioration du milieu
des affaires au marché Sandaga à Douala dans le
département du Wouri, arrondissement de douala 1er.
L'activité de conseiller municipal s'inscrit dans la
libre administration des collectivités territoriales
décentralisées et dans la recherche de l'efficience et de
l'efficacité dans la conduite des affaires locales.
Cette qualité d'homme politique professionnelle
ne se retrouve pas chez MOMO Jean de Dieu.
B)- L'absence de professionnalisation politique de
Maître MOMO
Contrairement aux deux autres candidats maitre MOMO
n'apparaît pas comme un homme politique professionnel, il est
plutôt présenté comme un acteur social politisé, un
homme politique non professionnel.
1)- L'absence de qualité de l'homme politique
professionnel maître MOMO.
Un homme politique professionnel vit de la politique, et pour
la politique l'activité politique lui procure des ressources
financières suffisantes lui permettant de mener son action. C'est
pourquoi en tant que membre d'un parti politique il est amené à
exercer les métiers politiques tels que l'activité parlementaire
et l'activité municipale et pourtant, ce n'est pas dans ce registre que
s'inscrit MOMO Jean de Dieu même si aujourd'hui en tant que
président du PADDEC il est un homme politique (présentation des
métiers politiques et de leur exercice.
2)- L'acteur social politisé
La politisation des individus est la manifestation de plus en
plus d'un intérêt pour la chose politique. C'est cette
politisation qu'on a observé chez maitre Jean de Dieu MOMO après
avoir montré un intérêt particulier à la
défense des droits de l'homme en tant que acteur social, il s'est
finalement politisé.
En tant qu'acteur social politisé, il agit dans le
champ politique. En tant qu'homme politique, il lui manque d'être
professionnalisé, C'est-à-dire d'exercer les métiers
politiques selon les savoirs et les savoirs faire propres à chaque
métier concerné (ajouter les caractéristiques de la
politisation des individus et montrer comment elles s'appliquent à
maître MOMO.
Les propriétés sociales spécifiques et
les particularismes identitaires des candidats émergents permettent la
reconstruction de leurs itinéraires. Ces itinéraires se trouvent
entre unité et de diversité. Ils permettent aussi de voir
à partir de quels éléments les candidats ont construit
leur émergence.
CHAPITRE II : LE CONSTRUCTION DE L'EMERGENCE
Pour expliquer ce qu'il entend par émergence,
Emile DURKHEIM procède par analogie en s'appuyant sur les
propriétés de l'eau. Pour lui « toutes les fois que les
éléments quelconques, en se combinant, dégagent, par le
fait de leur combinaison des phénomènes nouveaux, il faut bien
concevoir que ces phénomènes sont surtout situés non dans
les élections mais dans le tout formé par leur
union »48(*). Si
l'émergence se présente comme nouveauté, il reste à
savoir comment les acteurs et notamment les candidats construisent leur
émergence à l'élection présidentielle. C'est que
l'action sociale est un construit des acteurs.
La construction de l'émergence peut être
perçue à travers le prisme du relativement inconnu ou connu et
celui de la démonopolisation des professionnels politique classiques
SECTION I : DU RELATIVEMENT INCONNU AU CONNU
Les candidats émergents que nous avons
découverts à l'élection présidentielle du 09
octobre 2011 au Cameroun sont caractérisés par un passé
politique relativement inconnu. C'est qu'avant cette grande
échéance nationales on ne les connaissait que trop peu ou
même pratiquement pas. Il serait donc intéressant de savoir
comment ils sont partis d'un certain anonymat politique pour être connu
sur la scène politique comme on le voit aujourd'hui a ce propos il
conviendrait de questionner le jeu des capitaux sociaux et la construction d'un
capitale politique.
PARAGRAPHE 1 : LE JEU DES CAPITAUX SOCIAUX
L'acteur agissant dans un milieu organisé peut
mobiliser des ressources sociales lui permettant de se mouvoir dans l'espace
publique. Le capital social au quel l'acteur peut recouvrir et qui lui permet
de donner plus d'efficacité à son action peut être
personnel ou associatif.
A)- capital personnel
Le capital personnel est celui dont la personne est
directement dotée. C'est lui que le candidat mobilise d'abord dans son
action. On peut le retrouver dans le charisme des candidats et ou dans leurs
compétences.
1)- le charisme
Le charisme apparait comme la qualité extraordinaire
d'un individu. Il peut s'agir d'un prophète d'un sage qui possède
des vêtues surnaturelles. Il peut encore s'agir des talents ou des
propriétés qui distinguent une personne des autres. C'est ainsi
qu'une personne qu'a du charisme doit être reconnu par ses fidèles
dès lors que ses mérites inexplicables entraînent des biens
faits pour tous ceux qui le suivent. L'homme charismatique est
présenté comme un chef ayant des fidèles, disciples ou des
partisans.
MAX WEBER distingue d'ailleurs la domination charismatique
des formes traditionnelles ou, encore rationnelle :
- Légale d'exercice de l'autorité. La domination
charismatique s'oppose
alors à la domination rationnelle bureaucratique met
aussi à la domination traditionnelle patriarcale. Soumise
également à des règles strictes.49(*)
L'homme charismatique est ainsi un leader qui de part ses
promesse ou ses talents peut mobiliser des fidèles ou des partisans
autour de lui. Ces derniers lui doivent allégeance et respect. C'est ce
qui peut expliquer que MOMO Jean de Dieu, Paul AYAH ABINE et Edith KAH WALLA
par leur courage et leur leadership aient pu se constituer des groupes de
partisans qui leur vouent de l'admiration et du respect. Pour assurer plus
d'efficacité, le charisme doit s'accompagner des compétences
personnelles des candidats.
2) Les compétences
La maîtrise des savoirs et des savoirs faires
relève des compétences des candidats. Dans l'exercice de son
activité la personne compétente est celle qui maîtrise son
travail et produit des résultats probants. La capacité de maitre
MOMO à plaider brillamment au palais de justice et à
défendre efficacement ses dossiers a fait de lui un avocat
compétent.
La place qu' Edith KAH WALLA occupe dans le monde des affaires
et notamment le fait pour elle de figurer parmi les sept femmes chefs
d'entreprise oeuvrant pour la reforme de l'environnement des affaires en
Afrique reconnu par la banque mondiale et son cadre d'action montre bien
qu'elle a des compétences sur lesquelles elle peut compter pour se
frayer un chemin dans l'univers politique camerounais.
En effet, elle exerce depuis 1988 date à laquelle elle
a crée sa première entreprise, WALLI BUME qui exerçait
dans les conseils, le design africain avec les partenariats entre entreprises
africaines et Américaines. Dans son cabinet stratégies
créée en 1995, elle prodigue les conseils en management et en
marketing avec 75% de son chiffre de d'affaire à l'étranger si on
s'en tient à son CV.
Paul AYAH ABINE a exercé comme magistrat après
avoir bravé le concours de l'ENAM et reçu une bonne formation. Il
est allé à la retraite avec le grade de magistrat hors
hiérarchie. Ce qui traduit ses compétences dans sa profession de
magistrat. Ces compétences lui ont également permis de se
distinguer dans son activité parlementaire entant que
député.
Le capital personnel des candidats a été enrichi
du capital associatif dans la construction de leur émergence.
B- Le capital associatif
L'association est un groupement d'individus ayant pour
vocation de défendre les intérêts collectifs.
L'appartenance à un groupe social peut constituer un appui dès
lors que l'association en tant que levier permet de mobiliser des partisans.
1) Appartenance à un groupe social tel qu'un
syndicat ou tout autre
L'appartenance à un groupe social tel qu'un
syndicat ou toute autre association renforce des liens sociaux et contribue
à enraciner l'acteur qui souhaite s'investir dans le champ politique. Le
groupe social est constitué de plusieurs individus de divers horizons se
retrouver parmi les membres de cet ensemble multiplie les liens et
élargit l'assiette des potentiels partisans à l'activité
de l'entrepreneur politique.
La candidate du CPP, Edith KAH WALLA s'appuie sur plusieurs
associations dont la plus connue reste Cameroon ô Bosso. Elle est membre
des associations d'entreprise telle que African Business Women's network et des
associations sociales telles que Cameroon Gender and Development network. Son
association la plus connue Cameroon ô Bosso compte de nombreux jeunes
comme membre à qui elle enseigne le développement du leadership.
Ce milieu associatif apparait souvent comme un véritable levier pour
l'action politique.
2) -Association comme levier
L'appartenance à une association constitue souvent un
capital permettant à un acteur d'investir efficacement l'espace
politique. En effet, ce sont les membres d'association que leurs leaders
transforment souvent en capital politique lorsqu'ils souhaitent mobiliser un
électorat fiable.
L'implication d'un acteur dans une association doit tout de
même être relativisée lorsqu'il s'agit de mesurer l'impact
des responsabilités dont l'acteur a la charge dans l'association sur son
action politique « c'est donc souligné que le concept de
capital associatif » comme forme de capital politique collectif ne
saurait être utilisé de manière mécanique. D'une
part, car il existe deux structures contrastées de ressources :
soit ce capital constitue pour l'agent de le seul bien rare dont il puisse
faire état pour fonder une autorité politique ; soit ce
capital représente un atout supplémentaire lui permettant de
maximiser les autres biens rares dont il dispose d'autre, car la
rentabilité de cas deux types de capitaux collectifs ne peut être
comprise qu'en référence à un espace de concurrence et
dans une conjoncture déterminée.50(*) Au-delà du capital associatif, d'autres
facteurs peuvent contribuer à la construction d'un capital politique et
notamment l'intervention dans le champ de compétence de l'Etat.
PARAGRAPHE2 : La construction d'un capital
politique
Le capital est pris ici dans le sens des ressources
permettant de mener une alternative. Le capital politique apparait comme
« une forme de capital symbolique, crédit fondé sur la
croyance et la reconnaissance ou, plus précisément, sur les
innombrables opérations de crédit par lesquelles les agents
confèrent à une personne (ou à un objet) les pouvoirs
mêmes qu'ils lui reconnaissent »51(*). En traitant des
espèces du capital politique, Pierre BOURDIEU souligne que l'homme
politique doit son autorité spécifique dans le champ politique-
ce que le langage indigène appelle son « poids
politique »- à la force de mobilisation qu'il détient,
soit à titre personnel, soit par délégation, en tant que
mandataire d'une organisation (parti, syndicat) détentrice d'un capital
politique accumulé au cours des luttes passées52(*).
La construction d'un capital politique peut tenir de
l'intervention dans le champ de compétence de l'Etat ou de
l'apprentissage à travers le travail des professionnels du
présent et du passé.
A - Intervention dans le champ de compétence de
l'Etat
L'Etat a pour mission la satisfaction des besoins
d'intérêt général. Il est investi des missions de
service public. Un acteur peut donc agir dans le champ de l'Etat et se
constituer ainsi un capital à travers la connaissance et la
reconnaissance dans sa personne. Ce capital pourra faire l'objet d'une
reconversion en capital politique. L'acteur enquête de capital politique
intervient en cas de silence ou d'insuffisance des moyens de l'Etat.
1- En cas de silence de l'Etat
L'action d'un entrepreneur politique peut devenir plus
efficace lorsqu'il intervient dans le champ de compétence de l'Etat.
« Cette démission » de l'Etat lui permet de se faire
un nom, une renommée. C'est qu'une action sociale accomplie en situation
de crise attire l'attention et mobilise le capital personnel qui est
revêtu ici est moins le capital personnel de notable que le capital
sociale héroïque. C'est ce qu'a retrouvé chez Edith KAH
WALLA conduisant le projet du marché Sandaga ou encore formant et
trouvant des emplois aux jeunes et aux femmes. Cette intervention au champ de
compte rentre aussi dans l'actif du candidat MOMO dans la célèbre
affaire des 09 disparus de Bépanda. La lutte pour la construction de
l'infrastructure routière MAMFE AKWAYA menée par Paul AYAH ABINE
au Sud Ouest va dans le même sens. Le capital personnel
prophétique ou héroïque a une plus grande partie dans le
champ politique que le capital personnel de notable. Pierre BOURDIEU fait le
même constat lorsqu'il fait remarque : « tandis que ce
capital personnel de notable est le produit d'une accumulation lente et
continue qui prend en générale une vie, le capital personnel que
l'on peut appelé héroïque ou prophétique et auquel
pense Max WEBER lorsqu'il parle de « charisme » est le
produit d'une action inaugurale accomplie en situation de crise , dans le vide
et le silence laissé par les institutions et les appareils : action
prophétique de donation de sens, qui se fondent et se légitime
elle-même rétrospectivement par la conformation que son propre
succès confère au langage que de crise et à l'accumulation
initiale de force de mobilisation qu'il a
réalisée ».53(*)
Le silence de l'état peut donc profiter comme on l'a
vu aux entrepreneurs politiques. Il en est de même en cas d'insuffisance
des moyens de l'Etat.
2)- En cas d'insuffisance des moyens de
l'Etat
L'Etat ne dispose pas toujours de tous les moyens lui
permettant de répondre aux attentes sociales. Ainsi par exemple,
l'insuffisance des moyens de l'Etat au Cameroun dans la gestion et la
construction des infrastructures, des marchés, dans la résolution
de la crise, du chômage et la régulation efficace de l'occupation
des espaces peuvent amener des entrepreneurs à investir le champ
politique en dénonçant les insuffisances de l'Etat et notamment
du régime en place, en proposant à la place de l'Etat des
solutions alternatives aux intéressés. Selon Edith KAH WALLA ,
le Cameroun doit concrétiser son leadership en formant les jeunes, en
aidant les femmes à mieux s'intégrer et en créant les
conditions favorables à plus d'égalité et à plus de
justice sociale.
C'est là où l'Etat n'a pas suffisamment les
moyens et notamment de l'expertise que les acteurs comptant très souvent
parmi les membres de la société civile intervient soit comme des
partenaires, soit, soit comme des concurrents les candidats émergents
qui font l'objet de notre étude déclarent vouloir résoudre
les plus jeunes et les femmes dans notre pays en estimant que l'Etat ne fait
pas assez. Ce faisant, ils investissent l'espace pub en s'assurant une bonne
réputation. Cette réputation peut âtre reconvertie en
capital politique. Mais le capital politique ne se construit pas seulement
à partir de l'intervention dans le champ de compétence l'Etat.
Les acteurs doivent aussi suivre l'apprentissage à travers le travail
des professionnels du présent et du passé.
B)- Apprentissage à travers le travail
professionnel du présent et du passé
La construction du capital politique s'attache à un
apprentissage qui s'appuis sur le travail des professionnels du présent
et du passé. « En matière de politique comme en
matière d'art, la dépossession du plus grand nombre est
corrélatif ou même consécutive de la concentration des
moyens de production proprement politiques aux mains des professionnels ;
qui ne peuvent entrer avec quelque chance de succès dans le jeu
proprement politique qu'à condition de posséder une
compétence spécifique. Rien est moins naturel en effet que le
mode de pensée et d'action qui est exigé par la participation au
champ politique : comme l'habitus religieux, artistique ou scientifique.
L'habitus du politicien suppose un entrainement spécial. C'est d'abord,
biensûr, tout l'apprentissage nécessaire pour acquérir le
corpus de savoir spécifique (théories, problématiques,
concepts, traditions historiques, données économiques etc...)
produit et accumulé par le travail collectif des professionnels du
présent ou du passé ou des capacités plus grandes telles
que la maîtrise d'un certain langage et d'une certaine rhétorique
politique, celle du tribun, indispensable dans les rapports avec les profanes,
ou celle du debater, nécessaire dans les rapports entre
professionnels »54(*).
1) Imprégnation des expériences
passées
Dans leur imprégnation du travail des professionnels du
présent et du passé, les entrepreneurs politiques doivent
prendre connaissance des expériences de leurs
prédécesseurs ou des membres les plus anciens. Maître Jean
de Dieu MOMO s'est inspiré de John FRU NDI pour ce qui est de la logique
de la mobilisation. Edith KAH WALLA elle-même a fait son apprentissage
dans le SDF tout en rappelant du combat des nationalistes dont elle entend
faire écho en tant qu'héritière des luttes de
libération. Quant à Paul AYAH ABINE, il a été
façonné par l'expérience des cadres du RDPC. C'est dire
que les candidats émergents ont subi une sorte d'initiation.
« Mais c'est aussi et surtout cette sorte d'initiation avec ses
épreuves et ses rites de passage, qui tendent à impliquer la
maitrise pratique de la logique immanente du champ politique et à
imposer une soumission de fait aux valeurs, aux hiérarchies et aux
censures inhérentes à ce champ ou à la forme
spécifique que ses contraintes et ses contrôles revêtent au
sein de chaque parti. Cela signifie que pour comprendre complètement les
discours politiques qui sont offerts sur le marché à un moment
donné et donc l'ensemble défini l'univers de ce peut être
dit et pensé politiquement par opposition à ce qui est
rejeté dans l'indicible et l'impensable, il faudrait analyser tout le
processus de production des professionnel de la production idéologique
depuis le marquage opéré en fonction d'une définition
souvent implicite de la compétence souhaitée, qui les
désigne pour ces fonctions et le formation générale ou
spécifique que les prépare à les assumer, jusqu'à
la l'action de normalisation continue que leurs imposent avec leur
complicité les membres plus anciens de leur groupe en particulier
lorsque, nouveaux élus, ils accèdent à parlé et une
liberté de manière alternative aux règles du jeu.55(*) Les candidats tirent donc
profit des expériences présentes et passées en même
temps qu'ils cherchent à maîtriser les concepts, le langage et les
réalités politiques.
2)- Connaissance des concepts, du langage et des
réalités politiques
Un homme ou une femme politique a tout intérêt
à maitriser les concepts et le langage politique. Cela permet à
l'entrepreneur politique à préparer et à tenir un discours
selon les règles de l'art politique. Dans cette perspective, les
candidats émergents n'ont pas procédé de la même
manière. S'il est vrai qu'ils se sont entourés d'étudiant
de science politique il n'en reste pas moins que l'apprentissage des concepts
et du langage politique s'est opéré différemment.
Paul AYAH ABINE a beaucoup appris à sa qualité
de membre du parlement depuis 2002. C'est que le parlement est un espace
privilégié du discours et des échanges politique le
député RDPC au cour de sa carrière de membre du
gouvernement a du apprendre à assimiler le langage politique. Quant
à la maitrise des concepts cela n'a jamais été chose
aisée et facile. Il est plus aisé pour un poliste ou pour un
politologue que pour un étudiant de sciences politique encore eu
formation de maitriser les concepts politique. Aussi des entrepreneurs
politiques qui s'entourent des étudiants ne peuvent qu'avoir une
maitrise relative de ces concepts.
Edith KAH WALLA a trouvé bon d'avoir comme
directeur de campagne un étudiant de master II science politique c'est
SOM Ier qui a conduit la campagne électorale de la candidate
du CPP. Il a donc préparé la candidate à la limite de ses
connaissances et de ses possibilités à tenir un discours
politique pendant la période de la campagne électorale. Il n'a
pas manqué de lui apporter un éclairage sur certains concepts de
la science politique et notamment la conservation du pouvoir,
l'oligarchie ; la circulation des élites etc.
Maître Jean de Dieu MOMO quant à lui en plus de
s'être entouré des étudiants de sciences politique a
trouvé mieux de s'inscrire en master I science politique à
l'université de Douala. Cette inscription devant lui permettre de
maitriser les concepts et le langage politique. Cette démarche n'a pas
encore porté ses fruits puisqu'il n'a pu valider qu'une seule
unité d'enseignement jusqu'ici. On peut qu'en même observer que sa
qualité d'étudiant en science politique l'amène à
se familiariser avec le milieu universitaire des savoirs politiques. Il
s'agissait là de la recherche du capital culturel qui aurait pu leur
faire défaut.
Si à travers le jeu des capitaux sociaux et la
construction d'un capital politique les candidats sont partis du relativement
inconnu au connu, la construction de leur émergence s'est aussi
appuyée sur la démonopolisation des professionnels politiques
traditionnels.
SECTION II : La démonopolisation des
professionnels politiques traditionnels
L'accès dans le champ politique a souvent
été plus favorable aux professionnels de la politique. C'est que
la participation active à la politique demande des conditions sociales
de la construction de la compétence sociale et technique. On observe
souvent la concentration du capital politique aux mains d'un petit
nombre « du fait que les produits offerts par le champ politique
sont des instruments de perception et d'expression du monde social (ou si l'on
veut, des principes de division) la distribution des opinions dans une
population déterminée dépend de l'Etat des instruments de
perception et d'expression disponibles et de l'accès que les
différents groupes ont à ces instruments. C'est dire que le champ
politique exerce en fait un effet de censure en limitant l'univers du discours
politique et, par là, l'univers de ce qui est pensable politiquement,
à l'espace fini des discours susceptibles d'être produits ou
reproduits dans les limites de la problématique politique comme espace
des prises de position effectivement réalisées dans le
champ, c'est-à-dire socio-logiquement possible étant donné
les lois régissant l'entrée dans le champ. La frontière
entre ce qui est politiquement dicible ou indicible, pensable ou impensable,
pour une classe de profanes se détermine dans la relation entre les
intérêts expressifs de cette classe et la capacité
d'expression de ces intérêts que lui assure sa position dans les
rapports de production culturelle et, par là,
politique »56(*).
L'entrée en scène des candidats
émergents tend en une déconstruction du monopole des
professionnels traditionnels de la politique. L'élection
présidentielle d'octobre 2011 a permis d'observer l'accès aux
arènes politiques des candidats plus ou moins non professionnels et la
mise en question des logiques des acteurs traditionnels.
PARAGRAPHE I : l'accès aux arènes
politiques des candidats plus ou moins non professionnels.
La plupart du temps, les candidats qui entrent à une
compétition électorale de grande envergure, ont souvent un
passé politique connu il en est ainsi parce que les candidats qui
entrent en scène justifie généralement de la
qualité d'homme ou femme politique professionnel. Ce qui a
été for remarquable à l'élection
présidentielle de 2011, c'est d'une part, des candidatures soudaines et
d'autre part, la découverte des entrants.
A - Des candidatures soudaines
Jusqu'en 2010, Edith KAH WALLA, Paul AYAH ABINE et MOMO Jean
de Dieu n'avaient pas encore manifesté leur intention de participer
à l'élection présidentielle de 2011 même si pour
BOURDIEU `' l'intention politique ne se constitue que dans la relation à
un état déterminé du jeu politique et, plus
précisément de l'univers des techniques d'action et d'expression
qu'il offre à un moment donné du temps.57(*)
Les candidatures des candidats émergents ont
été soudaines parce qu'elles étaient inattendues
étant entendu que leur passé politique était relativement
inconnu.
1- Des candidatures inattendues
Pour l'élection présidentielle de 2011 au
Cameroun, l'entrée en compétition des candidats Edith KAH WALLA
Paul AYAH ABINE et MOMO Jean de Dieu a surpris plus d'une personne. Ce sont des
candidatures qu'on n'attendait pas. Les candidats traditionnels comme Paul BIYA
NI JOHN FRU NDI, ADAMOU NDAM NJOYA, GARGA HAMAN ADJI étaient attendus.
On a non plus été surpris de voir HAMENI BIELEU ou encore Hubert
KAMGA entrer en compétition.
Les candidats émergents n'ont pas manifesté
leur intention claire d'entrée en compétition avant 2011.
Maître Jean de Dieu MOMO plus que les deux autres n'était membre
d'aucun parti politique. Il menait sur action dans le cadre de la
société civile. Edith KAH WALLA était membre du SDF
jusqu'à sa démission en Avril 2011. Paul AYAH ABINE était
encore député RDPC avant de démissionner du parti. Ces
candidats inattendus avaient d'ailleurs un passé politique relativement
inconnu.
2- Passé politique relativement inconnu
Ce qui a été marquant à
l'élection présidentielle de 2011 au Cameroun, c'est
l'entrée en compétition d'un certain nombre de candidats dont le
passé politique était relativement inconnu. Il s'agit notamment
d'Edith KAH WALLA, AYAH ABINE et MOMO Jean de Dieu. De nombreux Camerounais
n'avaient pas encore entendu parler politiquement de ces candidats
là.
Bien qu'ayant été membre du SDF, Edith KAH
WALLA était peu connue dans le champ politique national ou se souvient
simplement qu'elle s'est présentée aux élections
législatives et municipale de 2007 à l'issue desquelles elle a
été élue conseillère municipale SDF à
Douala 1er c'est donc dans cette inscription qu'elle était un
peu plus connu.
De même, Paul AYAH ABINE, député RDPC de
la Manyu était peu connu des camerounais avant l'élection
présidentielle de 2011. Le député de la Manyu depuis 2002
était certainement connu dans une bonne partie du Sud Ouest mais pas
très nombreux Camerounais, MOMO Jean de Dieu n'était membre
d'aucun parti politique n'était connu pour son action sociale. Son
parcours dans le champ politique n'apparait pas clairement aux yeux de nombreux
Camerounais. Cela peut s'expliquer par le fait que nous avons affaire à
un homme politique professionnel.
Les candidats émergents n'ont véritablement
été découverts comme entrants qu'à
l'échéance présidentielle de 2011.
B - la découverte des entrants
L'élection présidentielle du 09 octobre 2011 au
Cameroun s'est distinguée des autres par le grand nombre de candidatures
déclarées en l'occurrence 52. La découverte des entrants
s'est faite à travers la déclaration de candidature et la
première participation à une élection
présidentielle.
1- La déclaration des candidatures
La déclaration des candidatures à la
présidentielle d'octobre 2011 de Edith KAH WALLA, MOMO Jean de Dieu et
d'AYAH ABINE a contribué à les faires connaitre et leur donner le
statut d'homme ou de femme présidentiable.
C'est lors de la conférence de présentation de
candidature à la présidentielle tenue à Douala le 9
juillet 2011 que maître MOMO Jean de Dieu a officiellement exprimé
son intention de se présenter à la présidentielle de 2011.
Il a rappelé qu'après la légalisation du PADDEC le 16 mars
2010 et la remise du récépissé aux fondateurs en juin 2010
assemblée élective l'a porté à la présidence
du parti le 25 septembre de la même année « oui, je suis
candidat à l'élection présidentielle d'octobre 2011 au
Cameroun. Le PADDEC est la nouvelle force politique du
Cameroun »58(*).
C'est surtout le dépôt de dossier de candidature à ELECAM
qui montrera la détermination du candidat à entrer en
compétition.
Après sa démission du SDF, Edith KAH WALLA sera
accueilli et investie par le CPP le 30 avril 2011. Ce parti qui avait
été le 26 décembre 1991 s'appelait Christian people's
party avait de devenir Cameroun people's party. C'est... le septembre 2011
qu'Edith KAH WALLA a déposé son dossier de candidature à
ELECAM qui l'a d'ailleurs jugé recevable. Pour la candidate du CPP, les
candidats historiques de l'opposition ne travaillaient pas assez face au besoin
d'alternance dans sa recherche des alternatives, l'opportunité se
présentait et il fallait la saisir.
La démarche de Paul AYAH ABINE ainsi que sa trajectoire
sont assez particulières. C'est d'abord dans le RDPC que le candidat
décide d'annoncer son désir le 12 décembre 2010 de briguer
la présidence nationale de son parti, afin d'en être le candidat
à la présidentielle d'octobre 2011. Dans l'impossibilité
de réaliser son objectif dans le RDPC, il a démissionné le
3 janvier 2011 et a été investi par le PAP. Le dépôt
de son dossier de candidature à ELECAM confirmera son engagement
à aller jusqu'au bout de son projet politique.
La déclaration de candidature de ces trois acteurs
politiques leur permettait ainsi de se présenter ainsi de se
présenter pour la première fois à une grande
échéance nationale.
2- Première participation à une grande
échéance nationale
Depuis le retour au pluralisme politique en 1990 trois
élections présidentielles s'étaient déjà
tenues au Cameroun et notamment en 1992, 1997 et 2004. L'élection
présidentielle du 09 octobre 2011 était donc la quatrième
grande échéance de ce genre. Elle marquait aussi la toute
première participation d'Edith KAH WALLA, de Paul AYAH ABINE et de MOMO
Jean de Dieu à une élection présidentielle.
Même Edith KAH WALLA et Paul YAH ABINE s'étaient
déjà présentés au moins à une
élection au Cameroun, il ne s'agissait cependant pas d'une
élection présidentielle Edith KAH WALLA avait participé
aux élections législatives et municipales de 2007 où elle
avait été élue conseillère municipale SDF il
n'avait donc pas encore l'expérience d'une grande échéance
électorale contrairement à Paul AYAH ABINE qui avait
déjà été élu deux fois député
de la nation pour le compte du RDPC. Bien que l'élection
législative ne présente pas le même enjeu et n'impose pas
la même mobilisation des ressources que l'élection
présidentielle, AYAH ABINE a pu se nourrir d'expérience.
La révélation de l'élection
présidentielle de 2011 a surtout été le candidat MOMO qui
ne s'était jamais présenté à aucune
élection, est entré en scène à la
présidentielle camerounaise de 2011 et qui a eu un rang honorable par
rapport à certains candidats traditionnels tels que Jean Jacques EKINDI,
Anicet EKANE, HAMENI BIELEU, KAMGANG Hubert etc.
Cela indique que les candidats émergents se sont
redécouverts. Leur positionnement a permis la reconfiguration de
l'opposition Camerounaise. Ils ont aussi réussi à mettre en
question les logiques des acteurs traditionnels du champ politique
Camerounais
PARAGRAPHE II : Mise en question des logiques des
acteurs traditionnels
Le champ politique Camerounais s'est un développement
des pratiques et des logiques des candidats traditionnels. Il s'agit notamment
des logiques anti-émergence et anti alternance. Depuis 1992 en effet,
hormis l'UNDP où BELLO BOUBA avait remplacé Samuel EBOA et
l'hésitation du MANIDEM a remplacé Anicet EKANE aucune alternance
véritable ne s'est opérée à la tête des
partis politiques au Cameroun. C'est ce que Roberto Michel qualifie de
dérive oligarchique59(*). Ce sont toujours les mêmes qui sont
demeurés à la présidence de leur parti. Les candidats
émergents ont fait entendre leur voix contre la révision des
normes fondamentales et les pratiques anti-émergence.
A - Contre la révision des normes fondamentales
la constitution est la norme fondamentale d'un Etat.
Pour l'autrichien Hans KELSEN, c'est la norme
suprême, celle qui au dessus de tous les autres normes60(*). « Charte des
pouvoirs publics, la constitution détermine les modes de
désignation et les compétences respectives des institutions de
l'Etat ainsi que leurs rapports juridiques. Aujourd'hui, les constitutions sont
le plus souvent des documents écrits, rédigés
expressément et doté d'une autorité supérieure
à la loi ordinaire (constitution américaine de 1787). Mais la
constitution, au sens fonctionnel du terme, peut très bien
résulter d'usages ou de textes de lois ordinaires ayant pour effet de
régir effectivement les rapports entre les pouvoirs publics. On parle
alors, assez improprement d'ailleurs, de constitution coutumière
(modèle britannique) »61(*). L'importance des normes fondamentales est telle que
les candidats émergents ont décidé d'en faire une
ressource politique. Où l'on voit qu'une mobilisation a
été organisée contre la modification de la constitution en
2008 et pour le respect et l'application des dispositions
constitutionnelles.
1- Contre la modification de la constitution en 2008.
La révision de la constitution
opérée en 1996 était le produit d'un consensus de la
tripartite (parti au pouvoir, partis d'opposition et société
civile). La modification de la constitution de 2008 avait suscité une
opposition même au sein du régime. L'attention qui était
focalisée sur l'article 6 alinéa 2 a conduit à l'oubli de
l'intérêt des autres dispositions modifiées. C'est que la
modification de l'article 6 alinéas 2 de la constitution remettant le
candidat du RDPC en course à 3 ans de la fin de son mandat. Cette
modification de la constitution le 14 avril 2008 que certains membres du
régime et les opposants au régime ont trouvé suspecte, a
suscité de vives réactions de la part de ceux qui avaient un
intérêt à ce que le candidat naturel du RDPC ne se
présente plus à l'élection présidentielle. C'est
que de nombreux acteurs de la scène politique Camerounaise voyaient
ainsi leur chance de briguer la magistrature suprême s'amoindrir face au
candidat Paul BIYA. Depuis la première élection
présidentielle pluraliste de 1992 en effet, il n'a jamais
été battu hormis précisément l'élection
présidentielle, de 1992 où il avait été quelque peu
inquiété, depuis il n'a remporté la présidentielle
qu'avec un large score. Sa candidature brisait le rêve de ceux qui
aspiraient à sa succession dès 2011.
Paul AYAH ABINE qui était déjà l'un des
rares députés à oser se démarquer de la ligne de
candidature indiquée par son ancien parti le RDPC, va sortir de
l'ordinaire en refusant de voter pour la modification de la constitution dont
l'un des objectifs était l'institution de la non limitation du mandat
présidentielle : « le président de la
république est élu pour un mandat de 7 ans. Il est
rééligible »62(*). L'ancienne disposition de l'article 6 de la
constitution prévoyait que « le président est
élu pour un mandat de 7ans renouvelable une fois »63(*). Le choix de Paul AYAH ABINE
de braver la ligne de conduite du RDPC lui a valu le bénéfice
d'une certaine publicité qu'il n'aurait certainement pas eu en
s'alignant. Il a pris là même été. Cette
publicité a aussi à sa manière au devant de la
scène profité à Edith KAH WALLA qui, en tant que membre du
« front du non » contre la modification de la constitution
en 2008, s'est investie dans l'organisation d'un regroupement de la
société civile et des partis politiques, dans la marche de
protestations, dans la communication dans les médias et dans la
mobilisation.
Non seulement ces acteurs se sont opposés à la
modification de la constitution en 2008, ils ont aussi revendiqué
l'application des dispositions constitutionnelles et parlent le respect de la
constitution.
2- Pour le respect et l'application de la
constitution
La constitution est le socle sur lequel repose l'Etat de
droit. Il ne suffit donc pas d'avoir une constitution, il faut encore la
respecter et l'appliquer. Cela amène à conclure à
l'inutilité des constitutions de façade. Même si cette
observation ne s'applique pas au cas Camerounais, il reste que l'application de
l'article 6664(*) de la
constitution relatif à la déclaration des biens constitue une
préoccupation ou dans notre les opposants au régime.
Cherchant à se démarquer des autres et attirer
l'attention, Paul AYAH ABINE a accordé une place de choix à
l'application de l'article 66 de la constitution du Cameroun relatif à
la déclaration des biens et des avoirs dans son programme politique.
C'est ainsi que pour marquer son attachement et toute sa détermination
à l'exigence et à la nécessité de l'application de
cet article, il a cru bon de déclarer ses biens sur internet. La
symbolique attachée à cet acte à marquer les esprits et
son électorat.
L'application de l'article 66 de la constitution serait pour
les opposants un régime un instrument de lutte efficace contre la
corruption qui gangrène de notre pays. Cela serait aussi en
conformité avec une des exigences de l'Etat de droit qui est le respect
et l'application de la constitution. Les candidats émergents n'ont pas
seulement été poussés au devant de la scène par
leur mobilisation contre la révision des normes fondamentales. Il faut
également prendre en compte leur opposition aux pratiques
anti-émergence.
B - Contre des pratiques anti-émergence
Les candidats émergents ont pu tirer leur
épingle du jeu en s'insurgeant contre des usages et pratiques qui ne
permettent pas l'émergence dans le champ politique. Ainsi en est-il de
la pratique du système majoritaire dans le RDPC et l'hésitation
du SDF à s'inscrire sur les listes électorales.
1- Contre le système majoritaire du
RDPC
Les disciplines du parti et le système majoritaire ont
souvent empêché les velléités d'émergence
dans le RDPC. Il en est ainsi parce que la majorité impose ses
directives. Ceux qu'on pourra les conservateurs du RDPC encore marqué
par l'esprit du parti unique ont souvent eu du mal à laisser les
progressistes s'exprimer.
Paul AYAH ABINE s'est présenté comme
celui-là qui a souvent refusé la ligne de conduite imposée
par le parti et partant la logique du système majoritaire cette pratique
ne tient pas en compte l'avis et les propositions de ceux qui sont mis en
minorité. On comprend pourquoi a dû se désolidariser du
parti des flammes. Il semble avoir été plus courageux aussi se
porter au devant de la scène.
Saint Eloi BIDOUNG et de TOBI NDI se sont souvent aussi
démarqués de la ligne de conduite de leur parti. On se souvient
d'ailleurs qu'ils avaient sollicité la participation à
l'élection de président national du parti. Ils ont
été tout de suite rappelés à l'ordre par leurs
compatriotes. Pour limiter leur action dans le parti et leur faire oublier le
fauteuil du président national ont leur tout simplement refusé la
qualité de candidat au poste de président du RDPC en
déclarant qu'ils ne remplissaient pas les conditionnalités
requises. Le reproche de pratique anti émergence a été
aussi opposé au SDF.
2)- Contre le mot d'ordre de la non inscription sur
les listes électorales du SDF
Au-delà du reproche de conservatisme à adresser
au SDF du fait de sa pratique du 8-2 Edith KAH WALLA s'est insurgée
contre le mot d'ordre de la non inscription sur les listes électorales
donné par SDF. Le SDF avait en effet demandé aux populations de
ne pas s'inscrire sur les listes électorales pour la
présidentielle en 2011 tan que les conditions de transparence
électorale n'étaient pas réunies. Edith KAH WALLA, alors
membre du national exécutive commettee (NEC) avait estimé qu'il
ne s'agissait pas là d'une sage décision. Car pour elle il
était temps de changer de régime « the time's
now »65(*).
L'inscription massive sur les listes électorales
constitue un élément essentiel dans le jeu démocratique.
Ce sont justement les candidats inscrit qui participent au vote. Il en est
ainsi parce que « dans les démocraties pluralistes le vote a
clairement pour rôle de permettre au peuple de choisir ses
représentants parmi les divers candidat qui sollicitent ses suffrages...
en outre on observe dans les démocraties libérales une grande
attention portée à l'importance de la participation, ce qui
suppose qu'il ne suffit pas qu'un candidat ait été
préféré aux autres pour que le processus électoral
soit réputé avoir fonctionné de manière
satisfaisante »66(*).
Le mot d'ordre du SDF apparaissait alors comme le choix de
l'abstentionnisme. Et pourtant, il était temps de faire évoluer
les choses ou de passer à autre chose. Voilà pourquoi, il ya eu
une contre réaction de la part de Edith KAH WALLA invitant les
Camerounais à aller s'inscrire massivement sur les listes
électorales. Cet acte a eu pour conséquence de contribuer
à la pousser au devant de la scène. Surtout que le SDF a
finalement mis fin à son hésitation en demandant aux Camerounais
tardivement d'aller s'inscrire. Ce revirement a grandement conforté le
positionnement d'Edith KAH WALLA sur la scène politique.
L'entrée en politique des candidats émergents
participent d'une construction des acteurs qu'on peut justifier et valider
à travers la reconstruction de leurs itinéraires et de la
construction de leur émergence. C'est que l'émergence de ces
acteurs n'apparaît pas comme une donnée mais plutôt comme
une construction sociale qu'on peut voir à travers le profil
sociologique de ces candidats. Les propriétés sociales
spécifiques des candidats permettent de mettre en relief leurs
stratégies d'entrée en scène
DEUXIEME PARTIE : LES STRATEGIES D'ENTREE EN
SCENE
L'entrée en scène des candidats émergents
participe des stratégies qui se situent entre unité et
diversité. Le concept de stratégie a donné son nom au
cadre d'analyse. Il invite à ne pas dissocier les comportements ou les
actions des acteurs dans un contexte organisationnel. C'est que
« l'acteur a une rationalité qui s'exerce dans des situations
d'opportunités et un contexte donné dans la prise en compte du
comportement des autres acteurs et du jeu qui s'établit entre eux. Il y
a par conséquent un calcul et un intérêt au bout du compte,
mais cela ne signifie guère un plan intentionnel dans l'acteur, lequel
ne se définit et n'affûte ses stratégies que par rapport
à des opportunités données. Les stratégies ne se
définissent et ne se comprennent que dans la structuration des relations
de pouvoir. Et, c'est parce qu'il est indéterminé dans ses choix,
ses objectifs, bien qu'il doive tenir compte de ses ressources que l'acteur
reconsidère toujours ses stratégies.67(*)
Les candidats émergents ont déployé
diverses stratégies leur permettant d'entrer en scène. Où
l'on voit que « la stratégie devient alors un puissant
instrument de mesure que place l'acteur au centre de l'analyse dans les
organisations »68(*).
L'acteur se veut rationnel dans la mesure où il
calcule, évalue en fonction de plusieurs paramètres. Les
stratégies se déploient dans ce que CROZIER et FRIEBERG
appellent des « systèmes d'action concret »69(*).
Les stratégies d'entrée en scène des
candidats émergents à l'élection présidentielle
d'octobre 2011 ont essentiellement reposé sur l'entrepreneuriat
utilitaire et les logiques marketing et communicationnelles.
CHAPITRE III : L'ENTREPRENARIAT UTILITAIRE
Le concept d'entrepreneur a été
élaboré par l'économiste Joseph aloys SCHUMPETER et
transposé en science politique par Max WEBER. Les acteurs politiques se
comportent donc comme des entrepreneurs qui investissent en recherchant le
profit.
L'utilitarisme trouve son origine chez les économistes
anglais dont les promoteurs sont BENTHAM et STUART MILL puis ADAM SMITH,
RICARDO, JAMAS MILL, Alfred MARSHALL, HENRY SIDOWICK et le sociologue HERBERT
SPENCER. L'utilitarisme s'appuie alors sur « le comportement
calculateur et égoïste de l'individu, donc sur un principe de
rationalité. Il peut arriver que, dans certaines conditions, l'on
obtienne les conséquences induites des actions non intentionnelles
juxtaposées, les comportements égoïstes
génèrent un altruisme involontaire. Exemple : en baissant
ses prix pour attirer les clients de son concurrent, le commerçant croit
servir ses intérêts. Il servira en définitive les
intérêts du consommateur puisque son concurrent fera de
même »70(*).
L'entrepreneuriat utilitaire sur lequel se sont
appuyés les candidats émergents pour entrer en scène
présentait une double nature : d'un côté
l'entrepreneuriat de cause, et de l'autre côté, l'entrepreneuriat
affirmationnelle.
SECTION I : L'ENTREPENEURIAT DE CAUSE
Les candidats émergents sont apparus comme des
entreprenariat de cause. Dans la mesure où ils se sont
intéressés aux préoccupations sociales et politiques
majeures. C'est que pour se faire connaître et s'attirer la sympathie de
la population. Les candidats émergents ont eu à instrumentaliser
des causes sociales et des causes politiques.
PARAGRAPHE I : INSTRUMENTALISATION DES CAUSES
SOCIALES
Les candidats émergents se sont appropriés des
causes sociales et les ont traduites au mieux de leurs intérêts.
Il en est ainsi parce qu'une telle stratégie leur permettait
d'être à la une à partir du moment où ils
partageaient les mêmes préoccupations que les populations
intéressées. On a alors distingué parmi ces causes
sociales celles qui étaient objectives de celles qui étaient
subjectives.
A) Les causes sociales objectives
Ce sont celles qui ne sont pas relatives aux personnes. Parmi
les causes sociales objectives qui ont permis l'entrée en scène
des candidats émergents, on peut citer le besoin d'amélioration
des affaires au marché sandaga par Edith KAH WALLA et la marche pour la
construction de la route Mamfé-Akwaya pour Paul AYAH ABINE.
1) Le besoin d'amélioration du milieu des
affaires au marché Sandaga par Edith KAH WALLA
Dans la ville de Douala la plupart des marchés ont
été créés par les populations elles-mêmes.
Mais la gestion de ces marchés a souvent posé des
problèmes étant entendu que les hommes ont souvent
présenté leur limite en matière d'autodiscipline. On est
souvent arrivé à la situation de désordre urbain, de non
respect de la réglementation en vigueur et de l'incapacité
à rendre les affaires plus rentables.
Dans sa casquette de conseillère municipale en 2007
pour le compte du SDF Edith KAH WALLA a conduit un projet d'amélioration
du milieu des affaires au marché Sandaga qui a
bénéficié à plus de 350 personnes. Il s'agissait
alors de former les commerçants sur la gestion des affaires, de
renforcer la transparence sur les impôts et taxes, de renforcer la
capacité de plaidoyer et de la mise en place d'une mutuelle
financière.
La conduite du projet du marché Sandaga a valu une
invitation d'Edith KAH WALLA à la fondation de BILL CLINTON aux Etats
unis. Il s'agissait alors pour elle d'aller présenter en 5 minutes
comment elle a réalisé son projet. C'est à cette occasion
précisément en 2008 qu'elle fera la rencontre de BILL CLITON de
JESSY JACKSON et de JERRY RAWLINGS. Ce dernier, ancien d'Etat du Ghana lui
posera la question de savoir tout en s'étonnant : il y a des gens
tels que vous au Cameroun et vous laissez Paul BIYA durer aussi longtemps au
pouvoir ? C'est en tout ce qu'elle nous a confié lors de son
exposé sur le leadership et le management au cours du séminaire
auquel nous étions convié le 14 décembre 2012 au
siège de Cameroon ô bosso. On peut observer que la rencontre avec
JERRY RAWLINGS a motivé et conforté son entrée en
scène, en compétition à l'élection
présidentielle de 2011.
Paul AYAH ABINE s'est aussi approprié une cause sociale
objective qui l'a mise dans la perspective d'un entrepreneur de cause
sociale.
2) Marche pour la construction de la route
Mamfe-Akwaya de Paul AYAH ABINE
En tant qu'entrepreneur de cause, Paul AYAH ABINE a
commencé à montrer qu'il s'intéressait aux
préoccupations sociales et notamment à celles de sa
localité en 2006. En février 2006 en effet, il avait pris part
à la marche de protestation au cours de laquelle les populations de la
localité d'Akubaya dans le Sud Ouest avait condamné le mauvais
état de la route Mamfe-Akwaya. Une telle attitude ne pouvait que lui
attirer la sympathie et la reconnaissance de ces populations.
L'action sociale d'un entrepreneur de cause est d'autant plus
significative que l'acteur se met au côté des couches sociales ou
des populations intéressées pour comprendre leurs cris et
défendre leurs causes. Ce geste conforte les populations dans
l'idée selon laquelle elles sont écoutées, elles sont
entendues, et il y a des élites sur lesquelles elles peuvent compter
lorsqu'elles ont envi de s'exprimer.
L'aide apportée à la population lorsqu'elle est
permanente ou lorsqu'elle intervient à un moment essentiel reste
gravée dans l'esprit des populations bénéficières
qui peuvent éventuellement témoigner leur gratitude lors d'une
échéance électorale à laquelle celui ou celle qui
défend ses intérêts y prend part. Il n'est donc pas
étonnant que les populations de la Manyu témoigne de la sympathie
et de la reconnaissance à Paul AYAH ABINE présenté comme
celui qui soit le mieux défendre leurs intérêts. Cependant
les acteurs instrumentalisent aussi les causes sociales subjectives.
B) LES CAUSES SOCIALES SUBJECTIVES
Les causes sociales subjectives sont celles qui sont
relatives aux personnes. Il arrive souvent que les individus se retrouvent dans
des situations préoccupantes. Ils sont alors pris dans un engrenage
où ils risquent de perdre leur liberté leur vie et même des
droits auxquels ils sont attachés. C'est dans cette perspective que les
entrepreneurs de cause entrent souvent en scène pour s'approprier ces
préoccupation et mobiliser les ressources leur permettant de s'attirer
la sympathie des victimes. Parmi ces préoccupations, on peut citer les
problèmes des étudiants et des jeunes et la prise en main des
affaires des victimes d'injustices.
1) Le problème des étudiants et des
jeunes
Bien que nos trois candidats s'intéressent
particulièrement à la situation des jeunes et des femmes. Edith
KAH WALLA et MOMO Jean de Dieu sont ceux qui se rapprochent le plus des
problèmes des jeunes et des étudiants.
Edith KAH WALLA s'est souvent distinguée par sa
démarche lorsqu'il s'agit précisément de s'attirer
l'estime des jeunes et des étudiants. L'information qu'elle fait passer
aux jeunes est qu'il faut développer le leadership dans cette
perspective, elle accompagne les chercheurs d'emploi et apporte son aide aux
groupes sociaux à forte propension de mobilisation au rang desquels les
motos taxis de la ville de Douala, les vendeurs du marché Sandaga, aux
artisans et aux associations des étudiants. On peut comprendre que
l'ADDEC lui témoigne sa sympathie et sa reconnaissance. Elle est
d'ailleurs allée au secours des membres de cette association qui
étaient en quêté par la justice Camerounaise après
avoir fait leur déclaration de grève pour les personnes qui
allaient suivre sur le campus de l'université de Yaoundé II au
cas où le recteur de cette institution ne revenait pas à une
meilleure gestion de cette université après leur interpellation
elle avait justement sollicité l'assistance des avocats payés par
l'union européenne pour la défense de ces étudiants.
Pour elle, il faut partir des besoins pratiques des
populations pour les amener à agir sur les intérêts
stratégiques. De la nation. C'est ainsi qu'à travers son ONG
Cameroon ô Bosso, elle a crée le cercle de réflexion sur
les populations avec proposition des alternatives.
Quant à MOMO Jean de Dieu, l'intérêt des
jeunes passe avant tout. Il a été justement l'une des figures de
la jeunesse parmi les entrants à l'élection présidentielle
de 2011. Sa démarche participe en 2003 auprès des motos taxis a
été salutaire. C'est que cette année-là, il est
allé au devant des conducteurs de mototaxis entrés en
rébellion contre la police et a réussi à calculer les
manifestants qui menaçaient de brûler la ville de Douala.
Maître MOMO s'est souvent aussi intéressé
aux victimes des injustices.
2) La prise en main des affaires des victimes des
injustices
Si on considère « la catégorie
socioprofessionnel des acteurs politiques comme un indicateur fiable de leur
attitude et de leur comportement, et par delà des intérêts
qu'ils vont promouvoir ou défendre »71(*), on comprend que la profession
d'avocat de maître MOMO Jean de Dieu puisse l'amener à être
un promoteur de la justice notamment en combattant les injustices autour de
lui.
En 2001 MOMO Jean de Dieu a pris comme cheval de bataille
professionnel la lutte contre l'injustice. Cela s'est illustré dans
l'affaire des 09 disparus de Bépanda à Douala dans laquelle il
s'est investi corps et âme au plus fort de l'action du commandement
opérationnel72(*).
Cet organe avait été institué par un décret
présidentiel en 2000 pour faire face au grand banditisme dans la ville
de Douala parmi les victimes ont compté ceux qui ont marqué
l'histoire de cette opération et qu'on a finalement appelé les 09
disparus de Bépanda. Leur probable innocence et l'itinéraire de
leur arrestation et de leur disparition avaient amené Maître MOMO
à s'approprier l'affaire de ceux qu'on appelait les victimes innovantes
du commandement opérationnel. C'est précisément cette
affaire qui lui a fait une grande publicité et l'a poussé au
devant de la scène.
Dans la même perspective, il avait volé au
secours des jeunes Camerounais dans l'affaire Geindrau. Le responsable de la
structure CFAO avait été accusé avec l'un de ses
collègues de brimades professionnelles. Maître MOMO va intervenir
et obtenir que les deux amateurs de la luxure soient finalement affectés
hors du Cameroun.
L'instrumentalisation des causes par les candidats
émergents ne s'est pas limitée aux causes sociales mais a
été étendue aux causes politiques. Selon HUDSON MEADWEL,
CAMPBELL soutient que « la réalité politique est
déterminée par les modes instrumentalement motivés qui
agissent selon une logique utilitaire de coût et de
bénéfices »73(*). Pour RULE, « Les prémices
clés du choix rationnel englobe la proposition suivante : l'action
humaine est essentiellement instrumentale, les acteurs calculent
rationnellement quelles lignes d'action sont les plus susceptibles de maximiser
leurs récompenses globales »74(*).
PARAGRAPHE 2 : l'instrumentalisation des causes
politiques
Les causes politiques sont celles qui s'inscrivent dans le
champ politique. En tant qu'espace de mobilisation des ressources politiques,
des acteurs peuvent être amenés à instrumentaliser des
causes politiques au mieux de leurs intérêts. C'est dans cette
perspective que les candidats émergents se sont investis au plan
électoral et normatif et au plan de l'unité et de la
stabilité politique.
A) au plan électoral et normatif
En estimant que le jeu politique est fermé au Cameroun
dans la mesure où il est difficile d'arriver et de bousculer les lignes,
les candidats émergents ont trouvé comme stratégie
efficace de s'attaquer au système électoral camerounais pour
tenter d'ouvrir le jeu. C'est ce qui explique qu'ils se soient livrés
à une vive critique de la modification de la constitution et qu'ils se
soient mobiliser autour de la revendication de plus de transparence
électorale.
1- Critique de la modification de la constitution du
14 avril 2008
La constitution en tant que norme fondationnelle de l'Etat est
gage de la stabilité des institutions et du respect des règles de
jeu électoral voilà pourquoi toute modification suspectée
de vouloir verrouillé le système électoral suscite la
colère et l'indignation de ceux qui aspirent au nom de la circulation
des élites prendre le pouvoir par des voies démocratiques.
Paul AYAH ABINE, Edith KAH WALLA et MOMO Jean de Dieu ont
vivent critique la modification de la constitution du 18 janvier 1996. Il
s'agissait de la constitution modifiée et de s'intéresser
uniquement à l'article 6 alinéa 2. Cela permettait d'attirer
l'attention de nombreux Camerounais sur le fait que le candidat naturel du RDPC
a pris la présidence en otage et n'entend pas concéder
l'alternance de son vivant.
Le message est d'ailleurs passé chez plusieurs citoyens
Camerounais. Le discours révoltant consistait à dire que la
modification du 14 avril 2008 avait pour seul finalité de permettre au
président Paul BIYA de se représenter à l'élection
présidentielle alors même qu'il finissait son dernier mandat.
A cet effet, alors que Paul AYAH ABINE condamnait
inflexiblement cette modification en se projetant sur la scène, Edith
KAH WALLA interpellait les Camerounais par voies de medias et de
séminaires en se faisant remarquer comme actrice du changement, comme
celle qui se bat pour l'alternance au pouvoir. Elle s'est fait également
remarquer dans la lutte pour la transparence électorale.
2- Revendication pour plus de transparence
électorale
La transparence électorale participe du respect des
règles de jeu électorales et de l'égal traitement des
candidats par leur soumission aux mêmes conditions légales
d'éligibilité et de compétitivité. Or selon
l'opposition Camerounaise, s'il n' ya pas encore eu d'alternance au pouvoir,
c'est parce qu'il n'y a pas de réelle volonté pour le pouvoir en
place d'organiser les élections libres et transparentes.
Les revendications pour une meilleure transparence
électorale se sont depuis accentuées. Dans un premier temps
l'opposition a sollicité les urnes transparentes.
En suspectant et remettant en cause l'impartialité.
L'impartialité du MINATD pour ce qui est de l'organisation transparente
des élections, l'opposition Camerounaise avait revendiqué une
commission électorale indépendante. C'est ainsi qu'on est part
progressivement d'ONEL I, d'ONEL II pour ELECAM. Toujours satisfait
l'opposition a une fois de plus développé une suspicion sur
l'impartialité des membres du conseil d'ELECAM. Le PR a fait la
suspicion qui pesait sur les 12 premiers membres.
La présence d'ELECAM, bien que traduisant une
évolution, une progression vers la transparence électorale n'a
pas complètement répondu aux attentes de l'opposition. D'autres
revendications ont sui aboutissant à l'élaboration d'un code
électoral unique à l'intégration de la biométrie
dans le système électoral Camerounais et aujourd'hui du fichier
électoral.
Ces avancées bien que relativement satisfaisante
contribuent à ouvrir le jeu électoral au Cameroun et à
permettre l'émergence des candidats comme ceux qu'on a vu entrer en
scène le 09 octobre 2011. L'instrumentalisation des causes politiques
par les candidats émergents s'étend aussi à l'unité
et à la stabilité politique.
B) Au plan de l'unité et de la stabilité
politique
L'unité nationale et la stabilité politique au
centre des préoccupations du régime en place. C'est ce qui
explique que le discours de la paix au Cameroun soit devenu socialement et
politiquement diffusé : cette préoccupation ne date pas
néanmoins d'aujourd'hui. Il faut prendre en considération la
double tutelle française et anglaise que notre territoire a subie.
C'est en 1916 après que Français et Anglais
aient chassé les allemands du Cameroun qu'un pacte appelé
condominium franco-britannique est passé entre les deux puissances
coloniales pour l'administration du territoire camerounais. Cette division du
territoire camerounais sera entérinée par la
Société N en 1922 avec le régime de mandat puis
confortée en 1945 par l'ONU avec le régime de tutelle. On a donc
une partie francophone administrée par la France et une partie
anglophone administrée par l'Angleterre. Ainsi le 1er janvier
1960 c'est la partie francophone qui accède à
l'indépendance. La WestCameroon avait déjà
été abandonnée par les anglais à son propre destin.
Mais alors que la Northern Cameroon va se rattacher au Nigeria, la Southern
Cameroon rejoindra le Cameroun Oriental dans ce qu'on a appelé la
réunification en 1961. Depuis l'unification, de 1972 la grande question
anglophone se pose avec plus d'intérêt que le renouvellement de la
classe politique.
1- La question anglophone
La question anglophone se trouve en marge de la
préoccupation de la question anglo-bami dans notre pays.
Paul AYAH ABINE ressortissant du Sud Ouest et Edith KAH WALLA
originaire de la région du Nord Ouest ont déclaré vouloir
résoudre la question anglophone dans notre pays. Bien que la population
camerounaise soit considérée bilingue, elle est majoritairement
francophone (environ 78% de la population mais compte une minorité de
près de 22% d'anglophone vivant dans la partie Ouest. Autre fois sous
administration britannique la Cameroun applique la formule de la division
territoriale des langues coloniales. Les régions du Sud Ouest et du Nord
Ouest du pays constituent la portion anglophone ; fait le reste est dit
partie francophone. Même si le Français et l'anglais sont reconnus
à égalité dans l'administration, l'éducation le
commerce et les médias on observe que la balance est plus lourde d'un
côté que l'autre. Bien plus Yaoundé la capitale politique
et Douala la capitale économique sont situées toutes deux dans la
zone francophone.
Il se trouve que de nombreux anglophones estiment que depuis
l'injustice le régime à toujours favorisé les francophones
à leurs dépend. On se souvient d'ailleurs qu'en 1982 après
président AHIDJO ait cédé la pouvoir pour les raison de
santé à son premier Ministre Paul Biya le nouveau
président décida un an après de modifier le
baccalauréat anglophone, le GCE (général) certificat of
Education) en y incluant le français comme matière obligatoire
alors que l'anglais ne l'était pour le baccalauréat francophone.
Cette décision présidentielle avait alors déclenché
une grève des étudiants anglophones qui brandissaient des
pancartes sur des quelles on pouvait lire : « le Cameroun
dispose de deux culture : non à l'assimilation ».
Bien plus, alors que le Cameroun était revenu au
pluralisme politique en 1990, le gouvernement refusa de légaliser un
parti anglophone, le SDF. Ce qui eut pour résultat de provoquer les
manifestations dans le Nord Ouest du pays et de le transformer en foyer de
tension précisément pendant l'opération « villes
mortes » de 1991. Ainsi depuis cette époque, le mouvement
sécessionniste anglophone Southern Cameroon national Council (SCNC)
représentant environ 6,2 millions d'habitants dans les deux
régions anglophones milite pour obtenir une référendum sur
la gestion de leur droit à l'autodétermination.
Pour de nombreux nationalistes anglophones, l'état
unitaire crée en 1972 l'a été en violation de la
constitution fédérale du 1er septembre 1961. Il est
donc question d'obtenir cette concession d'un dirigeant francophone, il serait
plus indiqué pour candidat d'accéder à la magistrature
suprême. Le projet de société de Paul AYAH ABINE va
d'ailleurs dans ce sens. Dans son discours de campagne, il prônait un
retour au fédéralisme à dix Etats avec un gouvernement
fédéral, une répartition « équitable des
ressources nationales avec 10% du budget national accordé aux Etats
fédérés ».
Les candidats émergents anglophones ont su
instrumentaliser la question anglophone en s'engageant à la
résoudre sans négliger la préoccupation du renouvellement
de la classe politique.
2) La question du renouvellement de la classe
politique
Depuis l'avènement de la démocratisation en
1990, qui a conduit à l'organisation des premières
élections pluralistes en 1992, on a presque toujours eu à faire
aux mêmes. C'est dire que depuis une vingtaine d'années ce sont
presque toujours les mêmes acteurs qui dominent la scène politique
Camerounaise. C'est contre cet Etat de chose que les candidats
émergences sont insurgés en entrant en compétition en
octobre 2011.
Les candidats traditionnels ce sont presque toujours
présentés à l'élection présidentielle depuis
1997 ne laissant aucune chance aux entrants. Au rang de ces candidats
traditionnels se trouves Paul Biya du RDPC, JOHN FRU NDI du SDF, GARGA HAMANE
ADJI de l'ADC Jean Jacques EKINDI du MP et Anicet EKANE du MANIDEM. C'est
précisément cette classe politique que les candidats
émergents souhaitent bousculer et mettre à l'écart.
Les candidats émergents estimaient justement que les
populations camerounaises apprécieraient l'entrée en scène
de nouveaux visages, de nouveaux acteurs.
La nouveauté traduisant l'émergence chez EMIL
DURKHEIM a été favorable à l'action de Paul AYAH ABINE
d' Edith KAH WALLA et de MOMO Jean de Dieu. Ils comptaient
précisément sur le fait que l'électorat serait
fatigué de faire voir défiler les candidats qui n'ont plus que
leur passé derrière eux.
Dans la perspective du renouvellement de la classe politique
Camerounaise les candidats émergents avaient tout intérêt
faire leur preuve et à montrer leur capacité compétitive.
C'est en cela que s'est traduit leur entrepreneuriat affirmationnel.
SECTION II : L'ENTREPRNARIAT AFFIRMATIONEL DES
CANDIDATS EMERGENTS
L'entrée en scène des candidats
émergents participait également de leur affirmation personnelle
ou du groupe qu'ils représentaient. C'est que l'entrée en
politique recouvre plusieurs sens et peut se faire de différentes
manières. Pour Sandrine LEVEQUE, « entrer en politique peut
d'abord signifier accéder à un monde structuré par des
représentations politiques. En ce sens, la socialisation politique,
c'est-à-dire « les mécanismes et les processus de
transformation des systèmes individuels de représentation,
d'opinion et d'attitude de politique » durant l'enfance et
l'adolescence constitue le premier mode d'entrée dans la politique.
Entrer en politique peut ensuite renvoyer à l'engagement ou à la
participation politique. Voter une première fois, participer à
une manifestation, prendre une carte dans un parti sont autant de façons
d'entrer en politique. Si l'on suit les analyses de la participation et de
l'engagement politiques et celle en termes d'intensité de cet
engagement, le militantisme peut de la même manière se
définir comme un des mécanismes de l'entrée en politique.
Le troisième sens renvoie enfin à l'exercice à titre
principal de responsabilité élective ou partisane. Il y a donc
plusieurs modes d'accès à la politique déclinable selon la
force de l'engagement et de l'investissement d'un individu dans une
activité définie à un moment donné comme
politique »75(*). L'on peut aussi constater que les stratégies
d'entrer en scène sont diverse. Dans le cadre de l'entrepreneuriat
affirmationnel des candidats émergents à l'élection
présidentielle de 2011, on a pu observer leur capacité
compétitive et le positionnement du genre.
PARAGRAPHE 1 : LA CAPACITE COMPETITIVE
En tant que grande échéance électorale,
l'élection présidentielle met aux prises les candidats de grosse
facture. C'est une élection qui demande davantage de mobilisation. C'est
donc l'occasion pour chaque candidat et du parti qui l'a investi de montrer
leur capacité compétitive. Pour cela les candidats ont du
déployer leurs compétences tout en mobilisant les populations et
en mettant en relief l'essoufflement des candidats traditionnels.
A) Les compétences à travers l'efficience
et l'efficacité
Selon Luc SINDJOUN, « s'opposer au pouvoir comme
manière de faire la politique par et dans les partis, en dépit de
son caractère récent au Cameroun (1991, année de
légalisation des premiers partis politiques d'opposition) , est une
histoire de pratiques et de stratégies multiples, s'opposer est un
gisement de remaniements identitaires et stratégiques : c'est une
transformation des Etats »76(*).Toutefois pour mener son action, l'opposant doit
justifier de certaines compétences c'est-à-dire des
capacités à bien mener son action et à assurer sa
réussite politique. Ces compétences peuvent être
personnelles ou collectives.
1- Compétences personnelles
Dans la perspective d'une entrée en scène
réussie, les candidats émergents ont du déployer leurs
compétences personnelles. Il fallait en effet convaincre et mobiliser
l'électorat. Pour cela, il fallait être éloquent, persuasif
et soigner son image. Cela supposait donc l'exploitation du capital culturel.
Edith KAH WALLA a beaucoup été aidée par
les connaissances en management et en marketing, surtout lorsqu'on sait que
« le marketing est la branche des sciences de gestion qui
s'intéresse aux relations des entreprises avec leurs marchés. Il
traite de l'analyse des besoins de consommateurs, de la définition des
produits adaptés à ces besoins de l'élaboration, de la
planification et de la réalisation des stratégies d'action
commerciale »77(*). En transposant cela dans le champ politique, Edith
KAH WALLA a convaincu de nombreuses personnes à valider son programme
politique. Mais il a aussi fallu se rapprocher de son directeur de campagne SOM
Ier, étudiant en science politique pour que son discours soit
cadré.
Paul AYAH ABINE, magistrat et parlementaire a su soigner son
image et mettre en pratique les acquis de l'apprentissage de la
professionnalisation politique au parlement. Bien plus, son discours consistait
à fustiger le RDPC et à le critiquer au grand plaisir des
citoyens qui en avaient mare du système. Il a aussi été
aidé par son bilinguisme tout comme Edith KAH WALLA.
La difficulté aurait plutôt été du
côté de MOMO Jean de Dieu, candidat du PADDEC. Mais son avantage a
été l'éloquence qu'on reconnait aux avocats et leur
capacité de convaincre. Il lui fallait donc braver l'observation selon
laquelle « l'autonomisation du champ de production idéologique
s'accompagne sans douté d'une élévation du droit d'entrer
dans le champ et, en particulier, d'un renforcement des exigences en
matière de compétence générale ou même
spécifique... elle s'accompagne sans doute aussi d'un renforcement de
l'effet des lois internes du champ politiques et en particulier de la
concurrence entre les professionnels par rapport à l'effet des
transactions directes ou indirectes entre les professionnels et les profanes.
Cela signifie que s'agissant de comprendre une prise de position politique
programme intervention, discours électoral, etc., il est au moins aussi
important de connaitre l'univers des prise de position concurremment
proposées par le champ que les demandes des laïques dont les
responsables de ces prise de position sont les mandataires
déclarés « la base » : une prise de
position le mot le dit en merveille, est un acte qui ne prend son sens que
relationnellement dans et par la différence, l'écart distinctif.
Le politicien averti est celui qui parvient à maitriser pratiquement le
sens objectif et l'effet social de ses prises de position. Grâce à
la maitrise de prise de position actuelle et surtout potentielle ou mieux, du
principe de ses prises de position à savoir l'espace des position
objectives dans le champ et des dispositions leurs occupants : ceux
« sens pratique » des prises de position possibles
différents occupants des différentes position est ce qui lui
permet de `choisir » les prises de position convenables, et
convenues, et d'éviter les prises de positions «
compromettantes » qui le feraient se rencontrer avec les occupants
des positions opposées dans l'espace du champ
politique »78(*).
Les compétences personnelles des candidats ont
été accompagnées par des compétences collectives
2) Les compétences collectives
La capacité compétitive n'était une
définition propre à relevant par les candidats émergents.
Il s'agissait aussi pour leurs partis politiques qu'on ne connaissait que trop
peu de s'affirmer. Depuis que le PAP, le CPP et le PADDEC avaient
été créés, ils n'étaient pas vraiment connus
des populations, des citoyens, du grand public. De nombreux Camerounais n'ont
découvert véritablement ces partis politiques qu'à la
suite de leur entrée en compétition le 09 octobre 2011.
Le PADDEC est un parti très récent. Il a
été légalisé le 16 mars 2010 et a
décidé d'apporter son soutien à MOMO Jean de Dieu à
l'élevant à sa présidence le 25 septembre de la
même année. C'est donc ce parti qui va mobiliser ses ressources
afin d'accompagner son candidat investi vers la réalisation de son
projet. Ce parti est caractérisé par la jeunesse de ses
membres.
De même le PAP qui a investi Paul AYAH ABINE a
été créé il n' ya pas très longtemps. Il
était relativement inconnu jusqu'à l'investiture de Paul AYAH
ABINE comme son candidat à l'élection potentielle d'octobre
2011.
Le CPP qui a ouvert ses portes à Edith KAH WALLA le 30
Avril 2011, a été créé le 26 décembre 1991.
Mais jusqu'à cette élection, il était relativement
inconnue et on ne se souvient pas l'avoir vu participer à une
échéance présidentielle avant Octobre 201179(*). C'est donc ce parti avec
l'appui de Cameroon Ô Bosso qui va mobiliser les ressources permettant
à KAH WALLA de se constituer un électorat et de participer
honorablement à la présidentielle d'Octobre 2011.
Les partis politiques participent donc à la formation
des candidats qu'ils investissent pour les élections et comme le
souligne pierre BOURDIEU insistant sur les capacités des acteurs sur le
chemin de la professionnalisation politique « mais c'est aussi et
surtout cette sorte d'initiation avec ses épreuves et ses rites de
passage, qui tendent à inculquer la maitrise de la logique immanente du
champ politique et à imposer une soumission de fait aux valeurs , aux
hiérarchies et aux censures inhérentes à ce champ ou
à la forme spécifique que ses contraintes et ses contrôles
revêtent au sein de chaque parti. Cela signifie que, pour comprendre
complètement les discours politiques qui sont offerts sur le
marché à un moment donné et dont l'ensemble
définit l'univers de ce qi peut être dit et pensé
politiquement, par opposition à ce qui est rejeté dans
l'indicible et l'impensable, il faudrait analyser tout le processus de
production des professionnels de la production idéologique, depuis le
marquage, opéré en fonction d'une définition souvent
implicite de la compétence souhaitée qui les désigne pour
ces fonctions, et la formation générale ou spécifique qui
les prépare à les assumer, jusqu'à l'action de
normalisation continue que leur imposent, avec leur complicité, les
membres plus anciens de leur groupe, en particulier lorsque, nouveaux
élus, ils accèdent à une instance politique où ils
pourraient importer un franc-parler et une liberté de manières
attentatoires aux règles du jeu »80(*)
Concrètement les compétences collectives ont
été perçues à travers les équipes de
campagne des différents candidats dont la mobilisation b a mis en
relief l'essoufflement de certains candidats traditionnels.
B) La mobilisation et la mise en relief de
l'essoufflement des candidats traditionnels
L'entrée en compétition des candidats
émergents a traduit quelque peu l'essoufflement des candidats
traditionnels. Bien que l'UNDP se soit ralliée à la
majorité présidentielle, le SDF, l'UDC et l'ADD ont
commencé à montré des signes de fatigue. Parlant
précisément du SDF dont le nombre de suffrage est en
décroissance depuis 1992, Hilaire KAMGA Promoteur de l'ONG Droit de
l'homme Cameroun et de l'offre Orange a indiqué sur la Chaîne
canal 2 au cours de l'émission « Parole d'Hommes »
que « le SDF souffre d'un déficit de proposition »
ce qui peut expliquer la chute de son électorat. Mais il s'agit
là d'une conclusion active qui donne l'illusion que le principal parti
de l'opposition n'a plus d'argument politique à faire valoir. Il faut
plutôt inscrire la désaffection de l'électorat dans la
conjoncture que les candidats émergents dans leur stratégie de
mobilisation se sont appuyés sur les forces internes et externes.
1) Mobilisation des forces internes
Les jeunes, les femmes et les chercheurs d'emploi ont
été les cibles privilégiées des candidats
émergents. Où l'on a vu que P.AYAH.A (61ans), MOMO Jean de Dieu
(51ans), et Edith KAH W (45 ans) se sont présentés comme les
candidats des jeunes. Ils comptaient ainsi susciter l'adhésion de
plusieurs jeunes camerounais qui verraient en eux-mêmes des candidats
relativement jeunes. Il en est ainsi parler qu'au Cameroun aujourd'hui les
jeunes prétendent que les vieux ne leur permettent pas d'occuper des
postes, de travailler et même d'émerger. De nombreux jeunes qui
se retrouvent au chômage sont favorables aux candidats qui leur
permettent de faire évoluer leur situation en se présentant
eux-mêmes comme des exemples. MOMO Jean de Dieu et Edith KAH.W ont
justement misé sur cette variable sociologique tout comme sur celui du
genre.
La stratégie du candidat du RDPC a limité la
portée de la mobilisation des jeunes et des chercheurs d'emploi à
l'égard de ceux qui les avaient pris comme principaux cibles. C'est ce
que la décision du chef de l'Etat de recruter 25000 jeunes dans la
fonction Publique a certainement posé sur l'électorat jeune.
Cette décision du Chef de l'Etat, candidat du RDPC avant
l'élection présidentielle de 2011 avait été
qualifiée de décision électoraliste par l'opposition.
Bien que cette décision ait profité à de
nombreux jeunes camerounais en quête d'emploi, la majorité
d'entre eux est restée ouvert au discours du changement au profit des
jeunes diffusés par les candidats émergents. La commission de
recrutement avait recensé plus de 300.000 dossiers alors qu'il n'y avait
que 25000 places.
Les conducteurs des mototaxis et les associations des femmes
ont également été des cibles privilégiées
des candidats émergents. Ce sont des couches sociales sensibles et qui
représentent un nombre non moins important de l'électorat. Dans
la région du Littoral par exemple on a vu une grande mobilisation des
conducteurs des mototaxis animée par les candidats émergents
cherchant à dénier au candidat de la Dynamique, Albert DZONGANG,
le monopole de la maîtrise de l'électorat conducteur des
mototaxis. Cet électorat ne garantit aucune assurance quant à son
nombre car la plupart de ceux qui définit et qui amène la
Cité pendant la campagne électorale ne sont pas toujours inscrits
sur les listes électorales. Edith KAH WALLA. a d'ailleurs fait cette
expérience au marché Mokolo à Yaoundé lorsqu'elle y
est allée passer son message. Elle déclare justement que
lorsqu'elle a posé la question à la foule qui l'avait
entourée de savoir qui sont ceux qui étaient inscrits pour la
présidentielle de 2011, très peu de personnes ont levé la
main.
2) Mobilisation des forces externes
Les candidats émergents ont eu des sympathisants
à l'extérieur. Jean de Dieu MOMO a bénéficié
de son statut d'Avocat International au Tribunal pénal international
pour les Nations Unies au Rwanda. Ses appuis internationaux ont
précisément été.
KAH WALLA par ses implications dans les associations au
niveau national et international a développé une grande
capacité de mobilisation. Bien que le vote des Camerounais de
l'étranger n'ait pas pesé lourd à la dernière
élection présidentielle, la candidate du CPP a eu le soutien
indirect de l'international socialiste qui marque l'idéologie de la
gauche. Elle s'est faite de nombreuses relations lorsqu'elle a
été invitée à la fondation de Bill Clinton aux
Etats-Unis en 2008.
Une autre mobilisation externe a été celle des
forces du changement composées en majorité la diaspora africaine
qui part tenu un meeting le 04 Octobre 2011 à la Bourse du travail
à Paris, à la salle Jean Jaurès-3 rue du château
d'eau. Les signatures de l'appel à ce meeting étaient, l'union
des populations du Cameroun, front uni de la diaspora camerounaise, collective
des organisations démocratiques et patriotiques des camerounais de la
Diaspora (CGDE), fédération des Congolais de la diaspora,
mouvement de la paix, sortir du colonialisme, les anges gardiens du Gabon,
Union Syndicale Solidaires , Afriques en luttes, parti de Gauche, Europe
écologie les verts, parti indigène de la
République81(*).
Pour eux, il y avait lieu de constater que la démocratisation peine
à se faire. Il s'agissait donc pour eux de dénoncer
« une nouvelle mascarade électorale qui se prépare au
Cameroun, qui, au lieu de faire illusion sur la capacité d'un dictateur
à aller vers la démocratie devrait plutôt alerter sur
l'impossibilité pour la population de ses débarrasser d'un
système politique qui a coupé toute voie de
sortie ».82(*)
Comme participant à ce meeting, il y avait Fabrice
TARRIT (survie), Augustin EPANYA (UPC) Robert WANTA WAFFO (FUDC), Jean Paul
ESCOFFIER (AFASPA), Benjamin MOUTSILA (FDC), Charles ASSAMBE (AGG), MOULAYE
AIDARA (Afrique en Luttes, NPA), Patrice FINEL (parti de Gauche), Jacques FATH
(PCF) et Benjamin BIBAS (Europe Ecologique Les Verts).
Les mobilisations ont aussi contribué au positionnement
du genre.
Paragraphe 2 : Le Positionnement du genre
Parler de genre en politique notamment pour ce qui est de la
participation politique c'est chercher à saisir l'un. L'implication des
femmes en politique par rapport aux hommes. L'élection
présidentielle du 09 Octobre 2011 indique une rupture par rapport
à la situation antérieure qui n'avait pas jusqu'ici permis le
positionnement honorable des femmes dans la grande arène politique au
Cameroun. C'est que justement, cette élection a permis le positionnement
féminin avec KAH WALLA au 6e rang et Esther DANG du BRIC au
11e rang. L'émergence féminine ici consistait pour KAH
WALLA à se positionner comme première femme présidentiable
tout en ralliant les autres femmes à la cause féminine en
matière politique.
A. Positionnement comme première femme
présidentiable
Jusqu'à cette élection, on avait l'impression
que la scène politique camerounaise n'avait pas encore accepté
les candidatures féminines à la présidentielle.
Historiquement la politique elle-même ne constituait pas un terrain
facile pour la femme on a d'ailleurs vu que le droit au vote n'a
été consacré que progressivement aux femmes aux USA et en
France c'est donc leur détermination qui a poussé les hommes
à leur reconnaître les compétences en matière de
professionnalisation politique où l'on voit que les femmes ont pu
accéder à la magistrature suprême au Brésil en
Allemagne, au Philippines et en ce qui concerne l'Afrique au Libéria
cette élection a permis la découverte des premières
candidatures politiques féminines à la présidentielle
camerounaise et leur entrée dans l'histoire
1) Première candidature féminine
Les femmes ont du batailler dur au Cameroun pour avoir le
privilège de participer à l'élection
présidentielle. Bien que depuis le retour au pluralisme politique avec
l'organisation des premières élections pluralismes au Cameroun en
1992, on a eu des candidatures féminines depuis ce temps là aux
législatives et aux municipales (FONING est Maire de Douala
5e, Denise FAMPOU de Douala 2e alors que madame ADAMOU
DAM NJOYA est députée de l'UDC), aucune femme n'avait encore
bravé la difficulté de se présenter à une
élection présidentielle au Cameroun avant le 09 octobre 2011.
Dans cette perspective, on se souvient des efforts de Marie
Louise ETEKI OTABELA, l'épouse du président de la croix rouge
camerounaise William ETEKI MBOUMOUA. Fort de son capital culturel, docteur en
science politique, Madame ETEKI OTABELA s'est engagée en politique et a
décidé de se lancer à la course à la magistrature
suprême du Cameroun. Mais sa candidature avait été
rejetée malheureusement par la Cour suprême en 1997. Elle ratait
ainsi l'occasion de rentrer dans l'histoire comme première femme ayant
participée à l'élection présidentielle au
Cameroun.
C'est cette occasion que la candidate du CPP Edith KAH WALL.
et la candidate du BRIC, Esther DANG n'ont pas voulu rater. Esther DANG BAYIBI
DIO dans une lettre adressée au Secrétariat Général
du Comité Central du RDPC le 22 Janvier 2011 annonçait sa
démission de ce parti. Elle avait été Directeur
général de la SNI de 1990 à 2003. Fort de son capital
culturel, docteur d'Etat ès Science économique de Paris I
Panthéon-Sorbonne. Esther DANG avait estimé qu'il était
temps pour elle de participer à l'élection présidentielle
et, après sa victoire, assuré le développement
économique et social du Cameroun. De tous les candidats ayant
participé à l'élection présidentielle de 2011 seule
Esther DANG est entrée en conflit avec le parti qui l'a investie pour
l'élection au sujet des subventions de 30 000 000 FCFA
accordées par le Gouvernement aux partispoliques. KAH WALLA, plus active
avait aussi trouvé un prétexte pour démissionner du SDF et
sortir comme une femme ayant participé à l'élection
présidentielle au Cameroun. On peut d'ailleurs constater que sa
candidature a précédé celle d'Esther DANG. Ainsi alors
que KAH WALLA avait été investie le 30Avril 2011 comme candidate
du CPP à la présidentielle du 09 Octobre 2011, il va falloir
attendre le 12 octobre c'est-à-dire près de deux semaines pour
qu'Esther NDANG déclare vouloir prendre part à la grande
échéance électorale cette année-là.
Ces premières candidatures féminines permettent
ainsi aux acteurs d'entrer dans l'histoire.
2) L'Entrée dans l'histoire
La présence des femmes à la
présidentielle du 09 octobre 2011 au Cameroun constitue un moment
historique qu'Edith KAH W. et Esther DANG de par leurs rangs peuvent
aujourd'hui savourer. KAH WALLA davantage qu'Esther DANG et dans sa posture de
candidate émergent puisque de toutes les femmes ayant participé
à celle élection elle est celle qui a occupé un rang
honorable et qui est sortie comme nouvelle figure sur laquelle on peut
dorénavant compter.
Bien que comme dans les milieux d'affaires en tant que Chef
d'entreprise, présidentielle d'association d'entreprise et femmes
d'affaires figurant parmi les 07 femmes chef d'entreprise oeuvrant pour la
reforme de l'environnement des affaires en Afrique, reconnue par la Banque
Mondiale selon DOING BUSINESS WOMEN via Africa 2008, KAH WALLA a surtout
gagné en notoriété depuis la dernière
élection présidentielle. Celle lui a assuré une
publicité au-dessus de ses espérances. On peut dire en ce sens
que KAH WALLA avait l'élection présidentielle de 2011 n'est pas
la KAH WALLA d'après cette élection.
Aujourd'hui, elle figure parmi les figures politiques qui
marquent la scène politique camerounaise. Celle est aussi
centrée dans l'histoire de la première candidature
féminine qui ayant participé pour la première fois
à une échéance d'une telle envergure dans notre pays, a
fait la différence. On peut comprendre pourquoi son slogan de campagne
était « the times now ». C'est dire qu'elle a
saisi l'opportunité pour assurer sa réussite politique dans un
contexte de domination politique des hommes.
Par ses actions, on peut voir qu'elle cherchait aussi à
rallier les autres femmes à la cause en leur montrant que les femmes
peuvent aller plus loin dans le champ politique camerounais.
B. La recherche du ralliement des autres femmes.
Dans notre pays, les femmes ont souvent joué le second
rôle. Où l'on voit qu'elles n'ont jamais été
présidentes de la République ou premier Ministre. La question du
genre retrouve donc tout son intérêt ici. Même dans
l'administration générale, les femmes ont souvent
été marginalisées dans l'occupation des postes de pouvoir
ou de pestes stratégiques. C'est en 2012 qu'on a d'ailleurs eu la
première femme préfet dans le Département du Koungki, la
prestation des femmes à la dernière élection
présidentielle a conduit à la cassure du monopole masculin et
à une carrière démarcation des femmes de la
majorité présidentielle.
1- La Cassure du monopole masculin
Les hommes qui, avaient fait de la participation à
l'élection présidentielle leur chasse gardée depuis 1992,
doivent aujourd'hui se résoudre à faire face à la
concurrence féminine. C'est que l'élection
présidentielle du 09 Octobre 2011 a marqué l'entrée en
scène des femmes dans le champ politique, dans l'espace politique le
plus concurrentiel qui est celui de la magistrature suprême.
Les candidatures féminines à la dernière
élection ont mis fin à ce qui se présentait comme le
monopole masculin. Bien qu'étant minoritaire parmi les 52 candidatures
déclarées et les 23 candidatures retenues pour la
présidentielle, elles ont su tirer leur épingle du jeu et montrer
leur capacité compétitive. Cela a permis de voir qu'elles
pouvaient rivaliser avec les hommes. Bien plus, nous avons pu retenir que leurs
candidatures étaient concurrentielles. En examinant les résultats
de l'élection présidentielle, nous avons constaté que KAH
WALLA a occupé le 6e rang devant des candidats traditionnels
comme Albert DZONGANG de la Dynamique 7e et Jean Jacques EKINDI du
MP est sorti 9e. Même Esther NDANG du BRIC qui est
arrivée à la 11e position a supplanté Anicet
EKANE du MANIDEM 13e place, HAMENI BIELEU de l'UFDC 14e
rang et Hubert KAMGANG de l'UPA 18e rang.
Cette performance des femmes à cette élection a
indiqué qu'on doit dorénavant compter avec les candidatures
féminines aux élections présidentielles au Cameroun. Qui
plus est, les présidentiables femmes à la dernière
élection présidentielle ait montré qu'on pouvait se
démarquer de la majorité présidentielle et réussir
son entrée en politique.
2- Démarcation des femmes de la majorité
présidentielle
La majorité présidentielle est composée
du parti au Pouvoir RDPC et ceux qui ont fait alliance avec lui. Ce sont
précisément les femmes de cette majorité
présidentielle qui sont parfois connues du public et qu'on se mouvoir
sur la scène politique. Celle profite justement de la tribune que leur
offre le parti au pouvoir et des privilèges attachés à la
position dominante du parti au pouvoir pour faire leur jeu et asseoir leur
notoriété. C'est ce qui explique que les femmes de la
majorité présidentielle et surtout celle du parti au pouvoir
puissent accéder à des instances électifs comme
député de la nation ou comme Conseiller Municipal ou maire. Dans
le Wouri, deux membres du RDPC font justement honneur à leur parti
politique et même aux femmes en général en exerçant
la fonction de Maire. Françoise FONING est maire de Douala 5e
et Denise FAMPOU maire de Douala 2e. cela peut justement donner
l'impression qu'il faille être membre du RDPC ou de la majorité
présidentielle pour accéder à un tel niveau politique.
C'est précisément contre cette illusion que KAH WALLA et Esther
DANG entendaient s'inscrire en faux en entrant en compétition le 09
octobre 2011.
L'entrée en scène de ces deux femmes a
été remarquable quant aux possibilités des femmes quelle
que soit leur appartenance politique, de participer à une grande
échéance électorale. Françoise FONING était
avant cette élection la femme politique la plus connue dans le Wouri.
Aujourd'hui, elle fait face à la montée en puissance de KAH WALLA
qui dorénavant est considérée comme la présidente
des femmes. Sa renommée a dépassé ses espérances
pour un premier essai à l'élection présidentielle. Elle
est d'ailleurs devenue la référence des femmes en matière
d'entrée réussie en politique.
L'entrepreneuriat de cause et l'entrepreneuriat
affirmationnelle qui s'inscrivent dans l'entreprenariat utilitaire ont
constitué comme nous l'avons vu des stratégies d'entrée
en scène des candidats émergents à l'élection
présidentielle de 2011. Ils avaient tout intérêt par des
constructions sociales et des instrumentalisations de causes a assuré
une entrée en politique réussie.
Leurs capacités mobilisatrices et leurs
compétences ont contribué à redéfinir l'espace
politique camerounais et à prendre en compte l'efficacité des
candidatures féminines.
CHAPITRE IV : LES LOGIQUES MARKETING ET
COMMUNICATIONNELLES
Les stratégies d'entrée en scène des
candidats émergents participent aussi des logiques marketings et
communicationnelles. LUC DUPONT définit le marketing politique comme
un « ensemble de méthodes dont peuvent faire usage les
organismes politiques pour définir leurs objectifs, leurs programmes et
pour influencer le comportement des électeurs »83(*). Il s'agit donc d'un
instrument essentiel pour les candidats en compétition à une
présidentielle. Voilà pourquoi, « l'heure actuelle, les
spécialistes paraissent s'accorder pour reconnaître la
prédominance des techniques de marketing dans la gestion de la
communication politique, et ce en particulier en contexte de campagne
présidentielles »84(*).
Selon Luc DUPONT, il existe dix principes clés du
marketing politique. Comme premier principe, il faut apprendre à
connaître les électeurs, leur profil, les enjeux qui
intéressent les gens, l'humeur des électeurs, les
réactions des électeurs au programme de l'acteur politique et les
attitudes à l'égard des adversaires.
S'agissant du deuxième principe, l'acteur doit
soigner son image à travers son passé, ses réalisations,
sa façon de s'exprimer, son apparence physique, son âge et sa
tenue vestimentaire.
Le troisième principe invite l'acteur à axer sa
campagne sur le thème central. Ce thème doit le
différencier des autres candidats. Il doit également être
compris facilement.
Le quatrième principe exige que le candidat soigne ses
relations avec les médias. La presse et le petit écran augmente
en effet, la notoriété du candidat. Ils sont souvent une courroie
utile dans la transmission entre l'électeur et le candidat.
Le cinquième principe invite l'acteur politique
à faire des promesses. Car les discours et les déclarations
politiques qui contiennent des promesses obtiennent de bons résultats.
D'où la nécessité de s'assurer que ces promesses sont
importantes aux yeux des électeurs.
Le sixième principe repose sur la publicité pour
bâtir la notoriété du candidat, faire connaître son
message et persuader les électeurs. La publicité peut se faire en
imprimé en donnant la priorité au visuel, en cadrant
serré, en montrant des gens, en répétant le nom du
candidat, en réutilisant les messages et en concevant une mise en pages
aérée. Elle peut aussi reposer sur un bon texte en personnalisant
l'écriture, en écrivant de courts paragraphes, en utilisant des
mots courants et en écrivant des phrases courtes, en évitant les
... et les, en utilisant les intertitres.
A la radio, simulez le face à face, soyez simple et
exploitez le sentiment d'appartenance. Telles sont les exigences à
respecter par l'entrepreneur politique.
En affichage, l'acteur politique est invité utiliser
une photographie et sept mots au maximum, à être facile à
lire, à utiliser des couleurs franches et à placer son logo en
bas, à droite.
Le septième principe demande au candidat de cibler ses
interventions et de privilégier notamment les leaders d'opinion, le
marais et les électeurs critiques.
Le huitième principe demande d'être simple
à l'excès. L'entrepreneur politique est invité à
employer le langage de tous les jours. Les mots courants et les expressions
populaires sont meilleurs que les mots rares. De même, les mots courts
sont préférables aux mots larges.
Selon le neuvième principe, le candidat doit rassurer
l'électeur en appuyant ce qu'il dit par des preuves, citer des
études et donner des chiffres.
Le dixième principe recommande au candidat de
répéter, répéter, répéter car
plusieurs messages échouent parce qu'ils manquent de poids publicitaire.
En effet, lorsque le candidat cesse de répéter, il commence
à être oublié.
Communiquer, c'est mettre en commun une information, une
idée ou une attitude. Pour Philippe RIUTORT, « la
communication politique, au sens moderne désignant l'ensemble des
pratiques visant à établir les liens entre les professionnels de
la politique et leurs électeurs, en usant notamment des voies offerts
par les médias, a pris naissance aux Etats-Unis »85(*)La communication politique a
donc pris ses racines aux Etats-Unis où elle s'est sophistiquée.
Elle est née sous la présidence de Franklin Roosevelt et s'est
accentuée sous les mandats d'EISENHOWER, KENNEDY ou NIXAR. Cependant,
c'est sous la présidence de Ronald Reagan qu'on observera une
réelle modernité des outils et des techniques de communication
politique.
Si en France, les techniques de marketing politiques
apparaissent avec la campagne de Jean LECANUET en 1965 surnommé
« dents blanches » à cause de son utilisation
extensive du sourire comme atout électoral86(*), au Cameroun depuis le retour
au pluralisme politique en 1990, jamais le marketing et la communication
politique n'ont été intenses comme à l'élection
présidentielle de 2011.
S'intéressant à la communication
électorale, Jacques Yves MOLIMA AUTA MISO MAPUMBA DUA fait observer
que « la communication politique sur l'axe horizontal nous renvoi
dans les agir communicationnels qui incluent et l'homme politique, et les
électeurs dans une situation d'échange communicationnel dans le
champ électoral »87(*). La communication électorale participe alors
du processus de fabrication de l'identité du candidat et d'une
stratégie consistant à susciter le « geste
électoral » de la part des électeurs.
Les logiques Marketing et communicationnelles comme
stratégies d'entrée en scène des candidats
émergents s'inscrivent dans la campagne médiatique et dans les
démarches pratiques utilitaires.
Section I : La campagne médiatique
Les médias sont des instruments de communication et de
diffusion de l'information. En campagne électorale, ils restent des
instruments privilégiés pour l'action et la mobilisation des
acteurs politiques.
La libéralisation audiovisuelle de 1990 au Cameroun a
permis la création de nombreux médias privés qui sont
venus cassér le monopole de la CRTV, chaîne publique. Ce
média opère en radio (CRTV radio) et en télévision
(CRTV télévision). Les médias radio,
télévision et numériques ont beaucoup plus
été investis que la presse écrite. La
télévision a constitué l'instrument le plus mobilisateur
de la campagne présidentielle de 2011. En plus de l'exploitation des
médias traditionnels, les nouvelles technologiques de l'information et
de la communication ont été mises à profit.
Paragraphe1 : L'exploitation des médias
traditionnels
Au sens où nous l'entendons ici, les médias
privés renvoient aux chaînes de télévision et de
radio appartenant aux opérateurs privés ou publics. C'est que la
radio et la télévision permettent d'atteindre un large public. Et
la télévision davantage que la radio demeure un support
privilégié de la communication de la campagne. Cet instrument
permet de « construire l'image d'un candidat possédant
toutes les qualités requises pour être un bon président et
aussi de souligner pourquoi ce candidat en particulier serait meilleur que les
autres »88(*)
Ces candidats émergents ont investi grandement les
médias traditionnels pour se faire entendre, se faire connaître et
présenter leurs programmes politiques. Leurs équipes de campagne
ont dû se mobiliser pour les accompagner dans leurs projets. Très
présents dans les médias privés, les candidats
émergents n'ont que très relativement investi les médias
publics
A) Très présents dans les médias
privés
Les médias privés ont particulièrement
investis par les candidats à l'élection présidentielle de
2011 notamment pendant la campagne électorale, les médias
privés sont aujourd'hui plus que par le passé des concurrents
remarquables des médias publics qui ont eu le monopole jusqu'en 1990
Bien qu'ils soient peu nombreux à remplir les
conditions légales et administratives d'exercice de leur activité
au Cameroun, ils bénéficient néanmoins de la
tolérance administrative qui apparaît comme un couteau à
double tranchant car s'ils peuvent d'ores et déjà exercer en
attendant leur régularisation, ils sont aussi exposés à
la fermeture lorsqu'ils deviennent une menace pour le régime en
place : on se souvient que la liberté de ton avait conduit à
la suspension d'équinoxe télévision ;
Si les candidats émergents ont été
présents dans les médias privés lors de la dernière
campagne présidentielle c'est précisément parce que ces
médias sont d'accès plus ou moins facile et assure une grande
attractivité ; les candidats recherchaient en même
l'équilibre du temps d'intervention qu'il est parfois difficile pour les
candidats de l'opposition d'obtenir au niveau de la radio et de la
télévision nationale
1)- Accès plus ou moins facile et
attractivité
Les candidats émergents à la
présidentielle de 2011 ont choisi de profiter des facilités
d'accès et d'attractivité qu'offrent souvent les médias
privés ; en tant qu'instruments privilégiés de
couverture de la campagne électorale, les médias et notamment les
médias privés représentés ici par la radio et la
télévision ont su ouvrir leurs portes aux candidats, les espaces
qu'offraient Canal2 International et Sweet FM, Equinoxe
télévision et radio, STV, LTM, Vox Africa, Africa 24 et bien
d'autres ont permis aux candidats de s'exprimer largement pour dévoiler
leurs programmes politiques, pour confronter leurs points et pour
séduire les électeurs et se constituer un
électorat ;
C'est dans cette optique qu'on a vu les candidats
émergents profiter de ces espaces pour assurer leur communication
politique et parlant leur communication électorale étant entendu
que reprenant LAMIZET, MOLIMA AUTA signale que la communication
électorale est l'ensemble des stratégies et des modes de
représentation par lequel le candidat se donne une idée
symbolique qui lui permette de faire l'objet du choix de
l'électeur ; il s'agit en effet, de faire connaître le
candidat aux électeurs, à leur donner un portrait et une
assistance symbolique qui le fasse pleinement exister » ; ils
étaient par là même aider par leur équipe de
communication, le chargé de communication de chaque candidat
émergent a particulièrement eu du travail car
« le chargé de communication du candidat fera de son mieux
pour inculquer au candidat une figure électorale qui permettra aux
électeurs de s'identifier à lui, une figure qui donnera à
réfléchir l'image que l'on se fait du futur pouvoir.89(*)
Les médias privés étaient aussi pris par
les candidats émergents du fait de leur grande attractivité,
Canal 2 International et d'ailleurs présentée comme la
chaîne la plus attractive au Cameroun,
Dans le Wouri, elle se partage les
téléspectateurs avec STV, Equinoxe et d'autres, ces deux
principales concurrentes dans le Wouri demeurent précisément
Equinoxe TV, STV (Spectrum TV).
Pendant la campagne électorale, des émissions
intitulées « présidentielle camerounaise
2011 » ont été crées sur des chaines comme Canal
2International, Equinoxe TV, STV2, Vox Africa et Africa 24 pour permettre aux
candidats où à leurs représentants d'échanger sur
les plateaux, ce sont les espaces privilégiées que MOMO Jean de
Dieu, Edith KAK WALLA et Paul AYAH ABINE ont mis à profit pour entrer en
scène.
Dans le cadre de Vox Africa et Africa 24, ils étaient
question pour les candidats émergents de profiter de ces tribunes en
faisant parfois le déplacement pour Yaoundé où ils
étaient attendus sur le plateau d'Africa 24, de Vox Africa et même
parfois de Canal 2International qui présentait l'émission en
duplexe (Douala et Yaoundé)
Le passage des candidats émergents sur les chaines de
radio ou de télévision leur a permis de se faire connaître
et surtout d'étaler un capital culturel quand on sait par exemple que
cela n'a pas été facile pour certains entrants comme Jean
DJEUNGA, candidat investi par le FUC qui a été mis en
difficulté par les journalistes lorsqu'il s'est agi de donner la
superficie du Cameroun.
La présence dans les médias des candidats
émergents s'explique aussi par le désir de l'équilibre du
temps d'intervention qu'ils auraient eu du mal à trouver dans les
médias publics.
2)- Recherche de l'équilibre du temps
d'intervention
La transparence électorale participe aussi du respect
des règles de jeu électoral, on s'attendrait à ce que tous
les candidats aient les mêmes ressources et soient soumis au même
traitement quant à l'occupation des espaces médiatiques
notamment ;
Mais on est très souvent rattrapée par la
réalité, les candidats aux élections ne disposent pas
toujours des mêmes moyens ou des mêmes ressources ; la loi
électorale se charge alors de corriger et de limiter des facteurs de
discrimination qui peuvent être vus comme des injustices et justifier des
constations post électorales.
Dans la plupart des pays qui sont sur le chemin de la
démocratisation effective, les médias publics par une
instrumentalisation des appareils d'Etat (Louis ALTHUSSER) sont souvent acquis
à la cause du candidat président. Voilà pourquoi, sachant
que le contexte camerounais n'échappe pas à cette
réalité, les candidats émergents ont
privilégiées la présence dans les médias
privés. Ils s'agissaient pour eux de profiter des mêmes avantages
que les autres candidats en termes d'espace et de temps de parole. Cela leur
permet également d'échapper relativement à la censure des
journalistes qui peuvent avoir le malaise de laisser dire certaines choses que
le régime en place n'apprécie guère.
A ce propos, MOMO Jean de Dieu déclare avoir
été relativement satisfait. Pour lui Equinoxe Radio et Equinoxe
Télévision lui ont permis de s'exprimer comme il le souhaitait et
ses images de campagne ont été montrées sur Equinoxe TV.
Par contre, certaines de ses images n'ont pas été montrées
sur CANAL 2 International, nous a t-il confié du fait des questions
financières. Canal 2 International ne lui aurait pas expressément
demandé de l'argent pour diffuser les images que lui-même avait
pour sa campagne. Il dit avoir remis la bande qui n'a pas été
diffusée parce que le service commercial n'avait pas été
satisfait.
La présence dans les médias publics n'a pas
été la même que celle dans les médias privés
pour les candidats émergents.
B)- Présence relative dans les médias
publics
Le passage des partis politiques dans les médias
publics a toujours été limité. Il existe un espace
d'expression des partis politiques sur la CRTV appelée
« Expression des partis politiques ». Toutefois, il s'agit
d'un espace réservé aux partis politiques uniquement
représentés à l'assemblée nationale du Cameroun.
Où l'on voit que le temps de passage est inégalitaire et tient
compte du poids de chaque parti au parlement.
Bien plus, les images des événements,
réunions, meetings et assemblées des partis d'opposition sont
tout aussi peu présentées à la télévision
sont tout peu présentées à la télévision
nationale ou commentées à la radio nationale. Cela s'explique
d'une part par l'absence d'un statut de l'opposition au Cameroun. Cela laisse
donc un grand champ au parti au pouvoir.
Ce que nus remarquons, c'est la présence
considérable du parti au pouvoir dans les médias publics. Cela
peut aussi s'expliquer pour deux raisons. Tout a d'abord, le RDPC dispose de
nombreux moyens et de beaucoup de ressources lui permettant de se mouvoir en
période non électorale comme en période
électorale ; il ya aussi la situation d'osmose qui se
présente où l'on voit que les membres du gouvernement ce qui leur
permet d'avoir une grande couverture de leur activité par les
médias publics, l'opposition les accusant d'utiliser les moyens de
l'Etat au profit du parti.
Cela est aussi visible pendant la campagne électorale
au cours de laquelle on observe un traitement à géométrie
variable, ce qui laisse seulement aux candidats de l'opposition l'exploitation
des opportunités offertes par les médias publics.
1)- Traitement à géométrie
variable
On reconnaît aux médias publics en Afrique
Subsaharienne un traitement différencié du passage des candidats
aux élections. Ce traitement tient compte du statut du parti, de son
appartenance politique. Ainsi selon qu'on est du parti au pouvoir ou d'un parti
de l'opposition, le traitement des images ou du passage dans les médias
publics candidats qui entrent en compétition électoral varie.
La campagne électorale en vue de l'élection
présidentielle du 09 Octobre 2011 a commencé le 25 Septembre de
la même année. Dans les médias publics radio et
télévision, nous avons relevé une domination du
RDPC ; Le temps de passage des candidats ou de leurs représentants
sur la CRTV était très court. Chaque candidat à
l'élection présidentielle du 09 Octobre 2011 s'est vu
accordé deux minutes et demie par jour à la CRTV
Télévision et environ cinq minutes à la Radio pour
diffuser son manifeste. Leurs messages étaient
préenregistrés et soumis au Conseil National de la Communication
pour censure avant la diffusion. Cela n'a pas empêché la CRTV de
diffuser les images du parti au pouvoir fréquemment chaque jour des
raisons évoquées plus haut.
Les candidats émergents ont saisi les
opportunités offertes par les médias publics.
2)- Exploitation des opportunités offertes par
les médias publics
Les candidats émergents bien que mécontents du
traitement que les médias publics leur accordaient, se sont
contentés de ce qu'on leur offrait. Ainsi par exemple, alors qu'un clip
incitant les électeurs à choisir le candidat du RDPC était
diffusé à la télévision.
L'album de 5 titres de MOMO Jean de Dieu n'était pas
diffusé. Ce qui a amené KAH WALLA à relever que les
médias peuvent sembler libres alors même qu'en
réalité, ils sont contrôlés par le gouvernement qui
décide de ce qui doit être diffusé.
Malgré tout cela, la CRTV avait affecté
une équipe de 4 personnes journalistes et cameramen pour suivre et
accompagner chaque candidat à l'élection présidentielle de
2011 durant la campagne électorale. Les candidats émergents ont
saisi cette opportunité pour se mettre en valeur.
Cependant, le candidat du PADDEC qui avait du mal
à supporter l'attitude de certains membres de l'équipe que la
CRTV lui avait affectés, a dû virer une journaliste de la CRTV
pour arrogance et mépris de sa personne, de sa candidature. Selon lui,
les questions de la journaliste et son attitude traduisaient l'idée
selon laquelle, il n'avait aucune chance de remporter cette élection et
donc que sa candidature était non concurrente.
Au-delà des médias que nous avons
qualifiés de traditionnels, les candidats émergents ont su mettre
à profit les nouvelles technologies de l'information et de la
communication.
PARAGRAPHE II : LA MISE A PROFIT DES NOUVELLES
TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
Les stratégies d'entrée en
scène des candidats émergents sont devenues complexes avec
l'entrée en jeu des nouvelles technologies de l'information et de la
communication. Ces candidats les ont utilisées pour établir un
lien direct avec les électeurs. Internet est devenu un outil
privilégié du marketing politique et électoral. Les
candidats émergents ont dû affronter les autres candidats et
notamment celui du RDPC sur le Net.
Le web a connu une évolution certaine. Il
est d'abord apparu comme un instrument ou un lieu d'une communication
indirectionnelle. Il était alors utilisé pour rechercher des
informations, se renseigner, ou à la limite envoyer et recevoir des
e-mails. Aujourd'hui, en plus des services classiques, le web
permet « la mise en ligne de contenus par les utilisateurs
eux-mêmes, sous la forme de blog, de commentaires sur
les sites d'information ou sur d'autres blogs. Ce type d'utilisation du web
permet donc une diffusion transversale de l'information et des contenus et
bouleverse les stratégies de communication
politique »90(*).La mise à profit des nouvelles technologies de
l'information et de la communication s'est traduite chez les candidats
émergents par le recours à internet et l'exploitation efficiente
et efficace de la téléphonie mobile.
A - RECOURS A INTERNET
Internet est aujourd'hui devenu un instrument essentiel
dans la communication politique. De nombreux candidats à
l'élection présidentielle y ont recours pour atteindre le maximum
de personnes possible pouvant éventuellement constituer leur
électorat. En ce sens, « internet est donc un outil en
phase d'appropriation par les chargés de campagne, qui se doivent de
maitriser le mieux possible à la fois l'outil mais aussi ses
potentialités de brouillage des sources d'information. C'est ainsi que
les campagnes voient de plus en plus naitre des sites internet, des blogs ou
des forums, créés par les équipes de campagne et qui ont
pour vocation de maitriser le plus possible ce qui se lit sur internet sur un
candidat donné, voir de dominer le contenu sur un candidat... .Les blogs
également, tels que celui des partis, des candidats
eux- mêmes ou des chargés de campagne
représentent également une tentative d'opérer une sorte de
contrôle sur le contenu circulant sur internet et touchant à leur
candidat »91(*).
Les candidats émergents à l'élection
présidentielle de 2011 ont su se montrer ingénieux, KAH WALLA
davantage que Paul AYAH ABINE et MOMO Jean de Dieu, par la création des
sites attractifs et l'exploitation des réseaux sociaux.
1)- Création des sites attractifs.
L'un des services qu'offre internet aujourd'hui
est de se faire connaitre de part le monde. La création d'un site
internet permet d'être visité par de nombreux navigateurs et de
communiquer pour se faire connaitre. C'est que de plus en plus de personnes
s'intéressent à l'outil moderne qu'est l'internet. Il se
présente comme un facilitateur et un simplificateur des échanges
de part le monde.
Les hommes et les femmes politiques y ont recours
dans le cadre de la modernisation de la communication politique et partant de
la communication électorale. Dès lors par exemple que les
candidats émergents ont privilégié l'électorat
jeune, internet est devenu un instrument incontournable pour se rapprocher
davantage d'eux et convaincre le maximum. Les jeunes en effet,
s'intéressent beaucoup à internet. Au Cameroun notamment, les
jeunes à longueur de journée naviguent sur Yahoo ou sur
Google.
Etant entendu que les équipes de campagne des
candidats émergents étaient essentiellement constituée de
jeunes, internet devenait un moyen idéal d'atteindre d'autres jeunes
à travers notamment la création des sites attractifs. A ce
propos, KAH WALLA était plus à l'aise que les deux autres
candidats dans la mesure où en tant que membre du African Business
Women's Network et présidente de la Cameroon Gender and Development
Network, elle justifie d'une grande maitrise d'internet et peut donc mettre ces
sites à profit.
Maitre MOMO nous a confié que son accès
à internet avait été bloqué et que c'est à
travers l'action de KAH WALLA sur internet qu'il se faisait connaitre. Ce qui a
d'ailleurs rendu la candidate du CPP furieuse.
Les candidats émergents ont aussi eu recours
à l'exploitation des réseaux sociaux via internet.
2)-Exploitation des réseaux
sociaux
Les réseaux sociaux constituent aujourd'hui une
nouveauté dans internet. Ce sont des chaines de personnes et de
relations qui se constituent à travers certains sites. C'est le cas par
exemple de Face book qui permet aux citoyens d'établir des liens avec de
nombreuses personnes.
La stratégie d'entrée en scène des
candidats consiste alors à exploiter ces réseaux sociaux champ
communicationnel et de convertir dans le meilleur des cas ces réseaux
sociaux en capital politique pour ce qui est des citoyens camerounais en
âge de voter c'est- à-dire 20
ans.
Nous avons vu que les équipes de campagne des
candidats émergents étaient dotés des laptops avec
connexion permanente sur internet leur permettant ainsi d'entretenir ces
réseaux sociaux.
Le recours à internet a été
renforcé et complété par l'exploitation efficiente et
efficace de la téléphonie mobile.
B- EXPLOITATION EFFICIENTE ET EFFICACE DE A
TELEPHONIE MOBILE
L'usage du téléphone s'est modernisé
avec l'entrée en jeu de la téléphonie mobile. Le premier
opérateur qu'on a eu au Cameroun était Mobilis qui a
fusionné avec Orange à l'arrivée de MTN.
L'opérateur camerounais lui- même CAMTEL a dû se mettre au
pas.
Les camerounais se sont très vite adaptés
et conformés aux exigences de la téléphonie mobile.
Où l'on voit qu'ils profitent d'ailleurs de nombreux privilèges
et avantages qu'offre ce nouvel instrument. L'une des caractéristiques
de cet instrument moderne est sa sophistication progressive où de la
facilitation des appels directs, on est arrivé aux émissions des
SMS.
1)-Les appels directs
La téléphonie mobile permet en principe de
communiquer avec une personne partout où elle se trouve. C'est en cela
qu'elle diffère d'un téléphone fixe qui impose qu'on se
retrouve à un endroit précis pour communiquer.
Cela aurait été gênant pour les
candidats émergents qui avaient besoin des facilités de
communication. Le téléphone mobile est venu à point pour
alléger les efforts des candidats. Paul AYAH ABINE,
KAH WALLA et MOMO Jean de Dieu ont beaucoup usé du
téléphone mobile pour être joints facilement et pour
communiquer de manière permanente avec leurs équipes de campagne
et leurs partenaires politiques.
La téléphonie mobile a aussi permis de
joindre de nombreux électeurs afin de leur donner des consignes de vote.
Dans les zones couvertes par MTN, Orange ou CAMTEL, les citoyens connus des
candidats et les relais périphériques ont du être joints de
manière fréquente pour s'informer du déroulement de la
campagne électorale, des difficultés, des changements de
stratégie et de la sollicitation de l'aide.
C'est également grâce à la
téléphonie mobile que les candidats que les candidats ont
été informés des différents scores venant de leurs
représentants au niveau de la périphérie au soir du 09
Octobre 2011.
Au siège du CPP à Bali dans le Wouri, le
téléphone était sur haut parleur permettant ainsi à
l'équipe de prendre connaissance de la réalité.
Mais c'est surtout, les SMS qui ont permis aux candidats
émergents de mobiliser le plus de jeunes.
2)- Le recours aux Short Message Service
Les SMS constituent une marque de l'évolution des
services offerts par la téléphonie mobile. Il s'agit d'un service
de messages écrits par téléphone. C'est un service
pratique dans la mesure où un même message peut être
envoyé à la fois à plusieurs personnes. Où l'on
voit qu'il y a à la fois efficacité communicationnelle et
réduction de coût.
Paul AYAH ABINE s'est montré
particulièrement intéressé par cette voie de communication
dans sa quête de l'électorat jeune. Le magistrat à la
retraite se veut le candidat de la jeunesse, des femmes et des autres
camerounais de bonne foi. Il n'est donc pas étonnant de sa part qu'en
Janvier 2011, qu'il ait envoyé de nombreux SMS aux jeunes sollicitant
leur soutien. En tant que candidat des jeunes, il promet aussi une
parité parfaite dans la répartition des postes au gouvernement
dont 50% devant revenir aux jeunes dès son élection.
Les médias traditionnels et les nouvelles
technologies de l'information et de la communication ont joué un
rôle important dans la communication électorale des candidats
émergents. Cependant, leur campagne médiatique était
accompagnée des démarches pratiques utilitaires.
SECTION II : LES DEMARCHES PRATIQUES UTILITAIRES
DES CANDIDATS EMERGENTS
L'économiste Britannique Jeremy BENTHAM a
démontré que l'Homme était essentiellement utilitaire, ne
faisant rien pour rien. En ce sens, les candidats émergents ont
déployé un ensemble de stratégies leur permettant de se
faire connaitre un peu plus et de réussir leur entrée en
scène. L'élection présidentielle a toujours
été un grand moment dans l'histoire et la vie politique d'un
Etat. Elle constitue un moment favorable pour ceux qui font leur entrée
en politique, à condition de bien s'organiser pour la circonstance.
« Dans la sociologie compréhensive par
définition individualiste, WEBER accorde une importance capitale
à la dialectique entre valeurs et intérêts, ce qui
confère la problématique majeure du paradigme de la
compétition »92(*).
L'oeuvre de WEBER est dominée par une recherche
sur la rationalité et donc sur la saisie du sens complet d'une action
humaine. Il est question de comprendre le fond interne de l'homme pour donner
une explication à son activité sociale.
On ne peut comprendre les démarches utilitaires des
candidats émergents sans prendre en compte les ressources dont ont
besoin les acteurs à une élection présidentielle. Pour
EKOMO ENGOLO Camille, « les ressources varient et peuvent
provenir de sources diverses telles que : l'information (stratégie
en tout cas), les relations sociales(les réseaux de
fréquentation), l'argent, la position sociale, les compétences
professionnelles, les connaissances intellectuelles etc. Mais, il ne suffit pas
pour un acteur de capitaliser les ressources ; encore faut-il que
celles-ci soient disponibles,
c'est-à-dire qu'elles existent
réellement et puissent être identifiables, repérables.
Ensuite, il faut que ces ressources soient mobilisables, c'est-à-dire
que l'acteur propriétaire puisse s'en servir au moment opportun et en
faire bon usage, dans le cas contraire, l'acteur vivra dans
l'illusion »93(*). D'où l'on voit que, les candidats
émergents ont fait des descentes sur le terrain et ont rendu leur
accessibilité facile.
PARAGRAPHE II : LES DESCENTES SUR LE TERRAIN
Dans un contexte où il est reproché au
candidat du RDPC de descendre peu souvent sur le terrain, se contentant
d'envoyer ses représentants ; les candidats émergents ont
trouvé bon d'exploiter ce handicap en se rapprochant des populations. Il
s'agissait de montrer qu'ils sont avec elles et restent à
l'écoute. Il s'agissait aussi de témoigner leur respect à
ses populations en étant très présents.
Les descentes sur le terrain constituent un moyen
privilégié et direct pour les acteurs politiques de faire
connaissance avec les potentiels électeurs et surtout de se faire
connaitre plus profondément. Voilà pourquoi au-delà des
instruments de mobilisation sur le terrain les candidats émergents ont
aussi fait des descentes sur les sites stratégiques.
A/ LES INSTRUMENTS DE MOBILISATION SUR LE TERRAIN
Le terrain permet de mettre les acteurs politiques en
contact avec leur électorat potentiel. Il constitue l'espace de
rencontre des différents acteurs du champ politique. Dans cette
perspective, de nombreux instruments de mobilisation sont utilisés par
les candidats aux élections. La campagne électorale en vue de
l'élection présidentielle du 09 Octobre 2011 au Cameroun a permis
de voir le recours relatif aux supports imagés et documentaires ainsi
que les défilés des caravanes et podium.
Les candidats émergents entendaient par
là marquer leur entrée en scène. Même si les
stratégies dans ce domaine variaient en fonction du candidat, nous avons
pu relever des constantes.
1- Supports imagés et documentaires
A l'occasion de la campagne électorale,
tee-shirts, affiches, dépliants et autres gadgets sont
confectionnés pour vendre l'image des candidats aux élections.
Les candidats émergents à l'élection présidentielle
de 2011 n'ont pas de manière générale rompu avec cette
exigence.
Alors que chez l'ensemble des candidats, on pouvait voir
des gadgets, des tee-shirts, des dépliants présentant des images
et les programmes des candidats, côté affichage la situation
était nettement différente. Les affiches de grands formats du
candidat du RDPC étaient présentes dans les dix régions du
pays au niveau des grands carrefours et des espaces très
fréquentés par les populations. Les candidats émergents
n'ont pas pu déployer les mêmes moyens. Mais alors que Paul AYAH
ABINE et MOMO Jean de Dieu avaient décidé avec les moyens qui
étaient les leurs secourus par le financement électoral, de faire
confectionner quelques affiches qu'on retrouvait sur les voitures de leurs
caravanes et de quelques endroits dans les lieux publics, KAH WALLA avait
surpris son équipe de campagne en renonçant a l'affichage et en
se confinant aux dépliants et tracts.
Les photos de campagne ne présentaient pas la
même réalité chez les différents candidats
émergents.
NB : insérer 5 photos de campagne et les
commenter
Les supports imagés et documentaires mis en valeur
par les candidats émergents ont été accompagnés de
défilés des caravanes et podium.
2- Défilé des caravanes et
podium
De nombreux candidats à l'élection
présidentielle de 2011 ont choisi de mobiliser les populations à
travers les sorties des caravanes. Cela permettait ainsi aux uns et aux autres
d'attirer l'attention par les bruits des clacksons des voitures et
motos-taxis accompagnés de sifflets. C'était
aussi l'occasion consacrée à la distribution des tracts et
à l'exhibition des photos des candidats affichées sur les
voitures composant la caravane.
Dans le Wouri, deux candidats ont excellé
dans ce domaine en se présentant comme les défenseurs des
intérêts des conducteurs des motostaxis. Il s'agit d'Albert
DZONGANG de la Dynamique et de Jean de Dieu MOMO du PADDEC. Le Sud Ouest et
notamment la ville de Buea a connu un grand défilé de la
caravane de Paul AYAH ABINE qui avait l'avantage du fief.
De tous les candidats à cette élection
présidentielle, MOMO Jean de Dieu a fait preuve d'innovation en se
procurant un camion-podium acquis en Allemagne avec l'argent
du financement électoral et surtout en présentant un album de
cinq (05) titres. L'idée était qu'un avocat devenu chanteur
allait surprendre et attirer l'attention. Le titre principal de cet album
était « Commandement opérationnel ». Cela
consistait à rappeler l'affaire des neuf disparus de Bépanda qui
constitue un des angles d'entrée en scène du candidat MOMO Jean
de Dieu. Même si selon lui l'album n'a pas bénéficié
d'une bonne promotion, l'image de l'avocat chanteur est restée dans
l'esprit de certains camerounais. Ces instruments de mobilisation sur le
terrain ont été accompagnés d'autres stratégies et
notamment de la descente sur les sites stratégiques.
B/ DESCENTE SUR LES SITES STRATEGIQUES
Dans le comportement calculateur des acteurs qui
entraient en scène, des stratégies de provocation et de
persuasion ont été mises à l'oeuvre pour attirer
l'attention. Il s'agissait de saisir toutes les occasions qui étaient
offertes pour la circonstance. Des calculs préalables ont
été faits sur les sites à investir et sur des espaces
politiquement concurrentiels où des candidats auraient eu du mal
à respecter les règles de jeu dans leur affrontement
politique.
Dans la mise en oeuvre de ces stratégies de
nombreux camerounais ont trouvé curieux que MOMO Jean de Dieu
débute sa campagne électorale à Vokmeka'a. Il a
été aussi question de se rendre dans des lieux populeux comme les
stades et les marchés.
1- Début de la campagne du candidat MOMO
à VOKMEKA'A
Stratégiquement et contre toute attente, le
candidat du PADDEC a trouvé plus efficace de lancer sa campagne
électorale dans la ville originaire du candidat sortant président
de la République, Paul BIYA. VOKMEKA'A constitue en effet une zone anti
opposition acquise aux intérêts du candidat du RDPC. La
présence du candidat du PADDEC à cet endroit est apparue comme
une provocation alors même que les candidats aux élections sont
libres de mener leur campagne dans toutes les villes des dix régions du
Cameroun.
Par son acte courageux, MOMO Jean de Dieu a
décidé de faire face à la politique d'affection et
à l'ethnicité dont AKONO EVANG montre le poids
politico-électoral dans les processus électoraux
au Cameroun94(*). C'est
que le vote ethnique au Cameroun a encore tout son sens même s'il
relativise sa portée. MOMO Jean de Dieu a su jouer sa carte en
lançant sa campagne depuis VOKMEKA'A tout en sachant qu'il sera
chassé mais, que cela devait attirer l'attention de la communauté
internationale.
Les stratégies particulières de MOMO Jean de
Dieu faisaient partie des quatre éléments de son plan de
descente sur le terrain et d'être présent à des lieux
populeux.
2- Présence des candidats à des lieux
populeux
Les candidats émergents avaient comme stratégies
de sillonner les marchés et de battre campagne dans des lieux
stratégiques comme les stades. Dans cette perspective, deux candidats
émergents ont particulièrement brillé par leur projet.
Le marché Sandaga dans le Wouri situé
à Douala 1er a souvent accueilli la candidate KAH WALLA du
CPP. L'occasion lui était donné une fois de plus à travers
cette élection présidentielle de montrer qu'elle était
toujours proche et soucieuse de l'amélioration des conditions de vies et
des activités des commerçants du marché Sandaga. Elle y
avait conduit un projet avec succès en 2007. Elle était alors
conseiller municipal SDF à Douala 1er. Cela lui avait valu
une invitation deux ans plus tard c'est-à-dire en 2009 à la
fondation de Bill CLINTON aux Etats unis .Son efficacité aux yeux des
commerçants de ce marché allait certainement s'accroitre si
ceux-ci l'aidaient à accéder à Etoudi95(*)comme chef de l'Etat. C'est sur
cet élément qu'elle misait en y faisant sa descente .C'est dans
la même perspective qu'elle se rendra aussi au marché Mokolo
à Yaoundé pour faire le bain de foule pendant deux heures.
MOMO Jean de Dieu quant à lui avait
structuré sa stratégie de descente sur le terrain sur quatre
points : premièrement , lancer sa campagne depuis le fief du chef
de l'Etat à Vokmeka'a ; deuxièmement, sortir un album pour
faire campagne avec cinq chansons, mais la promotion de cet album n'a pas
été à la hauteur des attentes; troisièmement
, la promotion sur internet qui avait malheureusement fait face au
blocage et aux difficultés d'accès à cet outil moderne de
nouvelles technologies de l'information et de la communication ; et
quatrièmement, la prévision de deux mégas campagnes aux
stades omnisports de Yaoundé et de Douala. L'idée était de
faire le plein du stade omnisports de Douala le 03 Octobre 2011. Mais le
candidat n'a pas reçu l'autorisation d'accéder au stade. Il a du
se contenter du stade annexe de l'omnisports qui accueillait deux autres
candidats traduisant par là même le désordre de
l'opposition camerounaise.
Le rendez-vous de Yaoundé au stade
omnisports qui avait pour objectif que la communauté internationale
constate que le candidat du PADDEC peut mobiliser un grand nombre n'a pas eu
lieu. Selon MOMO Jean de Dieu, c'est parce que la garde présidentielle
avait barré la route à Nyalla-Yassa de 10 heures à 17
heures pour permettre au Président de la République de se rendre
à Kribi.
Les descentes sur le terrain des candidats
émergents comme stratégies d'entrée en scène se
sont traduites par les instruments de mobilisation sur le terrain et par la
présence plus ou moins effective sur des sites stratégiques. Une
autre stratégie aura aussi consisté pour les candidats
émergents à être facilement accessibles.
PARAGRAPHE II : L'ACCESSIBILITE FACILE AUX CANDIDATS
EMERGENTS
Les candidats qui souhaitent les suffrages des
populations aux élections ont tout intérêt à se
montrer accessible. La reconnaissance et la sympathie des populations envers
les acteurs du champ politique participent des échanges plus ou moins
fréquents que les différentes parties peuvent avoir.
Au-delà des considérations alimentaires et des replis
identitaires, les candidats qui convoitent un électorat se montrent
souvent très proches et très attentionnés à ces
besoins.
Bien plus, les populations ne sont sensibles à
la cause des candidats qui les respectent et qui réduisent la distance
entre les élites et les populations. Il serait difficile toute
proportion gardée, pour un électeur de voter un candidat qui est
d'accès difficile et donc à qui il ne peut pas poser ses
problèmes. C'est ici que la socialisation devient un
élément essentiel dans le jeu politique. D'où l'on voit
que les candidats émergents se sont rendus disponible à
l'égard des populations tout en concédant des échanges
collectifs avec elles.
A/ DISPONIBILITE DES CANDIDATS A L'EGARD DES
POPULATIONS
Les candidats apparaissent en même temps comme des
élites (Wilfredo PARETO, Karl MARX, Madeleine GRAWITZ) et des personnes
capables de résoudre les problèmes de leur entourage. Ace propos,
la théorie élitiste de PARETO s'oppose à la théorie
marxiste dite de l'élite de propriété. Alors que pour le
premier c'est le capital culturel qui est le plus recherché et qui est
donc susceptible de recevoir l'adhésion des populations, pour le second
c'est le capital financier qui permet de s'assurer le pouvoir et la
domination. Signalons tout de suite aucune de ces théories prises
exclusivement n'est satisfaisante aujourd'hui dans le champ politique. Un
candidat gagnerait à justifier à la fois du capital culturel et
du capital financier.
En se rendant disponible, les candidats
émergents ont été favorables à la rencontre des
populations en même temps qu'ils manifestaient un intérêt
pour leurs besoins.
1- Demande de réception
accordée
En tant qu'élite, les candidats aux
élections reçoivent souvent des demandent d'audiences collectives
ou individuelles. Les demandes d'audiences collectives sont introduites par les
syndicats, associations ou autres groupes d'intérêts
identifiés ou identifiables.
Il est de l'intérêt d'un
présidentiable de recevoir les représentants de ces groupes
sociaux ou même groupes socio professionnels pour les écouter,
prendre leurs doléances et même leur faire des propositions.
A ce propos, KAH WALLA a un avantage considérable
sur les deux autres parce que membre des associations d'entreprise et
présidente des associations. Dans la perspective d'un partenariat ou
d'une instrumentalisation, la candidate du CPP s'est attiré la sympathie
de plusieurs associations des jeunes telles que l'ADDEC et KWAME NKRUMAH. Ici
c'est le jeu des intérêts qui compte et le combat commun pour ce
qui est de l'amélioration des conditions de vies des jeunes ; et du
développement de leur leadership. Les associations des femmes ont aussi
rencontré les candidats émergents qui se sont d'ailleurs
présentés comme les défenseurs de leurs droits et comme
des acteurs soucieux de leur combat fondé sur le respect de leur
genre.
Les demandes d'audiences individuelles sont l'oeuvre des
particuliers qui trouvent que l'idéologie d'un candidat est conforme
à leur aspiration, qui souhaite intégrer son parti ou lui faire
partager leurs préoccupations ou leurs peines. Il peut aussi s'agir de
la recherche des intérêts stratégiques, des gens qui
viennent proposer leurs services aux candidats vu les circonstances. Il est
important pour un citoyen d'établir des liens ou des relations avec un
présidentiable. C'est dans cette optique que les candidats
émergents ont accepté de recevoir de nombreux camerounais pendant
la campagne électorale de 2011 en manifestant un intérêt
pour les besoins des populations.
2 - Manifestation d'un intérêt pour les
besoins des populations
En 1996, ACHIDI ACHU alors premier ministre du Cameroun,
avait déclaré : « politics na
njangui ». Pour lui, la politique est une tontine. Cette
manière de concevoir la politique fait d'elle un espace concurrentiel
favorable au meilleur offrant. En ce sens, un acteur politique montre
généralement qu'il est intéressé par la situation
des populations. Et que c'est précisément dans le but de
résoudre les problèmes de ces populations qu'il mène son
combat politique.
A ce propos, Paul AYAH ABINE et Edith KAH WALLA se
sont engagés à résoudre le problème anglophone au
Cameroun. Ainsi, en tant qu'originaire de la partie anglophone du pays, ils ont
montré combien de fois ils étaient soucieux de voir
émerger cette partie du Cameroun afin de mettre un terme aux
velléités sécessionnistes du SCNC.
C'est toujours dans la perspective de la manifestation
d'un intérêt pour les besoins des populations que les trois
candidats émergents que nous avons identifié ici ont
prétendu prendre en main les problèmes des jeunes et des
mototaxis. Les jeunes font face au chômage et à la
précarité dans notre pays. Les efforts du gouvernement de
résorber ce problème demeurent insuffisant ; ce qui a pour
conséquence de rendre les jeunes sensibles aux discours de l'emploi et
à celui du changement de régime.
Dans son programme politique, Edith KAH WALLA s'est
montrée particulièrement persuasive en abordant le
problème de l'emploi avec comme solution la création de 500.000
emplois si elle est élue.
Paul AYAH ABINE est allé plus loin en proposant
la parité soit 50% de postes au gouvernement pour les jeunes.
Une telle démarche des candidats
émergents n'étaient que de nature à susciter la sympathie
et de la reconnaissance des groupes sociaux intéressés à
leur égard. Cela a été suivi des échanges
collectifs.
B/ ECHANGES COLLECTIFS
En tant que candidat à la recherche des suffrages
pour la présidentielle du 09 Octobre 2011, les candidats
émergents ont mis à profit des stratégies de persuasion
collective. La dimension psychologique du jeu électoral a
été mise à profit par les candidats. Au-delà des
discours du changement qu'on peut qualifier de discours de circonstance eu
égard au contexte national et international de la circulation des
élites en démocratie et de l'action populaire pour assurer
l'alternance au sommet de l'Etat, l'organisation des meetings et
séminaires accompagnée des promesses et des largesses des
candidats avaient pour finalité de disposer les populations à
leur discours . Cela permettait ainsi de s'assurer les voix de ceux qui
adhéraient à ce discours.
L'organisation des meetings mais, surtout des
séminaires permettait d'entrer en contact direct avec les couches ou les
âmes sensibles des populations afin de les inviter à
adhérer aux projets des candidats attendris par des promesses et des
largesses.
1- Organisation des meetings et
séminaires
Bien qu'il soit parfois difficile pour l'opposition
d'organiser des meetings en période hors campagne électorale du
fait de l'interprétation extensive du concept de l'ordre public par les
administrations civiles et notamment les sous-préfets remettant ainsi en
cause les libertés acquises à travers la loi de 1990 sur la
liberté d'association, la campagne électorale se présente
comme un moment privilégié permettant aux candidats de
s'exprimer devant une foule.
C'est à cette occasion que les candidats
émergents ont investi les espaces publics pour tenir leurs meetings.
Les stades, annexes et terrains de football ainsi que les marchés ont
été particulièrement peuplé de monde pour
accueillir les candidats.
Alors que MOMO Jean de Dieu partageait l'espace du
stade annexe avec le SDF en véhiculant l'idée selon laquelle Paul
BIYA doit partir, c'est la fin du renouveau, E. KAH WALLA s'était
présentée devant une population relativement nombreuse au terrain
de football appelé stade cité Cicam appelant non moins les jeunes
et les femmes à soutenir le changement et à saisir l'occasion de
prendre le pouvoir par les urnes le 09 Octobre 2011.
L'exercice consistait à rappeler les plus grands
problèmes des populations, à montrer qu'ils sont connus des
candidats et qu'il existe justement des solutions qu'eux-mêmes doivent
apporter en allant aux urnes le 09 Octobre 2011. Cela leur permettait aussi de
prendre connaissance des doléances des populations à tel ou tel
quartier.
Edith KAH WALLA a en plus mis une autre stratégie
reposant sur les séminaires. En ce sens, elle a créé Le
Cercle politique des Jeunes et des Femmes pour le recrutement et la formation
politique. Chaque semaine, son équipe y enseignait les techniques de
sensibilisation et de communication politique pour la reforme du système
électoral. Le cercle de réflexion a aussi été
créé pour diagnostiquer les problèmes des populations et
proposer les alternatives aux solutions gouvernementales limitées.
Certains séminaires portaient aussi sur le développement du
leadership visant à accompagner les chercheurs d'emplois. Cette action
était conduite par l'ONG Cameroon ô Bosso. Cette stratégie
a été associée à d'autres fondées sur les
promesses et largesses.
2- Promesses et largesses des candidats
Comme stratégie d'entrée en
scène des candidats, les promesses et les largesses occupent une place
considérable. La campagne électorale représente le moment
au cours duquel de nombreuses promesses sont faites aux populations par les
candidats. Il s'agit de susciter leur attention et leur adhésion. Ces
promesses qui pour la plupart sont inscrites dans le programme politique de
chaque candidat sont adaptées aux circonstances et à la
population ou couche de la population sensible.
Le programme politique de Paul AYAH ABINE reposait sur
l'application de l'article 66 de la constitution du Cameroun relatif à
la déclaration des biens et des avoirs ; une période de
transition de 5 ans avec un gouvernement de vingt ministres au plus, une
commission de vérité et de réconciliation ; la
résolution du problème anglophone au deuxième semestre de
la première année et un référendum constitutionnel,
la deuxième moitié de la troisième année.
Quant à MOMO Jean de Dieu, il s'agit de
corriger certaines injustices par la création d'un fond de
solidarité pour toutes les personnes âgées de 70 ans au
moins, faire du Cameroun le centre agricole de la sous région avec les
vastes terres de l'Est ,du Noun , de l'Adamaoua et du Sud qui doivent
être exploités en même temps que les rizicultures
revalorisées, et réduire les premiers soins de santé
à concurrence d'au moins(cinquante mille) 50.000 francs.
Pour Edith KAH WALLA le Cameroun doit «
devenir la puissance économique de l'Afrique Centrale ». Un
tracteur doit être mis au service de chaque collectivité
territoriale. De même, il faut mettre en place une véritable
banque des agriculteurs rejoignant l'idée de MOMO Jean de Dieu. KAH
WALLA veut aussi résoudre le problème des conducteurs des motos
taxis.
Plus concret aura été KAH WALLA dans la
formation donnée aux jeunes chercheurs d'emplois et aux femmes sur le
leadership. Elle a d'ailleurs recruté de nombreux jeunes dans son
cabinet stratégique et apporté une aide au groupe à forte
propension de mobilisation tels que les motos taxis, les vendeurs du
marché Sandaga et aux associations d'étudiants telle que
l'ADDEC.
La campagne médiatique et les démarches
pratiques utilitaires ont permis comme on l'a vu aux candidats d
préparer leur entrée en scène réussie. C'est que
les logiques marketing et communicationnelles ont été mises
à profit dans une perspective instrumentale et utilitaire.
Où nous avons vu que les candidats ont
mobilisé les ressources leur permettant de mener leur action. Cette
action s'est d'ailleurs inscrite dans les logiques des stratégies
plurielles.
CONCLUSION
Chercher à saisir la rationalité des
candidats émergents en contexte d'élection présidentielle
et précisément celle du 09 Octobre 2011, c'est questionner la
professionnalisation politique en tant que double processus historique et
social. Dans notre analyse relative à la quête des logiques qui
expliquent l'entrée en compétition d'un certain nombre d'acteurs
à l'élection présidentielle, nous nous sommes rendu compte
que la carrière et les filières de recrutement sont insuffisantes
pour justifier leur entrée en scène.
L'entrée en politique est un processus qui se
construit progressivement comme nous l'avons vu chez les acteurs qui
investissent le champ politique. Il est donc illusoire de penser que
l'entrée en politique est spontanée et instantanée;
qu'elle se décide sur le moment ; qu'elle participe d'une logique.
Elle découle en réalité d'une pluralité de
logiques. C'est dire que l'action des acteurs relève d'une
rationalité plurielle, elle-même inscrite dans une conjoncture.
Où l'on voit que les candidats émergents à
l'élection présidentielle de 2011 étaient animés de
plusieurs logiques internes et externes. Car comme le souligne Sandrine
LEVEQUE « Bien que l'espace politique soit doté d'une
certaine autonomie, il reflète aussi des logiques qui lui sont
extérieures et qui reproduisent les rapports de force et de domination
qui structurent l'espace sociale dans son ensemble. La propension à
s'engager dans une activité politique et la capacité
à « réussir » dans le métier
politique dépend alors des caractéristiques sociales des
« prétendants » et des ressources individuelles
qu'ils peuvent investir dans la compétition
politique »96(*).
Au-delà des stratégies que les acteurs
développent pour entrer en scène, les propriétés
sociales spécifiques dont ils sont dotés influent
considérablement sur leur réussite en politique. C'est ainsi que
selon Daniel GAXIE « la probabilité d'exercer un pouvoir
politique (quel qu'il soit) s'accroit avec la position dans la
hiérarchie sociale (...) il suffit donc de laisser faire le libre jeu
de la concurrence politique pour que des agents privilégiés par
les hiérarchies sociales s'emparent des positions de pouvoir
politique(...). Dans conditions d'un marché politique symboliquement
hiérarchisé, la concurrence politique ne peut être qu'une
forme de sélection sociale ».97(*) Des variables sociologiques pertinentes
prédisposent à l'entrée et à la réussite en
politique. C'est le cas par exemple des métiers juridiques et des
métiers gestiologiques qui ont été un atout pour les
candidats émergents à la grande échéance
électorale de 2011 au Cameroun.
Concrètement l'entrée en compétition
des candidats à l'élection présidentielle de 2011
s'explique par leur profil sociologique propitiatoire à leur
réussite politique et par les ressources stratégiques qu'ils
pouvaient mettre à profit.
Du pont de vue de leur profil sociologique, la
reconstruction de leurs itinéraires et la reconstruction de leur
émergence rendent compte des propriétés sociales
particulières dont ils sont dotés et qui les
prédisposaient à l'entrée en politique. C'est le cas
notamment de leur profession, de leur statut social, de leur identité
culturelle et de leur socialisation. Dans la perspective de la construction de
leur émergence, le passage du relativement inconnu au connu s'est faite
par des actes forts. Après s'être opposé à la
modification de la constitution du 14 Avril 2008, Paul AYAH ABINE
démissionne du RDPC et attire l'attention.
De même, après s'être
désolidarisée du mot d'ordre du SDF de ne pas s'inscrire sur les
listes électorales, KAH WALLA Edith entre en scène
confortée par sa démission de son ancien parti et de sa position
de s'inscrire sur massivement sur les listes électorales.
L'itinéraire de MOMO Jean de Dieu est particulier. L'acte fort est son
combat est son combat dans l'affaire des Neufs Disparus de Bépanda suivi
de son intégration au Tribunal Pénal International des Nations
Unies pour le Rwanda.
Du point de vue de leurs stratégies
d'entrée en scène, l'entrepreneuriat utilitaire et les logiques
marketing et communicationnelles rendent compte de nombreuses et diverses
ressources mobilisées par les candidats émergents pour leur
entrée réussie en politique. Les ressources ont
été pour l'essentiel la mise à profit de la campagne
médiatique, des démarches pratiques utilitaires et
l'instrumentalisation des causes sociales et politiques ainsi l'affirmation du
genre.
L'entrée en scène implique l'usage des
stratégies multiples dans la perspective d'une mobilisation des
ressources en contexte de concurrence politique. Il en est ainsi parce que
l'entrée en politique ne garantit pas la réussite politique, il
faut encore mobiliser les ressources susceptibles de s'assurer la
réussite politique.
Bien plus, l'entrée en politique doit permettre
à l'acteur d'y faire une carrière réussie. En ce sens,
l'investissement du candidat est sous-tendu par des logiques de calcul.
Où l'on voit que l'avenir politique d'un acteur participe d'un construit
au gré de la finalité de l'action, des opportunités, de la
conjoncture, de l'accès aux ressources politiques ou de leur
mobilisation permanente. L'incapacité à mobiliser les ressources
politiques de manière utile et permanente expose l'acteur à une
sortie précoce en politique.
PREMIERE PARTIE : Le profil sociologique des
candidats émergents à la présidentielle de 2011.
Chapitre I : construction d'un espace
d'échanges de ressources spécifiques
Section I : Les réseaux d'échanges
des ressources politiques
Paragraphe1 : Les réseaux horizontaux
A- Copinage et affairisme
1- Copinage
2- Affairisme
B- Appartenance et ethnicité
1- Appartenance
2- Ethnicité
Paragraphe2 : Les réseaux verticaux
A- Cooptation
1- Parrainage
2- Dauphinage
B- Clientélisme
1- Electorat
2- Diversité de l'électorat
Section II : Les ressources spécifiques
échangées
Paragraphe1 : Les ressources matérielles
A- Les ressources monétaires
1- Distribution d'argent
2- Financement des projets
B- Les ressources en nature
1- Dons matériels
2- Logement et travail
Paragraphe2 : Les ressources immatérielles
A- Promesses
1- De positionnement
2- D'amélioration des conditions de vie
B- Satisfaction morale
1- Partage de la même idéologie
2- Défense des mêmes idées
Chapitre II : les usages stratégiques et
utilitaires de la mobilisation électorale
Section I : Les logiques communicationnelles
Paragraphe1 : communication médiatique
A- Audiovisuel
1- Télévision
2- radio
B- Presse écrite et informatique
1- Journaux
2- Internet
Paragraphe2 : communication extramédiatique
A- Mobilisation de la téléphonie et affichage
1- SMS
2- Affichage
B- Contact direct des populations
1- Meeting
2- Descente sur le terrain
Section II : La pénétration des
consciences
Paragraphe1 : conscience sociale
A- Programme politique alternatif
1- Programme différent
2- innovation
B- Développement d'un intérêt pour les
problèmes de société
1- Prise en compte des problèmes de
société
2- Exposition dans l'espace public
Paragraphe2 : conscience individuelle
A- Provocation de la rationalité de
l'électeur
1- Electeur éclairé
2- Choix stratégique
B- Développement de l'intérêt de
l'électeur
1- Engagement politique
2- Participation stratégique
DEUXIEME PARTIE : L'entrepreneuriat politique
utilitariste
Chapitre I : L'entrepreneuriat de cause
Section I : réappropriation des causes
sociales
Paragraphe1 : Essai de politisation des problèmes
de société
A- Restructuration des revendications sociales
1- Précision des revendications
2- Sélection
B- Conduite des revendications sociales à
côté des acteurs sociaux intéressés
1- Mobilisation sociale
2- Actions des groupes sociaux intéressés
Paragraphe2 : Stratégies utilitaires de
solutionnement des problèmes de société
A- Culture du don et assistance financière
1- Financement des projets
2- Prise en charge
B- Assistance morale et technique
1- Conseils
2- Expertise
Section II : réappropriation des causes
politiques
Paragraphe1 : Instrumentalisation des causes
politiques
A- Redéfinition des revendications politiques
1- Récupération
2- Amplification
B- Orientation nouvelle des revendications politiques
1- Changement d'objectif
2- Recherche de l'efficacité
Paragraphe2 : Renforcement de l'intérêt
des causes politiques
A- Grande mobilisation autour des causes politiques
1- Appel à la prise de conscience et à la
mobilisation
2- Interpellation des autorités publiques
B- Urgence des solutions
1- Des groupes de pression
2- Des autorités publiques
Chapitre II : L'entrepreneuriat politique
affirmationnel
Section I : Affirmation du genre
Paragraphe1 : L'accès des femmes en
politique
A- Déconstruction du monopole masculin
1- Rupture avec le monopole masculin
2- Concurrence des genres
B- Participation effective des femmes en politique
1- Entrée des femmes dans la grande arène
politique
2- Candidatures féminines
Paragraphe2 : La percée des femmes en
politique
A- Participation effective des femmes à la plus grande
compétition électorale
1- Le cas de Kah Walla
2- Le cas d'Ester Dang
B- Positionnement
1- Dans les rangs acceptables
2- Entrée dans l'histoire
Section II : Affirmation personnelle
Paragraphe1 : affichage des capacités
politiques de l'entrepreneur politique
A- Dans la conduite de la campagne électorale
1- Nouvelle manière de faire de la politique
2- Charisme
B- Dans la déconstruction de l'ordre politique
classique
1- Bousculade des rangs
2- Nouvelle figure incontournable
Paragraphe2 : Positionnement comme acteur
incontournable dans les processus politiques
A- Consultation politique préalable
1- Sollicitation de l'avis
2- Recours à l'expertise
B- Prise en compte de l'avis de l'entrepreneur politique
1- Intégration dans l'action politique
2- Exploitation de l'avis ou de l'expertise
Conclusion
XII -BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
1- OUVRAGES
a) Ouvrages Généraux
BADIE B, HERMET G, La politique comparée, Armand
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BORELLA F, Les partis politiques dans la France
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FREUND J, FLEISCHMANN E et de DAMPIERRE E, WEBER M, Le Savant
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JACQUE J P, Droit constitutionnel et institutions politiques,
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J-Marie F. OC-C Bartholy, Rousseau Au contact seuil ou
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KAMTO M. L'urgence de la pensée, Yaoundé,
éditions .Mandara ,1993.
LONGUET C, BAILS J, BARBOT E, LONGUET P B, BLOESS F,
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spécialité, Hatier, 2003.
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ONANA J, Initiation à la science politique,
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SCHWARTZENBERG R G, Sociologie politique, Paris,
Montchrestien, 1977.
b) Ouvrages Spécifiques
ACCARDO A, CORCUFF P, la sociologie de Bourdieu,
Bordeaux, le Mascaret, 1986.
BALANDIER G, Sens et puissance, 3è
édition, PUF, 1986.
CROZIER M, FRIEDBERG E, L'acteur et le système,
Paris, seuil, 1981.
EBOUSSI BOULAGA F, AKOLO E et Grp Agages, Les jeunes et la
politique au Cameroun, quelles perceptions pour quelle
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FRIEDRICH EBERT STIFTUNG, Prévenir et lutter contre
la fraude électorale Cameroun, Editions Clé, Yaoundé,
2012.
GAXIE D, OFFERLE M, capital social collectif et
carrière politique,
ONANA J, Le sacre des indigènes évolués,
essai sur la professionnalisation politique, chennevieres-sur- Marne,
Dianoïa, 2004.
VEDRINE J P, Le traitement des données en
marketing, Les éditions d'organisation, Paris, 1991.
c) Ouvrages méthodologiques
BEITONE A, DOLLO C, GERVASONI J, Le MASSON E, RODRIGUES C,
Sciences sociales, 2e édition, Paris, Dalloz,
2000.
BOURDIEU P, CHAMBOREDON JC, PASSERON JC, Le métier de
sociologue, 2è édition, Paris, mouton, 1973.
DURKHEIM E, Les règles de la méthode
sociologique, 19è édition, Paris, PUF, 1977.
d) Polycopiés
EKOMO C, La microsociologie approfondie, cours de master
sociologie contemporaine, 2009.
MANDJACK A, Histoire des institutions et des faits sociaux
du Cameroun, 1999-2000.
YOMB J, Les courants sociologiques, 2008-2009.
2- ARTICLES
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démocratie en Afrique noire », « la Baule, et puis
après ? » CNRS CERI, 1991.
Bourdieu P, « Le Capital social », A.R.S.S,
n°31, 1980.
Bourdieu P, « L'identité et la
représentation, éléments pour une réflexion
critique sur l'idée de région », A.R.S.S, n° 35,
novembre 1980.
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éléments pour une théorie du champ politique »,
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Marie Claude Bartholy, Jean pierre Despin, « le
pouvoir, science et philosophie politiques »
Mathias Delori Delphine Deschaux - Beaume et Sabine saurugger,
« Le choix rationnel en science politique », presses
universitaires de Rennes, 2009.
Kayigerma Anicet, « Elections, démocraties,
partis politiques, Droits de l'Humanitaire et pouvoir local :
question ? » Communication au séminaire, atelier du
programme d'observatoire des élections au Rwanda, 2004.
Joseph Njasani, « philosophical reflections on
rationality », la rationalité, une ou plurielle ? sous la
direction de Paulin Joachim Hountondji, CODESRIA, 2007
Guèye Babacar « la démocratie en
Afrique : succès et résistances pouvoirs »
2009/2, N°129 P5-26
Cameroun Kah Walla - Communiqué de presse, 19 Juin
2011.
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critiques » Volume 34, N° 1, 2002, P 117.
Gilles Fabre-Rosane, Alain Guédé, RFSP, vol
n°4, Août 1978
Ismaël SENE, « note pour approche trilogique de la
valeur ».
André de PACMA, « rationalité,
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référence 2008 21 octobre 2008.
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de l'autorité, référence la fin de
l'autorité », Paris, Flammarion septembre 2006
Jurgen Habermas, le discours philosophique de la
modernité, cité par Richard Rorty, « Haute
universaliste, profondeur romantique, ruse pragmatique », p.12
Maurice kamto, « la conditionnalité dans la
coopération internationale », colloque de Yaoundé,
20-22 juillet 2004. Les éléments de la conférence
franco-africaine de la Baule du 20 au 22 juin 1990.
Raymond BOUDAR, « sociologie et sociétés,
théorie du choix rationnel ou individualisme
méthodologique » voit 34, N° 1 page 2002, page 9-34
Nicolas GRAVEL, Emmanuel PICAVET, « une
théorie cognitiviste de la rationalité axiologique »,
19 mars 1999
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collectifs conclusion du théorème de
»`'possibilité générale''
Delamar José Volpato Dutra, « les enjeux de la
théorie de l'argumentation comme base de l'éthique discursive,
éthic » c2, Florianópolis, v1 ch1 page 63-80 juin
2002
Sindjoun L, « Ce que s'opposer veut dire »,
comment être opposant au Cameroun ? p.27
Vincent Charbonnier, « l'Etat, la
société, le pouvoir ».
3- THESES DE DOCTORAT ET MEMOIRES DE DEA OU DE MASTER
RECHERCHE
Akono Evang Serge Paulin, thèse de doctorat, Partis
politiques, ethnies et politique d'affection dans la démocratisation au
Cameroun (1990-2004).
Bouchillou Juliette, Communication politique et marketing
politique en contexte de campagne présidentielle, mémoire de
4è année, Sciences Po Rennes 2010-2011.
Mazamesso wella, processus électoraux en Afrique noire
francophone, DEA - Droit public 2011.
Patrick Blancherray, les sciences sociales dans la
philosophie de Karl Popper : la cohérence du système
poppérien, Master recherche « histoire et théorie du
politique », mention pensée politique, paris, septembre 2005.
4- ORGANES DE PRESSE
5- DICTIONNAIRES
GUY H., BERTRAND B, PIERRE B. PHILIPPE B. Dictionnaire de la
science politique et des institutions politiques, 3 éd., Paris, Armand
Colin, 1998.
Dictionnaire Larousse, Maxipoche, 2009
Jacqueline RUSS, Dictionnaire de philosophie, Bordas, 1991
Mokhtar Lakehal, Dictionnaire de science politique, L'harmattan,
2010.
6- REVUES
Revue africaine des études politiques et
stratégiques, Université de Yaoundé II FSJP
Revue française de science politique 1977.
Revue française de sociologie
Alice le GOFF, Axel HAMETH « lecteur de la
théorie transermassienne de l'AGIR communicationnel ».
Comment peut-on être opposant au Cameroun ?
Politix, Entrées en politique, Apprentissages et
savoir-faire, Presses de Sciences Po, Travaux de science politique, n°35,
troisième trimestre, 1996.
Revue philosophique : recherche en philosophie politique,
septembre 2006.
7- REFERENCES WEBOGRAPHIQUES
Bonabericom , « Election présidentielle
2011, la liste des candidats et leurs programmes », 2012
www.zenposus.com mouvement NKUL
Beti 2011
cameroun.info.net, version de Maurice Kamto : la
réaction de James Mouangue Kobila, 2012
Séminaire 2011-2012 (thèses soutenues
récemment sur le parlement
Cyntia ghorra - Gobin, « la
445ème élection présidentielle
américaine le regard des Américains dans un contexte mondial
difficiles », 2008
www-camer.be, Canada - Cameroun : « Election
2011, les prédictions les alliances stratégiques, les trahisons,
les scandales »...
ANNEXES
Annexe 1 CV Kah Wall
Curriculum Vitae Kah Walla
|
Nom
|
Edith Kahbang Walla
|
Date et Lieu de Naissance
|
28 février 1965 - Ibadan, Nigeria
|
Parcours Académique
|
1990
|
Cycle Masters in Business Administration
|
Howard University, Washington, DC
|
1986
|
Bachelor of Science in Zoology
|
Howard University, Washington, DC
|
1982
|
Secondaire
|
Ivory Coast Academy - Bouake, Côte d'Ivoire
|
1979
|
Primaire
|
American School of Yaoundé
|
Parcours Professionnel
|
1988
|
Création de sa 1ère Entreprise
|
Walli-Bume
· Conseils
· Partenariats entre entreprises africaines et
américaines
· Design Africain
|
1991 à 1992
|
Directeur Marketing et Technique - Bikanda Conseils
|
1992 à 1995
|
Directeur Général - Bikanda Conseils
|
1995
|
Création de STRATEGIES!
|
|
v A la tête de ce cabinet conseil en management et en
marketing depuis 15 ans
v Un des rares cabinets africains à conseiller les
multinationales (Orange, Shell, Standard Chartered Bank, Societé
Générale des Banques, etc) au niveau du top management.
v Aujourd'hui STRATEGIES ! fait
75% de son chiffre d'affaires à l'étranger (Afrique, Europe,
Etats-Unis, Asie, Amérique du Sud)
|
STRATEGIES ! intervient dans 3
domaines clés
· Services en leadership, stratégie et management aux
entreprises
· Conseils aux organismes de développement avec
spécialisation dans les domaines clés : Leadership,
Stratégie, Décentralisation, Développement du Secteur
Privé, Développement des Organisations
· Recrutement
|
Particularités de STRATEGIES !
· Une équipe de jeunes camerounais/es
professionnel/les, moyenne d'âge 32 ans dont plus de 50% sont des
femmes
· Développement de jeunes professionnels camerounais
qui occupent des postes de leadership dans des multinationales et organismes
internationaux au Cameroun et dans le monde
· Développement de l'expertise camerounaise en
leadership et management et vente de cette expertise sur le marché
mondial
|
QUELQUES REALISATIONS
PROFESSIONNELLES
Décentralisation
· Plus de 10 ans d'expérience dans la
décentralisation. développement des politiques de gouvernance
locale, formation des élus et du personnel communal
· Formation et encadrement des communes de quatre partis
politiques (SDF, UPC, UDC, RDPC,). Introduction des premières
stratégies de Planification Communale Participative et
de Développement Economique Local au Cameroun
Facilitation de conférences internationales sur
les grandes questions de développement en Afrique
· Agriculture et Développement Rural et en
Afrique - depuis 5 ans, aujourd'hui en partenariat avec le NEPAD et la
Coopération Allemande avec la participation de plus de 35 pays
· Sécurité Alimentaire
-échanges entre pays africains et pays asiatiques sur la gestion des
terres pour la sécurité alimentaire
· Perspectives Africaines de l'Aide au
Développement - conférence annuelle donnée aux
jeunes diplomates allemands à Berlin depuis 3 ans
· Développement régional et
continental - Avec l'Union Africaine, le Parlement Pan Africain, le
NEPAD, CEDAO, SADC, l'EAC, Conférence Internationale des Grands Lacs,
etc. sur des questions de démocratie et gouvernance, paix et
sécurité, équité en genre, développement
économique, infrastructures, etc.
Développement Economique
Plus de 15 ans d'expérience dans le développement
économique au niveau international, national, régional et
local :
· Amélioration de l'Environnement des
Affaires en Afrique - en partenariat avec la Banque Mondiale, le BIT,
et une dizaine de partenaires au développement
· Making Finance Work for Africa -
regroupant plus de 35 pays pour une réflexion sur les systèmes
financiers en Afrique, la bancarisation des citoyens et l'accès au
crédit pour les entrepreneurs africains
· Développement Economique Local -
programme avec 5 communes sur l'identification des pôles de
développement économique, les partenariats
publics-privées, la création de l'emploi au niveau local,
l'amélioration de l'environnement des affaires au niveau local
Entreprenariat et Emploi
· Plus de 15 ans d'expérience en promotion de
l'entreprenariat et de l'emploi, notamment pour les jeunes et les femmes
· Organisation d'un Job Fair (Salon de
l'Emploi) en 2004 avec la participation de plus de 1500 jeunes, et une
quinzaine d'entreprises. Recrutement de plus de 100 personnes en emplois
permanents et à temps partiel
· Programmes de Promotion de l'Entreprenariat
- Formation de plus de 200 entrepreneurs avec les programmes YES
(Young Entrepreneurship Support) et WEP (Women's Entrepreneurship Program)
|
IMPLICATIONS DANS LES ASSOCIATIONS AU NIVEAU
NATIONAL ET INTERNATIONAL
Associations d'Entreprises
v Membre du bureau du American Chamber of
Commerce pendant 15 ans
Vice Présidente et Présidente par interim en
2006/2007
Mène des actions pour l'amélioration de
l'environnement des affaires au Cameroun pendant son mandat
v Membre fondatrice du Women Entrepreneurs of Cameroon
v Membre du African Businesswomen's Network
v Membre du Conseil du World Entrepreneurship Forum depuis
2008
Associations Sociales
v Présidente de la Cameroon Gender and Development Network
v Présidente de Cameroon Ô'Bosso
Reconnaissances Internationales
v Figure parmi les 7 femmes chefs d'entreprise oeuvrant pour la
réforme de l'environnement des affaires en Afrique, reconnu par la
Banque Mondiale.
o Voir Doing Business Women in Africa 2008.
|
Parcours Politique
|
1992
|
Membre d'un groupe de soutien aux partis politiques
oeuvrant pour le Changement
· Soutien actif au SDF (réflexion, financement,
mobilisation)
· Contrôle des élections présidentielles
à Douala
|
1993 à
2003
|
Soutien au SDF (réflexion, financement,
mobilisation)
Formation des membres du National Executive Committee (NEC) en
Leadership
|
2004
|
Membre d'un groupe de réflexion sur la transition
démocratique au Cameroun
|
2007
|
Entrée officielle dans le SDF
· Candidate aux élections municipales et
législatives
· Elue Conseillère Municipale à Douala
1er
· Co-optation au NEC du SDF en 2008
|
2008
|
· Membre du « Front du NON »
contre la modification de la Constitution
o Organisation d'un regroupement de la société
civile et des partis politiques
o Marche de protestations
o Communication dans les médias
o Mobilisation
|
Réalisations Politiques
|
Au sein du Conseil Municipal
|
· Rôle de « Watch Dog » sur la
planification, les réalisations et la gestion financière
· Interpellation de l'exécutif communal sur la
gestion financière de la mairie
· Communication aux populations sur le rôle et les
projets de la commune
· Invitation des représentant/es des
communautés à participer aux conseils municipaux
· Accompagnement des populations pour la participation aux
projets de la commune et pour la défense de leurs intérêts
|
Avec les populations
|
Domaine
|
Description
|
Nombre de Bénéficiaires
|
Emploi des Jeunes
|
· Mise en place du Forum Leadership et Management. Deux
séminaires par mois de formation à l'insertion professionnelle et
l'entreprenariat
|
Plus de 400
|
Emploi des femmes
|
· Formation des femmes en artisanat
· Conférences sur l'empowerment économique des
femmes
|
Plus de 500
|
Amélioration de l'Environnement des Affaires
|
· Projet Amélioration du Milieu des Affaires
au Marché Sandaga
o Formation des commerçantes sur la gestion des affaires
o Renforcement de la transparence sur les impôts et taxes
o Renforcement de la capacité de plaidoyer
o Mise en place d'une mutuelle financière
|
Plus de 350
|
Santé
|
· Organisation d'une Journée de Santé
à Dikolo-Besseke-Bali
o Conseils gratuits de médecins
o Distribution de 300 moustiquaires imprégnées
|
Plus 300
|
Proposition d'alternatives sur les questions de
développement national
|
· Kièlè - Cercle de
réflexion sur les grandes questions de développement national
o Economie
o Education
o Santé
o Unité Nationale
|
Plus de 200
|
Assainissement
|
· Assainissement hebdomadaire du quartier Dikolo
|
Population de Dikolo 500+
|
Sécurisation foncière
|
· Accompagnement des populations pauvres pour
sécuriser leur habitat
|
Population de Dikolo 500+
|
Annexe2 Communiqué et déclaration
Cher/es Compatriotes,
C'est avec gravité, détermination et espoir que je
vous écris en cette journée très particulière.
Gravité parce
qu'aujourd'hui est une journée d'échec. J'ai vécue un
échec en tant que leader, nous vivons un échec en tant que
nation.
Nous avions un rendez-vous avec l'histoire et nous avons
raté notre rendez-vous. Lamentablement. J'avais une
responsabilité de nous conduire avec succès à ce
rendez-vous et nous n'avons pas pu l'honorer.
Aujourd'hui, nous devrions être en train de
célébrer un nouveau départ pour notre pays. En lieu et
place nous assistons au spectacle du statu quo qui reprend son emprise sur nos
vies. Nous aurions dû être remplie de nouvelle énergie,
d'optimisme et de dynamisme, mais plutôt nous restons, pour l'instant,
pris au piège; stagnant.
Si je m suis mis en avant, c'est parce que je croyais
sincèrement et je continue à croire que nous avons besoin de
fraîcheur, d'un leadership nouveau, du leadership d'une nouvelle
génération, d'un leadership innovateur et efficace, d'un
leadership qui puisse nous redonner espoir et permettre au Cameroun de croire
en lui-même à nouveau.
Je crois en la capacité du Cameroun à devenir un
leader parmi les nations. Nous avons encore à réaliser cet
exploit.
Je crois en notre capacité en tant que Camerounais/es
à prendre notre destin en mains. Nous avons encore à franchir
cette étape déterminante.
Je crois en notre pouvoir en tant que peuple de combattre
n'importe quel système, n'importe quel groupe d'individus, n'importe
quel individu singulier qui a pris en otage notre nation depuis plus de 50 ans.
Nous avons encore à exercer ce pouvoir qui est le nôtre de cette
manière.
En conséquence, nous ne pourrons pas commencer dès
aujourd'hui à mettre en oeuvre la stratégie visant à
créer 500.000 nouveaux emplois pour nos jeunes. Nous n'allons pas
commencer dès aujourd'hui à aider nos commerçant/es,
sauveteurs, agriculteurs et pêcheurs à transformer leur travail
dans le secteur informel en emplois dans le secteur formel, avec des salaires
raisonnables, une assurance et la sécurité sociale pour eux et
pour leurs familles. Nous n'allons pas commencer la réforme de la
fonction publique, du secteur de la santé et du système
éducatif afin de fournir des services de qualité à
l'ensemble de nos citoyens. Nous n'allons pas commencer à bâtir Le
Cameroun Leader. Aujourd'hui nous sommes encore, pour le moment, dans
l'inertie.
En tant que leader, en tant que votre leader, mon coeur est lourd
et mon esprit est grave.
Dans cette situation, sobre, je vous écris avec une
détermination absolue, car rien de
mieux pour tirer des leçons que l'échec. Notre expérience
électorale a été nécessaire et importante. Elle
nous a fourni des leçons clés et a gravé un sentiment
d'importance et d'urgence dans chacun de nos esprits.
Leçon n ° 1: La réforme du
système électoral est notre priorité
incontestable - En tant que camerounais/es nous sommes convaincus
aujourd'hui, que nous ne pouvons plus nuire à notre propre avenir et
nous offrir en spectacle au reste du monde avec des élections
frauduleuses et gérés dans le ridicule le plus absolu. La
priorité incontestable pour chacun d'entre nous en tant que citoyen, est
de réformer notre système électoral. Notre
démocratie, notre développement et notre avenir immédiat
en tant que nation en dépend.
La responsabilité pour cette réforme ne peut se
limiter à des partis politiques, au gouvernement, à la
société civile ou aux médias. Cette responsabilité
est individuelle et elle est collective. Chaque Camerounais a un rôle
à jouer. En tant qu'individus et groupes, nous devons faire peser une
pression extrême sur le régime actuel afin de rendre cette
réforme inévitable. Nous devons commencer aujourd'hui et nous ne
devons pas fléchir. En tant que leader, je vous réaffirme ma
détermination à me focaliser sur cette réforme
jusqu'à ce que nous l'obtenions.
Leçon n ° 2: Nous devons consolider nos
efforts et bâtir une formidable machine politique - Il est
important de confronter le fait que l'abstention et l'inaction sont les
complices du régime actuel. L'avenir de notre nation ne peut pas
être la responsabilité de quelques leaders politiques, quelques
journalistes ou de quelques citoyens. Chaque camerounais, chaque camerounaise a
un rôle à jouer. Vous pouvez penser que votre contribution
intellectuelle, matérielle ou financière est petite, mais elle
est vitale pour nous permettre d'atteindre l'objectif de changement pour notre
pays. Nul ne peut avoir le luxe de rester à l'écart, d'agir en
spectateur ou en spectatrice. Chaque Camerounais vivant à
l'intérieur ou à l'extérieur du Cameroun, doit à sa
manière propre, être un acteur. En tant que leader, je vous
réaffirme ma détermination à renforcer notre organisation
politique pour la rendre encore plus inclusive, plus stratégique et plus
incisive que jamais; à la mettre en réseau et en synergie
d'action avec tous les autres organismes, petits et grands, qui sont
focalisés sur l'objectif d'apporter le changement au Cameroun.
Leçon n ° 3: Nous devons être
intransigeants et inébranlable dans la défense de nos droits et
nos intérêts à long terme - Beaucoup d'entre nous
ne connaissent pas leurs droits. Beaucoup ont été convaincus au
fil de 50 ans d'oppression que quand on nous refuse nos droits, c'est à
nous de changer notre comportement, pas à l'oppresseur de modifier le
sien. Beaucoup d'entre nous sommes tellement habitués à la
pauvreté et tellement concentrés sur la satisfaction des besoins
immédiats que nous sommes incapables de définir nos
intérêts à long terme. Il est impératif pour nous
d'acquérir les compétences, de bâtir les outils et les
organisations qui nous permettront en tant qu'individus et en tant que
collectif d'identifier et de défendre nos droits et nos
intérêts à long terme. Il est impératif que nous
refusions d'écouter tout soupçon de suggestion que lorsque nous
sommes menacés nous devons renoncer à nos droits ou à nos
intérêts, par peur ou par soumission à l'oppresseur.. Nous
ne devons pas être imprudents. Nous devons cependant être
intransigeants et implacables dans notre préparation et dans notre
organisation pour la défense de nos droits en toutes circonstances et
contre tout oppresseur. En tant que leader, je suis déterminée
face à la manipulation et l'oppression extrême de ce
régime, à me battre pour nos droits et nos intérêts
collectifs à long terme jusqu'à ce que nous les obtenions.
Dans la mesure où malgré le fait que nous avons
perdu ce tronçon de la course, nous avons gagnés
énormément et l'objectif final est plus proche que jamais ;
je vous écris avec espoir.
Je vous écris avec espoir, car l'objectif de changement et
de construction d'un Cameroun Leader est plus fort et plus clair que jamais.
Je vous écris avec espoir parce que nos priorités sont limpides.
Je vous écris avec espoir car notre équipe est plus grande, plus
habile et plus résolue que jamais.
Cette journée, qui marque un échec temporaire,
marque aussi le début de la prochaine étape de notre route vers
la révolution démocratique. Des milliers de Camerounais nous ont
rejoints et plus nous rejoignent chaque jour. Il devient évident pour
de plus en plus de camerounais/es que nous n'avons d'autre choix que de prendre
notre destin en main. Il devient évident pour la plupart d'entre nous
que tous les outils et démarches démocratiques et non-violentes
sont utiles pour nous permettre d'atteindre notre objectif.
Je vous écris avec espoir, car nous savons ce que nous
devons faire:
· Construire une organisation qui est inclusive de tous les
camerounais/es; forte de ses ressources financières, humaines et
matérielles; claire dans sa stratégie et ses objectifs et
absolument efficace dans sa capacité à apporter le changement
à notre pays
· Faire peser la pression extrême sur le régime
en place, afin de réformer efficacement le système
électoral et apporter le changement dans la gouvernance que nous
recherchons
· Construire un réseau national et international de
camerounais/es dédiés et focalisés à produire ce
changement pour notre pays
Je vous écris avec espoir, parce qu'en tant que leader
vous m'avez manifestés de l'amour, du soutien et de la loyauté
dans l'adversité extrême. Plus important encore, nous sommes
sortis de cette adversité plus forts, plus déterminés et
plus unis que jamais.
Gravité, détermination et espoir: de ce lieu nous
allons conduire notre offensive, de cet endroit nous allons construire notre
force, de cet endroit nous allons être plus audacieux, plus incisif et
plus efficace.
Mahatma Gandhi a dit «D'abord ils vous ignorent,
ensuite ils se moquent de vous, ensuite ils vous combattent, et puis vous
gagnez».
Mes cher/es compatriotes camerounais/es, ils nous ont combattus.
Maintenant, en tant qu'une équipe nationale, composée de millions
concitoyens, il est l'heure de gagner.
Il est l'heure !
Chaque peuple, chaque nation, a son périple. Nous,
camerounais avons parfois le sentiment que le nôtre n'a pas de fin. En
tant que peuple, nous avons lutté contre l'oppression pendant plus de 90
ans. Plusieurs fois nous avons eu des rendez-vous avec l'histoire et à
chaque fois nous en sommes ressortis insatisfaits, frustrés, nous
demandant si notre liberté ne viendrait jamais ...
Le 1er Rendez-vous
Lock Priso et Douala Manga Bell furent les précurseurs,
menant des luttes contre la domination allemande dès le début du
20ième siècle. Le 22 juillet 1931, les femmes
commerçantes de Douala décident que ça suffit, elles
marchent sur le bureau du gouverneur français pour protester contre les
taxes exorbitantes. De là jusqu'au début des années
soixante, les nationalistes se battent des deux côtés du Mungo
pour mettre fin à l'oppression des colonisateurs. Ndeh Ntumazah, Um
Nyobe, Emmanuel Endeley, Marthe Moumié, Augustine Ngom Jua, Gertrude
Omog, les femmes Anlu de Kom, etc. sont tous des noms dont l'histoire reste
à écrire afin que nos enfants puissent eux aussi construire leur
avenir en s'appuyant sur la fondation de vraies héroïnes et
héros pour faire face aux challenges de la vie. Trente ans de lutte de
libération. Les nationalistes sont vainqueurs car ils construisent une
vraie vision de l'indépendance, ils déclenchent un mouvement de
libération à travers l'Afrique et, surtout, ils nous laissent un
merveilleux héritage de fierté, la soif inextinguible d'une
véritable indépendance. Mais ils perdent, nous perdons car ils ne
dirigeront pas notre pays. Ils seront tués. Décapités. Et
avec eux, notre première tentative de nous définir par et pour
nous-mêmes. C'est notre premier rendez-vous avec l'histoire et nous en
repartons la gorge nouée du goût amer de la défaite. C'est
le point départ de la construction d'une fondation confuse, corrompue et
douteuse qui est celle du Cameroun aujourd'hui.
Le 2ième
Rendez-vous
1989 et nous sommes de nouveau agités. Corruption,
incompétence, oppression continue ont complètement anéanti
tous les espoirs que nous nous sommes permis en 1982 croyant assister à
la fin de la dictature. Les voix se lèvent à Garoua, Bertoua,
Ebolowa, Bafoussam, Buéa, Douala, Yaoundé et au quartier de
Ntarikon. Yondo Black, Vincent Feko, Henriette Ekwe, Albert Mukong, Ni John Fru
Ndi et bien d'autres font eux aussi partie de cette histoire qui reste à
écrire. L'espoir renaît une fois de plus. Le raz-de-marée
venu de Bamenda prend de l'ampleur et se propage dans l'ensemble du pays. Du
sang sera versé, des vies volées, des villes mortes feront partie
de notre quotidien et les cartons rouges nous informerons que la nation est en
guerre contre l'oppression. C'est le 11 Octobre 1992, nous sommes certains que
nous avons enfin atteint l'indépendance pour laquelle nous nous battons
depuis près d'un siècle. Les bulletins sont mis dans les urnes,
le comptage initial est merveilleux. La liberté enfin ! Les
résultats ne demandent qu'à être proclamés. Une fois
de plus nous avons gagné car la nation s'est exprimée
massivement sur le choix de son destin. Nous aurions désormais multiples
partis politiques, maillons essentiel de la démocratie. Mais quand le
résultat final est prononcé la victoire nous est refusée.
La liberté totale, l'indépendance complète ne sera pas
pour cette fois-ci non plus.
20 ans plus tard et il semble que nous ayons perdu non
seulement notre chemin, mais aussi que nous ayons perdu notre volonté.
Au moment où nous semblons nous résigner à ce qu'on nous
dit être notre destin, vint Février 2008. Notre rage surgit.
L'injustice de la vie dans un pays qui est riche, mais où 40% de ses
citoyens vivent avec moins de 738 fcfa par jour. La vie inimaginable dans un
pays où près de 500 personnes peuvent mourir du choléra
parce que moins de 30% de sa population rurale a accès à l'eau
potable et seulement 14% de cette même population a accès à
des toilettes décentes. Quel scandale ! Dans ce même pays, le
chef de l'Etat, dont le travail consiste à s'assurer que les citoyens
ont de l'eau potable et des toilettes adéquates, se permet d'aller en
vacances pour dépenser plus de € 1,000,000 en moins d'un mois.
Echec sur échec, scandale sur scandale et nous nous rappelons que nous
valons mieux que ça, que nous avons un potentiel extraordinaire qui
attend d'être atteint. Cette combinaison de scandales et de ressources,
d'échecs et de potentiels ; cette combinaison tourbillonne le sang
de nos ancêtres qui est en nous.
Nous nous rappelons que nous sommes les enfants de combattants
et combattantes de la liberté. Nous sommes les descendants des
nationalistes qui ont combattu des ennemis plus redoutables que celui qui est
en face de nous. Nous sommes d'une lignée de héros et
d'héroïnes qui n'ont jamais céder face à la tyrannie
et l'oppression.
La seule et unique raison de tout leur être, de leur
combat, l'accomplissement de leur destin, c'est nous.
Pour nous, pour cette génération qui est la
nôtre, il est l'heure...
Le 3ième et Décisif
Rendez-vous
2011 est notre prochain rendez-vous avec l'histoire. Nous le
savons. C'est le tour de notre génération ; il est l'heure
pour nous. Porter ce combat, nous le devons. Réaliser cette
révolution pacifique, nous le devons. Nous nous le devons, nous le
devons à nos ancêtres et nous le devons à nos enfants.
Il est l'heure! La seule question que chacun de nous doit se
poser est "Quel est mon rôle?", "Quelle est ma tâche?" Alors que
nous nous avançons vers cette 3ième rencontre
décisive, certaines choses clés doivent être faites:
· Reprenons notre pouvoir - Nous devons
inverser la structure du pouvoir au Cameroun. C'est notre pays. Ce sont nos
droits. Nous ne pouvons continuer à permettre que notre pouvoir
collectif soit usurpé par une petite minorité.
· Reprenons en main nos
élections - Nous ne devons pas permettre la confiscation des
élections par un individu ou un petit groupe de personnes. Le
système électoral nous appartient. C'est notre possession
fondamentale en tant que citoyens. Par conséquence,
o Prenons possession de notre droit -
Inscrivons nous sur la liste électorale
o Organisons nous - Rejoignez un groupe qui
lutte pour la réforme électorale
o Faisons entendre notre voix - Allez
à ELECAM, posez des questions, exigez des réponses, participez.
o Mobilisons nous - Par l'action
non-violente, mais déterminée, en tant que peuple, nous sommes
à mesure de nous assurer de la transparence et de l'équité
dans ce système électoral
2011 est notre rendez-vous avec l'histoire. Il est l'heure,
notre heure, l'heure du peuple. Abolissons la peur, levons-nous, agissons,
ensemble nous allons oser inventer l'avenir de notre cher Cameroun.
Kah Walla
Citoyenne Camerounaise
Interpellation : Lettre ouverte au président
Paul Biya
Pour la candidate à la prochaine élection
présidentielle, la transition au Cameroun en 2011 est
inéluctable, mais le chef de l'Etat peut encore peser sur son
contrôle à travers des élections libres et
transparentes.
Monsieur le Président, Vous ne me tiendrez pas rigueur
de vous écrire, alors que vous êtes absent du Cameroun, notre
pays. Bien que citoyenne et contribuable camerounaise, je n'ai, hélas,
pas le privilège d'être informée de vos
déplacements. Je vous écris en comptant sur votre entourage, et
la technologie moderne pour que cette lettre vous parvienne au plus
tôt. Monsieur le Président, je suis certaine que vous observez
avec beaucoup d'intérêt, autant que nous autres camerounais/es, le
vent vif annonciateur d'une ère nouvelle, qui souffle en ce moment sur
le Maghreb et le Moyen-Orient. C'est une saison incroyable pour les peuples
opprimés, des décennies durant, décidés à
prendre leur destin entre leurs mains. Ils sont non seulement en train de
gagner des batailles, mais ressortent victorieux des luttes pour
l'indépendance, la liberté et la dignité humaine qu'ils
mènent contre leurs dirigeants depuis des décennies. C'est une
très mauvaise saison pour les présidents qui ont
été au pouvoir pendant plus de 20 ans, en maintenant leur pouvoir
à travers des élections rituelles, douteuses, qui ne sont
crédibles, ni aux yeux de leur peuple ni aux yeux de la
communauté internationale. Les Camerounais ne sont pas seulement
assis sur les bords de leurs sièges en observation, mais nous sommes en
communion avec ces peuples en esprit. Nous les comprenons au plus profond de
nous-mêmes. Nous admirons les mesures qu'ils ont prises pour
contrôler leur propre destin. Nous sommes admiratifs face au courage dont
ils font preuve en osant inventer leur propre avenir. Et parce que nous
avons les mêmes aspirations, nous collectons des informations, nous les
analysons et nous tirons les leçons de leurs victoires. En voici
quelques-unes :
Leçon n ° 1: Quand le peuple agit, aucune
force ne peut l'arrêter. Nous avons appris que lorsque le Peuple est
déterminé, il peut changer non seulement les dirigeants, mais
l'ensemble d'un système de gouvernement. Nous avons appris que
même les forces armées répressives peuvent être
neutralisées par la force indéniable de la population. Quand le
Peuple agit, les choses changent. Leçon n ° 2: Ce n'est pas
seulement la force de notre action en tant que peuple qui est importante, mais
également la détermination et la durée de celle-ci, qui
assureront la victoire. Nous avons appris des Tunisiens, que, contrairement
à ce que nous avons fait en 1992, il est nécessaire de maintenir
la pression jusqu'à ce que le but ultime soit atteint. Leçon n
° 3: Et celle-ci, Monsieur le Président, est la leçon la
plus importante. Une transition organisée est la meilleure. Il est
préférable pour un pays de tenir des élections libres et
équitables pour permettre aux personnes qui se sont
préparées et qui ont pensé une transition, de l'assurer.
Le soulèvement du peuple dans la rue se produit lorsque tous les moyens
organisés de transition ont été refusés. C'est le
pire des scénarii pour des présidents «inamovibles».
Car à ce stade, le Peuple n'est plus prêt à accepter des
solutions tempérées, des demi-mesures, des à peu
près... Il n'offrira pas de sortie digne au dictateur. Il n'offrira pas
de sortie digne à son entourage et à ceux qui le
soutiennent. En tant que citoyenne engagée, politiquement active et
candidate à l'élection présidentielle, j'ai pensé,
M. le Président, qu'il était important d'attirer votre attention
sur ces leçons que nous avons tirées des combats que
mènent des peuples qui vivent dans des conditions comparables à
celles du peuple camerounais.
Je voudrais conclure avec quelques
points: Un monde s'écroule, Monsieur le président, celui des
dictatures. Le vent du changement qui souffle actuellement, ne fera que
recueillir vigueur et élan au fur et à mesure des mois qui
passent et que Septembre / Octobre 2011 arrivent à grands pas. Les
Camerounais sont déterminés en cette année à
prendre leur destin entre leurs mains. Nous ferons cette transition
volontiers, de manière organisée, par le biais d'une
élection ... à condition. À condition que les exigences
minimales pour une élection libre et équitable soient
respectées. A condition que la volonté politique pour une
transition démocratique soit démontrée sans
ambigüité. A condition que personne, absolument personne, ne nous
empêche de quelque manière que ce soit, d'exercer notre libre
arbitre et nos droits d'électeurs/trices et de citoyen/nes
camerounais/es. Aujourd'hui, vos collègues font des concessions
à la population uniquement lors qu'ils ont le dos contre le mur,
uniquement parce que leur propre survie est en jeu. Il est dans nos meilleurs
intérêts tous ensembles, M. le Président, que vous
écoutiez maintenant les ONG, partis politiques et camerounais/es
ordinaires qui ne réclament rien d'autre qu'un un bon système
électoral depuis deux décennies. Il est dans nos meilleurs
intérêts tous ensembles, que vous agissiez rapidement et fermement
pour apporter les changements qui sont nécessaires pour assurer une
transition, juste, libre et en douceur.
Je ne vais pas
énumérer les changements nécessaires ici : ils figurent
dans diverses correspondances que vous avez reçu, de moi et de nombreux
autres Camerounais soucieux de l'avenir de leur pays. En effet,
différents groupes ont été et continuent à
être en contact avec vos services pour travailler concrètement sur
ces éléments. Il serait important, que vous en tant que Chef de
la Nation, fassiez comprendre à vos équipes, que votre
volonté et vision sont que les changements soient apportés
à notre système électoral afin que le Cameroun sorte de ce
processus électoral sans dommages. Monsieur le Président, nous
sommes en 2011 et... Il est l'Heure ! Nous sommes les Camerounais/es qui
mèneront à bout leur lutte pour l'indépendance
totale. Il est de notre intérêt à tous que nous fassions
cela paisiblement, avec dignité et surtout avec une équité
et une transparence irréprochables, conformément aux attentes du
peuple camerounais. Qu'une transition ait lieu en 2011 dépend de
nous, Peuple Camerounais. Comment cette transition aura lieu ? Dans une
très grande mesure, Monsieur le Président, cela dépend de
vous.
Par Kah Walla * * Citoyenne Engagée Camerounaise
Patriotique, Candidate à la Présidence de la République
du Cameroun
Interview Kah Walla au magazine New African
1- Comment va le Cameroun ?
Le moins que l'on puisse dire est que le Cameroun ne se porte
pas bien. Le Cameroun reste loin de refléter dans son fonctionnement
actuel le dynamisme, la richesse et l'excellence auxquels une dotation
exceptionnelle en ressources humaines et naturelles le destinerait.
Le diagnostic que nous avons présenté durant la
dernière élection présidentielle reste plus que jamais
d'actualité.
En effet, le Cameroun reste un pays géré par un
système caractérisé par
??La défense et la préservation des
intérêts d'une minorité au détriment de
l'intérêt général.
??L'arrogance des représentants de l'Etat
vis-à-vis des populations.
??La perte de confiance des citoyens/nes dans les
institutions de la République.
??La navigation à vue dans la conduite des affaires
publiques.
??L'impuissance de la puissance publique devant les
problèmes économiques et sociaux qui préoccupent les
Camerounais/es.
Pour le Cameroon People's Party (CPP), il est toujours
l'heure de construire un Cameroun Leader, de mettre en oeuvre et de
pérenniser un système de gouvernance qui :
??Garantit la démocratie, les libertés civiques
et l'Etat de Droit
??Assure à tous, les services de base de
manière équitable et efficace.
??Entretient un environnement économique libre, juste
et propice pour créer l'emploi et la richesse pour les
Camerounais(es).
??Encourage et défend la transparence, le
mérite et l'excellence dans tous les domaines.
??Rend les gouvernants / es comptables de l'utilisation des
ressources de la nation devant l'ensemble des Camerounais/es.
2 - Comment envisagez-vous l'avenir du Cameroun avec et
sans Paul Biya ?
Tout d'abord, précisons que l'avenir du Cameroun ne
dépend pas que de Paul Biya mais de l'ensemble des Camerounais / es. Cet
avenir peut être plus triste ou plus radieux. Tout dépend des
Camerounais / es. Le Cameroun ne peut pas être plus évolué
que les Camerounais / es.
Au Cameroon People's Party (CPP), nous sommes convaincus que
si le peuple se lève, les choses changeront. Il est plus qu'urgent de
mener une révolution démocratique dans notre pays en vue de
permettre au peuple camerounais de :
??Reprendre son pouvoir sur le plan politique
??Construire sa puissance sur le plan
économique
??Bâtir de nouveaux systèmes sur le plan
social
C'est le sens ainsi que l'objet de notre démarche
politique actuelle.
3 - Croyez-vous vraiment à l'alternance ? Si oui,
sous quelle forme ? Sinon Qu'est-ce-qui constitue le véritable obstacle
?
Au-delà de la simple alternance entendue comme la
prise du pouvoir par un autre parti que le RDPC, nous pensons qu'il nous faut
une réelle alternative de gouvernance capable, au-delà du
changement de personnes, de transformer le système camerounais. Au CPP
nous croyons que c'est possible. D'abord parce qu'elle est vivement attendue de
la part des populations et surtout parce qu'elle est objectivement possible au
regard de la situation générale de notre pays.
Elle peut être pacifique ou violente. Mais sa forme et
sa nature dépendront surtout de l'évolution et des
résultats des dynamiques au sein de trois grandes catégories
d'acteurs / trices :
??La majorité présidentielle composée du
RDPC, de ses alliés et des partis satellites ;
??Les partis politiques de l'opposition progressiste
;
??La population camerounaise aiguillonnée par des
organisations de la société civile.
Au CPP, nous travaillons pour qu'elle soit populaire,
démocratique et non-violente. Dans cette logique, les principaux
obstacles tiennent moins au parti au pouvoir qu'aux insuffisances
stratégiques et organisationnelles des forces de l'opposition ainsi
qu'à une insuffisante prise de conscience des populations.
4 - Depuis quelques années, le président
Paul Biya a engagé une lutte contre la corruption et les
détournements de deniers publics à travers une opération
baptisée « Epervier », qui a déjà permis de
traquer une bonne cargaison de directeurs généraux, plus d'une
quinzaine d'anciens ministres, pas moins de trois anciens secrétaire
généraux de la présidence de la République et un
ancien Premier ministre. Quel commentaire vous suscite cette opération
et comment jugez-vous son déroulement ?
Bien que l'opération épervier a
été présentée et perçue comme salutaire et
bénéfique pour l'assainissement des pratiques de gestion
publique, il faut souligner qu'elle a pris un tout autre visage dans sa mise en
oeuvre.
En effet, cette dernière semble être un
instrument pour règlements de comptes politiciens. Jusqu'ici, elle ne
s'est pas avérée être une stratégie efficace pour
lutter contre la corruption. Elle n'a pas pu neutraliser les
prévaricateurs de la République dont beaucoup restent en
activité.
Par ailleurs, l'amplification du problème de la mal
gouvernance, le non-respect des droits de ceux qui sont interpellés, les
vices de procédure, la cacophonie, les atermoiements et les revirements
spectaculaires auxquels on assiste, accroissent le sentiment qu'il y a anguille
sous roche.
Le Cameroon People's Party (CPP) estime qu'il faut de la
clarté et le respect de la procédure. Il faut respecter les
droits des prévenus. Il faut sanctionner lorsque, conformément au
droit, les faits de corruption et de détournements sont établis.
Et plus important, il faut reformer notre système de gouvernance pour
prévenir de tels faits, et finalement, essentiellement, il faut tout
faire pour récupérer les fonds pour le Trésor
public.
5 - Sensiblement un an après sa
réélection, le président Paul Biya est-il sur la voie du
changement ?
Non. Nous observons que rien dans le système n'a
changé. Ce dernier continue à gouverner de manière
improductive. Fondamentalement, les conditions pour que le véritable
changement survienne sont loin d'être réunies. Nous sommes
toujours dans une logique de saupoudrage permanent. Rien de radical ni de
significativement porteur ne sortira de la dynamique gouvernementale
actuelle.
6 - Avec la création d'Elecam, la refonte du
fichier électoral et l'instauration de la biométrie, le
président Paul Biya n'est-il pas en train de conduire le pays vers la
voie de la démocratie ?
Gardons-nous d'utiliser de bien grands mots pour
décrire de petits rafistolages sans lendemain historique. La
démarche actuelle de Paul Biya a deux constantes essentielles : la ruse
et l'embuscade. Elle n'est nullement consensuelle et loin de remplir les
exigences d'un cadre démocratique moderne. Elle procède
essentiellement de ce que l'on peut qualifier « d'étapisme
dilatoire ».
Il est aujourd'hui possible de mettre en place l'ensemble des
revendications qui datent d'au moins 20 ans et qui sont susceptibles de faire
entrer notre pays dans le giron des nations démocratiques et
exemplaires.
En guise d'illustration, on peut citer :
??Une élection présidentielle à deux
tours
??Un bulletin unique pour chaque élection
??Un code électoral unique et consensuel
??Un calendrier électoral clair et connu de tous
à l'avance
??Un ELECAM indépendant, efficace et efficient qui
pourrait susciter la confiance des Camerounais / es
??Un découpage électoral
équitable
??Etc.
Ces revendications loin d'être exhaustives ne suffisent
pas non plus à asseoir en profondeur la démocratie. Nous avons
encore à :
??Refonder nos institutions fondamentales
pour équilibrer les trois branches du pouvoir
(exécutif, législatif et judiciaire) et créer des canaux
permettant au peuple de s'exprimer dans le fonctionnement des institutions
républicaines : Constitution, Parlement, Systèmes
judiciaires.
??Réformer les systèmes
qui garantissent l'alternance et l'implication du peuple dans
la gestion de la cité : Système électoral,
Décentralisation.
??Faciliter l'émergence de
véritables contre-pouvoirs : Partis politiques, Syndicats, groupements
professionnels, Médias.
Tels sont les chantiers pour faire du Cameroun une
véritable République exemplaire.
7 - Le G7 dont vous faites partie considère le
nouveau code électoral comme un « document dangereux ».
Pourquoi ?
Ce code électoral est dangereux pour plusieurs
raisons.
Premièrement, il ne tient pas compte dans le fond de
l'essentiel des propositions visant à faire des élections au
Cameroun un exercice véritablement transparent, impartial et libre. Nous
pensons aux propositions sur le nombre de tours, sur les candidatures
indépendantes, sur l'indépendance de l'organe en charge de la
gestion des élections, sur le découpage électoral,
etc.
Deuxièmement, il transforme par certaines de ses
dispositions (les cautions aux différentes élections) le
processus électoral en un système censitaire c'est-à-dire
réservé aux riches.
Troisièmement, il n'est pas le fruit de consultations
réelles et à ce titre, ne fait pas consensus. Dans cet ordre, il
ne règle donc aucun problème et participe à entretenir la
méfiance, la suspicion et le faible engouement des populations pour des
élections. Il ouvre donc la voie à des contestations
systématiques qui peuvent déboucher sur des crises
profondes.
Le fait que dans sa première version, figurait une
disposition concernant l'abrogation du mandat impératif des
députés convainc de la malveillance et de la mauvaise foi du
régime actuel.
Il y a en apparence des « avancées » mais la
réalité est le verrouillage.
En l'état actuel, les partis politiques du G7 sont
d'accord pour dire que ce code bafoue les principes fondamentaux de notre
Constitution, s'oppose à l'aspiration démocratique des
Camerounais / es et ne participe pas à l'amélioration de la
gouvernance.
Raison pour laquelle des travaux sont en cours en vue de
mettre sur la place publique un code électoral unique
alternatif.
8 - Et si vous étiez très proche de
l'actuel président du Cameroun, quels conseils lui donneriez-vous
?
Le 09 Février 2011, dans une lettre ouverte à
Paul Biya, nous lui signifions déjà que la saison actuelle
était très mauvaise pour les présidents qui ont
été aux commandes pendant plus de 20 ans, en maintenant leur
pouvoir à travers des élections rituelles et douteuses,
élections qui ne sont crédibles, ni aux yeux de leur peuple ni
aux yeux de la communauté internationale.
Nous sommes aujourd'hui convaincus qu'après 30
années d'exercice de pouvoir infructueux, on est forcément
usé.
Nous lui avons suggéré fortement de mettre en
place les conditions et les mécanismes d'une transition
organisée.
Nous sommes convaincus qu'une transition organisée est
la meilleure option. Il est préférable pour un pays de tenir des
élections libres et équitables pour permettre aux personnes qui
se sont préparées et qui ont pensé une transition, de
l'assurer. Le soulèvement du peuple dans la rue se produit lorsque tous
les moyens organisés de transition ont été refusés.
C'est le pire des scénarii pour des présidents
«inamovibles». Car à ce stade, le Peuple n'est plus prêt
à accepter des solutions tempérées, des demi-mesures, des
à peu près... Il n'offrira pas de sortie digne au dictateur. Il
n'offrira pas de sortie digne à son entourage et à ceux qui le
soutiennent.
Celui qui rend une révolution pacifique impossible,
rend une révolution violente inévitable comme le disait John
Kennedy.
Ceci n'est naturellement pas notre souhait mais la
vérité historique la plus froide.
9 - Quelle est la position de votre parti quant aux
élections législatives et municipales, renvoyées
l'année prochaine ?
Avant tout, il est important de rappeler que le CPP pense que
toute prorogation du mandat des députés et des conseillers
municipaux aurait dû obéir à un préalable
fondamental qu'est une démarche systématique de dialogue et de
travail dans la conduite de la réforme. Dans cette logique, la mise en
place d'un groupe de travail comprenant les représentants des partis
politiques et organisations de la société civile s'impose
toujours pour s'assurer :
??De la définition d'un agenda sérieux et
complet de reformes
??De l'adoption de mesures consensuelles
??Du fonctionnement véritable des commissions
électorales mixtes
En l'absence d'une démarche inclusive, transparente et
consensuelle de réforme du système électoral,
prétexte du renvoi des élections, nous courons le risque de rater
une occasion historique de renforcement de la démocratie et de l'Etat de
droit dans notre pays.
En attendant, le CPP en tant que parti au pouvoir ayant
l'objectif de transformer positivement et durablement le système de
gouvernance au Cameroun se prépare pour les prochaines
élections.
Nous comptons présenter des candidats / es dans toutes
les circonscriptions où nous estimons avoir de réelles chances de
l'emporter. A ce titre, nos listes devront comporter partout :
??30 % de personnes de sexe opposé,
??de 50 % de jeunes âgés entre 23 et 35
ans,
??de 10 % de personnes vivant avec un handicap.
Nous comptons également nous associer à
l'ensemble des autres forces progressistes pour mutualiser nos ressources en
vue de sécuriser le vote.
Partout où nous n'aurons pas nos propres candidats /
es, nous soutiendrons tous ceux et celles qui présentent des visions et
des programmes convergents avec ceux du CPP dans l'opposition
progressiste.
10 - Vous faites partie de ceux qui, à un moment
revendiquaient à cor et à cri, l'organisation des
élections après l'instauration de la biométrie dans les
opérations électorales. Aujourd'hui, le président Paul a
accepté la mise en place de la biométrie. Jusque-là, vous
semblez ne pas être satisfaites. Qu'est-ce qui explique votre position
?
La biométrie est certes une revendication qui vient
formellement d'être prise en compte. Compte tenu de notre passé,
il faut encore s'assurer que le contenu correspond bien à ce qui est
annoncé. Si on prend les exemples d'Elecam sensé être
indépendant et le code électoral unique actuel, on a toutes les
raisons d'être méfiants.
Le pouvoir actuel, comme nous l'avons déjà dit
ne veut pas d'élections libres et transparentes. Sinon, pourquoi
refuse-t-il d'admettre des revendications et propositions des partis
politiques, de la société civile, des leaders d'opinion, des
autorités religieuses, etc ? Il est permanemment dans la ruse et
l'embuscade. Le pouvoir pour le pouvoir semble être son seul leitmotiv,
le principe dominant et constant de sa praxis politique.
Un processus électoral véritablement
satisfaisant commande que nous remplissions d'autres exigences qui
relèvent des aspects politiques, juridiques et techniques.
A l'heure actuelle, nous sommes loin du compte.
11 - Lors de la présidentielle de 2011, les
Camerounais, dans leur grande majorité, avaient demandé à
l'opposition d'élaborer des stratégies d'unification politique,
autour d'une candidature consensuelle et d'orientations programmatiques
communes. Pourquoi l'opposition, dans son ensemble avait rejeté cette
proposition ? Pensiez-vous sincèrement que l'opposition
(fragmentée et fragilisée par un passé qui pèse
comme une chape de plomb sur ses épaules) était en mesure de
battre Paul Biya, à l'issue d'un scrutin à un tour ?
Première précision, il n'y a pas une opposition
mais des oppositions au Cameroun. L'expression courante « opposition
camerounaise » exprime en des termes simples une réalité
pour le moins complexe, dynamique et multiforme. Dans cette vaste toile, se
trouve des acteurs et des appareils qui, évidemment, ne se
caractérisent pas par la même idéologie, le même
discours, les mêmes priorités et les mêmes logiques
d'intervention. Il en découle de façon évidente qu'il faut
faire la différence entre des partis qui ne sont là que pour
garantir des situations de rente à leurs promoteurs et ceux qui ont une
réelle stratégie pour la conquête et l'exercice du pouvoir
pour le bien des camerounais.
Ensuite, c'est vrai que s'il y avait moins de formations
politiques, indubitablement le jeu politique serait moins brouillé pour
les électeurs / trices. Mais il se trouve que ce n'est pas le cas et
nous avons l'obligation en tant qu'acteurs / trices politiques de faire en
sorte que le bon grain puisse facilement être distingué de
l'ivraie.
Néanmoins des regroupements sous la forme de
coalitions ou de plateformes peuvent se mettre en place. Elles peuvent se faire
sur la base idéologique ou sur la base de problématiques
d'intérêt général tel que le combat pour un code
électoral.
C'est le sens des regroupements observables depuis peu sur la
scène politique nationale. Il reste à travailler pour qu'elles
aboutissent dans les plus brefs délais à des résultats
probants. C'est une condition sine qua none de la réussite du changement
dans notre pays.
12 - Après le scrutin, le groupe de sept (G7) dont
vous faites partie, a appelé le peuple camerounais à se
mobiliser, à descendre dans la rue, au cas où la Cour
suprême venait à désigner un vainqueur. Malheureusement,
votre appel à la révolte n'a pas prospéré. Pourquoi
le peuple ne vous a-t-il pas suivi ?
Nous n'avons pas appelé les Camerounais / es à
la révolte. La propagande et la désinformation du régime
en place l'ont présenté comme tel. Ce qui est clair, c'est que
l'appel à manifester pour dénoncer la fraude électorale et
protester contre un régime qui foule aux pieds les droits et
libertés n'est en rien un
crime encore moins une erreur. Au contraire, ce type de
sursaut est hautement salutaire pour le pays. Il est d'ailleurs autorisé
par la constitution.
Le « peuple » ne nous a pas suivi pour des raisons
évidentes.
Primo, le taux de participation était très
faible, ce qui dénote une très faible confiance des Camerounais /
es dans le processus.
Deuxio, la désinformation et le matraquage
médiatique ont largement contribué à dénaturer
l'objet et le sens de notre déclaration.
Tertio, le déploiement disproportionné des
forces de sécurité et la campagne d'intimidation étaient
suffisants pour dissuader des populations qui, par ailleurs, n'ont pas ces
dernières années, développées une culture de la
participation politique au sens conventionnel du terme.
Cependant, cette déclaration a eu le mérite de
dénoncer devant le peuple et l'histoire une énième
escroquerie politique.
13 - Il y a quelques années, vous étiez
encore militant du Social Democratic Front (SDF), principal parti de
l'opposition. Aujourd'hui, vous trônez à la tête du Cameroon
People's party. Qu'est-ce qui vous a poussée à taper dans la
fourmilière ?
Elles étaient simples. Il ne s'agissait pas d'un
désaccord avec l'idéologie officielle du parti car je me sens
toujours très proche du courant dit social-démocrate. Il ne
s'agit pas non plus d'une question de personnes car j'ai pour principe de
considérer que les organisations et les systèmes sont plus
importants que les personnes. Il ne s'agit pas non plus d'une prétendue
affaire de malversation financière car ceux qui suivent de près
l'actualité politique camerounaise à l'époque ont eu la
preuve de l'inanité de telles accusations.
J'ai démissionné du SDF pour des raisons de
principe et de stratégie. Précisément pour des raisons de
divergences profondes avec une part significative du leadership actuel de ce
parti sur la façon dont il convenait d'aborder les
échéances électorales actuelles au Cameroun. Ma conviction
profonde est celle-ci : le changement au Cameroun se fera avec et par les
Camerounais/es. S'il faut reformer le système électoral, il faut
compte tenu du relatif échec des démarches passées, songer
sérieusement à faire que le peuple s'approprie ce combat. Lorsque
le peuple se lève, les choses changent. S'il faut gagner des
élections, c'est encore et surtout avec le peuple que cela doit se
faire. Toute stratégie qui de mon point de vue ne prend pas en compte
cet élément est, il me semble vouée à
l'échec.
J'ai pris mes responsabilités en démissionnant.
La cohérence avec mes principes et mon analyse de la situation m'y
conduisaient naturellement. La solution facile et personnelle aurait voulu que
je reste dans le « confort » du
parti, faisant tranquillement mon trou en attendant mon
heure. Je ne l'ai pas fait car cela ne correspond nullement à ce que je
suis et à ce qu'attendent les Camerounais/es. Les hommes et les femmes
ne sont pas faits pour le parti et le mouvement. C'est au contraire le parti et
le mouvement qui sont fait pour les hommes et les femmes. Lorsqu'on oublie ces
vérités à la base de tout engagement sain et
sincère dans la vie politique, on perd l'essentiel et, sans en
être conscient, malgré ce que l'on dit et fait, on s'oppose au
vent de l'histoire.
* 1 - Ce sont pratiquement les
mêmes acteurs qui dominent la scène politique camerounaise et qui
occupent les meilleures places aux élections et notamment Paul Biya du
RDPC, Ni John Fru Ndi du SDF, Bello Bouba Maigari de l'UNDP, Garga Haman adji
de l'ADD, Ndam Njoya Adamou de l'UDC...
* 2 - Les leaders traditionnels
et les nouveaux leaders des partis politiques concurrentiels dans la
compétition politique.
* 3 Georges Balandier, Sens et
puissance, paris, PUF,1971, p.17
* 4- Voir Maurice kamto, la
conditionnalité dans la coopération internationale, colloque de
Yaoundé, 20-22 juillet 2004. Les éléments de la
conférence franco-africaine de la Baule du 20 au 22 juin 1990 au cours
de laquelle le Président français, François Mitterrand
avait clairement indiqué que l'aide française allait
désormais être liée aux efforts de démocratisation
des Etats africains.
* 5 -Maître Charles
Nguini, rapport final d'observation électorale, Transparency
international Cameroon, élection présidentielle du 09 octobre
2011, p.8
* 6 Maître charles Nguini,
opcit, pp.8-9
* 7 - Extrait du discours
d'Abraham Lincoln prononcé sur le champ de bataille de Gettysburg en
1863.
* 8- Gilles Fabre-Rosane, Alain
Guédé, RFSP, vol n°4, Août 1978, p.840.
* 9 -Loi constitutionnelle du 18
janvier 1996.
* 10 -Leur capacité
compétitive a été démontrée par le rang
occupé respectivement par chacun d'eux : 5è,
6è et 8è.
* 11 Luc Sindjoun, Elections et
Politique au Cameroun : Concurrence déloyale, coalitions de
stabilité hégémonique et politique d'affection, vol.2
No.1, 1997, pp. 89-121
* 12 - Jacqueline Russ,
Dictionnaire de philosophie, Bordas, p.241.
* 13 - Larousse, Dictionnaire
Maxipoche 2009, p.1161.
* 14 - Guy Hermet, Bertrand
Badié, Pierre Birnbaum et Philippe Braud, Dictionnaire de la science
politique et des institutions politiques, Paris, Armand colin, 1998, p.44.
* 15 - Joseph Njasani,
philosophical reflections on rationality, la rationalité, une ou
plurielle ? Sous la direction de Paulin Joachim Hountondji, CODESRIA,
2007, p.45.
* 16 - Jurgen Habermas, le
discours philosophique de la modernité,cité par Richard Rorty,
Haute universaliste , profondeur romantique, ruse pragmatique, p.12.
* 17 - Janvier Onana,
Initiation à la science politique, L'Harmattan, 2009, p. 85-86.
* 18 - Raymond Bourdon,
Rationalité ordinaire : colonne vertébrale des sciences
sociales, l'année sociologique, 2010,60, n°1, p.19.
* 19 - Mokhtar Lakehal,
Dictionnaire de science politique, L'harmattan, 2010, p.56.
* 20 - Larousse,opcit, p.
1992.
* 21 -Moubarack LO,
L'émergence économique des nations : définition et
mesure, p.3.
* 22 -Philippe Besnard, Mohamed
Cherkaoui, dictionnaire de la pensée sociologique, paris, PUF,
Coll « Quadrige/Dicos poche, 2005, p.4.
* 23 - Larousse, opcit,
p.463.
* 24 - Guy Hermet, Bertrand
Badié, Pierre Birnbaum et Philippe Braud, opcit, p.91.
* 25 - Une cinquantaine de
candidatures et 23 participants retenus pour la présidentielle du 09
Octobre 2011 au Cameroun.
* 26 - Le leader du CPP est la
présidente de L'ONG Cameroun O bosso et la directrice du Cabinet
Stratégies alors que celui du PADDEC est un avocat international. Bien
plus, les camerounais de l'étranger ont participé au scrutin
présidentiel dernier.
* 27 - Il n'y a qu'à
voir les déclarations des candidatures et les résultats peu
compétitifs d'un grand nombre de candidats.
* 28 - Luc Sindjoun, Ce que
s'opposer veut dire, Comment être opposant au Cameroun ? p.27
* 29 - Les partis politiques de
par leurs fonctions (conquête et conservation du pouvoir et
positionnement) sont des animateurs essentiels de la vie politique. Voir
à ce propos Akono Evang Serge Paulin, thèse de doctorat, Partis
politiques, ethnies et politique d'affection dans la démocratisation au
Cameroun (1990-2004).
* 30 - Alain Didier Olinga, un
parti politique est-il banal ? Comment être opposant au
Cameroun ? p.102.
* 31 Luc Sindjoun, opcit,
p.28.
* 32 -Au sens où joseph
A. Schumpeter l'entend.
* 33- EKOMO ENGOLO
Camille : La microsociologie approfondie, cours de Master Sociologie
Contemporaine, P.8.
2- Michel OFFERLE, Entrées en
politique, P.3.
* 34-Guy HERMET et les autres,
dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, p.130.
* 35- Michel OFFERLE :
Entrées en politique, p.3.
* 36-Alain BEITONE, Sciences
Sociales, sirey, 2000.
* 37-Max WEBBER, Economie et
Société.
* 38-
http://.fr.wikipedia.org
* 39-Guy HERMET, Dictionnaire
de Science Politique, p.261.
* 40-Béatrice POULINY,
l'Emergence d'une « société civile
internationale » ? Processus, acteurs, enjeux. CERI-Science
Politique, 2001, p.15.
* 41- L'ex- ministre de la
justice Hamadou Ali avait confié à ambassadeur des Etas unis aux
Cameroun que le pouvoir devait rentrer au Nord.
* 42- wilfred pareto, les
partis politiques
* 43- AKONO EVANG Serge Paulin,
politique d'affection et ethnicité dans la démocratisation au
Cameroun, thèse du doctorat.
* 44- Michel OFFERLE,
Entrées en politique, presse de sciences po, p.4.
* 45-Jean JOANA, l'intervention
du député, réunions parlementaires et
spécialisation de l'activité politique au 19e,
P.24.
* 46- opcit, P.24.
* 47- opcit, P.26.
* 48- Emile DURKHEIM,
préface à la seconde édition des règles de la
méthode sociologique.
* 49-MAX WEBER,
économie et société sur la domination charismatique.
* 50-Daniel GAXIE, Michel
OFFERLE, les militants syndicaux et associatifs au pouvoir ? Capital
social collectif et carrière politique dans les élites
socialistes 1981-1985, P. 111.
* 51- Pierre BOURDIEU, La
représentation politique, éléments pour une théorie
du champ politique, ARSS, n° 36/37, 1981 P.14.
* 52- Pierre BOURDIEU, opcit,
p.18.
* 53- Pierre BOURDIEU, opcit,
p.18.
* 54-Pierre BOURDIEU, La
représentation politique, éléments pour une théorie
du champ politique, ARSS 36/37 1981, PP. 5-6.
* 55- Pierre BOURDIEU,
opcit, P.6.
* 56-Pierre BOURDIEU, La
représentation, p.4.
* 57- Pierre BOURDIEU,
opcit, p.4.
* 58-Maître MOMO,
conférence de présentation de candidature à la
présidentielle, Douala le 9 juillet 2011.
* 59- ROBERTO MICHEL, Les
partis politiques.
* 60- Hans KELSEN, La
théorie pure du droit.
* 61- Guy HERMET, opcit,
p.65.
* 62- Article 6 alinéa 2
de la loi constitutionnelle du 14 Avril 2008.
* 63- Article 6 alinéa 2
de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
* 64- Loi constitutionnelle du
18 Janvier 1996.
* 65- Slogan de KAH WALLA
à la campagne présidentielle de 2011.
* 66-Guy HERMET, opcit,
p.279.
* 67- EKOMO Camille, Cours
de master, sociologie contemporaine, la microsociologie approfondie, p.27.
* 68- Ibid
* 69-CROZIER, FRIEBERG,
L'acteur et le système, les contraintes de l'action collective.
* 70- Jacques YOMB, Les
courants sociologiques, document de travail pour étudiant, année
académique 2008-2009, p.30.
* 71-Fréderic SAWICKI
cité par Sandrine LEVEQUE, l'entrée en politique, p.174.
* 72- Pour lutter contre le
grand banditisme à Douala, le Président de la République
avait institué le commandement opérationnel, organe des forces de
l'ordre et des forces de défense en 2000.
* 73- HUDSON MEADWELL, La
théorie du choix rationnel et ses critiques, p.17.
* 74 -Ibid.
* 75- Sandrine LEVEQUE,
L'entrée en politique, Sciences po, p.171)
* 76-Luc SINDJOUN ce que
s'opposer veut dire : l'économie des échanges politiques,
Comment être opposant au Cameroun ?, p.8.
* 77- Jean Pierre VEDRINE, Le
traitement des données en marketing, les éditions d'organisation,
Paris, 1991, p.11.
* 78- Pierre BOURDIEU, La
représentation politique, p.6.
* 79 - Il y avait un Cameroon
People's Party créé en 1953 par M.NGANG MBILE.
* 80-Pierre BOURDIEU, La
représentation politique, P.6.
* 81-Survie, élection
présidentielle du 09 octobre 2011 au Cameroun : urgence contre la
dictature, dossier de presse, Stéphanie DUBOIS, www.survie.org.
* 82-
www.survie.org.
* 83 -Luc DUPONT, qu'est-ce
que le Marketing politique ?
* 84-Juliette BOUCHILLOU,
opcit, P.7.
* 85- P.RIUNTORT, sociologie
de la communication politique, cité par Juliette BOUCHILLOU, P.6.
* 86 - Juliette BOUCHILLOU,
Opcit, P.6.
* 87 -MOLIMA AUTA,
communication politique et logique d'actualisation dans le champ
électoral, Approche constructiviste de la campagne de l'union pour la
nation en République Démocratique du Congo, mémoire
online, institut facultaire des sciences de l'information et de la
communication- licence 2009.
* 88 - Juliette BOUCHILLOU,
opcit, P.23
* 89 - MOLIMA AUTA opcit
* 90 Juliette BOUCHILLOU,
Opcit. P.26.
* 91 - Juliette BOUCHILLOU,
Opcit, p. 27.
* 92 - Jacques YOMB, opcit.,
p.30.
* 93 -Ekomo Camille, opcit,
p.26.
* 94 -AKONO EVANG Thèse
de Doctorat
* 95- Etoudi est le nom du
quartier où se trouve la présidence de la République. On
l'emploi souvent pour désigner la présidence.
* 96- Sandrine LEVEQUE, opcit,
p.173.
* 97-Daniel GAXIE, La
démocratie représentative, Paris Montchrestien, 1994, p.77 et S
cité par Sandrine LEVEQUE, P.173.
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