1
Cécile Brun
Sup de Pub, SP4 Communication et Marketing du Luxe 2015
Pilote de mémoire : Caroline Cangi
L'hôtellerie de luxe de demain :
moins d'exubérance, plus
d'éthique.
Dans un contexte international qui met de plus en plus
l'accent sur le Développement Durable, l'hôtellerie de luxe,
secteur régi par de nombreuses contraintes économiques, humaines
et environnementales est-elle prête à s'ouvrir à de
nouvelles manières d'envisager l'avenir?
2
1 Table des matières
1 Table des matières 2
2 Remerciements 4
3 Introduction 6
4 Revue de littérature, contexte 8
4.1 Le luxe 8
4.1.1 Qu'est-ce que le luxe ? 8
4.1.2 Quelle est la taille du marché du luxe ? 10
4.1.3 Qui sont les clients du luxe ? 10
4.1.4 Que recherchent-ils ? 12
4.2 L'hôtellerie de luxe 13
4.2.1 Histoire 13
4.2.2 Hôtellerie de luxe 14
4.2.3 Hôtels cinq étoiles et Palaces 15
4.2.4 Stratégie de différentiation dans
l'hôtellerie de luxe 17
4.3 Développement durable 19
4.3.1 Développement durable, concept clé 19
4.3.2 La R.S.E : l'action des entreprises par rapport au
développement durable. 20
4.3.3 Le développement durable et l'univers du luxe 20
5 Développement durable et hôtellerie de
luxe 22
5.1 L'hôtellerie de luxe, un secteur encore trop
faible dans le développement
durable. 23
5.1.1 D'un point de vue écologique, un secteur trop
gourmand 23
5.1.2 L'hôtellerie de luxe, l'exigence d'un point de vue
social. 25
5.1.3 D'un point de vue économique, le secteur
hôtelier est dans l'impasse 26
5.1.4 L'hôtellerie de luxe et le développement
durable : des actions déjà mises en place à
l'international et en France 27
5.1.5 Les Labels écologiques de l'hôtellerie
à l'international. 27
5.2 Communication et développement durable dans
l'hôtellerie de luxe : Le parti
pris d'une valorisation par le vert. 29
3
5.2.1 Le Marketing Vert : le développement durable au
service de la communication 29
5.2.2 L'exemple d'une communication très poussée
sur son développement durable : Le
Fouquet's Barrière 31
5.2.3 De la communication verte au green washing il n'y a qu'un
pas 33
6 ÉTUDE DE TERRAIN 36
6.1 Hypothèse 1 : Les clients de
l'hôtellerie de luxe ou potentiels clients en France sont conscients
et enthousiasmés que leurs hôtels passent le cap du
développement
durable. 36
6.1.1 Questionnaires et interviews 37
6.1.2 Analyse questionnaire 1 38
6.1.3 Analyse questionnaire 2 39
6.1.4 Appui analytique des interviews 40
6.1.5 Conclusions de l'hypothèse 1 42
6.2 Hypothèse 2 : Un hôtel
de luxe ne pourra passer véritablement au développement
durable que lorsque ses membres dirigeants, opérationnels et
ses
clients prendront conscience de manière
personnelle de ses enjeux. 43
6.2.1 Analyse des interviews et questionnaires 43
6.2.2 Conclusion de l'hypothèse 2 47
6.3 Hypothèse 3 : Etre un Sofitel, marque du
groupe international Accorhotels,
permet de faire plus de choses pour le
développement durable 49 6.3.1 Descriptif des supports
Développement Durable Accorhotels : le programme Planet
21 49
6.3.2 Le programme Planet 21 et Plant For the Planet en
application au Sofitel Paris La
Défense 51
6.3.3 Le programme Planet 21 tel qu'il est aujourd'hui est-il
suffisant ? 52
6.3.4 Analyse et conclusion sur le programme Planet 21
appliqué à l'hôtellerie de luxe 54
7 Recommandations générales :
55
8 Conclusion 58
9 Bibliographie : 60
4
2 Remerciements
Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à
mon pilote de stage Madame Caroline Cangi qui m'a orientée et
conseillée durant toutes les phases du mémoire.
J'adresse également mes sincères remerciements
à mes professeurs de SP4 de l'école Sup de Pub sans qui je
n'aurais pu acquérir les bases de la communication et du marketing du
luxe. Madame Kabla, Madame Temin, Monsieur Peluso ainsi que Monsieur Bouhajeb
ont été des professeurs en or. Merci à Monsieur Joêl
Fauvelet de Charbonnière, qui m'a appris les codes du luxe avec passion
et conviction.
Je souhaite également remercier le Sofitel Paris La
Défense de m'avoir accueilli pour un stage de six mois au service
communication. Je souhaite exprimer ma gratitude à Monsieur Julien
Donzel, le Directeur Général de l'hôtel, Sylvie Petrus la
directrice financière et administrative de l'hôtel mais aussi
à Milan Spoljaric, responsable technique de l'hôtel. Tous trois
ont accepté de prendre le temps de répondre à toutes mes
questions. Merci aussi à Monsieur Guillaume Roussillon, directeur des
ventes de l'hôtel qui a permis mon recrutement et me guide depuis le
début dans mon stage.
J'exprime aussi ma reconnaissance à Madame Anne de
Reinach Hirtzbach qui m'a permis d'avoir des réponses claires et
avisées sur le secteur de l'hôtellerie de luxe.
Enfin, je souhaite remercier mon compagnon et mes parents qui
m'ont soutenu pendant l'élaboration de mon mémoire.
A tous ces intervenants, je présente mes remerciements,
mon respect et ma gratitude.
5
« Chacun de nous doit être le
changement
qu'il souhaite se voir réaliser dans le monde
»
-Mahatma Gandhi-
6
2 Introduction
Avant de parler de l'avenir d'un secteur, il faut d'abord se
pencher sur son histoire, son passé, comprendre les enjeux qui en ont
fait un secteur de prédilection, un secteur stable et en constante
évolution. Le luxe évoque pour tous quelque chose de bien
différent. Certains attribueront au luxe le fait d'avoir une garde-robe
de grands couturiers, d'autres diront que le vrai luxe est d'avoir le temps,
d'autres affirmeront que le luxe c'est de pouvoir voyager aux quatre coins du
monde et certains vous certifierons que le luxe n'est rien d'autre que quelque
chose de superflu, un besoin inutile que l'humain s'est créé pour
accentuer les inégalités sociales. Toutes ces visions du luxe
sont à la fois personnelles et universelles. A chaque coin du monde, des
idées communes d'un même luxe se retrouvent.
Le luxe, ce rêve accessible à une minorité
de la population remonte à bien des siècles en arrière. Il
prend ses racines dans chacune des grandes cultures de notre histoire.
L'ambivalence du luxe est sans doute l'une des plus fortes. Le luxe est en
effet depuis toujours un moteur puissant de découvertes artistiques et
techniques mais il est empreint de conflits constants. Les débats
philosophiques qui opposaient Voltaire à Rousseau du XVIème
siècle au XVIIème siècle à savoir l'un qui
considérait le luxe comme « un véritable moteur
économique » et le second le luxe comme « un obstacle à
la virtus »1, sont des débats qui animent encore de nos
jours les esprits. Le Luxe n'étant ainsi pas impartial, les effets de
ses liens avec les notions de stratification sociale, utilité pratique
et gaspillage sont largement visibles depuis cette époque.
Bien que les problématiques évoluent et se
modifient avec les époques, certaines d'entre elles ont la peau dure et
continuent de faire débat au sein du luxe. Si l'un des enjeux majeur du
21ème siècle est celui du développement durable et de la
prise de conscience de notre impact social, économique et
environnemental sur la planète, le luxe lui se doit de jouer un
rôle majeur dans cette nouvelle « guerre » comme il l'a fait
auparavant en aidant au développement technique. Certains secteurs du
luxe semblent être de parfaits candidats pour devenir de
véritables acteurs du développement durable. Un secteur aussi
international et immense que l'hôtellerie de luxe est en effet un secteur
qui devrait se montrer exemplaire
1 Latin de vertu, habitus de la volonté,
acquis par répétition des actes, et qui habilite l'homme à
agir bien. Larousse
7
dans la lutte pour le développement durable. Le luxe se
doit de montrer le chemin, non pas parce que c'est celui qui a le plus de
moyen, mais surtout car c'est celui qui depuis des siècles fait
rêver et guide les esprits.
L'hôtellerie de luxe internationale n'en est qu'aux
balbutiements de sa prise de conscience et de ses actions environnementales.
Elire ce secteur comme sujet d'étude, c'est choisir de montrer que le
développement durable est une action planétaire, qu'elle doit
aussi bien toucher les professionnels que la clientèle et que cette
prise de conscience passe par une réelle compréhension des
enjeux. Des actions tentent d'être réalisées dans
l'hôtellerie de luxe mais nous ne savons pas encre exactement si
celles-ci sont faites par effet de mode ou si elles tendent à être
poursuivies et amplifiées dans le futur. Les relations entre l'homme et
son environnement ont toujours été tumultueuses. Si le terme
Développement Durable peut faire peur à certaines entreprises, il
ne faut pas oublier que « le développement durable s'appuie sur la
postulat que progrès technique et économique ne sont pas
antagonistes d'une bonne qualité environnementale. »2
Voici la problématique de mon mémoire :
Dans un contexte international qui met de plus en
plus l'accent sur le Développement Durable, l'hôtellerie de luxe,
secteur régit par de nombreuses contraintes économiques, humaines
et environnementales est-elle prête à s'ouvrir à de
nouvelles manières d'envisager l'avenir?
2 MANCEBO François, Développement
Durable, Editions Armand Collin, Collection 128, 2013, page 9.
8
3 Revue de littérature, contexte
3.1 Le luxe
3.1.1 Qu'est-ce que le luxe ?
« Une marque de luxe est une marque sélective
et exclusive, qui apporte une valeur émotionnelle et créative
supplémentaire au consommateur »3
« La chose à retenir est que le luxe est et a
de tout temps été un enjeu sociologique majeur pour toute
société, car il est lié à la fois à la
stratification sociale, à la notion d'utilité pratique et de
gaspillage et enfin au choix de répartition de la richesse.
»4
Le luxe tient tout d'abord son origine dans l'architecture et
est un « art essentiellement social et ostentatoire très
lié au statut des puissants, comme le prouvaient les pyramides jadis,
les châteaux naguères5... » et les
hôtels de luxe aujourd'hui.
La définition du luxe telle qu'on peut la retrouver
dans le Larousse français est celle qui dit que : « C'est
un caractère qui est onéreux, raffiné et somptueux. C'est
un environnement constitué par des objets coûteux, une
manière de vivre coûteuse et raffinée.».
Véritable besoin ou simple caprice, le Luxe peut revêtir
des centaines de définitions différentes selon qui en parle.
« Du latin Luxus, qui signifie excès, mais encore
débauche, splendeur et faste, le luxe représente pour certains 15
millions de clients potentiels internationaux qui achètent pour se
distinguer des autres et mettre en avant leur réussite sociale.
»6 Etre vêtu d'une création Valentino, chausser
des escarpins Christian Louboutin, déguster un plat étoilé
au restaurant Jules Verne ou encore dormir dans une suite du Bristol sont
autant de formes que peuvent revêtir le luxe.
3 « Management et marketing du luxe », Michel
Chevallier, Gérald Mazzalovo, Dunot, 2008.
4 « Luxe Oblige », p 23, Vincent Bastien,
Jean-Noël Kapferer, éditions Eyrolles, 2012
5 « Luxe Oblige », p 28, Vincent Bastien,
Jean-Noël Kapferer, éditions Eyrolles, 2012.
6 « Histoire du luxe, le luxe vous ouvre ses portes »,
http://www.marketing-etudiant.fr/actualites/luxe.php,
2010
9
Le luxe a en fait une valeur subjective selon
l'idée que l'on peut en avoir. Le luxe n'est pas une mode et oppose
ainsi l'intemporalité à l'éphémère.
Comme disait Gabrielle Chanel : « La mode se démode, le
style jamais ». La notion d'éternité est une haute
distinction dans le luxe. On peut distinguer deux types de luxe : le
luxe hédoniste qui consiste à se faire plaisir. La notion de
besoin n'existe pas, ce ne sont que des désirs qui sont exprimés.
Le luxe hédoniste est associé au plaisir, il est discret,
exclusif, élitiste et confidentiel. Le luxe ostentatoire lui, montre un
besoin d'exposer aux autres sa richesse, son statut social et sa
réussite. Le luxe ostentatoire est associé au plaisir de
monter. Depuis l'aube de l'humanité jusqu'au tournant du
19ème siècle qui ouvrira la démocratisation du
luxe, l'univers du luxe était pratiquement totalement isolé du
reste du monde, accessible seulement à une microscopique partie de la
population, à une élite. C'est à partir du 20éme
siècle que le luxe se démocratise et atteint d'autres strates
sociales. Sans devenir totalement accessible ou même du domaine
de la normalité, le luxe au 20ème siècle peut
partir à la conquête du monde et s'ouvrir à la «
redoutable concurrence des produits industriels et à leur marketing
sophistiqué. »7
Si le luxe a pu entrer dans une nouvelle dynamique et ne pas
s'éteindre à trop rester cloisonné dans sa bulle, c'est
grâce notamment à deux changements majeurs qui ont
été opérés entre le 19ème et le 20ème
siècle dans le monde. L'émancipation de la femme a
été pour le luxe le gage d'une survie au-delà de toute
espérance. La pacification du monde, théorique mais
proclamée ainsi, a enfin permis au luxe de s'établir haut de
delà des limites frontalières pour s'étendre à
l'international. Quatre nouveaux moteurs sociaux ont donné au
luxe un regain d'énergie : sa démocratisation, la hausse du
pouvoir d'achat de la population, la mondialisation et enfin la communication.
Ces quatre axes qu'il ne faut pas prendre de manière
négative mais dans leur globalité permettent au luxe
d'aujourd'hui de perdurer, de voyager, d'évoluer tout en restant rare et
élitiste. Le luxe étant désormais une affaire de
société, les Maisons aussi bien que les clients sont
impliqués dans des problématiques de leur temps. De nos jours, 4
grands pays sont principalement producteurs de la majorité des produits
de luxe dans le monde. Selon Xerfi8 qui est incontournable
pour connaitre les chiffres dans le luxe, le premier producteur est la France
avec 35% de part de marché, le deuxième est l'Italie avec 21% de
part de marché, le troisième est la Suisse avec 10% de part de
marché et enfin les Etats Unis sont quatrièmes avec 9,5% de part
de marché.
7 BASTIEN Vincent, KAPFERER Jean Noël, Luxe
oblige, éditions Eyrolles, 2012, page 25.
8
Xerfi.com, analyses, études
économiques sectorielles, chiffres 2013 sur le marché du luxe
international
10
Les 4 familles de produits historiques des secteurs du luxe
qui comptent l'habillement, la parure, l'équipage et enfin le mobilier
comptent à elles seules 217 milliards d'euros de chiffre d'affaire.
L'évolution entre 2012 et 2013 a été de 13%.
3.1.2 Quelle est la taille du marché du luxe ?
Le nombre de consommateurs de produits de luxe a plus
que triplé dans le monde en vingt ans. Estimé à 330
millions aujourd'hui, il devrait passer la barre des 400 millions de
consommateurs en 2020.9
Le marché du luxe, évalué
à 217 milliards d'euros en 201310, accueille en
moyenne 10 millions de nouveaux consommateurs par an. Depuis la crise de 2009,
sa croissance a été essentiellement portée par les
Chinois. Si les 50 millions d'adeptes chinois du luxe ne représentent
que 14% de la clientèle mondiale du secteur, ils n'en assurent pas moins
à eux seuls 28% des dépenses. Bref, ce sont ceux qui, avec les
ressortissants du Moyen-Orient, dépensent le plus.
3.1.3 Qui sont les clients du luxe ?
Selon les chiffres XERFI,11 il existe 5
marchés principaux pour le luxe. Le premier pays est les Etats
Unis à 26% et l'on sait que NEW YORK détient à
elle seule 11% du marché. En deuxième place nous avons la
Chine qui détient 25 % et trois villes au sein de ce pays qui
sont les plus grandes consommatrices : Hong Kong, Shangai et Macao. Le 3eme
pays est le Japon avec 13%, puis le Brésil
avec 3,9% et enfin l'Inde avec 3%. Nous savons par de
nombreuses études que ces deux derniers pays sont en passe de devenir de
très grands acteurs dans le luxe.
9 Étude du cabinet Bain & Company, 2014
10
Lesechos.fr, « Le luxe : un
marché de 330 millions de consommateurs en plein essor », 2014
11
Xerfi.com, analyses, études
économiques sectorielles, chiffres 2013 sur le marché du luxe
international
11
Dans le luxe, il y a trois grands types de clientèles.
La clientèle la plus emblématique du luxe est la clientèle
historique. Ce n'est pas forcément celle qui dépense le plus mais
c'est celle qui est la plus fidèle. C'est une clientèle
aristocratique qui compte beaucoup de chefs d'entreprise avec plus de 200 000
d'euros de chiffre d'affaire par an. La deuxième clientèle est
celle que nous pourrons appeler clientèle bourgeoise qui est
fidèle à des marques très ancrées sur le 19eme
siècle comme par exemple la marque Hermès. La troisième
clientèle est celle qui se situe dans le « Masstige » qui
condense masse et prestige. Même si le prestige n'est pas le luxe, cette
clientèle est pour autant une très grande consommatrice
ponctuelle de produit de luxe.
Dans les années à venir, on
considère qu'en occident il va y avoir des centaines de milliers de
nouveaux clients. Dans les pays émergents, on ne parle plus de centaines
de milliers mais bien de millions de nouveaux consommateurs du luxe à
l'avenir.
Capgemini et Merrill Lynch Global Wealth
Management12 ont édité chaque année le World
Wealth Report depuis 1997. Capgemini et Merrill Lynch, dans leurs études
annuelles sur la richesse mondiale, ont déterminé des profils
types des meilleurs clients potentiels du luxe. Ils sont nommés ainsi
par ces chercheurs : « HNWI » pour « Hight Net Worth Individuals
». Dans cette catégorie, sont répertoriés les
individus possédant plus de 1 million de dollars en actifs en excluant
la valeur de leur résidence principale.
Parmi ces « HNWI », la majorité réside
en Amérique du Nord avec 3,4 millions d'individus au-dessus de ce seuil
de richesse. 3,1 millions vivent en Europe et 3,3 vivent en Asie. Le taux de
croissance de ces derniers HNWI est de 21,3ù à Singapour, 21 % en
Inde, 33 % à Hong Kong, 12 % en Chine, où ils sont cinq cent
trente-cinq mille, ce qui place ce pays au quatrième rang mondial
derrière les états Unis (3,1 millions), le Japon (1 ?7 millions)
; l'Allemagne (900 000), mais devant le Royaume Unis (454000) et la France
(326000). 13
En Europe de l'Ouest, la clientèle des produits de luxe
est estimée à 80 millions de personnes (mais 24% du marché
en valeur), derrière 90 millions d'Américains (27% des
dépenses) et devant 35 millions de Japonais (10%), environ 20 millions
de clients venus d'Europe de l'Est
12 https://www.capgemini.com/
13 World Wealth Report 2014 from Capgemini and RBC Wealth
Management.
12
(7%), à peu près autant de Sud-Américains
(6%) et 10 millions du Moyen-Orient (3%). « La prochaine vague, ce
sera l'Afrique ».14
3.1.4 Que recherchent-ils ?
Les clients de ce secteur ont des attentes
particulières en ce qui concerne un produit de luxe. Par produit de
luxe, j'entends qu'il peut s'agir aussi bien d'un objet concret, d'un objet
culturel ou d'un service comme une nuit d'hôtel.
L'objet de luxe est intrinsèquement
relié à la notion de rêve. Ce rêve n'a pas
forcément besoin d'être assouvi et parfois c'est sa simple
existence qui rend l'homme heureux. Avec la notion de rêve nous somme
bien au-delà du besoin ou du désir. Le rêve allume
une flamme qui ne s'éteint jamais. L'objet ou le produit de luxe a cette
capacité à transporter le client et à exhausser ses
rêves. Le client du luxe ne cherche pas la standardisation, il ne cherche
pas quelque chose de fonctionnel. Il rêve d'un produit «
imparfaitement parfait » mais qui lui apporte une émotion unique.
Pour beaucoup de créneaux du luxe, et en particulier celui des voitures,
l'hédonisme prime la fonctionnalité contrairement au haut de
gamme.15
Dans le luxe, tous les sens doivent être
excités. A une grande table de restaurant, on appréciera
la haute gastronomie servie dans nos assiettes, mais l'atmosphère multi
sensorielle sera elle aussi très importante, totalement indispensable :
la vaisselle en porcelaine fine, les verres en Crystal fin, l'ambiance sonore
calme et voluptueuse, les tissus des rideaux environnants... tout cela
mène le client à atteindre une plénitude sensorielle qui
transformera l'acte simple de se restaurer, en véritable rêve
éveillé.
La clientèle du luxe n'achète pas seulement un
« produit », elle compte aussi sur le service et le
cérémonial que peut entourer cette acquisition. « Un produit
de luxe se mue en expérience complète, holistique, en vécu
polysensoriel au cours du temps par le client ». 16Le client,
dès
14 Claudia d'Arpizio, partner chez Bain et
auteure de l'
étude.
www.leséchos.fr
15 BASTIEN Vincent, KAPFERER Jean Noël, Luxe
oblige, éditions Eyrolles, 2012, page 252.
16 BASTIEN Vincent, KAPFERER Jean Noël, Luxe
oblige, éditions Eyrolles, 2012, page 247.
13
lors qu'il entre dans l'univers du luxe payera non pas
seulement pour le produit, mais pour le couple « produit-service »
qui est intrinsèque à ce type d'achat.
Le service, lié intimement au luxe
évoque énormément dans certains secteurs. Un secteur en
particulier ne pourrait en aucun cas se passer de cette notion de service :
l'hôtellerie de luxe.
3.2 L'hôtellerie de luxe
3.2.1 Histoire
L'hôtellerie c'est d'abord une tradition, un ancrage dans
l'histoire.
Déjà en 4000 avant J-C, on retrouve des traces
d'activité hôtelière avec les sumériens, un peuple
qui se trouvait en Mésopotamie, en bordure du Golfe persique. Des
fouilles et des recherchent nous indiquent que les tavernes sumériennes
sont parmi les premiers établissements à proposer un
hébergement qui ne soit pas sa propre maison.
C'est durant la période de l'Antiquité que la
confrontation de l'offre et de la demande montrera la nécessité
de services et d'infrastructures hôtelières. L'usage de cette
forme d'hébergement à cette époque encore très
marginale prend tout son sens et son utilité lorsque la fréquence
des passages d'étrangers prend de l'amplitude. On prend alors conscience
que ces logements à caractère d'accueil doivent être
installés au plus près des voiries de transports et au coeur des
villes.
D'abord publiques, ces infrastructures d'hébergement
deviennent ensuite privées et payantes pour des raisons de
promiscuité, de saturation et d'insécurité régnant
dans les hébergements publiques. C'est l'essor du contrat
d'hospitalité et de l'hôtellerie payante. A cette époque
mais cela est valable encore à notre époque, ces
hébergements sont le signe de la grande richesse d'un cité.
14
L'hôtellerie est une activité
nécessairement corrélée aux déplacements et aux
voyages. Toute l'activité touristique, en même temps qu'elle a un
potentiel important est sous le joug depuis l'Antiquité de fortes
contraintes liées aux moyens de transports, aux infrastructures et
à l'insécurité liée à de multiples
facteurs.
C'est approximativement vers 1050 que le mot hôtel
trouve ses racines. L'orthographe actuelle du mot hôtel date du XVIIe
siècle. Son sens, qui demeure le même de nos jours est celui d'une
chambre pour les hôtes et au XVII siècle ce terme hôtel
distingue deux éléments : une maison meublée ou on loge
mais également où l'on trouve toutes les commodités et les
services.
« L'hôtel ouvre la voie à toute une
mythologie liée à l'aura du voyage, du plaisir, du luxe et du
loisir qui se relie à une tradition multiséculaire
d'hospitalité propre à toutes les civilisations du monde.
»17
3.2.2 Hôtellerie de luxe
Si on comprend bien la nécessité primaire
d'hébergements d'accueil durant l'antiquité et longtemps
après, on comprend aussi de nos jours que ce besoin primaire a
évolué répondant à la fois un besoin de logement
ponctuel mais aussi à un désir de grand confort lors de
déplacement en dehors de chez soi. L'hôtellerie
répond à une demande basique qui est celle de pouvoir dormir
quelque part dans une ville qui n'est pas celle d'où on vient mais aussi
à une demande de pouvoir avoir le choix d'être logé selon
son portefeuille et ses désirs.
C'est à partir des années 1880 que des
hôtels somptueux ouvrent leurs portes dans le faste et
l'élégance.18 Par analogie aux résidences
royales, ces Palaces se situent à Paris, à Cannes, Monte Carlo,
Nice, au Touquet, à Deauville ou encore à Biarritz et leurs
pères fondateurs sont des français dont les noms resteront
à jamais gravés dans le patrimoine français. C'est
à cette époque que César Ritz et Auguste Escoffier feront
de l'hospitalité de la table à la française un
17 Jean-Marc LESUR, Les hôtels de Paris, de
l'auberge au palace, Alphil, 2005
18 Jean CASTAREDE, Histoire du luxe en France,
Eyrolles, 2006
15
luxe légendaire. Le terme Palace lui vient de l'anglais
et trouve sa place dans le dictionnaire français en 1905. Il
désigne un « hôtel de grand luxe, de renommée
internationale, souvent situé dans une capitale, dans une station
balnéaire ou une ville d'eaux à la mode. » 19
Les établissements hôteliers de luxe, même
s'ils ne sont pas exempts d'une répercussion de la crise
économique, trouvent leur force dans une tradition forte et une
clientèle toujours fidèle Selon une étude menée par
les cabinets Deloitte et In Extenso sur les « Tendances de
l'Hôtellerie : Performances 2014 & projections 2015, progresser dans
des environnements complexes (France) » du 13 février 2015,
malgré un contexte économique assez morose pour
l'hôtellerie en France, le marché de l'hôtellerie de luxe 5
étoiles et Palaces a elle plutôt bien résisté sans
forcément enregistrer une croissance importante. Dans un contexte
difficile, les taux d'occupations de ces établissements se sont
même stabilisés. Selon cette étude en 2014,
l'hôtellerie de luxe a enregistré une croissance de 1% à 3
% du chiffre d'affaire général de l'hébergement
hôtelier.
3.2.3 Hôtels cinq étoiles et Palaces
La catégorie d'hôtels cinq étoiles est la
classification touristique hôtelière la plus élevée
en France. Viennent ensuite les Palaces qui auront obtenu une distinction en
plus.
C'est le 1 er janvier 2009 que cette catégorie a
été créée. En France, cette catégorisation
est très récente et les hôtels qui avaient cette
qualité étaient avant rangés sous le nom de « quatre
étoiles luxe ». « Cette catégorie 5 étoiles a
été rajoutée au nouveau référentiel
rentré en vigueur le 1er janvier 2009. Ce
référentiel redéfinit également et crée de
nouveaux critères de confort et d'hygiène et introduit des
exigences de services, d'accessibilité, de développement durable
et d'accès aux nouvelles technologies. »20
Partout dans le monde, les critères d'un cinq
étoile peuvent changer, de ce fait un 5 étoiles en France ne
pourra correspondre qu'a un petit trois étoiles dans un autre pays du
monde.
19 Définition du Centre National des
Ressources textuelles et Lexicales
20 Liste des hôtels classés
cinq étoiles en France, Wikipédia
16
La France est actuellement le seul pays ayant
officialisé la catégorie « Palace ». Sa
ddéfinition et ses critères ne sont donc pas encore
établis dans d'autres pays. Cependant, plusieurs établissements
à l'international prétendent être des Palaces ou portent le
terme Palace dans leur nom.
« Le label Palace a été institué par
le secrétariat d'État au Tourisme en 2010. Son objectif est de
mettre en avant une vingtaine d'établissements parmi la centaine
d'hôtels classée 5* en France, symbolisant l'excellence et
l'intemporalité. « 21Avec la qualité et
l'expertise des établissements français, la catégorie
d'hôtels 5 étoiles semblait insuffisante, d'où l'apparition
d'une sixième catégorie : le Palace.
Aujourd'hui, le marché touristique
international et principalement français est en bonne santé, ce
qui fait du secteur des Palaces, un secteur prometteur, une valeur refuge.
D'ailleurs, la France est la première destination touristique au monde,
et Paris est la 3ème destination
préférée des touristes. Aujourd'hui, on assiste à
une montée en gamme de l'hôtellerie parisienne depuis environ une
dizaine d'années avec la rénovation de certains palaces et
l'évolution du positionnement d'hôtels de luxe.
Selon François Delahaye la France est « un pays
politiquement stable. Cela fait venir des clients, qui choisissent Paris
plutôt qu'Istanbul, Le Caire ou Beyrouth.». Les Palaces et les
grands hôtels sont donc aujourd'hui plus qu'un atout pour la France.
En France on distingue deux catégories de Palaces. Les
palaces historiques comme le Meurice, le Plaza Athénée, le
Georges V ou encore le Bristol, qui offrent un accueil Prestige ainsi que les
nouveaux palaces tels que le Mandarin Oriental, le Park Hyatt Paris
Vendôme ou encore le Royal Monceau.
Le marché de l'hôtellerie de luxe
connaît de grandes évolutions. En-dehors des Palaces, de nombreux
hôtels de luxe font eux-aussi partie des hôtels les plus
prestigieux du monde. S'ils ne disposent pas de la distinction de « Palace
», leur clientèle n'en reste pas pour autant moins
sélective. C'est le cas de ces hôtels suivants qui
incarnent aussi bien
21 Label Palace : Décryptage,
parisinfo.com
17
l'excellence à la française que les Palaces
officiels et leur fait concurrence : Le Crillon, Le Fouquet's
Barrière, Le Ritz, ou Le Peninsula.
Si à l'époque, la clientèle des
palaces était assez âgée, aujourd'hui, les nouveaux
établissements attirent une clientèle de plus en plus jeune avec
une présence des marchés émergents : Asiatiques, Russes ou
Brésiliens.
3.2.4 Stratégie de différentiation dans
l'hôtellerie de luxe
L'hôtellerie internationale de luxe doit de plus en
plus surprendre ses clients et se
différencier de la concurrence. Si une certaine
clientèle préfère la sobriété et le
luxe
historique, une nouvelle clientèle désire
une hôtellerie de luxe différente et attentive aux
nouveaux désirs.
Un hôtel de luxe peut vouloir se différencier par
une théâtralisation de son espace d'accueil.
On retrouve beaucoup cela à Las Vegas par exemple ou
encore à Macao. Le Caesars Palace propose par exemple le
thème de l'antiquité romaine et tout son décor tourne
autour de cette période de l'histoire. Il a été
inauguré en 1966.Pour aller toujours plus haut et plus fort,
l'hôtel dispose de quatre piscines hors normes: la piscine du Temple, la
piscine Vénus, la piscine Apollon et la piscine Neptune.
Un hôtel de luxe peut aussi vouloir se
différencier des autres par son histoire. Les hôtels parisiens
mythiques tels que le Ritz ou le Crillon font partie de cette catégorie
d'hôtels ultra luxueux qui mettent en avant leur histoire et transportent
leurs clients dans un savoir-faire un sens de l'accueil très
précis et méticuleux.
Les lieux atypiques, l'architecture innovante et les concepts
insolites sont les nouveaux modèles de l'hôtellerie de luxe «
trendy » qui séduit une nouvelle cible plus jeune et en recherche
de sensation. Chambre subaquatique, luxueuse suite au coeur de la forêt
amazonienne, palais dans la glace, autant de concepts hors de prix et luxueux
qui invitent le client à de nouvelles perspectives en terme
d'hébergement hôtelier.
18
Les grandes marques de luxe se sont aussi rendu compte
que l'hôtellerie de luxe pouvait leur apporter une plus-value très
intéressante. Ainsi, le groupe Marriott International qui s'est
associé à Bulgari, société active dans le domaine
du luxe principalement de la bijouterie et l'horlogerie, pour créer des
hôtels. Le prestige de cette marque donne une différence
et un atout considérable à l'hôtel, car elle est
réputée dans le monde entier.
La différentiation qui m'intéresse ici
le plus est celle qui est ancrée sur une différenciation
basée sur l'écologie. L'hôtellerie de luxe ne pouvait
passer à côté du domaine de l'écologie dans son
développement. Depuis très peu et à une rapidité
incroyable l'écotourisme s'est démocratisé.
Certains écolodges associent développement durable et
confort avec brio comme par exemple le Quilalea Lodge mozambicain, ou
le magique Daintree Ecolodge & Spa australien. Depuis quelques
mois, une nouvelle catégorie vient compléter la gamme des
établissements écologiquement corrects: l'écoresort. Ce
dernier est un hôtel soucieux de préserver son environnement
naturel et social tout en offrant des prestations haut de gamme à ses
clients. Au XXI e siècle, l'écologie fait ainsi son entrée
dans le monde de l'hôtellerie de luxe et lui impose ses normes.
De cette dernière stratégie de
différentiation découle des explications concernant le
développement durable et le développement durable appliqué
à l'hôtellerie de luxe.
19
3.3 Développement durable
3.3.1 Développement durable, concept clé
Avant de parler du développement durable lié au
secteur de l'hôtellerie de luxe, il est essentiel de faire un état
des lieux des fondamentaux de ce concept si souvent utilisé mais parfois
mal compris.
Le développement durable est un concept qui
prend tout d'abord en compte les générations futures. Sans penser
que l'impact des choses mises en place puisse influencer le présent, le
développement durable cherche à trouver des solutions pour le
futur.
Il ne faut pas voir le développement durable comme un
effet de mode ou comme quelque chose d'éphémère car c'est
un concept qui repose sur de solides bases de recherches.
Le terme utilisé dans la langue
française est une traduction assez imparfaite du terme anglais «
Sustainable development », qui veut plutôt dire développement
acceptable ou soutenable. De nombreuses définition du
développement durable existent, ainsi s'il ne fallait en retenir qu'une
le choix serait de citer celle-ci émise en 1987 lors de la Commission
mondiale sur l'environnement et le développement qui disait que : «
Le développement durable est un développement qui répond
aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs
».
Souvent associé simplement à l'écologie
et à la mouvance « verte », le développement durable
agit en fait sur trois points cruciaux. Il met en exergue
l'égalité sociale, l'efficacité économique et enfin
la préservation de l'environnement. Ces trois points garantissent un
développement qui prend en compte les Hommes, la nature et
l'économie. A terme, ces trois enjeux devraient trouver un
équilibre à la fois cohérent et viable pour le
futur.
20
Il est désormais inenvisageable d'ignorer cette
question du développement durable. « Le concept
pénètre la rhétorique publique, les discours politiques,
les analyses sociologiques et le vocabulaire managérial. Il n'est pas
d'organisation (supra étatique comme l'Union Européenne, Etats,
collectivités locales, entreprises, ONG, etc.) qui ne s'y
réfèrent. »22
3.3.2 La R.S.E : l'action des entreprises par rapport au
développement durable.
Le développement durable est un terme qui englobe la
capacité de tout un chacun à agir positivement sur son
environnement. La R.S.E ou Responsabilité Sociétale des
Entreprises est la traduction du terme anglais CSR ou Corporate Social
Responsibility. En agissant dans cette mouvance, l'entreprise va au-delà
de ses champs traditionnels d'action. (Vis à vis des actionnaires,
salariés et clients) vers une vision globale intégrant l'amont
(fournisseurs, ressources, etc.) et l'aval (usage du produit, fin de vie
etc.).
3.3.3 Le développement durable et l'univers du
luxe
Le luxe comme nous avons pu le voir plus ne fonctionne pas
avec les mêmes codes que les autres secteurs. Une partie de mythe, de
rêve est attribuée à ce secteur ce qui laisse penser qu'il
est souvent intouchable et qu'il se remet peu en question. Le secteur du luxe
semble sous certains aspects ne pas être compatible avec le
développement durable. D'ailleurs, le secteur du luxe a eu longtemps le
rôle de mauvais élève dans le développement durable,
figurant comme très mauvais élève par rapport à
d'autres secteurs. Le luxe oppose toujours dans notre société
« le luxe comme insulte aux pauvres et le luxe comme source d'emplois
qualifiés et stables ». 23 Il est le secteur qui par
évidence illustre le mieux les clivages micro et macroéconomiques
: entrave à la cohésion sociale d'un côté,
illustration tangible des écarts entre pays riches et pays pauvres de
l'autre.24
22 Luxe et développement durable : La nouvelle alliance,
Cécile Lochard et Alexandre Murat, éditions Eyrolles, 2011
23
www.bijouterie-joaillerie.net/le-luxe-de-lantiquité-au-xixe-siecle.html
24 Luxe et développement durable : La nouvelle alliance,
Cécile Lochard et Alexandre Murat, éditions Eyrolles, 2011
21
Le luxe se doit d'être exemplaire et si l'on y
réfléchit bien, le luxe se retrouve dans bien des points en
totale concordance avec le concept de développement durable.
Pour paraphraser Elisabeth Ponsolle, déléguée
générale du Comité Colbert, les notions que recouvrent le
développement durable sont des valeurs qui font partie de l'ADN du
secteur du luxe : exigence de l'excellence, respect de l'artisan et du client,
qualité et pérennité des produits, préservation des
matières, vison entrepreneuriale inscrite dans le temps long de
l'histoire. Si le luxe a mauvaise image en termes de développement
durable c'est qu'il est envisagé d'un point de vue purement
matériel. Le luxe joue un très grand rôle sur le plan de la
responsabilité sociétale sur le plan économique mais aussi
sur le plan culturel car il est l'un des plus grands mécènes
d'expositions, de restauration de bâtiments de France et à
l'étranger ce qui se fait au bénéfice de l'ensemble de la
société. Pour parler du luxe français il contribue aussi
très largement à préserver nos savoir-faire qui s'envolent
peu à peu avec la standardisation massive des produits.
« En tant qu'innovateur et influenceur, le luxe
revendique son caractère exemplaire et référent. A la
pointe des tendances, toujours en avance d'un mouvement par rapport à la
société, il ne peut ignorer la tendance de fond : le retour
à la mesure. » 25
25 Luxe et développement durable : La nouvelle
alliance, Cécile Lochard et Alexandre Murat, éditions
Eyrolles, 2011, p40
22
4 Développement durable et hôtellerie de
luxe
Réchauffement climatique, catastrophes naturelles,
fonte des glaciers, pollution, dérèglements
atmosphériques, crises financières et tant d'autres
problèmes économiques, sociaux et environnementaux qui inscrivent
notre génération et les génération futures dans une
problématique de viabilité de notre planète sur le long
terme. Petit à petit et de façon de plus en plus globale notre
société de consommation prend conscience des enjeux d'un
changement de mode de fonctionner En lien avec ces évolutions, les
réglementations ont changées pour que chacun s'implique dans le
développement durable. Les entreprises, particulièrement
pointées du doigt, ont un rôle important à jouer.
Évidemment et par la force des choses le développement durable
s'est étendu à tous les secteurs d'activités.
Le tourisme, qui pèse lourd dans
l'économie de nos sociétés, a justement été
critiqué pour ces multiples nuisances : transport, irrespect des
populations autochtones, surconsommation, etc. De ce fait, le tourisme durable,
aussi appelé écotourisme, se développe. Ce tourisme
durable se penche sur plusieurs points : prise en charge de
l'intégrité (authenticité et caractère local) du
lieu, bénéficie aux résidents en générant de
l'emploi au niveau local, conserve les ressources comme l'eau et
l'énergie, protège les produits locaux et leur destination,
respecte la culture et la tradition, préfère la qualité
à la quantité et enfin ce tourisme durable st basé sur
l'expérience. Dans ce chapitre nous allons nous intéresser plus
précisément à une branche du tourisme : l'hôtellerie
de luxe et sa prise de conscience de la nécessité de passer
à un développement durable.
23
4.1 L'hôtellerie de luxe, un secteur encore trop
faible dans le développement durable.
4.1.1 D'un point de vue écologique, un secteur trop
gourmand
A première vue, le luxe déclenche en nous une
idée d'un secteur énergivore, et très dépensier
globalement. L'hôtellerie de luxe consomme de nombreuses ressources dans
le but de fournir au client un service impeccable et novateur. Qui, en tant que
consommateur d'hôtellerie de luxe n'a jamais profité de bains
à rallonge et demandé de nouvelles serviettes alors que les
siennes n'avaient qu'un jour ? Alors que l'on sait que « Plus d'un
milliard d'individus ne disposent pas d'eau potable.» 26 On
imagine aisément que la consommation d'eau de l'hôtellerie de luxe
dépasse l'entendement et celle-ci est aussi bien consommée par le
client mais surtout et en grande majorité par l'hôtel
lui-même qui a des besoins énormes en tant que ressource d'eau.
Nettoyage de l'établissement, lavage des draps et des serviettes,
cuisine, arrosage des jardins s'il en possède et usage personnel des
clients... autant de consommation qui est démultipliée selon la
taille de l'établissement. De manière globale et non
attribuée seulement au secteur de l'hôtellerie de luxe, le
touriste toute nationalité confondue consomme trois fois plus d'eau
qu'un résident normal ! L'eau utilisée pour le
remplissage des piscines, des spa, l'arrosage des pelouses s'ajoute à ce
chiffre démentiel. Souvent associé aux complexes de luxe, les
terrains de golf consomment à eux seuls la consommation d'eau d'une
ville de 12000 habitants par an ! 27
On comprendra donc devant ce constat que la
consommation d'eau du tourisme et de l'hôtellerie de luxe est
extrêmement élevée. L'énergie telle que le
pétrole, le gaz ou encore l'électricité sont des
énergies dont ne pourraient se passer le secteur de l'hôtellerie
du luxe. En vacances, un personne consomme beaucoup plus d'énergie que
lorsqu'elle est chez elle et cela se traduit par la lumière que l'on
laisse allumer en
26 De BOISREDON M. Inventer une économie
Yin et Yang, Paris : Presse de la Renaissance. 2006, p180.
27 Organisation mondiale de la protection de la
nature.
24
quittant sa chambre, la climatisation que l'on
n'éteint pas même si une fenêtre est ouverte...Le luxe et un
secteur énergivore. Le client veut toujours plus et toujours
plus rare et par exemple un kilo de fraise trouvé l'hiver dans un
hôtel de luxe représente cinq litres de kérosène
utilisé... Même si l'exploitation des ressources tend à
être de plus en plus régulée dans l'alimentation de
l'hôtellerie de luxe certaines interdictions ne sont pas
respectées dans certains pays et des espèces
protégées à certaines saisons se retrouvent sur les tables
des grands hôtels.
Le secteur touristique et plus particulièrement celui
de l'hôtellerie de luxe est montré du doigt d'un point de vue
écologique. Ce sont souvent les populations des pays en
développement qui se retrouvent démunies en répercussions
des excès de l'hôtellerie. Il y a tourisme de luxe et tourisme de
luxe. J'entends par là qu'il y a des établissements à
taille humaine qui consomment certes plus que d'autres établissements
hôteliers, mais il y a aussi ces énormes complexes hôteliers
de luxe qui pullulent partout dans le monde et qui eux posent des
problèmes écologiques très prononcés. A ces
établissements de luxe hôteliers sont attribués un grande
part de pollution des sites par les déchets. Ces établissements
rejettent d'autant plus de gaz à effet de serre et modifient le plus
souvent le paysage environnant. La gestion des déchets est un
très grand problème dans l'hôtellerie de luxe. On jette
beaucoup car on achète pour ses clients beaucoup plus que
nécessaire. Dans les chambres avec les fleurs, les journaux, les
emballages des produits de courtoisie, les draps tachés, les serviettes
qui présentent des défauts... autant de déchets qui sont
accrus par la dénomination « luxe » d'un hôtel.
Chaque hôtel de luxe est confronté aux
problématiques actuelles de l'environnement. Finalement, les
excès d'utilisation des ressources qui sont mentionnées plus haut
sont difficilement modifiables dans le luxe. Chauffage des bâtiments,
consommation de l'eau, gestion des déchets ménagers et
industriels...le luxe perdrait beaucoup en ralentissant la machine. Pourtant,
le développement durable est de plus en plus une nécessité
qu'une possibilité pour l'hôtellerie de luxe.
25
4.1.2 L'hôtellerie de luxe, l'exigence d'un point de
vue social.
« Dans certaines maisons de luxe, le service est
standardisé. Cette manière de faire a un avantage, le niveau de
service est fixé, la barre est assez haute, et l'on peut vérifier
que les critères sont respectés. Le langage, les explications,
les attitudes sont calibrés, enregistrés,
répétés. Comment conserver le mystère, pour que le
client dans une maison de luxe, soit toujours heureux d'être, inconnu,
reconnu, mais jamais épié, suivi, traité par un
système ? »28
Pour atteindre le luxe ultime au niveau du service, les
employés subissent souvent beaucoup de pression qui passent par des
formations, des demandes de standardisation des discours... ainsi les zones
d'incertitudes sont réduites au maximum et les établissements de
luxe hôteliers se rassurent. La pression de l'application des standards
peut être difficile au quotidien pour un employé qui se sent
scruté par ses supérieurs toute la journée en
tâchant de ne rien faire de travers. Chez Sofitel par exemple, une liste
de pas moins de 500 standards a été distribuée à
tous les services de l'hôtel. Ces standards concernent aussi bien le
discours d'accueil, que l'emplacement exact des miniatures de salle de bain en
passant par le temps d'attente entre l'installation d'un client à sa
table et la prise de sa commande. Humainement parlant, le secteur de
l'hôtellerie de luxe est très contraint et très exigent.
Les contraintes horaires sont fortes, les weekends quasiment inexistants dans
une entreprise fonctionnant 24/24H et 7365 jours par an. L'apparence physique
doit elle aussi être irréprochable, le chignon parfait, le vernis
naturel, le visage rasé pour les hommes. Certains
établissements hôteliers n'hésitent pas à dire les
choses très sèchement et en présence d'autres
collègues. Dans les palaces, la pression est telle que de nombreux
employés sont arrêtés pour burnout. Ils savent que
l'hôtellerie de luxe et les palaces faits rêver beaucoup de monde
et que leurs employeurs ne tarderont pas à trouver quelqu'un d'autre
pour les remplacer. Les compagnies hôtelières de luxe semblent
souffrir de cette mauvaise réputation sociale et ses excès de
rigueur. Le « turnover » dans les hôtels de luxe est 50 fois
plus important que dans d'autres secteurs et reste l'un des plus importants
toutes industries confondues.29
28 Blanckaert Christian. Les 1000 mots du luxe.
Paris : PUF. 2010
29
https://lhotellerie-resaturation.fr
26
L'hôtellerie de luxe est une machine qui ne
s'arrête jamais, impliquant des clients toujours plus exigeants et du
personnel toujours plus soumis à la pression. Pour que le
développement soir vraiment durable il faut inclure cette part humaine
qui est très importante dans l'hôtellerie de luxe et qui se doit
de changer ses habitudes afin que le travail en hôtellerie de luxe reste
une passion mais qu'elle ne soit pas dévastatrice d'un point de vue des
conditions de travail.
4.1.3 D'un point de vue économique, le secteur
hôtelier est dans l'impasse
Le luxe, même s'il peut paraître intouchable sous
bien des aspects est lui aussi touché par la crise économique et
même si les très riches restent très riches, ceux-ci
changent bien souvent leurs manières de consommer donnant à
l'hôtellerie de luxe du souci à se faire. Le volet
économique n'est pas dissociable des aspects sociaux et environnementaux
et jouerait un rôle primordial pour le secteur. L'aspect
économique du développement durable doit aussi prendre en compte
les populations avoisinantes. Economiquement parlant, le contraste entre le
faste de certains établissements hôteliers et les populations de
ces pays est frappant. 30% des recettes touristiques seraient attribuées
aux populations locales contre 70% au bas mot pour les compagnies
implantées. C'est en prenant en compte ces populations que l'impact
économique de l'hôtellerie de luxe sera plus durable.
L'égalité sociale devrait être respectée et
l'industrie hôtelière devrait pouvoir autant
bénéficier aux populations locales qu'aux
entreprises.
27
4.1.4 L'hôtellerie de luxe et le développement
durable : des actions déjà mises en place à
l'international et en France
Le développement durable est devenu la
référence. Plus aucun hôtel de luxe ne peut faire l'impasse
sur ce sujet. La conviction que le développement durable peut permettre
de faire des économies est devenue très forte dans ce milieu.
D'après une étude de Travel Advisor datant de 2014, presque 62%
des clients s'attendent à que l'hôtel dans lequel ils
résident ait des pratiques en place respectueuses de l'environnement et
84% ne voient pas ces pratiques comme pouvant avoir un effet négatif sur
le confort ou le luxe. 17% des clients sont enclins à payer plus pour
favoriser des pratiques éco responsables
4.1.5 Les Labels écologiques de l'hôtellerie
à l'international.
Un label est un signe de reconnaissance attribué
à une entreprise ou à une association après
vérification du respect d'un cahier des charges, par une personne
extérieure. Depuis déjà quelques temps ont
été mis en places des labels pour soutenir le tourisme durable.
Ces labels valent aussi bien dans l'hôtellerie de luxe, mais aussi pour
les campings ou les hôtels moyens de gamme. Les différents labels
du tourisme durable vérifient le bon respect des critères
sociaux, sociétaux et environnementaux des acteurs du secteur
touristiques. Ils peuvent donc s'avérer très utiles pour
vérifier l'exactitude des engagements des hôteliers, avec des
nuances d'exigences selon le label. Quelques labels français et
internationaux ont déjà beaucoup d'impact que ce soit pour les
professionnels de l'hôtellerie mais aussi pour la clientèle qui
préfère choisir un hôtel éco-labélisé
plutôt qu'un autre. En voici quelques-uns :
Le label « La Clef Verte
»30 est le label le plus ancien. Il a
été créé en 1996 par des professionnels de
l'hôtellerie au Danemark. Ce label de gestion environnemental pour les
hébergements était à l'origine réservé aux
établissements de camping et s'est étendu à tous les
hébergements touristiques. La Clef verte récompense les efforts
des hôteliers concernant notamment la gestion des déchets, de
l'eau, de l'énergie. La Clef Verte est aujourd'hui
30 http://www.laclefverte.org/
28
présente dans 16 pays (Portugal, Italie, Japon, Chypre,
Lettonie, Pays-Bas, Lituanie, France, Suède, Maroc, Belgique, Tunisie,
Danemark, Jordanie, Puerto Rico et Estonie) et en développement dans 5
autres pays (Croatie, Monténégro, Grèce, Jamaïque, et
Malte). A Paris par exemple, des hôtels de luxe comme le Westin Paris
Vendôme et le Grand hôtel du Louvre ont obtenu ce discernement pour
leurs actions favorables au développement durable mises en place
L'Ecolabel européen31,
symbolisé par une fleur formée de 12 étoiles dont le coeur
représente un euro, a été créé le 23 mars
1992 par les ministres de l'Environnement des pays de l'Union
Européenne. Depuis 2003, il est décerné par la Commission
Européenne aux hébergements touristiques : hôtels, chambres
d'hôtes, campings. Il certifie les efforts entrepris pour limiter la
consommation d'eau (réduction des débits d'eau des robinets,
arrosage des plantes à la nuit tombée ou tôt le matin),
pour limiter la consommation d'énergie (isolation des fenêtres,
utilisation d'une minuterie automatique pour le chauffage et
l'éclairage), pour réduire la production de déchets
(limiter les échantillons individuels), pour l'utilisation
d'énergies renouvelables ...
La certification Green Globe32 est
internationale et a été créée en 1993 et
développé initialement en Australie puis en Asie Pacifique et en
Amérique Centrale avant d'arriver en Europe.
Il récompense les hôtels pour leur bonne gestion
environnementale et sociale, par un système de validation par
étapes : l'affiliation, l'évaluation puis la certification qui
s'appuie sur 41 critères obligatoires. Ce référentiel
comprend une partie importante liée au management environnemental de
l'entreprise (SME) et une partie dédiée aux impacts
environnementaux. Il est davantage centré sur une démarche de
progrès plutôt que sur des critères précis. C'est
programme d'aide aux organisations touristiques pour progresser sur les trois
axes du développement durable: économique, environnemental et
social.
31
http://www.ecolabels.fr/fr/l-ecolabel-europeen-qu-est-ce-que-c-est
32 http://greenglobe.com/
29
La démarche de Haute Qualité
Environnementale33 créée en 1996, s'est
fixée pour mission de rassembler différents acteurs pour :
anticiper et initier la réflexion autour du développement
durable, faire monter le niveau d'excellence dans les territoires et les
pratiques professionnelles, et défendre l'intérêt
général des acteurs. L'association à but non lucratif, est
reconnue d'utilité publique depuis 2004.
Cette démarche volontaire atteste de la qualité
et des performances environnementales de l'établissement hôtelier
en termes de conception. La certification HQE est donc une preuve
de la conformité de l'hôtel à un
référentiel de certification et de la mise en place d'un
système de management environnemental.
4.2 Communication et développement durable dans
l'hôtellerie de luxe : Le parti pris d'une valorisation par le vert.
4.2.1 Le Marketing Vert : le développement durable
au service de la communication
Le marketing vert est une technique très en
vogue depuis des années. Ce marketing recouvre l'ensemble des
opérations de communication destinées à promouvoir un
produit sur la base de ses qualités environnementales mais aussi
sociales. Avec le marketing vert on vend des produits éthiques avec un
argumentaire durable. Le consommateur se sent touché par cet
argumentaire qui lui donne bonne conscience ou le conforte dans ses engagements
quotidiens en termes de développement durable. Ainsi « le marketing
vert ou environnemental recouvre-t-il toutes les activités qui visent
à générer et à faciliter les échanges ayant
pour finalité de satisfaire les besoins et les aspirations humaines,
33
http://www.isover.fr/Guide-de-l-isolation/Reglementation-labels-et-certifications/Certification-HQE
30
de façon à ce que la satisfaction de ces besoins
ou aspirations s'opère en limitant au maximum l'impact négatif
sur l'environnement naturel. »34
Sur un plan communicationnel pur, le marketing vert
développe des messages fondés sur des arguments éthiques
qui expriment les qualités matérielles ou symboliques d'un
produit. On trouve alors un argumentaire de communication verte quand on parle
de technique de fabrication ou par exemple des qualités
environnementales que le produit offre une fois acheté.
L'argumentaire concerne différents axes qui
peuvent être aussi bien adaptés aux produits grands publiques mais
aussi à l'hôtellerie de luxe. La communication verte soutient une
consommation différente. Elle propose au client une alternative aux
produits standards, une alternative plus respectueuse de l'environnement et de
l'éthique. Le marketing vert propose par le biais de sa
communication des garanties de sécurité et de
traçabilité alimentaire par exemple, mais ceci est aussi valable
dans les cosmétiques. Au travers de ces produits le client se sent
engagé concrètement et de manière quotidienne. Il peut
aussi adhérer à des valeurs qu'il s'approprie par le biais de la
consommation de certains produits.
Les éco labels dont nous avons pu parler plus
haut sont un véritable gage d'engagement sur le développement
durable pour la plupart des clients. En particulier dans l'hôtellerie et
dans l'hôtellerie de luxe, le label est un gage d'éthique, de
qualité et de bonnes conditions de travail pour les personnes qui y
travaillent.
Il faut néanmoins distinguer les écolabels
officiels, développés et attribués par des organismes
indépendants et des institutions, des écolabels auto
déclarés par les entreprises. Les écolabels
déclarés par les entreprises elles-mêmes ne traitent que de
critères définis par l'entreprise et ne concerne que celle-ci ou
celle du groupe.
34 Michael Jay Polonsky, Professor and Chair in Marketing,
Deakin University - Australia
31
4.2.2 L'exemple d'une communication très
poussée sur son développement durable : Le Fouquet's
Barrière
L'hôtel Fouquet's Barrière du groupe
éponyme mondialement connu est un hôtel 5 étoiles qui a
pour objectif de vivre avec son temps tout en préservant son
environnement. Créateur du « Luxe Respectable », qui fait
écho au concept de développement durable, l'hôtel offre la
possibilité à ses clients de vivre une expérience luxueuse
en harmonie parfaite avec l'environnement et en essayant de minimiser au
maximum l'impact sur l'environnement social, économique ou
écologique.
L'hôtel Fouquet's Barrière se tient parmi les
rares hôtels au monde et le seul hôtel de luxe en France à
être triplement certifié. Il a obtenu le label ISO 9001 qui le
récompense pour la qualité de son service, le label ISO 14001
pour son engagement environnemental et le label SA 8000 pour sa
responsabilité sociale. ISO, l'Organisation Internationale de
Normalisation est un des organismes de référence concernant la
création de normes relatives à la qualité du management
d'une entreprise.
Ses actions concrètes en termes de développement
durable sont chiffrées et exemplaires dans l'application d'un
développement durable dans hôtellerie de luxe en France et dans le
monde. L'Hôtel Fouquet's Barrière est le premier 5 étoiles
parisien à avoir réalisé son bilan carbone. Ce bilan
permet d'évaluer les émissions de gaz à effet de serre, le
CO2 et ses énergies fossiles. C'est après avoir fait cette
étude que le Fouquet's Barrière a décidé un plan
d'action visant à réduire de 20% ses émissions de CO2
d'ici 2020.
En termes de politique environnementale, c'est au quotidien
que les équipes de l'hôtel font des séries
d'éco-gestes. En 2010 le bilan était celui-ci : une
réduction de 11 % d'eau consommée, une réduction de 4,38 %
de la consommation de gaz, une réduction de 22,45% de la consommation de
papier et enfin 15 % des volumes d'achat de l'hôtel sont bio, issus du
commerce équitable, éco citoyen ou éco-conçus.
Egalement fortement engagé dans l'aspect social et
collectif, le Fouquet's Barrière s'est positionné sur de
nombreuses action concrètes comme les Vendanges de l'hôtel
Fouquet's
32
barrière qui consistent en une vendange dont les
produits sont vendus aux enchères afin de financer le reboisement de la
forêt des Landes et la recherche sur la biodiversité.
« Banlieues sans frontières » est une
association qui vient en aide aux jeunes de quartier défavorisés
et qui les aide pour une intégration professionnelle. L'hôtel
Fouquet's barrière s'est engagé dans un partenariat avec cette
association et permet aux jeunes de bénéficier de stages, de
formations en apprentissage afin que leur insertion professionnelle soit par la
suite favorisée.
Comme tout grand hôtel qui se respecte, l'hôtel
Fouquet's Barrière se doit d'offrir à sa clientèle des
services irréprochables. L'hôtel met un point d'honneur à
offrir des services respectueux de l'environnement comme par exemple proposer
à ses clients des e-solex, des solex électriques qui permettent
de se promener dans Paris de manière écologique, silencieuse et
non polluante. Deux limousines hybrides Lexus 600h sont au service des clients
et récupèrent de l'énergie du freinage. Cette
énergie est transformée en électricité pour
recharger la batterie du système hybride.
Pour parfaire son implication environnementale, le Fouquet's
barrière met un point d'honneur à utiliser dans tous ses services
des produits responsables. Les fournisseurs du restaurant sont
sélectionnés pour leurs produits locaux de qualité et
favorisent les ingrédients issus de l'agriculture biologique ou du
commerce équitable. Le champagne Pop Earth de la marque prestigieuse
Pommery est un champagne éco-citoyen, issu de l'agriculture
raisonnée dont l'étiquette est en papier recyclable, la colle
utilisée sans solvants et servi dans une bouteille qui contient moins
30% de verre. Même au Spa du Fouquet's Barrière tout est mis en
oeuvre pour que les produits utilisés soient le moins nocifs pour la
planète. Le U Spa propose des soins de la gamme Mon Soin du Visage qui
conçoit des produits luxueux à base de matières
premières issues de l'agriculture biologique, ne contenant aucun produit
chimique.
Cet exemple, est issu d'un dossier de presse datant de 2010.
On y souligne la très forte utilisation de la couleur verte,
l'utilisation consécutive des mots « responsables », «
respectables »... comme si ces derniers étaient pour le lecteur et
le client une « caution » d'engagement durable.
33
4.2.3 De la communication verte au green washing il n'y a
qu'un pas
Le client du luxe prend conscience de la
nécessité de préserver la nature. Le désir
d'influence du tourisme et plus particulièrement de l'hôtellerie
de luxe est très récent. Assez inattendue, cette prise de
conscience qui mène à se croiser deux concept que tout semblait
opposer nous fait poser la question suivante : Green Washing ou
véritable engagement de la part de grands groupes ?
« Le GreenWashing, ou
«Ecoblanchiment«, est un technique marketing
utilisée pour donner une dimension écologique à une
entreprise. Le GreenWashing concerne généralement des
enseignes de grande distribution ou des marques mondiales critiquées
pour leur impact néfaste sur la planète qui essaient par tous les
moyens de se construire une image écologique. »35
D'une manière générale, il persiste une
certaine méfiance à l'égard des labels et des tentatives
de transparence totale en ce qui concerne les conditions de production et de
fabrication de certains produits. Beaucoup de labels sont autoproclamés
et discréditent ceux qui le sont pas par les Etats. Cette
méfiance et fausses dénomination font planer des soupçons
de greenwashing dans la communication et en particulier dans la communication
des produits de luxe dont et l'hôtellerie de luxe est alors loin
d'être épargnée de ces considérations plutôt
négatives. Beaucoup d'hôtels de luxe mais cela vaut aussi pour
beaucoup de secteurs, voient comme une obligation d'associer à tous les
coups la couleur verte et la notion de développement durable, dans leurs
communiqués de presse par exemple. Le vert ne veut pas tout dire car on
a bien compris ici que le Développement durable ne s'applique pas
qu'à l'écologie mais qu'il prend aussi bien en compte le social
et l'économique. Finalement en communiquant le développement
durable par le vert, c'est un peu réduire le message que l'on veut
délivrer.
35
http://www.marketing-etudiant.fr/actualites/communication-entreprise-environnement.php
34
Passer au développement Durable pour un
hôtel de luxe, c'est miser sur l'avenir, miser sur des valeurs humaines,
écologiques et économiques responsables. Communiquer le
développement durable c'est montrer qu'il y a réelle implication.
Accompagner la communication de réelles actions c'est sortir du green
washing et entrer dans une démarche concrète et un réel
désir de changement. C'est une valeur ajoutée aux yeux
de la clientèle. En effet, il y a une attente de plus en plus
exprimée de vivre une expérience différente, stimulante,
où l'on a le sentiment de participer à un projet engageant la
responsabilité de chacun pour participer au mieux-être de tous.
C'est l'alliance réussie entre hédonisme et altruisme qui doit
passer par le bon choix d'outil de communication et par une totale transparence
de la part des groupes hôteliers du monde entier mais cela est applicable
à tous les secteurs qui ont le désir d'évoluer vers une
autre croissance.
A partir de cette revue de littérature des questions se
posent, éclairent des points et permettent de formuler des
hypothèses que je tenterai de vérifier le plus justement possible
par une approche « terrain ».
Pour répondre à ma problématique qui est
la suivante : « Dans un contexte international qui met de plus
en plus l'accent sur le Développement Durable, l'hôtellerie de
luxe, secteur régit par de nombreuses contraintes économiques,
humaines et environnementales est-elle prête à s'ouvrir à
de nouvelles manières d'envisager l'avenir? », je
vais avoir besoin de l'aide précieuse de professionnels de
l'hôtellerie de luxe et de l'avis d'une clientèle
hétéroclite consommatrice ou non d'hôtellerie de luxe.
Ma méthode va être ancrée le plus possible
au niveau local. J'ai la chance d'effectuer un stage de six mois au Sofitel
Paris La Défense en tant que chargée de communication et de
projet. Je suis au coeur de ma problématique et je peux tous les jours
vérifier mes hypothèses, en tirer des conclusions et essayer de
creuser mieux mes questionnements.
35
Le Sofitel Paris La Défense est un hôtel 5
étoiles placé au coeur du quartier des affaires de la
Défense. Sofitel est la seule marque d'hôtels de luxe du groupe
Accorhotels. C'est Sofitel qui a le plus haut positionnement en termes
d'étoiles dans ce groupe mondialement reconnu. Le Sofitel où je
travaille est inscrit dans un contexte géographique très urbain
et très peu végétalisé. L'essentiel de la
clientèle qui fréquente l'hôtel est une clientèle
« business » qui vient ici pour affaires. Il y a également un
part de clients qui viennent pour les vacances mais celle-ci est relativement
faible par rapport à l'autre marché.
J'ai décidé de concentrer presque toutes mes
recherches sur cet hôtel car il me semble qu'il est important
d'étudier très précisément ce que l'on a sous les
yeux au quotidien. Etant donné que le Sofitel Paris La Défense
appartient au groupe Accorhotels, j'ai eu l'opportunité de faire une
observation de terrain. Toute décision part du siège, et ensuite
les informations sont distribuées aux hôtels. Si un programme sur
le développement durable voit le jour, la décision aura
été prise au siège et ensuite soumise au Sofitel Paris la
Défense par exemple. C'est pour cela que mes hypothèses seront
vérifiées par des dirigeants du Sofitel Paris la Défense
mais aussi à l'aide d'autre professionnels qui viendront appuyer ou non
mes hypothèses..
Voici les hypothèses auxquelles je vais tenter
d'apporter des réponses par des études concrètes de
terrain :
1- Les clients de l'hôtellerie de luxe ou potentiels
clients en France sont conscients des enjeux et enthousiasmés que leurs
hôtels passent le cap du développement durable.
2- Un hôtel de luxe ne pourra passer
véritablement au développement durable que lorsque ses membres
dirigeants, opérationnels et clients prendront conscience de
manière personnelle des enjeux. / Le développement durable est
encore trop perçu comme une contrainte par beaucoup d'hôteliers
3- Etre un Sofitel, marque du groupe international
Accorhotels, permet de faire plus de choses pour le développement
durable. Le programme Planet 21 est-il suffisant ?
36
5 ÉTUDE DE TERRAIN
Pour vérifier mes hypothèses et répondre
à ma problématique citée plus haut j'ai choisi deux
méthodes qui m'ont permis d'avoir des approches tout à fait
différentes et complémentaires.
? Une méthode basée sur la technique du
questionnaire à un public large et non ciblé (2 questionnaires
différents)
? Une méthode basée sur les interviews de
professionnel de l'hôtellerie de luxe.
5.1 Hypothèse 1 : Les clients de
l'hôtellerie de luxe ou potentiels clients en France sont conscients et
enthousiasmés que leurs hôtels passent le cap du
développement durable.
Cette première hypothèse nous place du
côté du consommateur d'hôtellerie de luxe. Nous avons pu
voir lors de la revue de littérature, que les clients du luxe sont des
personnes exigeantes et de plus en plus en avant sur leur temps. Grâce
à des moyens considérables cette clientèle a aussi plus
accès à l'information, aux nouveautés. C'est une
clientèle qui aime un certain confort surtout quand il s'agit
d'hôtellerie de luxe mais c'est aussi une clientèle ouverte
à de nouvelles considération du luxe.
Pour vérifier cette hypothèse j'ai
souhaité mettre en place deux questionnaires36 qui me
permettront de valider les connaissances du grand public sur l'hôtellerie
de luxe et son rapport au développement durable. J'ai fait deux
questionnaires car je souhaitais deux types
36 Voir Annexes, 1.1 questionnaire 1 et 1.2
questionnaire 2 pages 2 à 6
37
d'information toutes relatives soit au développement
durable, soit à l'hôtellerie de luxe, soit aux deux.
Mon premier questionnaire est intitulé très
simplement « Questionnaire sur le développement durable ». Il
a été soumis au mois d'avril et j'ai enregistré 67
réponses et la plupart des répondants l'on fait par le biais du
réseau social Facebook.
Ce questionnaire répond indirectement à mes
hypothèses, en effet c'est un questionnaire global visant à
analyser les connaissances générales de mes interrogés.
Ces personnes pourraient être aussi bien des clients de
l'hôtellerie de luxe, que des professionnels de l'hôtellerie de
luxe mais ils pourraient être et pour la plupart sont de simples
utilisateurs de Facebook qui n'ont pas forcément de lien avec
l'hôtellerie de luxe. Ce questionnaire me permet de comprendre
globalement le niveau général en termes de connaissances sur le
développement durable.
Voici les questions et le résumé des
réponses à ce questionnaire. J'ai choisi de mettre en rouge les
réponses les plus partagées pour mettre en lumière la
majorité.
5.1.1 Questionnaires et interviews
J'ai réalisé de ce fait deux questionnaires
différents qui me permettront dans un premier lieu de vérifier ma
première hypothèse qui est celle-ci : « Les clients
de l'hôtellerie de luxe ou potentiels clients en France sont conscients
et enthousiasmés que leurs hôtels passent le cap du
développement durable. « Viendront aussi donner des
réponses à cette hypothèse deux des interviews que j'ai pu
mener.
Mon premier questionnaire est intitulé très
simplement « Questionnaire sur le développement durable ». Il
a été soumis au mois d'avril et j'ai enregistré 67
réponses et la plupart des répondants l'on fait par le biais du
réseau social Facebook.
Ce questionnaire répond indirectement à mes
hypothèses, en effet c'est un questionnaire global visant à
analyser les connaissances générales de mes interrogés.
Ces personnes pourraient être aussi bien des clients de
l'hôtellerie de luxe, que des professionnels de l'hôtellerie de
luxe mais ils pourraient être et pour la plupart sont de simples
utilisateurs de
38
Facebook qui n'ont pas forcément de lien avec
l'hôtellerie de luxe. Ce questionnaire me permet de comprendre
globalement le niveau en termes de connaissances sur le développement
durable.
J'ai fait le choix de mettre les deux questionnaires en annexe
pour pouvoir se concentrer sur l'analyse en s'appuyant bien sûr à
volonté sur les questionnaires.
5.1.2 Analyse questionnaire 1
Ce premier questionnaire, qui a suscité un
intérêt certain me permet de tirer la conclusion que le grand
public est relativement bien averti des enjeux du développement durable.
Même si les questions ne sont pas très pointues on remarque un
engagement même minime de la part des interrogés. Si 88,1% des
interrogés sont sensibles et connaissent le développement
durable, 11,9 % sont en revanche encore mal informés de ce concept. La
grande majorité considère qu'une évolution vers un
développement durable fait partie des enjeux cruciaux de notre
époque. On remarque qu'un peu moins de la moitié considère
le développement durable dans sa globalité c'est à dire en
considérant les volets sociaux, économiques et
écologiques. Je suis agréablement étonnée de voir
que 83,6 % des interrogés considèrent qu'ils agissent en faveur
du développement durable, ce qui est un point crucial pour la suite des
analyses. La réduction des déchets est leur meilleure gestion est
l'aspect développement durable le plus suivi par le interrogés.
On note également que l'alimentation et la gestion des énergies
sont aussi des postes quotidiens sur lesquels les interrogés changent
leurs habitudes. Les supports audiovisuels semblent être les meilleurs
moyens pour sensibiliser le grand public aux questions du développement
durable. La presse écrite est également
plébiscitée. 47,8% des interrogés ont déjà
essayé de convaincre une connaissance d'agir pour le
développement durable. Le partage d'information et la discussion entre
amis semblent être de bons moyens pour faire passer un message de
manière audible et compréhensible. L'incitation par l'exemple est
aussi très plébiscitée. A la question : « Parmi ces
enjeux du développement durable, quels sont les 3 qui vous paraissent
les plus importants ? », beaucoup ont répondu « la
préservation des ressources naturelles », suivis de « la
préservation de la faune et la flore » et enfin suivi de « la
lutte contre le réchauffement climatique ». Ce qui était
sans doute facilement prévisible est le score de 17,9 % de
réponse pour l'enjeu « amélioration des conditions de
travail dans le monde », cela étant dû au fait que beaucoup
d'interrogés considèrent seulement l'aspect écologique du
développement durable en oubliant les aspects
39
pourtant essentiels humains et économiques. On note que
c'est par le biais économique que 58,2% des interrogés pensent
que les choses pourront évoluer dans le sens du développement
durable. Même si ce questionnaire ne concerne pas le tourisme à
proprement parler on remarque quand même le très mauvais
pourcentage concernant le domaine du tourisme dans lequel seul 1,8 % des
interrogés change ses habitudes. Cette information est une
première piste pour répondre à mon hypothèse. Ce si
faible pourcentage montre que le tourisme, superflu pour beaucoup est un
domaine dans lequel les gens ne sont pas vraiment prêts à bouger.
Cela s'explique sans doute d'une part parce que le touriste vit une
expérience éphémère et ne se projette pas dans un
endroit qu'il visite sur le long terme mais cela s'explique aussi avec un
rapport de contrainte que le client n'a pas envie de subir quand il est sur son
lieu de vacances.
5.1.3 Analyse questionnaire 2
Le second questionnaire qu'il m'a semblé essentiel de
mettre en place suite à la suite de celui plus général est
un questionnaire visant à analyser les connaissances des
interrogés sur le secteur du développement durable couplé
au secteur de l'hôtellerie de luxe. C'est un questionnaire plus pointu
qui viendra infirmer ou confirmer mon hypothèse. La tendance
générale pourra enfin être dégagée et
appuyée par des interviews de professionnel de l'hôtellerie.
Pour ce second questionnaire, j'ai obtenu moins de
réponses sans doute car le sujet est plus précis et plus pointu.
Cependant les 31 réponses obtenues sont loin d'être
négligeables et permettent de comprendre certaines choses.
Ce second questionnaire permet de mettre en lumière des
résultats qui m'aideront à faire une analyse précise de
l'avancement du développement durable dans l'hôtellerie de luxe.
La plupart des répondants au questionnaire sont des clients occasionnels
de l'hôtellerie de luxe à 29%, mais 25% d'entre eux sont des
clients régulier ce qui me permet d'avoir des réponses
réalistes et concrètes. Parmi les clients occasionnels et les
autres 71% avouent que les actions de développement durable misent en
place par un hôtel de luxe n'influeront pas leur choix
d'établissement. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils ne valident
pas le choix de certains
40
établissements à passer à passer au
durable. En revanche, une majorité d'interrogés pensent qu'il est
important pour un hôtel de luxe de communiquer sur son
développement durable ce qui peut paraître sous certains aspects
assez contradictoire. La bonne nouvelle de ce questionnaire est que 93,5 % des
interrogés pensent que l'hôtellerie 5 étoiles et les
palaces sont tout à fait compatibles avec un développement
durable. Selon 54,8% de la clientèle, le poste le plus critique en
termes de gestion durable est celui de la gestion des énergies.
Malheureusement, 61,3% des interrogés pensent que le plus gros frein
à implanter une politique dans un hôtel de luxe est celui des
clients et fournisseurs qui ne s'en préoccupent pas vraiment, ce qui
rejoins la question ou les gens disaient ne pas choisir leur hôtel en
fonction de sa politique de développement durable. Les labels
écologiques dont peuvent bénéficier certains hôtels
de luxe sont très peu connus du grand public et même de ceux qui
ont l'habitude de fréquenter les établissements hôteliers
luxueux ou non. Un chiffre s'avère particulièrement encourageant
: 58,1% des interrogés pensent que l'hôtellerie de luxe a fait des
progrès en terme de développement durable et en particulier dans
les économies d'énergies et particulièrement
économies d'eau. Si les interrogés considèrent qu'il est
important pour un hôtel de luxe de communiquer sur ses actions en terme
de développement durable, ils préfèrent à 41,9% que
ce soit directement en communiquant sur place à l'hôtel sans doute
pour que les informations soient les plus fraiches possibles. Le souci apparent
ici est que la communication sur le développement durable dans un
hôtel de luxe mais cela est aussi applicable à de nombreux secteur
est considérée à 41,9% pour du greenwashing et donc de ce
fait peu prise au sérieux voire mal prise. Pour finir sur cette analyse,
à la question, seriez-vous prêt à changer vos habitudes de
consommateur d'hôtels de luxe, 67,7 % répondent oui ce qui est
assez encourageant pour le secteur. Même si c'est en ne demandant pas
à ce que leurs serviettes soient remplacées tous les jours ou
encore en n'oubliant pas d'éteindre la climatisation en sortant de la
chambre, chaque petit pas fait par le client ou l'hôtelier à une
importance forte pour le développement durable.
5.1.4 Appui analytique des interviews
Pour répondre à cette hypothèse l'avis de
professionnels de l'hôtellerie de luxe est aussi très
important.
41
L'interview de Monsieur Donzel37, Directeur
Général du Sofitel Paris La Défense révèle
quelques caractéristiques de la clientèle de l'hôtellerie
de luxe et de leurs attentes en termes de développement durable. Il
ressort de son interview une exigence forte de la clientèle de
l'hôtellerie qu'elle soit clientèle historique qui paye le prix
fort ou clientèle qui profite de certaines offres faites pour des
hôtels de luxe.
Il ressort de son interview la certitude que les clients sont
prêts à changer leurs habitudes. Les vieux démons du luxe
font faire l'amalgame entre possibilité de changement et peur du
changement. Le luxe n'est pas une question de changer les serviettes ou les
draps tous les jours, le luxe c'est autre chose, c'est ancré dans un
service, dans un ADN. Les clients auraient conscience des enjeux
environnementaux et savent qu'il y a des choses à faire dans tous les
domaines y compris dans le luxe.
Selon le Directeur général, un certain type de
clientèle choisira son établissement en fonction de son
implication dans le développement durable mais cela ne fait pas partie
d'un comportement majoritaire. Reste toujours le fait que le changement des
habitudes est long à faire et que l'on pense qu'il faudra
peut-être plus de temps dans l'hôtellerie de luxe. Ce sont des
freins que l'on se met par anticipation trop brutale des attentes de la
clientèle du luxe. Au Sofitel paris La Défense, depuis six mois,
le linge de lit n'est plus systématiquement changé et pourtant
aucun client n'a émis le moindre reproche face à cette nouvelle
pratique. Selon lui « les clients se prêtent au jeu et aucun d'entre
eux ne nous dit que c'est juste pour faire des économies et que nous
n'en avons en fait rien à faire du développement durable. ».
La clientèle apparait comme être tout à fait prête.
L'hôtelier prend des risques, le client suit ou non mais la
démarche vient d'abord de l'hôtelier. En ce qui concerne la
communication du développement durable au sein d'un hôtel,
même si l'abus de vert peut être associé à du
GreenWashing, c'est au moins un signe distinctif qui rappelle au client la
démarche suivie. Mais en voyant vert, les clients ne pensent qu'au volet
écologique du développement durable et non pas aussi aux aspects
économique et sociaux. Il dit que si nous ne voyons que ca c'est que
nous sommes un peu formatés par les médias.
37 Voir Annexes, 1.3 Interview de Monsieur Julien
Donzel, page 10
42
Sylvie Petrus38, Directrice administrative et
financière du Sofitel Paris la Défense me confie voir que les
clients sont fiers de découvrir que leur hôtel de luxe change ses
habitudes. Elle parle surtout des clients américains qui
été choqués qu'on leur change tous les jours draps et
serviettes. Les clients deviennent plus économes et demandent de moins
en moins a faire changer leur linges. Beaucoup de clients suivent et partagent
cette mouvance chez eux puis l'appliquent dans leur lieu de vacances.
Anne de Reinach Hirtzbach39, consultante en
stratégie hôtelière spécialisée dans le luxe
confirme une plus forte sensibilité de la clientèle à
passe au développement durable. Ce qu'elle souligne tout
particulièrement c'est que ces clients ont d'autant plus l'occasion
d'être informés de ce que proposent l'établissement de
luxe. Ils sont plus vigilants mais ont aussi plus les moyens financiers de
consommer autrement.
5.1.5 Conclusions de l'hypothèse 1
Les clients de l'hôtellerie de luxe ou potentiels
clients en France sont-ils vraiment conscients des enjeux et
enthousiasmés que leurs hôtels passent le cap du
développement durable ?
La réponse est assez mitigée. La tendance
globale qui transparait des deux questionnaires semble être vraiment en
faveur du développement durable. Mais il ressort aussi une certaine
confusion dans les enjeux du développement durable. Si les habitudes
touristiques du grand public ne semblent pas vouloir être
modifiées par le développement durable, il semble quand
même que l'hôtellerie de luxe soit compatible avec le
développement durable dans la plupart des têtes. En tirant des
conclusions des différentes études, il semble apparaitre que la
clientèle soit prête à changer ses habitudes que si ces
changements sont guidés. De leur propre chef, peu d'entre eux
modifieront leurs habitudes. S'ils sont très peu à choisir un
hôtel en fonction de son politique développement durable c'est que
certaines barrières doivent encore être levées. La grande
majorité des clients est consciente qu'il faut changer. De là
à passer à l'acte, c'est plus compliqué. Il y a encore
cette notion de contrainte. L'enthousiasme n'est que très
modéré car l'intérêt n'est pas encore suscité
par le biais d'actions de la part des hôteliers. Si la
38 Voir Annexes, 1.4 Interview de Sylvie Petrus, page
15
39 Voir Annexes, 1.9 Interview Anne De Reinach
Hirtzbach, page 27
43
plupart des clients sont prêts à changer leurs
habitudes ils le feront en sollicitant l'aide des établissements. On ne
note pas du tout une pénibilité à changer et pour preuve
au Sofitel Paris La Défense les changements ont été
appréciés et appliqués avec enthousiasme.
La conscience des enjeux et l'enthousiasme de la
clientèle des hôtels de luxe est bien présente mais
celle-ci n'est possible la plupart du temps que si l'hôtel lui-même
pousse ses clients à aller dans le sens du développement durable.
Il est très intéressant de pousser cette catégorie de
clientèle vers l'investissement dans le durable. Il serait même
intéressant de créer des projets participatifs durables dans
l'hôtellerie de luxe. Les clients de l'hôtellerie de luxe ont les
moyens de soutenir des projets auxquels ils croient. Le client ne serait alors
plus q'un simple figurant du développement durable au sein de son
hôtel mais il deviendrait un véritable acteur soutenant une cause
sur le long terme.
5.2 Hypothèse 2 : Un hôtel de luxe ne
pourra passer véritablement au développement durable que lorsque
ses membres dirigeants, opérationnels et ses clients prendront
conscience de manière personnelle de ses enjeux.
5.2.1 Analyse des interviews et questionnaires
Cette hypothèse trouve ses réponses dans les
rouages mêmes d'un hôtel de luxe. Dans toutes les interviews que
j'ai pu faire, il en ressort toujours que la volonté de passer à
un autre modèle passe bien sûr d'une part par la marque ou le
groupe mais que le bon déroulement de ce changement passe par des
personnes individuellement motivées pour ce changement et qui y
croient.
L'interview de Sylvie Petrus40, directrice
administrative et financière du Sofitel Paris La Défense est en
ce sens très évocateur. Elle me parle d'une lutte contre le
gaspillage. Si c'est une lutte, c'est que les gens n'ont pas encore pris en
considération les impacts négatifs que
40 Voir Annexes, 1.4 Interview de Sylvie Petrus, page
15
44
nous pouvons avoir au quotidien sur l'environnement. Elle me
dit ne pas avoir « attendu cette révolution du développement
durable pour prendre conscience des dangers auxquels nous faisons face pour
l'avenir ». La motivation viendrait du fait que l'on soit
déjà ou non averti et conscient des bénéfices d'un
développement durable de manière personnelle. Et c'est un peu un
cercle vicieux car ce manque de motivation peut ensuite déteindre sur la
clientèle, qui, ne voyant aucune motivation dans ce sens, se sentira
complètement en dehors de ces questions liées au
développement durable. Il n'est alors pas étonnant de voir que
dans le questionnaire numéro 2 41sur le développement
durable et l'hôtellerie de luxe, la majorité des répondants
affirme que les principaux freins d'un hôtel de luxe à passer au
durable viendrait de la clientèle et des fournisseurs, mais il s'agit
aussi de mettre les hôteliers dans cette réponse.
Il n'y aura pas de développement durable sans acte
humain. Et c'est en cela que c'est encore plus complexe car l'humain a besoin
d'être motivé, d'être secoué pour avancer ce qui rend
la tâche plus complexe et forcément plus longue.
Pour reprendre l'interview de Sylvie Petrus, il y a des
leaders qui sont là dans chaque structure pour faire passer des
messages. Elle se qualifie de « police » du gaspillage car c'est elle
qui tape sur les doigts des gens lorsqu'ils consomment mal. Qualifier ses actes
comme ceux d'un membre de la police est un peu dur, finalement c'est elle qui a
le mauvais rôle dans l'histoire. Les gens soufflent, font mine de
comprendre mais oublient aussitôt. Il y a déjà une dizaine
d'année, Sylvie avait rédigé une lettre à
l'attention des collaborateurs 42pour essayer de les sensibiliser au
développement durable. Résultat des courses, 10 ans après,
cette lettre serait toujours d'actualité et les termes n'auraient pas
changés... Comme elle dit, les mentalités évoluent mais il
faut être patient.
10 ans ne suffisent pas à changer des habitudes
cependant c'est en prenant le taureau par les cornes que l'on peut avancer.
Rien n'est pire que l'immobilisme en attendant de voir ce qui se passera.
L'implication ne peut être effective que lorsque l'on en comprend les
enjeux. Elle me parle à ce sujet justement des femmes de chambres qui
sont touchées par l'action humanitaire du Sofitel Paris La
Défense à SOS Sahel43, à qui l'hôtel
donne tous les semestres la moitié des
41 Voir Annexes, 1.2 Questionnaire numéro deux,
page 6
42 Voir Annexes, 1.5 Lettre de Sylvie Petrus, page
19
43 Voir Annexes 1.6 SOS Sahel, page 21
45
économies de blanchisserie faites grâce à
l'opération 5 serviettes réutilisées= 1 arbre
planté44. Beaucoup des
femmes de chambre qui travaillent au Sofitel paris La Défense viennent
de cette région du monde. Elles sont touchées que l'on veuille
aider leur région natale dont elles connaissent les
réalités de terrain. Cette action les motive au quotidien, elles
comprennent ce pourquoi elles font certaines actions. Cela donne une notion
plus concrète à certaines demandes qui peuvent paraitre floues
dans les esprits45.
La question de la motivation est soulignée par toutes
les personnes que j'ai pu interroger. Milan Spoljaric46 par exemple,
Responsable technique du Sofitel Paris La Défense, semble
attristé de certains comportements. Gérant au quotidien toutes
les questions techniques et opérationnelles de l'hôtel il se rend
compte avec une pointe d'amertume que le développement durable est chez
la plupart des gens une réelle contrainte. Il dit également qu'il
y a beaucoup de marge avant que les mentalités évoluent. Milan
prend la question du développement durable comme une question importante
depuis longtemps, pourtant il semblerait que sa motivation s'étiole au
fur et à mesure qu'il voit ses collègues ne jamais prendre
conscience du changement à faire. Il voit au quotidien que des choses
aussi simple que ne pas débarrasser n'importe comment son plateau
à la cantine ne sont pas faites. Il se demande comment les gens
réagiraient si en plus on leur demandait de faire du tri. L'adaptation
et la motivation seraient nécessaires mais il souligne que certaines
personnes vont toujours aller dans un sens contraire juste pour ne pas suivre
la mouvance. Ce manque de motivation vient d'un manque d'information pour la
plupart, il faudrait des films chocs, peut-être même des amendes
pour le non-respect de certaines règles. Car comme il le souligne
à plusieurs reprises, le développement durable c'est un peu le
bâton et la carotte. Tant qu'on ne se fait pas « épingler
» pour nos mauvaises conduites on continue à aller dans le mauvais
sens... en revanche si on doit un jour verser une amende à chaque fois
que l'on trie mal son plateau, beaucoup de gens finiront par faire un tri
parfait ! Pour lui, tout le monde devrait savoir et ceux qui ne savent pas ne
veulent seulement pas savoir. La volonté personnelle de changer n'est
pas là et c'est elle qui bloque majoritairement la situation.
44 Voir Annexes 1.7 Explication système des
serviettes, page 22
45 Voir Annexes, 1.15 Affichage destiné aux
femmes de chambre, page 37
46 Voir Annexes 1.8, Interview Milan Spoljaric, page
23
46
Ce qui est assez frappant dans le questionnaire 147
c'est qu'à la question « selon vous quels facteurs seraient
susceptibles d'entrainer un changement de comportement ? », la
majorité dit que ce serait possible par des économies ou des
gains financiers et vient ensuite la réponse « par des obligations
ou mesures publiques ». La sensibilisation vient après. Je pense
que ces données peuvent aussi s'appliquer à l'hôtellerie de
luxe et à n'importe quelle structure. Si les gens ne sont pas convaincus
de la nécessité de passer au développement durable
après y avoir été sensibilisés, ce sont des mesures
plus drastiques qui viendront faire changer les actes. Le grand public est en
majorité convaincu qu'il faudrait être soit dans le gain d'argent,
soit dans la répression pour pouvoir enfin changer ses habitudes. Triste
tableau, qui se révèle pourtant être vrai dans toit type de
structure.
Monsieur Donzel, le directeur général du
Sofitel48 Paris La Défense souligne également le fait
que les choses n'avancent pas vite non pas par des problèmes financiers
mais surtout pas un souci d'envie générale ! Il déplore le
fait d'une mentalité française qui pense que c'est à
l'Etat de tout faire sous prétexte que l'on paye des impôts. Tout
citoyen du monde doit s'investir selon lui mais cette fois encore s'il
s'implique dans le développement durable c'est que personnellement il y
croit et que chez lui il agit dans ce sens. Il dit lui-même dans mon sens
que : « Je pense que si personnellement on est impliqué et on en a
conscience on sera plus à même de le faire. Si à la maison
on ne le fait pas, on ne comprend forcément pas les enjeux. ». La
solution serait pour lui, plus de sensibilisation et des leaders des questions
du développement durable.
Anne de Reinach Hirtzbach49, consultante en
hôtellerie de luxe et directrice de l'agence White Velvet, a l'avantage
de pouvoir avoir une très grande visibilité sur ce qui se fait au
niveau développement durable aussi bien en France qu'à
l'étranger. Elle déplore le manque de volonté de la part
des hôteliers. Certaines actions sont bien mises en place dans les
hôtels mais ce ne sont que des « petits » détails qui
laissent supposer un engagement durable mais qui en fait ne prouvent pas du
tout un engagement sur le plus long terme. L'hôtellerie de luxe durable
est pour elle possible dans l'essence même du fait que ces structures ont
plus de moyens financiers pour instaurer des politiques dans ce sens.
Malgré cela, il y a des freins, plus humains que matériels. En
effet le frein principal vient du fait qu'en instaurant une
47 Voir Annexes, 1.1 Questionnaire numéro 1,
page 2
48 Voir Annexes, 1.3 Interview de Monsieur Julien
Donzel, page 10
49 Voir Annexes, 1.9 Interview Anne De Reinach
Hirtzbach, page 27
47
politique de développement durable, les effets positifs
ne seront pas visibles de suite. Cela peut en décourager plus d'un qui
préférera investir dans du « concret » et du visible
instantanément. De plus beaucoup de clients pensent qu'ils ont
suffisamment de moyens alors pourquoi économiser ? Ils ne se projettent
pas dans le futur avec crainte sachant que le leur et celui de leurs enfants
reste assuré. Il y a cette ambivalence du client qui a les moyens et qui
pourrait vivre autrement et le client qui a les moyens et qui en profite
jusqu'au bout sans se soucier de son environnement. La question de la
volonté ressort toujours. Elle est accompagnée d'une implication
déjà personnelle dans ce genre de question. Si la conviction est
présente que ce soit aussi bien chez l'hôtelier, le client ou le
fournisseur, alors les choses seront beaucoup plus simples à mettre en
place et les investissements humains et financiers seront alors plus
assimilables.
5.2.2 Conclusion de l'hypothèse 2
D'après l'analyse des supports que j'ai en main, mon
hypothèse semble se confirmer avec unanimité. En effet, un
hôtel de luxe ne pourra passer véritablement au
développement durable que lorsque ses membres dirigeants,
opérationnels et ses clients prendront conscience de manière
personnelle de ses enjeux. Mais cela reste valable pour à peu
près tous les domaines professionnels. Ce qui ressort de cette
étude centrée sur l'hôtellerie de luxe c'est que c'est une
vérité générale qui empêche le plus souvent
le changement. Il est certain que les mentalités n'évolueront pas
si elles ne sont pas convaincues dès le début. Il semble que
seules des mesures punitives peuvent inciter une personne qui ne croit pas au
développement durable à agir différemment.
Cette hypothèse confirmée, ne jette pas la
pierre à telle ou telle catégorie de personne. C'est à une
mentalité particulière et générale qu'il faut faire
face. La notion d'individualisme qui est souvent catégorisée
comme nouveau fléau de la société moderne explique aussi
le fait que l'on s'implique moins pour une cause qui nous touche tous.
Forcément, en agissant en faveur du développement durable au
niveau d'un hôtel de luxe, les choses ne changeront pas radicalement du
jour au lendemain. Cependant, si tout le monde commence à prendre
conscience que c'est une action non pas pour soi uniquement mais pour son
environnement et pour les générations futures, peut-être
que les choses changeront. Clients, fournisseurs,
48
hôteliers sont capables de changement s'ils ne restent
pas autocentrés. Il faut admettre que les bénéfices de
cette prise de conscience ne seront ni liés à un gain d'argent ni
liés à un gain de rendement, il faut admettre que les
bénéfices seront inscrits dans une globalité
d'amélioration de notre environnement et que nous n'en verront pas tout
de suite les effets. A partir du moment où l'on sait tout cela,
où l'on se s'attend pas à une quelconque gratitude ou
reconnaissance, on peut commencer à agir pour le développement
durable de manière autonome et à appliquer certains gestes non
pas sous la contrainte mais en parfaite conscience. La conviction est le mot
clé de cette hypothèse. Il faut éduquer cette conviction,
mettre en place dans les groupes hôteliers des démarches encore
plus fortes. La question du développement durable ne doit plus
être un simple sujet de débat. Un hôtel ou un groupe
hôtelier a les moyens d'avoir un discours sensibilisateur fort. L'union
d'une prise de conscience personnelle forte et d'un appui d'un groupe ou
hôtel demain semble être la clé de la réussite de
l'entrée réelle de l'hôtellerie de luxe dans le
développement durable.
49
5.3 Hypothèse 3 : Etre un Sofitel, marque du
groupe international Accorhotels, permet de faire plus de choses pour le
développement durable
5.3.1 Descriptif des supports Développement Durable
Accorhotels : le programme Planet 21
Au sein du groupe Accorhotels, le programme Planet 21 a
été mis en place pour donner aux hôtels du groupe une
chance de se renouveler au travers du développement durable.
5.3.1.1 Planet 21
PLANET 2150, est un programme de sensibilisation et
de mobilisation innovant du groupe Accorhotels.
Pour Accorhotels , le développement durable s'est
matérialisé depuis 20 ans avec la création d'une direction
Environnement et ensuite d'une charte Environnement Hôtelier aidant ainsi
à contribuer au développement des communautés locales,
réduire ses consommations en eau et énergie, et diminuer
l'empreinte environnementale de ses hôtels. Avec PLANET 21 une,
Accorhotels se dote d'une nouvelle stratégie de développement
durable. Elle détermine 21 engagements assortis d'autant d'objectifs
ambitieux à l'horizon 2015 51 et déploie un programme
d'information et de mobilisation des clients et des collaborateurs pour
réinventer l'hôtellerie durablement. Accorhotels a choisi un nom
immédiatement évocateur du développement durable, qui fait
référence à l'Agenda 21, un plan d'actions adopté
par 173 chefs d'Etat au Sommet de la Terre à Rio en 1992. Il se fait
surtout l'écho de l'urgence qui doit animer le 21ème
siècle : changer nos modes de production et de consommation, pour
préserver notre planète, l'environnement et les
Hommes.52
« Pour inciter les clients à contribuer aux
actions des hôtels, la stratégie PLANET 21 se dote d'un programme
d'information et de mobilisation innovant. De la réservation au
séjour en
50 Voir Annexes, 1.10 Explication programme Planet 21,
page 31
51 Voir Annexes, 9.12 Engagements Planet 21, page
34
52 Dossier de presse Accorhotels,Le
développement durable made in Accor, 2013
50
chambre, en passant par la restauration, les clients
découvriront une signalétique pédagogique riche et
diverse, destinée à les inviter par des gestes simples à
participer activement. Cette signalétique adoptera une forme conviviale
et prévenante pour associer sans jamais culpabiliser l'ensemble des
clients. Afin de garantir la rigueur de ce programme, l'accès des
hôtels à la signalétique PLANET 21 est conditionné
par le niveau de performance de l'établissement en matière de
développement durable. Une performance suivie et vérifiée
à travers 65 points de contrôle ou par l'obtention d'une
certification externe reconnue. »53
5.3.1.2 Plant for the Planet
Plant for the Planet 54est un programme
emblématique de développement durable
Lancé en 2009, Plant for the Planet est l'un des
programmes phare de l'engagement du Groupe en matière de
développement durable... Le principe ? Proposer aux clients de
réutiliser leurs serviettes de toilettes plus d'une nuit et affecter 50
% des économies de blanchisserie à la reforestation.
Un principe simple pour un projet innovant qui mobilise les
clients, les collaborateurs et les Communautés locales. En 5 ans, la
participation des hôtels du Groupe Accorhotels a permis de financer la
plantation de plus de 3,5 millions d'arbres dans 21 pays à travers le
monde, soit 2 000 arbres par jour ! Un cas unique dans l'industrie
hôtelière.
53 Planet 21, un programme de sensibilisation
et de mobilisation innovant,
http://www.accorhotels-group.com/fr/developpement-durable/nos-clients-et-planet-21.html
54 Voir Annexes 9.13 Programme Plant for the Planet,
page 35
51
5.3.2 Le programme Planet 21 et Plant For the Planet en
application au Sofitel Paris La Défense
Les actions liées au développement durable du
Sofitel Paris La Défense sont évaluées tous les ans au
même titre que celles des autres hôtels Accorhotels. Par un
système interne au groupe Accorhotels sont décernés des
grades aux hôtels. Lors de l'interview de Sylvie Pétrus, celle-ci
me confie que le Sofitel Paris La Défense a été
dernièrement récompensé par le statut Gold soit l'avant
dernière meilleur distinction derrière le statut Platine. Mais
que veulent dire ces statuts dans un cadre aussi spécifique que celui du
groupe Accorhotels ?
Dans les faits chaque hôtel doit remplir la charte
Planet 2155 indiquant ce qu'il fait ou non pour le
développement durable. Cette charte est classée par
catégories qui sont : Management, Eau, Energie, Déchets et
Produits. Sans aller jusqu'à dire que les points validés ne sont
pas respectés réellement, il y a beaucoup de points qui, dans les
faits sont peu appliqués quotidiennement.
Dans la catégorie Management par exemple le point 3 est
validé et dit « Former le personnel aux bons gestes pour
l'environnement ». Nous ne savons pas quel est le degré de
formation dont devraient bénéficier les employés. J'ai
trouvé en tout et pour tout seulement un dessin représentant les
bons gestes à faire pour les femmes de chambre. Cet affichage,
déjà très léger en substance informative n'est
désormais plus affiché. Ce qui ressort de mes nombreuses
discussions, c'est beaucoup de lacunes dans la formation des employés.
Ce qui est compréhensible car il n'y a pas de personne réellement
qualifiée pour cela à l'hôtel. Cependant, l'action est
validée par la charte. Abus ou manque de rigueur du groupe Accorhotels
?
L'aspect managérial du développement durable est
à mon avis ce qui manque le plus à cet hôtel. Comme disait
Monsieur Donzel, il manque un leader sur le développement durable qui
puisse guider les autres.
55 Voir Annexes, 9.14 Charte Planet 21, page 36
52
Il semblerait qu'un hôtel comme le Sofitel Paris La
Défense ou tout autre hôtel d'un grand groupe suive assez
aveuglément les réglementations sans vraiment chercher à
les comprendre, les approfondir ou les prolonger. Les hôtels qu'ils
soient de luxe ou non semblent se trouver dans une zone de confort
installée par un groupe énorme qui les soutient
derrière.
Le Sofitel Paris La Défense fait des progrès en
termes d'économies d'énergie, de gaspillage de l'eau, de
réduction des déchets. Par exemple l'hôtel fait de vrais
efforts dans le recyclage et pense installer le tri sélectif dans les
prochains mois. Sylvie Petrus me parle également avec fierté de
SOS Sahel, une association à qui l'hôtel verse des sous dans le
cadre de Plant for the Planet et qui permet de créer une barrière
végétale contre l'avancée du désert. Tout un
arsenal de supports est prêt à l'emploi pour avertir le client des
avancées de son hôtel. Pourtant peu de communication à ce
sujet se trouve à l'hôtel. C'est un pas en avant mais est-ce
vraiment suffisamment transparent ?
Le Sofitel Paris La Défense gagnerait à
communiquer plus sur ses actions pour le développement durable. Comme
Monsieur Donzel me disait en interview (annexe 3) : « Ca ne saute pas aux
yeux. On est certifiés sur Trip Advisor en donnant notre bilan
énergétique mais c'est tout. Si je suis client, je ne trouve pas
forcément les informations sur le programme Planet 21.On n'a pas du
concret ». Ce qui peut paraitre assez paradoxal vu le nombre de supports
divers et variés sur le programme !
5.3.3 Le programme Planet 21 tel qu'il est aujourd'hui
est-il suffisant ?
Le programme Planet 21 est un beau programme. Il est
également cité par Anne de Reinach Hirtzbach comme un des
programmes les plus complets en termes de développement durable. Selon
son expertise, d'autre groupes comme Marriott, Le Méridien sont aussi
très puissants dans le développement de programmes
environnementaux. Cependant et cela vaut aussi bien pour le groupe Accorhotels
que pour le groupe Marriott, ces programmes, même s'ils peuvent avoir une
efficacité certaine sont plus là car ils font parler de
l'hôtel ou du groupe et en donne
53
une bonne image. Comme elle me dit lors de son interview :
« ca fait de la presse. Ca fait parler de l'hôtel ou de la chaine en
question. C'est bien mais ce n'est pas suffisant ».
En effet, le programme Planet 21 n'est pas suffisant. Il est
un bon départ corporate à la mise en place de certaines actions
mais il ne rentre pas dans la question de développement durable à
plus grande échelle. Ce programme est un peu autocentré selon
moi. Il manque de transparence car personne d'autre qu'Accorhotels n'a la main
dessus. Je partage particulièrement le point de vue d'Anne de Reinach
d'Hirtzbach qui dit que « Il y a pléthore de labels et de
référence qui pullulent sur le marché, on s'attribue l'un
ou l'autre sans pour autant avoir une démarche globale. »
Il me semble qu'à l'heure actuelle un programme comme
Planet 21 est un très bon booster de conscience. Il a l'avantage
d'être positionné sur la globalité des points que reprend
le concept de développement durable. Il est encore en revanche dans une
phase où il agir plus comme un moyen de communication du groupe que
comme un réel engagement dans le développement durable. Le
programme a tendance à survoler l'ensemble des questions en indiquant
qu'il faudrait s'y atteler. Je ne ressens pas, en étant pourtant
pleinement intégrée dans un des hôtels du groupe une
dynamique forte et persuasive pour pousser les collaborateurs à
participer chacun un peu.
Comme me l'a dit Monsieur Donzel, le directeur
général du Sofitel Paris La Défense, une des limites du
programme est qu'il ne donne pas la possibilité d'en faire plus ou de
faire autre chose. Comme sur beaucoup d'autres points, le fait d'appartenir
à un grand groupe est à la fois une chance car les moyens
développés sont considérables mais c'est aussi un petit
piège car l'on est censé se contenter de ce que l'on nous impose.
Par exemple, Monsieur Donzel aurait souhaité obtenir un label
écologique reconnu mondialement pour son hôtel. C'était une
très belle initiative qui aurait pu renforcer la
crédibilité de l'hôtel dans sa démarche, cependant
l'obtention de ce label qu'il faut payer n'a pas pu être possible car la
marque Sofitel et donc le groupe Accorhotels ne l'a pas validé. C'est
à mon avis très dommage, l'hôtel pourrait pouvoir toujours
en faire plus pour le développement durable sans être
bloqué par le groupe.
54
5.3.4 Analyse et conclusion sur le programme Planet 21
appliqué à l'hôtellerie de luxe
Les décisions du siège n'aident forcément
pas à s'impliquer personnellement. Le programme est si guidé
qu'il ne donne pas à réfléchir ou à se remettre en
question ce qui peut expliquer en partie une sorte de
désintéressement de la part des hôteliers. Chaque
hôtel du groupe est très différent et mériterait de
pouvoir prendre certaines décisions sur la question du
développement durable qui sont propres à ses
réalités de terrain.
La charte Planet 21 qui permet de faire un point tous les ans
est certes plutôt complète mais elle oublie sans doute des points
qu'ils seraient importants de traiter aussi dans une démarche
développement durable. Notre hôtel est actuellement au niveau Gold
qui est l'avant dernier niveau. Selon la charte il manque à
l'hôtel de faire les actions suivantes : utiliser des installations
techniques sans CFC ni PCB, disposer d'une certification développement
durable donc d'un label dont l'obtention a été bloquée par
la marque, utiliser des toilettes à double chasses, utiliser des
matériaux éco-concus dans les chambres et utiliser des
conditionnements éco-concus pour les produits de salle de bain. Pour
atteindre le niveau Platine, l'hôtel devra se mettre au point sur ces
derniers éléments. Cependant, une fois que tout cela sera mis en
place, que pourra faire l'hôtel de plus ? Il aura atteint son niveau le
plus haut, pensant avoir accompli le maximum. Mais cependant, inscrire son
hôtel dans une démarche qui donne une butée aux actions est
étrange lorsque l'on sait que le développement durable est un
travail de tous les jours et qu'il comporte des milliers de points qu'il faut
changer. N'est-il pas étrange qu'un programme tel que Planet 21 renvoie
le message suivant à ces hôtelier : « Nous en avons
déjà fait assez, soyons fiers de nous, nous avons bien agis pour
la planète » ? Certes ce programme donne certaines clés,
mais il ne résout pas globalement le souci du développement
durable dans l'hôtellerie de luxe. Ce programme est une première
pierre portée à un édifice immense et fastidieux et il
faut l'améliorer, le modifier pour qu'il devienne encore plus global et
qu'il travaille pour le long terme sur le long terme.
55
6 Recommandations générales :
D'une manière générale concernant tous
les types d'hôtellerie, les hôteliers doivent faire le premier pas
pour aider la clientèle à aller dans le sens du
développement durable. Des explications simples et concrètes sont
alors nécessaires pour que le client se sente impliqué dans cet
acte. Il faut responsabiliser le client en mettant en avant les enjeux, ce qui
a déjà été fait et ce qui peut encore être
fait. De nombreux hôtels ou chaînes d'hôtels sont sur la
bonne voie. Le souci principal est de ne pas relâcher ses efforts. Faire
un pas dans le sens du développement durable ne veut pas dire cocher une
case. Les hôteliers doivent montrer l'exemple à leurs clients,
leurs inculquer les bons gestes par des moyens ludiques, compréhensibles
et faisables au quotidien. Le développement durable doit être
quelque chose de facile, qui ne soit pas une contrainte et qui procure au fur
et à mesure une satisfaction personnelle.
Il faut faire en sorte d'impliquer le client dans la
démarche développement durable de l'hôtel. L'hôtelier
doit transformer la mentalité de son client en l'incluant dans des
démarches qui lui donneront plus d'importance et d'affect pour le
développement durable. L'hôtel pourrait par exemple proposer
à ses clients de faire des dons pour aider l'hôtel à agir
pour l'environnement. Les fonds ainsi récoltés permettraient
à l'établissement de faire des investissements de
matériaux ou d'équipement pour limiter l'impact environnemental
quotidien de l'hôtel. Le client donateur pourrait suivre en temps
réel ce pour quoi a été utilisé son argent et
pourrait ainsi mesurer sur le court, le moyen et le long terme à quel
point son investissement a été intelligent. Le client devrait
pouvoir également noter et évaluer son hôtel en fonction de
son implication dans le développement durable. Trip Advisor ou d'autres
sites qui recueillent des avis de clients à propos d'hôtel partout
dans le monde devraient monter un formulaire Développement Durable qui
permettrait au client de noter son hôtel d'une manière
différente de ce qu'il fait déjà (situation, rapport
qualité-prix, confort...). Grâce à cela, l'hôtel
aurait une raison de plus de mettre tout en oeuvre pour passer
réellement au développement durable.
56
On pourrait imaginer un questionnaire simple de ce type :
1- Avez-vous remarqué une signalétique de
sensibilisation au développement durable dans cet hôtel ?
2- Vous est-il proposé de conserver plusieurs jours de
suite vos serviettes de bain et vos draps ?
3- Remarquez-vous des détails qui trahissent une
mauvaise gestion des énergies dans cet hôtel ?
4- Le site de votre hôtel a -t-il une orientation
développement durable ?
5- Au petit déjeuner par exemple, avez-vous remarque
les mentions « fait maison » ou « équitable » ou
« made in France » ?
Chaque hôtel de luxe devrait recruter une personne ou un
groupe de personne qui s'occupe exclusivement de la question du
développement durable. Une personne qui soit informée,
dévouée à cette question et qui détiennent
l'efficacité managériale pour motiver les autres salariés.
Un leader développement durable est essentiel pour que les choses
avancent. Des postes devraient être créés dans tous les
hôtels de luxe. Une personne qui a déjà un emploi dans
l'hôtel ne peut bien évidemment cumuler une deuxième
fonction liée à la gestion du développement durable. Il y
a le plus souvent des postes « développement durables »
créés au sein des sièges des hôtels. Cela est bien
mais ce n'est pas suffisant car il faut agir en local et au quotidien pour que
le vrai changement opère. Ce nouveau poste de dépense pour
l'hôtel sera en fait un atout majeur permettant à l'hôtel de
se développer durablement, dans un environnement sain et permettra aux
autres métiers de l'hôtel de peut-être mieux comprendre les
enjeux. L'expertise de cette personne sera alors une force pour
l'hôtel.
Il faudrait aussi, parallèlement à l'embauche
d'un expert en développement durable, développer des supports
ludiques et bien faits pour sensibiliser les membres de l'hôtel à
des actions en faveur du développement durable. Prendre le temps
d'expliquer les enjeux, donner des exemples qui s'appliquent aussi bien au
niveau personnel qu'au niveau d'une entreprise.
57
Comprendre grâce à ces supports, les
bénéfices sur le long terme. Le team building, très en
vogue aujourd'hui pourrait très bien passer par un défi commun
qui serait de changer quelques habitudes. Il faut réussir à
dédiaboliser le passage au développement durable en trouvant les
bons mots, les bons supports et les bonnes personnes pour tenir ce rôle
de leader développement durable.
Cette démarche doit être soutenue par tous une
fois en place. A terme, le but est qu'un client ou un nouvel employé ne
puisse pas passer à côté des implications
environnementales, sociales et économiques de son hôtel.
Les initiatives prisent par un groupe hôtelier en faveur
du développement durable sont bonnes tant qu'elles n'empêchent pas
les initiatives personnelles des hôtels de ce même groupe. Le fait
de devoir toujours en référer à son groupe pour pouvoir
mettre telle ou telle action en place, fait perdre de sa
spontanéité à un projet. En effet, mettre en place une
action en faveur du développement durable est très important. Il
semblerait que l'attente de validation puisse mettre à mal cette
ambition voire l'annuler totalement. Les hôtels inscrits dans de grands
groupes devraient tous avoir une marge de manoeuvre concernant certaines
décisions. Le client, sensible aux actions en faveurs du
développement durable dans l'hôtellerie de luxe,
apprécierait cette prise de position sans avoir toujours l'impression
que les actes de l'hôtel qu'il affectionne sont toujours guidés
par le groupe référent.
58
7 Conclusion
Le luxe est intemporel. L'hôtellerie de luxe l'est tout
autant. Qui veut dire intemporel doit aussi dire capable de vivre avec son
temps pour passer les années, les siècles. Si le luxe n'est pas
une mode, il est une référence depuis la nuit des temps. Etre une
référence veut aussi dire savoir donner l'exemple. Si le luxe
donne l'exemple dans beaucoup de domaines avec brio, il est un peu moins expert
quand il s'agit de développement durable comme nous avons pu le
constater. Le challenge de demain pour le luxe serait de rattraper son «
retard » dans le développement durable et de prendre une place de
leader sur ce sujet. L'hôtellerie de luxe a un très grand
rôle à jouer là-dedans. Très puissante, mais aussi
implantée dans différentes cultures, l'hôtellerie de luxe
peut toucher le plus grand nombre. C'est en agissant à la fois
localement et aussi mondialement que l'hôtellerie de luxe trouvera sa
voie d'exemplarité dans cette nouvelle manière de concevoir les
choses. A la problématique suivante: « dans un contexte
international qui met de plus en plus l'accent sur le Développement
Durable, l'hôtellerie de luxe, secteur régit par de nombreuses
contraintes économiques, humaines et environnementales est-elle
prête à s'ouvrir à de nouvelles manières d'envisager
l'avenir? », la conclusion qui ressort est que ce secteur n'est pas encore
totalement prêt et n'a pas toutes les cartes en main. La motivation est
pourtant là dans la plupart des cas mais les moyens et outils pouvant
aider à dépasser certaines appréhensions sont encore trop
faibles et rares et peu soutenus.
Du côté client, une sensibilisation est
nécessaire. Il ne s'agit plus seulement de parler de
développement durable, il faut maintenant comprendre et intégrer
au quotidien des mécanismes en faveur du développement durable.
Pour que le développement durable fonctionne dans l'hôtellerie, il
faut une implication de tous les côtés, aussi bien du
côté du client, que du fournisseur, que de l'hôtelier ou
encore à plus grande échelle du côté du groupe. Pour
que cette transitions soit désormais possible et qu'elle puisse etre
durable, il faudrait en plus d'une implication des hôtels, clients,
fournisseurs, une implication encore plus grande des pouvoirs publics. Des
aides de l'Etat en faveur du développement durable dans
l'hôtellerie de luxe seraient à coup sûr très bien
accueillies.
En France, nous avons un certain retard par rapport à
d'autres pays comme l'Allemagne par exemple qui a déjà
opérée sa transition développement durable dans de divers
secteurs
59
économiques. Pour rattraper ce retard, nous avons vu
qu'il fallait passer par une meilleur compréhension des enjeux du
développement durable. Une meilleure compréhension mais aussi un
meilleur suivi des opérations en cours. La tendance dans
l'hôtellerie de luxe en France est de mettre en place un certain nombre
de mesures environnementales, sociales ou économique mais ensuite de ne
pas aller plus loin par faute de motivation générale la plupart
du temps.
L'humain est au coeur du développement durable, le
service au coeur de l'hôtellerie de luxe. L'hôtellerie de luxe ne
serait rien sans l'humain. Si tous ces aspects sont aussi liés entre
eux, c'est qu'ils peuvent très bien fonctionner ensemble. Moins
d'exubérance, plus d'éthique, c'est la clé de la
réussite de « l'entrée » du luxe dans le
développement durable. Le luxe dont l'hôtellerie de luxe fait
aussi partie revêt de multiples visages. Cette possibilité
d'adaptation qui est propre au luxe est en parfaite adéquation avec un
monde en proie à des mutations constantes, dans un panorama de
mondialisation toujours plus important, où les désirs, les
personnes changent constamment.
Pour aller plus loin dans la question du développement
durable et de l'hôtellerie de luxe, pourquoi ne pas se demander
également si le tourisme tel que nous le connaissons aujourd'hui n'est
pas voué à changer radicalement ? Peut-être allons-nous
vers la fin du tourisme tel que nous le connaissons. Serons-nous contraints de
changer notre manière de consommer par la force des choses ou
aurons-nous pris conscience assez tôt de ce besoin de changer pour
prendre les devants ?
Avant qu'il ne soit trop tard, l'hôtellerie de luxe et
à fortiori le luxe doivent intégrer le développement
durable dans leurs rouages. Cette citation d'Oscar Wilde reflète
l'état d'esprit dans lequel il faut continuer cette transition : «
La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les
perdre de vue lorsqu'on les poursuit ».
8 Bibliographie :
- BUCKLEY R, Ecotourism: Principles and Practices,
éditions CABI, 2009
- BRUNEL Sylvie, A qui profite le développement
durable ? Editions Larousse, 2008 - CASTEREDE Jean, Le Luxe,
éditions Puf, Collection Que sais-je, 2012
- DEVANNE J-M, Ecologie, esthétique et
personnalisation, « Hébergement touristique du futur - Analyses
croisées », Editions ESPACES Tourisme & Loisirs,
Collection Revue ESPACES Tourisme et Loisirs, n°275, novembre 2009
- LEFEVRE Jean Christophe, Histoire de l'hôtellerie,
une approche économique, Editions Publibook, Histoire/
Politique, 2011
- LOCHARD Cécile, MURAT Alexandre, Luxe et
développement durable : La nouvelle alliance, éditions
Eyrolles, 2011
- MANCEBO François, Développement Durable,
Editions Armand Collin, Collection 128, 2013
- ORIGET DU CLUZEAU C, VICERIAT P, Le tourisme des
années 2020 : des clés pour agir, éditions La
Documentation Française, 2009
- JACKSON Tim, Prospérité sans croissance.
La transition vers une économie durable, Editions DeBoeck, Collection
Etopia, 2010
- Gestion des ressources humaines et tourisme, Editions
ESPACES Tourisme & Loisirs, Collection Cahier ESPACES, n°101, mai
2009
60
Webographie
61
- RIOUX Nelly, WATKINS Marc, Adapter votre produit
hôtelier à votre clientèle,
http://www.bayonne.cci.fr/js/libs/tiny
mce/plugins/filemanager/files/Tourisme/Adapte zProduitHotelier.pdf,
2008.
- La vision de l'hôtellerie pour l'année 2014
de Sonia Tatar, Directrice générale des Roches Worldwide,
http://suiv.me/3476 , Tendance
Hôtellerie 6 janvier 2014.
- From Ship to Shore: Sustainable Stewardship in Cruise
Destinations, Conservation International,
http://www.celb.org/ImageCache/CELB/content/downlo
ds/fromshiptoshore_2epdf/v1/fromshiptoshore.pdf, 2006.
- Responsible Tourism Institute,
www.sustainabletourism.com
- Vers un tourisme durable : Guide à l'usage des
décideurs,
www.uneptie.org/pc/tourism/library/A%20Guide%20for%20Policy%20Makers.ht
Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE),
|