Chapitre 1
1 Détonations en phase gazeuse et
détonations hétérogènes gouttelettes
liquide/gaz
1.1. Généralités sur les
détonations en phase gazeuse
1.1.1. Introduction
Dans les années 1870-1883, les premières
observations des détonations en phase gazeuse ont vu le jour. Ce n'est
qu'en 1881, que Berthelot et Vieille ainsi que Mallard et Le Chatelier mettent
en évidence un phénomène de propagation stationnaire
d'ondes supersoniques de combustion. Ce phénomène sera
nommé onde explosive et actuellement connu sous l'appellation de
détonation.
Le premier modèle de détonation voit le jour
avec Chapman [1889] et Jouguet [1905]. Ce modèle assimile la
détonation à une discontinuité monodimensionnelle plane se
propageant avec une célérité supersonique dans un fluide
réactif supposé parfait et qui transforme instantanément
le fluide réactif (milieu des gaz frais) en produits de
détonation c'est-à-dire en gaz brûlés à
l'équilibre thermodynamique dit état final « Chapman-Jouguet
» CJ.
Zeldovitch, Von Neumann et Döring ont proposé dans
les années 40, un modèle plus réaliste décrivant
l'onde de détonation plane et stationnaire comme étant une onde
de choc dont la propagation supersonique est entretenue par les
réactions chimiques qu'elle initie avec un certain délai.
1.1.2. Modélisation de la détonation
[Chapman, 1899 ; Jouguet 1905]
Le modèle Chapman-Jouget (CJ) assimile la
détonation à une surface de discontinuité plane,
d'épaisseur infiniment mince, perpendiculaire à
l'écoulement et totalement réactive qui se propage à la
célérité D. L'onde de détonation ? se
déplace à une célérité de propagation D dans
le référentiel lié au laboratoire. (figure 1.1)
Gaz frais
????, ????, ????, ????
Gaz brûlés E
W1
D
????, ????, ????, ????
W0
Gaz brûlés
Gaz frais
????, ????, ????, ????
E
??1
????, ????, ????, ????
D
??0
référentiel lié au laboratoire (a)
référentiel lié à l'onde (b)
Figure 1.1 - L'onde de détonation dans
différents systèmes de coordonnées (a) par rapport au
laboratoire et (b) par rapport à l'onde
W0 = -(D - ??0) ???? W1 = -(D - ??1) (1.1)
avec : W0 et W1 qui sont respectivement la
vitesse du gaz frais et des gaz brûlés par rapport à l'onde
de détonation.
Ce modèle a pour hypothèses que :
· l'onde de détonation est supposée plane,
monodimensionnelle et stationnaire.
· le mélange réactif est parfait et
uniforme
· l'écoulement est adiabatique, sans pertes
d'énergie aux parois et les phénomènes de dissipation sont
négligés.
Les équations de conservation de masse, de
quantité de mouvement et d'énergie par rapport au
référentiel lié à l'onde découlent de ces
hypothèses :
??1W1 = ??0W0 (1.2)
??1W12 = ??0W02 (1.3)
h1 +
|
W2
1
2
|
= h0 +
|
W2
0 (1.4)
2
|
|
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Où ??, ?? ???? h représentent respectivement la
masse volumique, la pression et l'enthalpie absolue. Par combinaison de
l'équation de conservation de masse (1.2) et celle de
la quantité de mouvement (1.3) dans un plan (??, ??)
(figure 1.2) avec ?? = 1/?? qui est le volume spécifique,
l'expression du débit massique est la suivante :
??2
-??2 = -??0 = 0
??0 2
|
??1 - ??0
= (1.5) ??1 - ??0
|
|
De cette équation (1.5) et par combinaison de (1.2) et
(1.3), on trouve les vitesses relatives à l'onde :
??1 - ??0
??0 = ??0v (1.6) ??0 - ??1
??1 - ??0
??1 = ??1v (1.7) ??0 - ??1
En substituant ??0 ???? ??1 à
l'équation de conservation d'énergie (1.4) à l'aide des
expressions (1.6) et (1.7), l'équation de l'adiabatique dynamique ou
adiabatique de Crussard dans le plan (??, ??) est obtenu :
1
h1 - h0 = 2 (??1 - ??0)(??0 + ??1) (1.8)
En ajoutant la chaleur de réaction ?????? = -??? h* =
h0* - h1* ( h* est l'enthalpie
de
^ ^
référence à la température ??*),
et l'enthalpie sensible h
|
telle que : h
|
= h - h*.
|
|
Il vient :
1
^ - h0
h1 ^ - ??P?? = 2 (??1 - ??0)(??0 + ??1) (1.9)
P
zone de détonations
fortes
zone de détonations
faibles
Pcj
Po
F
CJ
f
v
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Figure 1.2 - Droite de Rayleigh-Michelson et
adiabatique de Crussard dans le plan (p, y)
L'étude de l'existence de solutions physiques au
système peut être illustrée par la représentation
dans le plan (P, y). Les droites de Rayleigh-Michelson (RM) et
l'adiabatique de Crussard (C) issues des conditions initiales du mélange
réactif, sont représentées à la figure 1.2. Trois
cas existent :
· la droite de Rayleigh-Michelson n'a pas d'intersection
avec l'adiabatique de Crussard, il n'y a donc pas de solution pour la
propagation de la détonation.
· la droite de Rayleigh-Michelson coupe la droite de
Crussard en deux points « F » et « f » se situant
respectivement dans une zone de détonations « fortes » et une
zone de détonations « faibles ». Il est à noter que les
détonations faibles n'ont jamais été observées
expérimentalement, seul le point F est observé pour des
célérités D supérieures à
Dcj.
· la droite de Rayleigh-Michelson est tangente à
l'adiabatique de Crussard au point CJ dit Chapman-Jouguet : cette solution
unique correspond à une propagation d'onde de détonation sonique
par rapport aux gaz brûlés, cela permet à l'onde de ne pas
être rattrapée par une onde de détente, et donc de se
propager de façon stable et autonome. En ce point, la
célérité de détonation est minimale.
Graphiquement, lorsque la pression atteint une valeur
au-delà de Pcj , la zone de détonations fortes est
atteinte, en deçà de celle-ci la zone de détonations
faibles est atteinte. (cf. Annexe AI : étude détaillée
de l'état Chapman-Jouguet)
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