Année universitaire 2017-2018
UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT ECONOMIQUE ET SOCIAL
LA PROTECTION JURIDIQUE DE LA MONNAIE NATIONALE FACE
A LA DOLLARISATION : DEPRECIATION DU FRANC CONGOLAIS
DE 2016 A 2018
Par
TCHIKU NTALE Dieu-merci Gradué
en droit
Mémoire présenté et défendu en vue de
l'obtention du grade de licencié en Droit
Directeur : NAMAYELE ben BATHWA Professeur
Rapporteur : AFILI POKHO Godefroid Chef de
Travaux
i
EPIGRAPHE
"Le risque d'affaiblissement du pouvoir de
réglementation nationale en R.D.C, fait naitre de nouvelles
anxiétés".
Rodrigue NTUNGU
ii
DEDICACE
A mes parents : Déogratias MUDERWA NTALE, mon
père, et Fidéline KAHAMBU SITWAMINYA, ma
mère.
iii
REMERCIEMENTS
Que la gloire soit rendue à Dieu, Tout-puissant,
pourvoyeur de nos besoins ; Lui qui nous a donné la force,
l'intelligence et la sagesse de réaliser ce travail, fruit de notre
patience durant cinq années d'études universitaires.
Au moment où nous achevons la rédaction de notre
travail de mémoire, couronnant le deuxième cycle en Droit
économique et social de l'Université de Kinshasa, nous nous
faisons l'agréable devoir d'exprimer nos vifs remerciements à
tous ceux dont le concours nous a été précieux pour sa
réalisation.
Notre expression de profonde gratitude s'adresse
particulièrement au professeur NAMAYELE ben BATHWA, en acceptant
d'assurer la direction de la présente étude, gage de sa caution
scientifique à nos prémisses juridiques. Ses précieuses
orientations nous ont été d'une grande utilité.
Nous exprimons également notre reconnaissance au Chef
de travaux AFILI POKHO Godefroid, pour la disponibilité dont il a su
faire montre chaque fois que nous sollicitions son concours.
Une marque particulière à mon père qui a
su être dur envers lui-même pour que je n'aie pas de
problème financier durant mon parcours académique. A mon Oncle
Benjamin SIVASIMA, à Timothée TSHIMANGA, et au Chef de travaux
Jacques Kambale BIRAMBOVOTE.
A mes frères Trésor USHINDI NTALE, Chance TCHITO
NTALE et Gloire NTALE ; qu'ils trouvent en ce travail, le meilleur cadeau que
j'offre à la famille NTALE, comme gage de sa fierté.
iv
Nos remerciements s'adressent à Jean-Noé RAFIKI,
Gloire NZANZU, Salima SALIBOKO et à tous les autres amis qui nous ont
tenu compagnie tout au long de notre parcours académique. Note
spéciale à la famille visionnaire du M.J.V et à ses
partenaires.
Que ceux qui ne sont pas nommément cités sous ce
registre trouvent ici l'expression de notre gratitude.
TCHIKU NTALE Dieu-merci
5
INTRODUCTION
I. PROBLEMATIQUE
Le taux de change s'est fortement
déprécié en dépit de nombreuses interventions de la
Banque Centrale du Congo en considérant le taux de change partant de 945
francs congolais à 1650 francs congolais le dollar américain
entre les années 2016 et 2018.
Cette situation de dépréciation de la monnaie
locale n'a pas manqué à affecter l'économie nationale et
la vie sociale. Les experts financiers disent que tout part du régime de
change, pour rétablir ce déboire. Il va sans dire que le regime
de change est un enjeu majeur pour un système monétaire
consolidé. Une fois il est stabilisé, le système
monétaire s'apprécie automatiquement. A notre humble avis, cette
alternative ne peut passer que par des lois.
C'est pourquoi, le droit en tant qu'instrument de
régulation de la vie sociale est idéalement mis en appel pour
tenter d'assouplir les règles de la politique monétaire
émises par la banque centrale au niveau interne et celles des
institutions de Bretton Wood au niveau international. Il corrige les erreurs
des lois par modifications ou révisitation, et propose d'autres
mécanismes de régulation par remplacement d'une loi non conforme
par une autre.
Il est vrai que la question de compétence pourrait se
poser entre le parlement et la Banque centrale pour ce qui concerne la
régulation du système monétaire et de change ;
étant donné que la Constitution de la République et la loi
portant organisation et fonctionnement de la Banque Centrale du Congo,
instituent la Banque Centrale du Congo comme l'autorité de politique
monétaire, dotée de l'autonomie de gestion et de
régulation. Toutefois qu'il s'agisse de la politique
6
monétaire ou de l'intervention parlementaire, toutes
concourent à l'instauration de la
dédollarisation.
Il s'en dégage ensuite un dilemme dans la mesure
d'appliquer la politique et la réglementation de la
dédollarisation. A la prise du pouvoir par le président Mzee L.
D. Kabila, le gouvernement a essayé de dédollariser
l'économie nationale par des lois mais de manière
brusque1. Les conséquences n'ont pas été
fameuses.
Pour ce qui concerne la réglementation communautaire
avec le droit OHADA, les actes uniformes restent muets sur un régime de
protection des monnaies locales des Etats parties. La monnaie étant ce
qu'est le sang dans le corps, il est deséquilibrant que le droit OHADA
ne prévoit pas dans ses actes uniformes un système
monétaire légalisé aux fins de protéger
l'économie de ses Etats membres des vagues inflationnistes dues à
l'imposition des monnaies étrangères.
Il en est de même pour la RDC qui devra mettre en jeu
double mécanisme de protection de sa monnaie locale : Les protections
extra-juridiques et les protections juridiques. Pour ce qui est des protections
extra-juridiques, l'Etat n'est pas encore à la hauteur de cimenter la
politique de production, de transformation et d'exportation mais aussi de
création des banques commerciales purement locales. La stabilité
politique peine à se consolider malgré les progrès
démocratiques d'organisation du troisième cycle électoral
et le premier pas de l'alternance politique engagé.
La moralisation des mandataires publics de l'Etat, des
administratifs et des politiques contre le fléau des
détournements des deniers publics, de blanchiment des capitaux et de
corruption demeurent un défi difficilement rélevable.
Quant aux protections juridiques, le dilemme se pose entre la
loi n°005/2002 du 7 mai 2002 portant organisation et fonctionnement de la
Banque
1 Article 3 du décret-loi n°080 du 17 Juin
1998 portant institution du franc congolais
7
Centrale du Congo et l'idéal de rendre effectif
l'autonomie de la Banque Centrale du Congo.
Manifestément, les politiques monétaires
émises par cette institution, ont montré des limites depuis 2016.
La crise monétaire relèvant d'une question de la
souveraineté de l'Etat, la Banque Centrale devrait collaborer
désormais avec les autres institutions de la République pour
palier au problème de change et de monnaie, idéalement le
gouvernement et le parlement.
Cette loi précitée autorise la collaboration
entre la Banque Centrale du Congo et le gouvernement en ce qui concerne la
politique monétaire. Il s'agit aucunément pas d'un souci
politique ni légal d'autonomiser la Banque Centrale du Congo.
Il se dégage par ailleurs, un autre questionnement
découlant du décret-loi n°004/2001 du 31 Janvier 2001
portant régime de change applicable en République
Démocartique du Congo. Ce décret-loi autorise la circulation de
la monnaie locale concurremment avec les monnaies étrangères
alors que la Constitution du 18 Février 2006 telle que modifiée
à ces jours ne reconnait qu'une seule monnaie ayant cours légal
en RDC, le franc congolais. D'où il est d'urgence que le parlement
statue sur la dédollarisation des lois de la République avant
d'espérer à la prospérité monétaire
locale.
Faut-il préciser enfin que, le franc congolais n'est
pas convertible en dehors de nos frontières alors que le dollar
américain l'est presque partout avec un taux de parité
très élévé que les monnaies locales des pays
africains. Avec un régime de change flottant à parité fixe
où l'Etat n'est pas tenu d'intervenir au marché, le franc
congolais présentera toujours de vulnérabilité en terme de
convertibilité à l'extérieur. Le droit OHADA doit donc
uniformiser les chances de convertibilité des monnaies locales de ses
Etats-parties.
8
Il est curieux qu'en RDC, les lois gouvernant les
activités génératrices des taxes ne les fixent pas en
monnaie nationale. La taxe sur la valeur ajoutée instituée par
l'ordonnance-loi n°001/2012 du 21 Septembre 2012 modifiant et
complétant certaines dispositions de l'ordonnance-loi n°10/001 du
20 Août 2010 portant institution de la Taxe sur la Valeur Ajoutée
; ne précise nulle part l'exigence de payement de cette nouvelle taxe en
monnaie nationale. Il en est de même avec le code du travail en vigeur en
RDC, de la loi n°10/10 du 27 Avril 2010 relative aux marchés,
à la passation des marchés publics, à leur
exécution et au contrôle, et de toutes les lois
réglementant les secteurs divers où ont lieu différentes
transactions, services de perception de quelle que taxe que soit et tout
service rémunérateur.
En amorcant l'analyse de plus près, notre
préoccupation gravite autour des trois questions suivantes :
? Quel système monétaire pour l'économie
congolaise ?
? Quelle nature de protection attend-t-on du parlement pour
recouvrer l'appréciation du franc congolais ?
? Avec quelle intensité faudra-t-il appliquer la
dédollarisation ?
C'est dans notre hypothèse que nous allons tenter de
répondre aux trois questions préposées dans la
problématique.
II. HYPOTHESE DU TRAVAIL
A ce stade de notre travail, nous pensons qu'un système
de change fixe à seule monnaie devant avoir cour légal au pays,
le franc congolais est indispensable pour un système monétaire
national très efficace ; étant donné que le change a
toujours été, depuis la nuit de temps, un outil de
compétitivité pour garantir l'appréciation de la monnaie
locale vis-à-vis de la dominante monnaie étrangère sur le
marché financier et monétaire interne.
9
Ensuite, la nature de l'implication du parlement devra
être celle de procéder à la modification, à la
révisitation des dispositions légales et reglémentaires
pour raison de précisions que tous les frais de services destinés
aux employés, toutes les taxes réservées au compte du
trésor public, salaires, primes et toutes perceptions doivent être
exprimées en monnaie locale mais aussi instituer le franc congolais
comme seule monnaie devant avoir cours légal au pays.
Enfin, nous soutenons par anticipation que pour
préserver le système monétaire congolais des crises
potentielles, il faudra appliquer la dédollarisation de manière
douce et sans brutalité mais de manière très
déterminante.
III. CHOIX ET INTERET DU SUJET
Le choix porté sur le sujet dont il est question ici a
été guidé par le souci d'approfondir nos connaissances sur
les mécanismes juridiques de protection de notre monnaie nationale, le
franc congolais, devant idéalement régner en maitre dans notre
économie nationale. Doté d'un étalon faisant office
d'unité de mesure, d'intermediaire des échanges et d'actif de
reserve assez puissante vis-à-vis des monnaies étrangères,
le franc congolais mérite un regard juridique et parlementaire assez
particulière.
Sur le plan ponctuel, le choix de ce sujet se justifie par le
fait qu'il est étroitement lié aux réalités
actuelles de terrain et du système monétaire tant national
qu'international.
Sur le plan scientifique, l'intérêt de ce sujet
est évident pour nous, car il nous permet de saisir certaines normes et
difficultés de régulation du climat des affaires et d'en
améliorer l'arsénal juridique.
10
Sur le plan législatif, ce sujet revêt un
intérêt important dans la mesure où des connaissances bien
faites sur la protection juridique du franc congolais pourront éclairer
le parlementaire congolais à amenager des textes de lois beaucoup plus
protectrices de notre monnaie nationale en remplacement des lois en faveur de
la monnaie étrangère.
Sur le plan social, avec des lois régissant ce secteur,
les entreprises et les menages, les investisseurs, les politiques, à
l'occurence, pourront prendre des initiatives de consommation, de production,
d'investissement et de gestion mieux fondées, permettant une allocation
plus efficace des ressources mettant notre monnaie locale en position
protégée.
IV. DELIMITATION DU SUJET
Pour saisir la quintessence de notre travail, nous avons
pensé le circonscrire dans le temps et dans l'espace, afin
d'éviter le risque de tout débordement durant nos
investigations.
? Du point de vue spatial, notre étude se focalise
principalment sur la République Démocratique du Congo ;
? Quant à l'aspect temporel, notre analyse fait l'objet
d'une étude partant de 2016 à 2018 en ce sens que l'année
2016 marque le début de la récente perte de valeur de
l'unité monétaire du franc congolais.
11
V. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE
A. METHODE DE TRAVAIL
Pour atteindre la vérité qu'elle poursuit, toute
recherche est en droit de déterminer préalablement la
démarche scientifique à suivre. C'est cette démarche
scientifique qu'on appelle communément la méthode et dont les
acceptions varient d'un auteur à un autre.
M. GRAWITZ note avec raison que ce sens général
de la procédure logique inhérente à toute démarche
scientifique permet de considérer la méthode comme " l'ensemble
d'opérations intellectuelles, par lesquelles une discipline cherche
à attreindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie".2
En principe, il ya un rapport direct entre l'objet d'une
recherche et la méthode utilisée. Dans le contexte de notre
étude, nous avons recouru à la méthode systémique.
Cette dernière fonde l'analyse de l'objet et l'explication sur la notion
de système.
En effet, le système est un ensemble
d'éléments en intéraction tels qu'une modification
quelconque de l'un d'eux entraine une modification de tous les
autres.3
De cette définition il ressort que :
- La méthode systémique met au centre, non une
unité ou un élément, mais une unité complexe, "un
tout" qui ne réduit pas la somme de ses parties constitutives ;
2 GRAWITZ M., Méthodes de recherche en
Sciences Sociales, Paris, Ed. Dalloz, 2001, p.351.
3 MARC E., et PICHARD D., L'école de PALO
ALDO, un nouveau regard sur les relations humaines, Paris, Ed. Retz,
2000, p.25
12
- Elle consiste à se situer à un niveau
pluridisciplinaire qui permet à la fois de concevoir l'unité de
la science et d'établir la différence entre lesdites sciences,
non seulement selon la nature matérielle de leur objet, mais selon le
type et les complexités des phénomènes d'association et/ou
organisation.
Dans le cas d'espèce, ces caractéristiques de la
systémique correspondent parfaitement à l'architecture juridique
de l'économie nationale comme un système composé des
sous-systèmes interconnectés, notamment celui de la monnaie, qui
remplissent des fonctions qui concourent au fonctionnement et au maintien du
système.
Elles expliquent la monnaie locale de la RDC, le franc
congolais en la considérant comme un élément remplissant
une fonction bien déterminée dans la consolidation d'une
économie forte et d'un droit monétaire exhaustif.
Au delà de la méthode systémique, pour
mieux cerner le questionnement, nous avons estimé opportun de recourir
à la méthode dialectique.
En effet, selon Platon, la dialectique est une méthode
ou un genre de connaissance qui repose sur la confrontation de plusieurs
positions de manière à dépasser l'opinion en vue de
parvenir à un véritable savoir. Matthieu Guidère
renchérit en disant qu'il s'agit d'une démarche intellectuelle
qui envisage toujours la chose et son contraire avant d'en déduire une
synthèse.
De cette confrontation de points de vue, proches ou
contradictoires, nous tirerons les conclusions susceptibles de donner un
aperçu général et complet du sujet, autrement dit une
"synthèse" claire et objective impliquant une étude
argumentée.
Ceci dit, il échoit d'indiquer que cette méthode
d'analyse dialectique nous a permis d'opérationnaliser le concept de la
"dédollarisation" en passant logiquement par la compréhension de
celui de la "dollarisation"; du capitalisme et
13
celle du socialisme et aussi, apprécier l'état
du changement quantitatif vers le changement qualitatif à travers les
mesures gouvernementales qui du reste concourent à l'amélioration
du système monétaire congolais et par là la situation
sociale des populations; car il n'ya pas de prospérité sociale
sans prospérité économique, et les deux sont liées
par la loi de la connexion universelle.
B. TECHNIQUES DE RECHERCHE
Les techniques de recherche sont des outils de la recherche
qui impliquent les procédés de collectes des données
adaptées à la fois à l'objet de la recherche, à la
méthode d'analyse adaptée et surtout au point de vue qui guide la
recherche.4 Pour collecter les données qui nous ont permis
d'élaborer ce travail, nous nous sommes servis des techniques de
recherches ci-après:
- La technique d'observation indirecte ou documentaire qui
nous a permis de consulter les différents rapports de la banque centrale
du Congo, les textes de lois au journal officiel, les revues scientifiques, les
ouvrages scientifiques, les notes de cours, les rapports des institutions
financères internationales, les monographies, les mémoires, les
différents sites web... pour recueillir les informations utiles à
ce travail. - La technique d'interview au travers des entretiens qui nous ont
été utile pour l'obtention de certaines informations et
données dont nous avions besoin pour confectionner ce travail.
4 S. SHOMBA KINYAMBA, Méthodologie de la
recherche scientifique, Kinshasa, PUK, 2012, p.46
14
VI. PLAN SOMMAIRE
Notre travail s'articule autour de trois chapitres : Le
première traite sur de considérations générales, le
deuxième sur l'analyse du système monétaire national et
international tandis que le troisième et le dernier penche sur le
régime juridique applicable à la protection de la monnaie
locale.
15
CHAPITRE I. DE CONSIDERATIONS GENERALES
Dans ce chapitre, il sera pour nous question de définir
les concepts de base de notre étude, après nous nous exercerons
à la compéhension de ces derniers avant de chuter par
dégager un perçu historique de l'appéciation de la monnaie
locale de la RDC, le franc congolais et l'instabilité politique,
économique, devant nous servir de retroviseur pour éclairer la
religion du chapitre suivant.
SECTION I. DÉFINITION DES CONCEPTS §1.
La protection de la monnaie
A. Protection juridique
Cette notion suppose l'ensemble de règles
émanant de l'autorité législative grâce au pouvoir
législatif lui conféré par les lois de la
République. Le caractère obligatoire de la loi justifie le
caractère protection qu'elle apporte à un sujet, un objet ou une
situation.
B. La monnaie
A. CHAINEAU, cité par J. JALLADEAU définit la
monnaie comme une réserve de valeur inter temporelle qui sert de moyen
de paiement et dont l'utilisation peut être aussi bien immédiate
que differée.5
Partant de cette conception, la monnaie est l'expression d'un
pouvoir d'achat et à ce titre elle sert également :
- D'instrument d'épargne dont la valeur en termes de
pouvoir d'achat dépendra de sa stabilité ;
- De moyen de transport des valeurs dont elle est l'expression
sur tout le territoire ou elle a cours légal.
5 J JALLADEAU, Introduction à la
macroéconomie, Boeck université, Paris, 1998, page 221
16
C. La dédollarisation
La compréhension du concept de la
dédollarisation passe impérativement par l'appréhension de
celui de la "dollarisation". En général, une fois un pays
dollarisé, le phénomène est présenté comme
difficilement réversible si non au prix d'un changement radical de
politique. C'est ce qu'on appelle la "dédollarisation".
La politique monétaire étant focalisée
sur les questions réglées en analyse
monétaire,6 La dédollarisation est une mesure de la
politique monétaire visant à rétablir une monnaie
nationale dans ses trois fonctions classiques, à savoir : Reserve de
valeur, unité de compte, et moyen d'échange ou de paiement...
De manière limpide, la dédollarisation est
l'arrêt de l'utilisation du dollar américain comme monnaie
d'échange, par l'utilisation d'une autre monnaie internationale comme
l'euro ou de la monnaie locale. La dédollarisation a pour antonyme la
dollarisation.
§2. La dollarisation et le franc
congolais
Le néologisme "dollarisation" décrit le choix
pour un pays d'abandonner sa monnaie nationale pour adopter une monnaie
étrangère ou locale. En ce qui concerne illustrativement
l'utilisation de l'Euro hors de la zone Euro, de plus en plus fréquente,
on peut aujourd'hui parler de "Euroïsation".
Bref, la dollarisation est l'adoption du dollar US (ou par
extension, d'une autre devise) comme monnaie d'échange officiellement,
en remplacement de la monnaie locale, ou parallèlement, celle-ci
pâtissant de la défaveur des acteurs
économiques.7
6 Vincent. NGONGA N., Notes de cours de
politique monétaire, Questions générales,
dispensé en première annéé de licence, option
économie monétaire, 2014-2015. p.2
7 Trésor-Gauthier, M. KALONJI,
Dédollarisation de l'économie nationale congolaise : Enjeux
et quelques implications macroéconomiques, Direction des Etudes et
Planifications, Ministère des Finances, RDC,2012, p.3
17
A. La Dépréciation
A. BAUDINOT définie la dépréciation,
comme la perte de la valeur d'une unité monétaire par rapport
à sa parité face à une autre monnaie servant
d'étalon, par rapport au métal en référence du quel
elle a été crée, ou encore par rapport aux biens et
services qu'elle permet d'obtenir.8
De manière assez claire, la dépréciation
est la baisse internationale ou déliberée de la valeur officielle
de la monnaie d'un Etat par rapport à la monnaie d'un autre pays ou
d'une valeur de référence comme par exemple celle de l'or.
B. Le franc congolais
Le franc congolais a été la devise officielle du
Congo belge puis de la République démocratique du Congo jusqu'en
1967 (ISO 4217 CDG) (franc du Congo belge) puis CDZ (zaïre du Congo),
où il fut remplacé par le zaïre.9
Depuis 1998, il remplace le nouveau zaïre (divisé
en 100 makuta). Le franc congolais est divisé en cent centimes.
Étant donné la faible valeur nominale de la monnaie, ceux-ci ne
sont cependant plus utilisés.
La plupart des transactions impliquant des montants
élevés se font en dollar américain pour éviter de
devoir manipuler un gros nombre de billets et pour minimiser le risque de
dévaluation de la monnaie.
Le franc congolais est donc la monnaie officielle de la
République Démocratique du Congo, lancé officiellement en
vigeur dans l'économie nationale en 1998, en remplacement du
Zaïre.
8 A. BAUDINOT, Banque, bourse et commerce
extérieur, CLET éd., Paris, 1981, page 121.
9
www.wikipédia.fr
(09h12, 27 Décembre 2018)
18
C. Taux de Change
Il s'agit de la valeur financière d'une unité
monétaire par rapport à une autre. Pour KABAMBA NTETA, le taux de
change est le prix de la devise étrangère exprimée en
monnaie locale ou le prix de la monnaie nationale exprimée en devise.
Dans la pratique, la plupart des pays définissent le taux
de change comme le prix de la devise étrangère exprimée en
monnaie nationale ; c'est la définition que nous retenons pour notre
travail.10
§3. Les concepts
A. La protection juridique
Il s'agit d'un mécanisme de protection encadré
par les lois de police économique. Dans le cas d'espèce, les lois
de police se rapportent à la monnaie nationale de la RDC. Elle se
diffère de la protection extra-juridique.
B. La monnaie
Nous faisons allusion à la monnaie ayant cours
légal en RDC, celle qui assure l'unitié de compte, et
l'intermédiation des échanges.
C. La dédollarisation
C'est une politique monétaire tendant à
recouvrer l'appréciation de la monnaie locale par le retrait doux de la
monnaie étrangère du marché financier.
10 NTENTA KABAMBA, Economie monétaire
générale, cours inédit, 3e graduat, FSEG,
UNIKIS, 2007-2008.
19
SECTION II. COMPRÉHENSION DES CONCEPTS §1. Du
point de vue des affaires
A. La protection juridique
La priorité nationale et gouvernementale étant
celle de construire un Etat de droit au centre de l'Afrique, un remous
législatif est indispensable pour aérer et raviver le cadre
macro-economique, et ceci passe par tout son système, ses
sous-systèmes, y compris la monnaie locale, considérée
comme du sang dans le corps humain grâce à son rôle
d'intermédiaire d'échanges.
Etant donné que la marche vers la construction d'un
Etat de droit est émaillée aujourd'hui par une intégration
juridique encore en chantier, et au regard du droit qualifié de "raison
suprême" pour servir de cadre légal de protection de tous les
secteurs de la vie sociale économique, etc., la problématique de
la dépréciation du franc congolais doit être
appréhendés tout d'abord dans un contexte juridique ainsi pour
construire un régime de protection de notre économie nationale et
de la monnaie locale de nature efficace et imperturbable.
B. La monnaie
Les fonctions traditionnelles de la monnaie permettent de la
définir
plutôt par ses aspects extrêmement divers :
- La monnaie est une unité de compte
C'est un instrument qui sert à mesurer les autres biens et
services ;
- La monnaie est un moyen de paiement
Elle est à ce titre l'intermédiaire dans les
échanges entre les biens et
services (entre l'offre et la demande ou l'achat et la vente des
biens et services) ;
- La monnaie est une réserve de valeur
Elle sert à conserver le pouvoir d'achat, en d'autres
termes, elle permet
de mettre en réserve de la valeur pour une utilisation
ultérieure.
20
La monnaie est aussi définie en terme d'agrégats
monétaire, à ce titre elle est la sommation entre :
M1 : stock monétaire (monnaie métallique,
fiduciaire et scripturale)
M2 : masse monétaire (stock monétaire et les
dépôts à terme ou quasi monnaie)
M3 : masse monétaire et les instruments
monétaires négociables ou les titres de
placement.11
C. La dédollarisation
Dans l'opinion congolaise, les remous au sujet de la mesure de
la politique monétaire gouvernementale de la "dédollarisation"
n'ont pas manqué depuis sa mise en place en 2012. On avancerait le fait
qu'au moins 20 milliards de dollars américains en circulation en R.D.
Congo évolueraient dans l'informel que l'Etat ne maîtrise pas, on
ne voit pas comment le gouvernement peut présager le succès de sa
politique de "dédollarisation" moins encore sa réglementation.
En effet, selon certains chercheurs, dont le professeur Mabi
Mulumba, 80% de l'économie congolaise est dans l'informel. Les autres
alourdissent ces statistiques, parmi eux l'économiste Thomas Kabeya qui
estime que 4% seulement concernent le secteur formel, soit 90% de
l'économie seraient dans le secteur informel. Une rigueur à la
fois juridique et de politique monétaire doit être
permanente.12
En dépit de tout, il parait important de relever que
des études ont démontré que la décision des Etats
visant à "dédollariser" leurs économies nationales a fait
toutes ses prouesses dans certains Etats comme le Vietnam et la Roumanie. Il ya
à espérer pour recouvrer la valeur financière du franc
congolais.
11 MOKILI BITILASI, Economie monétaire
générale, cours inédit, 3e graduat, FSEG,
UNIKIS, 2011-2012.
12 Trésor-Gauthier, M. KALONJI, Op.cit., p.4
21
§2. La dollarisation et ses différentes
sortes
L'utilisation croissante du dollar américain pour les
transactions réelles et financières est souvent une
réaction des citoyens ou des pouvoirs publics d'un Etat a
l'instabilité de la monnaie nationale. Cependant si l'utilisation du
dollar américain peut donner lieu à plus de stabilité
macro-économique, il peut aussi rendre les systèmes
financièrs plus vulnérables aux crises de liquidité et de
solvabilité.
En outre, il peut être très difficile de
dédollariser même si l'Etat a continué d'utiliser
parallèlement sa propre monnaie et s'il en a stabilisé la
valeur.
La dollarisation a donc des conséquences profondes pour
l'économie de l'Etat qui adopte cette politique. Puisque l'Etat perd
toute capacité à ajuster les fluctuations de l'économie
par la politique monétaire et de taux de change. Il ne peut plus jouer
de la planche à billets afin de réguler son endettement par les
mécanismes d'inflation et de déflation ; il perd sa
capacité à dévaluer et réévaluer sa monnaie
; et c'est aussi une perte économique pour la perception des droits
seigneuriages inhérents à la création de monnaie par la
banque centrale.
Sortes de dollarisation
Il en existe deux : la dollarisation totale ou complète
et la dollarisation partielle et incomplète.
· la dollarisation totale ou
complète
Quelques Etats et aires utilisent le dollar américain
comme monnaie officielle ; malgré l'existence de leurs monnaies
nationales. Equateur, Micronésie, Iles vierges britanniques, Marshall,
Panama, Salvador, etc.
· la dollarisation partielle ou
incomplète
La "dollarisation" peut être aussi un
phénomène économique spontané, dû à
l'utilisation croissante d'une monnaie dans une économie. On parle alors
de "dollarisation partielle ou incomplète » : Russie avec le dollar
; maghreb avec l'Euro ;
22
ou des zones frontalières comme en Europe, la ville de
Genève ; certaines parties d'Irlande du nord, ou
Gibraltar.13
Elle concerne le plus les économies émergentes
et celles en transition. Certains autres Etats et aires utilisent une monnaie
nationale liée au dollar américain à parité fixe :
Antigua-et-Barbuda, Bahreïn, Belize, Djibouti..., République
Démocratique du Congo.
A. La dépréciation
Faut-il dire que si 920 francs congolais permettaient
d'obtenir en 2015 un dollar américain et qu'en 2016 à 2018 la
même quantité de francs congolais soit 920 francs congolais ne
permet plus que d'obtenir 0,56 dollars américain, le franc congolais
s'est déprécié par rapport au dollar et son pouvoir
d'achat s'est dégradé par rapport à la monnaie
étrangère.
Ahmed SILEM et J.M ALBERTINI, s'entendent et disent
qu'appliqués à la monnaie, la dépréciation est la
réduction du pouvoir d'achat de la monnaie par suite, sur le plan
interne de la hausse des prix et sur le plan externe de la
détérioration des termes de l'échange.14
Ainsi la dépréciation malgré qu'elle soit
aussi un signe avant coureur de la dévaluation si elle est durable, ne
doit pas être confondue à cette dernière qui est le
changement en baisse de la parité officielle d'une monnaie,
destinée à rétablir l'équilibre des paiements
extérieur; la dévaluation apparait donc en définitive
comme la diminution de la parité officielle d'une unité
monétaire voulue dans un régime de change fixe, contrairement
à la dépréciation qui est la diminution de la valeur d'une
monnaie due à la confrontation de l'offre et de la demande de cette
monnaie sur le plan interne dans un régime de change flottant ou
flexible.
13 Idem.
14 A. SILEM et JM. ALBERTINI, Lexique
d'économie, 8e édition, Paris, Dalloz, 2004, page
144
23
Dans le cadre de notre étude nous définissons la
dépréciation comme la perte de la valeur de l'unité
monétaire due par la force du marché.
B. Le Franc congolais
Le franc congolais était la monnaie de la
République démocratique du Congo jusqu'en 1967, et avant du Congo
belge. Il fut remplacé par le zaïre avec une valeur de 0,50 dollars
américains.
Relancé en juin 1998, le franc congolais valait 0,72
dollar américain. Au 25 septembre 2008, il fallait 561,320 francs pour
obtenir 1 dollar américain. Au 24 juillet 2009, il fallait 771,0750
francs pour obtenir 1 dollar américain. En avril 2018, 1 000 francs
congolais valent 0,64 dollar américain ou 0,52 euro.
Le Franc congolais ne comporte pas de pièces de
monnaie. Les billets de banques mis en circulation à l'origine sont en
vigeur jusqu'à lors. En définitive, la dépréciation
du franc congolais est en évolution au regard de l'histoire.
C. Le taux de change
Il convient de noter que dans les modalités de fixation
du taux de change, deux régimes s'opposent :
- Régime de change fixe
Il est caractérisé par l'existence d'une
parité officielle de référence ; la banque centrale ou la
banque d'émission est chargée de faire respecter cette
parité en intervenant sur le marché de change grâce
à ses réserves des devises.
- Régime de change flexible
En régime de change flexible, les fluctuations du
marché sont libres et l'autorité monétaire n'est pas tenue
d'intervenir sur le marché de change.
Au milieu de ces 2 régimes il ya le régime de
change intermédiaire qui est ni flexible pur, ni fixe pur ; il est
souvent adopté pour conserver les avantages du change fixe tout en
permettant la flexibilité et l'adaptabilité du change flottant
;
24
Notons que le flottement impur est le régime de change
en pratique en RDC, qui est flexible accompagné des interventions de
l'autorité monétaire.15
SECTION III. APERÇU HISTORIQUE DE
L'APPRECIATION DE LA MONNAIE LOCALE, L'INSTABILITE POLITIQUE ET ECONOMIQUE
EN
RDC
§1. APERCU HISTORIQUE DE L'APPRECIATION DE LA
MONNAIE
LOCALE
A. Les causes socio-politiques
Les concepts de la dollarisation et de la
dédollarisation ayant été plus ou moins suffisamment
sus-éclaircis, l'on s'interroge alors sur la manière dont au fil
du temps l'économie congolaise s'est monétairement
dollarisée.
Pour répondre à cette préoccupation, nous
nous référons à une gamme de recherches richement
fournies, dont une étude de haute portée qui a été
conjointement menée par deux économistes congolais, à
savoir Kola Lendele et Joseph Kamanda Kimona-Mbinga, respectivement de la
banque centrale de Luxembourg et de l'Université du Québec
à Outaouais. Ladite analyse est intitulée : "Nature et
spécificité de la dollarisation de l'économie congolaise
(R.D.C)".16
En effet, pour ces chercheurs, l'instabilité
socio-politique connue dans notre pays depuis les années
d'indépendance jusqu'à la 3e République, ont
entrainé une desintégration graduelle de l'économie
nationale marquée en général par des hyperinflations et
hyperdépréciation de la monnaie nationale, dont les chiffres
scandaleux font montre par exemple en 1994 d'un taux annuel d'inflation ayant
atteint 10.000 % ou encore 500% en 2000.
15 Aimé TSHIBUYI L., « Incidence de
la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar
américain sur la consommation des menages de Kisangani de 2006 à
2010 », Mémoire 2011-2012, p.7
16 Kola Lendele et Kamanda Kimona-Mbinga, Nature et
spécificités de la dollarisation de l'économie
congolaise(RDC), Monde en développement, 2/2005, n° 130,
p.41-62
25
B. Les causes économiques
Sur toute la décennie 1990 et au début des
années 2000, l'économie congolaise a accumulé plusieurs
déséquilibres macro-économiques. Les comptes
extérieurs du Congo ont ainsi enregistré des déficits
graves au niveau de la balance courante, ayant avoisiné 12% du PIB.
Ils ont été couverts par une accumulation des
arriérés de payements de la dette extérieure.
Parellèlement à ces défis extérieurs, l'Etat n'a
cessé d'accumuler des déficits des finances publiques (7% du PIB
en moyenne jusqu'en 1998), financés exclusivement par les avances de la
banque centrale. Ce recours systématique à la planche à
billets, dans un contexte de contraction sensible de la production, a
entrainé l'économie dans une spirale d'hyperinflation et
d'hyperdépréciation de la monnaie domestique.
C. Les causes sentimentales et morales
Comme on peut le constater, la monnaie nationale n'a pas
résisté aux dommages causés par une inflation forte et
variable. Elle a vite été abandonnée au profit des
monnaies étrangères stables et plus particulièrement au
profit du dollar américain. Le public résident a en effet perdu
confiance en la monnaie nationale dont la valeur réelle n'a cessé
de s'éroder au fil du temps, et s'est plutôt confié en la
devise étrangère qui lui semble prestigieuse.
C'est ce que l'Economiste congolaise Marie-Brigitte Nkoo,
Professeur à la faculté des Sciences économiques et de
gestion de l'Université de Kinshasa, met en évidence lorsqu'elle
parle de « l'effet prestige ».17
Beaucoup de Congolais se sentent en effet «
valorisés » en détenant des devises
étrangères. Ainsi, par motif de précaution, les gens ont
eu recours aux monnaies étrangères utilisées
conséquemment comme valeurs refuges ou comme
17 Nkoo Mabantula M., Comment doit-on définir la
monnaie ? Disponible en ligne :
www.dissertationgratuites.com
(Consulté à 10h30, le 05 novembre 2012).
26
moyen de protection de leur patrimoine financier. Par
conséquent, la devise étrangère a servi d'unité de
compte ou de référence dans la conclusion des contrats et dans la
fixation des prix des biens et services. Le professeur Evariste Mabi Mulumba a
fait remarquer à ce sujet que lorsque la population n'a aucune confiance
en une monnaie, celle-ci meurt de sa belle mort malgré une imposition
légale.18
Le cadre de la réforme monétaire
opérée dans notre pays le 22 Août 1993, avec un changement
de signes monétaires, illustre aussi avec beaucoup d'évidence le
rôle de l'élément "confiance" dans la monnaie.
En effet, les professeurs Kabuya Kalala et Matata Ponyo, ont
écrit que suite au refus de deux provinces du Kasaï et du
Kasaï central d'utiliser les nouveaux signes monétaires, il s'est
créé, dans le pays un nouvel espace monétaire où
les anciens signes monétaires signent monétaires ont
continué à circuler malgré leur
démonitisation.19
C'est donc là le décor contextuel dans lequel la
monnaie nationale congolaise a progressivement perdu ses fonctions
traditionnelles et que les monnaies étrangères dont le dollar
américain, a gagné du terrain. La monnaie nationale est devenue
faible et inconvertible hors des frontières de notre Etat, tandis que le
dollar américain est devenu une monnaie forte, stable et convertible.
Le niveau des taux d'inflation n'exprime pas celui de la
dollarisation. C'est plutot l'incertitude due à l'inflation ainsi que la
volatilité associée qui déterminent la forte
désirabilité des devises étrangères observée
en RDC".
18 Mabi Mulumba E., La monnaie dans
l'économie, Kinshasa, CERDI, 2001, p.4
19 Kabuya Kalala et Matata Ponyo Mapon, L'espace
monétaire kasaïen, crise de légitimité et
Souveraineté monétaire en période d'hyperinflation au
Congo (1993-1997), Éditions L'Harmattan, Paris, 1999.
20 Socorro Heysen, Dollarisation : le tout est de
maîtriser les risques, ABC de l'économie, Département
des systèmes monétaires et financiers du FMI ; Finances &
Développement, 2005
27
§2. L'instabilite politique et
économique
A. Les répercussions internes et externes
En liminaire, il est pertinent de mentionner qu'après
une période de relatif dynamisme économique, la RDC a subi une
sévère dépréssion entre le milieu des années
1980 et le milieu des années 2000 caractérisée par des
guerres civiles qui ont ravagé le pays. Avec une croissance
économique de 2,8% en 2008 et de 2,7 en 2009, la R.D.C a éte
alors l'un des pays d'Afrique le plus touché par la crise
financière internationale de 2008-2009.20
Au début des années 1990, face à la
corruption endémique, la Banque mondiale et le FMI en vinrent à
suspendre leur aide, et la plupart des interventions bilatérales furent
arrêtées. La RDC fut incapable de faire face aux
échéances de payement de la dette et des lignes de crédit
furent arrêtées en Février 1992, celles de la Banque
mondiale en Juillet 1993. Malgré l'introduction d'une nouvelle monnaie,
le nouveau Zaïre (NZ), la gestion des devises resta anarchique et
l'inflation atteignit 10.000% en 1994, les prix en magasins changeant plusieurs
fois par jour.
En mai 1997, après guerre de libération sous L.
Kabila, le gouvernement et les entreprises publiques entamèrent un
programme de reconstruction et tenta d'assainir la situation alors que la RDC
encaissait d'enormes dettes extérieures. Le gouvernement commença
par réformer le système d'imposition corrompu, les forces de
police et initia la remise en état du réseau routier
laissé à l'abandon, enfin, le franc congolais fut
réintroduit en 1998.
En Août 1998, la guerre éclata en RDC à la
suite des desaccords entre Laurent Kabila et ses anciennes forces
alliées du Rwanda et de l'Ouganda. Les finances publiques de l'Etat
n'avaient pas été assainies et les relations avec la Banque
21 Noel Tshiani, La bataille pour une monnaie nationale
crédible, édition De Boeck, Bruxelles, 2012, p.12
28
mondiale et les FMI restaient conflictuelles.21
Le début de la deuxième guerre du Congo en
Août 1998 fut à l'origine du déclin de l'économie
qui s'est poursuivi jusqu'au milieu des années 2000. Le territoire se
trouva divisé entre une zone gouvernementale et des zones rebelles, ce
qui mit fin au commerce entre ces zones. Dans leur ensemble les relations
commerciales entre les différentes régions du pays restent
faibles jusqu'aujourd'hui.
B. Alternatives législatives à la
crise
Après une crise d'inflation en Août 1998, le
gouvernement commença à essayer à reguler les prix par des
lois. Il reprit également le contrôle des exportations. Ensemble,
ces mesures affectèrent grandement la continuation des activités
liées au commerce extérieur. De plus, les succès restreint
de la lutte contre l'inflation et de la dépréciation de la
monnaie furent anéantis dès le début de l'offensive
rebelle dans l'Est du pays.
La guerre réduit drastiquement les revenus du
gouvernement et accrut la dette extérieure. Les acteurs du commerce
extérieur se firent moins présents, cela étant lié
aux incertitudes sur l'issue du conflit et à l'augmentation du
contrôle et de la pression fiscale du gouvernement. L'écart
important entre le taux officiel et celui pratiqué en la rue pour la
vente du franc congolais contre les dollars Us, força les
commerçants à évaluer leurs biens importés au taux
officiel pour acheter des devises locales.
Les ressources de l'est du pays furent désormais
exploitées par les forces rebelles ou les occupants étrangers. Le
Rwanda devint par exemple exportateur du diamant et du coltan, bien que n'en
disposant pas sur son territoire national.
Les infrastuctures défaillantes, un cadre légal
incertain, la corruption, un manque d'ouverture économique et
financière de la part du gouvernement restent
22 Kato-kale, L.m.l, « Système
monétaire et financier du Congo : Evolution, environnement international
et problèmes, Bruxelles, Bémaf, 2018, pp.504-520
29
freins à l'investissement et à la croissance
économiques. Le F.M.I et la Banque mondiale multiplient la collaboration
avec le nouveau gouvernement en vue de restaurer des plans économiques
cohérents mais les reformes institutionnelles peinent à
suivre.
Face à la dépréciation du franc
congolais, le gouvernement prit des mesures drastiques en Janvier 1999 : le
dollar Us fut banni brusquement des transactions commerciales courantes,
position qui fut revue plus tard. Le gouvernement peine toujours à
promouvoir les exportations bien que l'impression des billets ait repris. La
croissance économique fut fortement négative en 2000 de par la
difficulté de satisfaire les conditions données par les donateurs
institutionnels, les faibles exportations et l'instabilité
régnante.
C. Les éléctions du 30 Décembre
2018
Enfin pour tout dire, la période de 2016 à 2018
fut très incertaine vis-à-vis du climat politique tendue en RDC
où l'organisation des élections prit l'emprise du budget de
l'Etat avec toutes les conséquences constatées des
opérateurs politiques réputés dans la corruption,
détournements et blachiment des capitaux. Cette tendance ne pouvait pas
avoir des répercussions interessantes sur l'économie nationale
moins encore sur son système monétaire.
§3. Constats
D'après le professeur KATO-KALE, L.m.l, le flottement
permanent du franc congolais, monnaie locale en RDC, est dû à
quatre problèmes majeures22 :
A. Problème culturel
De prime à bord, le fait que la dénomination de
la monnaie nationale de la RDC porte un nom d'origine belge (franc), elle est
dépourvue aux yeux des citoyens du caractère original. Par
conséquent, elle crée un désinteressement vis-à-vis
de ses utilisateurs locaux.
30
Ensuite, à l'exception des présidents L.
Désiré Kabila, et J. Kabila Kabange, le fait pour la monnaie
congolaise de porter chaque fois les images des présidents de la
République, (J. Kasavubu, J.D. Mobutu Sese seko kuku ngbendu wa zabanga)
l'anéantit au regard du culturel congolais.
Enfin, le professeur estime qu'il serait temps que notre
monnaie étant généralement fiduciaire, se métallise
également en pièces pour raison de fiabilité et
d'efficacité.
B. Problème économique
Les problèmes majeurs de la dévaluation du
franc congolais sont d'origine socio-économique. Ainsi, parmi ces
problèmes il se fait constater au pays que les banques ne sont que des
filiales des banques internationales qui pillulent le marché financier
congolais. Qu'il s'agisse des banques commerciales ou autres, c'est le
même cas, estimant leur présence à 100% en
République Démocratique du Congo.
C. Problème institutionnel et
international
L'indépendance de la banque centrale devrait être
effective (autonomie de gestion, autonomie juridique...). Cepedant les cadres
de la banque centrale doivent être suffisamment formés pour
être à la hauteur de graves problèmes monétaires.
Les crises financières internationales et l'effet
dollarisation de l'économie congolaise sont très majeurs pour
affaiblir régulièrement la politique monétaire de la
Banque Centrale du Congo. Il faudrait un regard assez particulier pour ce qui
concerne ces deux fléaux d'économie internationale.
La base de revenus de la BCC étant limitée,
faibles profits de la frappe des monnaies à cause de la dollarisation et
peu de revenus des intérêts sur les réserves
extérieures à cause du faible niveau des réserves
porteuses d'intérêts, la restructuration et la
réorganisation sont cruciales pour accroître l'efficacité
de la banque.
31
Lorsque cet objectif sera atteint, la recapitalisation de la
banque par l'État sera plus facile. Le renforcement de la supervision
bancaire faira intervenir l'amélioration du cadre juridique et
réglementaire ainsi que le renforcement de la capacité de
supervision bancaire.23
23 Rapport du FMI N° 10/88 mars 2010, p.23
32
CHAPITRE II. ANALYSE SUR LE SYSTÈME MONETAIRE
NATIONAL ET
INTERNATIONAL
SECTION I. SYSTÈME MONETAIRE
NATIONAL
§1. Les causes de la défaillance du
système monétaire congolais
L'économie nationale tout comme le régime
juridique applicable au système monétaire en R.D. Congo est de
nature extravertie. Leur précarité plonge ses racines dans le
capitalisme occidental, les crises financières internationales d'une
part, et de la dollarisation d'une autre part.
C'est pourquoi, dans le cas d'espèce, le capitalisme
occidental, comme mode de gouvernance socio-politique et économique
dominant, se présente comme un instrument de politique occidentale
maintenant notre économie dans une position extravertie, notre
système monétaire faible et notre système juridique
infiltré.
C'est pareil pour les crises financières
internationales présentant un impact négatif sur la santé
de l'économie nationale et le système monétaire de la R.D.
Congo. Quant à la dollarissation en RDC, elle caractérise
l'économie congolaise à près de 85%.
C'est pourquoi dans ce chapitre, il sera pour nous question de
décortiquer les notions du capitalisme occidental et les contours de la
crise financière international de 2008 à 2009, puis
épingler quelques aspects sur la dollarisation avant d'évoquer
quelques perspectives.
A. Le capitalisme occidental et les crises financieres
internationales
? Capitalisme occidental
Le capitalisme plaide pour la promotion de la seule libre
concurrence et pour la non-ingérence de l'Etat sur le marché. Le
capitalisme c'est généralement l'entreprise privée ou
l'esprit de l'initiative privée, de concurrence, de soumission à
la
33
loi de l'offre et de la demande, ainsi que de la recherche du
profit.24
Selon Francis FUKUYAMA, il ya même lieu de parler de la
fin de l'histoire du monde politico-économique telle qu'elle
était jusque-là connue. Résumé par le
capitalime.25 Car il va de pair avec la démocratie, le
libéralisme politique et économique, car c'est seulement dans un
environnement démocratiquement ouvert que le capitalisme peut oeuvrer et
se developer.26
C'est notamment le cas des pays du Nord(occidentaux) qui, non
seulement octroient des subsides à leurs opérateurs
économiques les mettant ainsi en position concurrentielle favorable,
mais usent aussi des pratiques discriminatoires qui excluent les pays du sud
aussi bien de l'accès au financement que des marchés occidentaux.
Ce type d'exploitation et d'exclusion est encore plus cristallisé par le
phénomène économique de mondialisation ou globalisation
pour bien infilter les systèmes sociaux du monde où les fortes
économies et industries du Nord d'écraser celles du sud qui sont
encore en pleine formation.
? Le socialisme
Philosophiquement, le socialisme et le communisme sont
fondés sur la réaction aux inégalités
socio-économiques qui résultent de l'opérationnalisation
de tout modèle capitaliste.27 Il s'agit donc des perspectives
idéologiques fondées sur la dénonciation de l'exploitation
socioéconomique dont est victime la majorité et qui est
perpétrée par la minorité qui en
bénéficie.
24 Nkere NTANDA NKINGI, La crise
financière internationale de 2008 et ses conséquences en R.D.
Congo, New York, Harmattan, p.29
25 Francis FUKUYAMA, « The End of history
», The National interest, vol.16, New york, summer 1989, pp.3-18
26 Op. cit., Francis FUKUYAMA, 1989, pp.3-18
27 Anthony BREWER, Marxist Theories of imperialism
: A critical Survey, second Edition, New york, New york, Routledge, 1990. Lire
aussi Karl Max & Friedrich ENGELS, The Communist Manifesto : A modem
Edition, New York, New york : Verso, 1998
34
B. Les crises financières
internationales
Elles ont conséquemment touché les secteurs
vitaux de la RDC. Le système monétaire, financier, politique,
etc. Elles ont donné de la peine à relever son taux de
croissance.
Le taux de croissance devrait ainsi atteindre 6,8%, soit une
croissance de 3,8% du revenu par tête. Mais ceci demeure loin du seuil
requis de 8%. L'analyse des sources et facteurs de la croissance
révèle une situation contrastée.28
Illustrativement les crises financières internationales
présentent des effets très néfastes pour l'économie
congolaise. Nous avons pris le soin de vous en cibler certains.
? Le système du marché financier
international
En effet, le type d'interconnexion, et de là
d'interdépendance, qui existe entre les différents acteurs tant
physiques que moraux du marché financier international serait tel qu'il
fait de ce marché un vrai système, c'est-à-dire «un
ensemble d'éléments en interaction constant qui est telle que
tout changement qui affecte un des éléments en interaction est
suivi d'une serie de changements affectant tous les autres
éléments dans cet ensemble».29 C'est par ce
mécanisme que le marché financier des Etats où sont les
filiales se vulnérabilise.
? Le durcissement d'accès au crédit
bancaire et interbancaire
Cette croissance de la masse monétaire résulte
de l'accumulation des avoirs extérieurs nets, notamment au niveau des
banques commerciales, de l'augmentation des crédits au secteur
privé et de la dégradation de la position nette du
28 Document stratégique de croissance et
de réduction de la pauvreté, 2011-2015, deuxième
génération, DSCRP2, Ministère de Plan-RDC, Octobre 2011,
vol.1, p.40
29 David Easton, Analyse du système
politique, Paris, Armand collin, 1974. Lire aussi Ludwig von
BERTALANFY, General System Theory in general system, vol. I, NewYork,
New york, 1956
35
Gouvernement.30
Cependant, les individus et les entreprises vis-à-vis
des banques, ainsi que les banques vis-à-vis d'autres banques, se
trouvaient confrontés à la frilosité des créanciers
qui rendait leur accès au crédit ou à la couverture
bancaire extrêmement difficile, les banques étant devenues
excessivement prudentes, à la suite, entre autres, de la paranoia du
subprime.
? L'augmentation du taux
d'intérêt
La crise financière de 2008 a aussi fait que les
banques aient d'elles-mêmes considérablement augmenté le
taux d'intérêt afin de maximiser le gain et partant de se
sécuriser encore plus pour l'avenir, et cela dans toutes leurs filiales
au monde.
? La réduction du taux
d'investissement
Les investissements dans une économie constituent
l'expression la plus probante de la santé de cette économie et de
la confiance et la sécurité qu'elle génère
localement ainsi qu'au niveau international.
Etant donné qu'il s'agit ici d'un
phénomène qui se produit dans un marché hautement
libéral c'est-à-dire concurrentiel, relatif donc aux
investissements et aux institutions bancaires du secteur privé, on se
serait attendu à ce que l'intervention de l'Etat pour se mettre à
l'abri des crises financières internationales soit vue par ces
marchés comme une intrusion inacceptable. Doù,
l'inéfficacité de l'Etat.
Ce qui fait que quand il ya violation, par le fait du
comportement de l'Etat, il est facile de s'en rendre compte grâce
à ces prescrits qui sont censés être connus de tous et qui
légalement régulent et encadrent l'action de l'Etat. Qu'il
s'agisse de Clinton L. Rossiter31, Robert A. Scalapino32,
Juan Linz33, qui se sont tous
30 Op.cit., p.42
31 Clinton L. ROSSITER, Constitutional
Dictatorship: Crisis Govemment in the Modern Democracies, Princeton, New
Jersey: Princeton University Press, 1948
32 Robert A. SCALAPINO, The politics of
Development: Reflexions on Twentieth-century Asia, Cambridge, Massachusetts:
Harvard University Press, 1989. Lire aussi du même auteur:
36
consacrés à cet aspect spécial de
l'exercice du pouvoir de l'Etat, le consensus parmi ces auteurs est la
jouissance par l'Etat des certains pouvoirs spéciaux dans des apparences
anti-démocratiques mais utile à la consolidation de la gestion de
l'Etat.
Pourtant, pour le capitalisme classique, l'intervention de
l'Etat sur le marché reste un tabou.
? La rareté de liquidité
Elle est également observable au niveau de la RDC comme
une autre ramification similaire aux manifestations de la crise dans le Nord.
Il s'agit malheureusement d'une ramification aux conséquences nuisibles
pour toute économie. En effet, la rareté de liquidités en
RDC est due, entre autres, à la diminution des recettes de l'Etat comme
effet de la réduction de nos exportations minières et de la
faillite au niveau interne des filiales des banques internationales
frappées par la crise.
? L'alternative de la diversification de
l'économie
La colonisation belge qui a duré de 1906 à 1960
a, au point de vue de son exploitation au pillage économique,
imposé en RDC une économie extravertie destinée à
produire uniquement pour satisfaire les besoins et marchés
belges.34
L'économie congolaise était ainsi dite à
vocation essentiellement minière. Bien que ce pays soit vaste de
2.345.000 Km carrés et extrêmement fertile et riche dans plusieurs
autres domaines, c'est l'industrie minière qui deviendra l'épine
dorsale de l'économie. Cependant, avec le temps, cette dépendance
sur un seul domaine économique constamment exposé aux
fluctuations des marchés et aux crises internationales dans ce domaine
précis s'est avérée trop insécurisante pour la
RDCongo.
« Démocratizing Dragons: South Korea an Taiwan
», Journal of Democracy, vol.4, N°3, July 1993, pp.70-84
33 Juan Linz, « Transition to Democracy
», The Washington Quarterly, Vol.13, N°3, Washington, D.C.1990.
pp. 143-164
34 Adam, HOCHSCHILD, King Leopold's Ghost,
New York: Houghton Mifflin company, 1998
37
Toutefois, la faiblesse des recettes intérieures et du
niveau des réserves en devises ainsi que la vulnérabilité
de l'économie face aux chocs exogènes confirment la
nécessité de lancer des réformes structurelles pour
renforcer la résilience de l'économie congolaise et promouvoir sa
diversification.35
? Le soutien de la communauté
international
A cause des crises, la Banque Mondiale et le FMI ont du mal
à intervenir financièrement. Avec les Etats en
développement comme la RDC, cette situation est un déboire.
Puisque ces deux structures n'ont toujours pas des mécanismes
spéciaux pour venir en aide aux pays en plein développement quand
ils souffrent parfois des conséquences des phénomènes
internationaux dont ils ne sont pas responsables. C'est le cas de cette crise
ou encore celui des dérapages qui arrivent parfois à certaines
monnaies de référence comme le dollar mais qui font souffrir tout
l'Etat attaché au dollar. Dans des telles situations, la compassion de
ces structures ainsi que celle des pays riches envers les pays pauvres doit
graduellement mais inlassablement être sollicitée et la
création d'un tel fonds spécial en serait aussi la
matérialisation.
? L'augmentation des recettes publiques
La régulation et la bonne gouvernance deviennent les
conditions fondamentales pour l'augmentation des recettes. Des recettes qui
devraient, entre autres, permettre à l'Etat de faciliter la saturation
des marchés des produits de base afin que les effets de l'inflation sur
les populations soient réduits. Surtout que l'augmentation des prix de
denrées de base se fait souvent sans aucune logique du marché et
d'une façon toujours exagérée et continue, même si
le franc congolais reprennait son souffle.
Toujours pour ce qui est de l'inflation, le fait reste qu'elle
pourrait continuer à galloper tant que la crise persiste, et que les
liquidités restent rares. Il faudra que l'Etat congolais reste vigilant
et prêt à gérer cette dernière pour un bon
35 Groupe de la Banque Mondiale, République
Démocratique du Congo, Rapport de suivi de la situation
économique et financière 2016, Choc Exogène,
stabilité Macroéconomique et développement : Options
de Politique Economique, 4ème Edition, Décembre 2016,
p.5
38
bout de temps à venir. Ici aussi la question, ou mieux,
la nécessité d'une assistance internationale spéciale
suite à la victimisation de la RDC pour les dérapages d'une
devise, dollar, dont elle n'a pas le contrôle semblerait encore
justifiable. C'est à la RDC de s'y prendre en développant des
dispositifs et des arguments qui lui permettront d'arracher un tel soutien
international.
? Les conséquences
Toutefois, cette situation de précarité de
l'économie congolaise et de sa monnaie locale aurait servi de source
d'interpellation et d'introspection au niveau national, sur les
différentes orientations et les nouvelles politiques difficiles mais
salvatrices à mettre en oeuvre et à suivre par tous les acteurs
économiques internationaux, afin d'assurer un lendemain
économique qui soit meilleur pour tous.
C'est là le pari auquel nous sommes tous
confrontés et auquel nous, congolais et citoyens du monde, devrons tous
nous mesurer. De ces résolutions politiques, sociales,
économiques, financières et monétaires au niveau
international et régional, l'économie congolaise espérait
vivre sa prospérité et récouvrer son appréciation
et corrélativement à sa monnaie locale vis-à-vis des
économies du monde.
Cependant toutes ces mesures salvatrices doivent passer par
des instruments internationaux et lois internes, ayant effectivement force de
lois.
C. Dollarisation de l'economie nationale
? L'ampleur de la dollarisation de l'économie
nationale
L'ampleur de la dollarisation de l'économie congolaise
est telle qu'aussi l'Etat est arrivé à normaliser même le
paiement des certains impôts et taxes, ainsi que moult de transactions en
dollar américain ! Des observations sur terrain démontrent que la
plupart de marchés publics, notamment ceux contractés par le
Bureau Central de Coordination (BCECO)36 impliquant de gros ou de
très faibles montants,
36 www.bceco.cd (Consulté à 14h52,
le 05 Janvier 2019)
37 Reinhart (Carmen) et Rogoff (Kenneth), Cette
fois, c'est différent. Huit siècles de folie
financière, Pearson, 2010, p.35
39
n'échappent pas à l'influence du dollar
américain. Cette situation s'avère anormale.
La dollarisation de l'économie congolaise est un
phénomène dont les causes à effet sont à rechercher
inéluctablement dans l'incertitude politique et les
déséquilibres macroéconomiques profonds enregistrés
par notre économie, depuis la Deuxième République ; les
racines immédiates quant à elle sont l'inflation et la
dépréciation de la monnaie domestique ou locale, dont
l'Autorité monétaire n'a pas été en mesure de
garantir la qualité, c'est-à-dire son aptitude à
sauvegarder durablement la stabilité des prix et à susciter la
confiance des agents économiques pour qu'ils l'utilisent dans leurs
transactions commerciales et financières.
Le Franc Congolais s'est affaibli et s'est avéré
inconvertible hors du territoire national, alors que le dollar américain
s'est fortifié, stabilisé et s'est avéré
convertible. Pour se rendre à l'évidence de l'ampleur du
déséquilibre monétaire existant, Il aura suffi de comparer
sur le marché financier congolais le franc congolais au dollar
américain, dont l'unité de celui-ci vaut actuellement au moins le
900ème de celui-là. Cette conjoncture relègue
ipso facto le franc congolais au rang du sous-multiple du dollar
américain, rendant ainsi la politique monétaire inefficace.
? Les innovations monétaires
Dans la quête d'une piste de dédollarisation de
notre économie, beaucoup ont caressé l'illusion qu'il fallait
simplement réussir la désinflation pour regarder tranquillement
la dollarisation se volatiliser. Des analyses récemment
réalisées notamment par Reinhart et Rogoff, deux Experts
Economistes de notoriété internationale, le démentent
sérieusement.37 Et c'est ce à quoi on assiste en RD
Congo : la désinflation n'a pas entraîné la
dédollarisation.
Les mêmes travaux ont établi, entre autres, comme
pistes pour réduire la dollarisation, qu'il fallait soit baisser la
dette publique en devises étrangères émise
40
localement, soit baisser la part des dépôts en
devises de la masse monétaire au sens large. Ces Economistes observent
par ailleurs que ces mesures doivent être encadrées,
c'est-à-dire appliquées dans le cadre d'une stabilité
macroéconomique pérenne.
Par ailleurs, Il est pertinent de mentionner que la discussion
sur la dédollarisation ne refait surface que dès lors qu'on
aborde la problématique du lancement des nouvelles coupures de la
monnaie nationale. A notre avis, c'est au regard de la stabilité
macroéconomique en général et monétaire en
particulier enregistrées en fin 2011 et en cours 2012,
éprouvée par la réussite relative du lancement en juillet
et décembre 2012 des billets à valeur faciale adaptée
(1000FC, 5000FC, 10000FC, 20000Fc), que l'Etat congolais a résolument
marqué son intention de dédollariser l'économie nationale,
visant à réattribuer au Franc Congolais les fonctions
traditionnelles dévolues à toute monnaie nationale.
La monnaie étant un attribut de la souveraineté
nationale, il convient pour un Etat de réaffirmer sa souveraineté
nationale devant se consolider au travers de la puissance économique en
général et monétaire en particulier.
Tout compte fait, nous estimons que dédollariser
l'économie congolaise ne peut être véritablement obtenu par
l'émission de billets à valeurs faciales élevées,
lesquelles par ailleurs comportent un effet psychologique inflationniste dont
cette émission est génératrice au vu de
l'expérience congolaise. Heureusement, les observations sur terrain
démontrent que l'avènement en 2012 des nouveaux billets à
valeur faciale adaptée n'a pas apporté l'inflation jusqu'à
ces jours.38
Au demeurant, un fait est à éviter pour la
réussite du processus sous analyse : Il sied d'éviter la «
dédollarisation forcée » de triste mémoire, entre
38 Voir l'étude de la Direction des
Etudes et Planification-Ministère des Finances/République
Démocratique du Congo, relative à l'évolution du taux de
change avant et après le lancement des billets à valeur faciale
adaptée.
41
septembre 1998 et janvier 2001, qui interdisait formellement
toute détention de la devise, ainsi que son usage dans les transactions
intérieures, ayant entrainé plusieurs effets pervers sur
l'économie congolaise, dont la récession économique et
l'hyperinflation.
Ainsi, l'ampleur doit donc être celle de la «
dédollarisation par les forces du marché » et non celle de
la « dédollarisation forcée ». En effet, il est
préconisé une dédollarisation progressive dont le
processus ferait que les transactions de l'Etat, la passation des
marchés publics, le paiement des impôts et taxes de l'Etat, etc.
soient acquittés en Franc Congolais, laissant latitude au secteur
privé d'user du dollar américain dans ses transactions
habituelles. Ce qui devrait être différent de la
dédollarisation forcée.
? Perspectives
L'incapacité de la RDC à concilier sa
solidarité financière avec des pays à économie
forte ; mais aussi à maintenir une coopération internationale
économiquement favorable pour des conventions préalables de
politiques monétaires respectivement mises en place.
Quant à la l'incapacité de la RDC à
concilier sa solidarité financière avec des pays à
économie forte, notre pays devrait garder le partenanriat public
privé avec le gouvernement américain pour assurer temps soit peu
cette solidarité avec les opérateurs financiers
américains.
Enfin, la RDC devrait garder et surveiller l'application des
conventions internationales des politiques internationales pour protéger
le régime de change, car ce dernier est un facteur très important
pour la consolidation d'un système monétaire national efficace.
Et c'est généralement les Etats du Nord, notamment la Chine, le
Vietnam...qui violent ces conventions et font pâtir les politiques
monétaires
42
internationales.39
§2. Les causes de la dévaluation du franc
congolais A. Mauvaise gestion du budget de l'Etat
La dépréciation du franc congolais et fonction
de la mauvaise gestion du budget de l'Etat, la masse monétaire,
l'instabilité politique ainsi que du pessimisme des agents
économiques spéculateurs ; la politique budgétaire stimule
l'appréciation du Franc Congolais sur le marché des biens et
services parce qu'elle permet de restaurer la confiance et la
crédibilité de l'Etat notamment dans le domaine financier.
B. Crise de liquidité dans le système
bancaire
L'instabilité monétaire que subit le Franc
Congolais est dûe à la crise de liquidité dans le
système bancaire ; cette situation qui a pour effet, une inflation
hétérogène ; pour une stabilité durable du Franc
Congolais, il faut que l'autorité monétaire préconise et
coordonne des mesures visant à rédresser la situation
socio-économique, essentiellement la régulation de la masse
monétaire.
C. Les variables monétaires
Les variables qui provoquent la dépréciation du
Franc Congolais sont monétaires notamment : L'offre de la monnaie qui
est abondante et le taux d'intérêt ; l'inéfficacité
de la politique monétaire s'explique par la
xénomonétarisation qui vérifie la loi de GRESHAM ainsi que
la bancarisation non encore effective dans toutes les entités
territoriales décentralisées de la RDC.
Cependant, grâce à la
consolidation budgétaire depuis 2012 et à la renonciation au
financement monétaire du budget, la BCC a pu maintenir une politique
monétaire prudente en 2015 avec un suivi régulier du niveau des
liquidités
39 Duchene (Gerard) et Goujon (Michael), La
dédollarisation : les expériences du Vietnam, de l'Ukraine et de
la Roumanie, Revue d'études comparatives est-ouest, vol. 37,
n° 1,
2006.
43
dans l'économie. Le taux d'intérêt
directeur annuel de la BCC est resté inchangé à 2 % depuis
novembre 2013 en ligne avec la faible inflation.40
§3. Péripéties du système
monétaire congolais et le récent flotement de la monnaie
locale de 2016 à 2018
A. Les péripéties du système
monétaire congolais
Les faits économiques ayant marqués par leurs
effets une période de l'existence d'un peuple ou d'une nation
méritent une étude scientifique. Parmi les éléments
économiques qui ont marqués cette physionomie, il faut sans doute
compter les dévaluations de la monnaie nationale congolaise, à
l'époque du Zaire, et toute la période de la guerre de l'AFDL en
1997, ces devaluations qui ont été incontournable et ont
été justifies par le caractère très
délabré de l'économie nationale et par des multiples
tentatives pour redresser la situation.41
Quand une économie comme celle de la RDC, qui se repose
essentiellement sur un système de monnaie fiduciaire, il est d'une
importance capitale que l'autorité monétaire stabilise à
titre principal, le cadre macro-économique pour voir l'économie
prospérer.
Ainsi la banque centrale doit contrôler le bon
fonctionnement de ce système étant donné qu'elle a entre
autres la mission de contrôler le système bancaire et de
réguler la masse monétaire.
La monnaie est donc considérée comme la pierre
angulaire de toute pyramide financière dont dépend de la
façon la plus simple intime le fonctionnement de l'économie
réelle ; de ce fait la monnaie quelque soit sa forme : pièce,
billet, chèque, électronique... joue un rôle essentiel dans
l'économie et affecte aussi notre vie quotidienne.
40 http//
www.banquemondiale.org/fr/country/drc
(Consulté à 9h12, le 22 Décembre 2018)
41 Trésor.Gauthier KALONJI M.Op.cit., p.11
44
A cet effet, il n'est pas possible d'organiser
l'économie sans toucher à la monnaie nationale car la monnaie est
dans l'économie nationale d'un pays, ce que le sang est pour le corps
humain, si le corps se porte bien, le sang sera bon, par contre si le corps est
malade, le sang ne pourra pas être différent.
La monnaie est considérée de nos jours comme le
thérmomètre de l'économie, car si l'économie va
bien, la monnaie sera nécessairement aussi forte.
C'est cette dernière situation qu'a traversé la
RDC, avec son économie quasiment par terre et sa monnaie qui, d'une
manière continue perd valeur face aux devises, principalement face au
dollar américain.
Au 25 Septembre 2008, il fallait 561.320 francs pour obtenir 1
dollar. Au 24 Juillet 2009, il fallait 771,0750 francs pour obtenir 1 dollar.
En Avril 2018, 1000 francs congolais valaient 0.64 dollars américains ou
0.52 euros.42
B. Le récent flottement de la monnaie locale de
2016 à 2018
La dépréciation du franc congolais avait
été entamée au deuxième trimestre de l'année
2016 à cause de la chute brutale des prix des matières
précieuses, notamment le cuivre, le cobalt, l'or ainsi que le petrole,
au marché international.
Cette baisse des matières premières a
entamé la fermeture de certaines sociétés minières
tandis que d'autres ont réduit leurs activités avec comme
conséquence, la réduction de l'assiette fiscale. Depuis
Février 2016, le cours du franc congolais diminue par rapport au dollar
après plusieurs années d'une remarquable stabilité autour
de 920-930 francs congolais pour un billet vert.43
42
http://www.voaafrique.com,
consulté le 28 Février 2019 à 15h27
43 Agence Congolaise de presse, Op.cit., p.4.
44 Rapport hebdomadaire de l'agence congolaise de
presse, Avril 2017, Consulté sur
www.mediacongo.net, 15h36, 28
Février 2019.
45
A Kinshasa, la capitale de la République
Démocratique du Congo, la baisse s'est amorcéé dans les
derniers mois de 2015 pour s'accélérer en Février et
s'accentuer nettement depuis quelques jours dans toute l'étendue du
territoire national.
Certains établissements proposaient jusqu'à 977
franc congolais pour un dollar tandis que des commerçants changeaient
980 francs contre un dollar. Ce qui fait problème, c'est qu'il s'agit
d'un pays où la plupart des produits de première
nécessité sont importés.
Selon certaines estimations, l'économie congolaise
utilise le dollar à plus de 85% même si la plupart des salaires
sont définis en francs congolais. Fragilisée par une crise de
liquidité depuis la fin du mois de mars, la BIAC, une des plus grandes
banques du pays, continuait à bloquer les retraits en dollars à
ses guichets, rendant plus difficile l'accès aux billets verts dans la
capitale.
Les autorités s'étaient réjouies d'une
injection sur marché bancaire de 50 millions de dollars. Cette mesure de
la Banque centrale et diverses «mesures» gouvernementales ont permis
de «stabiliser» le taux de change entre 955 et 960 francs pour un
dollar. Mais cette intervention s'est faite avant que la monnaie nationale ne
dégringole à nouveau.
Vers le début de l'année 2017, le franc
congolais a connu une légère appéciation face au dollar
américain, soit 1200 FC le dollar contre 1302 Fc le dollar auprès
des acheteurs et vendeurs des devises, appelés communément des
cambistes, d'après le rapport de l'Agence Congolaise de Presse
(ACP).44
Il a été constaté que la monnaie locale,
le franc congolais devenait rare sur le marché de change tandis que le
dollar américain circulait en quantité entre les mains des
vendeurs pour l'acquisition des Francs congolais. La Banque centrale avait
46
injecté une somme importante des devises sur le
marché de change pour racheter le franc congolais afin de les remettre
dans le circuit bancaire pour une bonne gestion et stabiliser le taux de
change.
Toutefois, au mois de Janvier 2017, le gouvernement congolais
a initié des mesures en différentes feuilles de route pour chaque
membre du gouvernement concerné par le domaine économique et
financier, devant être actualisées en vue de trouver solution
à la crise économique qui menacait la stabilité du cadre
macro-économique acquise depuis près de 10 ans par l'application
de 28 mesures économiques nécessaires pour cette stabilité
par le gouvernement congolais.
Des travaux du gouvernement ont continué en vue
d'évaluer l'effectivité de la réalisation des mesures
prises précédemment. Il y eut changement de la situation
économique et financière au marché de change en 2017 et
2018.
Malgré les multiples appels du gouverneur de la Banque
Centrale du Congo, consécutivement aux mesures prises par le conseil des
ministres du gouvernement, rien n'avait changé et la situation n'avait
fait que s'empirer.
Ce qui explique que la dépréciation du Franc
congolais vécu depuis le début de l'année 2017 à
l'occurrence, aurait contribué à la hausse des prix. C'est ce
qu'a restitué l'Institut National des Statistiques ((INS) dans son
rapport hebdomadaire du début du 2e trimestre de l'année 2017.
La hausse des prix serait de 31,374% au niveau national et
28,904% à Kinshasa si l'on y prend garde. L'inflation hebdomadaire du 08
au 13 mai 2017 était de 0,777% au niveau national et 0,738% à
Kinshasa.45
45
www.lesoftonline.net,
consulté le 28 Février 2019 à 15h20
47
Depuis le début de l'année 2017 jusqu'au
quatrième mois de l'année, l'inflation se situait à
10.485% au niveau national et 9,721% à Kinshasa. Avec ce rythme
hebdomadaire de hausse des prix de l'année 2017, le début de
l'année 2018, la hausse des prix atteignit 31,374% au niveau national et
28,904% à Kinshasa. En comparant la dix-neuvième semaine de
l'année 2017 par rapport à celle de 2016, la hausse des prix fut
de 22,252% au niveau national et de 22,099% à Kinshasa.
Le taux de change s'est assidûment
déprécié et ceci malgré les nombreuses
interventions de la Banque Centrale du Congo. Si on considère le taux
change, jadis échangé à 945 FC contre un dollar
américain fin 2015, vers la fin de l'an 2018, ce dernier
s'échangait à 1635 FC soit une dépréciation de
75%.
Cette dépréciation entraîne en
conséquence, une perte de pouvoir d'achat des ménages, en
particulier celui des fonctionnaires et autres agents de l'Etat. C'est pourquoi
les agents et fonctionnaires de l'Etat en juillet 2017, étaient vite
payés mais au taux de 1 425 francs congolais le Dollar US.
Toutefois, mais nous pensons que cette décision
n'était pas une bonne et fut prise à la hate sans comprendre et
s'attaquer aux vrais problèmes, qui est le déficit de la balance
de paiement. C'est ce déficit extérieur qui determine la
dépréciation du taux de change.
La RDC est structurellement en crise de balance des paiements
parce que la propension à importer est plus forte que le taux de
croissance des exportations et des réserves en devise. La valeur de la
monnaie nationale devrait baisser parce que s'il ya de déficit,
c'est-à-dire les exportations de biens et services sont
inférieures aux importations. Or, les exportations rapportent des
dollars qui sont nécessaires pour acheter les importations.
46 Document stratégique de croissance et
de réduction de la pauvreté, 2011-2015, deuxième
génération, DSCRP2, Ministère de Plan-RDC, Octobre 2011,
vol.1, p.100
48
Comme les exportations sont structurellement faibles, il n'y a
pas assez de dollars et donc les entreprises de la RDC qui importent, elles
sont obligées de demander du dollar. Donc, elles offrent du Franc
Congolais sur le marché des changes et elles demandent de dollar. Le
résultat, ce qu'il y a une offre du Franc Congolais importante (parce
que les entreprises congolaises ont besoin de beaucoup de dollars), et par
contre la demande du Franc Congolais n'a pas tellement de raison d'être
importante, parce que la RDC exporte peu, le résultat ce qu'il y a une
baisse de la valeur du franc congolais parce que l'offre du franc congolais est
supérieure à sa demande sur marché.
La faiblesse structurelle des réserves internationales
de la RDC est donc expliquée par le déficit commercial du
à la fois à la baisse de la valeur des exportations (à
cause des prix bas des produits de base) et à la faible
compétitivité.
C. Les différentes
réformes46
Le Gouvernement Congolais exécute un programme
économique soutenu par la Facilité Elargie des Crédits
(FEC) du Fonds monétaire international couvrant la période allant
de juillet 2009 à juin 2012, dont les principaux axes étaient :
la consolidation de la stabilité macroéconomique ; l'augmentation
de l'investissement dans la formation du capital physique et humain ; et la
mise en oeuvre de réformes structurelles visant à
améliorer la mobilisation des ressources intérieures, à
renforcer la gestion des finances publiques et l'indépendance de la BCC,
et à accroître la capacité de production de
l'économie.
Pour atteindre ces objectifs, ce programme est sous-tendu par
des politiques macroéconomiques et des réformes structurelles.
47 Ibidem
49
? Au niveau des politiques macroéconomique et
budgétaire.
La politique budgétaire évitera d'avoir recours
au financement de la Banque Centrale et jettera les bases de la
viabilité à long terme. Le Gouvernement est
déterminé à mettre en oeuvre une politique de
dépenses prudentes caractérisée par une maîtrise de
la masse salariale et un accroissement des investissements publics. Par
ailleurs, le Gouvernement s'engage également à créer un
espace budgétaire susceptible de l'aider à faire face à
ses besoins de développement et de lutte contre la pauvreté.
? Au niveau de la politique monétaire et de
change.
Le Gouvernement aurait manifesté la volonté de
rétablir l'indépendance de la BCC et renforcer la capacité
de supervision de celle-ci, accroître la confiance dans les
établissements de crédits et encourager la
dédollarisation, améliorer la qualité de la circulation
fiduciaire, renforcer le contrôle bancaire, et développer le
système de paiement et de règlement.47
? Les réformes structurelles
Quant à elles, elles
sont axées sur la mobilisation des recettes intérieures,
la gestion des finances publiques et le développement du secteur
privé.
? Prospection contre la dollarisation
Un programme de dédollarisation réussi doit
rendre la monnaie locale plus attractive pour la population. Il doit donc
intégrer un mélange adéquat de politiques macro et
microéconomiques visant à promouvoir l'usage de la monnaie
nationale dans les transactions courantes et à sensibiliser la
population aux coûts additionnels que les risques de change
associés à la dollarisation lui font supporter.
Un programme de dédollarisation réussi doit, en
définitive, encourager la population à abandonner volontairement
l'usage du dollar américain, quitte à user
50
temporairement si cela s'avère nécessaire, de
réglementations forçant la transition vers la monnaie nationale,
assorties de politiques de stabilisation macroéconomiques
appropriées.
En définitive, la dédollarisation pérenne
de l'économie de la République Démocratique du Congo
requiert un certain nombre de conditions préalables : un climat
politique stable, un leadership crédible et visionnaire des
autorités monétaire et politique, et un contexte de
stabilité solide et durable des variables macroéconomiques,
assorti de dispositions microéconomiques et réglementaires
appropriées.
Outre la nécessaire stabilité
macroéconomique, la volatilité des taux de change dans les deux
sens et une inflation maintenue à faible niveau sont indispensables pour
établir un environnement favorable. Des politiques et mesures
complémentaires doivent permettre de rompre définitivement avec
l'enracinement et la prédominance du dollar et d'encourager la
population à utiliser la nouvelle monnaie, le franc congolais
reformé.
SECTION II. SYSTEME MONETAIRE INTERNATIONAL
Le système monétaire international est un
système de règles et de mécanismes institué par les
États et les organisations internationales pour favoriser les
échanges internationaux et assurer la coordination des politiques
monétaires nationales. Celui qui est utilisé actuellement, est
issu des accords de la Jamaïque (1976). Il a profondément
amendé le système précédent organisé par les
accords de Bretton Woods (États-Unis) en 1944, instituant la Banque
Mondiale, et le Fonds monétaire International.
§1. À propos du Fonds Monétaire
International (FMI)
Le Fonds monétaire international, une organisation
mondiale qui regroupe 189 États membres, a pour mission de renforcer la
solidité de l'économie mondiale. Il s'emploie à encourager
la coopération monétaire internationale, à assurer la
stabilité financière, à faciliter le commerce
international, à favoriser un niveau
51
élevé d'emploi et une croissance
économique durable et à réduire la pauvreté dans le
monde. Il a son siège à Washington DC, et partout dans le
monde.
Le FMI, qui veille au bon fonctionnement du système
monétaire international, compte parmi ses principaux objectifs de
promouvoir la stabilité des taux de change et de faciliter l'expansion
et l'accroissement harmonieux du commerce international. Sa mission permet aux
Etats et à leurs citoyens d'échanger des biens et des services,
et revêt une importance essentielle pour assurer une croissance
économique durable et rehausser les niveaux de vie.
Les États membres du FMI sont tous
représentés au Conseil d'administration de l'institution, qui
examine les conséquences nationales, régionales et mondiales des
politiques économiques de chacun, et prend les décisions en
matière de prêt pour aider les États membres
confrontés à des problèmes temporaires de balance des
paiements et appuyer le renforcement de leurs capacités.
A. Les principales missions du FMI
Le FMI a trois missions principales :48
? Surveillance économique
Conseiller aux États membres des politiques pour
parvenir à la stabilité macroéconomique et, partant,
accélérer la croissance économique et réduire la
pauvreté.
Le FMI surveille le système monétaire
international et suit les politiques économiques et financières
de ses 189 États membres. Dans le cadre de cette surveillance, qui se
déroule au niveau tant mondial que national, le FMI met en
lumière les risques pour la stabilité et formule des
recommandations sur les ajustements à apporter à la politique
menée.
48
www.imf.org. (Consulté à
12h, le 14 Janvier 2019)
52
? Activités de prêt
Mettre à la disposition des États membres,
à titre temporaire, des concours financiers pour les aider à
résoudre leurs problèmes de balance des paiements, qui
surviennent notamment lorsqu'ils sont à court de devises du fait que
leurs paiements extérieurs sont supérieurs à leurs
recettes de change.
Le FMI accorde des prêts aux États membres qui se
heurtent à des difficultés réelles ou potentielles de
balance des paiements pour les aider à reconstituer leurs
réserves internationales, stabiliser la valeur de leur monnaie,
continuer à régler leurs importations et rétablir les
conditions d'une croissance forte tout en s'attaquant aux problèmes de
fond.
Les prêts accordés par le FMI ont pour but
d'aider les États membres à résoudre leurs
problèmes de balance des paiements, à stabiliser leur
économie et à retrouver une croissance économique durable.
Ce rôle de résolution des crises est au coeur des activités
de prêt du FMI. En même temps, la crise financière mondiale
a mis en évidence la nécessité d'instituer des dispositifs
mondiaux efficaces de sécurité pour aider les pays à
surmonter les chocs qu'ils subissent.
L'un des principaux objectifs de la réforme
récente des instruments de prêt du FMI était ainsi de faire
en sorte que l'institution, dont l'un des rôles traditionnels consiste
à résoudre les crises, dispose aussi d'outils
supplémentaires pour les prévenir.
Contrairement aux banques de développement, le FMI ne
prête pas pour des projets particuliers, mais à des Etats qui
connaissent un manque de devises, afin de leur donner le temps de corriger leur
politique économique et de relancer la croissance sans avoir à
recourir à des mesures qui risqueraient de porter atteinte à leur
propre économie ou à celle d'autres pays membres. De
manière générale, le FMI offre deux types de prêts :
des prêts accordés à des taux d'intérêt dits
non concessionnels et
53
des prêts accordés aux pays pauvres à des
conditions dites concessionnelles, c'est-à-dire à un taux
d'intérêt bas, voire nul.49
? Développement des capacités
Fournir une assistance technique et des formations aux
États qui en font la demande, afin de les aider à mettre en place
et affermir les compétences et les institutions dont ils ont besoin pour
appliquer des politiques économiques bien conçues.
Le FMI aide ses États membres à élaborer
leur politique économique et à gérer leurs affaires
financières plus efficacement en renforçant leurs
capacités humaines et institutionnelles par le biais de conseils
d'experts, autrement dit d'une assistance technique et d'actions de formation,
activités qu'il regroupe sous le vocable de « développement
des capacités ».
B. Évolution du cadre de la politique
monétaire dans les Etats à faible revenu
Au cours de ces deux dernières décennies,
beaucoup d'Etas à faible revenu et des Etats à revenu
intermédiaire de la tranche inférieure ont amélioré
leur maîtrise de la politique budgétaire, libéralisé
et approfondi leurs marchés financiers et stabilisé l'inflation
à un niveau modéré. Dans ces Etats, la politique
monétaire qui a permis d'obtenir ces résultats est mise à
mal par les évolutions sur le plan financier et une exposition accrue
aux marchés de capitaux mondiaux.
Un rapport des services du FMI intitulé «
Évolution du cadre de la politique monétaire dans les pays
à faible revenu et les autres pays en développement » a
été examiné en séance informelle par le Conseil
d'administration le 9 novembre 2015. Un document joint à ce rapport
présente l'expérience des différents Etats en
matière monétaire.
49 Rapport annuel du FMI, Trouver des solutions
ensemble, Décembre 2016, p.64
54
C. Améliorations du cadre de politique
monétaire
Les améliorations du cadre de politique
monétaire que les Etats envisagent et mettent en oeuvre :
§ Les pays devraient mettre au point des cadres de
politique monétaire cohérents et transparents. Les banques
centrales devraient avoir clairement pour mission d'assurer avant tout la
stabilité des prix tout en encourageant la stabilité
macroéconomique et financière.
§ Les mesures de politique monétaire et la
communication y afférente doivent avoir comme pierre angulaire un
objectif
Grâce à leurs bons résultats
macroéconomiques, de nombreux Etats à faible revenu (en
particulier les Etats pré émergents) ont pu élargir leurs
sources de financement aux marchés extérieurs. La proportion de
dette non concessionnelle par rapport à la dette extérieure
totale a quasiment doublé entre 2007 et 2014 pour les pays pré
émergents et les pays exportateurs de matières
premières.
Pendant la période considérée, les
vulnérabilités dues à l'endettement demeurent
généralement inférieures à ce qu'elles
étaient avant la crise.
Il faut une vigilance accrue tandis que les Etats à
faible revenu s'adaptent à l'évolution des conditions du
marché et à la détérioration des perspectives
mondiales. L'intégration plus étroite de ces Etats dans
l'économie mondiale, une plus grande exposition aux risques de
marché et des amortisseurs budgétaires réduits sont autant
d'éléments qui militent en faveur de politiques
budgétaires prudentes et d'une meilleure gestion de la dette.
Il est probable que ces politiques seront mises à
l'épreuve par la baisse des cours mondiaux des matières
premières, la dégradation des conditions de prêt à
l'échelle mondiale sous l'effet de la normalisation des politiques
monétaires, et les pressions qui s'exerceront sur les monnaies.
55
§2. Réforme du système
monétaire international
Alors que la communauté internationale continue de
mettre à profit les leçons de la crise financière
mondiale, le FMI a engagé une série de travaux en vue de mieux
appréhender les difficultés auxquelles le système
monétaire international est confronté.
Cet exercice comprend une étude qui a pour
finalité de repérer les faiblesses en évolution du
système et de poser les bases de réformes susceptibles de
renforcer la résilience et la croissance à long terme.
A. Réformes prospectives
Dans les pays avancés, la politique monétaire
doit rester accommodante là où les écarts de production
sont négatifs et l'inflation trop faible. Elle doit cependant être
accompagnée d'autres politiques pour soutenir suffisamment la demande et
ne peut remédier aux freins structurels à la croissance.
Les politiques monétaires non conventionnelles aident
à soutenir la demande, mais les taux d'intérêt très
bas, voire négatifs, peuvent aussi avoir des conséquences
directes sur la rentabilité des banques. Dans les pays émergents,
la politique monétaire doit s'attaquer aux effets de l'affaiblissement
des monnaies sur l'inflation et les bilans du secteur privé.
B. Rôles du FMI pour la réforme du
système monétaire international
S'appuyant sur un examen antérieur, effectué en
2011, les travaux sur le système monétaire international visent
également à définir plus précisément le
rôle du FMI au centre de l'économie mondiale. L'examen actuel a
débuté par la publication, en mars 2016, de divers documents
destinés à enrichir les débats au sein du FMI et dans
d'autres forums internationaux de premier plan, dont le G-20. Il servira de fil
conducteur à plusieurs projets intégrés au programme de
travail du FMI, notamment le dispositif mondial de sécurité
financière, la taille du FMI, le rôle du DTS, la
56
Quinzième Révision générale des
quotes-parts, et l'analyse des mouvements de capitaux.50
L'examen du système monétaire international fait
suite à plusieurs mesures adoptées par le FMI dans le cadre des
réformes qu'a suscitées la crise ; on citera pour exemples
l'instauration d'une surveillance intégrée et le renforcement de
la surveillance du secteur financier (tous deux conçus pour aider le FMI
à mieux cerner les risques et les facteurs de
vulnérabilité), l'élargissement des travaux
consacrés aux effets de contagion, et la refonte des mécanismes
de prêt.
C. Evaluation du système monétaire
international et défis
Cependant, le processus d'évaluation du système
monétaire international doit tenir compte de défis nouveaux :
comment améliorer le processus de mondialisation pour qu'il
bénéficie à tous les acteurs de l'économie mondiale
; le rééquilibrage de la Chine ; et l'ajustement au repli des
prix des produits de base et aux conditions monétaires
différentes dans les grandes économies.
En particulier, à l'heure où la planète
connaît une croissance faible et où les pays émergents et
en développement poursuivent l'intégration et l'approfondissement
de leurs marchés financiers, il convient de gérer les risques et
les facteurs de vulnérabilité liés à
l'interconnexion et à l'ouverture.
Le FMI est certes au centre du système monétaire
international, mais il fait aussi partie d'un système plus large qui
comprend les banques centrales et d'autres organisations qui édictent
des règles. Sa fonction est de produire des analyses et de parvenir
à une compréhension commune, mais il appartient aux États
membres de procéder aux réformes.
La contribution du FMI consiste aussi à participer
à un dispositif de sécurité financière mondial qui
satisfasse à trois impératifs : encourager les gouvernements
à définir de meilleures politiques économiques, financer
l'ajustement
50 Rapport FMI, Op.cit, p.110
51 Ibidem
57
à un rythme raisonnable, et servir d'assurance aux
« spectateurs impuissants » que l'instabilité pourrait
fragiliser.
À un autre niveau, le filet de sécurité
est constitué d'accords régionaux de financement, tels que
l'Initiative Chiang Mai ; le FMI cherche des moyens d'intégrer plus
étroitement ces dispositifs dans ses opérations.
§3. Comment améliorer le système
monétaire international ? A. Alternatives du FMI contre les crises
monétaires et financières
Le FMI a procédé à une évaluation
du système monétaire international. La première phase de
cet exercice consiste en une série d'études analytiques que le
Conseil d'administration a examinées dans le cadre de réunions
informelles en mars 2016.
B. Les documents alternatifs du FMI
Le premier document,51 « Strengthening the
International Monetary System A Stocktaking », analyse les
évolutions structurelles qui soulignent la nécessité de
continuer à renforcer le système. Il définit les domaines
dans lesquels des réformes appuieraient les mesures de prévention
des crises et les mécanismes mondiaux d'ajustement, de
coopération et d'injection de liquidités.
Le document recense trois domaines de réforme possibles
:
- les mécanismes de prévention des crises et
d'ajustement ;
- les règlements et les institutions favorisant le
resserrement de la coopération internationale sur les questions et les
politiques qui influent sur la stabilité mondiale ; -la
nécessaire mise en place d'un dispositif mondial de
sécurité financière plus harmonieux.
Le second document, « The Adequacy of the Global
Financial Safety Net », évalue les points forts, les faiblesses et
les difficultés que présente la matrice de mesures mise en place
pour soutenir l'économie mondiale dans les périodes de
58
tensions, notamment celles qui ont trait aux réserves
internationales, aux accords de swap entre banques centrales, aux accords de
financement régionaux, aux ressources du FMI et aux instruments de
marché.52
Le document établit que le dispositif mondial de
sécurité financière est aujourd'hui nettement plus vaste
et complexe qu'il ne l'était auparavant et qu'il a été
consolidé au fil du temps, notamment grâce aux perfectionnements
apportés aux cadres de surveillance et de prêt du FMI.
Néanmoins, l'étude reconnaît également que sa
configuration peut être améliorée de manière
à rehausser la prévisibilité, la fiabilité et la
rapidité des mécanismes d'assurance et de financement visant
à amortir les chocs et à donner aux pays les incitations
adéquates à mettre en oeuvre des politiques
macroéconomiques bien conçues.
C. Système monétaire comparé et
perspectives
? Maitrise du régime de change
Le change doit être un outil de
compétitivité pour protéger l'appréciation d'une
monnaie locale. Tel était la clé de voûte au 20è
siècle en France. Mais aussi la bonne solidarité
financière avec des pays à économie forte,
idéalement les Etats-Unis, La Chine, La grande Bretagne, etc.
Le franc français a recouvré une
appréciation vis-à-vis de la livre sterling, du dollar et du mark
allemand ; ainsi cette stabilité poincaré avait maintenu ainsi
une légère sous-évaluation réelle du franc
français afin de préserver les intérêts des
exportateurs, habitués à bénéficier de cet avantage
durant les épisodes inflationnistes incontrôlés de 1922 et
1926 en France.53
52 Ibidem
53 Bertrand BLANCETON, Chronique d'histoire
financière, La « Guerre des monnaies » à 100 ans
!, p.281-282
54 Idem, p.283
55 Idem
59
? La politique monétaire internationale doit
être conventionelle
La guerre des monnaies cristallise des pratiques nouvelles et
des inquiétudes nées de la crise financière des
subprimes. Les responsables multiplient les déclarations afin
d'influencer les cours. Les actions de politique monétaire, en
particulier non conventionnelles, pèsent sur les taux de change. On
redoute que ce jeu non coopératif constitue un facteur d'aggravation des
difficultés économiques à l'échelle globale car
tous les pays seraient engagés dans cette bataille.
Mais ni les États-Unis, ni la zone euro ne semblent
participer à cette « guerre des monnaies ». Si la Federal
Reserve (Fed) américaine a déployé, dès le
début de la crise, des mesures non conventionnelles, les
États-Unis ont subi depuis 2014 une appréciation du dollar
vis-à-vis de l'ensemble des devises. Quant à la zone euro, elle
n'a tout simplement pas de politique de change, celui-ci étant
considéré comme un simple canal de transmission de la politique
monétaire.54
? De la monnaie fiduciaire à la monnaie
métallique
Toutefois, la nature de la monnaie devra être revue
selon qu'elle est fiduciaire. Ce nouvel épisode de tensions s'inscrit
donc dans une continuité historique née de l'instauration de
régime de monnaie fiduciaire au cours d'un conflit militaire de grande
envergure porteur de nombreuses autres ruptures économiques.
Historiquement, seul le retour à une définition métallique
des monnaies semble de nature à prévenir les manipulations de
cours de change.55
SECTION III. DROIT DES TIRAGES SPECIAUX §1.
Notion de droit des tirages spéciaux
L'unité de compte du FMI est le DTS (droit de tirage
spécial) ; la conversion des données financières du FMI en
dollars est approximative et effectuée pour des raisons de
commodité. Au 30 avril 2016, 1 dollar était égal à
0,705552 DTS
60
et 1 DTS à 1,41733 dollar. Au 30 avril 2015, 1 dollar
était égal à 0,71103 DTS et 1 DTS à 1,40642
dollar.56
Le DTS est un actif de réserve international,
créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves
de change officielles de ses pays membres. En mars 2016, 204,1 milliards de DTS
avaient été créés et alloués aux pays
membres (soit l'équivalent d'environ 285 milliards de dollars). Les DTS
peuvent être échangés contre des devises librement
utilisables. La valeur du DTS repose actuellement sur un panier de cinq grandes
devises : le dollar des États-Unis, l'euro, le yen japonais, la livre
sterling et le renminbi (RMB) comme cinquième monnaie depuis le 1er
octobre 2016.
A. Le rôle du Droit des tirages spéciaux
(DTS)
Le DTS a été créé comme avoir de
réserve international complémentaire dans le cadre du
système de parités fixes de Bretton Woods. Tout Etat
adhérent au système devait disposer de réserves
officielles57 qui pouvaient servir à racheter sa monnaie
nationale sur les marchés des changes internationaux, au besoin, pour
maintenir son taux de change. Mais l'offre internationale de deux grands avoirs
de réserve, l'or et le dollar, s'est révélée
insuffisante pour favoriser l'expansion du commerce et des flux financiers
internationaux. La communauté internationale a donc décidé
de créer un nouvel avoir de réserve mondial sous les auspices du
FMI.
Quelques années à peine après la
création du DTS, le système de Bretton Woods s'est
effondré et les grandes monnaies sont passées à des
régimes de taux de change flottant. Par la suite, l'expansion des
marchés de capitaux internationaux a permis aux gouvernements solvables
d'emprunter plus facilement et de nombreux pays ont accumulé des volumes
importants de réserves internationales.
56 FMI, Op.cit.point ii.
57 avoirs en or de l'État ou de la banque
centrale et devises largement acceptées
61
De ce fait, le recours au DTS comme actif de réserve
mondial a diminué. Toutefois, plus récemment, les allocations de
DTS de 2009 d'un montant total de 182,6 milliards de DTS ont été
déterminantes pour approvisionner le système économique
mondial en liquidités et pour compléter les réserves
officielles des pays membres sur fond de crise financière mondiale.
Le DTS n'est pas une monnaie, et il ne constitue pas non plus
une créance sur le FMI. Il représente en revanche une
créance virtuelle sur les monnaies librement utilisables des pays
membres du FMI. Les détenteurs de DTS peuvent se procurer ces monnaies
en échange de DTS de deux façons : premièrement, sur la
base d'accords d'échange librement consentis entre pays membres ;
deuxièmement, lorsque le FMI désigne les pays membres dont la
position extérieure est forte pour acquérir des DTS de pays
membres dont la position extérieure est faible. Outre son rôle
d'avoir de réserve complémentaire, le DTS sert d'unité de
compte du FMI et de plusieurs autres organisations internationales.
B. La valeur du DTS est déterminée par un
panier de devises
La valeur du DTS a été fixée initialement
à 0,888671 gramme d'or fin, ce qui correspondait alors à un
dollar. Après l'effondrement du système de Bretton Woods, en
1973, la valeur du DTS a été déterminée par rapport
à un panier de monnaies. Celui-ci comprend actuellement le dollar,
l'euro, le yen, la livre sterling et le renminbi tel que susdit.
La valeur du DTS en dollars est déterminée
quotidiennement et affichée sur le site Internet du FMI. Elle
représente la somme de la part de chacune des monnaies du panier,
exprimée en dollars et calculée sur la base du taux de change
coté chaque jour à midi sur le marché de
Londres.58
58 FMI, Op.cit., p.12
62
La composition du panier est revue tous les cinq ans par le
Conseil d'administration, ou plus tôt si le FMI est d'avis qu'un
changement de circonstances le justifie, pour veiller à ce que la
pondération des monnaies rende bien compte de leur importance relative
dans les échanges et les systèmes financiers internationaux.
C. Quid du panier du DTS ?
Une nouvelle formule de pondération a été
adoptée par le FMI depuis 2015. Elle attribue des parts égales
aux exportations de l'émetteur de la monnaie et un indicateur financier
composite. Cet indicateur inclut en parts égales, les réserves
officielles libellées dans la monnaie du pays membre (ou de l'union
monétaire) détenues par les autorités monétaires
qui ne sont pas émettrices de la monnaie pertinente, l'activité
sur le marché des changes dans la monnaie et la somme des engagements
bancaires internationaux et titres de dette internationaux libellés dans
la monnaie concernée.
Le 30 novembre 2015, le Conseil d'administration a
achevé la révision quinquennale de la liste des monnaies qui
composent le panier du DTS. Le Conseil a déterminé que le
renminbi chinois remplissait les critères de sélection en vigueur
pour être inclus dans ce panier, ainsi, avec effet au 1er octobre 2016,
le renminbi ayant été déclaré monnaie librement
utilisable, il a été inclu dans le panier du DTS, dont il
deviendra la cinquième monnaie, aux côtés du dollar des
États-Unis, de l'euro, du yen et de la livre sterling.
À compter du 1er octobre 2016, les cinq monnaies
composant le nouveau panier du DTS ont été
pondérées comme suit, conformément à la formule
adoptée par le Conseil d'administration du FMI :
Pondération des monnaies composant le panier du DTS, au
1er octobre 2016 :
Euro : 30,93 % (monnaie de la zone euro)
Renminbi : 10,92 % (Monnaie chinoise)
Yen : 8,33 % (Monnaie japonaise)
Livre sterling : 8,09 % (Monnaie anglaise)
59 Ibidem
63
Dollar : 41,73 % (Monnaie américaine Us)
§2. Comment fonctionne le système de
quotes-parts du FMI ?
Les quotes-parts de tous les États membres augmentent
à la suite de la décision d'accroître les ressources de
cette catégorie (mesurées en droits de tirage spéciaux ou
DTS).
Les quotes-parts Relatives et le pouvoir de vote des
États membres les plus pauvres sont protégés.
Quatre pays émergents (Brésil, Chine, Inde et
Russie) figurent désormais parmi les dix plus grands États
membres du FMI. La liste comprend également les États-Unis, le
Japon et les quatre plus grands pays européens (Allemagne, France,
Italie et Royaume-Uni).
Chaque État membre du FMI se voit attribuer une
quotepart qui correspond à peu près à sa position relative
dans l'économie mondiale. Les quotes-parts représentent une
composante essentielle des ressources financières du FMI. La quote-part
d'un État membre détermine le montant maximum de ressources
financières qu'il s'engage à fournir au FMI et le nombre de voix
qui lui est attribué, et détermine le montant de l'aide
financière qu'il peut obtenir du FMI.
Formule de calcul
La formule actuelle de calcul des quotes-parts est une moyenne
pondérée en fonction du PIB (à 50 %), du degré
d'ouverture de l'économie (à 30 %), de la variabilité
économique (à 15 %) et des réserves officielles de change
(à 5 %). À cet effet, le PIB est constitué par des
éléments composites basés sur les taux de change du
marché (pondération de 60 %) et sur les taux de change en
parité de pouvoir d'achat (pondération de 40 %). La formule de
calcul comprend aussi un facteur de compression qui réduit la dispersion
des quotes-parts calculées pour l'ensemble des États
membres.59
60 La formule actuelle de calcul des
quotes-parts a été adoptée en 2008. Elle repose sur quatre
variables (PIB, ouverture, variabilité et réserves),
exprimées en pourcentage des totaux mondiaux, les
64
A. La situation des droits de tirages spéciaux au
FMI en 2016
Les quotes-parts sont libellées en droits de tirage
spéciaux (DTS), l'unité de compte du FMI. La plus forte
quote-part au FMI (au 30 avril 2016) est celle des États-Unis, avec 83
milliards de DTS (environ 118 milliards de dollars) et la moins
élevée est celle de Tuvalu, avec 2,5 millions de DTS (environ 3,5
millions de dollars). Chaque État membre est tenu de fournir au FMI des
ressources financières en fonction de sa quote-part.
B. Souscriptions
La quote-part d'un État membre détermine le
montant maximum de ressources financières que le pays est tenu de
fournir à l'institution. Le pays doit s'acquitter intégralement
de sa souscription lors de son adhésion : jusqu'à 25 % de cette
souscription doit être réglée en DTS ou dans d'autres
monnaies des États membres spécifiées par le FMI, et le
solde est réglé en monnaie nationale du pays concerné.
C. Les réformes des quotes-parts au
FMI
Principales conséquences des réformes de 2010
relatives aux quotes-parts et à la gouvernance. Plus de 6 % du total des
quotes-parts basculent vers les pays émergents et en
développement dynamiques, et des pays surreprésentés vers
les pays sous-représentés.
En décembre 2015, le Congrès des
États-Unis a adopté un texte de loi qui autorise les
réformes de 2010 relatives aux quotes-parts et à la gouvernance
du FMI. Toutes les conditions nécessaires à la mise en
application de ces dernières ont été satisfaites en
janvier 2016. Ces réformes d'une envergure sans précédent
sont un pas en avant crucial qui a permis d'affermir le FMI dans son rôle
de promotion de la stabilité financière mondiale.60
65
Les réformes ont considérablement
augmenté les ressources de base du FMI, lui permettant ainsi de riposter
plus efficacement aux crises. Elles améliorent en outre sa gouvernance
en reflétant davantage le rôle grandissant des pays
émergents et en développement dynamiques dans l'économie
mondiale.
§3. Valeur économique du droit de tirages
spéciaux
A. Taux d'intérêt du DTS
Le taux d'intérêt du DTS sert de base de calcul
pour le taux d'intérêt dont sont assortis les prêts aux pays
membres et les intérêts versés aux pays membres lorsque
leurs ressources sont utilisées pour des financements ordinaires (non
concessionnels) du FMI. Ce sont aussi les intérêts versés
aux pays membres sur leurs avoirs en DTS et perçus sur leurs allocations
de DTS.
Le taux d'intérêt du DTS est fixé chaque
semaine sur la base de la moyenne pondérée des taux
d'intérêt représentatifs de certains instruments à
court terme émis sur le marché monétaire des pays dont la
monnaie entre dans la composition du DTS.
B. Allocations du DTS aux Etats membres
En vertu de ses Statuts (article XV, section 1, et article
XVIII), le FMI peut allouer des DTS aux pays membres en proportion de leurs
quotes-parts
variables étant affectées de
pondérations dont le total est égal 1,0. Cette formule de calcul
comprend aussi un facteur de compression qui réduit la dispersion des
quotes-parts calculées en ayant un effet plus marqué sur les
grandes économies que sur les petites.
Au terme d'un réexamen complet de la formule de
calcul achevé en janvier 2013, l'identification des principaux
éléments susceptibles de former le socle d'un accord
définitif sur une nouvelle formule de calcul a sensiblement
progressé.
Il a été convenu qu'il était
préférable de chercher à réunir un large consensus
autour d'une nouvelle formule de calcul des quotes-parts dans le contexte de la
Quinzième Révision générale plutôt que de
procéder séparément (voir le « Rapport du Conseil
d'administration au Conseil des gouverneurs sur les résultats du
réexamen de la formule de calcul des quotes-parts »).
66
respectives. Ces allocations fournissent à chaque pays
membre un actif de réserve international gratuit et inconditionnel.
Le mécanisme du DTS est autofinancé et
perçoit des commissions sur les allocations, lesquelles sont ensuite
utilisées pour verser les intérêts sur les avoirs en DTS.
Si un Etat membre n'utilise aucun des avoirs en DTS qui lui sont
alloués, le montant des commissions sera égal aux
intérêts perçus.
Toutefois, si les avoirs en DTS détenus par un pays
membre dépassent son allocation, cet excédent est porteur
d'intérêts ; à l'inverse, s'il détient un montant de
DTS inférieur à son allocation, il verse des
intérêts sur la différence. Les Statuts prévoient
aussi des annulations de DTS, mais cette disposition n'a jamais
été utilisée.
Les Statuts du FMI prévoient la possibilité
d'agréer comme autres détenteurs de DTS61 certains
types d'organisations officielles telles que la BRI, la BCE ou les banques
régionales de développement. Un détenteur
agréé peut acquérir et utiliser des DTS dans des
transactions et opérations avec d'autres détenteurs
agréés et avec les pays membres du FMI. Le FMI ne peut pas
s'allouer de DTS à lui-même ni aux détenteurs
agréés.
Les allocations générales de DTS doivent
correspondre à un besoin global à long terme de compléter
les avoirs de réserve existants. Les décisions de procéder
à une allocation générale de DTS sont prises pour des
périodes pouvant aller jusqu'à cinq ans, bien qu'il n'y ait eu
jusqu'à présent que trois allocations générales. La
première allocation générale62 d'un montant de
12,1 milliards de DTS63 pour un montant de 161,2 milliards de
DTS.64
Par ailleurs, le quatrième amendement des Statuts a
pris effet le 10 août 2009. Il prévoyait une allocation
spéciale ponctuelle de 21,5 milliards de DTS et
61 Autres que les pays membres du FMI
62 D'un montant total de 9,3 milliards de DTS, a
été distribuée en 1970-72, la seconde
63 a été distribuée en 1979-81 et
la troisième
64 a été distribuée le 28
août 2009.
67
visait à permettre à tous les pays membres du
FMI de participer équitablement au système des DTS et de
rectifier les disparités envers les pays qui, ayant adhéré
au FMI après 198165, n'avaient jamais reçu
d'allocation de DTS jusqu'en 2009.
L'allocation générale et l'allocation
spéciale de 2009 ont porté le total des allocations
cumulées de DTS à 204,1 milliards de DTS.
C. Achats et vente de DTS
Les membres doivent souvent acheter des DTS pour s'acquitter
de leurs obligations envers le FMI ou peuvent décider de vendre des DTS
pour moduler la composition de leurs réserves. Le FMI sert
d'intermédiaire entre membres et détenteurs agréés
pour veiller à ce que les DTS puissent être échangés
contre des monnaies librement utilisables.
Pendant plus d'une vingtaine d'années, le marché
des DTS a fonctionné à partir d'accords d'échange
volontaires. Aux termes de ces accords, plusieurs membres et un
détenteur agréé se sont portés volontaires pour
acheter ou vendre des DTS dans les limites prescrites dans leurs accords
respectifs. Suite aux allocations de DTS de 2009, le nombre et la portée
des accords volontaires ont augmenté pour veiller à maintenir la
liquidité du marché volontaire des DTS. Il y a maintenant 32
accords d'échange volontaires, y compris 19 nouveaux accords depuis les
allocations de DTS de 2009.
Depuis septembre 1987, les transactions volontaires ont
assuré la liquidité des DTS. Cependant, si la capacité des
accords d'échange volontaires venait à être insuffisante,
le FMI pourrait recourir au mécanisme de désignation. En vertu de
ce dispositif, les membres dont la position extérieure est suffisamment
forte sont désignés par le FMI pour acheter des DTS
jusqu'à un certain montant en échange de monnaies librement
utilisables auprès de membres dont la position extérieure est
faible. Ce dispositif sert à garantir la liquidité et le
caractère de réserve du DTS.
65 soit plus du cinquième des membres actuels
du FMI
68
La monnaie Chinoise intégrée au panier
du DTS66
En application de la méthode actuelle
d'évaluation du DTS, le panier du DTS est révisé tous les
cinq ans, à moins que les circonstances ne justifient une
révision anticipée dans l'intervalle, comme mentionné
ci-haut. La révision de la méthode d'évaluation du DTS
porte sur les critères de sélection des monnaies qui composent le
panier du DTS, la sélection des monnaies, la méthode de
pondération, et la composition du panier de taux d'intérêt
du DTS, le but étant d'accroître l'attractivité du DTS en
tant qu'avoir de réserve international.
À la suite de la décision du Conseil
d'administration d'approuver l'intégration du renminbi à la liste
des monnaies constituant le panier du DTS, la Directrice
générale, Christine Lagarde, aurait publié la
déclaration selon laquelle la décision du Conseil
d'administration d'inclure le renminbi dans le panier du DTS serait une
étape importante de l'intégration de l'économie chinoise
dans le système financier mondial. C'est aussi une reconnaissance des
progrès accomplis ces dernières années par les
autorités chinoises dans la réforme des systèmes
monétaire et financier du pays.
La poursuite et l'approfondissement de ces efforts rendront le
système monétaire et financier international plus robuste, ce qui
à son tour favorisera la croissance et la stabilité de la Chine
et de l'économie mondiale, RDC comprise.
À cette occasion, les administrateurs, ont noté
le développement considérable de l'utilisation et de la
négociation internationale du renminbi depuis la dernière
révision, et ce pour tous les indicateurs pris en compte dans
l'évaluation. Ils sont convenus que le renminbi pouvait maintenant
être considéré comme une monnaie qui est en fait, largement
utilisée pour régler des transactions internationales et
couramment négociée sur les principaux marchés des
changes.
66 Rapport annuel du FMI, Op.cit., p.14-15
69
Le taux d'intérêt du DTS continuera d'être
fixé sur la base de la moyenne pondérée des taux
d'intérêt représentatifs de certains instruments financiers
à court terme émis sur le marché monétaire des pays
dont la monnaie entre dans la composition du DTS.
Bref, Les efforts sont menés par chaque Etat au niveau
international pour valoriser sa monnaie nationale grâces aux
réformes économiques et structurelles dans leur territoire
respectif. L'étude consacrée à la valorisation du franc
congolais évoque la notion du droit de tirages spéciaux pour
faire voir la concurrence monétaire internationale et les avantages
d'avoir une monnaie forte.
C'est pourquoi la RDC se doit beaucoup de rigueur devant
être essentiellement économique, financier, politique et
juridique. C'est dans ce cadre que cette étude prévoit un
chapitre entier consacré au régime juridique applicable à
la monnaie locale de la RDC.
70
CHAPITRE III. REGIME JURIDIQUE APPLICABLE A LA
PROTECTION DU FRANC CONGOLAIS
La protection juridique doit être indirecte pour ce qui
concerne la régulation de l'appéciation du franc congolais et non
direct, pour des raisons de competence. Puisque la seule Autorité
Monétaire reste la Banque Centrale du Congo et non le parlement au
regard de la loi, habilitée à définir les règles de
la politique monétaire, veiller à tous les problèmes
liés à la fluctuation de la monnaie locale, la stabilité
et équilibre de la masse monétaire.
C'est pourquoi, dans ce dernier chapitre, il nous sera
question de débaler la notion de régime juridique, ensuite
d'étayer les mécanismes et fixer le cadre de protection de la
monnaie locale, et enfin de dégager les détails sur la
législation protectrice du système monétaire congolais.
SECTION I. PROTECTION JURIDIQUE ET EXTRA-JURIDIQUE
§1. Cadre du régime juridique
A. Notion
Un régime juridique est le cadre légal
regorgeant toute la réglementation de la monnaie dans l'économie
nationale aux fins de la protéger contre les vents inflationnistes
permanents.
B. Contenu
Il comprend les bases légales et leurs commentaires,
les caractéristiques du système monétaire local, les
bénéficiares, les avantages et les différents rôles
à jouer au niveau interne, régional et international.
71
C. Démarche
Parlement, gouvernement et banque centrale sont appelés
à travailler ensemble pour nettoyer les textes des lois
dollarisés et profiler ensemble des perspectives positives dans chacun
le secteur qui le concerne.
§2. Décret-loi n°080 du 17 Juin 1998
portant institution du franc congolais
A. Les parités internes et externes en franc
congolais
A sa publication le 17 juin 1998, le décret-loi
n°080 instituant le franc congolais en son article 3, déterminait
les parités internes et externes en FC comme suit : « Alinéa
1. La parité interne est fixée, pour 1 Franc Congolais,
respectivement à 100.000 NZ et 14.000.000 Z.
Alinéa 2. La parité externe du Franc Congolais
est déterminée en Fonction des forces du marché,
conformément au régime de change flottants, en vigueur ». Le
régime de change adopté a été depuis ces
années-là limité en ce sens que l'Etat ne devait pas
intervenir sur le marché directement.67
Avec les forces du marché le franc congolais n'aurait
pas assez de valeur devant les dévises étrangères qui
battent record à cause des investissements financés en dollar et
les opérateurs financiers majoritairement étrangers.
B. Les rétombées du régime de change
adopté
Déjà notre fameuse adoption du taux de change
flottant depuis le 26 mai 1998 parlait de 1 dollar américain pour 313,5
FC. En terme clair, en trois ans d'existence, le Franc congolais s'était
dévalué de 1.035 %, soit une moyenne journalière de 0,95 %
de dépréciation68 en 2001. Il faut remonter à
l'histoire de la Lire italienne d'après guerre pour rencontrer un tel
phénomène. Les spécialistes à la publication des
records extrême attribueraient à notre monnaie la triste palme
d'or de
67 Article 3 du décret-loi n°080 du 17
Juin 1998 portant institution du franc congolais.
68
www.ecc.faithweb.com/tch.htm,
consulté à 12h33, le 28 Février 2019
72
la monnaie la plus vulnérable au monde en trois ans
d'existence. Ce n'est ni plus ni moins l'effondrement d'un édifice
apparemment géant, mais construit sur le sable. A nos jours la
dévaluation va de croissance en croissance et donne des perspectives de
changer notre régime de change opportunément.
C. Les causes immédiates
Par ailleurs, le fameux glissement du prix des produits
pétroliers dont le prix du litre d'essence à la pompe qui passait
de 70 à 280 FC en 24 h en 1998-1999, n'est d'autre qu'une augmentation
de prix. C'était plus qu'énorme pour une population dont le
pouvoir d'achat était nul pour ne pas dire négatif, depuis
plusieurs décennies déjà à causes des crises de
guerre de libération. Vu la sensibilité de ce secteur
entamé par des virus de la dévaluation déjà
à l'année du lancement officiel du franc congolais, la
consommation globale et la valeur de la monnaie locale dégringole
justificativement même à nos jours.
§3. Protection extra-juridique
A. Secteur du travail et des ressources
forestières
La RDC devra faire en sorte que notre système bancaire
soit majoritairement congolais en encourageant ses citoyens les plus riches
à investir dans des banques commerciales congolaises, ainsi les filiales
des banques étrangères qui pillulent en RDC pourraient laisser
place aux initiatives bancaires locales. Et cela passerait par une
démarche législative.
Formaliser le secteur informel du travail
Les crises ont entraîné une nette
dégradation des termes de l'échange par la hausse des prix
à l'exportation et la baisse des cours mondiaux des matières
premières.69 Face à la déconfiture et à
la désertion des pouvoirs publics de l'époque, le secteur
informel est venu en quelque sorte à la rescousse de la population.
69 Ministère de Plan-RDC, Op.cit, p.70-74
73
Ce secteur informel représenterait, de nos jours, plus
de 80% de l'économie dans des secteurs aussi divers que le transport, la
couture, la coiffure, le commerce... Le secteur informel joue ainsi un
rôle de vecteur de croissance et de cohésion sociale, il contribue
également à servir de plate-forme d'accueil des agents
économiques exclus du secteur officiel.
Le secteur informel constitue un frein au
développement plus rapide et un facteur réducteur de l'assiette
fiscale
Il décourage l'initiative privée dans le secteur
des PME/PMI formelles dont le pays a besoin. Ce secteur souffre
également d'un manque de vision à long terme et d'un
déficit d'encadrement. Tout cela a donné un coup fatal à
l'économie. Pour résoudre ce problème à la fois
crucial et immédiat, l'Etat congolais s'engagerait à tirer profit
de potentialités qu'offre le secteur informel (source de
créativité, d'esprit d'entreprise et terrain fertile d'apparition
d'une éthique du travail fondée sur une forme nouvelle
d'autonomie).
Pour y parvenir, l'Etat menerait des études qui vont
construire progressivement le passage de l'économie informelle à
l'économie formelle dans l'esprit et la pratique par la mise en oeuvre
de politiques et stratégies permettant à l'économie
informelle d'atteindre ses objectifs (la création d'emplois, la lutte
contre la pauvreté et l'extension de la couverture sociale pour tous).La
révision des dispositions juridiques et réglementaires dans le
secteur informel, est la condition indispensable vers la formalisation.
Le Code forestier de la RDC, promulgué par loi n°
011/2002 du 29 août 2002 vise à organiser les espaces forestiers
et leur exploitation en classant les forêts en trois catégories
répondant chacune à une vocation prioritaire.
70 M. Prieur, Droit, Forêts et
Développement durable, in « Conclusions
générales, Bruxelles, Bruylant, 1996 ; p.506
74
Cependant au-delà de ces fonctions traditionnelles, les
forêts congolaises sont une source non négligeable
génératrice de revenu. Avec le fléau du
réchauffement climatique, les pays très industrialisés
tels que les États-Unis, le Canada, l'Allemagne, La Chine, la
Corée... sont tenus d'allouer des frais aux Etats très riches en
ressources forestières comme le Brésil, la RDC, au regard des
accords de Paris dits COP21, COP22, COP23...ainsi pour éviter le
déboisement devant servir à la production de la
photosynthèse qui protège la planète contre les gaz
à effet de serre. Surtout les pays ayant plus des usines toxiques
produisant des milliers de tonnes de fumées pleines de la toxine
nuisibles la santé des espèces animales et
végétales, à l'environnement et pour la couche d'ozone qui
nous protège contre l'émission des gaz à effet de
serre.
« Cinq Etats ont une responsabilité
spéciale vis-à-vis de l'environnement global car ils regroupent
à eux seuls 55% des forêts : Le Brésil, Le Canada, Les
Etats-unis, la Russie et le Zaire, actuel RDC ».70
La forêt produit de nombreux services qui contribuent
formellement et informellement au développement du pays.
Il y a lieu d'en citer certains qui contribuent directement
à la croissance économique dont notamment : Les services de
prélèvements à travers l'exploitation industrielle et
artisanale des produits ligneux et la valorisation des produits forestiers non
ligneux (gibiers, médecines traditionnelles, fruits et légumes) ;
et les services de régulation à travers le soutien à la
régulation des écosystèmes, notamment : la ressource eau
(consommation, agriculture, énergie, et transport), la protection du sol
et des terres contre les érosions ainsi que les effets néfastes
de changement climatique.
Avec seulement 12,4 millions d'hectares de superficie
concédées effectivement sous exploitation à ce jour, soit
moins de 10 % de la superficie totale boisée, la RDC est bien en
arrière par rapport aux autres pays de la sous-région de
l'Afrique centrale.
75
B. Secteur minier et d'hydrocarbures
Peu avant la promulgation du code minier en 2018, la RDC et le
Rwanda ont signé, le 4 avril 2017, un accord de coopération
portant sur l'exploration pétrolière des 2 700 km2
qu'ils se partagent dans la Lac Kivu. L'accord prévoit une exploitation
commune en cas de découverte d'un gisement. Dans la même
région des Grands Lacs, il est annoncé un retrait du Rwanda de la
CEPGL.
Ce pays voulant se concentrer sur sa
réintégration au sein de la CEEAC, semble ne plus porter à
coeur le projet de relance de la CEPGL. Ainsi, son retrait pourrait mettre en
difficulté l'existence même de cette institution composée
de trois pays seulement (Burundi, RDC, Rwanda) à laquelle la CEEAC a
recommandé de s'intégrer dans son ensemble.71
Cet accord rentre dans le cadre de la diversification de
l'économie. Le secteur des hydrocarbures
régénérerait des recettes très importantes dans les
jours à venir dès la phase d'exploration serait possible, et
l'économie du pays croîtra.
Le code des hydrocarbures, clarifié et publié,
le cadre légale et réglementaire est déjà
là. Il sera impérieux que l'Etat octroie les droits d'exploration
pétrolière et d'exploitation minière selon le principe de
la concurrence et conformément aux bonnes pratiques internationale, avec
la révision des dispositions relatives au faible pourcentage de la part
exploitée au gouvernement congolais.
Avec le vote et la promulgation du nouveau code minier,
l'assiette fiscale est élargie en faveur de l'économie nationale
et les garanties d'amélioration du système monétaire et
financier se pointent à l'horizon. Les priorités seraient :
renforcement de l'exploration et la prospection ; au démarrage de la
production de gaz naturel ; à la remise à niveau des entreprises
publiques du secteur minier et des hydrocarbures et à
l'amélioration des capacités de transformation et
l'établissement
71 Rapport économique annuel de la
représentation Suisse à Kinshasa, 2017, p.3
76
d'un cadre d'orientation et de régulation du secteur
pour ne pas déplacer les capitaux à l'étrangers pour des
fins de transformation et à amoindrir l'assiette fiscale.
C. Secteur d'investissement
Le sens de l'investissement peut s'éclairer sur base de
la situation des investissements en RDCongo dont l'arsenal législatif
paraissait garantir plus de protection aux investisseurs qu'à l'Etat
lui-même. Le code minier garantissant plus d'intérêts
protégés pour les investisseurs étrangers, dans les
secteurs miniers et hydrocarbures a heureusement été
modifié en faveur de la poche financière congolaise par la
promulgation du nouveau code minier et des hydrocarbures en 2018.
Quant à la question de protection de l'investissement
étranger, il est au coeur de l'actualité économique
internationale. Elle participe du mouvement de globalisation économique
et financière amorcé au courant de deux dernières
décennies du 20ème Siècle en Afrique et
accéléré après l'échec des politiques
publiques menées par les Etats en Afrique. Ces politiques, accès
sur les nationalisations des sociétés étrangères
installées en Afrique, avaient créé un climat
d'insécurité juridique pour l'investissement.
La République Démocratique du Congo fait partie
de ces Etats qui ont appliqué les politiques rigoureuses de
nationalisation fondées sur le principe de souveraineté de l'Etat
sur les ressources naturelles. Face à l'échec de ces politiques
publiques en matière d'investissement, il s'est avéré
nécessaire de trouver des remèdes et parades efficaces pour
équilibrer les rapports entre les parties (Etat et investisseurs).
Cet équilibre peut se réaliser par une double
protection : Une protection à la fois de l'engagement de l'Etat à
travers les contrats d'investissements et l'agrément de l'investisseur
mais également une protection des prérogatives de l'Etat dans la
réalisation de l'investissement. Ceci passe notamment par le dialogue
entre les parties intéressées à l'investissement en
utilisant l'intelligence juridique, politique et diplomatique.
77
De ce qui précède, déduisons que la
protection juridique du franc congolais, exige la même rigueur des
protections des intérêts de l'Etat tels que pour le contrat
d'investissement en ce sens qu'il s'agit d'une question qui fait appel à
l'ordre juridique interne et internationale en matière d'investissement
tout comme pour ce qui concerne une monnaie étrangère dans une
économie nationale, régie par la politique monétaire
internationale, des instruments internationaux en même temps par les lois
et politique monétaire internes.
Etant donné que les intérêts rendent
inamovibles les étrangers par rapport à une situation
irrégulière et préjudiciable à l'Etat hôte,
ces derniers ne feraient jamais signe de cette absence de justice dans la
distribution des intérêts, étant donné que cette
situation cautionne l'enrichissement de leurs capitaux. C'est ainsi que
dès lors que la conscience est avertie ; une protection juridique est
opportune.
C'est pareil pour la situation du marché
monétaire congolais. La dépréciation du franc congolais
conditionne de la valeur maximale du dollar américain. Le pouvoir
législatif est donc sensé réglementer en bon escient le
marché monétaire de façon à rétablir la
valeur du franc congolais ; qu'il s'agisse des contrats miniers ou
d'investissement en général le taux d'intérêt pour
la RDC doit être équitabilisé.
Les textes y relatifs sont moins nombreux, et ceux qui
existent donnent avantage au dollar américain en défaveur de la
monnaie locale.
Il a été démontré scientifiquement
qu'on ne chasse pas brutalement une monnaie sur le marché évitant
ainsi de multiples conséquences que ce geste peut causer sur le plan
politique, économique, sociale et internationale.
Cette politique, qui consistait à bancariser tous les
services financiers de manière progressive, commerçant par la
paie des fonctionnaires de l'Etat au moyen de la banque et en franc congolais,
a connu un élan positif en ce sens que la dédollarisation
devenait progressivement effectif.
78
En tout état de cause, le franc congolais peut se
protéger de manière juridique et faire face au
déséquilibre financier. L'Etat a la mission de définir la
politique de protection, ensemble avec la banque centrale, mais aussi le
parlement. Il est donc opportun que l'Etat congolais intervienne dans ce
domaine pour proposer de réglementations salvatrices ; comme c'est le
cas avec les investissements au pays. L'Etat jouit d'une souveraineté
permanente sur sa monnaie et sur sa politique monétaire.72
Une guerre entre Etats du Nord (Occident) et Etats du Sud
(Asie) est permanente pour gagner le marché et l'infiltration
économique en Afrique, et pareil en RDCongo. Les Etats-Unis ont su
finalement envahir les systèmes financiers du monde du dollar
américain et de tous leur mécanismes d'imposition de cette
monnaie-là faisant pas pour incontournable. C'est pourquoi les
Etats-Unis, l'Union Européenne se lancent dans l'application
extraterritoriale de leur législation, pour accentuer la perte du
contrôle règlementaire au sud.73
Les questions de l'économie sont donc
verrouillées. Le dollar joue bien le rôle ; et pareil pour le
droit du commerce international ; qui prévoit les questions liées
à l'ouverture des marchés en cas d'investissement des
étrangers avec une imposition terrible du dollar américain,
à l'intégration sous régionale, à la
non-discrimination des investissements étrangers par rapport aux
investissements nationaux, à la bonne gouvernance ou encore à la
protection des normes environnementales et sociales au regard du flux des
capitaux étrangers sur les marchés nationaux.74
Aucune justice dans ces prévisions textuelles en faveur
pour la RDC ; sur
72 ONU, Résolution 1803, article 1 :
« Le droit de souveraineté permanente des peuples et des
nations sur leurs richesses et leurs ressources naturelles doit s'exercer dans
l'intérêt du développement national et du bien-être
de la population de l'Etat intéressé ». Cette
souveraineté permanente pose le droit souverain de chaque Etat de
disposer de ses richesses et de ses ressources naturelles. V. aussi le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre
1966, article 1er
73 Th. WALDE, Nouveaux horizons pour le droit
international des investissements dans le contexte de la mondialisation de
l'économie, Paris, Editions, A. Pedone, 2004, p.16
74 Rodrigue Ntungu, Le Droit congolais à
l'épreuve de la mobilité du capital : Protection de l'Etat
récepteur d'investissements, Harmattan, RDC, 2013, p.25
75 K. BENYEKHLEF, Une possible histoire de la
norme : les normativités émergentes de la mondialisation,
Québec, Editions Thémis, 2008, P.332
79
le plan de fond ; car malgré leur apparente
diversité, ces questions ont une source commune : les conflits normatifs
grandissants entre les normes nationales et les règles du commerce
international liées à l'investissement et à la
cohabitation des monnaies étrangère et locales. La
capacité de l'Etat à dire le droit et à protéger
son économie nationale et sa monnaie locale semble dès lors
fortement perturbée.75
Il faut se rappeler que la RDC et les Etats étrangers
avec lesquels elle signe des accords et traités internationaux relative
à la monnaie, sont présumés compétents et
d'égale habilité dans l'étude des conséquences de
l'exécution du traité ou accord règlementant l'utilisation
du dollar où l'investissement ou carrément le commerce des
étrangers au pays.
Paradoxalement pour l'investissement par exemple,
l'investisseur n'est tenu à aucune obligation de résultat. Pour
la consommation du dollar, il est présenté comme faveur
grâce à la mondialisation. Ainsi ces Etats étrangers
demeurent potentiellement susceptible de porter atteinte à la
sécurité du franc congolais.
Ainsi, s'il revient aux investisseurs ou aux Etats
émetteurs de la monnaie étrangère de produire des contrats
pré-rédigés auxquels adhère la RDC, cet
investisseur ou cet Etat étranger, qui détient l'information et
possède tant d'expertise que les moyens techniques et financiers, n'est
donc pas la partie faible que l'on pense.
La protection juridique de l'Etat est par conséquent,
envisagée à deux niveaux : la protection de l'engagement de
l'Etat pour l'utilisation de la monnaie étrangère dans son
système monétaire et marché financier, d'une part, la
protection des prérogatives de l'Etat dans la consommation effective de
la monnaie étrangère dans son système économique,
d'autre part ; et ceci par le pouvoir législatif, et exécutif
à la fois.
80
Il sied de préciser en liminaire que les monnaies des
Etats à économie faible sont sous la domination financière
de la monnaie étrangère. Avec des investissements en demande
permanente, la monnaie principale de leurs transactions c'est la monnaie
étrangère ; à l'instar de la RDCongo où le dollar
américain bat son plein dans les multiples investissements dont elle est
« bénéficiaire ».
Bref, les opérations économiques de
multilatéraux des sujets étrangers au pays, des opérateurs
économiques de l'étranger au moyen des investissements, mais
aussi les financements des Etats puissants, organisations internationales et
institutions financières internationales pourvoyeurs financiers dans des
pays pauvres, notamment la RDCongo, inondent malicieusement le marché
financier en particulier et l'économie nationale en
général de la RDC, du dollar américain. Ainsi
l'idée d'investissement fait appel au dollar
américain.76
Dans l'idée de la définition de l'investissement
à l'occurrence, les critères constitutifs d'un investissement
sont objectifs ; et le critère monnaie en espère n'est pas
écarté. Cette vision prévaut notamment, dans l'accord du
10 Mars 1972 relatif à la protection et à l'encouragement des
investissements entre la Suisse et le Zaïre; actuelle
RDCongo.77
Cependant, la convention du 05 Octobre 1972 sur la protection
des investissements entre la République Française et la
République du Zaïre, actuelle RDCongo, contextualise le fond de
l'investissement à toutes créances afférents aux biens et
droits, et aux prestations qui s'y rapprochent, aux droits réels, au
droit de participation et aux éléments incorporels du fonds de
commerce.78
76 Décision du comité ad
hoc du 1er Novembre 2006. V. J. FOURET, « La sentence arbitrale
et les recours contre cette sentence », Droit et Affaires, 6è
édition, 2008, p.69
77 En son article 1er,
l'investissement est l'ensemble d'« apports en espèces ou en nature
faits par les ressortissants ou sociétés d'une des parties
contractantes sur le territoire de l'autre, conformément à la
législation respective des parties contractantes, applicable aux
investissements, en vue soit de constituer une capacité de production
nouvelle des biens ou des services, soit de rationaliser des méthodes de
production ou d'en améliorer la qualité ».
78 L'article 1er entend par
investissement, «les biens meubles et immeubles ainsi que tous
autres
81
Cela sous-entend au finish la contrepartie en espèces,
en monnaie étrangère. Les textes de loi qui mettent le franc
congolais en faiblesse sont légions. C'est pourquoi il est temps qu'ils
connaissent d'énormes réformes législatives. Dans
l'idée d'une protection juridique de la monnaie locale de la R.D.Congo,
il sied d'appliquer désormais la doctrine Calvo.79
SECTION II. LEGISLATION PROTECTRICE DU SYSTEME
MONETAIRE
CONGOLAIS
La monnaie nationale congolaise est protégée de
manière directe et indirecte par les traités et accords
régionaux et internationaux mais aussi et surtout par les lois internes,
qui servent de cadre légal des lois de police économique en
matière monétaire et de change. Cependant il existe d'autres lois
manifestément défavorables à la monnaie nationale, le
franc congolais.
droits réels tells qu'hypothèques, droit de
gage, etc., acquis ou constitués en conformité avec la
législation du pays où se trouve l'investissement; les droits de
participation à des sociétés et autres sortes de
participation; les droits de propriété industrielle, brevet
d'invention, marques de fabrique ou de commerce, ainsi que les
éléments incorporels du fonds de commerce; les concessions
d'entreprises accordées par la puissance publique, et notamment les
concessions de recherches et d'exploitation de substances minérales;
toutes créances afférents aux biens et droits, et aux prestations
qui s'y rapportent.
79 Selon la doctrine Calvo
(éminent juriste argentin du XIXème Siècle), les Etats
souverains jouissent du droit de n'être soumis à aucune forme
d'ingérence de la part d'autres Etats et les étrangers ont les
mêmes droits que les nationaux. En cas de plaintes ou de
réclamations, ils ont l'obligation d'épuiser tous les recours
légaux devant les tribunaux locaux sans demander la protection et
l'intervention diplomatique de leur pays d'origine ; en termes de
conséquences pour les contrevenant aux mesures de souveraineté
relative à la protection de son économie, sa monnaie, les
investissements, etc. La doctrine Calvo est même incorporée dans
la charte de l'organisation des Etats Américains (article 15), le Pacte
de Bogota (article 7), la résolution 3171 du 17 Décembre de 1973
de l'Assemblée générale des Nations Unies
(Souveraineté permanente sur les ressources naturelles aussi),
paragraphe 3, et dans plusieurs constitutions nationales. C'est le cas,
notamment de la Constitution de l'Argentine (article 116), de la Bolivie
(article 24), du Guatemala (article 29), du Salvador (articles 98 et 99), de
l'Equateur (article 14), du Pérou (article 63.2), du Venezuela (article
151), etc. V. Centre Europe-Tiers Monde et Association Américaine de
Juristes, « Droits économiques, sociaux et culturels »,
communication à la commission des Droits de l'homme de l'ONU, 56è
Session (Août 2004), Document inédit E/ CN.4/ Sub.2/2004/NGO/10,
P.55.
82
§1. TEXTES DE BASE
A. Lois internes
? Arsénal juridique de protection
La législation y afférente est abondante. (Cfr
bibliographie)
? Moyens de droit pour la dédollarisation du codee
du travail (Sélectif)
L'article 84 du code de travail en vigueur en RDC
précise que l'ordonnace du président de la République,
prise sur proposition du ministère ayant le travail, emploi et
prévoyance sociale dans ses attributions, après avis du Conseil
National du Travail, fixe les salaires minima interprofessionnels garantis ;
mais sans en préciser expressément le mode de payement en franc
congolais.
L'article 89, al.1 stipule pour ce qui le concerne que :
« La rémunération doit être stipulée en monnaie
ayant cours légal en République Démocratique du Congo
».
A l'article 98 du même code de préciser que la
rémunération doit être payé en espèce. Si le
franc congolais était imposable par cette loi, la dollarisation n'aurait
pas l'impact qu'elle a aujourd'hui dans notre économie nationale,
puisque l'article 101 du même code renforce l'article 98, en stipulant ce
qui suit : « Sous reserve des dispositions des articles 138 et 139 du
présent code, le payement de tout ou partie de la
rémunération en nature est interdit ». Voilà donc une
occasion au franc congolais de s'épanouir. Ce n'est qu'une question de
réglementation légale.
Avec le même code du travail, l'article 208 stipule :
« Il est institué au ministère du travail, emploi et de la
prévoyance sociale une Commission Nationale de l'Emploi des Etrangers
». Quelle mission pour cette commission ?
L'article 209, al.2 répond : « La Commission
Nationale de l'Emploi des Etrangers a comme mission générale de
statuer sur la délivrance des cartes de travail pour étrangers
». L'alinéa 2 précise : « A cet effet, elle statue sur
la demande d'engagement et sur le renouvellement des cartes de travail pour
étrangers et conseille le Ministre ayant le travail, emploi et la
prévoyance sociale dans ses attributions, sur
83
les mesures susceptibles d'améliorer la
législation protégeant la main-d'oeuvre nationale contre la
concurrence étrangère ».
L'article 211 stipule lui que : « Il est perçu une
taxe sur les opérations relatives à l'octroi de la carte de
travail pour étrangers. Le taux ainsi que les modalités de
perception de cette taxe sont fixés par un arrêté
signé conjointement par les Ministres ayant respectivement dans leurs
attributions le Travail et la prévoyance sociale ainsi que les Finances
et le budget ».
Cependant, la monnaie à utiliser à la paie de la
taxe n'est pas spécifiée non plus dans la loi alors qu'il s'agit
là d'une occasion douce de renforcer la politique de
dédollarisation en exigeant le payement en monnaie nationale.
Il en est le cas au titre XIV du code, relatif aux sanctions
administratives où la loi reste muette.80
Toutefois, pour ce qui concerne les indemnités
délictuelles,81la loi est claire en précisant des
seuils des peines en franc congolais.82
Il en est le cas avec la loi portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux du travail qui prévoit des
peines d'amendes en franc congolais.83
? Commentaire
Toutefois, qu'il s'agisse des droits et taxes à
l'importation (Ordonnance-loi n°011/2012 du 21 Septembre 2012), du nouveau
tarif des droits et taxes à l'exportation (Ordonnance-loi
n°012/2012 du 21 Septembre 2012), des frais exigibles au guichet unique
à l'importation et à l'exportation (Décret n°05/183
du 30 Décembre 2005), toutes perceptions devraient être payables
en monnaie nationale ; comme il en
80 Article 310 du code du travail du 16 Octobre 2002,
telle que modifié à ces jours
81 Amendes d'origine infractionnelle
82 Articles 320, 321, 322, 324, 325, 326, 328, 333,
du code du travail du 16 Octobre telle que modifié à ces jours
83 Article 40
84
est le cas avec toutes les indemnités
délictuelles dans les juridictions congolaises en matière
pénale, commerciale, du travail, etc
Le franc congolais devrait servir d'unité de compte ou
de référence dans la conclusion des contrats et dans la fixation
des prix des biens et services ; ainsi pour restaurer l'aspect confiance perdue
de la monnaie locale.
B. Loi communautaire
? Arsenal juridique
1. Traité de Port-Louis du 17 Octobre 1993 relatif
à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique
? Moyens de droit
Dans sa finalité d'uniformiser le climat des affaires
en Afrique, il s'avère important que le droit OHADA tienne compte des
impératifs monétaires dans des contrats commerciaux. Le droit
OHADA a aujourd'hui plusieurs raisons de se compléter, entre autres,
associer à son arbitrage les litiges liés aux monnaies locales et
étrangères.
Mais ceci demande qu'il étende son champ légal
d'application sur les contrats commerciaux et les accords économiques
régionaux et internationaux, et les étudier non seulement comme
contrat liant des personnes physiques ou morales de droit privé mais
aussi des Etats-membres entre eux ou avec d'autres Etats, en tenant compte de
la compétence de statuer sur l'objet du contrat, et les
intermédiaires des échanges ou moyens de paiement.
? Commentaire
La doctine soutient que la monnaie d'un Etat est à
risque lorsqu'il peut y avoir un changement politique brusque, lorsqu'il
règne au pays une atmosphère de passivité
économique caractérisée par un rendement et une
productivité très faible par l'ensemble de sa population et par
l'Etat lui-même, lorsqu'il ya guerre permanente au pays, lorsque le
marché international connait une crise financière terrible, mais
aussi et surtout lorsqu'il n'existe pas dans l'Etat une politique effective
d'industrialisation de la production pour la transformation,
destinéé à la consommation et à l'exportation
84 J. ISSA-SAYEGH, « Quelques aspects
techniques de l'intégration juridique : l'exemple des Actes Uniformes de
l'OHADA », Revue de droit uniforme, n°1 (1999), P.5
85
mais aussi lorsque ce pays, minier soit-il, connait
l'épuisement des gisements miniers et petrolifères, ou que le
prix de ces minérais baisse catégoriquement au niveau du
marché international.
Toutefois, le climat des affaires doit être suffisamment
protégé car avec l'avenèment de l'OHADA, tout n'est pas
encore régie par cet instrument juridique. C'est notamment les rapports
monétaires entre les Etats, les politiques internes aux Etats relatives
à la protection et sécurisation des monnaies locales, le droit
minier et des hydrocarbures, le droit forestier, etc.
Il s'avère à l'occurrence, impérieux de
mettre à jour un nouveau droit qu'on appelerait « droit
monétaire », qui se chargerait de réguler de manière
particulière les questions monétaires, de réglementer et
de proposer les moyens d'arbitrages entre les guerres de monnaies. C'est une
réalité existente, mais restée coffrée dans une
guerre froide. Ce droit ferait donc appel à l'ordre juridique
international.
Il est temps que le Traité de Port-Louis instituant
l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit de Affaires,
prévoit un mécanisme de protection monétaire pour
renforcer la sécurisation et l'uniformisation du climat des affaires au
niveau régional. Pour ce faire, rappelons donc que le contexte
d'intégration juridique permet de constater que, même s'il s'agit
de jeunes Etats africains appartenant à la même tradition
juridique comme ceux de la zone Franc, cette intégration demeure une
oeuvre mal définie et jamais achevée.84
Ainsi l'adhésion de la R.D. Congo aux traités
créant respectivement la Communauté Economique des Pays de Grands
Lacs (CEPGL) et la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale
(CEEAC) est parfois présentée comme un handicap à cette
intégration. Ce présupposé vise également deux
autres traités créant
86
le Common Market for Eastern an Southern Africa (COMESA) et la
Southern African Development Community (SADC), auxquels la RDC fait partie.
Encore faut-il que ces derniers instruments soient compatibles avec le
Traité de Port-Louis instituant l'OHADA dont la RDC est devenue le
dix-septième Etat-partie.85
Il ne me semble d'ailleurs pas évident que l'OHADA
tienne compte de la spécificité de la RDCongo comptant neuf
voisins d'inspirations juridiques concurrentes : romano-germanique
(Congo-Brazzaville, Centrafrique, Angola, Rwanda et Burundi), musulmane (Sud
Soudan) et Common Law (Ouganda, Tanzanie et Zambie) ; situation qui
présenterait des incidences sur les Traités susvisés. Mais
cette hypothèse ne bénéficie d'aucun appui doctrinal qui
fasse l'unanimité, pour deux raisons.
D'autre part, les objets des différents Traités
étant précis, l'OHADA ne saurait être assimilée
à une communauté économique comme la CEPGL ou la CEEAC.
Elle n'est ni un marché commun à l'instar du COMESA, ni un espace
de développement économique comme la SADC.
L'on sait que, pour les Etats parties, l'OHADA est
exclusivement un outil de sécrétion du droit à la fois par
l'élaboration et l'adoption des règles communes simples, modernes
et adaptées à la situation de leurs économies, par la mise
en oeuvre des procédures judiciaires appropriées et par
l'encouragement au recours à l'arbitrage pour le règlement des
différends concentractuels ; les monnaies locales des Etats-membres de
l'OHADA étant confronté à la monnaie
étrangère, la cohabitation financière de deux moyens de
change au moins, engendre tôt ou tard des différends devant faire
appel à l'arbitrage pour le règlement des différends
transactionnels et de politique monétaire, faisant appel à
l'ordre juridique international tel énoncé ci-haut.
85 La RDC est devenue le
17ème Etat-membre de l'OHADA le 12/07/2012 par le
dépôt des instruments d'adhésion auprès du
gouvernement sénégalais, dépositaire du Traité de
Port-Louis. Ledit Traité et les Actes uniformes y sont entrés en
vigueur le 12/09/2012.
87
D'où la nécessité d'élargir les
règles communes à un espace d'application internationale, ainsi
pour ouvrir un champ nécessaire de l'élaboration du « droit
monétaire » dont nous avons fait allusion
précédemment.
Cet outil nécessite, cependant, un Etat de droit, une
bonne gouvernance et une efficaacité judiciaire pour
s'affermir.86 Ainsi appréhendé, le Traité de
Port-Louis a pour objet l'harmonisation du droit des affaires dans les Etats
parties.87 Ainsi, il serait abbérant que le droit OHADA se
prévale le luxe de réglementer les affaires sans
réglementer les monnaies locales et internationales relatives aux Etats
membres dans le but de protéger l'appréciation et la valeur des
monnaies locales des Etats-parties.
D'autre part, les conflits de compétences
juridictionnelles paraissent aléatoires, notamment entre la CCJA de
l'OHADA, la cour de Justice du COMESA et le Tribunal de la
SADC.88
En effet, en matière contentieuse du droit des
affaires, la CCJA est à la fois une cour suprême nationale en
expatriation et une cour Suprême supranationale pour les
Etats-parties.89 Elle exerce une fonction consultative en
matière non contentieuse.
Pour la règlementation des monnaies dans le circuit des
affaires, une réforme devrait être fait pour avoir une assise
juridique prévue désormais par l'OHADA avec une étendue
internationale. Les Etats étrangers dont leurs monnaies sont imposantes
en Afrique, particulièrement dans les Etats parties de l'OHADA, et dont
la présence étouffe conséquemment la monnaie locale, se
trouveront contraints
86 P-G. POUGOUE, Séminaire de
l'INEADEC, Yaoudé, 23 Octobre 2010
87 Traité du 17 Octobre 1993 relatif à
l'harmonisation du droit des affaires en Afrique, article premier
88 Pour la question, MASAMBA Makela V.R,
Modalités d'adhésion de la RDC au traité de l'OHADA.
Rapportr final, vol.1, Kinshasa, inédit, 4 Février 2005. PP.
68-75 ; G. BAMUANGAYI Kalukuimbi, « Pourquoi la République
Démocratique du Congo (R.D.C) devait adhérer à l'OHADA ?
Critique prospective de la démarche d'adhésion de la RDC à
l'OHADA », Revue congolaise de Droit et des affaires, éd.
Spéciale, n°1 (2010), p.48
89 J-C. AWANA, Séminaire de l'INEADEC,
Yaoundé, 23 Octobre 2010
88
de respecter de prime à bord les clauses qui seraient
donc prévues dans le traité de Port-Louis relatives à la
protection et sécurisation des monnaies locales des Etats-membres.
Ce serait donc une clause d'adhésion à la base
d'une réforme pour laquelle nous formulons le plaidoyer dans le cadre de
ce travail.
La Cour de justice du COMESA, quant à elle, est
dépourvue de caractère judiciaire pour les litiges de droit
privé. Aux termes des articles 24, 25 et 26 du Traité du COMESA,
elle a compétence pour connaitre de requêtes contre la violation
des dispositions du Traité par un Etat membre ou par le Conseil des
ministres. En revanche, le traité de la SADC institue un tribunal.
Mais cette instance a simplement vocation d'assurer la
conformité des normes nationales aux dispositions du Traité et
des instruments subsidiaires, pour en garantir une juste interprétation
et statuer sur tous litiges dont elle est saisie.
Les risques de téléscopage entre le tribunal de
la SADC et la CCJA sont écartés. Encore qu'il faille
préconiser les accords entre le COMESA, LA SADC, et L'OHADA pour
garantir l'harmonisation effective de différents droits
matériels.
Dans le cadre de ce travail, il s'avère aussi judicieux
d'étendre ces accords aux organisations internationales à
vocation économique, avec pouvoir de régulation de la monnaie
étrangère, dollar à l'occurrence, et ainsi les accords
entre Etats émetteurs du dollar américain et les Etats d'Afrique
et cristaliser les libélés adoptés dans le Traité
de Port-Louis pour compléter l'OHADA.
Au total, l'intégration juridique de la RDCongo serait
inadéquatement abordée, si l'on se préoccupait uniquement
de l'étendue du pays qui, territorialement, est devenu le grand «
marché juridique » de l'OHADA. Au contraire, comme dit
précédemment, la RDCongo dispose d'une expertise, pour être
confronté de certains domaines du droit des affaires non
réglémentés par le législateur communautaire ;
rappelons à l'instar le droit forestier, le droit minier et des
hydrocarbures, mais aussi
89
et surtout le « droit monétaire », un
néologisme qui vaut son pésant d'or dans le cadre des
perspectives dégagée dans les méandres de ce travail.
Ce droit monétaire reglerait donc de manière
permanente tous les problèmes liés à la cohabitation du
dollar américain et des monnaies locales, du franc congolais notamment,
pour le cas de la République Démocraique du Congo et surtout
lorsque la monnaie étrangère manifesterait des indices
sérieux portant préjudice à l'économie nationale et
à la vie sociale des paisibles populations ; comme c'est le cas
aujourd'hui. Il est vrai que si l'OHADA devait régir ces
matières, il lui faudrait compter avec l'assentiment de cet Etat,
puisque les Actes Unifiormes sont adoptés à l'unanimité
des représentanst des Etats parties présents et
votants.90
Cette étude ne justifiera pas l'ambition de retirer
brusquement le dollar américain du circuit monétaire en RDCongo,
mais le souci de contribuer, modestement, à la sécurisation
juridique du potentiel du franc congolais, de la macroéconomie du pays
et de la vie sociale des citoyens. C'est le caractère essentiellement
évolutif de la politique monétaire de la RDCongo et la
dépréciation récente du franc congolais de 2016 à
2018, causant une crise terrible au marché qui dicte l'orientation
protectrice de cette étude.
Mais doit-on préciser que celle-ci ne concerne pas la
protection du dollar américain en RDCongo ?91
Il convient d'écarter cette piste qui, pour être
récurrente, le pays émetteur
90 Article 8 du Traité du 17 Octobre 1993
relatif à l'harmonisation du droit des Affaires en Afrique.
91 Sur cette question, v. KUMBU Ki NGIMBI,
Protection légale des investissements privés étrangers
en RDC et coopération eurafricaine, Thèse de doctorat,
Hambourg, 1998 ; Lire aussi SESEK MFUR-a-MVUR NKUM, le régime
juridique des investissements directs privés au Zaire, Kinshasa,
UNIKIN, Faculté de Droit, 1990 ; BONGOY MPEKESA, Investissements
mixtes au Zaire : Joint ventures pour la période de transition,
Kinshasa, PUZ, 1974 ; Lire aussi AZAMA LAMA, Le régime des
sociétés par actions en droit privé et un droit fiscal
dans ses rapports avec les investissements sur le territoire de la
République du Zaire de l'époque coloniale à nos
jours, Thèse de doctorat, Université nationale du Zaire,
Campus de Kinshasa, Faculté de Droit, 1973
90
et d'autres pays économiquement forts négligent
le problème de condescendance dans les rapports économiques et
monétaires en défaveur des pays économiquement faibles
à l'instar de la RDCongo. Le capitalisme, l'imposition du mode de
gouvernance démocratique, cache un secret des puissances dominantes sur
les économies africaines appelées à rester galopante en
faveur de l'économie internationale.92
Pour les litiges non contractuels, la chambre de commerce
Internationale est l'instance arbitrale compétente. Elle devait
étendre sa compétence pour raison d'uniformisation, aux
différends liés à la circulation interne des monnaies
locales et celle des monnaies étrangères, ayant cours
légal ou non dans les économies locales.
Déduisons donc que le droit OHADA est appelé
à intervenir en faveur des contrats commerciaux, du point de vue
obligations et droits des cocontractants mais aussi et surtout de leur objet,
le commerce et le régime monétaire applicable au contrat
commercial mais aussi l'intermediaire des échanges commerciaux, la
monnaie de transaction, qu'il s'agisse du droit privé comme du droit
public.
Entré en vigueur le 11 juin 1999, l'acte uniforme
relatif au droit de l'arbitrage institue une réglementation commune de
l'arbitrage qui se substitue au droit interne et s'applique pour tout arbitrage
dans les Etats parties (lorsque le siège du tribunal arbitral se trouve
dans l'un des Etats parties).
Toute personne physique ou morale de droit privé comme
de droit public, peut recourir à l'arbitrage institutionnel ou ad hoc
selon les deux mécanismes classiques : la clause compromissoire en vertu
de laquelle les parties s'engagent à soumettre à l'arbitrage tout
litige qui surgirait entre elles ; le compromis d'arbitrage qui, après
la naissance d'un litige, est conclu entre les parties.93
92 Confert page 21 et suite de ce travail.
93 Roger MASSAMBA M., Rapport final des
modalités d'adhésion de la RDC au traité de l'OHADA,
vol.1, Kinshasa, 4 Février 2005, p.39
91
Un différend portant sur une matière arbitrable
(en d'autres termes sur des droits dont les parties ont la libre disposition)
peut être tranché par un arbitre unique ou par trois arbitres. Les
parties ont également la faculté d'opter pour un organisme
arbitral comme la CCJA (pour les différends d'ordre contractuels) ou la
Chambre de Commerce Internationale.
C. Instruments Internationaux
? Arsénal juridique
1. Convention pour l'unification des certaines règles
relatives au transport aérien international faite à
Montréal le 28 Mai 1999
2. Les accords de Bretton Woods de 1944
? Moyens de droit
La RDC a régulièrement ratifié la
convention sus-citée, laquelle ratification la lie de cet instrument
international. Elle se rapporte au transport aérien international.
Cependant, les modalités fixées par les dipositions de cette
convention, relatives à la monnaie de frais divers à percevoir
dans le cadre du transport international aérien, sont exprimables en
droit des tirages spéciaux ou DTS.
Il s'agit de l'article 22, paragraphe 3, de la convention pour
l'unification des certaines règles relatives au transport aérien
international. Elle est entrée en vigueur le 4 Novembre 2003. La RDC a
déposé l'instrument de ratification, d'acceptation, d'approbation
ou d'adhésion le 21 Juillet 2014. Elle est entrée en vigeur en
RDC le 19 Septembre 2014.
? Commentaire
Selon François Terré, la connaissance du droit
étranger favorise une meilleure compréhension des solutions, des
structures et des tendances du droit national.
Dans une perspective documentaire et normative, le droit
comparé sert à l'amélioration du droit national par suite
d'une imitation raisonnable des lois, des jurisprudences, voire des pratiques
ailleurs ouvertes.94
94 F. TERRE, Introduction générale
au droit, 5è édition, Paris, Dalloz, 2000
92
La monnaie nationale congolaise n'a pas vocation de rester
qu'à avoir cours légal qu'en RDC. Elle doit avec Avec le temps et
beaucoup d'efforts politiques, économiques, juridiques, internationaux
et financiers, la monnaie nationale congolaise a vocation de confirmer sa place
au panier du droit des tirages spéciaux du Fonds Monétaire
International.
Mériter cette place ce ne serait pas de la porte
à coté, ni un rêve assis plutot un goût de l'effort
de chaque jour puisque de nos jours n'ont accès à ce panier que
cinq monnaies des Etats économiquement puissants du monde comme nous
l'avons lu dans le chapitre antérieur.
En outre, rappelons que les dommages et frais divers, dans le
cadre de la convention pour l'unification des certaines règles relatives
au transport aérien international, sont exprimables en DTS (droit de
tirages spéciaux).95 Ainsi dit la monnaie qui ne se rangerait
pas dans une perspective d'appréciation continue, se serait ouvert une
porte de vulnérabilité au niveau des accords et transactions
internationales.
La RDC en est regulièrement membre sans le moindre
effort de renforcer l'appréciation de sa monnaie nationale ni
l'accroissement de son économie, moins encore sa stabilité
politique et institutionnelle.
Par ricochet, la politique du FMI contredit ses statuts. Le
FMI ne favorise pas le plein emploi devant garantir le marché financier
et produire la prospérité financière pour les Etats. Sous
l'influence du Trésor des États-Unis et avec l'appui des autres
pays du Nord, le FMI avait pris l'initiative de devenir un acteur
95 Article 22, paragraphe 3, de la convention
pour l'unification des certaines règles relatives au transport
aérien international. Elle a éét signé à
Montréal au Canada le 28 Mai 1999 et entré en vigueur le 4
Novembre 2003. La RDC a déposé l'instrument de ratification,
d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion le 21 Juillet 2014. Elle est
entrée en vigeur en RDC le 19 Septembre 2014
96 Article 6 des statuts du FMI stipule :
« Les États membres peuvent prendre les mesures de
contrôle nécessaires pour réglementer les mouvements
internationaux de capitaux... ».
93
majeur qui pèse lourdement sur les orientations
politiques et économiques de ses pays membres. Pour cela, il
n'hésite pas à outrepasser ses droits.
Le FMI a ainsi favorisé la libéralisation
complète des mouvements de capitaux, une des causes majeures des crises
financières qui ont touché de plein fouet les Etats membrers.
Cette levée de tous les contrôles sur les mouvements de capitaux
favorise la spéculation et est en contradiction avec la section 3 de
l'article 6 des statuts du FMI.96
Les représentations de la RDC au FMI devrait
idéalement proposer la modofication des statuts de cette institution,
ainsi pour garantir une certaine équité entre différentes
systèmes monétaires locaux.
§2. CARACTERISTIQUES LEGALES DU SYSTEME
MONETAIRE
CONGOLAIS
A. Régime de change
Le système monétaire en vigueur en RDC opte
pour un régime de change flottant indépendant à
parité fixe. Dans ce régime l'autorité monétaire
n'est pas tenue à intervenir sur le marché de change.
B. Système monétaire
Le système monétaire congolais est dominé
par deux monnaies
principales :
- Monnaie étrangère : Dollar américain
- Monnaie locale : Franc congolais
Du point de vue du droit toutes ces deux monnaies ont cours
légal en RDC. Cependant cette situation a mis en conflit la constitution
de la République et la loi portant régime de change en RDC.
94
C. Base légale
Article VIII, Section 2, 3 et 4 des statuts du Fonds
monétaire International
§3. BENEFICIAIRES ET AVANTAGES DU SYSTEME DE
LA
REGLEMENTATION
A. Bénéficiaires
Aux termes de la réglementation du système
monétaire congolais, les bénéficiaires
seront :
- L'économie nationale congolaise
- Les investisseurs nationaux
- Les fonctionnaires de l'Etat
- Les opérateurs financiers locaux
- Les congolais regroupés en menages
B. Avantages
- Appréciation du franc congolais
- Possibilité d'accroitre le taux de production
- Capacitation à l'exportation
- Possibilité d'utiliser le franc congolais dans les
transactions commerciales
regionales, et internationales ainsi que dans les
coopérations d'investissement - Espérer confirmer à long
terme le franc congolais au panier du droit des
tirages spéciaux du Fonds Monétaire
International.
C. Remontrances
- Le franc congolais devra revenirà la monnaie
métallique. - La RDC devra diversifier effectivement son
économie.
97 C. HABERLI, Les investissements
étrangers en Afrique, avec étude de cas portant sur
l'Algérie et le Ghana, Paris et Dakar, NEA, 1979, p.241
95
SECTION III. MECANISMES DE PROTECTION
§1. POURQUOI APPREHENDER LA NOTION DE
L'APPRECIATION DU FRANC CONGOLAIS DU POINT DE VUE JURIDIQUE ?
Dans un contexte national marqué par un militantisme
législatif pour l'assainissement du cadre macroéconomique d'une
part, par une intégration juridique inachevée d'autre part, que
peut le droit comme « raison suprême » pour empêcher que
le franc congolais se fasse étouffé par le poids du dollar
américain au point de la dépréciation forte et
intempestive, avec de graves repercussions sur le pouvoir d'achat des
populations et la politique monétaire du gouvernement de la
République Démocratique du Congo ? Tel est l'axe majeur de notre
propos dans ce paragraphe.
Dans un premier temps, le militantisme législatif
observé sous la première législature de la
troisième République revèle que la protection de la
monnaie locale, le franc congolais doit avant tout être
appréhendés du point de vue du droit. Mais il ne saurait se
passer comme si la situation géographique et économique,
l'histoire politique et l'atmosphère sociale n'en constituaient pas avec
le système juridique, les déterminants majeurs.97
Pour cerner cette réalité, il faut partir de ce
que la protection du franc congolais en République Démocratique
du Congo divise l'Etat entre les besoins d'une consolidation et
sécurisation des moyens de change en vue d'une croissance interne et le
souci des réformes, en vue de l'amélioration du climat des
affaires pour les fils et filles du pays tant au niveau national,
régional et international.
A. Droit : Garantie de confiance
En considérant les affaires comme opérations de
toutes natures liées à l'exercice d'une activité
industrielle, commerciale ou financière, il faut rapprocher le
96
climat des affaires de deux notions, la confiance et la
sécurité. Rapproché de la notion de confiance, le climat
des affaires évoque « un certain nombre de facteurs dont la
présence est de nature à inspirer confiance aux opérateurs
économiques, et aux citoyens de manière générale
vis-à-vis de l'Etat, régulateur de tout ordre social ; ordre
monétaire et financier à l'occurrence.
Ces facteurs sont de quatre natures ; politique, diplomatique
; technique et économique. Ils concourent à la construction d'une
certaine réputation de l'Etat fondée sur l'opinion que se font
les marchés sur la politique de cet Etat ; mais aussi sur la force de
son économie justifiée par la qualité de la vie sociale de
sa population.
B. Prise en compte des procédures
juridiques
Sont pris en compte les procédures juridiques
classiques-respect des traités, acceptation de l'arbitrage,
exécution des sentences, les analyses de la presse financière,
les avis des spécialistes, les écrits de la doctrine, et les
notes diplomatiques.
C. Incontournabilité du cadre
réglemenatire
Il sera question d'interroger le cadre réglementaire et
le système monétaire en vigueur en RDC en vue d'en dégager
certaines réalités inspirant cohérence et
sécurité vis-àvis du franc congolais.
Le cadre de réglementation par excellence reste le
parlement. Ce dernier doit avoir en son sein tout un système en
personnel répondant aux exigences maximales de compétence, de
professionnalisme et d'éthique sur lesquelles repose toute justice
crédible.
97
§2. L'INCOHERENCE LEGALE DES MONNAIES AYANT COURS
LEGAL
EN RDC ET COMPETENCE DE REGULATION
A. Vers une dédollarisation
légale
La Constitution de la République Démocratique
du Congo (amendée par l'Article 7 de la Loi 005/2002 du 7 Mai 2002 sur
l'Organisation et le Fonctionnement de la Banque Centrale du Congo) stipule
clairement d'une part dans ses Articles 170 et 176, que l'unité
monétaire de la République Démocratique du Congo est le
franc congolais, et d'autre part que « la Banque Centrale du Congo est
seule habilitée, sur le territoire national, à émettre des
billets et pièces de monnaie ayant cours légal. Les monnaies et
pièces de monnaie ayant cours légal sont libellées dans
l'unité monétaire de la République Démocratique du
Congo, le franc congolais ou dans ses sous-unités
».
Cependant, le décret-loi 004 /2001 du 31 janvier 2001
autorisant la libre circulation du franc congolais et des devises
étrangères sur le territoire national est contraire à
l'Article 170 de la Constitution de la Troisième République,
lequel article établit le Franc congolais comme la seule monnaie ayant
cours légal dans tout le pays.
B. Les préalables de la dédollarisation
légale
Lutter contre la dollarisation exige au préalable une
harmonisation des textes, car la substance de ce décret-loi est source
de confusion et adresse aux opérateurs économiques et au public
un signal trompeur sur les véritables intentions et la capacité
de la Banque Centrale à bien mener la politique monétaire dans
les limites des prescriptions constitutionnelles.
La dollarisation, dont résulte la libre circulation au
Congo du dollar américain, constitue une violation flagrante de ces
dispositions constitutionnelles. Toute réglementation de change (y
compris le décret-loi 004/2001) autorisant et officialisant la
dollarisation contrevient aussi à ces dispositions constitutionnelles.
Pour cette raison, il convient ainsi de respecter la Constitution de la
République, en attendant que ces dispositions constitutionnelles
puissent être modifiées.
98
C. Les revenus de seigneuriage, obstacle à la
dédollarisation légale
La dollarisation, a appauvri la République
Démocratique du Congo au profit des États-Unis d'Amérique
et favorise le blanchiment d'argent sale.
Les revenus de seigneuriage reviennent logiquement à
l'émetteur de la monnaie en circulation dans un Etat. Or, les revenus de
seigneuriage sur les dollars circulant en République Démocratique
du Congo ne reviennent ni à la Banque Centrale du Congo, ni à la
République Démocratique du Congo, mais plutôt à la
Réserve Fédérale des États-Unis d'Amérique
(Banque centrale américaine), qui en est l'émetteur.
En l'absence d'accord de rétrocession des revenus de
seigneuriage entre les États-Unis d'Amérique et la
République Démocratique du Congo, la fédération
américaine perçoit ces revenus en laissant circuler le billet
vert au Congo, alors même que les pertes d'exploitation de la Banque
Centrale sont financées par des subventions qu'approuve le Parlement
congolais chaque année à la demande de l'autorité
monétaire.98
Ce phénomène est un véritable
problème qui concerne la Banque Centrale du Congo et le Gouvernement,
auxquels il appartient de reprendre le contrôle de la monnaie nationale ;
de recouvrer la souveraineté monétaire nationale, et de
contribuer à mettre fin au déficit de l'autorité
monétaire en diversifiant ses sources de revenus, y inclus ceux de
seigneuriage.
§3. L'impératif des lois rigoureuses A.
Dédollarisation douce sous la rigueur des lois
Pour les autorités de la Banque centrale du Congo, la
fin de la dollarisation de l'économie ne se décrète pas du
jour au lendemain. Il est impératif que le Congo ait un plan clair, avec
un horizon temporel raisonnable, pour mettre un terme définitif à
la dollarisation afin de ne pas laisser perdurer la situation de
précarité
98 Noel Tshiani K., Op.cit., p.10
mais surtout à sceller la suprématie du
franc congolais comme l'unique monnaie ayant cours légal en
République Démocratique du Congo.
99
indéfiniment. C'est à ce prix que le pays peut
reprendre le contrôle de sa monnaie, de son système financier et
de son économie.
Dans l'intervalle, il convient évidemment que la
République Démocratique du Congo continue à renforcer sa
crédibilité, via une gestion macroéconomique rigoureuse,
en maintenant un niveau d'inflation faible, régulier et
prévisible.99
B. Contrôle régulier de la masse
monétaire sous la perspective constitutionnelle
L'exercice n'est pas simple lorsqu'on ne contrôle pas
entièrement la masse monétaire circulant dans le pays.
La question de la qualité, du degré et de la
pérennité de la stabilisation macroéconomique est ainsi
posée. Une loi sur la réforme du système de paiements au
Congo s'impose pour que toutes entités térritoriales
décentralisées disposent de banques pour renforcer la
bancarisation.
Cette loi devra couvrir la conformité des moyens de
paiements aux dispositions constitutionnelles en vigueur, la monnaie acceptable
pour les transactions, les sanctions et amendes frappant les infractions, et
surtout fixer le délai raisonnable et réaliste de la transition
d'un système dollarisé à celui reconnaissant une monnaie
nationale crédible et conforme à la Constitution de la
République.
Il conviendra que le Parlement vote de nouvelles lois
encadrant le change100 et que les autorités s'engagent
parallèlement dans la mise en oeuvre d'une réforme
monétaire complète, assurant que les dénominations de la
nouvelle monnaie soient tout aussi adaptées et pratiques que celles du
dollar américain.
99 Idem
100 Ces lois nouvelles veilleront à préserver
l'accès libre aux devises étrangères, en cas de
besoin,
100
C. L'urgence parlementaire
Le décret-loi 004/2001 du 31 janvier 2001 sur le
régime de change applicable en RDC, qui autorise la libre circulation du
dollar et d'autres devises au Congo, devra être amendé de
manière à être en conformité avec les dispositions
constitutionnelles stipulant l'exclusivité et la suprématie du
franc congolais.
Les nouvelles lois de change devront veiller à garantir
un accès facile et rapide aux monnaies étrangères en cas
de besoin; une politique de change autorisant les conversions dans les deux
sens est favorable à la dédollarisation, en rendant le risque de
change plus visible.101
101 Noel Thiani K., Op.cit., p.11
Et au niveau interne, nous avons découvert que les
facteurs de la dévaluation de la monnaie congolaise sont : la mauvaise
gestion du budget de l'Etat,
101
CONCLUSION
Le sujet relatif à la « Protection juridique de la
monnaie locale à l'echelle de la dédollarisation : Cas de la
dépréciation du franc congolais de 2016 à 2018 »
parait houleux au débat qu'il suscite parmi les juristes,
économistes, professionnels du domaine et autres chercheurs par
l'analyse de sa problématique monétaire aux contours transversaux
à plusieurs disciplines scientifiques. Nous l'avons remarqué sur
terrain pendant nos pérégrinations dans le cadre de nos
recherches.
Tout au long de ce travail nous avons dégager la
compréhension des différents concepts composant notre sujet avant
de raffrechir la mémoire sur l'histoire monétaire congolaise qui
n'a pas été fameuse à cause de la perte de valeur de notre
monnaie nationale vis-à-vis du dollar américain de façon
ascendante et produisant des effets jusqu'à nos jours.
Ensuite, d'origine lontaine, nous avons découvert que
la perte de valeur de la monnaie nationale congolaise résiderait dans le
capitalisme occidental, comme mode de gouvernance politique et
socio-économique entraitenant des crises politiques sans merci pour
écraser les économies faibles des Etats du Nord.
Il en est le cas avec les crises financières
internationales qui produisent leurs effets dans des Etats
économiquement faibles, constitués des filiales des banques
internationales, sérieusement touchées par ces dernières
et qui affectent l'économie nationale de ces Etats, dont la RDC n'est
pas épargnée.
En temps de non crise, l'une de cause c'est aussi la
dollarisation des économies faibles pour anéantir
systématiquement leur système monétaire local.
102
la crise de liquidité dans le système bancaire et
les variables monétaires.
Enfin, nous avons analysé le régime juridique
devant assurer la protection de la monnaie nationale congolaise. Ce
régime est constitué des instruments internationaux, des lois
communautaires mais aussi et surtout des lois nationales, qui, après nos
investigations nous avons trouvés dollarisés eux-mêmes.
Il s'agit notamment du décret-loi n°004/2001 du 31
Janvier 2001 portant autorisation de la libre circulation du franc congolais et
des dévises étrangères sur le territoire national
congolais, qui prévoient la circulation de deux monnaies dans
l'économie nationale, à savoir le franc congolais et toute autre
monnaie étrangère, le dollar à l'occurrence, n'ayant pas
cours légal au pays au regard des articles 170 et 176 de la Constitution
du 18 Février 2006 qui prévoient une seule monnaie ayant cours
légal au pays, le franc congolais. La monnaie étrangère
dominante étant le dollar américain, et que notre lutte
étant de dédollariser notre économie aux moyens des lois
de la Républiques, nos lois sont dollarisées à l'avance.
Il en est le cas avec le code du travail, loi sur la taxe à valeur
ajoutée, etc. qui reste muets sur la monnaie devant être
utilisée pour les frais divers, rémunérations, et services
divers.
Voilà pourquoi nous avons évoquer les
nécessités de révisions constitutionnelles pour raison de
précision, du code du travail, code forestier, code minier et des
hydrocarbures et ainsi que le code des investissements et la loi sur la
passation des marchés publics notamment aussi pour légaliser
explicitement les moyens de payement, et de transactions en franc congolaiset
lever l'équivoque.
Il en est de même avec le droit OHADA qui doit
intéger sans son arbitrage, la dimension contrats commerciaux en tant
qu'objet et intermédiaires des échanges entre les cocontractants.
Qu'il s'agisse des personnes physiques ou morales de droit privé ou
public en cas de conflit entre deux monnaies prescrites au contrat, la
compétence d'arbitrage à la Cour Commune de Justice et
d'Arbitrage, reste maintenu comme pour des litiges non contentieux où
elle intervient par voie consultative.
103
D'où l'intégration de la notion du droit
monétaire aux fins d'harmonisation des questions liées à
la monnaie dans les contrats des personnes physiques ou morales de droit
privé ou personnes morales de droit public des Etats parties ou des
Etats parties eux-mêmes lorsqu'ils seront pris comme cocontractant ainsi
pour assurer la sécurisation des monnaies nationales en guerre contre
les monnaies étrangères.
Bref, nous avons analysé le système
monétaire national et international mais aussi les régimes
juridiques applicables à la protection de la monnaie locale de la
République Démocratique du Congo, substance majeure de cette
étude, circonscrits sur base de la dépréciation de la
monnaie locale congolaise à la période allant de 2016 à
2018. A cet effet un ample soutènement du gouvernement et de la banque
centrale du Congo, s'en est résolu à la dédollarisation et
celui du parlement s'en est résolu à la dédollarisation
légale.
Des analyses postérieures et éventuellement
différentes de l'orientation méthodologique édictée
dans la présente étude, peuvent s'avérer
complémentaires à l'intelligence de la mesure de la
dédollarisation de l'économie congolaise. Comme le souligne
Wikipedia l'Encyclopédie Libre102 : « l'histoire
monétaire de la République démocratique du Congo se
révèle être importante aux yeux des juristes dans la mesure
où elle offre un champ d'étude vaste et riche pour
vérifier quelques théories et principes du `'droit
monétaire» ».
Au terme de ce travail qui a porté sur « la
protection juridique de la monnaie nationale face à la dollarisation au
regard de la dépréciation du franc congolais de 2016 à
2018 », il est sincère que nous reconnaissions nos limites.
Somme toute, les travaux postérieurs pourront
s'étaler à dégager d'autres variables favorables à
la protection juridique du système monétaire congolais que
102
www.wikipédia.org
(Lu dernièrement le 20 Décembre 2018)
104
nous n'avons pas pu analyser et de surcroit, évaluer
les effets des réformes légales proposées sur d'autres
composantes comme le revenu, l'épargne ainsi que sur d'autres politiques
d'appréciation de la monnaie nationale.
C'est ainsi que nous ne prétendons pas avoir
réalisé un travail parfait, au regard de la complexité du
système monétaire et de son cadre légal. De ce fait, nous
reconnaissons nos limites inhérentes à toute oeuvre humaine et
souhaiterons d'être complété.
105
BIBLIOGRAPHIE
I. TEXTES DE LOI
1. Convention pour l'unification des certaines règles
relatives au transport aérien international à Montréal le
28 Mai 1999
2. ONU, Résolution 1803, du 16
décembre 1966
3. Traité de Port-Louis du 17 Octobre 1993 relatif
à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique
4. Constitution du 18 Février 2006 telle que
modifiée à ces jours
5. Loi n°004 du 21 Février 2002 portant code des
investissements
6. Loi n°005/2002 du 7 Mai 2002 portant organisation et
fonctionnement de la Banque Centrale du Congo
7. Loi n°015-2002 du 16 Octobre 2002 portant code du
travail telle que modifiée et complétée par la loi
n°16/010 du 15 Juillet 2016
8. Loi n°10/10 du 27 Avril 2010 relative aux
marchés, à la passation des marchés publics, à leur
exécution et au contrôle
9. Loi n°011/002 du 29 Août 2002 portant code
forestier
10. Loi n°18/001 du 09 Mars 2018 modifiant et
complétant la loi n°007/2002 du 11 Juillet 2002 portant code
minier
11. Loi n°016/2002 du 16 Octobre 2002 portant
création, organisation et fonctionnement des tribunaux du travail
12. L'ordonnance-loi n°81-013 du 02 Avril 1981 portant
législation générale sur les mines et hydrocarbures, telle
que modifiée et complétée par l'ordonnance-loi
n°82-039 du 05 Novembre 1982 a été abrogée et
remplacée par la loi n°007/2002 du 11 Juillet 2002 portant code
minier
13. Ordonnance-loi n°001/2012 du 21 Septembre 2012
modifiant et complétant certaines dispositions de l'ordonnance-loi
n°10/001 du 20 Août 2010 portant institution de la Taxe sur la
Valeur Ajoutée
14. Décret-loi n°004/2001 du 31 Janvier 2001
portant régime de change applicable en République
Démocratique du Congo
15. Décret-loi n°080 du 17 Juin 1998 portant
institution du franc congolais
106
16. Arrêté ministériel
n° 023/CAB/MIN-ECN-T/15/JEB/010 du 07 juin 2010 fixant le modèle
d'accord constituant la clause sociale du cahier des charges du contrat de
concession forestière
II. OUVRAGES
1. BAUDINOT A., Banque, bourse et commerce
extérieur, CLET éd., Paris, 1981
2. BENYEKHLEF K., Une possible histoire de la norme . les
normativités émergentes de la mondialisation, Québec,
Editions Thémis, 2008.
3. BLANCETON B., Chronique d'histoire financière, La
« Guerre des monnaies » à 100 ans ! Paris, 2012
4. BONGOY MPEKESA, Investissements mixtes au Zaire .
Joint ventures pour la période de transition, Kinshasa, PUZ,
1974
5. BREWER A., Marxist Theories of imperialism : A critical
Survey, second Edition, New york, New york, Routledge, 1990.
6. EASTON D., Analyse du système politique, Armand
collin, Paris, 1974
7. FOURET V. J., « La sentence arbitrale et les
recours contre cette sentence », Droit et Affaires, 6è
édition, 2008.
8. FUKUYAMA F., « The End of history », The
National interest, vol.16, New york, New York, summer 1989
9. GRAWITZ M., Méthodes de recherche en Sciences
Sociales, Ed. Dalloz, Paris, 2001
10. HABERLI C., Les investissements étrangers en
Afrique, avec étude de cas portant sur l'Algérie et le
Ghana, Paris et Dakar, NEA, 1979
11. HOCHSCHILD A, King Leopold's Ghost, New York
. Houghton Mifflin company, 1998
12. JALLADEAU J., Introduction à la
macroéconomie, Boeck université, Paris, 1998
13. KABUYA KALALA et MATATA PONYO A., L'espace
monétaire kasaïen, crise de légitimité et
Souveraineté monétaire en période d'hyperinflation
au
107
Congo (1993-1997), Éditions
l'Harmattan, Paris, 1999.
14. KALONJI T. M., Dédollarisation de
l'économie nationale congolaise . Enjeux et quelques implications
macroéconomiques, Direction des Etudes et Planifications,
Ministère des Finances, RDC,2012
15. Kato-kale, L.m.l, « Système
monétaire et financier du Congo . Evolution, environnement international
et problèmes, Bémaf, 2018
16. Kola Lendele et Kamanda Kimona-Mbinga, Nature et
spécificités de la dollarisation de l'économie
congolaise(RDC), Monde en développement,2005
17. KUMBU Ki NGIMBI L., Protection légale des
investissements privés étrangers en RDC et coopération
eurafricaine, Thèse de doctorat, Hambourg, 1998 ;
18. LINZ J., « Transition to Democracy »,
The Washington Quarterly, Vol.13, N°3, Washington, D.C.1990. pp.
143-164
19. MABI MULUMBA E., La monnaie dans
l'économie, Kinshasa, CERDI, 2001
20. MARC E., et PICHARD D., L'école de PALO ALDO, un
nouveau regard sur les relations humaines, Ed. Retz, 2000
21. Nkere NTANDA N., La crise financière
internationale de 2008 et ses conséquences en R.D. Congo,
l'Harmattan,2003
22. NTUNGU R., Le Droit congolais à
l'épreuve de la mobilité du capital . Protection de l'Etat
récepteur d'investissements, Harmattan, RDC, 2013
23. Reinhart C. et Rogoff K., Cette fois, c'est
différent. Huit siècles de folie financière,
Pearson, 2010
24. ROSSITER L. C., Constitutional Dictatorship . Crisis
Govemment in the Modern Democracies, Princeton, New Jersey : Princeton
University Press, 1948
25. SCALAPINO R. A., The politics of Development .
Reflexions on Twentieth-century Asia, Cambridge, Massachusetts . Harvard
University Press, 1989.
108
26. SESEK MFUR-a-MVUR NKUM, le régime juridique
des investissements directs privés au Zaire, Kinshasa, UNIKIN,
Faculté de Droit, 1990 ;
27. SHOMBA S., Méthodologie de la recherche
scientifique, PUK, Kinshasa, 2012
28. SILEM A. et ALBERTINI JM., Lexique
d'économie, 8e édition, Dalloz, Paris, 2004
29. SOCORRO H., Dollarisation : le tout est de
maîtriser les risques, ABC de l'économie, Département
des systèmes monétaires et financiers du FMI ; Finances &
Développement, 2005
30. TERRE F., Introduction générale au
droit, 5è édition, Paris, Dalloz, 2000
31. TSHANI N., La bataille pour une monnaie nationale
crédible, De Boeck édition Bruxelles, 2012
32. WALDE Th., Nouveaux horizons pour le droit
international des investissements dans le contexte de la mondialisation de
l'économie, Paris, Editions, A. Pedone, 2004
III. THESES
AZAMA LAMA, Le régime des sociétés
par actions en droit privé et un droit fiscal dans ses rapports avec les
investissements sur le territoire de la République du Zaire de
l'époque coloniale à nos jours, Thèse de doctorat,
Université nationale du Zaire, Campus de Kinshasa, Faculté de
Droit, 1973
IV. REVUES
1. BAMUANGAYI KALUKUIMBI B., in « Pourquoi la
République Démocratique du Congo (R.D.C) devait adhérer
à l'OHADA ? Critique prospective de la démarche d'adhésion
de la RDC à l'OHADA », Revue congolaise de Droit et des
affaires, éd. Spéciale, n°1, 2010.
2. DUCHENE G. et GOUJON M., in « La
dédollarisation : les expériences du Vietnam, de l'Ukraine et de
la Roumanie », Revue d'études comparatives est-ouest, vol. 37,
n° 1, 2006.
109
3. ISSA-SAYEGH J., in « Quelques aspects
techniques de l'intégration juridique : l'exemple des Actes Uniformes de
l'OHADA », Revue de droit uniforme, n°1 (1999).
4. SASSE KEMBE et LUNGELA NDIANGANI, in «
Volatilité de taux de change et dynamique inflationniste en RDC
», Institut de Recherches Economiques et Sociales (IRES), Lettre de
l'IRES n° 25-26, 2004
V. SEMINAIRES
J-C. AWANA, et alii, Séminaire de l'INEADEC,
Yaoundé, 23 Octobre 2010
VI. RAPPORTS
1. Groupe de la Banque Mondiale, République
Démocratique du Congo, Rapport de suivi de la situation
économique et financière 2016, Choc Exogène,
stabilité Macroéconomique et développement : Options
de Politique Economique, 4ème Edition, Décembre 2016
2. Document stratégique de croissance et de
réduction de la pauvreté, 2011-2015, deuxième
génération, DSCRP2, Ministère de Plan-RDC, Octobre 2011,
vol.1
3. Rapport économique annuel de la
représentation Suisse à Kinshasa, 2017
4. MASSAMBA MAKELA V.R., Rapport final des
modalités d'adhésion de la RDC au traité de l'OHADA,
vol.1, Kinshasa, 4 Février 2005
5. Rapport annuel du FMI, Trouver des solutions ensemble,
Décembre 2016
6. Rapport du FMI N° 10/88 mars 2010
7. MASAMBA Makela V.R., Modalités
d'adhésion de la RDC au traité de l'OHADA. Rapport final, vol.1,
Kinshasa, inédit, 4 Février 2005. PP. 68-75
VII. MEMOIRES
TSHIBUYI LUPAKA A., Incidence de la
dépréciation du franc congolais par rapport au dollar
américain sur la consommation des menages de Kisangani de 2006 à
2010, Mémoire 2011-2012.
110
VIII. NOTES POLYCOPIEES
1. MOKILI BITILASI, Economie monétaire
générale, cours inédit, 3e graduat, FSEG,
UNIKIS, 2011-2012.
2. NTENTA KABAMBA, Economie monétaire
générale, cours inédit, 3e graduat, FSEG,
UNIKIS, 2007-2008.
3. NGONGA NZINGA V., Notes de cours de politique
monétaire, Questions générales, dispensé en
première année de licence, option économie
monétaire, 2014-2015.
IX. SOURCES WEBOGRAPHIQUES
1. http//
www.banquemondiale.org/fr/country/drc
2. www.bceco.cd
3.
www.dissertationgratuites.com
4.
www.ecc.faithweb.com/tch.htm
5.
www.imf.org.
6.
www.lesoftonline.net
7.
www.mediacongo.net
8.
www.voaafrique.com
9.
www.wikipédia.fr
111
ANNEXES
112
Tableau 1.: Evolution du taux d'inflation du franc
congolais de 1998 (lancement officiel) à 2012 (Mesure de
dédollarisation).103
ANNEE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
20
|
TAUX
|
135
|
484
|
511.2
|
135.1
|
15.8
|
4.4
|
9.2
|
21.3
|
18.2
|
9.9
|
|
27.5
|
53.4
|
9.8
|
22.9
|
2.
|
EN %
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Graphique 1. : Evolution du taux d'inflation
du franc congolais de 1998 (lancement officiel) à 2012 (Mesure de
dédollarisation).104
103 Source : Direction des statistiques BCC
Au regard de ces données, il se déduit une
moyenne arithmétique de 97,3% pour l'ensemble de la période
étudiée. Elle est obtenue par la somme de tous les taux
divisés par le nombre des années de la période
susvisée (15 ans). Quant à la moyenne géométrique,
elle est de 29,3%. En effet, elle est la racine 15ème (nombre
d'année de l'étude) du produit de tous les taux. Remarque : En
comparant les deux moyennes, l'arithmétique et la
géométrique, il sied de préciser que la dernière
reflète au mieux la réalité au regard des données
issues du tableau, car les écarts entre les taux ne répondent pas
à une variation régulière.
104 Source : DEME/DEP/FINANCES sur base de données
récoltées à la BCC.
Par ailleurs, depuis l'indépendance, la RDC a
adopté trois régimes des changes, à savoir :
- Régime de change fixe : 1960 - septembre 1983
où la monnaie congolaise a été rattachée
successivement au franc belge, au dollar américain
et puis au DTS · Régime de change contrôlé
: septembre 1983 - février 2001
- Régime de change flottant : depuis février
2001.
De plus, dans la vie économique du Congo
démocratique, il y a deux périodes où il est noté
un véritable phénomène inflationniste de la nature de
sous-développement. La première va de 1960 à 1967 et la
seconde de 1990 à 1999. L'inflation de la première période
est une inflation du type institutionnel. Celle-ci trouve sa cause profonde
dans la désarticulation de l'organisation politique dès
l'accession du pays à l'indépendance. La seconde est
caractérisée par des mutations politiques avec l'amorce du
processus démocratique, mutation ayant les mêmes incidences
économiques néfastes que durant 1960-1967, incidences
liées à la faiblesse des gouvernements et à une gestion
économique et budgétaire laxistes.
113
Tableau 2. : Evolution du taux de change
indicatif de Décembre 1998 à Décembre
2012.105
ANNEE
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
CDF POUR 1USD
|
2.4
|
4.5
|
50.0
|
311.6
|
382.1
|
372.5
|
444.1
|
431.3
|
503.4
|
503.0
|
639.3
|
902.7
|
915.1
|
919.4
|
919.0
|
Graphique 2. : Evolution du taux de change
indicatif de Décembre 1998 à Décembre 2012
(CDF/Usd)106
105 Source : Direction des statistiques BCC
Sur l'ensemble de la période susvisée, il se
découle une moyenne arithmétique de 486,6 franc congolais pour 1
dollar américain. Elle est obtenue par la somme de tous les taux
divisés par le nombre des années de la période (15 ans).
Quant à la moyenne géométrique, elle est de 240,4 franc
congolais pour 1 dollar américain. En effet, elle est racine
15ème (nombre d'année de l'étude) du produit de
tous les taux.
Remarque : ici on ne retiendrait que la moyenne
arithmétique étant donné qu'elle reflète le mieux
la réalité de l'étude. Jamais depuis la période
transitoire de 1997 à 2001 caractérisée par les
hyperinflations, la RDC n'avait réalisé une performance situant
le taux de change à une moyenne de 240,4 FC le dollar américain.
Mais par contre, l'histoire nous apprend que de 2003 à 2005, le dollar
américain naviguait autour de 450 à 500 FC.
106 Source : DEME/DEP/FINANCES sur base de données
récoltées à la BCC.
A son lancement officiel en juin 1998, le franc congolais
valait 0,72 dollar américain. Déjà au 31 décembre
1998, il fallait 2,4 francs pour obtenir 1 dollar américain ! Au 31
décembre 2005, il fallait 431,3 francs pour obtenir 1 dollar
américain. Actuellement pour obtenir 1 dollar américain il faut
entre 915 et 920 francs. Ce dernier taux semble se stabiliser depuis
décembre 2010.
114
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 5
CHAPITRE I. DE CONSIDERATIONS GENERALES 15
SECTION I. DÉFINITION DES CONCEPTS 15
§1. La protection de la monnaie 15
A. Protection juridique 15
B. La monnaie 15
C. La dédollarisation 16
§2. La dollarisation et le franc congolais 16
A. La Dépréciation 17
B. Le franc congolais 17
C. Taux de Change 18
§3. Les concepts 18
A. La protection juridique 18
B. La monnaie 18
C. La dédollarisation 18
SECTION II. COMPRÉHENSION DES CONCEPTS 19
§1. Du point de vue des affaires 19
A. La protection juridique 19
B. La monnaie 19
C. La dédollarisation 20
§2. La dollarisation et ses différentes sortes 21
A. La dépréciation 22
B. Le Franc congolais 23
C. Le taux de change 23 SECTION III. APERÇU HISTORIQUE
DE L'APPRECIATION DE LA MONNAIE LOCALE,
L'INSTABILITE POLITIQUE ET ECONOMIQUE EN RDC 24
§1. APERCU HISTORIQUE DE L'APPRECIATION DE LA MONNAIE LOCALE
24
A. Les causes socio-politiques 24
115
B. Les causes économiques 25
C. Les causes sentimentales et morales 25
§2. L'instabilite politique et économique 27
A. Les répercussions internes et externes 27
B. Alternatives législatives à la crise 28
C. Les éléctions du 30 Décembre 2018
29
§3. Constats 29
A. Problème culturel 29
B. Problème économique 30
C. Problème institutionnel et international
30 CHAPITRE II. ANALYSE SUR LE SYSTÈME MONETAIRE NATIONAL ET
INTERNATIONAL 32
SECTION I. SYSTÈME MONETAIRE NATIONAL 32
§1. Les causes de la défaillance du système
monétaire congolais 32
A. Le capitalisme occidental et les crises financieres
internationales 32
B. Les crises financières internationales 34
C. Dollarisation de l'economie nationale 38
§2. Les causes de la dévaluation du franc
congolais 42
A. Mauvaise gestion du budget de l'Etat 42
B. Crise de liquidité dans le système bancaire
42
C. Les variables monétaires 42
§3. Péripéties du système
monétaire congolais et le récent flotement de la monnaie locale
de 2016
à 2018 43
A. Les péripéties du système
monétaire congolais 43
B. Le récent flottement de la monnaie locale de 2016
à 2018 44
C. Les différentes réformes 48
SECTION II. SYSTEME MONETAIRE INTERNATIONAL 50
§1. À propos du Fonds Monétaire
International (FMI) 50
A. Les principales missions du FMI 51
B. Évolution du cadre de la politique monétaire
dans les Etats à faible revenu 53
116
C. Améliorations du cadre de politique monétaire
54
§2. Réforme du système monétaire
international 55
A. Réformes prospectives 55
B. Rôles du FMI pour la réforme du
système monétaire international 55
C. Evaluation du système monétaire
international et défis 56
§3. Comment améliorer le système
monétaire international ? 57
A. Alternatives du FMI contre les crises monétaires et
financières 57
B. Les documents alternatifs du FMI 57
C. Système monétaire comparé et
perspectives 58
SECTION III. DROIT DES TIRAGES SPECIAUX 59
§1. Notion de droit des tirages spéciaux 59
A. Le rôle du Droit des tirages spéciaux (DTS)
60
B. La valeur du DTS est déterminée par un
panier de devises 61
C. Quid du panier du DTS ? 62
§2. Comment fonctionne le système de quotes-parts
du FMI ? 63
A. La situation des droits de tirages spéciaux au FMI
en 2016 64
B. Souscriptions 64
C. Les réformes des quotes-parts au FMI 64
§3. Valeur économique du droit de tirages
spéciaux 65
A. Taux d'intérêt du DTS 65
B. Allocations du DTS aux Etats membres 65
C. Achats et vente de DTS 67 CHAPITRE III. REGIME
JURIDIQUE APPLICABLE A LA PROTECTION DU FRANC
CONGOLAIS 70
SECTION I. PROTECTION JURIDIQUE ET EXTRA-JURIDIQUE 70
§1. Cadre du régime juridique 70
A. Notion 70
B. Contenu 70
C. Démarche 71
§2. Décret-loi n°080 du 17 Juin 1998 portant
institution du franc congolais 71
117
A. Les parités internes et externes en franc congolais
71
B. Les rétombées du régime de change
adopté 71
C. Les causes immédiates 72
§3. Protection extra-juridique 72
A. Secteur du travail et des ressources forestières
72
B. Secteur minier et d'hydrocarbures 75
C. Secteur d'investissement 76
SECTION II. LEGISLATION PROTECTRICE DU SYSTEME MONETAIRE
CONGOLAIS 81
§1. TEXTES DE BASE 82
A. Lois internes 82
B. Loi communautaire 84
C. Instruments Internationaux 91
§2. CARACTERISTIQUES LEGALES DU SYSTEME MONETAIRE
CONGOLAIS 93
A. Régime de change 93
B. Système monétaire 93
C. Base légale 94
§3. BENEFICIAIRES ET AVANTAGES DU SYSTEME DE LA
REGLEMENTATION 94
A. Bénéficiaires 94
B. Avantages 94
C. Remontrances 94
SECTION III. MECANISMES DE PROTECTION 95
§1. POURQUOI APPREHENDER LA NOTION DE L'APPRECIATION DU
FRANC
CONGOLAIS DU POINT DE VUE JURIDIQUE ? 95
A. Droit : Garantie de confiance 95
B. Prise en compte des procédures juridiques 96
C. Incontournabilité du cadre réglemenatire
96
§2. L'INCOHERENCE LEGALE DES MONNAIES AYANT COURS LEGAL
EN RDC ET
COMPETENCE DE REGULATION 97
A. Vers une dédollarisation légale 97
B. Les préalables de la dédollarisation
légale 97
118
C. Les revenus de seigneuriage, obstacle à la
dédollarisation légale 98
§3. L'impératif des lois rigoureuses 98
A. Dédollarisation douce sous la rigueur des lois
98
B. Contrôle régulier de la masse
monétaire sous la perspective constitutionnelle 99
C. L'urgence parlementaire 100
CONCLUSION 101
BIBLIOGRAPHIE 105
ANNEXES 111
TABLE DES MATIERES 114
|