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Département de Géographie
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Direction Proximité -Tranquillité Service Politique
de la Ville
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Les interactions habitants - quartiers Politique de la
ville de l'agglomération mancelle : Quels impacts ?
Par
Habib ADEBO
Mémoire de Master 2 de Géographie Management
des Territoires et Urbanisme Préparé sous la direction de
Monsieur Hovig Ter Minassian, Maître de Conférences Madame
Judith BOITARD, Directrice Service Politique de la ville - Le Mans
Métropole
13 Septembre 2019
2
Sommaire
Liste des sigles et acronymes 5
6
10
10
19
Introduction
Chapitre I : La participation des habitants au coeur de la
Politique de la ville
I- La Politique de la ville et les enjeux de la participation
des habitants
II- La méthodologie de recherche
III-
31
34
35
35
Présentation du terrain d'étude 24
IV- Les chiffres clés de l'enquête
V- L'accueil et les limites
Chapitre II : Les interactions habitants et quartier
prioritaires
I- Les facteurs d'appréciation du quartier
II- Les forces du quartier : Représentation,
sociabilité et attachement 52
III-
68
Les points à améliorer
Conclusion 70
Bibliographie 72
Table des illustrations 75
77
85
Annexes
Tables des matières
3
Remerciements
Et nous voici au bout du tunnel ! Un chemin parsemé
d'élans enthousiastes et de longues réflexions. Un chemin qui
nous a amené de Porto-Novo notre ville (Bénin) où nous
avions laissé notre jeune carrière de professeur
d'histoire-Géographie, poussé par une envie de nous
spécialiser en France dans ce vaste domaine qu'est la géographie.
Nous voici donc au terme de deux années d'études à
l'université de Tours dont la 2ème année de
Master Management des Territoires et Urbanisme (MTU) dans le cadre de notre
stage nous a fait découvrir la ville du Mans.
Notre parcours très atypique, nous a fait rencontrer
des hommes et des femmes qui, par leur soutien, leur apport, leur conseil nous
ont encouragés et à qui nous voudrions rendre hommage dans les
lignes qui suivent.
À Monsieur Hovig Ter Minassian, responsable du master 2
MTU, notre directeur de mémoire, nous exprimons notre profonde gratitude
pour nous avoir donné la chance de nous spécialiser dans ce vaste
domaine qu'est la géographie et pour nous avoir accompagné tout
au long de l'année. Nous exprimons notre gratitude à tous les
enseignants que nous avions croisés au cours de notre étude
à l'université de Tours.
À Madame Judith Boitard, Directrice du Service
Politique de la ville - Le Mans Métropole, notre tutrice
professionnelle, nous tenons à rendre vibrant hommage pour sa
disponibilité, son accompagnement, ses conseils dans le cadre de notre
stage.
Nous tenons à remercier sincèrement tout le
personnel du service Politique de la ville et plus particulièrement les
membres du groupe diagnostic Temps Fort : Audrey De Coster, Rosane Breux, Marie
Bizeray, Marylène Renaudin et Timon Baileul avec lesquels nous avions
beaucoup travaillé dans le cadre de notre mission.
Dans le cadre plus précis des enquêtes, nous
tenons à remercier très sincèrement toutes les personnes
que nous avions pu rencontrer au cours de nos différentes sorties de
terrain ainsi que les différentes structures qui nous ont ouvert leur
porte et accompagnées. Nous n'oublions pas nos amis de culture du coeur
: Willy Bruyère, Christophe Couvrand, Mathieu Raab et Anne Camut, ces
médiateurs qui nous ont facilité le contact avec les habitants.
Nous remercions tous les principaux des collèges, les directeurs des
centres sociaux, les responsables de la mission locale, des services jeunesses
et autres associations pour leur collaboration.
Nous désirons évidemment remercier
chaleureusement tous les hommes et toutes les femmes qui se sont montrés
disponibles pour répondre à notre questionnaire et ceux avec
lesquels nous avions réalisé des entretiens.
Une pensée toute spéciale à Halim
Adébo et son épouse Sonia de Souza Adébo, à
Oumouani Lanian, à Fabrice Capo-Chichi, à Mohamed Dambaba,
à Hervé Davo, à Yolène Grondin, à Jean - Luc
et Alice de Souza. Merci infiniment d'être toujours là pour moi et
de m'avoir si bien accompagné jusqu'à la fin du parcours.
Nous remercions tous nos collègues du Master 2 MTU, qui
affectueusement nous appellent «Président» (doyen d'âge
de la promotion), sachez que vous resterez à jamais gravés dans
notre mémoire. À vous tous nous disons un grand Merci !
4
Ce travail à toute ma famille et à la
mémoire de mes soeurs jumelles
5
Liste des sigles
ACSE : Agence de Cohésion Sociale et de
l'Egalité des Chances
ANRU : Agence Nationale de Rénovation Urbaine
CGET : Commissariat Général de l'Egalité
des Territoires
CUCS : Contrat Urbain de Cohésion Sociale
EPCI : Etablissement Public de Coopération
Intercommunale
HLM : Habitation à Loyer Modéré
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques
LMM : Le Mans Métropole
MTU : Management des Territoires et urbanisme
QPV : Quartiers Politique de la ville
SPV : Service Politique de la ville
ZUS : Zone Urbaine Sensible
ZRU : Zone de Redynamisation Urbaine
6
Introduction
« Notre quartier est mal coté de
l'extérieur. Il est vu comme un lieu où règnent la
misère, la pauvreté, l'insécurité, la
délinquance de toutes les formes. Un lieu qui regroupe les cas sociaux.
Le quartier a tout simplement une image négative à
l'extérieur alors que nous à l'intérieur on se sent
très bien, on vit bien même si ces clichés venant de
l'extérieur nous touchent ».
Homme, 58 ans, père de 6 enfants, relevé
d'entretien du 29 décembre 2018
Lorsque nous candidations pour le master 2 Management des
Territoires et Urbanisme (MTU) et passions notre entretien d'entrée dans
ce master, le vendredi 1er juin 2018, nous étions loin d'imaginer cette
issue heureuse. En effet, poussé par la volonté de faire une
spécialisation après quatre longues années d'études
en géographie et aménagement du territoire en République
du Benin et après une année d'études en master de
géographie mention sociétés villes et territoires, il
fallait nous inscrire dans une formation professionnalisée. Il
n'était pas question de nous inscrire dans un master recherche. Les
objectifs étaient clairs dès le départ. L'entrée au
master visé, était conditionnée par l'obtention d'une
bonne note lors de la soutenance du mémoire de master 1. A ceci,
s'ajoutent aussi d'autres critères de sélection notamment celui
de l'âge du candidat étant donné que cette formation se
fait en apprentissage et l'accès est limité aux étudiants
âgés de 30 ans au plus.
Dans notre cas, l'équation était si difficile
à résoudre parce que nous avons plus de 30 ans au moment de
l'inscription. Il fallait trouver impérativement soit un contrat
d'apprentissage, soit un stage pour espérer intégrer ce master
professionnel. Pendant tout l'été 2018, nous nous sommes mis
à recherche d'un contrat de professionnalisation ou d'un stage en
multipliant les candidatures spontanées et répondant aux
différentes offres de stages. Des nombreuses candidatures ont
été envoyées mais, ne nous ont pas permis de
décrocher un contrat de professionnalisation ni un stage.
Par l'intermédiaire de Monsieur Hovig Ter Minassian,
Co-responsable du master MTU, nous avions reçu l'offre de stage du
Service Politique de la ville (SPV) de Le Mans Métropole (LMM) à
laquelle nous avions postulée. Après avoir passé
l'entretien, nous voilà stagiaire dont la mission est de réaliser
une enquête auprès des habitants des quartiers prioritaires sur
leur
7
rapport au quartier et les différents liens qu'ils
entretiennent avec ce dernier. De cette mission nous avions retenu un
thème pour le mémoire de fin d'études :
Les interactions entre habitants et quartiers Politique de
la ville de l'agglomération mancelle : quels impacts ?
Le thème ainsi défini, est relatif au rapport
(interactions) habitants - quartier. Nous allons nous atteler à
définir ces mots qui constituent les éléments clés
pour lesquels, il semble utile d'apporter quelques éclaircissements en
vue d'une familiarisation.
Nous entendons par interaction, les relations, les liens de
réciprocité qui existent entre habitant et quartier ainsi que les
différentes influences que l'un exerce sur l'autre. Une interaction,
c'est aussi un échange entre deux entités sociales. Notre travail
s'intéresse au lieu où s'effectuent ces différentes
interactions : Le quartier. Selon Brunet, Ferras et Théry, (1992)
cité par Humain-Lamoure (2007) le quartier est : «
Étymologiquement, une portion d'un tout divisé en quatre parties
(quartier de pomme). Portion assez quelconque de l'espace E...] ; le mot est
étendu à toutes sortes de divisions : quartier de brie, quartier
d'orange, et même bloc détaché d'un tout mal défini
(quartier de roche) ». Cette définition du dictionnaire Les
Mots de la géographie, est une sorte de non-définition du
quartier qui n'a aucune utilité en géographie urbaine. Pour
Humain-Lamoure (2007), « le quartier n'est donc pas une
réalité géographique mais un morceau d'espace ubiquiste,
sans échelle, ni lieu propre ». Ainsi dans le contexte d'un
renouvellement des problématiques et des méthodes de la
géographie, le quartier devient à la fois échelle et objet
dans la géographie urbaine et prend sens qu'à la fin des
années 1970.
Par ailleurs, cette même auteure, voit le quartier comme
un espace longtemps mal défini. En effet, pour elle, le quartier oscille
grossièrement, selon les études entre deux définitions. La
première reprend la vision fonctionnaliste des aménageurs. Pour
ces derniers, une division technique et sociale sur la base de simples
typologies « quartiers des affaires », « quartiers industriels
», « quartiers résidentiels » et « quartier
ethniques (...) ». Cette vision du quartier par les aménageurs, est
perpétuée dans les grands manuels de géographie urbaine
où le quartier est défini comme : « une fraction d'espace
urbain présentant des caractères commun ». Dans la
deuxième interprétation proposée par Humain-Lamoure (2007)
citant Badet (1948), le quartier « doit être un microcosme qui
permet à la vie de la femme et de l'enfant de s'épanouir
aisément dans les fonctions de protection, de reproduction et
8
d'éducation ». Ainsi le quartier à cette
échelle, constitue une sociabilité sur le modèle d'un
village rural.
Malgré ces interprétations, elle définit
le quartier comme une « fraction du territoire d'une ville, dotée
d'une physionomie propre et caractérisée par des traits
distinctifs lui conférant une certaine unité et une certaine
individualité ». Cela suppose que chaque quartier doit avoir son
identité propre dans sa composition sociale et spatiale.
Depuis le milieu des années 1980, selon Tissot, (2007)
cité par Authier (2008), le quartier constitue en France un territoire
d'intervention privilégié des politiques de la ville. Pour les
concepteurs et animateurs de ces politiques, selon Perec, (1974) cité
par Authier (2008), cette « espèce d'espace » est
considérée comme « l'instance sociétale de
proximité » qu'il convient de privilégier pour, tout
à la fois, résoudre les problèmes sociaux, reconstruire de
l'appartenance sociale et traiter l'exclusion économique selon
Genestier, (1999) cité par Authier (2008). Le dictionnaire Larousse
quant à lui, définit le quartier comme étant une division
administrative d'une ville ou la partie d'une ville ayant certaines
caractéristiques ou une certaine unité ou encore les environs
immédiats, dans une ville, du lieu où on se trouve et, en
particulier, du lieu d'habitation ou encore un ensemble des habitants du
voisinage.
En se réfèrent à toutes
définitions citées, nous constatons que la définition du
quartier n'est pas univoque. Cela fait dire à Humain-Lamoure (2007) que
le quartier apparait comme un objet polymorphe et ubiquiste qui est
tantôt mis en avant à l'exclusion de tout autre, tantôt
articulé à d'autres échelles de la ville.
Notre étude ne prend pas en compte le quartier dans son
ensemble, mais elle s'intéresse spécifiquement à une autre
division du quartier : Les quartiers prioritaires. Ils sont selon l'Insee, des
territoires d'intervention du ministère de la Ville. Ces territoires
sont définis par la loi de programmation pour la ville et la
cohésion urbaine du 21 février 2014. Leur liste et leurs contours
ont été élaborés par le Commissariat
général à l'égalité des territoires. En
métropole, en Martinique et à la Réunion, ils ont
été identifiés selon un critère unique, celui du
revenu par habitants. L'identification des quartiers prioritaires a
été réalisée à partir des données
carroyées de l'Insee (source : RFL 2011). Ces nouveaux dispositifs ont
redéfini les périmètres d'intervention de la
géographie prioritaire. Ils ont permis de mettre fin à la
superposition des zonages : Zone Urbaine Sensible (ZUS) Zone de Redynamisation
Urbaine (ZRU) Contrat Urbain de Cohésion Sociale (Cucs). Aujourd'hui, un
périmètre regroupe toutes ces zones : Le quartier prioritaire de
la politique de la ville (QPV).
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Notre travail s'inscrit dans une optique. Il vise
principalement à étudier les interactions qui existent entre les
habitants - quartiers prioritaires de l'agglomération mancelle. Cette
réflexion s'inscrit dans une démarche de renouvellement de la
Politique de la ville en 2020 et donc d'actualisation du diagnostic posé
dans le contrat de ville. Ce diagnostic nécessite l'implication de tous
les partenaires de la Politique de la ville, les différents services de
l'Etat, les professionnels sans oublier les habitants qui sont des acteurs
à part entière de la construction des contrats de ville. Il
contribuera alors à la définition avec l'ensemble de ces acteurs,
des enjeux et des priorités d'intervention. Ce travail, présente
les résultats issus d'une enquête réalisée
auprès des habitants des quartiers Politique de la ville (QPV) de
l'agglomération mancelle dans le cadre de l'actualisation du diagnostic
posé dans le contrat de ville initiée par le Service Politique de
la Ville (SPV) - Le Mans Métropole (LMM).
Ainsi dans ce document, nous présenterons dans un
premier temps les éléments méthodologiques qui retracent
le contexte et la problématique de recherche ainsi que les questions qui
ont guidé la démarche de recherche et les hypothèses de
l'étude. Dans ce chapitre premier, nous présenterons aussi le
cadre géographique, les chiffres clés de l'enquête sans
oublier les difficultés rencontrées au cours des sorties de
terrain ainsi que les limites de l'enquête. Nous aborderons ensuite dans
le chapitre 2, la question du rapport qui existe entre habitants - quartier et
de ses impacts, en analysant les facteurs de l'appréciation du quartier
et les forces du quartier.
10
Chapitre I : La participation des habitants au coeur
de la Politique de la ville
Ce chapitre, présente le contexte, la
problématique, met en relief les hypothèses et les objectifs
ainsi que la méthodologie de recherche utilisée. Il permet
également de faire l'état des lieux de notre terrain
d'étude.
I. La Politique de la ville et la participation des
habitants
A. Le cadre général sur la Politique de la
ville 1. La Politique de ville en France
Depuis plusieurs décennies, les grands ensembles
souvent sont considérés dans l'opinion publique et les politiques
comme des lieux de dysfonctionnement, de déficit et de problèmes
avec la plus grande part de population défavorisée avec une
multiplicité d'origines en situation de précarité.
Kokoreff (2003) comme Avenel ( 2004) disent tous, que ces quartiers souvent
parés de divers attributs, les « quartiers sensibles » ou les
« quartiers en difficultés » évoquant des lieux qui
concentreraient tous les problèmes sociaux, des territoires anomiques
où règnerait l'anonymat, « des zones de non droit »
où l'exaction serait devenue la norme (cités dans Authier (2008).
Toutes ces représentations communes du quartier se sont imposées
dans la société française à partir des
années 1980.
A ces territoires sont associés de
représentations négatives. Ils sont souvent vus comme des lieux
de concentration de population d'origine étrangère,
d'émeutes urbaines, d'habitat dégradé, où les
situations de délinquance, d'insécurité ou de banditisme
sont plus ou moins fréquentes. L'échec scolaire, la
précarité de l'emploi, le chômage des jeunes sont aussi
plus présents dans ces zones urbaines qu'ailleurs. En effet, le taux de
chômage dans ces quartiers était de 24,7 % en 2017 contre 9 %
à l'échelle nationale du territoire. Ce taux y demeure 2,7 fois
plus élevé qu'ailleurs (cget, 2018).
La lutte contre l'exclusion urbaine et sociale passe par une
action en faveur des quartiers en difficulté. Ainsi, des dispositifs
spécifiques, qui privilégient le quartier comme niveau
d'intervention d'une politique de discrimination positive, essayent d'apporter
des réponses aux différents problèmes de ces quartiers
sensibles des villes françaises. Depuis lors,
11
différentes politiques se sont succédé.
En effet, le besoin d'enrayer la dégradation physique et sociale des
grands ensembles, s'est fait sentir à la fin des années 70. Les
opérations "Habitat et vie sociale", directement pilotées par
l'État sont mises en place. Il s'agit de réhabiliter les HLM avec
l'aide financière de l'État. Aussi, au début des
années 80, la Politique de la ville est mise en place en France. En
effet, la Politique de la ville est une politique publique
complémentaire d'exception, de cohésion urbaine et de
solidarité envers les quartiers les plus défavorisés. Elle
désigne une politique mise en place par les pouvoirs publics afin de
revaloriser les zones urbaines en difficulté et de réduire les
inégalités sociales et économiques entre les territoires.
Elle agit sur tous les pans du droit commun en mettant en place des projets
locaux pour l'amélioration du cadre de vie, de l'accès à
la culture et à la santé, au niveau de l'emploi, de
l'éducation. A travers cette politique, l'intervention publique est
renforcée dans des quartiers urbains en difficultés pour la
restauration de l'égalité républicaine et
l'amélioration des conditions de vie des habitants. Elle est
consacrée à la lutte contre les inégalités sociales
et territoriales.
Le développement social des quartiers (années
1980), la mobilisation du droit commun par les contrats de ville (années
90) et la rénovation urbaine (années 2000) correspondent aux
trois âges de la Politique de la ville en France. En effet, Epstein
(2014), trouve que ces trois périodes correspondent à des
orientations nationales successives. Il qualifie la première
période « d'approche remontante des années 1980 » de
démocratisation des institutions urbaines, la deuxième est vue
comme étant « une approche transversale des années 1990
» où l'on a assisté à la territorialisation des
politiques publiques et enfin dans les années 2000 où l'on voit
s'installer la normalisation socio-urbaine de cette politique. Epstein (2014)
qualifie cette approche de « descendante » avec la reprise en main de
l'Etat avec la mise en place des agences comme l'Agence Nationale de
Rénovation Urbaine (ANRU), chargée d'accompagner des projets
globaux pour transformer en profondeur les quartiers. L'ANRU est
créée par la loi d'orientation et de programmation pour la ville
et la rénovation urbaine du 1er août 2003. L'Etat a mis en place
aussi l'Agence de Cohésion Sociale et de l'Egalité des Chances
(ACSE), qui quant à elle, créée par la loi pour
l'égalité des chances du 31 mars 2006, est chargée de
renforcer la cohésion sociale de territoires de la Politique de la
ville.
12
Pendant ces trois périodes, des actions ont
été menées en faveur des quartiers populaires et des
grands ensembles. Mais plusieurs difficultés entravent l'atteinte des
objectifs fixés et des critiques s'expriment. En effet, les
élections présidentielles de 2012 se traduisent par
l'élection de François Hollande grâce à un vote
massif des habitants des quartiers populaires. Ce dernier avait critiqué
dans son discours du 16 mars 2012 les limites et les incohérences de la
politique issue des réformes radicales de la loi Borloo, loi
d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine
adoptée en 2003. Et il a souhaité de rompre symboliquement avec
le gouvernement précédent dont il considère que les
actions avaient abandonné et stigmatisé les quartiers
populaires.
De même, en juillet 2012, un rapport conséquent
intitulé La Politique de la ville : une décennie de
réformes de la Cour des Comptes souligne que la plupart des
objectifs de la Politique de la ville n'ont pas été atteints et y
voit des problèmes de gouvernance. Dans ce rapport, la Cour estimait que
« la géographie prioritaire retenue est trop complexe et la
dilution des interventions trop importante, sur un trop grand nombre de zones
ont pénalisé le dispositif ». Elle note également que
cette politique « aborde très peu le volet social, souligne que
très peu de moyens sont mis à disposition pour atteindre les
objectifs et un manque de pilotage qui n'a pas contribué à la
réduction des inégalités ».
D'autres critiques font état de ce que la Politique de
la ville n'est pas parvenue à instaurer les démarches
participatives des habitants et une dynamique sociale de cette politique peine
à se mettre en oeuvre. Basée sur les enjeux de proximité,
la participation des habitants dans les quartiers était souhaitée
selon Boudeghdegh, Le Dû et Valbon (2012), « Dès les
premières mesures Habitat et Vie Sociale en 1977 et il s'agit alors de
les associer à la gestion de services nouveaux à titre
expérimental, tels les régies de quartier, les haltes garderies,
etc ». Elle n'est donc pas une question nouvelle dans la Politique de la
ville et selon, Bacqué et Mechmache (2014), « Faire des habitants
les acteurs du changement de la participation des habitants était
l'approche préconisée dans le rapport Dubedout en 1983 ».
Pour eux, « la Politique de la ville a constitué un lieu riche
d'expérimentations participatives mais elle est restée une
politique conduite et décidée par le haut ». Certes, la
Politique de la ville a permis d'avoir des effets positifs en matière
d'aménagements urbains ou de renforcement des services publics de
proximité mais elle n'a pas permis de donner un nouveau souffle à
la dynamique sociale attendue.
13
Ainsi, en octobre 2012, les travaux de réforme pour une
redéfinition de la Politique de ville ont été
entamés par le ministère de la ville dans le cadre d'une
concertation nationale. Ces travaux ont permis d'aboutir à des
propositions relatives à la révision de la géographie
prioritaire, qui selon Damon (2018) « s'étend et se rétracte
comme un soufflet d'accordéon », à l'intégration des
volets urbain et social de la Politique de la ville dans le nouveau cadre
contractuel et à la mobilisation des politiques du droit commun en
faveur des quartiers prioritaires.
En janvier 2013, le ministre délégué pour
la ville, François Lamy missionne Marie-Hélène
Bacqué, sociologue, enseignante - chercheure et Mohammed Mechmache,
acteur associatif, fondateur et président d'honneur du collectif «
Pas sans nous », pour formuler des propositions sur la participation
citoyenne dans la nouvelle Politique de la ville. Cette commande est
réalisée partant du constat que les acteurs de la Politique de la
ville et les habitants ne seraient pas assez impliqués ou peu
écoutés par les politiques publiques. Le 8 juillet 2018, le
rapport Pour une réforme radicale de la Politique de la ville.
Ça ne se fera pas sans nous. Citoyenneté et pouvoir d'agir dans
les quartiers populaires, construit à partir des auditions,
d'échanges avec plusieurs acteurs (les professionnels, des élus
locaux, des responsables associatifs, des chercheurs), a été
déposé au ministre Lamy. Les co-auteurs de ce rapport proposent
une réforme radicale mettant en avant « un empowerment à la
française » qui ferait des habitants le coeur d'une Politique de la
ville co-élaborée. Ce « pouvoir d'agir » repose sur
cinq enjeux majeurs. Il mettra les citoyens au coeur des services publics en
prenant de mieux en compte leurs avis, en appuyant le développement du
pouvoir d'agir, en changeant l'image des quartiers, en démocratisant la
Politique de la ville et renversant la démarche de la formation tout en
favorisant les démarches de co-formation et d'accompagnement des
usagers.
Dans le rapport, les co-auteurs proposent six groupes de
propositions concrètes. Ils proposent d'abord de financer la
participation des habitants en donnant des moyens à l'interpellation
citoyenne, ensuite de soutenir la création d'espaces citoyens en mettant
en place des lieux de débat, d'échanges et de propositions aux
échelles locale et nationale, tout en favorisant le développement
associatif en rendant le financement des associations plus
sécurisé, plus indépendant et transparent en
évitant les logiques de clientélistes et partisanes.
Bacqué et Mechmache proposent aussi que les instances de la Politique de
la ville soient des lieux de co-élaboration et co-décision. Il
s'agit donc d'associer les citoyens à la co-élaboration
14
des projets de territoires et des contrats de ville dans
toutes les phases. Enfin, dans les deux dernières propositions qui sont
transversales, les auteurs suggèrent une série de mesures pour
changer l'image des quartiers populaire et la mise en place d'une
méthode de coproduction, de co-formation et d'évaluation qui
consiste à transformer les pratiques des élus et des
professionnels.
Les reformes de la Politique de la ville ont été
traduites dans la loi de programmation pour la ville et la cohésion
urbaine du 21 février 2014 (dite loi Lamy). Elles rénovent en
profondeur les méthodes, la simplification des dispositifs tout en
donnant une meilleure lisibilité à la Politique de la ville,
concentrer les moyens vers les quartiers et optimiser les leviers d'actions
publiques dans une démarche intégrée (économique,
social et urbain). Cette loi inscrit le principe d'une co-construction de la
Politique de la ville avec les habitants, ils participeront notamment à
la réflexion autour des projets de renouvellement urbain. Elle favorise
aussi l'association des habitants aux politiques qui les concernent, afin de
combattre les discriminations dont ils sont victimes. En plus d'avoir
défini une nouvelle géographie prioritaire (carroyage) qui
s'appuie sur un indicateur unique du revenu médian, les reformes
prônent le renforcement de la participation des habitants. Elles
créent les conseils citoyens et les maisons du projet pour porter
l'initiative citoyenne, garantir la place de l'habitant dans toutes les
instances de pilotage en mettant en place un espace de propositions et
d'initiatives à partir des besoins des habitants.
Ces nouvelles orientations visent donc à donner plus de
place aux citoyens dans la Politique de la ville, mieux les
intégrés. Il en découle l'intérêt de
réfléchir à la place des citoyens dans la vie des
quartiers, leur sentiment d'appartenance, leur attachement au quartier qui
peuvent alors servir de leviers pour mieux les intégrer aux processus
décisionnels ou , moins , mieux prendre en compte leur avis. Ainsi, cela
répond d'une certaine manière aux recommandations du rapport
Bacqué-Mechmache.
Par ailleurs, la loi Lamy attribue la Politique de la ville
comme une nouvelle compétence pour l'intercommunalité et
réaffirme le droit commun. Cela marque ainsi un nouveau départ
pour la Politique de la ville. En France métropolitaine, 4,8 millions de
personnes vivent dans les 1 300 quartiers de la Politique de la ville (insee,
2015). Dans l'agglomération mancelle, cinq quartiers
prioritaires et plus 26 300 habitants bénéficient des moyens et
d'actions spécifiques au titre de la Politique de la ville.
15
2. La Politique de la ville active sur
l'agglomération mancelle
Dans les années 1950 à 1970, de grands ensembles
d'habitats collectifs se sont imposés dans l'agglomération
mancelle dans les communes d'Allonnes, de Coulaines et de Le Mans. Cette
situation est due à la croissance industrielle et à
l'arrivée massive de nouvelles populations. Ces communes ont
bénéficié des dispositifs liés à la
Politique de la ville et au développement social relayés par le
contrat de ville dès le début des années 1980 suite
à des problèmes sociaux et urbains auxquels sont
confrontés certains grands ensembles. Les dispositifs, liés au
Développement Social et urbain et à la politique de ville, sont
actifs sur l'agglomération depuis plusieurs années et ont permis
de mieux intégrer les grands ensembles dans la ville avec pour intention
d'améliorer les conditions de vie des habitants et de changer l'image
des quartiers. En effet, l'agglomération mancelle a
bénéficié des dispositifs liés à «
l'habitat et Vie Sociale » à travers deux opérations
réalisées dans les quartiers Glonnières (Le Mans) et
Chaoué (Allonnes). Les quartiers Les Sablons (Le Mans) et
Perrières (Allonnes) bénéficieront par la suite des
opérations « Développement Social Urbain (DSU) et «
Développement Social des Quartiers (DSQ) ».
Par ailleurs, dès 1994, les quartiers en zone franche
urbaine ou en zone de redynamisation urbaine en grandes difficultés
économiques, et sociales classés en Zones Urbaines Sensibles
(ZUS), ont bénéficié d'un premier contrat de ville et
d'autres dispositifs comme le Programme de Réussite Educative (PRE), le
Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) les Programmes de
Rénovation Urbaine (PRU) liés à Politique de la ville
jusqu'à 2015. Suivant les orientations de la loi Lamy,
l'agglomération mancelle a adopté la compétence Politique
de la ville et s'est attelée à la rendre effective dans les trois
communes concernées (Le Mans, Coulaines et Allonnes).
Aujourd'hui, les quartiers Bellevue-Carnac,
Chaoué-Perrières, L'Epine, Les Sablons - Bords - de l'Huisne et
Ronceray - Vauguyon - Glonnières constituent les entités
bénéficiaires des dispositifs du contrat de ville (2015-2020) au
sein de la communauté urbaine Le Mans Métropole avec près
26 300 habitants. Ils représentent 12.8 % de la population de
l'agglomération. C'est au Service Politique de la ville (SPV) mis en
place en janvier 2016 que revient la mise en oeuvre de ce contrat, la
coordination entre les acteurs concernés en lien avec l'Etat. La carte
suivante, présente les cinq quartiers prioritaires de
l'agglomération mancelle.
16
Les 5 quartiers prioritaires de l'agglomération
mancelle en 2019
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle3.png)
17
A l'approche de 2020, terme du contrat de ville en cours, le
SPV se mobilise afin de proposer une réflexion et un état des
lieux de la vie des quartiers. Cette réflexion s'inscrit dans une
démarche de renouvellement de la Politique de la ville en 2020 et donc
d'actualisation du diagnostic posé dans le contrat de ville.
Cette étude est née de la volonté du
service dans le cadre de la révision du contrat de ville d'organiser
d'abord, une journée sur le thème de la Politique de la ville en
direction de ses acteurs, un « temps fort » pour mars 2019. Celle-ci
qui visait notamment à mettre en lumière le travail mené
par tous au sein des quartiers prioritaires, puis à
réfléchir aux perspectives à donner localement.
Cette journée a trouvé des formes et des
contenus variés construits avec les partenaires. L'un des volets a
concerné l'actualisation du diagnostic qui avait été
réalisé lors de la construction de l'actuel contrat de ville.
L'enjeu était bien de chercher à identifier, collectivement,
comment ont évolué les différents quartiers prioritaires
dans toutes leurs dimensions, et à interroger les différents
acteurs de la Politique de la ville. Tout ceci est en lien avec
l'actualité politique consacrée à l'action publique en
faveur des quartiers prioritaires de la Politique de la ville. En effet, le
discours du Président de la République le 24 novembre 2017
à Tourcoing, a lancé la grande démarche de mobilisation de
l'ensemble des parties prenantes de la Politique de la ville pour les habitants
des quartiers afin de renforcer des dispositifs existants, mais aussi de
déployer de nouvelles mesures.
Dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances
pour 2019, les députés ont voté un amendement
gouvernemental prévoyant de proroger de deux ans les contrats de ville
en cours depuis 2014. Cette prorogation des contrats de ville à 2022,
prend la forme d'un simple avenant en se référant la circulaire
signée par le Premier ministre Edouard Philippe, le 22 janvier 2019.
Ainsi les contrats de ville 2014-2020 doivent être révisés
à mi-parcours soit à l'été 2019 et ne seront pas
renouvelés. Cette révision des contrats de ville doit donner lieu
à la définition d'un protocole d'engagements renforcés et
réciproques entre l'Etat et les collectivités. Dans le processus
de l'élaboration du protocole d'engagements renforcés et
réciproques, le SPV décidé de réaliser un
diagnostic.
18
B. Les objectifs et hypothèses de l'enquête
Prenant en compte la nécessité de mettre les
habitants au coeur de la Politique de ville et les considérant comme des
acteurs détenteurs de savoir d'usage et de ressources capables de penser
leur transformations, le SPV a manifesté le désir d'associer les
habitants des quartiers au diagnostic sous la forme d'un diagnostic
partagé associant élus et partenaires et sollicitant les
habitants quant à leur rapport habitant/quartier. C'est dans ce cadre
que le service a souhaité recruter un stagiaire pour interroger les
habitants des QPV afin recueillir leurs avis sur l'impact que le quartier a sur
leur vie. Il s'agit pour ce stagiaire de se rapprocher des habitants des
quartiers prioritaires afin de recueillir leurs observations et des
éléments de connaissance quant à la façon dont ils
vivent leur quartier et dont celui-ci influence leur vie. De façon
spécifique, il s'agit donc de :
? Comprendre la manière dont l'habitat, le quartier, le
voisinage, les espaces publics, les aménagements, les équipements
font sens pour les habitants.
? Comprendre les rapports que les habitants entretiennent avec
leur quartier.
? Identifier les différents usages que les habitants font
de leur quartier.
Ce travail s'inscrit dans une seule logique, celle de voir les
liens ou les relations que les habitants entretiennent avec leur quartier dans
la mesure où pour P. Sansot (1980) cité par Humain-Lamoure
(2007), un quartier se constitue de la valeur et de l'attachement nés de
la ritualisation des pratiques répétitives de ses habitants. Le
renouvellement quotidien des gestes et de situations très simples est le
support concret à l'appropriation de l'espace.
Nous formulons donc l'hypothèse que :
La qualité de vie du quartier aurait une influence sur
la perception que les gens ont de leur quartier, leurs sentiments, leurs
comportements et leur rapport au quartier.
La proximité des équipements, les
aménités du quartier, les relations de voisinage favorisent la
satisfaction à l'égard de la vie dans le quartier.
L'endroit où l'on habite peut exercer une influence
déterminante sur ses sentiments, le quartier influence
négativement des habitants ou qu'il existe un rapport positif au
quartier.
L'environnement, le voisinage, la propreté, les
sentiments de sécurité, de bien - être et d'attachement
peuvent influencer positivement ou négativement les façons dont
les
19
habitants s'approprient et se représentent leur quartier.
De toutes ces hypothèses, découle
un certain nombre de questionnement :
Quels rapports les habitants entretiennent- ils avec leur
quartier ?
Quels usages font - ils par exemple des commerces, des parcs, des
espaces publics ou bien
encore des équipements proches de leur lieu de vie ?
Quelles valeurs accordent - ils à cet espace ?
Quelles relations entretiennent - ils avec leurs voisins ?
Quels impacts cet espace proche de leur logement a-t-il sur leur
vie ?
Pour répondre au questionnement, il est important de
définir une méthodologie de recherche
et de présenter notre terrain d'étude.
II. La méthodologie d'enquête
Pour répondre aux objectifs de l'étude,
différents outils ont été mobilisés. La toute
première étape a été les travaux
préparatoires, (la visite de quartier, l'élaboration de la
méthodologie d'enquête et l'élaboration du questionnaire).
Ensuite, pour recueillir les observations des habitants, l'étude s'est
attachée à les interroger directement à partir d'un
questionnaire, la réalisation d'entretiens avec l'association de la
carte mentale.
A. Les travaux préparatoires
Les enquêtes de terrain ont débuté en
octobre 2018 et ont pris fin en mai 2019 avec plusieurs étapes
successives. Les travaux préparatoires ont couvert la période du
22 octobre 2018 au 02 novembre 2018. Ils ont constitué la toute
première étape des enquêtes et ont permis dans un premier
temps de prendre connaissance de notre terrain d'étude à travers
les visites de terrain (visites de quartier,). En effet, accompagné par
un chargé de mission ou un référent famille du SPV, nous
avons exploré le terrain. Ceci nous a permis de prendre connaissance de
notre secteur d'étude, de faire certaines observations, de
repérer les potentiels lieux où nous pourrions rencontrer du
monde. Pendant cette période de pré-enquête, nous avons
participé à des réunions avec « Le groupe Temps fort
diagnostic » du SPV. Ces différentes réunions ont permis
l'élaboration de la méthodologie d'enquête, la
rédaction du questionnaire, du guide d'entretien et la validation du
protocole d'enquête.
Par ailleurs, pendant cette période, des contacts ont
été pris. Ainsi, les différents acteurs locaux,
partenaires de la Politique de la ville ont été
rencontrés. Les différentes
20
réunions ont permis d'expliquer la démarche et
solliciter leur collaboration pour la réalisation des enquêtes
auprès des habitants.
B. La production des données
Les enquêtes proprement dites se sont
déroulées entre le 26 novembre 2018 et le 31 mai 2019. Nous avons
sillonné les différents terrains d'études à la
rencontre des habitants afin de recueillir leur avis et des
éléments quant à la façon dont ils vivent le
quartier à l'aide de différents outils d'enquête.
1. Les outils de production de données
Les différents outils utilisés dans le cadre de
cette étude pour produire les données sont : le guide
d'entretien, le questionnaire et la carte mentale.
a. Le guide d'entretien
Construit autour de 8 thématiques (La perception du
lieu habité, l'appréciation du logement, l'appréciation du
quartier et de son environnement, les pratiques et les lieux des pratiques dans
le quartier, la perception des atouts et des problèmes du quartier, les
relations de sociabilité (nature et lieux), la perception des actions de
certaines institutions et la perception de son avenir dans le quartier)
contenant chacune des questions, le guide d'entretien a permis d'avoir un fil
conducteur lors des entretiens réalisés selon le ressenti avec la
personne.
b. Le questionnaire
Le questionnaire a été rédigé en
lien étroit avec le service Politique de la ville notamment avec «
Le groupe Temps fort diagnostic » (cf. Questionnaire en annexe). Nous
avons veillé à ce qu'il soit adapté au public
ciblé, d'où le format court (un recto-verso) avec des
réponses prédéfinies. Pour la rédaction du
questionnaire, nous avons utilisé un vocabulaire simple,
compréhensible par tous. Le questionnaire comprend 16 questions avec des
réponses prédéfinies et comporte quatre différentes
parties.
? L'identification de l'enquêté
Cette première partie du questionnaire a permis de
collecter des informations relatives à la commune et au quartier
d'origine de l'enquêté, son âge, le genre, son statut, sa
situation
21
matrimoniale. Il faut souligner que le questionnaire
étant anonyme et facultatif, nous n'avions pas recueilli des
informations concernant le nom, prénoms et l'adresse de
l'enquêté.
? La vision du quartier
Il prend en compte des informations relatives à la
durée d'installation sur le quartier, à l'attachement au
quartier, à l'état de propreté du quartier, du logement,
au sentiment de sécurité, au niveau de délinquance
perçu , aux liens de sociabilité dans le quartier, le
bien-être et à l'envie de quitter ou non le quartier.
? La vision de l'enquêté des
équipements du quartier
Cette troisième partie du questionnaire prend en compte
les questions relatives à la présence en nombre suffisant ou non
des équipements dans le quartier, leur utilité. Elle prend en
compte aussi les questions relatives à la fréquentation,
l'accessibilité des équipements, à l'accès à
la culture, la connaissance ou non des différents services
présents sur le quartier.
? La mobilité interne et externe de
l'enquêté
Elle regroupe les questions liées aux différents
lieux ou endroits où se rend l'enquêté dans ou en dehors de
son quartier, où il fait ses courses et autres activités.
Les répondants choisissent parmi les modalités
des réponses prédéfinies avec une partie ouverte presque
avec une possibilité d'évoquer les raisons qui motivent leur
choix sur chaque question et dans un second temps, ils réaliseront un
dessin.
c. La carte mentale
La carte mentale est un construit qui enveloppe les processus
cognitifs (percevoir, penser, imaginer, raisonner, juger, se souvenir). Ainsi,
chaque individu, à l'intérieur de son espace personnel
établit des relations de nature topographique ou sentimentale et
élabore ainsi dans sa tête une carte des lieux. C'est un outil
à la fois social, symbolique et sentimental, nous permettant de
maîtriser plus ou moins notre espace et nous permettent aussi de
représenter le monde comme les individus se l'imaginent (André
et al, 1989). Elle est un outil qui donne à voir la
maîtrise (et la connaissance) que l'on a de notre espace.
Aussi, la carte mentale peut permettre de montrer quelles sont
les représentations, les connaissances, les espaces vécus et les
pratiques spatiales des habitants de ces quartiers prioritaires.
Dans le cadre de notre étude, la carte mentale a
été associée aux enquêtes par entretien et par
questionnaire avec pour objectif de comprendre les représentations et
usages
22
du quartier par les habitants. Le protocole a proposé
aux interrogés de dessiner de mémoire sur une fiche les endroits
qu'ils fréquentent dans leur quartier. Ceci permettra d'apprécier
leur connaissance du quartier, des équipements du quartier, les trajets
pratiqués, les espaces appréciés ou mal aimés de
leur quartier.
2. Les lieux et le mode de passation du questionnaire
et du guide d'entretien
Cette étude n'a pas fait l'objet d'un
échantillonnage. Aucun nombre fixe de personnes à interroger n'a
été déterminé. Il nous a fallu nous adapter au
terrain, rencontrer les acteurs et partenaires du contrat de ville entre autres
: les centres sociaux, la mission locale, les services jeunesse, les
établissements scolaires, les bailleurs et les associations.
En effet, pour l'enquête auprès des
collégiens, il a fallu, en collaboration avec le responsable du
pôle cohésion sociale - éducation du service Politique de
la ville, entrer en contacts avec les principaux des collèges afin de
leur présenter la démarche. Nous avons donc échangé
plusieurs mails, appels téléphoniques avec ces responsables et
effectué des déplacements multiples pour leur apporter des
explications quant aux objectifs et déroulé de l'enquête.
Tous ces échanges ont permis aussi mettre en place une technique
adaptée pour passer le questionnaire auprès de ces adolescents.
L'enquête auprès des collégiens s'est donc faite à
l'intérieur des collèges dans les salles de classes. Il faut
préciser que l'autorisation des parents d'élèves n'a pas
été nécessaire dans la réalisation de cette
enquête auprès des collégiens de Vauguyon, de Costa Gavras,
de Le Marin, de Jean de l'Epine, d'Alain Fournier et Kennedy. Mais, elle a
été l'une des raisons pour lesquelles l'enquête n'a pas
été réalisée auprès des collégiens du
collège Léon Tolstoï de Bellevue - Carnac. Il est important
de préciser que pour faute de quitus de l'administration du
collège Jean Cocteau, situé dans la commune de Coulaines,
l'enquête n'a pas pris en compte les collégiens de cet
établissement. Les collégiens de cette commune n'ont pas pu se
prononcer.
Pour l'enquête auprès des autres habitants (15ans
et plus), la population interrogée est rencontrée au hasard dans
l'espace public (rues, parcs, plaines, marchés, cafés, bars), aux
arrêts transports en commun, des halls d'immeubles. A l'entrée
d'équipements : gymnases, centres sociaux, établissements
scolaires, médiathèques, mission locale, service jeunesse, maison
de quartiers, d'équipements de commerce etc) des cinq quartiers
Politique de la ville. La collaboration avec les médiateurs de
l'association Culture du coeur nous a facilité la tâche pour la
réalisation du porte à porte dans les quartiers.
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle4.png)
Photo 1 : A la rencontre des habitants au gymnase et au
Restau du coeur de Chaoué-Perrières, Source : H. ADEBO,
2019
23
Par ailleurs, le dépouillement et le traitement des
données ont suivi aussitôt l'étape de la collecte. A
l'issue des observations, des entretiens et la passation de questionnaire, il a
été procédé au dépouillement des fiches
d'enquête à l'aide du logiciel sphinx. Les résultats issus
de cette enquête ont été présentés aux
professionnels, aux habitants et aux élus lors des réunions de
quartier organisées par le service Politique de la ville.
Le tableau ci-après présente le calendrier et la
temporalité de l'étude.
Tableau 1 : calendrier et la temporalité de
l'étude
Périodes
|
Les étapes
|
Méthodologie
|
22 /10/2018 au 02 /11/2018
|
Les travaux préparatoires
|
- Visite de quartier
- Observation
- Rencontre des partenaires
- réunion de groupe
- Elaboration/validation
méthodologie d'enquête
|
26 /11/2018 au 31 /05/2019
|
Production de données Collégiens (10-14 ans)
|
- Questionnaire
- Entretien
- Cartes mentales
|
Autres jeunes (15- 25 ans)
|
Autres habitants (26 ans et plus)
|
1er/06/2019 au 12 /07/2019
|
- Traitement, résultats et analyses des données
- Présentation des résultats aux professionnels et
habitants lors des
réunions de quartier
- Présentation des résultats aux élus
- Présentation des résultats à la
réunion de service
|
Par ailleurs, quelles sont les caractéristiques de notre
terrain d'étude ?
24
III. Présentation du territoire d'étude
A. Le Mans, une métropole en développement
À mi - chemin entre la capitale française et la
façade atlantique, plus précisément dans le
département de la Sarthe et la région Les Pays de la Loire,
l'agglomération du Mans a été notre terrain
d'étude. Le Mans Métropole est un EPCI, en dépit de son
nom contenant le terme « métropole », sa forme est une
communauté urbaine. Cette intercommunalité créée le
19 novembre 1971 s'est agrandie depuis les réformes de 2017 avec
l'intégration de cinq nouvelles communes : Chaufour-Notre-Dame, Fay,
Pruillé-le-Chétif, Saint-Georges-du-Bois et Trangé.
Aujourd'hui, elle regroupe 19 communes avec une population de
205 399 habitants répartie sur une superficie de 267,1 km2
soit une densité de 768,1 habitants par km2. Elle
présente une situation démographique caractérisée
par une tendance à l'étalement urbain qui semble s'inverser, un
vieillissement de la population et une baisse de la taille des ménages.
Avec 72 % d'actif et 59,6 % d'actifs ayant un emploi, son territoire est
attractif en termes d'emploi dont 80 % dans le secteur tertiaire.
L'agglomération convenable à l'implantation des entreprises,
compte 52 zones d'activités avec plus 800 entreprises. Elle dispose des
équipements et des infrastructures de transports et de communication,
culturels ou sportifs et de nombreux équipements de proximité.
La carte suivante présente les communes de
l'agglomération mancelle en 2019
Les communes de la Communauté Urbaine Le Mans
Métropole en 2019
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle5.png)
25
Source :
lemans-tourisme.com
26
Notre étude s'est intéressée aux
quartiers prioritaires de la communauté urbaine Le Mans
Métropole. Ces quartiers constituent des entités urbaines
spécifiques et font partie intégrante du tissu urbain concentrant
des habitants à revenus faibles. Ils ont aussi des
caractéristiques communes de par leur composition sociale, le revenu des
habitants, le types d'habitats, le taux de chômage et sont des zones de
concentration urbaine de population à faibles revenus. Ils
s'insèrent dans une agglomération où la pauvreté
est relativement marquée : 16 % des habitants de l'unité urbaine
du Mans vivent sous le seuil de pauvreté, soit 5 points de plus que dans
celle de Nantes et 3 points de plus qu'en moyenne dans les 11
agglomérations comportant des QPV.
De même, la moitié de la population des QPV de
l'agglomération mancelle est pauvre, contre 42 % en moyenne dans les QPV
de la région sauf dans le quartier de Chaoué - Perrières.
Les habitants rencontrent également des difficultés en
matière d'emploi, particulièrement aux Sablons et à
Ronceray Glonnières (insee, 2017). Afin de mieux connaître le
terrain d'étude, il nous semble important de présenter les
quartiers prioritaires et leurs caractéristiques socio
démographiques.
B. Les quartiers Politique de la ville de
l'agglomération mancelle 1. Le quartier Bellevue-Carnac : A cheval entre
Le Mans et Coulaines
Bellevue-Carnac a la particularité d'être
à cheval sur deux communes, Le Mans et Coulaines dont une partie
notamment haute est desservie par le tramway. Ce quartier regroupe 4264
habitants avec un parc de logements composé à 97,3 % de logements
sociaux. Ce quartier est dense et proche des espaces naturels mais peu
d'espaces extérieurs. On retrouve dans ce quartier de nombreux
équipements socio-culturels et sportifs.
Dans ce quartier, 98 % des ménages sont locataires, 5 %
d'entre eux se composent de six personnes et plus, 28 % reçoivent au
moins une allocation chômage. La part des familles monoparentales et des
personnes ayant moins de 14 ans est de 26 % contre 14 % pour celles ayant 60
ans et plus. La part des habitants percevant des bas revenus est de 35 %. Il
faut noter que 9 % des habitants de ce quartier sont des étrangers. Le
revenu médian disponible par mois des habitants de Bellevue - Carnac est
1008 euros avec un taux de pauvreté de 34 %.
La photo ci-après montre la place de l'Europe,
véritable place de rencontres située à proximité de
service et commerces.
27
Photo 2 : Place de l'Europe,
Bellevue-Carnac
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle6.png)
Source : H. ADEBO, 2019
2. Le quartier Chaoué-
Perrières
Situé dans la commune d'Allonnes,
Chaoué-Perrières est composé d'immeubles collectifs en
urbanisme de barre et de tours essentiellement du logement social (75 %). Ce
quartier représente 55 % de la commune d'Allonnes avec une population de
5407 habitants dont 7 % d'étrangers. On y retrouve un ensemble de
services et d'équipements. Les liaisons entre ce quartier et les autres
parties de la commune ou de l'agglomération sont assurées par une
ligne de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS). Le revenu médian
disponible par mois est 1156 euros dans ce quartier.
Dans ce quartier, 82 % des ménages sont locataires, 28
% sont des familles monoparentales. 28 % des ménages perçoivent
au moins une allocation chômage. De plus, 3 % des ménages se
composent de 6 personnes et plus. Les personnes recevant de bas revenus
représentent 27 % des habitants et la part des personnes ayant moins de
14 ans est 21 %. La photo suivante montre l'imposante tour
dénommée la tour étoile et la place du maille servant de
lieu pour le marché du quartier.
28
Photo 3 : La tour étoile et le maille à
Chaoué -Perrières
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle7.png)
Source :
www.lemans.fr
3. Le petit quartier L'épine
Le quartier de l'Epine est nettement perçu comme un
milieu fermé, isolé et petit avec sa superficie de 11 ha et sa
population de 880 habitants. Le quartier de l'Epine est situé dans la
commune de Le Mans. La vie commerciale y est presque éteinte, le parc de
logements est composé à 99 % de logements sociaux. Ce parc datant
des années 1960 fortement désuet et la population qui y vit est
d'origine diverse avec 11 % de population étrangère. Un quartier
invisible, coincé entre plusieurs espaces attractifs à
côté. Aux alentours de ce quartier, on trouve diverses
infrastructures de loisirs, de transport, d'éducation. Il est
relié aux autres quartiers de la commune par les transports en commun
(la ligne du tramway et le bus). Il se présente comme un quartier
à redynamiser dont le revenu médian disponible par mois est de
981 euros.
Dans ce quartier, 98 % des ménages sont locataires, la
part des personnes percevant de bas revenus est 41 %. Celle des personnes ayant
moins de 14 ans représentent 25 %. Quant aux ménages, 98 %
d'entre eux sont des locataires, 22 % perçoivent au moins une
allocation
29
chômage et 3 % se composent de 6 personnes et plus. La
part des familles monoparentales est de 24 %. Le taux de pauvreté dans
ce quartier est 30 %.
4. Le quartier Les Sablons Bords de l'Huisne : Le
plus grand quartier d'habitat social de l'agglomération
Le quartier répond à la définition
d'habitats de grands ensembles avec de nombreux tours et de grandes barres HLM
dont 84 % de logements sociaux. Un quartier très étendu avec
plusieurs infra territoires, traversés par la rocade et relié par
le tramway. Il est un quartier de la ville du Mans avec une population de 9714
habitants composée 18 % de personnes étrangères. Les
Sablons est le deuxième QPV le plus peuplé de la région,
après Bellevue à Nantes, avec 9 700 habitants Le revenu
médian disponible par mois est de 965 euros (insee, 2017). On note une
importante présence d'équipements de proximité ou
structurants, commerces et activité économique.
Le revenu médian disponible par mois dans ce quartier
est de 965 euros. La part des familles monoparentales est de 22 % et celle des
personnes ayant moins de 14 ans est de 40 %. 89 % des ménages sont
locataires, 26 % perçoivent au moins une allocation chômage et 6 %
des ménages se composent de 6 % de personnes et plus. Le taux de
pauvreté dans ce quartier est de 38 %.
5. Le quartier Ronceray-
Vauguyon-Glonnières
Situé au sud de la commune de Le Mans, ce quartier
prioritaire compte 6000 âmes avec un revenu médian par mois de
1025 euros pour un taux de pauvreté de 38 %. Ce quartier est
constitué des trois ensembles délimités et desservis par
un réseau viaire structurant et le tramway. On retrouve des
infrastructures et équipements d'éducation, sportifs, de loisirs
types de logements plus variés et hétérogènes. On
note également la présence des services publics de
proximité.
On y retrouve de grands espaces verts le tout connecté
à un centre commercial (cf. photo). La part de logements sociaux est 81
% dans lesquels logent 91 % de ménages locataires. 17 % de familles sont
monoparentales. Les ménages recevant au moins une allocation
chômage représentent 23 %, et ceux qui se composent de 6 personnes
et plus sont
30
de 4 %. La part des personnes ayant moins de 14 ans est de 21
% et celle des habitants percevant de bas revenus est 38 %.
Les photos suivantes présentent quelques
équipements du quartier notamment le city stade des Glonnières,
le centre commercial Sud et la maison de quartier Jean Moulin de Vauguyon.
Photo 4 : City stade des Glonnières
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle8.png)
Photo 5 : Maison de quartier Jean Moulin
|
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Photo 6 : Centre commercial Sud
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Source : H. ADEBO, 2019
Les enquêtes réalisées dans cinq quartiers
prioritaires de l'agglomération, ont permis de collecter des
données qualitatives et quantitatives.
IV. Les chiffres clés représentatifs de
l'enquête
Les chiffres présentés, sont ceux des
données recueillies lors des enquêtes réalisées
entre novembre 2018 et mai 2019 dans les cinq quartiers prioritaires de
l'agglomération. Il s'agit des données relatives au nombre de
fiches collectées, à la répartition des
enquêtés par sexe, par tranche d'âge, par quartier
prioritaire et leur statut.
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle9.png)
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle10.png)
31
Source : Enquêtes de terrain, H.ADEBO,
2019
Nous avions réalisé trois enquêtes par
questionnaire auprès de trois différents publics. En effet, pour
la première enquête, nous avons souhaité porter un regard
sur le public « jeune » surtout ceux qui ne sont jamais
questionnés sans les démarches institutionnelles classiques : les
adolescents âgés entre 10 ans et 14 ans. Nous avons donc
interrogé des collégiens quant à leur rapport avec le
territoire à partir d'un questionnaire avec des items
liés à la vision du quartier, de ses équipements etc.
Cette enquête a permis de cibler les élèves des
collèges Alain Fournier, Vauguyon, Costa Gavras, Le Marin, John Kennedy
et Jean de l'Epine situés dans quatre quartiers prioritaires sur les
cinq que compte l'agglomération mancelle (Sablons,
Ronceray-Vauguyon-Glonnières, Epine et
Chaoué-Perrières).
Les répondants étaient des élèves
de deux promotions. Nous avons souhaité que le questionnaire puisse
être rempli, de manière anonyme, par une classe
d'élèves de 6ème et une classe de
3ème par collège. Nous avons interrogé 179
collégiens en début et en fin de cycle sur la base du
questionnaire (voir annexe). Le taux de remplissage global du questionnaire
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle11.png)
32
collégiens est de 90 %. Par ailleurs, une restitution
des résultats de cette enquête a été faite du temps
fort de mars 2019 organisé par le service Politique de la ville.
La deuxième enquête de terrain s'est
orientée vers des personnes âgées entre 15 et 25 ans,
habitants les QPV. Elle a permis de recueillir les avis et les
éléments de connaissances du quartier auprès de 161
individus avec un taux de remplissage global de 91,4 %. Enfin, 220
répondants âgés de 26 ans et plus ont répondu au
questionnaire dans le cadre de la troisième période
d'enquête avec un taux de remplissage global de 92,5 %.
Au total nous avions rencontré 560 habitants soit 2.05
% de la population des QPV. Un effectif composé de 288 hommes (51 %)
contre 272 femmes (49 %) ayant entre 10 et plus de 60 ans.
Graphique 2 : Répartition des
enquêtés par tranche d'âge
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Cette portion de population enquêtée est
composée de collégiens, de lycéens, d'étudiants, de
salariés, des retraités et des personnes à la recherche
d'un emploi. Le graphique ci-dessous présente la répartition par
des enquêtés par quartier prioritaire. En effet, lors de nos
sorties de terrain, nous avions rencontré 122 individus à
Chaoué Perrières. 77 personnes ont été
questionnées sur les quartiers Bellevue-Carnac 65 à l'Epine.
Les
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle12.png)
33
habitants interrogés aux Sablons représentent
près de 62 % contre 21 % au Ronceray-Vauguyon-Glonnières
Graphique 3 : Statuts des
enquêtés
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Ces chiffres sont représentatifs de chaque quartier
puisque qu'ils correspondent proportionnellement à l'effectif
démographique de chaque quartier prioritaire.
Graphique 4 : Répartition des
enquêtés par quartier prioritaire
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle13.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Par ailleurs, la collecte de ces données ne s'est pas
faite sans difficultés. Quel a été l'accueil
réservé par les habitants ? Quelles sont les limites de notre
recherche ?
34
V. L'accueil et les limites de la recherche
Les différentes structures et répondants nous
ont bien accueillis. Nos différentes descentes sur le terrain dans les
cinq QPV se sont déroulées dans de très bonnes conditions.
Par contre, l'attitude désintéressée de certains
habitants, la non disponibilité dont ils ont parfois fait preuve, la
réticence et la méfiance de certaines personnes à se faire
enregistrer lors des entretiens ont ralenti le cours des travaux.
Par ailleurs, il serait prétentieux de croire que cette
recherche a pris en compte toutes les problématiques de la Politique de
la ville et nous sommes conscients que notre enquête comporte un certain
nombre d'insuffisances. Néanmoins ces insuffisances n'ont pas d'effets
sur les résultats de la recherche mais nous devons en tenir compte lors
d'une étude ultérieure. Tout d'abord, le terrain d'étude a
été trop vaste car regroupant cinq quartiers localisés
dans trois communes. Ceci a eu un impact sur le taux d'échantillonnage
qui reste faible, il est alors impossible de généraliser les
résultats obtenus et de les prendre comme ceux de l'ensemble des
habitants prioritaires de l'agglomération. Les échantillons ne
sont donc pas représentatifs de l'ensemble des résidents.
A l'inverse, les résultats obtenus ont permis de
ressortir les perceptions des habitants et d'identifier les
problématiques propres à chaque quartier, les points à
améliorer et les axes à renforcer. Aussi dans notre
questionnaire, il manquait un certain nombre de questions relatives à
l'emploi et à l'insertion professionnelles des jeunes.
De même, il a fallu gérer le temps car le
début de la mission était prévu pour septembre mais, nous
n'avons commencé que vers la fin du mois d'octobre. Les premiers
résultats de l'enquête étant attendus pour fin janvier 2019
en prélude au temps fort qui sera organisé par le SPV le 14 mars,
il a fallu trouver une entrée pour collecter rapidement les
données. En plus, il nous était impossible de travailler à
temps plein sur cette mission puisqu'il fallait alterner la période des
cours et celle du stage.
Malgré les difficultés rencontrées, la
méthodologie adoptée a permis d'obtenir des résultats
présentés et interprétés dans le chapitre suivant.
L'exploitation des données issues de ces enquêtes, permet de
manière générale de montrer l'importance des relations qui
existent entre les habitants et leur quartier, des usages et des liens de
sociabilité, d'attachement qui s'y règnent.
35
Chapitre II : Les interactions habitants et quartiers
prioritaires
Ce chapitre, présente les relations qui existent entre
les habitants des QPV de l'agglomération mancelle et leur quartier,
à partir des données issues de l'enquête
présentées dans le chapitre précèdent. Il ressort
la représentation que les habitants ont de leur milieu de vie ainsi que
les perceptions qu'ils ont du cadre, de la sécurité, de la
propreté. Ce chapitre nous présente aussi les forces du quartier
entre autre la sociabilité et l'attachement ainsi que les usages du
quartier.
I. Les facteurs de l'appréciation du
quartier
L'appréciation du quartier découle de plusieurs
facteurs entre autres : la présence des équipements de
proximité et de nombreux services, la tranquillité, la
sécurité, la propreté, les bonnes relations avec le
voisinage, des logements décents, les aménités du quartier
(bois, parc, les offres de loisirs et animation, l'accessibilité etc).
Tous ces facteurs constituent des éléments importants que
prennent en compte les habitants et sont déterminants pour leur
épanouissement et leur bien - être. Selon Pan Ke Shon (2005),
« l'appréciation du quartier peut aussi découler d'une
aisance matérielle qui favoriserait un état d'esprit propice
à l'environnement dans laquelle la personne est plongée ».
Ainsi les avantages procurés par le quartier, constituent des
éléments d'appréciation et de satisfaction globale. Il en
découle alors des sentiments positifs.
Les quartiers dans lesquels nous avions effectué nos
enquêtes offrent - ils des conditions pour l'épanouissement des
habitants ?
A. Le quartier : un cadre de vie bien
apprécié 1. Des quartiers prioritaires « sûrs et
propres »
En réponse à la question, « Je
trouve que mon quartier est : pas du tout propre, pas très propre,
plutôt propre, très propre », 60 % des
répondants trouvent de façon générale que leur
quartier est « plutôt propre ou très propre ».
L'enquête auprès des collégiens
révèle que 62 % des élèves rencontrés
trouvent leur quartier « plutôt propre ou très propre ».
Celle réalisée auprès des 15 - 25 ans et des 26 ans et
plus, montre respectivement que près de 65 % et 56 % des
répondants apprécient l'état de propreté de leur
lieu d'habitation.
36
Néanmoins, il faut préciser que la question de
la propreté du quartier est différemment appréciée
par les 26 ans et plus. En effet, le pourcentage de perception positive sur la
propreté des interrogés de cette catégorie est
inférieur à celui du général. Cela suppose que les
plus âgés sont beaucoup plus stricts en matière de
propreté de leur quartier et font attention aux détails par
exemple les crottes de chiens sur les trottoirs, les déchets
déposés à côté de poubelles enterrées,
les encombrants qui jonchent les trottoirs etc.
« Je trouve mon quartier plutôt propre, sauf
les aires de jeux et à proximité des poubelles. Les
déchets sont laissés juste à côté
».
Femme, 38 ans, à la recherche d'un emploi,
célibataire, questionnaire 1er trimestre
2019
Graphique 4 : Propreté des quartiers
Je trouve que mon quartier est
70,00%
|
|
|
|
60,37%
|
|
60,00%
|
|
|
|
50,00%
|
|
|
|
40,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
31,60%
|
|
30,00%
|
|
|
|
|
|
20,00%
|
|
|
|
|
|
10,00%
|
|
|
|
|
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8,03%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,00%
|
Propre/Très propre Pas propre Pas du tout propre
|
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
En ce qui concerne la sécurité, les sentiments
sont peu marqués et les répondants manifestent peu
d'inquiétudes sur les problèmes d'insécurité. En
effet, à la lecture des réponses apportées à la
question « Je me sens en sécurité dans le quartier :
pas du tout d'accord, pas d'accord, d'accord, complètement d'accord
», en général, près 73 % des
37
enquêtés se sentent en sécurité
dans leur quartier (77 % des collégiens, 69 % des 26 ans et plus et 72 %
des 15 -25 ans).
En analysant les résultats issus de cette question sur
le sentiment de sécurité, nous remarquons globalement que le
sentiment vis-à-vis du quartier semble plutôt positif. Aussi que
ce soit sur le plan de la propreté, de la sécurité, les
avis sont favorables. Cela va dans le sens de la stigmatisation dont se sentent
souvent victimes les habitants des quartiers prioritaires, et surtout les
discours qui se construisent sur ces quartiers (vus de l'extérieur comme
des quartiers « dangereux », « sales », présence de
groupes sociaux particuliers etc.) et surtout sur la façon «
aveugle » dont ces quartiers sont dénigrés de
l'extérieur et dans les médias comme le rappelle en effet,
Patrick Kanner, ancien ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports dans
un courrier adressé le 28 décembre 2015 aux
Vice-présidents du conseil national des villes dans lequel il estimait
que « trop souvent les quartiers prioritaires sont présentés
dans les médias de manière négative et
stéréotypée, ce dont les élus et les habitants se
plaignent régulièrement à juste titre. Les nombreuses
réussites et avancées sont en effet rarement relayées. Il
conviendrait donc de proposer des pistes concrètes permettant de
valoriser les quartiers, leurs potentialités et la population qui y vit.
(....) »
Graphique 6 : Sentiment de sécurité dans
les quartiers
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle14.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
38
Ces sentiments positifs se traduisent dans les propos
recueillis de quelques habitants lors des entretiens ou sur les relevés
de questionnaire.
« Je me sens en sécurité dans le
quartier. C'est partout pareil. Le problème d'insécurité
est général. Je suis ma propre sécurité.
J'évite de trainer dehors ».
Femme, 50 ans, mariée et mère de 2 enfants,
Relevé d'entretien du 06 Février 2019 « Je me sens
très en sécurité. C'est vachement calme comparé
à là où j'avais habité en Îles de France
(....). Il y a des quartiers où c'est chaud mais ici c'est calme. Je
dirai même très calme ».
Homme, 31 ans, sans emploi, 2 enfants, Relevé d'entretien
du 29 décembre 2018
Néanmoins, 27 % des personnes interrogées
estiment ne pas se sentir en sécurité dans leur quartier.
Plusieurs d'entre elles ont déjà renoncé à sortir
de chez elles à certaines heures du soir pour des raisons de
sécurité. Ces personnes choisissent les heures auxquelles elles
sortent et renoncent à emprunter certaines rues ou de fréquenter
certains lieux du quartier. Elles adaptent leur déplacement et
évitent les lieux de regroupement des jeunes.
« Je me sens pas du tout en sécurité.
Je ne sors pas le soir car j'ai toujours peur d'être agressée.
Avec mon âge, je ne peux pas me défendre. Je ne me promène
plus le soir parce qu'il y a des jeunes en bas des immeubles, tu ne sais pas
trop ce qu'ils font ».
Femme, 66 ans, mariée et mère de 2 enfants,
Relevé d'entretien du 06 février 2019
D'autres, n'hésitent pas s'enfermer chez eux de peur
d'être agressées ou de se faire
voler.
« Je passe beaucoup plus de temps enfermé chez
moi. Je sors rarement et que pour faire des courses et voir mon médecin.
Le reste du temps, je le passe dans mon canapé car les temps ont
changé. Les jeunes n'ont plus le respect des anciens. L'alcool, les
drogues fortes les excitent et ils ne contrôlent plus rien. La peur
d'être agressé est quotidienne. »
Homme, 74 ans, Retraité, père de 4 enfants,
Relevé d'entretien du 15 Janvier 2019 Ces personnes ont donc peu de
mobilité et restent isolées. Cela entraine un repli sur soi, un
mal-être et des envies d'ailleurs pour ces individus.
39
2. Un niveau de délinquance perçu peu
marqué
Dans son rapport 2018, l'Observatoire national de la Politique
de la ville met en évidence une délinquance spécifique aux
quartiers prioritaires, notamment les infractions liées aux
stupéfiants, et un sentiment d'insécurité croissant.
Sur la question du sentiment de délinquance
perçu (Question : Le niveau de délinquance dans le
quartier est : bas, très bas, élevé, très
élevé), 48,3 % des personnes questionnées,
perçoivent le niveau de délinquance « bas », 9,2 % le
jugent « très bas». Pour 31,60 % des individus
sollicités pour cette enquête, le niveau de délinquance est
« élevé » alors que 11,07 % pensent qu'il est «
très élevé ».
Au total, 57 % des questionnés perçoivent le
niveau « bas ou très bas » contre 42 % des habitants
questionnés qui l'estiment « élevé/très
élevé ».
Graphique 7 : Le niveau de délinquance
perçu
Niveau de délinquance perçu
60,00%
|
|
|
50,00%
|
48,20%
|
|
40,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
31,60%
|
30,00%
|
|
|
|
|
|
|
20,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9,13%
|
|
|
11,07%
|
10,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,00%
|
|
|
|
Bas Très bas
|
Elevé Très élévé
|
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Si les habitants de ces quartiers prioritaires sont plus
souvent témoins de trafics et de consommation exagérée
d'alcool, nous avons constaté une certaine banalisation de la question
de sécurité. Les gens se sentent en sécurité dans
leur quartier mais tout ce qui se passe autour d'eux comme les regroupements
des jeunes, les faits de petite délinquance, les
40
descentes de police etc, attirent leur attention mais
puisqu'ils ne sont pas directement impliqués, concernés ou
touchés alors ce n'est plus leur problème.
« C'est vrai qu'il y a des problèmes de deal,
de squat, de regroupements des jeunes, de descente de police. Mais cela n'a
jamais été une menace pour ma famille et moi. Les jeunes si tu ne
les provoques pas, ils ne te provoqueront pas »
Femme, 36 ans, Caissière, mariée et mère de
2 enfants, Relevé d'entretien du 18 Janvier 2019 « Ce n'est pas
un quartier très calme. Il y a beaucoup de trafic de drogues. Les jeunes
zonent tout le temps. Ils ont envahi les caves des immeubles. C'est le
problème. Je ne me sens pas spécialement en
insécurité parce que je n'ai jamais été victime
d'agression ».
Homme, 47 ans, Salarié, marié et père deux
enfants, Relevé d'entretien du 18 janvier 2019
Même si les opinions sont nuancées sur le niveau
de délinquance dans les quartiers, (57 % contre 43 %), les opinions
restent positives quand la sécurité et la propreté sur
l'ensemble des quartiers. Néanmoins, la perception des répondants
sur le quartier des Sablons - Bords - de - l'Huisne sur ces questions est plus
mitigée que sur les autres quartiers.
3. Des logements relativement en « moyen et bon
état »
L'Observatoire national de la Politique de la ville du CGET
s'est penché sur les conditions de logement dans les quartiers
prioritaires dans sa dernière étude, parue le 26 octobre 2018.
Selon les résultats publiés par CGET, trois quarts des
ménages sont locataires du parc social sur ces territoires urbains. En
effet, 74 % des ménages habitent dans le parc social dans des logements
souvent collectifs, et seulement 12 % sont propriétaires de leur
logement. Dans cette étude de la CGET, il ressort dans les deux cas, que
les habitants connaissent un surpeuplement plus fréquent qu'ailleurs :
22,4 % des ménages des quartiers prioritaires habitent un logement
surpeuplé.
Dans l'agglomération mancelle sur l'ensemble des cinq
quartiers prioritaires, les logements sont composés à 84 % de
logements sociaux dont 60 % sont à bas loyer (Contrat de ville, bilan
2017). Dans le souci de connaitre l'état des logements dans lesquels
vivent les habitants des quartiers Politique de la ville de LMM, nous les avons
interrogés à travers la question « Mon logement est
: dégradé, en mauvais état, en moyen état, en bon
état ». Majoritairement, les habitants interrogés
apprécient leur logement. Ils déclarent habiter dans des
logements en « bon état » (60,80 %) ou « en moyen
état » (30,17 %). Au total près 91 %
41
des personnes interrogées, se déclarent «
satisfaits ou très satisfaits » de leurs conditions de
logement. Ce taux est assez élevé et à
contre - courant des clichés.
« C'est un logement social bien entretenu à
l'intérieur ».
Homme, 18-25 ans, Salarié, célibataire,
questionnaire 1er trimestre 2019
« Mon logement est en état moyen, avec des
fissures sur le mur ».
Femme, 26 ans et plus, recherche d'un emploi,
célibataire, questionnaire 1er trimestre 2019.
Graphique 8 : L'état des logements dans les
quartiers
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle15.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO
2019
La part des opinions négatives sur l'état des
logements, est très faible (8,03%. Néanmoins les remarques
majeures faites par ces habitants concernent les cages d'escalier ou des
espaces communs qu'ils qualifient d'insalubres.
« Mon logement est en bon état, sauf la couleur
des bâtiments. Il y a souvent de l'urine, c'est sale et cela sent mauvais
».
Femme, 26 ans et plus, à la recherche d'un emploi,
célibataire, questionnaire 1er trimestre 2019
42
B. Le quartier : un cadre de vie bien doté en
équipements de proximité 1. Une bonne proximité et
utilité des équipements de quartier
Selon Poyraz (2003), les équipements socioculturels de
proximité représentent un intérêt vital pour les
habitants, cela leur évite l'isolement car ils diminuent leur isolement
et ouvrent une fenêtre vers, l'extérieur. Ce sont tous des
équipements de quartier. C'est-à-dire des lieux
d'activités pour tous, d'animation de la vie d'un quartier, des espaces
de vie associative et de services. Afin de recueillir les observations des
répondants, quant à la bonne proximité et utilité
des équipements présents sur leur quartier, nous avons
cherché à savoir s'ils trouvent que les équipements sur le
quartier sont en nombre « Suffisants/Très
suffisants» ou « peu suffisants/ Insuffisants » d'une part
«Utiles/Très utiles » ou « Pas utiles/Pas du tout utiles
» d'autre part.
En réponse à ces interrogations, sur l'ensemble
des individus rencontrés, de façon générale,
près de 70 % estiment que des équipements sont suffisamment
présents sur leur quartier et 85 % trouvent ces équipements
« utiles ou très utiles » à l'exception du quartier de
l'Epine où les habitants interrogées, trouvent les
équipements « insuffisants » et font le constat que l'absence
des équipements de proximité sur ce quartier vient renforcer le
sentiment de relégation et d'isolement de leur quartier.
Les habitants interrogés sont satisfaits des
équipements de leur quartier. En effet,
66 % des collégiens (10 - 14 ans), 60 % des 15 - 25 ans
et 76 % des 26 ans et plus, trouvent que les équipements de leur
quartier sont en nombre « suffisant ou très suffisant ». Quant
à l'utilité des équipements, 80 % des collégiens
(10 - 14 ans), 74 % des 15 - 25 ans et 86 % des 26 ans et plus estiment que ces
derniers sont « utiles ou très utiles ».
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle16.png)
43
Graphique 9 : Présence des équipements de
proximité
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
« Le quartier est agréable à vivre. On a
tout à proximité, les services, les commerces et
différents équipements. C'est très bien d'avoir tout
à proximité (...) ». Homme, 47 ans, Salarié,
marié et père deux enfants, Relevé d'entretien du 18
janvier 2019
« Notre quartier n'est pas isolé, nous avons
tous les équipements à côté, des écoles, des
commerces, des parcs, les transports en communs, les médecins et
d'autres équipements d'une grande utilité. Nous sommes bien
heureux nous ».
Homme, 58 ans, sans emploi, Glonnières,
Relevé d'entretien du 29 décembre 2018
Globalement les opinions quant aux équipements
présents sur les quartiers sont favorables et positives. Ainsi, les
habitants de ces quartiers bénéficient d'un service public dans
leur environnement immédiat. Ils peuvent aisément faire leurs
courses dans les commerces à proximité, acheter dans la
boulangerie à côté, ou prendre de l'air en pleine nature
dans le non loin du leur domicile tout en regardant les enfants joués
sur les différentes aires de jeux. Ils ont accès à un
équipement sportif, culturel ou de loisir dans le quartier sans pour
autant parcourir de longues distances. Les habitants estiment avoir tout
à proximité. Ils trouvent leur quartier bien situé et bien
desservi par les transports en commun. Certains ressortent la
tranquillité des lieux, le calme qui y règne.
44
Graphique 10 : Utilité des
équipements
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle17.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Néanmoins le quartier de l'Epine n'est pas logé
à la même enseigne que les autres en matière
d'équipements. En effet, 87,70 % des résidents de ce quartier
interrogés trouvent les équipements sont insuffisants sur leur
quartier et expriment leur désarroi quant à la situation de leur
quartier.
« Il n'a rien ici à part le parc de l'Epine,
le centre commercial est vide, la boulangerie, la pharmacie, la boucherie ont
fermé ».
Femme, 60 ans, retraitée, questionnaire 1er trimestre
2019
« Les équipements sur un quartier sont utiles
mais ici, ils sont inexistants. Il n'y a rien à l'intérieur du
quartier. Pas assez de jeux sur le parc ».
Homme, 33 ans, Salarié, questionnaire 1er trimestre
2019
« Le commerce est trop loin. Il n'y a pas de commerce
de proximité. Rien pour faire les courses ».
Femme, 42 ans, mère au foyer, mariée, questionnaire
1er trimestre 2019
45
2. Le quartier : Lieu bien connu et bien
maîtrisé par les habitants
Les résidents interrogés ont une bonne
connaissance des équipements commerciaux, socioculturels, sportifs, de
loisirs présents sur leurs quartiers. En reprenant Cauvin (1999), la
fréquentation régulière de certains lieux (pour les
achats, les promenades, les relations sociales,) permet en effet aux individus,
d'une part, d'intégrer ces lieux à leur espace familier et,
d'autre part, de réunir un ensemble de repères dans le paysage
sur lesquels se construisent les représentations spatiales. Pour cette
auteure, dans le même temps, la perception du quartier influence l'espace
d'activité des habitants : les actions réalisées par les
individus, sont « inséparables » de la perception dont elles
constituent à la fois une condition essentielle, un des moteurs et le
feed-back qui permet de vérifier que l'élaboration perceptive est
pertinente » comme le dit Levy-Leboyer (1980).
De même, selon K. Lynch (1960) cité par Cauvin
(1999), les images de l'environnement sont le résultat d'une
opération de va-et-vient entre l'observateur et son milieu. Ceci
signifie donc que les représentations cognitives proviennent des
relations, et donc des actions entre les sujets et l'environnement - ici,
l'espace intra-urbain.
Dans le cas de nos travaux, il s'agit des relations entre
habitant et quartier. Pour appréhender le niveau de connaissance des
équipements de proximité et la pratique spatiale des habitants,
nous les avons soumis à un exercice au cours de nos enquêtes. Il
s'est agi de demander à l'enquêté de dessiner les endroits
qu'il fréquente dans son quartier. De nombreuses cartes mentales
recueillies, montrent que les équipements socioculturels de
proximité présentent un intérêt majeur les habitants
interrogés. Cette observation se traduit dans les différentes
cartes mentales réalisées par les habitants où nous
relevons l'importance des city stades, des parcs, des aires de jeux, des
différents services de proximité et autres structures
présents sur les quartiers.
Les cartes représentent un environnement bien connu et
maitrisé. Les auteurs ont précisé le nom de la rue et y
ont bien disposé l'équipement représenté. Les
trajets effectués, sont symbolisés par des flèches. Les
répondants ont fait des dessins simples des équipements. Les
bâtiments dessinés sur les cartes sont situés en
majorité au bon endroit. Les lieux sont clairement identifiés.
Les enquêtés ont pris le soin de notifier le nom des endroits
représentés. Ces indications montrent l'appropriation des lieux
par l'individu. Elles prouvent aussi leur connaissance, leur maitrise de cet
environnement et de ses équipements. Les cartes mentales
46
recueillies, ont permis connaitre les équipements
fréquentés par les adolescents, les jeunes et plus
âgés qu'ils soient collégiens, lycéens,
étudiants, retraités ou à la recherche d'emploi.
Les dessins montrent que les personnes à la recherche
d'un emploi, de formation ou d'insertion professionnelle vont souvent à
la mission locale qui a pour premier rôle d'accueillir, d'informer,
d'orienter et d'accompagner des jeunes le plus souvent sortis du système
scolaire en liens avec les dispositifs de pôle emploi. Les
collégiens vont dans les city stades qui sont des terrains multisports
gratuits et libres d'accès, dans les parcs comportant différents
aires de jeux.
Ces city stades constituent pour ces adolescents de
véritables lieux de rendez-vous et de rencontre. Ils permettent de
répondre aux attentes des jeunes désireux de se retrouver dans un
lieu convivial pour faire du sport. Les jeunes se retrouvent aussi dans les
services jeunesse, qui leur proposent plusieurs activités de loisirs et
d'animations qu'elles soient ludiques, éducatives, sportives ou
culturelles.
Les personnes âgées vont dans les centres sociaux
où le plus souvent, participent à des activités ou servent
de bénévoles. Tous les habitants questionnés, qu'ils
soient jeunes ou âgés vont dans les médiathèques,
les centres commerciaux, les parcs, le service public et autres. En conclusion,
on peut insister que les cartes mentales montrent bien quels sont les
équipements structurants du quartier selon les tranches d'âge et
le statut d'occupation et l'importance de tous les maintenir.
Les figures suivantes montrent quelques cartes mentales
recueillies lors des enquêtes
de terrain.
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle18.png)
Figure 1 : Collégienne, 14 ans, Collège Le
Marin, Chaoué - Perrières
Figure 2 : Homme, 23 ans, sans emploi, Chaoué -
Perrières
47
Figure 3 : Retraité, 62 ans,
Glonnières
Figure 4 : Collégienne, 3ème
14 ans, Collège Vauguyon
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle19.png)
48
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|
Figure 6 : Collégien, 14 ans, Collège Costa
Gavras, Les Sablons-Bords-de-l 'Huisne
|
Figure 5 : Retraitée, 68 ans, Chaoué -
Perrières
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![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle20.png)
Figure 7 : Femme, Sans emploi, 23 ans
Bellevue-Carnac
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Figure 8 : Homme 24 ans, Chaoué -
Perrières
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![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle21.png)
49
Figure 9 : Chauffeur Poids - lourds, 41 ans Bords de
l'Huisne, Les Sablons-Bords- de l'Huisne
|
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Figure 10 : Collégien, 14 ans, Collège
Vauguyon, Ronceray-Vauguyon-Glonnières
|
Les équipements commerciaux, socioculturels, sportifs,
de loisirs présents sur les quartiers sont fréquentés par
les habitants questionnés. Les personnes interrogées,
investissent très souvent ou assez souvent ces équipements
à cause de leur facilité d'accès, de leur présence
en grand nombre et de leur proximité. Néanmoins d'autres,
utilisent ou fréquentent occasionnellement ou rarement ces
équipements, ou ne s»y rendent quasiment jamais.
Il est important de souligner que l'ensemble des habitants ont
d'autres usages et fréquentent aussi des équipements qui sont
hors des limites de leurs quartiers. La plupart affirme faire ses achats dans
les commerces situés soit à l'intérieur du quartier soit
à l'extérieur du quartier. Ils vont souvent dans d'autres
quartiers pour profiter rendre visite à des connaissances ou faire des
activités.
50
Graphique 11 : L'usage des commerces
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle22.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Même si ces territoires sont fortement marqués
par la pauvreté, le chômage etc, les habitants s'adonnent à
plusieurs activités. En effet, le loisir défini comme une
occupation du temps libre, basée sur le choix personnel et sur le
plaisir (Rauch, 1986) cité par Marchiset et Gasparini (2010), n'est pas
seulement réservé aux groupes sociaux favorisés. Pour les
loisirs, les habitants interrogés vont au cinéma, au restaurant,
à la salle de sport. Ils se livrent aussi à d'autres
activités telles que le jardinage, la pêche, les randonnées
etc.
Graphique 12 : Les loisirs
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle23.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
51
Néanmoins, d'autres habitants n'ont pas accès
aux loisirs. Ils ne peuvent pas s'offrir une soirée au cinéma,
assister à un concert ou encore aller à cause du prix trop
élevé des places. Cela se justifie par le fait que ces habitants
vivent dans la précarité avec des revenus assez bas qui ne leur
permettent pas de subvenir à tous leurs besoins et même s'offrir
des loisirs.
« Le cinéma, je n'y vais plus. As - tu le prix
des places ? Au temps aller sur internet pour télécharger. C'est
plus facile et moins coûteux. Cela fait plus de 25 ans que je n'y ai plus
jamais mis pieds. J'y suis allé une fois récemment à la
place des jacobins. Le billet de 10 euros, il est parti. Heureusement que
j'étais seul. Imagine si je aller avec toute ma famille. Cela m'aurait
couté une fortune. Face à tout cela, j'y ai mis un terme. Plus de
cinéma »
Homme, 58 ans, père de 6 enfants, relevé
d'entretien du 29 décembre 2018
« Je fais du sport aux Sablons sur l'îles aux
sport. Les salles de sport sont chères. Je ne me vois pas aller donner
30 euros dans une salle de musculature alors qu'aux Sablons, il y a des trucs
gratuits. Je suis sans emploi, les salles de sport sont chères. J'ai des
charges. Je suis au RSA. Je dois payer mon loyer et autres. J'ai ma famille
dont je dois prendre soins. Il n'y a plus rien. Les 30 euros que je vais donner
pour faire du sport, je préfère acheter du lait et des couches
à mon enfant. Aussi, je vais qu'aux spectacles gratuits. Pour l'instant
je n'ai pas de revenus pour m'offrir les loisirs que je veux ».
Homme, 31 ans, père de 2 enfants, relevé
d'entretien du 29 décembre 2018
Pour conclure, les habitants interrogés sont satisfaits
de l'endroit où ils vivent. Cette satisfaction est due à la
propreté, à la sécurité dans le quartier, à
la qualité des logements, à la proximité des
équipements et aux aménités des lieux. Tous ces
éléments constituent des valeurs fondamentales pour les
résidents. Mais pour Lagony et al (1985) cité par
Grillon et al (2012), la satisfaction ne dépend pas uniquement
des variables objectives mais également de la perception qu'ont les
habitants des relations de voisinage. Il faut donc prendre en compte
l'environnement physique et social qui selon Herting et Guest (1985)
cité par Grillon et al (2012) constituent les facteurs les plus
prédictifs d'une satisfaction positive. Pour ces auteurs, en plus des
caractéristiques du logement, la propreté, la
sécurité, les qualités esthétiques, il faut ajouter
les relations sociales.
52
Quel est l'état des relations entre habitants dans le
quartier ? Où sont - elles nouées ? Ces valeurs créent -
elles des liens entre le quartier et ses habitants ?
II. La force des quartiers : représentation,
sociabilité et attachement
A. Le quartier : un lieu de sociabilité
1. La notion de sociabilité
Selon Bigot (2001), la sociabilité est une notion
ambiguë. Elle désigne à la fois l'aptitude à vivre en
société et le principe des relations entre les personnes. Pour
cet auteur l'aptitude à vivre en société est psychologique
et les relations entre personnes est sociologique. En reprenant la citation de
Degehne et Forsé (1994), Bigot (2001) montre que pour le sociologue, la
sociabilité n'est pas une qualité propre d'un être qui
permet de faire la différence entre les moins et les plus sociables mais
plutôt comme : « comme l'ensemble des relations qu'un individu (ou
un groupe) entretient avec d'autres, compte tenu de la forme que prennent ces
relations ». Elle représente les relations menées avec
l'entourage sans qu'elles soient obligées (parents, amis, camarades,
connaissances, voisins, voire collègues et commerçants etc),
selon Pan ké Shon (2005).
La sociabilité est donc l'ensemble des relations entre
des individus. Elle repose sur les rencontres, la réalisation
d'activités de loisirs ou sportives en commun, les discussions, les
sorties. Ces relations sont interpersonnelles, réciproques et choisies.
Elles aussi des relations organisées parce qu'elles sont plus ou moins
contraintes par le fait que les individus partagent un même cadre
d'existence comme par exemple un même lieu de travail. Il existe d'autres
formes de sociabilité dans lesquelles les relations avec autrui se
choisissent en dehors du lieu de travail comme par exemple des amis, les
voisins ou restent intimes dans le cercle familial ou tournée vers
l'extérieur comme dans les associations, les cafés et autres.
2. Le voisinage comme lieu de
sociabilité
Le voisinage renvoie à une double dimension : une
spatiale et une sociale. En effet la dimension spatiale représente
l'espace géographique, c'est - à - dire l'endroit où l'on
vit (l'espace de vie) et la dimension sociale renvoie aux relations avec les
voisins c'est à dire les
53
personnes avec lesquelles l'on partage cet espace et les
rapports avec eux. On peut alors considérer comme son voisin, un
individu qui habite le plus près de chez soi dont le lieu est contigu ou
adjacent au nôtre. Il s'agit d'onc du voisin immédiat. Selon
Rey-Debove et Rey (2013) cités par Armstrong et Boucher (2013), le
voisinage: « constitue un ensemble de voisins, c'est-à-dire des
individus qui se situent à une distance relativement petite d'une
personne ou d'un lieu ». Le voisinage serait donc l'ensemble des
ménages situés dans notre environnement immédiat, ou ceux
avec qui nous partageons un espace géographique commun.
Pour Armstrong et Boucher (2013), le voisinage constitue une
unité géographique dans laquelle un réseau de
sociabilité peut exister. Pour ces auteurs, dans un réseau de
sociabilité basé sur le voisinage, l'existence d'un lien social
est directement liée à la proximité physique des
individus. D'ailleurs, comme le mentionne Fortin et al (1987)
cité par Armstrong et Boucher (2013), dans Histoire de familles et de
réseaux : « la proximité géographique joue un
rôle crucial dans les fréquentations aussi bien dans le choix des
personnes rencontrées que dans la fréquence des rencontres
», et ce, principalement dans les quartiers populaires, où la
parenté et les amis habitent souvent à quelques minutes de marche
seulement.
Armstrong et Boucher (2013), trouvent aussi que les
échanges entre voisins seraient entre autres structurés par le
type d'habitation et la densité de population dans le quartier. En
effet, pour eux, habiter dans des logements regroupant plusieurs ménages
ainsi que vivre dans un quartier dans lequel la densité de population
est importante favorise les rencontres, car on ne peut sortir de chez soi sans
croiser des voisins, des connaissances. Ainsi, le fait d'habiter les grands
ensembles favoriserait plus les rencontres et le tissage des liens.
Au cours de nos enquêtes de terrain, nous avons
cherché à travers le questionnaire et le guide d'entretien
à connaître la perception que les répondants ont de leur
voisinage, de savoir quels sont les échanges entretenus, la
manière dont ils qualifient les relations avec le voisinage, les
endroits où se tiennent ces relations et les activités faites
avec leurs voisins. Les résultats montrent que le quartier se
présente ici comme un endroit où les habitants entretiennent des
liens de sociabilité.
En effet, 55 % des personnes interrogées entretiennent
des relations de voisinage à l'intérieur de leur immeuble,
près de 60 % entretiennent des relations avec d'autres habitants mais
hors de leur immeuble mais dans le quartier et 51 % à l'extérieur
du quartier. Contrairement aux idées reçues, il y a tout de
même la moitié de la population enquêtée dans
certains quartiers qui est ouverte sur l'extérieur du quartier à
l'exception, de
54
Chaoué - Perrières. En effet, dans ce quartier
les relations se tiennent à l'intérieur du quartier (69 %) dans
l'immeuble, à l'intérieur du quartier hors de l'immeuble des
enquêtés (57 %) et à l'extérieur du quartier (47
%).
Graphique 13 : Les lieux de relations de voisinage dans
le quartier
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle24.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
La question « En dehors de endroits que je
fréquente dans mon quartier, je vais » a permis vérifier,
les lieux où vont les personnes interrogées en dehors de leur
quartier et ce qu'ils vont y faire. La réponse à cette
interrogation montre que les individus vont au centre - ville, dans les
communes voisines pour le travail, ou chercher du travail, rendre visite
à des proches (ami(es), familles) et pour les études etc.
De même, en réponse à la question «
Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres habitants du quartier
de fraternelles, amicales, tendues/conflictuelles, violentes »,
près de 92 % répondants qualifient ces relations «
d'amicales et de fraternelles ».
En effet, ces habitants interrogés entretiennent donc
de bonnes relations avec leur voisin et ensemble, ils font plusieurs
activités en commun. Ils se rendent mutuellement visite. Il y a ceux qui
partagent un café, un thé même un repas ensemble.
« J'ai de très bonnes relations de voisinage.
On s'entend tous bien. J'ai une relation très amicale avec ma voisine
d'en face à qui je rends souvent visite et qui en fait de même. On
discute beaucoup autour d'un thé ou d'un café et on fait des
repas en commun ».
Ménagère, 55 ans, veuve et mère de 3
enfants, Relevé d'entretien du 05 février 2019
55
« Pour moi pas de problème de voisinage. Dans
tout le bâtiment, tous les voisins se connaissent, il n'y a jamais de
problème de voisinage. Il y a la tranquillité, une bonne
ambiance. C'est le plus important pour moi dans le quartier. Quand il fait
beau, on fait sortir les enfants au parc. On fait un goûter à
Chaoué dans la nature. On va l'un chez l'autre de temps en temps pour
partager un repas ».
Mère au foyer, 36 ans, mariée et mère de 3
enfants, Relevé d'entretien du 14 Janvier 2019 Graphique 14 :
Les relations de voisinage dans le quartier
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle25.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Par contre pour d'autres, les relations restent juste des
relations de politesse s'arrêtant aux salutations.
« Les relations avec mes voisins s'arrêtent aux
salutations, à la courtoisie, bonjour, bonsoir, rien de plus. Je ne fais
rien avec eux »
Homme, 32 ans, Agent de sécurité,
célibataire, Relevé d'entretien du 13 décembre 2019
Seulement 8 % des habitants questionnés entretiennent des relations
tendues, conflictuelles et parfois violentes avec les autres habitants.
« Nos relations sont peu tendues en ce moment
à cause nuisances et des tapages nocturnes. Ils mettent de la musique
à fond et cela m'empêche de me concentrer pour
réviser».
Etudiant, 21 ans, Relevé d'entretien du 16 janvier 2019
56
« Je n'aime pas du tout mon voisin au-dessus. J'ai la
malchance d'habiter au rez-de-chaussée. Ce monsieur ne respecte vraiment
pas la tranquillité des autres. Un jour, j'ai failli lui casser la
gueule ».
Homme, 47 ans, chauffeur-livreur, Relevé d'entretien du 12
décembre 2018
Lorsque les relations avec les autres dans le voisinage sont
conflictuelles, violentes ou tendues, on assiste au repli, à l'isolement
des individus et très souvent à des problèmes de
voisinage. De même, ces individus construisent leurs relations ailleurs
et effacent le voisinage de leur vie privée.
Par contre, les bonnes relations, les relations amicales ou
fraternelles avec les autres dans le quartier, sont une forme de
sociabilité. Elles participent à l'appréciation du
quartier et contribuent au bien-être des habitants. Ces rapports riches
et positifs entre habitants créent un sentiment d'attachement au
quartier.
B. Le quartier : un lieu de réel attachement 1. La
notion d'attachement au lieu
Selon Sébastien (2016) le thème
spécifique de l'attachement au lieu est très peu présent
dans la littérature francophone. Par contre, trois notions
(l'appropriation de l'espace, l'appartenance au lieu et l'identité
spatiale) découlant de la notion d'attachement sont abordées.
Ainsi pour Ripoll et Veschambres (2005), cités par Sébastian
(2016), l'attachement au lieu se rapproche de l'appropriation de l'espace et
est défini comme « le sentiment de se sentir à sa place
voire chez soi quelque part ». Ce sentiment se transforme alors en un
sentiment d'appartenance que Sencébé (2004) voit comme « un
processus dynamique en tension entre les pôles de l'attachement et de la
distanciation ».
Ce sentiment d'appartenance permet donc de s'identifier
personnellement à un groupe et à un milieu de vie, tout en
partageant les valeurs de cette communauté. Cela entraîne une
certaine réciprocité du rapport au lieu. Altman et Low, (1992)
cités par Sébastian (2016), définissent l'attachement au
lieu comme « un phénomène complexe qui souligne un lien
affectif positif entre des individus et des lieux familiers (lieux de vie, de
vacances, de mémoire, de famille) ». Pour être un peu plus
clair, Grillon et al (2012), en reprenant Le Conte et al
(2012), définit la notion d'attachement au lieu comme « un
lien affectif qui unit les
57
individus à leur environnement ». Mais, elle
estime que même si cette définition est la plus couramment
utilisée, celle proposée par Hidalgo et Hernandez (2001), est la
plus développée. Ainsi, l'attachement au lieu renvoie à
« un lien affectif positif entre un individu et un lieu, la principale
caractéristique de celui-ci étant la tendance qu'a l'individu
à vouloir maintenir proche de lui cet endroit ». Les habitants des
quartiers prioritaires de l'agglomération sont- ils attachés
à leur lieu de vie ? Quelle est la nature du rapport qu'ils
entretiennent avec leur quartier ?
2. L'attachement réel au quartier malgré
les difficultés
Au cours de nos enquêtes, nous avions cherché
à savoir les liens que les répondants ont avec leur quartier,
s'ils y sont attachés, très attachés, peu attachés
ou pas du tout attachés. De façon générale sur la
question de l'attachement au quartier près de 62 % des interrogés
restent « attachés ou très attachés à leur
quartier ». 25 % des répondants déclarent être «
peu attachés » à leur lieu de résidence. Pour Avenel
(2006) « Le quartier a beau être un lieu de stigmatisation et de
ségrégation, il donne lieu aussi à un très vif
sentiment d'attachement ». Ce sentiment d'attachement et d'appartenance au
quartier est présent dans les tous quartiers et chez toutes les
catégories de publics questionnés.
En effet, chez les collégiens (10 - 14 ans), en
réponse à la question de l'attachement au quartier,
les résultats montrent que 61 % des
enquêtés déclarent « être attachés ou
très attachés » à leur quartier contre 39 % qui
estiment être « peu ou pas attachés » à celui-ci.
Pour des personnes âgées entre 15ans et 25 ans, 58 % des individus
consultés, estiment « être attachés ou très
attachés » à leur milieu contre 42 % qui avouent être
« peu ou pas attachés » à ce dernier. Pour les 26 ans
et plus 35 % des personnes sollicitées sont « peu ou pas
attachés » alors que 66 % confient être «
attachés ou très attachés » à leur lieu de
résidence.
Dans la majorité, le quartier représente
beaucoup pour habitants interrogés. En reprenant les propos de Avenel
(2006), le quartier constitue d'une part pour les adolescents une dimension
essentielle de leur identité et par conséquent un point d'ancrage
et cet attachement dénote bien le mode de socialisation
spécifique des adolescents des cités et d'autre part la charge
affective du territoire de l'enfance et la dimension familière d'un
espace
58
connu depuis toujours expliquent en grande partie cette vision
largement positive que ces adolescents ont de leur cité.
Graphique 15 : Attachement au quartier
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle26.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
« Je suis née dans ce quartier, je kiffe trop
mon quartier je l'adore mon quartier, il est
beau ».
Collégienne, 12 ans, 6ème, Collège Vauguyon,
questionnaire fin trimestre 2018
« Cela fait longtemps que j'habite ici, j'y suis
attaché et je connais le quartier comme ma poche »
Collégien 6ème, 11 ans, Collège
Jean de l'Epine, questionnaire 1er trimestre 2019
« Cela fait 11 ans que j'habite et je connais tout le
monde, et tout le monde me connait. Les gens sont sympathiques ».
Collégien 3ème, 14 ans, Collège
Le Marin, questionnaire 1er trimestre 2019
59
« Je suis né ici, j'ai grandi ici, c'est
là où je me sens le mieux. J'adore mon quartier et j'y suis
fortement attaché ».
Collégien 3ème, 14 ans, Collège
Fournier, questionnaire 1er trimestre 2019
Pour ces collégiens, le rapport au quartier, qui les as
vus naitre et grandir, reste affectif, émotionnel et un point essentiel
à leur identité. Un lieu qu'ils connaissent depuis toujours et
qui a une signification importante à leurs yeux. Ils estiment avoir des
liens très forts avec le quartier, certains y sont nés, ils y ont
toujours habité avec toute leur famille. Ils n'ont jamais vécu
ailleurs.
Même stigmatisé, discriminé, objet d'image
négative, le quartier prioritaire est un haut lieu d'attachement et
d'appartenance. L'attachement implique un lien fort au lieu jusqu'à ce
qu'il devienne partie de l'identité de l'individu ou une extension de
soi selon Williams et Van Patten (2006) cité par Sébastien
(2016). Les habitants se reconnaissent alors à travers le quartier et le
considèrent comme faisant partie d'eux, de leur existence et de leur
identité.
« C'est la terre de mes ancêtres parce que ma
famille a toujours vécu ici depuis de nombreuses
générations. Toute ma vie se trouve ici ».
Retraitée, 77 ans, divorcée et mère de 6
enfants, Relevé d'entretien du 18 mars 2019
Pour cette dame, le quartier reste donc un lieu ayant une
signification particulière car y repose dans ce dernier, l'histoire de
sa famille depuis des générations, son existence, son
vécu, sa mémoire, ses expériences passées et
souvenirs rattachés à ce lieu.
Pour certains, le sentiment d'attachement et d'appartenance
est traduit par l'environnement physique du quartier au travers de sa nature,
son aspect physique, la perception de l'environnement.
« Pour moi le quartier représente la verdure. On
est près de la rivière. J'aime bien ce coin-là. C'est le
coin le plus vert et il le bois derrière. Ce quartier est
très agréable à vivre ». Mère au foyer, 52
ans, veuve et mère de 3 enfants, Relevé d'entretien du 10
décembre 2018
60
« Je suis attaché à ce quartier
à cause des entités qui le composent entre autres : les arbres,
le paysage, la rivière, les espaces naturels. J'aurais le coeur
brisé si tout cela venait à disparaitre ».
Homme, 32 ans, Agent de sécurité,
célibataire, Relevé d'entretien du 13 décembre 2019
Pour d'autres, installés dans le quartier pour des
raisons diverses : divorce, perte d'emploi, fuite des conflits dans leur pays,
demande d'asile etc, même si le sentiment d'attachement n'est pas aussi
fort, il existe car le quartier leur a apporté ce qu'ils n'ont pas pu
obtenir ailleurs.
« Le quartier représente beaucoup pour moi
parce que j'étais à la Haute-Savoie. Quand je suis arrivé
à Bellevue-Carnac, j'ai trouvé que le quartier était calme
et même en peu de temps ce que je n'avais pas à la Haute-Savoie,
je l'ai eu. J'ai eu un logement, je suis très à l'aise et je me
sens bien ».
Homme, demandeur d'asile, 30 ans, Célibataire
Bellevue-Carnac, Relevé d'entretien du 12 décembre 2018
« J'e n'ai aucun lien particulier avec ce quartier,
mes parents et moi sommes installés il y a peu de temps. Nous venons
d'ailleurs et là-bas, on était bien, j'avais tous mes amis, tous
mes souvenirs et une grande partie de ma vie. Mais ici, il y a la paix et je
suis en sécurité loin du conflit dans mon pays ».
Homme, 21 ans, questionnaire 1er trimestre 2019
En conclusion, le sentiment d'attachement et d'appartenance au
quartier est bien présent chez les habitants questionnés
malgré les difficultés. La plupart des habitants s'identifient
à leur quartier. Ils appartiennent à leur quartier. Ce dernier
constitue pour eux, un moyen d'identification, les aide à exister et
sert de « résistance » selon Concoran (2002) cité par
Grillon et al (2012) face au sentiment de vivre dans un lieu
précaire ou quartiers marginalisés.
Dans les écrits scientifiques recensés par
Sandrine Jean (2014), on réfère souvent aux dimensions
physiques et sociales de l'attachement au quartier (Hidalgo
et Hernandez 2001; Lewicka 2011; Riger et Lavrakas 1981; Zhu, Breitung et Li
2011). Dans ces écrits, le premier comprend l'attachement à
l'environnement physique du quartier. Il se traduit généralement
par la satisfaction face aux conditions matérielles et physiques,
à la fois objectives et perçues,
61
du logement et du quartier. Cela suppose que les habitants
développent un sentiment d'attachement à partir des
aménités des lieux dans leur perception de l'environnement.
L'attachement aux dimensions sociales fait plutôt référence
aux relations de voisinage et à la sociabilité. Ainsi, la
qualité des relations avec autrui dans le quartier favorise l'apparition
d'un lien affectif entre l'individu et l'environnement dans lequel ces
relations grandissent. Par contre, si la cohésion sociale, le vivre
ensemble, les relations sociales entre résidents se passent mal et sont
perçus comme désagréables et pas d'une bonne
qualité, cela entraine chez ces individus un sentiment faible
attachement au quartier voire même le repli sur soi.
Nous avons, par le biais des croisements, observé des
variantes quant à l'attachement selon le sexe, la tranche d'âge et
la durée d'installation et même le statut de
l'enquêté. Nous avons remarqué que le sentiment
d'attachement et d'appartenance au quartier est variable selon la durée
d'installation sur le quartier, le sexe, l'âge et le statut de
l'enquêté.
a. L'attachement au quartier selon
l'âge
Le croisement de l'attachement au quartier et l'âge des
enquêtés, montre que 59 % des interviewés âgés
entre 10 et 11 ans sont « très attachés » à leur
quartier alors que ceux âgés entre 12 et 13 ans sont « peu
attachés » à leur quartier (60 %).
Nous constatons que l'attachement au quartier des
préadolescents est fort et est très présent. Pour ces
enfants, leur quartier constitue leur lieu de naissance. Ils y ont grandi et se
sont familiarisé avec environnement.
Cela témoigne de la charge effective du territoire de
l'enfance et la dimension familière d'un espace connu depuis toujours.
D'autre part, il convient de noter que ce sentiment d'attachement, diminue
à mesure que les jeunes grandissent. La proportion s'inverse, à
effectifs à peu près égaux, entre les plus jeunes (12 - 13
ans) et les préadolescents (10-11ans).
62
Graphique 16 : Attachement au quartier par tranche
d'âge
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle27.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Nous avons, à travers la deuxième enquête
(autres jeunes 15 - 25 ans) cherché à vérifier avec des
entretiens et le questionnaire. En effet, en analysant les résultats de
la figure du croisement de l'attachement et de la tranche d'âge des 15 -
25 ans, nous remarquons que 60 % des jeunes ayant entre 15 et 18 ans et
près 83 % de ceux ayant entre 19 et 25 ans interrogés sont «
peu ou pas attachés » à leur quartier.
La tendance observée chez les adolescents pour la
première enquête (Collèges) se confirme chez les plus
âgés (15 - 25 ans). Cela signifie qu'en grandissant, les jeunes se
sentent de moins en moins bien et deviennent « moins attachés
» à leur quartier et ont envie de partir, sans doute pour plusieurs
raisons : lassitude ? Envie de bouger ? De changer d'air ? Prise de conscience
qu'il n'y a pas ou peu de travail ?
63
Graphique 17 : Attachement au quartier par tranche
d'âge
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle28.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
En effet, pour certains jeunes interrogés, il n'y a
absolument rien pour eux sur le quartier. Ils ont envie d'aller voir ailleurs.
Aussi, c'est le propre des adolescents d'aller voir ailleurs. Avant tout, ils
sont jeunes.
« J'aime le quartier mais j'ai envie de quitter pour
découvrir de nouvelles choses. J'attends de décrocher mon bac
pour quitter ce quartier ».
Lycéen, 17ans, questionnaire 1er trimestre 2019
« Il n'y a pas d'emploi pour nous ici. On nous
propose que des missions temporaires. La précarité nous guette et
nous serons obligés de faire comme certains. Moi je rêve
d'ailleurs et d'une vie meilleure ».
Homme, 28 ans, sans emploi, questionnaire 1er trimestre 2019
Par ailleurs, le croisement de l'attachement au quartier et le
statut de l'enquête montre que 66 % des retraités
interrogés sont « très attachés ». Ces personnes
âgées restent très attachées à leur quartier.
Elles sont pour la plupart dans le quartier depuis de nombreuses années.
Elles ont développé des liens étroits avec leur quartier
comme l'affirment plusieurs auteurs qui stipulent que les résidents
hautement attachés sont souvent plus âgés (Lawton,
64
1990) et passent plus de temps dans le quartier (Fuhrer,
Kaiser & Hartig, 1993). Les personnes en recherche d'emploi (67 %) quant
à elles, sont « pas attachées » à leur quartier
comme le montre le croisement attachement au quartier et statut de
l'enquêté. Ce résultat peut se justifier par le fait que
les problématiques liées à l'emploi sont présentes
dans tous les quartiers prioritaires et les jeunes n'ont un accès facile
à l'emploi à cause de plusieurs barrières notamment les
faiblesses liées à la formation initiale, les difficultés
liées au phénomène de réseaux, l'existence de
discriminations liées aux origines et à l'adresse. Face à
toutes ces difficultés les jeunes se trouvent dans une situation
difficile. Cela appelle à une interrogation : comment inciter les jeunes
à rester, à s'investir dans le quartier ? C'est dans tous les cas
une question sans doute importante pour les politiques publiques.
Néanmoins sur l'agglomération mancelle, de
nombreuses actions sont menées pour accompagner l'accès à
l'emploi des jeunes, lever les freins d'accès à l'emploi,
accompagner l'insertion professionnelle et optimiser la mise en réseau
des acteurs face à cette envie de départ, au peu d'attachement
à leur lieu d'habitation jeunes.
b. L'attachement selon la durée
d'installation
Les données issues du croisement entre l'attachement et
la durée d'installation dans le quartier montrent que 53 % des
collégiens âgés entre 10 et 14 ans qui résident sur
le quartier depuis au moins 5 ans sont « très attachés au
quartier » alors que 60 % des habitants âgés de 15 ans et
plus qui y vivent depuis 10 ans et plus, y sont « très
attachés ». Ces résultats confirment les affirmations de
plusieurs auteurs et témoignent du rapport entre attachement à un
lieu et la durée d'installation.
En effet, la question de la temporalité est un facteur
directement impliqué dans la problématique de l'attachement,
puisque le lieu est associé au temps passé, présent et
futur et participe ainsi au développement d'un lien affectif. Un autre
facteur important qui rentre en jeu dans le développement de
l'attachement à un niveau résidentiel est celui de la
durée de résidence. Il a été démontré
que plus la durée de résidence dans un lieu est
élevée, plus l'attachement à ce lieu le sera (Brown,
Perkins, Brown, 2003, Hernandez, Hidalgo Salazar-Laplace, Hess, 2007)
cités par Grillon et al (2012). Aussi la durée de
résidence contribue à la création de liens sociaux. De ce
fait, plus les gens habitent plus longtemps un lieu, plus la chance de nouer
des relations est grande. Ainsi l'attachement à ce lieu grandit et
devient fort au fil des années. Cela fait naître un sentiment
d'appartenance au milieu de vie donc l'une des
65
échelles est l'ancrage ou l'enracinement dans le
quartier. L'enracinement dépend aussi des liens tissés dans le
voisinage. Ce qui fait dire à Fortin et al (1987) cité
par Armstrong et Boucher (2013), que les variables pertinentes pour
l'évaluation de l'enracinement des individus dans leur lieu de
résidence sont principalement la distance du lieu d'origine, la
proximité de la parenté et le nombre d'années
passées dans le lieu de résidence.
c. L'attachement au quartier selon le sexe
Le croisement de l'attachement au quartier et le genre, montre
que sur 272 les femmes interrogées, près de 65 % et près
de 60 % des 288 hommes questionnés ont des liens forts avec leur lieu de
résidence. Le résultat le plus frappant pour ce croisement, est
celui des adolescents.
Graphique 18 : L'attachement au quartier selon le sexe
des habitants
Attachement au quartier selon le sexe
|
59,03%
|
|
64,70%
|
|
|
|
|
40,97%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
35,30%
|
|
|
Hommes Femmes
Attaché/Très attaché Peu/Pas
attaché
70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00%
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
En observant les résultats issus de ce croisement, le
résultat est d'autant plus net chez les collégiens ou on voit
cette différence. Nous constatons que l'attachement au quartier
dépend pour partie du genre. L'attachement au quartier du sexe
féminin est plus fort que celui
66
du sexe masculin. En effet, le croisement montre que 73 % des
garçons interrogés ne sont « pas du tout attachés
» à leur quartier alors que 64 % des filles font cas de leur
attachement à leur quartier contrairement aux garçons. Ce rapport
particulier des filles au quartier, montre qu'il existe bien une
différence sexuée sur l'attachement au quartier. Cela pourrait
s'expliquer par le fait que l'attachement au quartier des filles se repose sur
les bases affectives. Elles sont le plus souvent au côté de leur
mère. Elles ne se regroupent pas dans les parties communes de l'immeuble
comme le font souvent les hommes. Elles ne trainent pas dans la rue. Les voir
dehors, occuper les cages des escaliers, les halls d'immeuble serait source de
mauvaises interprétations. Cette différence sexuée de
l'attachement au quartier pose aussi la question du partage et de l'occupation
de l'espace public par les femmes. L'espace public est un lieu d'appartenance,
singulier ou collectif. Toutefois, ce sentiment d'appartenance possède
une dimension genrée.
Graphique 19 : L'attachement des collégiens au
quartier selon le sexe
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle29.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
En effet, les normes de genre pèsent sur la
manière dont on s'approprie l'espace public et impactent la
mobilité (L'atelier 2018). L'espace public n'est pas occupé de la
même manière que l'on soit hommes ou femmes. Le plus souvent, les
femmes ne se sentent en sécurité dans l'espace public mais pas
victimes de stigmatisation. Elles sont attachées à leur quartier
parce qu'elles trouvent en ce lieu le réconfort. Alors que les femmes
occupent l'espace public par besoin et restent en mouvement, les hommes
l'occupent par plaisir et sont davantage
67
statiques. L'éducation des parents joue aussi un
important rôle. Depuis leur jeune âge, les jeunes filles sont
invitées à limiter leur déplacement extérieur de
peur du danger qui les guette. Elles voient en leur quartier un refuge.
C. Le quartier : un lieu de bien - être
En réponse à la question « Je me
sens : bien, très bien, pas très bien, pas du tout bien dans le
quartier », près de 80 % habitants interrogés
déclarent se sentir « bien ou très bien » dans leur
lieu de résidence. Ils trouvent leur quartier agréable à
vivre. Il y règne une ambiance très bonne et très
conviviale. Ils sont satisfaits de leur condition de logement. Ils ont
développé des liens sociaux. Ils se sentent en
sécurité et ont tous les équipements à
proximité.
L'ensemble des opinions positives crée chez les
résidents une sensation de bien-être et de sécurité,
voire un sentiment d'attachement et d'appartenance au quartier.
Graphique 20 : Le sentiment de bien- être dans
les quartiers
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle30.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
Ainsi, ces différentes interactions sont
agréables et contribuent au bien-être des individus qui trouvent
que leur quartier est agréable à vivre et les réponses des
habitants issus de ces quartiers stigmatisés tordent le cou à
l'image négative qui accompagne souvent leur lieu de vie. En effet,
même si les habitants des quartiers prioritaires font face à des
difficultés, ils se sentent bien dans leur quartier.
68
« Notre quartier est mal coté de
l'extérieur. Il est vu comme un lieu où règnent la
misère, la pauvreté, l'insécurité, la
délinquance de toutes les formes. Un lieu qui regroupe les cas sociaux.
Le quartier a tout simplement une image négative à
l'extérieur alors que nous à l'intérieur on se sent
très bien, on vit bien même si ces clichés venant de
l'extérieur nous touchent ».
Homme, 58 ans, père de 6 enfants, relevé
d'entretien du 29 décembre 2018
En dépit de toutes ses opinions favorables, de ses
sentiments d'attachement et d'appartenance, de ces bonnes relations entre
voisins de ces nombreuses satisfactions et malgré l'état de bien
- être généralisé, les habitants souhaitent
l'amélioration de plusieurs points.
III. Les points à améliorer
Graphique 21 : Points à améliorer par ordre
de priorité....
Pour les 15 - 25 ans
|
Pour les 10 - 14 ans
|
|
|
Pour les 26 ans et plus
|
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle33.png)
Source : Enquêtes de terrain, H. ADEBO,
2019
69
Malgré les sentiments de satisfaction
générale, en réponse à la question «
Choisis les principaux points à améliorer par ordre de
priorité dans le quartier dans le quartier la liste suivante : la
sécurité, la propreté, les logements, les transports, les
aires de jeux, les centres de loisirs, des jardins, des parcs, autres
(préciser) », les habitants rencontrés ont
souhaité l'amélioration de nombreux points.
Pour les collégiens et les 15 ans - 25 ans, ce sont les
équipements du quotidien qui sont demandés : les aires de jeux et
les parcs. Certes, sécurité et propreté sont bien
placés, mais pas en tête. Pour ces préadolescents,
adolescents et plus âgés, en quête d'identité et
d'affirmation, la pratique des activités en accès libre est d'une
importance capitale. L'aménagement des espaces ou lieux dans leur
quartier pour se regrouper, s'amuser, se distraire serait donc une
priorité à leurs yeux. Par ailleurs, pour les 26 ans et plus,
l'amélioration de la sécurité et de la propreté a
été la plus citée. Malgré les opinions positives
sur ces questions et l'absence de menaces ou de danger réel, les
habitants souhaitent quand même l'amélioration du cadre vie et la
sécurité des biens et des personnes.
70
Conclusion
Les politiques publiques considèrent le quartier comme
l'échelon idéal pour une territorialisation des politiques
socioéconomiques et des démarches participatives. La Politique de
la ville, une politique mise en place en faveur des habitants des quartiers
prioritaires, est un bel exemple de territorialisation des politiques publiques
d'une part et d'autre part de la participation des habitants. La participation
des habitants est un enjeu majeur de la Politique de la ville comme le
soulignent Boudeghdegh, Le Dû et Valbon (2012). En effet, associer les
habitants à la gestion de services nouveaux à titre
expérimental, était le souhait en 1977 des premières
mesures Habitat et Vie Sociale. La participation des habitants devient alors
formelle dès 1998 et une condition à la signature par l'Etat des
contrats 20002006. Cette formalisation a été faite par le
Comité Interministériel des Villes qui juge qu'il « convient
d'organiser les démarches permettant aux habitants de se prononcer, en
amont de l'élaboration des projets, sur les priorités des
programmes d'actions qui concernent le cadre de leur vie quotidienne. Il est
également nécessaire de les associer à
l'élaboration, à la mise en oeuvre et à
l'évaluation en continu des actions qui seront décidées
par les partenaires du contrat de ville ». La participation des habitants
reste alors un élément primordial pour la Politique de la ville.
Ainsi les habitants et les acteurs locaux sont appelés à
mobiliser leur expertise et contribuer, conjointement avec l'État, les
collectivités territoriales et les associations, à la
définition des actions les plus pertinentes au regard des besoins
identifiés dans le quartier. C'est dans cette optique, dans le cadre de
la réalisation du protocole d'engagements réciproques, le service
Politique de la ville a jugé nécessaire d'associer les habitants
des quartiers dans sa démarche conformément aux prescriptions en
vigueur. Sachant que les habitants des quartiers sont mieux placés pour
connaitre les atouts, les faiblesses de leur quartier que quiconque, leur
association aux instances de décisions, est dotant plus
bénéfique qu'elle permet de définir des politiques les
mieux adaptées et les mieux conformes à leurs besoins.
Rencontrer les habitants des quartiers de
l'agglomération afin de recueillir leur avis, leurs observations quant
à la façon dont ils vivent le quartier et la façon
celui-ci influence leur vie, a été notre mission. Au cours des
enquêtes de terrain, nous avions sillonné les cinq quartiers. Les
résultats obtenus au cours cette enquête, ont permis de voir
l'importance des
71
relations qui existent entre les habitants et leur quartier et
les facteurs qui contribuent à la naissance de ces relations. En effet,
ces résultats montrent que le quartier constitue une ressource pour les
habitants interrogés et les relations sociales développées
contribuent à leur bien - être.
De même la perception que les habitants ont de leur
quartier peut influencer sur leur qualité de vie. Cette perception du
quartier, qu'elle soit positive ou négative, peut naitre un sentiment
d'attachement et d'appartenance ou au contraire de rejet, de repli sur soi et
d'évitement. De plus, les représentations positives de ces
quartiers montrent que nombreux progrès ont été
réalisés pour changer l'image de ces quartiers prioritaires. Les
quartiers sillonnés sont « sûrs et propres » même
s'il existe quelques poches d'insécurité et d'insalubrité.
Ils sont bien dotés en équipements socioculturels de
proximité. Ces équipements sont bien fréquentés par
les résidents. En reprenant Humain-Lamoure (2007), le quartier n'existe
que parce qu'il y a des lieux de rencontres ayant des formes d'occupation
spécifiques et dans lesquels la population a construit au cours du temps
des relations ritualisées et c'est par ce phénomène que le
quartier acquiert sa signification symbolique et que les habitants nouent avec
lui des liens émotionnels et identitaires. Alors défini comme un
objet socio spatial, le quartier serait le résultat de la manière
dont l'individu conçoit les rapports entre l'espace privé,
l'espace public du quartier et au-delà. Il existe entre le quartier et
les habitants questionnés un rapport au quartier très fort
malgré les difficultés et la pauvreté qui règnent
dans leur habitat. Les opinions positives sur le cadre de vie, les liens de
sociabilité, l'enracinement dans le milieu, la durée, les
aménités du quartier, la forte présence des
équipements sont autant de facteurs qui contribuent au
développement de liens fort entre les habitants et leur lieu de
résidence.
En dépit des difficultés rencontrées et
des limites de cette recherche, les résultats obtenus sont très
intéressants. Ces résultats ont permis de voir l'écart
qu'il y a entre les réalités dans les quartiers prioritaires et
les perceptions qu'ont des personnes extérieures à ces
quartiers.
72
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74
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consulté le 15 mai 2019
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http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/faqvmaj.pdf
consulté le 15 mai 2019
L'atelier des artisan(es) des droits humaines 2018 : Quelle place
pour les femmes dans l'espace
public ?
http://laaatelier.org/egalite/2018/07/25/quelle-place-pour-les-femmes-dans-lespace-public
consulté le 15 mai 2019
75
Table des illustrations
Listes des cartes
Carte 1 : Les 5 quartiers prioritaires de l'agglomération
mancelle en 2019
|
15
|
|
Carte 2 : Les communes de la Communauté Urbaine Le Mans
Métropole en 2019 ... 25
Liste des photos
Photo 1 : A la rencontre des habitants au gymnase et au Restau
du coeur
de Chaoué-Perrières . 23
Photo 2 : Place de l'Europe, Bellevue-Carnac 27
Photo 3 : La tour étoile et le maille à
Chaoué - Perrières 28
Photo 4 : city stade des Glonnières 30
30
Photo 5 : Maison de quartier Jean Moulin
Photo 6 : Centre commercial Sud 30
Listes des graphiques
31
Graphique 1 : Nombre de fiches collectées par
enquête
Graphique 2 : Répartition des enquêtés par
tranche d'âge 32
Graphique 3 : Statuts des enquêtés 33
Graphique 4 : Répartition des enquêtés par
quartier prioritaire 33
37
39
41
Graphique 5 : Propreté des quartiers 36
Graphique 6 : Sentiment de sécurité dans les
quartiers
Graphique 7 : Le niveau de délinquance perçu
Graphique 8 : L'état des logements dans les quartiers
Graphique 9 : Présence des équipements de
proximité 43
Graphique 10 : Utilité des équipements 44
Graphique 11 : L'usage des commerces 50
54
55
58
62
Graphique 12 : Les loisirs 50
Graphique 13 : Les lieux de relations de voisinage dans le
quartier Graphique 14 : Les relations de voisinage dans le quartier
Graphique 15 : Attachement au quartier
Graphique 16 : Attachement au quartier par tranche d'âge
76
Graphique 17 : Attachement au quartier par tranche d'âge
63
65
66
67
68
47
47
Graphique 18 : L'attachement au quartier selon le sexe des
habitants
Graphique 19: L'attachement des collégiens au quartier
selon le sexe
Graphique 20 : Le sentiment de bien- être dans les
quartiers
Graphique 21 : Points à améliorer par ordre de
priorité
Liste des figures
Figure 1 : Collégienne, 14 ans, Collège Le Marin,
Chaoué - Perrières
Figure 2 : Homme, 23 ans, sans emploi, Chaoué -
Perrières
Figure 3 : Retraité, 62 ans, Glonnières 47
48
48
48
48
48
49
Figure 4 : Collégienne, 3ème 14 ans,
Collège Vauguyon Figure 5 : Retraitée, 68 ans, Chaoué
- Perrières
Figure 6 : Collégien, 14 ans, Collège Costa Gavras,
Les Sablons
Figure 7 : Femme, Sans emploi, 23 ans, Bellevue- Carnac
Figure 8: Homme 24 ans, Chaoué - Perrières
Figure 9 : Chauffeur Poids - lourds, 41 ans Bords de l'Huisne,
Les Sablons
Figure 10 : Collégien, 14 ans, Collège Vauguyon,
Ronceray-Vauguyon-Glonnières 49
Liste des tableaux
Tableau 1 : calendrier et la temporalité de
l'étude
|
23
|
|
77
Annexes
Les interactions habitants-quartiers
prioritaires
GUIDE D'ENTRETIEN
|
1- La perception du lieu habité
|
a- Comment s'appelle votre quartier ?
|
c- Pour vous le quartier il va d'où à où
?
|
b- Depuis quand habitez-vous dans le quartier ?
|
d-Pouvez-vous dire en quelques mots ce que votre quartier
représente pour vous ?
|
2-L'appréciation du logement
|
a-Comment trouvez-vous l'état actuel de votre logement
?
|
b-Comment vous sentez vous dans votre logement ?
|
3- L'appréciation du quartier et de son
environnement
|
a-Quels sont les liens que vous avez avec le quartier ?
|
e- Qu'est ce qui fait qu'on y vit mal ?
|
b-Comment vous sentez-vous dans le quartier ?
|
f- Qu'est- ce qui ferait qu'on pourrait y vivre mieux ?
|
c-Votre quartier est -il agréable à vivre ?
|
g- Selon vous quelle est l'image que les gens de
l'extérieur ont du quartier ?
|
|
d-Qu' est ce qui fait qu'on y vit bien ?
|
|
4-Les pratiques et les lieux des pratiques dans le
quartier
|
a-Sortez-vous souvent de votre domicile ? où allez- vous
?
|
e- Est-ce que vous allez à la fête foraine ?
|
b- Où allez-vous dans le quartier ?
|
f- Où pratiquez-vous vos activités sportives ou
associatives ?
|
C- Où allez-vous pour vos loisirs ?
|
g- Fréquentez-vous les commerces situés à
proximité de votre domicile ?
|
a-Allez-vous au cinéma ?
|
h- Avez-vous accès aux équipements (services et
commerces locaux) ?
|
|
5-Perception des atouts et des problèmes du
quartier
|
a-Quels sont les atouts du quartier ?
|
c-Vous Sentez-vous en sécurité dans votre quartier
? Pourquoi ?
|
b-Avez-vous le sentiment que votre quartier est isolé ?
Pourquoi ?
|
|
6-Les relations de sociabilité (nature et
lieux)
|
a-Quelles relations entretenez-vous avec vos voisins et autres
habitants du quartier ?
|
d- si oui , pouvez-vous donner des exemples ? -si non, pourquoi
?
|
b- Peut-on qualifier ces relations :-de bon voisinage,
-d'amicales ou de conflictuelles ?
|
e-Que faites-vous en commun avec vos voisins ou d'autres
habitants du quartier ?
|
c- Participez-vous à la vie associative et collective du
quartier ?
|
f-Que faites-vous en commun avec des habitants d'autres quartiers
?
|
|
|
7-La perception des actions de certaines
institutions
|
a- Etes-vous impliqué dans le travail des associations
?
|
b-D'après vous quelle institution peut vous aider pour
trouver de l'emploi (logement, accès à la culture....)
|
|
|
8-La perception de son avenir dans le
quartier
|
a-Souhaiteriez-vous continuer de vivre ici ?
|
c-Comment développer le lien social ?
|
a-Qu'est qu'il y a dans d'autres quartiers que vous n'avez pas
dans le vôtre ?
|
d-Que souhaiteriez-vous améliorer sur le quartier ?
|
b-Comment chacun peut-il améliorer la vie de tous les
jours dans quartier ?
|
Age, collégien, lycéen, étudiant,
salarié, en recherche d'emploi profession et statut, situation
matrimoniale
|
78
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle34.png)
|
|
DIRECTION PROXIMITE ET TRANQUILLITE SERVICE
POLITIQUE DE LA VILLE
5 place Paul Cézanne 72100 LE MANS
spv@lemans.fr
|
Enquête par questionnaire /collèges
Thème : Relations jeunes-quartiers
I-Identification
Commune : Nom du collège :
Age :
Classe : 6ème 3ème
Genre : Homme Femme
II-vision du quartier
1-Le nom de mon quartier est 2-J'habite dans le quartier
depuis....
q 0 à 1 an 2 à 4 ans 5 à 9 ans 10 ans et
plus 3-Je suis ...
q attaché à mon quartier très
attaché à mon quartier peu attaché à mon quartier
Pas du tout attaché à mon quartier
4-Je trouve que mon quartier est
...
q Pas du tout propre Pas très propre Plutôt
propre Très propre
5- Mon logement est ...
q dégradé très dégradé en
mauvais état en moyen état en bon état
6-Je me sens en sécurité dans le
quartier...
q Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord
Complètement d'accord
7-Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres
jeunes du quartier de...
q Fraternelles Amicales tendues / conflictuelles Violentes
8-Le niveau de délinquance dans le quartier est
q très élevé élevé bas
très bas
9- Je souhaite quitter le quartier
q pas du tout peut-être oui bientôt je ne sais
pas
III-Vision des équipements du quartier
10-Je trouve que les équipements (services
publics, centres de loisirs, salles de spectacles, écoles, terrain
de sports, aires de jeux, des jardins, des parcs bibliothèque,
etc.) sur le quartier sont en nombre.....
[j] très suffisant [j]suffisant [j] peu suffisant
[j]insuffisant
11-Je trouve que les équipements sur le quartier
sont....
[j] très utiles [j] utiles [j] pas utiles [j] pas du tout
utiles
12-Je fréquente les centres culturels, sportifs et
de loisirs.
[j] Jamais [j] Rarement [j] Occasionnellement [j] Assez Souvent
[j] Très Souvent
13-J'ai un accès aux équipements / Je
trouve l'accès aux équipements
[j] pas du tout facile [j] pas facile [j] plutôt facile [j]
très facile
14- Choisis les principaux points à
améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans la liste
suivante (utilise uniquement les lettres) : la sécurité,
la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, centre de
loisirs, des jardins, des parcs, (autres précisez)
a) b)
c) d)
e) f)
g) h)
j) j
IV- Mobilités externes
15- En dehors des lieux que je fréquente dans mon
quartier, je vais souvent à
79
Merci pour votre participation à cette
enquête !
80
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle35.png)
|
|
DIRECTION PROXIMITE ET TRANQUILLITE SERVICE
POLITIQUE DE LA VILLE
5 place Paul Cézanne 72100 LE MANS
spv@lemans.fr
|
Enquête par questionnaire /autres jeunes
Thème : Relations jeunes-quartiers
I-Identification
Commune :
Âge : 15-19ans 20-24ans 25 -26 ans Genre : Homme
Femme
q collégien lycéen étudiant
salarié : en recherche d'emploi
II-vision du quartier
1-Le nom de mon quartier est 2-J'habite dans le quartier
depuis....
q 0 à 1 an 2 à 4 ans 5 à 9 ans 10 ans et
plus 3-Je suis ...
q attaché à mon quartier très
attaché à mon quartier peu attaché à mon quartier
Pas du tout attaché à mon quartier
. 4-Je trouve que mon quartier est
...
q Pas du tout propre Pas très propre Plutôt
propre Très propre
5- Mon logement est ...
q dégradé très dégradé en
mauvais état en moyen état en bon état
6-Je me sens en sécurité dans le
quartier...
q Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord
Complètement d'accord
7-Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres
jeunes du quartier de...
q Fraternelles Amicales tendues / conflictuelles Violentes
8-Le niveau de délinquance dans le quartier est
q très élevé élevé bas
très bas
9- Je souhaite quitter le quartier
q pas du tout peut-être oui bientôt je ne sais
pas
III-Vision des équipements du quartier
10-Je trouve que les équipements (services
publics, centres de loisirs, salles de spectacles, écoles, terrain
de sports, aires de jeux, des jardins, des parcs bibliothèque,
etc.) sur le quartier sont en nombre
q très suffisants suffisants peu suffisants
insuffisants
11-Je trouve que les équipements sur le quartier
sont....
q très utiles utiles pas utiles pas du tout utiles
12-Je fréquente les centres culturels, sportifs
et de loisirs.
q Jamais Rarement Occasionnellement Assez Souvent
Très Souvent
13-J'ai un accès aux offres culturelles
(cinéma, concerts, expositions, foire, spectacles...)
q pas du tout facile pas facile plutôt facile
très facile
14- Choisis les principaux points à
améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans la liste
suivante (utilise uniquement les lettres) : la sécurité,
la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, les
centres de loisirs, des jardins, des parcs, (autres précisez)
a) b)
c) d)
e) f)
g) h)
i) k)
15-dis l'institution (service, structure) qui peut
t'aider à :
Trouver un emploi
Trouver un logement
Avoir accès à la culture
En cas de difficultés
IV- Mobilités internes et externes
16- Dans mon quartier je vais à
17-En dehors des lieux que je fréquente dans mon
quartier, je vais souvent à
18- Je fais mes courses dans les commerces
(supermarché, épicerie, boucherie, boulangerie etc.)
q du quartier en dehors du quartier* les deux
*Précisez :
19- Je fais des activités à
l'extérieur que je ne peux pas faire dans mon quartier.
81
Merci pour votre participation à cette
enquête !
82
![](Les-interactions-habitants-et-quartiers-politique-de-la-ville-de-lagglomeration-mancelle36.png)
Enquête par questionnaire
Thème : Relations
habitants-quartiers
I-Identification
Commune :
Âge :
Genre : Homme Femme
q Étudiant salarié en recherche d'emploi
retraité
q Situation Matrimoniale : Célibataire Marié (e)
divorcé(e) veuf (ve)
II-vision du quartier
1-Le nom de mon quartier est 2-J'habite dans le quartier
depuis....
q 0 à 1 an 2 à 4 ans 5 à 9 ans 10 ans et
plus 3-Je suis ...
q attaché à mon quartier très
attaché à mon quartier peu attaché à mon quartier
Pas du tout attaché à mon quartier
4-Je trouve que mon quartier est
...
q Pas du tout propre Pas très propre Plutôt
propre Très propre
5- Mon logement est ...
q dégradé très dégradé en
mauvais état en moyen état en bon état
6-Je me sens en sécurité dans le
quartier...
q Pas du tout d'accord Pas d'accord D'accord
Complètement d'accord
7-Je qualifie les relations que j'ai avec d'autres
habitants du quartier de...
q Fraternelles Amicales tendues / conflictuelles Violentes
8-J'entretien des relations de voisinage (plusieurs
réponses possibles)
q Dans mon immeuble hors de mon immeuble dans le quartier
à l'extérieur du quartier
9-Le niveau de délinquance dans le quartier est
q très élevé élevé bas
très bas
10- Je me sens très bien dans le
quartier
q Pas du tout bien Pas très bien Plutôt bien
Très bien
11-Je souhaite quitter le quartier
q pas du tout peut-être oui bientôt je ne sais
pas
83
III-Vision des équipements du quartier
12-Je trouve que les équipements (services
publics, centres de loisirs, salles de spectacles, écoles, terrain
de sports, aires de jeux, des jardins, des parcs bibliothèque,
etc.) sur le quartier sont en nombre
? très suffisants ? suffisants ? peu suffisants ?
insuffisants
13-Je trouve que les équipements sur le quartier
sont....
? très utiles ? utiles ? pas utiles ? pas du tout
utiles
14-Je fais mes activités culturelles, artistiques
et sportives.
? à l'intérieur du quartier ? à
l'extérieur du quartier ? Les deux ? aucune activité
15-Pour mes loisirs, je vais souvent (plusieurs
réponses possibles)
? au cinéma, au théâtre, à des
concerts ? Restaurant ? salle de sport ? Aucun loisir ? autres
(Précisez)
16- Choisis les principaux points à
améliorer par ordre de priorité dans le quartier dans la liste
suivante (utilise uniquement les lettres) : la sécurité,
la propreté, les logements, les transports, les aires de jeux, les
centres de loisirs, des jardins, des parcs, (autres précisez)
a) b)
c) d)
e)
f)
g) h)
i) k)
Autres
IV- Mobilités internes et externes
17- Dans mon quartier je vais souvent
à
18-En dehors des lieux que je fréquente dans mon
quartier, je vais souvent à
19- Je fais mes courses dans les commerces
(supermarché, épicerie, boucherie, boulangerie etc.)
? à l'intérieur du quartier ? à
l'extérieur du quartier* ? Les deux
*Précisez :
20- Je cite des activités que je fais à
l'extérieur du quartier avec d'autres habitants des autres
quartiers.
Merci pour votre participation à cette
enquête !
84
Sur cette fiche, dessine les endroits que tu
fréquentes dans ton quartier à en précisant le nom des
lieux que tu as dessinés.
85
Table des matières
Sommaire
Remerciements
Liste des sigles
Introduction
Chapitre I : La participation des habitants au coeur de la
Politique de la ville
|
2
3
5
6
10
|
I.
|
|
La Politique de la ville et la participation des habitants
|
10
|
A.
|
|
Le cadre général sur la Politique de la ville
|
10
|
|
1.
|
La Politique de ville en France
|
10
|
|
2.
|
La Politique de la ville active sur l'agglomération
mancelle
|
15
|
|
|
B.
|
Les objectifs et hypothèses de l'enquête
|
18
|
|
II.
|
La méthodologie d'enquête
|
19
|
|
A.
|
Les travaux préparatoires
|
19
|
|
B.
|
La production des données
|
20
|
|
1.
|
Les outils de production de données
|
20
|
|
a.
|
Le guide d'entretien
|
20
|
|
b.
|
Le questionnaire
|
20
|
|
c.
|
La carte mentale
|
21
|
|
|
2.
|
Les lieux et le mode de passation du questionnaire et du guide
d'entretien
|
22
|
|
III.
|
Présentation du territoire d'étude
|
24
|
|
A.
|
Le Mans, une métropole en développement
|
24
|
|
B.
|
Les quartiers Politique de la ville de l'agglomération
mancelle
|
26
|
|
|
1.
|
Le quartier Bellevue-Carnac : A cheval entre Le Mans et Coulaines
|
26
|
|
2.
|
Le quartier Chaoué- Perrières
|
27
|
|
3.
|
Le petit quartier L'épine
|
28
|
|
4.
|
Le quartier Les Sablons Bords de l'Huisne : Le plus grand
quartier d'habitat social
|
|
de l'agglomération 29
5. Le quartier Ronceray- Vauguyon-Glonnières 29
IV. Les chiffres clés représentatifs de
l'enquête 31
V. L'accueil et les limites de la recherche 34
Chapitre II : Les interactions habitants et quartiers
prioritaires 35
I. Les facteurs de l'appréciation du quartier 35
A. Le quartier : un cadre de vie bien apprécié
35
1. Des quartiers prioritaires « sûrs et propres
» 35
2. Un niveau de délinquance perçu peu
marqué 39
3. Des logements relativement en « moyen et bon état
» 40
B. Le quartier : un cadre de vie bien doté en
équipements de proximité 42
1.
86
Une bonne proximité et utilité des
équipements de quartier 42
2. Le quartier : Lieu bien connu et bien maîtrisé
par les habitants 45
II. La force des quartiers : représentation,
sociabilité et attachement 52
A. Le quartier : un lieu de sociabilité 52
1. La notion de sociabilité 52
2. Le voisinage comme lieu de sociabilité 52
B. Le quartier : un lieu de réel attachement 56
1. La notion d'attachement au lieu 56
2. L'attachement réel au quartier malgré les
difficultés 57
a. L'attachement au quartier selon l'âge 61
b. L'attachement selon la durée d'installation 64
c. L'attachement au quartier selon le sexe 65
C. Le quartier : un lieu de bien - être 67
III. Les points à améliorer 68
Conclusion 70
Bibliographie 72
Table des illustrations 75
Annexes 77
Table des matières 85
|