II. PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES DE TERRAIN
Dans cette partie, non procéderons à la
présentation des résultats de l'enquête de terrains, mais
également à son analyse.
1. Présentation et traitement des
résultats
Nous nous proposons de présenter la recherche que nous
avons effectuée sur les entretiens par rapport aux différentes
variables
Ø L'incidence du vieillissement sur le
travailleur
v Charge mentale
La charge mentale est citée par l'ensemble des 15
personnes interviewées, soit 100% de réponses. Ils
déclarent que cette charge mentale existe, mais seulement 27%
l'expriment indirectement, sans employer, toutefois, les mêmes termes
comme pour E2 « la pénibilité mentale y est aussi
», E9 « la charge mentale augmente », E12 «
Psychologiquement, par contre, on charge » et E15 « les
conditions mentales augmentent de plus en plus ».
En ce qui concerne la « résistance au
stress » 53% des interviewés déclarent des
difficultés pour y faire face. Et 20% d'entre eux, la nature du
stress, aurait des origines organisationnelles. Pour E12 par exemple, «
ce qui est difficile ce sont les changements, c'est l'adaptation aux
changements, l'organisation est désormais centrée sur les
besoins du client».
En ce qui concerne l'indicateur « charge de travail
», nous observons que seulement 27% l'évoquent. Pour certains
d'entre eux, à coté de ceux qui se tue à la tâche,
il y en a qui ne font rien.
Par ailleurs, 13% déclarent que cette charge mentale
augmente en prenant de l'âge. E4 décrit que « quand on
vieillit on a globalement une résistance au stress moindre
» « résistance au stress, fatigabilité,
réactivité [...] c'est physiologique, c'est inévitable
». E6 parle de « charges psychologiques qui s'accentuent avec la
prise de l'âge ».
v Besoin d'autonomie
Douze interviewés sur 15 ont évoqué la
composante « besoin d'autonomie », soit 80%. Mais seulement 92%
expliquent positivement ce besoin d'autonomie et un seul sur les 12 en parle
négativement. Pour E14 « avec de la pratique ce sont des choses que
tu maitrise », pour E1 il y a « une marge d'autonomie ».
v Besoin relationnel
100% des interviewés déclarent avoir de bonnes
relations interprofessionnelles comme E14 « on a une bonne relation
et [...] coopération avec les collègues [...] on arrive
à bien communiquer entre nous, avec respect aussi ».
L'indicateur de « relations
intergénérationnelles » est mentionné par 9
interviewés, à savoir 60%. On constate que seulement 5
interviewés expriment des difficultés
intergénérationnelles, les quatre autres affirment que
l'intergénérationnel ne leur pose pas de problème.
Pour E10 « on ne ressent pas de problème
intergénérationnel », pour E12 « il n'y a pas de
problèmes intergénérationnels, il y a des liens. »,
E3 « il n'y a pas de problèmes avec les jeunes » et E5 «
les plus jeunes, bien que peu nombreux, ne me posent pas de problèmes
».
Ø La place du travailleur vieillissant dans son
environnement
v Risques psycho-sociaux
Sept interviewés sur les 15 au total,
évoquent la composante « risques psycho-sociaux », soit
47%. E4 par exemple explique qu'elle est seule dans un service beaucoup
sollicité et frôle parfois épuisement.
Ce même interviewés s'exprime aussi sur «
l'usure professionnelle » en déclarant que « la population
s'use » et « Je me fais du souci parce que je vois au fur
et à mesure les gens qui développent des maladies [...]
liées au stress ».
v Reconnaissance professionnelle
100% des interviewés ont abordé la composante
« reconnaissance professionnelle ». Toutefois, 53 % la remettent en
cause, et 27% ne la contestent pas. E14 déclare que « notre place
est reconnue au sein de la direction », et E15 que « je ne ressens
pas de problèmes de reconnaissance ».
47% des interviewés évoquent l'indicateur
concernant la « reconnaissance économique ». Deux s'expriment
sur le thème de la rémunération, dont E14 qui annonce qu'
« au niveau salarial, moi personnellement, je n'ai pas de souci. »
Trois autres, de cette même catégorie, parlent
des perspectives de carrière. E14 dit que sa fait des années
qu'il est au même poste et vu son âge et il ne pense pas avoir
d'avancement dans sa carrière.
La « reconnaissance symbolique » est citée
par seulement 20% des interviewés. Ainsi, un interviewé parle de
la valorisation du bien faire en donnant une définition de la
reconnaissance. E11 déclare ainsi que « moi la reconnaissance,
c'est ce que je rends au personnel avec qui je travaille c'est-à-dire
[...] les gens qui travaillent bien que vous sachiez leur dire, les gens qui
travaillent mal le leur dire aussi et leur dire demain j'espère que je
pourrai vous dire que vous travaillez bien».
La « reconnaissance pratique » est mentionnée
par 33% des infirmiers, dont trois de façon positive et deux de
façon négative.
Du point de vue positif, c'est la bonne utilisation des
compétences qui est citée par trois interviewés.
Du point de vue négatif, deux infirmiers
déplorent le non respect du rôle propre de leurs fonctions.
v La transmission des savoirs
80% des personnes interviewées ont abordé
la composante « transmission des savoirs », c'est-à-dire 12
sur 15.
L'indicateur « formateur » est peu
évoqué. Seuls trois interviewés ayant répondu
à ce thème y font référence. Pour E9 qui emploie le
terme de tuteur au lieu de formateur, « nous sommes des terrains de
stage, donc des tuteurs, les compagnons à l'apprentissage ».
En ceci concerne la transmission des savoirs, E11 fait remarquer qu'« il
faut quand même que les gens qui vieillissent aient envie d'accompagner
parce que mettre quelqu'un qui est vieillissant [...] sans se demander si
ça l'intéresse, c'est dommage, cela peut produire tout sauf ce
qu'on attend ».
En ce qui concerne les bénéficiaires, E1
déclare, « le tutorat ce fait automatiquement, [...] il y a le
tutorat des étudiants, [...] le tutorat des nouveaux arrivants »,
et E13 « j'encadre les stagiaires ou les nouveaux arrivants ».
Par ailleurs, les interviewés expliquent les
difficultés de mettre en place le tutorat. 80% mentionnent un manque
de disponibilité. Et 20% évoquent le fait que ce tutorat
n'existe pas encore. E10 explique que « nous sommes en train de
l'organiser » et pour E11 « on n'a pas encore bien mi en place ce
tutorat, on essaye mais ce n'est pas encore quelque chose qui a
été bien compris ou dont on s'est bien saisi ».
Pour ce qui est de la formation, les entretiens indiquent dans
quelles conditions sont formulées les demandes de formation. Pour
E6 « je suis des formations régulièrement et n'hésite
pas à en demander lorsque j'en ressens le besoin », E9 « quand
elles partent en formation, ce sont bien entendu les formations qu'elles
ont choisies [...] et d'autres institutionnelles », E11 « ces
formations sont aussi bien pour les infirmières jeunes que pour les
infirmières plus âgées » et E10 « les demandes de
formation sont faites via l'entretien annuel que fait chaque cadre avec ses
agents ».
Certains donnent sur les raisons de suivre des formations.
Pour E9, la formation permet de prendre du recul, de respirer : «
formation interne parce que c'est un élément qui est salvateur
pour faire relâcher la pression [...] mais ce n'est pas le même
fonctionnement, pas les mêmes contraintes horaires ».
v Aménagement de l'environnement
En ce qui concerne l'indicateur « moyens matériels
», 14 interviewés disent qu'il existe du matériel.
Toutefois, un interviewés remet en question ces moyens en
évoquant des problèmes d'organisation.
Au sujet des « nouvelles technologies », les
avis sont partagés. Certains expriment le fait qu'ils ne sont pas ou
plus adaptés. E5 précise que « c'est l'informatisation qui
me pose le plus de problème ».
Ces nombreux renseignements collectés nous
éclairent sur la question du vieillissement à ENEO CAMEROON.
Maintenant, nous allons réaliser l'analyse de ces données.
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