INTRODUCTION GENERALE
Le vieillissement est un phénomène
planétaire. L'Organisation Mondiale de la Santé, autorité
chargée de diriger l'action sanitaire mondiale, le définit comme
« un processus graduel et irréversible de modification des
structures et des fonctions de l'organisme résultant du passage du
temps ».
Le vieillissement est un phénomène autant
biologique et psychologique, que social. Il est absurde de nier que les
individus vieillissent, mais il faut néanmoins tenir compte du fait que
ce processus n'est pas indifférent aux normes sociales qui sont
relatives à l'âge. Il faut donc comprendre le vieillissement
comme le produit de rapports sociaux qui s'incarnent dans des institutions, des
politiques et des organisations. Cependant, il semble que ces dernières
aient encore du mal à intégrer cette notion au sein de leurs
politiques et pratiques quotidiennes. Par ailleurs, de nombreuses
conceptions de la gestion des travailleurs vieillissants et de ce qu'elle
englobe coexistent à l'heure actuelle.
Le vieillissement est un processus qui varie en fonction de la
personne et dépend d'un certain nombre de données personnelles
comme des facteurs génétiques, l'état de santé et
l'environnement qui peut être le travail. Cet environnement du travail
peut-être considéré comme difficile en fonction de
contraintes physiques, psychiques, de temps, mais aussi d'horaires atypiques.
Le vieillissement au travail peut donc être prématuré ou
accéléré, les deux phénomènes pouvant
se conjuguer et entraîner l'usure professionnelle.
Par nature, l'activité professionnelle est soumise
à des contraintes, celles-ci peuvent être liées soit
à l'environnement physique, soit à l'organisation du travail et
le niveau de contraintes peut quant à lui varier selon le sexe du
travailleur, la catégorie socioprofessionnelle, le secteur
d'activité ou encore l'âge.
Il existe des formes de vieillissements
spécifiquement professionnelles, liées non plus à
l'âge, mais à l'ancienneté, qui peuvent survenir
précocement et conduire à des inaptitudes à savoir des
problèmes de changement technologique et de résistance au
changement, de pénibilité du travail et prévention des
risques professionnels (constats formulés par Gaudart 2000).
En effet, les organisations ont des pratiques
d'éviction à l'égard des travailleuses et des
travailleurs âgés, souvent à cause de
préjugés entretenus à leur endroit, or dans un contexte de
compétition accrue et de quête de performance, il appert que la
prise en considération du vieillissement des travailleurs dans
l'élaboration de stratégies en ressources humaines s'avère
non négligeable.
Face à la problématique du vieillissement ,
ainsi qu'aux conséquences sociales et économiques auxquelles
elle est associée, la nécessité de mettre en place
une gestion effective des travailleurs vieillissants au sein des entreprises
est de plus en plus mise en exergue. Si le vieillissement concerne la biologie
et les parcours de vie individuels, il importe de considérer avant tout,
en référence aux questions de main d'oeuvre, l'aspect
organisationnel et sociétal du vieillissement.
Les entreprises qui prennent conscience du vieillissement de
leurs effectifs doivent donc effectuer un revirement complet de leurs
politiques RH jusqu'alors orientées vers de véritables pratiques
d'exclusion de la main-d'oeuvre vieillissante (politique de départ
volontaire, rajeunissement de la population) et implanter de nouvelles
pratiques plus susceptibles d'exploiter le potentiel que représente
cette main-d'oeuvre spécifique. Ainsi, une gestion efficace de
cette main d'oeuvre vieillissante ne peut être conçue que dans une
optique transversale, en faisant appel à un ensemble de pratiques de
gestion, et non pas uniquement dans une optique fonctionnelle de recrutement.
Dans une organisation où la moitié des effectifs
a un âge supérieur à 49ans et où l'ancienneté
moyenne est de 16,31 (statistique de juin 2014), il est plus qu'urgent et
primordiale de mettre sur pieds des politiques RH spécifiques afin de
diminuer et d'atténuer les problèmes d'adaptation, de
résistance aux changements dus aux mutations de l'environnement, mais
aussi de conserver les savoirs de l'entreprise surtout dans un secteur
stratégique dans lequel évolue ENEO CAMEROON.
De ce fait, une observation rigoureuse à ENEO CAMEROUN
nous a permis de faire un certains nombres de constats :
- l'entreprise est le plus souvent confrontée a des
changements majeurs bouleversants très souvent l'ordre établie.
Il s'agit notamment du passage de la SONEL à AES SONEL puis à
ENEO CAMEROON, le changement de directeur général, changement de
vision et de stratégie, les changements technologiques ;
- L'entreprise ne dispose pas d'une politique RH
spécifique de gestion de travailleurs vieillissants ;
- L'absence de plans psychosociaux de gestion de fin de
carrière ;
- une GPEC encore embryonnaire.
Au final, l'entreprise se trouve confrontée à un
défi et les conséquences qui peuvent en découler
sont entre autres:
- la diminution des capacités d'adaptation, des
capacités physiques et cognitives ;
- une augmentation du stress professionnel,
d'anxiété et de dégradation du climat social.
Or, avec un effectif vieillissant, il faut renforcer
l'expertise au risque de voir décroître les performances comme
nous l'avons précédemment souligné. Dans un tel contexte,
un accent doit être particulièrement mis sur la formation, sur
l'aménagement spécifique des postes et temps de travail, la
gestion de compétences et un accompagnement psychosocial de gestion de
fin de carrière. Cependant, les observations et entretiens
préliminaires réalisés donnent à constater quelques
limites notamment le fait que le système de formation reste encore
rarement conçus pour répondre aux besoins spécifiques
des travailleurs âgés (les formations ne sont pas
toujours adaptées au public des seniors). De plus, l'aménagement
des postes ne répond pas toujours aux attentes des clients internes.
Au regard de tout ce que nous avons énoncé plus
haut, nous nous posons la question de savoir comment Eneo Cameroon s'y
prend t-il pour manager les travailleurs vieillissants ?
De manière spécifique,
- Existe-t-il des dispositifs de gestion spécifique
d'une main d'oeuvre vieillissante ?
- Les conditions de travail sont elles aménagées
pour les professionnels vieillissants?
- Quels mécanismes faudrait-il proposer afin de
permettre aux professionnels vieillissants de finir leur carrière dans
les meilleures conditions possibles et à l'entreprise de
bénéficier de leur expérience le plus longtemps
possible ?
L'objectif principal de notre étude est donc d'analyser
les mécanismes de gestion des travailleurs vieillissants à Eneo
Cameroon, et de proposer des plans d'actions permettant une gestion optimale de
cette main d'oeuvre. De manière spécifique, nous analyserons
d'abord les dispositifs de gestion des travailleurs vieillissant à Eneo
Cameroon ; puis nous ressortirons les conditions de travail dans
lesquelles évoluent ces professionnels ; et enfin nous proposerons des
plans d'actions en vue d'optimiser et d'améliorer les conditions de
travail de ces derniers et ainsi prolonger leur expérience
professionnelle.
Ainsi la réalisation de cette étude
présente plusieurs intérêts : un intérêt
scientifique car l'étude porte sur une problématique encore
très peu développée en contexte africain. En effet, elle
peut constituer une étude exploratoire qui pourra être
généralisée aux autres entreprises rencontrant le
même problème. De plus, elle s'inscrit dans la
pluridisciplinarité à la lisière de plusieurs champs que
sont la gérontologie, la psychosociologie, et la gestion des ressources
humaines. Un intérêt professionnel car
l'étude porte sur un problème réel et actuel
rencontré par notre entreprise (ENEO CAMEROON) objet d'étude car
cette dernière connaît effectivement un problème de
vieillissement de ses effectifs. Les résultats qui en découleront
pourront être utilisés pour soutenir de nouvelles pratiques plus
susceptibles d'exploiter le potentiel que représente cette main-d'oeuvre
spécifique.
Nous adopterons dans le cadre de cette étude une
méthodologie qu'il nous convient de présenter à savoir
l'approche inductive ou recherche exploratoire. Celle-ci consiste à
partir des observations empiriques et de la littérature, puis à
identifier l'ensemble des situations possibles pour choisir la meilleure. La
collecte de données sera faite à l'aide d'un guide d'entretien et
les données recueillies seront analysées et traitées selon
les principes de l'analyse du contenu et du traitement statistique des
données.
Notre mémoire est subdivisé en deux parties de
deux chapitres chacune. La première partie intitulée la
problématique de gestion du personnel vieillissant dans une entreprise
parapublique sera consacrée à l'étude de l'environnement
professionnel et à la compréhension du phénomène du
vieillissement des effectifs. La deuxième partie intitulée
analyse empirique de la gestion des travailleurs vieillissants à ENEO
portera quant à elle sur la méthodologie et l'enquête de
terrain, ainsi que sur les propositions en vue d'une gestion optimale des
travailleurs vieillissants.
PREMIERE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE GESTION DU
PERSONNEL VIEILLISSANT DANS UNE ENTREPRISES PARAPUBLIQUE
ENEO CAMEROON est une entreprise leader dans le secteur
économique camerounais. Pour faire ample connaissance avec elle et la
problématique de ce mémoire nous allons la présenter puis
nous aborderons la question du vieillissement des effectifs.
CHAPITRE 1 : ENEO : UN ACTEUR MAJEUR DU
SECTEUR ECONOMIQUE CAMEROUNAIS
Ce premier chapitre de notre mémoire est respectivement
consacré à la présentation de la structure et de la
direction des ressources humaines dans laquelle nous avons effectué
notre stage effectifs.
SECTION I: L'ENTREPRISE ENEO CAMEROON DANS SON
ENVIRONNEMENT CONCURENTIEL
L'entreprise se définit comme la somme des hommes, des
femmes, des moyens et des produits et/ou services qui s'organisent pour
répondre à la vocation de celle-ci : satisfaire les besoins
des clients externes, c'est-à-dire ceux qui nous achètent nos
produits et/ou services (Ledoux, 2013). Et par voix de conséquence, des
clients internes qui vont contribuer à satisfaire les besoins des
clients externes. Dans cette section, nous présenterons d'une part
l'environnement interne et d'autre part l'environnement externe.
I. L'ENVIRONNEMENT INTERNE
Encore appelé micro environnement, l'environnement
interne désigne l'ensemble des forces et faiblesses maitrisables par
l'entreprise, et qui constituent des éléments nécessaires
pour son autoévaluation (Porter, 1982). Chaque
entreprise dispose d'une organisation spécifique qui influe sur son
fonctionnement. Ainsi, pour mieux cerner ses contours, nous devons nous
intéresser aux informations relatives à son histoire, ses
missions, sa vision stratégique et son identité culturelle
d'où l'intérêt de cette sous-partie.
1. Historique, création et missions
La présentation des grands moments de l'entreprise,
soit son historique et sa création donnera lieu
à sa mission.
Ø Historique et création
Par historique, on entend la mise en lumière des grands
moments qui ont marqué l'évolution de l'entreprise. Ces
années marquantes peuvent être des dates de fusion, d'absorption,
de rachat et même de privatisation.
On note à travers l'histoire de cette entreprise que
les dénominations se sont succédées depuis les
années 1974 jusqu'à nos jours. Au commencement étaient des
Compagnies Coloniales d'Électricité :
· La distribution de l'énergie électrique
est assurée au Cameroun dès 1929 par diverses compagnies
coloniales à partir de petits aménagements
hydroélectriques.
· En 1948 naît Energie Electrique du Cameroun
(ENELCAM), en charge de la mise en place de l'aménagement
hydroélectrique d'Edéa. Mission principale : Alimenter les
usines d'ALUCAM.
· En 1962 est fondée au Cameroun Occidental
Cameroon Electricity Corporation (POWERCAM).
· En 1963 arrive Electricité du Cameroun (EDC)
société d'économie mixte en charge du service public de
l'électricité au Cameroun Oriental.
· En 1974, SONEL naît de la fusion d'ENELCAM
et d'EDC.
· En 1975, SONEL absorbe POWERCAM.
· En 2001, AES-SONEL nait de la mise en concession du
service public de l'électricité au profit du groupe
américain AES. AES-SONEL était une filiale du groupe AES
Corporation qui a vu le jour le 18 juillet 2001. Faisant partie des trois
établissements d'APCO (African Power Company), tout comme KPDC (Kribi
Power Development Company) et DPDC (Dibamba Power Development Company), donc le
siège se trouve à Douala.
· En 2014, AES-SONEL devient ENEO après le rachat
des parts d'AES par le fonds d'investissement britannique ACTIS.
Après sa reprise par le groupe ACTIS, AES-SONEL devient
ENEO CAMEROON S.A et adopte une nouvelle signature: « We are the energy of
Cameroon. ». L'opérateur historique de l'électricité
au Cameroun, change de nom. La nouvelle dénomination vient de «
Energy of Cameroon », et exprime l'ambition de l'entreprise de faire plus
pour ses clients. Ce changement de marque fait partie d'un plan global qui vise
à créer plus de valeurs pour l'entreprise. Notamment
l'amélioration des services à la clientèle, les relations
avec les communautés, ainsi que l'épanouissement du personnel
d'ENEO.
L'entreprise historique de production, de transport et de
distribution de l'électricité au Cameroun entame ainsi une
nouvelle vie, appuyée sur un projet ambitieux et des valeurs fortes que
sont la proximité, la simplicité, la solidarité, la
modernité, l'écoute. Cette première étape sera
bientôt suivie d'autres innovations en termes de produits et services
devant faciliter la vie à nos clients.
Sur un capital social qui s'élève à
49.903.690.000 FCFA, l'Etat détient 44% des parts contre 51% pour ENEO.
« Les 5% restants seront redistribués au personnel de la
nouvelle entreprise suivant des modalités en cours de
définition » déclarait le ministre camerounais de
l'énergie et de l'eau après la signature de l'accord du 23
Août 2014.
Ø Missions
La mission d'une entreprise renvoie à sa
finalité, au but qu'elle veut atteindre et aux actions quotidiennes
qu'elle entend mener tous les jours pour améliorer le bien-être de
la population. Bref, c'est son utilité sur le plan social,
économique ou environnemental.
La mission d'ENEO est de produire, transporter, distribuer et
commercialiser l'énergie électrique. Elle fournit à
l'industrie camerounaise et au plus grand nombre de camerounais une
énergie fiable et propre avec un sens élevé de
responsabilité sociale. Ce qui va en droite ligne avec les objectifs
visés par la privatisation qui s'articulaient entre autre autour de
l'amélioration de la qualité de service, l'accroissement de
l'accès de la population à l'électricité, la
mobilisation des capitaux dans le secteur et la modernisation des
systèmes de gestion pour en améliorer leur performance. Pour
mener à bien ses activités, elle dispose d'un certain nombre
d'équipements au rang desquels : trois centrales
hydroélectriques : Songloulou (400MW), Edéa (265MW) et Lagdo
(72 MW) ; deux barrages réservoirs pour la régulation du
fleuve Sanaga (Bamendjin et Lagdo) ; 31 centrales thermiques
isolées et six centrales thermiques Diesel connectées au
réseau.
2. Vision stratégique et culture de
l'entreprise
Toute entreprise qui voit le jour a une vision
stratégique bien définie et une culture ou des valeurs qu'elle
doit véhiculer.
Ø Vision stratégique
Pour le manager de l'organisation, définir la vision a
pour objet d'indiquer « la destination d'un voyage qui durera
plusieurs années » (Jaulent et al, 2004). Elle exprime l'image
d'un futur que le manager veut créer. La vision est selon ce même
auteur une destination et la stratégie est un voyage qui nous
mènera vers cette destination, la stratégie est l'art de
concevoir et d'utiliser un plan pour atteindre un but.
Jusqu'au 23 Mai 2013, la vision d'AES-SONEL était de
contribuer à bâtir un secteur électrique camerounais solide
susceptible de soutenir le développement économique du pays en
particulier et de l'Afrique centrale en général.
L'évolution de l'environnement, les mutations sociales et technologiques
ont favorisé la réorientation de cette vision. Depuis la
signature de l'accord entre le gouvernement camerounais et ENEO, l'actuel
Directeur Général a mis l'accent sur la qualité de
service, l'excellence, la compétence et la technologie. Il aimerait
bâtir un modèle d'organisation viable pour le secteur de
l'électricité du Cameroun, tirer parti d'un porte feuille de
projets de production équilibré et d'un service réseau
stratégique, soutenu par l'excellence dans les processus, les
compétences et la technologie, tout en s'appuyant sur des
opportunités transfrontalières afin d'être reconnu comme un
important contributeur au développement du Cameroun.
Aussi, le nouvel opérateur électrique ENEO
entend mener un certain nombre d'actions sur le long terme. Il prévoit
développer ses activités en utilisant une approche durable, en
faisant confiance aux équipes dirigeantes locales, en investissant dans
le développement de leurs salariés et en mettant en oeuvre les
meilleurs standards en termes de santé, sécurité et
respect des normes environnementales. Cette vision est basée sur les
principes suivants : la continuité de service, l'investissement, la
qualité du service, la prise en compte du personnel et la
gouvernance.
Ø La culture de l'entreprise
La culture d'entreprise désigne l'ensemble des valeurs,
des normes et des principes définissant une organisation et les
relations que celle-ci entretient avec ses employés.
Les valeurs d'AES SONEL furent respectivement :
· La sécurité :
l'entreprise place en tête de ses priorités la
sécurité des employés, des sous-traitants et des
communautés.
· L'intégrité : agir
avec intégrité c'est être honnête, digne de confiance
et responsable. L'engagement de l'entreprise dans la lutte contre la corruption
a fortement contribué à l'amélioration de l'éthique
des affaires.
· L'engagement : c'est la
capacité et la volonté de mettre son énergie et ses
compétences au service des clients internes et externes. Honorer les
engagements pris envers les clients, les collègues, les
communautés, les actionnaires, les fournisseurs et les partenaires est
essentiel à AES-SONEL.
· L'excellence : Etre les meilleurs
dans toutes les actions entreprises et mener ses activités
conformément aux normes internationales.
· Le fun : le travail doit
être une source de satisfaction, de plaisir, de gratification et
d'exaltation. Les employés doivent être heureux d'appartenir
à une équipe qui fait la différence.
Depuis le mois de décembre 2014, ces
valeurs ont été changées. Celles instaurées par
Actis sont l'intégrité, le respect, l'engagement et la
cohésion.
II. L'ENVIRONNEMENT EXTERNE
L'environnement externe renvoie à
l'ensemble des facteurs et acteurs qui influencent l'organisation,
réduisent les opportunités et développent les menaces de
la compagnie. De plus en plus, les entreprises doivent être flexibles
pour pouvoir s'adapter aux mouvances du macro environnement qui n'est pas
toujours maitrisable. Les éléments constitutifs de
l'environnement externes sont regroupés sous le sigle
« PESTEL » qui renvoie
aux forces Politiques, Economiques, Socioculturelles, Technologiques,
Ecologiques ou environnementales et Légales. Dès lors, les
dirigeants doivent analyser les forces et désigner les stratégies
qui aideront l'entreprise à éviter les menaces et profiter des
opportunités.
On se demande alors quelles sont les acteurs externes qui
influencent l'activité de d'ENEO et quelle est la position de
l'entreprise sur le marché de l'électricité camerounais.
1. Les acteurs externes de l'entreprise
Plusieurs acteurs participent à la vie d'ENEO aussi
bien ceux qui lui fournissent les inputs nécessaires pour produire de
l'énergie électrique que ceux pour qui elle est produite. C'est
pourquoi elle les intègre totalement dans ses projets et ses ambitions.
Au terme d'un processus de recherche de nom ouvert à tout le
personnel et aux différentes parties prenantes
externes, la recommandation des contributeurs prend corps aujourd'hui dans un
nouveau logotype (symbole graphique représentant une marque, une
entreprise).
ENEO exprime une solide ambition de faire plus pour toutes les
parties prenantes :
· Plus pour l'épanouissement du personnel
· Plus pour la qualité de vie des citoyens
· Plus pour la contribution à la réussite
des entreprises
· Plus pour faciliter la relation avec les
différents clients
ENEO veut être l'énergie, la force :
· Que les camerounais veulent pour leur qualité de
vie (regarder un match de foot, cuisiner, faire la fête, charger leur
téléphone, faire marcher le climatiseur, organiser un
évènement familial, conserver des aliments),
améliorer leur pouvoir d'achat et rendre possible des projets de vie
(Solidarité et responsabilité sociale).
· Que les entreprises et industries valorisent pour
créer la richesse, faire du profit, être compétitives.
· Dont l'Etat a besoin pour attirer les investisseurs,
améliorer le climat des affaires, renforcer la paix sociale, faciliter
la création des emplois, accompagner les grands projets industriels,
faciliter la création des services.
· Que la marque doit démontrer pour être
respectée, acceptée, aimée, attirante, valorisée,
protégée, soutenue, comprise, pour améliorer sa
valeur, développer les opportunités commerciales, mobiliser ses
troupes, et attirer les hauts potentiels.
· Que le team développe pour être fier,
épanoui, motivé, plus impliqué, soutenir les
initiatives, être le premier porte parole, avoir envie.
· Que les leaders sociaux apprécient comme une
force d'accompagnement.
2. ENEO et le marché de
l'électricité camerounais
ENEO évolue sur un marché où la
concurrence est pratiquement absente et que Granovetter (2000) qualifierait de
monopole qui se caractérise par l'existence d'un seul vendeur qui fixe
les prix et de plusieurs demandeurs. L'activité de l'entreprise est
suivie par l'Etat camerounais à travers l'ARSEL (Agence de
régulation de l'énergie électrique). Toutefois, les
perspectives économiques laissent présager l'arrivée
potentielle d'un concurrent pour Eneo.
En effet, le ministre camerounais de l'Energie et de l'Eau a
présidé les 8 et 9 octobre 2014 à Yaoundé, une
rencontre entre le gouvernement, les différents opérateurs et
acteurs du secteur de l'électricité au Cameroun, les bailleurs de
fonds pour discuter des modalités de la mise en place d'un gestionnaire
du réseau de transport dans le secteur de l'électricité au
Cameroun.
Au cours des discussions, les participants à ces
travaux ont formulé des recommandations devant être examiner par
le gouvernement camerounais, notamment sur l'architecture institutionnelle,
l'organisation, le fonctionnement et l'opérationnalisation de cette
entreprise en gestation, qui devra être à 100% à capitaux
publics, selon la loi de 2011 régissant le secteur de
l'électricité au Cameroun.
La future entreprise publique, qui est elle-même
l'émanation de ladite loi, devrait, selon les experts, permettre de
gérer plus efficacement le réseau de transport de
l'électricité dans le pays, dont l'état actuel occasionne
d'importantes pertes préjudiciables aussi bien à l'unique
opérateur (Eneo), qu'aux entreprises et aux ménages.
En effet, selon une étude de l'Agence de
régulation du secteur de l'électricité (Arsel), environ
6,5% de l'énergie produite au Cameroun est perdue dans le processus du
transport, tandis que 29% s'évapore dans les circuits de distribution,
du fait de fraudes multiformes et de la qualité des
équipements.
A en croire le Directeur Général de l'Arsel
(Agence de Régulation du Secteur de l'Energie Electrique), qui
s'exprimait ainsi en mai 2013 au cours d'une conférence de presse
organisée par l'Association Afrique-France, le Cameroun pourrait
économiser jusqu'à «30% de l'énergie
consommée par les bâtiments» en résorbant les
pertes sus mentionnées.
C'est dans ce cadre général que nous avons
effectué notre stage, mettons à présent l'accent sur les
spécificités, c'est-à-dire la direction qui nous a
accueilli.
SECTION 2 : LA FONCTION RESSOURCES HUMAINES ET LA
PROBLEMATIQUE DU VIEILLISSEMENT DES EFFECTIFS A ENEO
Il est question dans cette partie de ressortir les missions
et l'organisation de la Direction des Ressources Humaines d'une part ainsi que
les enjeux de l'informatisation de cette fonction pour ENEO d'autre
part.
I. MISSIONS ET ORGANISATION DE LA DRH
Comme toutes les autres fonctions de l'entreprise, la fonction
Ressources Humaines est chargée d'une mission particulière et
bénéficie également d'une organisation
spécifique.
1. Missions de la DRH
La Direction des Ressources Humaines assiste la Direction
Générale dans la mise en oeuvre de la politique de l'entreprise
en matière de ressources humaines. A ce titre, elle assure
l'optimisation des compétences nécessaires à la bonne
marche de l'entreprise et mobilise le personnel dans le sens de l'atteinte de
ses objectifs.
Elle élabore et met à la disposition de
l'entreprise des outils et systèmes de planification, de
développement des compétences, de rémunération, de
mobilisation et de motivation de la main d'oeuvre.
2. Organisation
La Direction des Ressources Humaines qui a à sa
tête un Directeur des Ressources Humaines, est composée de cinq
sous-directions et une unité ayant chacune une mission et une
organisation particulière (voir structure organisationnelle en annexe).
Ces sous-directions sont les suivantes :
v Une sous-direction de l'administration et des
affaires sociales : elle a pour mission la mise en place et
l'administration des outils de pilotage permettant de mesurer à travers
des tableaux de bord tant quantitatifs que qualitatifs, les performances des
activités des ressources humaines ainsi que celles des transactions y
relatives, afin de pouvoir apprécier les performances en la
matière. Elle assure également le suivi des processus transverses
qui servent les intérêts globaux de l'entreprise et
principalement, la gestion et l'évaluation de l'action sociale en vue
d'assurer la cohésion, la mobilisation et la disponibilité des
ressources humaines de l'entreprise.
v Une sous-direction Rémunération et
Administration du personnel : cette sous-direction, outre la
gestion administrative et disciplinaire du personnel, contribue au
développement et à la mise à jour de la politique de
rémunération de l'entreprise en mettant en
place des outils et mécanismes de rémunération permettant
d'attirer, de motiver et de retenir les meilleurs talents nécessaires
à la conduite des activités de l'entreprise. Elle assiste le DRH
dans l'animation du dialogue social et la gestion des organes de maintien d'un
climat social serein au sein de l'entreprise. Elle assure également la
gestion de l'interface et la supervision des centres de services des ressources
humaines des régions.
v Le centre de formation d'Ombé :
il est chargé de la conception et la mise en oeuvre des outils
et programmes de formation professionnelle conformes aux exigences qualitatives
des centres d'excellence et à la hauteur des attentes de l'entreprise et
du secteur de l'électricité au Cameroun et en Afrique.
v Une sous-direction en charge de l'Emploi, de la
Mobilité et de la gestion des carrières : elle a
pour mission de maintenir l'adéquation entre les besoins et les
disponibilités en compétences, tout en pilotant le processus de
recrutement suivant les règles d'efficience organisationnelles
établies et dans le respect des politiques et procédures
définies par l'entreprise. Elle doit aussi contribuer à
l'amélioration des performances en mettant à jour les outils de
gestion des compétences et en administrant le processus de gestion des
performances individuelles.
v Une sous-direction en charge de la médecine
et de la santé au travail : elle est chargée du
conseil médical et de la mise en oeuvre de la médecine de travail
en général. Elle assure la surveillance des lieux de travail, la
prévention des risques professionnels, la promotion de la santé
publique au sein de l'entreprise, l'organisation de la couverture sanitaire et
la prise en charge médicale des problèmes de santé du
personnel.
Une responsable en charge de la gestion de ce centre nous
renseignait sur le fait qu'il existe pour deux raisons :
règlementaire et organisationnelle (intérêt de
l'entreprise). Aussi, ses pratiques ne sont pas seulement curatives, mais aussi
et surtout à titre préventif (surveiller et améliorer les
conditions de travail, réduire les maladies professionnelles).
Dans une optique d'amélioration du bien-être des
employés, les nouveaux problèmes de santé publique ou
encore les problèmes émergents liés à la
santé au travail tels que le stress, le tabagisme et l'alcoolisme y sont
désormais pris en charge.
· Le Système d'Information Ressources
Humaines (SIRH)
Il s'agit là d'une nouvelle unité qui est sous
le contrôle de la Direction des Ressources Humaines à ENEO.
Créée en 2013 à ENEO, cette unité
sert d'appui à la DRH dans les domaines relevant de la planification des
RH, de l'organisation et de la maitrise d'ouvrage du SIRH. A ce titre, elle
contribue :
- A la mise en place d'une organisation fonctionnelle capable
de répondre efficacement aux exigences de l'entreprise à travers
la mise sur pied des plans d'ingénierie des processus pour optimiser
l'efficacité maximiser la valeur ajoutée ;
- A l'anticipation des écarts entre les besoins actuels
et futurs et les disponibilités en effectifs de l'entreprise ;
- A l'amélioration de l'exploitation du système
d'information RH (SIRH) et la gestion des interrelations entre le SIRH et
d'autres systèmes.
II. PROBLEMATIQUE DU VIEILLISSEMENT DES EFFECTIFS A ENEO
CAMEROON
Nous présenterons ici l'effectivité du
vieillissement des effectifs à ENEO et ses risques. En effet, le
vieillissement à ENEO ne sera pas sans conséquence sur la vie de
cette entreprise.
1. Le vieillissement des effectifs à ENEO
CAMEROON
La qualité de la gestion des ressources humaines est
devenue un facteur-clé de succès dans tous les secteurs
d'activités, ce qui explique l'intérêt croissant
accordé au capital humain au sein des organisations. De ce fait, les
responsables des ressources humaines doivent pouvoir améliorer la
performance sociale et limiter les risques liés au facteur humain. La
Direction des ressources humaines d'ENEO CAMEROON n'échappe pas à
la règle car face au vieillissement des effectifs observé depuis
quelques années, elle s'était fixée comme objectif
d'assurer la pérennité et le développement de l'expertise
de l'entreprise même si les résultats tardent à se faire
ressentir. En effet, depuis 2004 déjà, l'âge moyen est au
dessus de 40 ans comme l'indique de tableau ci-après :
Tableau 1 : Evolution de la moyenne
d'âge entre 2004 et 2013
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Age moyen
|
44,33
|
42,30
|
42,28
|
41,79
|
42,40
|
42,04
|
43,13
|
44,26
|
44,02
|
44,17
|
Source : Documents
internes de l'entreprise
L'un des objectifs majeurs était de réduire
l'âge moyen à 42 ans. Bien que l'on puisse observer une variation
de cette moyenne d'âge dans le sens de la baisse, ce qui a principalement
été due à la politique de départs volontaires
engagée pendant un certain temps par la direction de l'entreprise (lors
du passage à AES SONEL), la situation n'a guère
évoluée en 2014 comme le présente le tableau
ci-après car la moyenne est aujourd'hui largement au-delà de
l'objectif fixé.
Tableau 2 : Tableau des âges moyens
par sexe et par famille d'emploi (juin 2014)
|
AGE MOYEN PAR CATEGORIE SOCIOPROFESSIONNELS
|
|
|
|
EMPLOYES OUVRIERS
|
AGENT DE MAITRISE
|
CADRE
|
CADRE GERANT
|
CADRE DIRIGEANT
|
TOTAL
|
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
[16; 25[
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
[25; 30[
|
17
|
0
|
42
|
14
|
29
|
10
|
16
|
0
|
6
|
0
|
134
|
[30; 35[
|
68
|
14
|
12
|
5
|
11
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
113
|
[35; 40[
|
118
|
22
|
87
|
33
|
37
|
17
|
5
|
3
|
0
|
0
|
322
|
[40; 45[
|
311
|
40
|
188
|
78
|
90
|
45
|
20
|
12
|
5
|
0
|
789
|
[45; 50[
|
202
|
30
|
120
|
64
|
52
|
22
|
18
|
3
|
4
|
0
|
515
|
[50; 55[
|
176
|
24
|
219
|
101
|
113
|
63
|
57
|
15
|
20
|
0
|
788
|
[55; + [
|
114
|
24
|
351
|
100
|
252
|
59
|
118
|
26
|
38
|
3
|
1085
|
TOTAL
|
1007
|
154
|
1019
|
395
|
584
|
219
|
234
|
59
|
73
|
3
|
3747
|
AGE MOYEN
|
38,88
|
38,82
|
46,06
|
44,90
|
47,61
|
45,28
|
51, 32
|
48,53
|
53,11
|
53,33
|
|
Source : Documents
internes de l'entreprise
La pyramide des âges présentée ci-dessous
permet de visualiser l'ampleur du phénomène.
Fig. 1 : Pyramide des âges des
salariés (Juin 2014)
La moyenne d'âge est de 44,43ans, l'ancienneté
moyenne de 16,31ans. Le taux de vieillissement est de 18,58% pour la tranche
d'âge comprise entre 55 ans et plus et de 39,19% pour la tranche
d'âge comprise entre 50 ans et plus. Ces tendances se
matérialisent dans la pyramide des âges dont la forme se rapproche
de la pelote de laine. Cette forme traduisant un vieillissement des effectifs
peut poser des problèmes de changement technologique et de
résistance au changement, de pénibilité du travail et de
la prévention des risques professionnels, de départ massif
à la retraite avec risque de perte de savoir fondamentaux de
l'entreprise, et du risque d'obsolescence des compétences des
salariés anciens dans un environnement où les changements sont
permanents et la visibilité à très court terme (constats
formulés notamment par Gaudart, 2000 ).
Cette structure démographique est porteuse de risques,
surtout dans une entreprise où le système de formation reste
encore rarement conçus pour répondre aux besoins
spécifiques des travailleurs âgés (les formations
ne sont pas toujours adaptées au public des seniors), et
où le processus de changement peut être comparé à
celle des eaux vives (Lewin).
2. Les risques posés par le vieillissement des
effectifs
Une telle situation ne peut être sans conséquence
pour l'entreprise. En effet, tous ces décalages et
évolutions témoignent de la complexité du
problème. Le vieillissement au travail ne peut être
envisagé uniquement sous l'angle du déséquilibre entre
proportions d'actifs et d'inactifs (Faurie et al. 2008). Il soulève des
problèmes de terrain majeurs tant du point des enjeux
économiques (adaptation au changement) que de la qualité
de la vie professionnelle, tant du point de vue des entreprises que des
salariés.
Ces différents problèmes interrogent non
seulement la capacité d'adaptation et de résistance aux
changements des séniors, mais aussi la prévention des risques
professionnels et la conservation des savoirs de l'entreprise. Le défi
pour ENEO CAMEROON étant d'intégrer une force de travail
vieillissante au projet d'une revitalisation économique. Et une mauvaise
gestion de ce type d'effectif peut entraîner de nombreuses
conséquences pour ENEO car les risques sociaux observés
aujourd'hui constituent les conditions de développement des
contre-performances de demain. Cela peut se ressentir dans tout l'entreprise
mais davantage encore dans les activités du coeur de métier
fortement touché par le vieillissement des effectifs.
- Au niveau de la production on pourra observer un
accroissement des incidents techniques dus à la non maîtrise des
appareils technologiques, un accroissement du taux d'indisponibilité des
groupes dus à une inadaptation de l'évolution de l'environnement.
Au final, c'est le volume et la qualité de la production qui sera
entamée.
- Au niveau du transport et de la distribution, les
conséquences peuvent être un accroissement du taux
d'énergie non distribuée. Cette énergie non
distribuée s'explique généralement par des incidents sur
le réseau, ex : défaillances des équipements, des
délestages. Il est donc nécessaire d'avoir les personnes
adéquates afin de maintenir et même accroître les
performances opérationnelles actuelles en matière de transport et
de distribution d'énergie. Ce qui ne serait pas possible en cas de
mauvaise gestion d'une main d'oeuvre vieillissante.
- au niveau du commercial, l'accroissement des incidents dans
les activités techniques influencera directement la satisfaction client,
le volume des ventes et par ricochet, le chiffre d'affaire. De plus, la
satisfaction client étant régulée par l'Etat, le non
respect des délais contractuels pouvant entraîner des
pénalités pour l'entreprise constitue un manque à gagner
non négligeable.
De ce qui précède, il devient évident que
le vieillissement des effectifs à ENEO est loin d'être une vue de
l'esprit mais un fait et que si rien n'est fait la performance des ressources
humaines sur laquelle le nouvel acquéreur ACTIS avait tant
insisté lors de la cérémonie de présentation
risquera de prendre son envol difficilement.
CHAPITRE 2 : LA QUESTION DES TRAVAILLEURS
VIEILLISSANTS DANS LA LITTERATURE EN SCIENCE DE GESTION
Dans ce chapitre nous analyserons la notion du vieillissement
au travail, puis nous ressortirons les représentations sur l'âge
et le vieillissement au travail.
SECTION 1 : APPROCHE CONCEPTUELLE DE LA NOTION DU
VIEILLISSEMENT AU TRAVAIL
La vieillesse ne peut pas être ramenée
à une simple réalité biologique qui se limite aux
notions d'usure et d'incapacité provenant du processus permanent
de dégradation biologique. Elle doit être vue comme une
« construction sociale produite par des cadres sociaux,
perpétuellement renégociée et redéfinie en
fonction de l'évolution de ces cadres ». (Dictionnaire de
sociologie, Larousse, 2003).
C'est pour cela que nous allons d'abord examiner le concept de
vieillesse et du vieillissement et ensuite le vieillissement comme
résultant d'un construit social.
I. LE CONCEPT DE VIEILLESSE ET DE VIEILLISSEMENT
Nous aborderons dans cette partie la notion de vieillesse et
de vieillissement.
1. La vieillesse
L'âge peut être décliné par niveau
et stigmatisé à chaque période de la vie en fonction de la
représentation sociale qui est faite du vieillissement. La
représentation sociale de la vieillesse peut être
définie de la façon suivante : « la vieillesse est une
forme de connaissance socialement élaborée et partagée
ayant une visée pratique et concourante à la construction
des rivalités communes à un ensemble social. Les vieux ce
n'est pas ce qu'on voit, c'est ce qu'on en dit » (ENNUYER 2004).
Pierre BOURDIEU, quant à lui, a écrit en 1974,
dans « La jeunesse n'est qu'un mot », que « l'âge est une
donnée biologique socialement manipulée et manipulable. La
frontière entre la jeunesse et la vieillesse est toujours un enjeu de
lutte et de pouvoir ».
Il semble exister une totale absence de concordance
entre la réalité sociale et la représentation sociale
de la vieillesse où la vieillesse conserve une image
déficitaire.
La vieillesse est ainsi souvent associée au
déclin, à la souffrance et à la diminution des
capacités. Or la vieillesse n'est pas une maladie, c'est une
étape du développement. Ce développement est un
phénomène complexe parce qu'il relève de plusieurs
champs tels que le champ biologique, le champ psychologique et le champ
culturel. vieillir, c'est continuer de grandir et d'avancer en âge, ce
qui donne un sens au terme utilisé par les anglais « to grow old
» signifiant « continuer à croître vieux », elle se
caractérise aussi par des pertes, mais ces pertes débutent
dès la naissance.
L'âge de la vieillesse est établi
à partir d'observations où apparaissaient maladies et diminutions
de l'état d'une personne, référence au vieillissement
physiologique. Ainsi la vieillesse se situe pendant longtemps à
l'âge de 60 ans, c'est-à-dire l'âge maximum, pour la
plupart des actifs qui prennent leur retraite, correspondant au
vieillissement social. Toutefois bien que l'âge soit un facteur de risque
de certaines maladies et de certains handicaps, la vieillesse n'en est pas pour
autant synonyme de maladies ou de handicaps.
Les critères sociaux de la vieillesse montrent que le
« sentiment d'être vieux » est souvent fortement
influencé par le sentiment d'utilité sociale qui est
associé à l'activité rémunérée, aux
activités bénévoles et aux activités
intrafamiliales.
2. Le vieillissement
Le terme « vieillissement » peut s'appliquer au
vieillissement individuel ou à un ratio démographique. Dans ce
cas, il est indicateur mathématique.
Par contre « l'homme de la rue »
salarié, parle plus volontiers d'un vieillissement individuel
touchant au déclin professionnel qui n'est pas lié au
déclin physique et ne vise pas les capacités intellectuelles.
Le « vieillissement psychique » dépend de
facteurs externes comme l'âge, le regard des autres, le statut social,
la place dans la famille, etc., que chaque personne va assimiler
différemment, selon sa personnalité, ses convictions, son
histoire.
Aujourd'hui encore, tout le monde s'accorde sur la
complexité du phénomène qu'il n'est pas facile de capturer
avec une seule définition. Selon Teiger (1989), il s'agit «
d'un processus continu de transformation auquel l'être humain est soumis
tout au long de sa vie, comme tout organisme vivant, et ce dès la
naissance ». Au contraire, Greller et Simpson (1999) soulignent le
caractère discontinu et diffus des transformations sur l'ensemble du
cycle de vie. Pour d'autres, il convient de parler de plusieurs processus
« en général continus et lents, parfois discontinus,
multidirectionnels (c'est-à-dire associant croissance et
décroissance, gains et pertes), en interaction avec l'environnement, et
ayant des conséquences multiples, individuelles, sociales et
économiques » (Laville & Volkoff, 2004). Dans la
même perspective, Marquié et Ansiau (2008) parlent d'une
« trajectoire développementale susceptible d'être
orientée différemment selon les expériences de la vie,
notamment professionnelle ». De surcroît, le vieillissement
doit se comprendre comme un processus multidimensionnel qui fait
référence à de nombreux changements dans le fonctionnement
biologique, psychologique, social, voire sociétal, à travers le
temps (De Lange et al. 2006).
Au vu de la littérature existante, le terme «
travailleurs âgés », ou « seniors », renvoie
tantôt aux individus âgés de plus de 55 ans, tantôt
à ceux de plus de 45 ans. Pour Ilmarinen (2005), le seuil de 45 ans
constitue une base pratique et théorique. En effet, les changements
concrets dans la santé et les capacités fonctionnelles des
individus surviennent aux alentours de 40-50 ans.
Actuellement, le savoir joue un rôle de plus en plus
important, sachant qu'il s'accumule tout au long de la vie et donne une valeur
ajoutée à l'âge.
On peut donc retenir que la vieillesse est l'avancement en
âge de la personne et le vieillissement est la représentation
sociale des personnes âgées. Mais pour comprendre
l'évolution du vieillissement il faut regarder son contexte
environnemental.
II. LE VIEILLISSEMENT DANS SON CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL
Nous aborderons le vieillissement comme une construction
sociale mais aussi comme une perception subjective.
1. Le vieillissement : une construction
sociale
Reconsidérer l'utilité sociale des «
salariés âgés » définis comme une variable
sociale et ce, sans égard aux différences des individus
classés dans cette catégorie, permet de constater en quoi le
vieillissement est aussi le fruit d'une construction sociale.
Outre l'âge chronologique utilisé comme
catégorie statistique par les chercheurs, la notion de vieillissement
connote, en parallèle, l'idée d'une involution des composantes
physiologiques et cognitives d'un individu (ses capacités
fonctionnelles), donc un changement qualitatif de sa santé. Pourtant,
loin de se limiter à la dimension biologique, l'âge d'un individu
met en cause de multiples dimensions de sa vie comme le souligne Drulhe :
« l'âge comporte toujours cette ambiguïté qui
consiste à renvoyer à la fois à lui-même (le
vieillissement et ses conséquences), à un moment du parcours
biographique (l'effet de cycle de vie) et à la situation de l'individu
dans son époque historique (l'effet de génération).
L'une des difficultés consiste à distinguer les
effets de l'âge proprement dit de ce qui relève des effets de
génération et des effets de période (ou d'une
époque).
Selon Derriennic, Touranchet & Volkoff (1996), cette
difficulté s'expliquerait par la variabilité des
temporalités individuelles et collectives qui marquent les relations
âge-travail-santé. Ainsi, sur le plan individuel, on constate la
variabilité des transformations d'ordre biologique chez un individu avec
l'âge dont les effets sur le travail se font sentir par une diminution de
certaines habiletés d'ordre physique et cognitif en regard de certaines
tâches. Aussi, en raison de son appartenance à une
génération, « l'histoire d'un individu est en partie celle
de sa génération ». C'est pourquoi, si les mouvements
démographiques et les changements (en termes de flexibilité, de
rationalisation) des systèmes de production de biens et de services
touchent l'ensemble des générations de travailleurs, les
conséquences de ces phénomènes varient différemment
selon les générations qui les subissent.
Il n'est donc pas évident de différencier les
effets de l'âge des effets de génération non seulement
à partir de données démographiques, mais également
en situation de travail.
Définir le vieillissement demeure donc un exercice
périlleux. Il faut dire que l'âge est un marqueur composite en ce
sens qu'il recouvre des changements relevant de processus de nature
différente, autant biologique que sociale. C'est pourquoi de plus en
plus d'auteurs s'emploient à distinguer entre le vieillissement
«naturel», sous l'action de facteurs internes, biologiques, et
vieillissement «induit», c'est-à-dire influencé par les
facteurs externes de l'environnement dans lequel on vit, et surtout dans lequel
on travaille» (Teiger, 1989).
L'âge n'est qu'un marqueur temporel, qui, bien qu'utile,
est arbitraire et composite. Arbitraire, car en découpant le temps de la
même manière pour tout le monde, il ignore la diversité des
vitesses de développement d'un individu à l'autre, et, pour le
même individu, à différents moments de sa vie. Il ne prend
pas en compte le détour singulier de l'histoire individuelle qui conduit
des individus distincts à se trouver au même âge dans des
situations fort différentes du point de vue de leur santé, et de
leurs capacités.
Comme nous venons de le voir, la vieillesse est un construit
social, ce qui induit une façon subjective de l'appréhender.
C'est ce que nous allons regarder maintenant.
2. Le vieillissement : une perception
subjective.
Le vieillissement est intrinsèque à la
nature humaine. Son processus est différent en fonction de chaque
individu. Certains de ces facteurs sont plus intérieurs, plus
intimes et vont modeler les premiers ainsi que l'ensemble du sentiment
d'être vieux. Ces facteurs sont, par exemple, conception et le sentiment
que l'on se fait du vieillissement et de la vieillesse, la relation avec son
corps (malade, parfois handicapé, corps toujours plus lent, plus
fragile), la relation avec son passé, la relation avec la mort,
le ressenti de notre capacité d'adaptation.
Le vieillissement est également une perception
subjective car il est ressenti par chaque personne en fonction d'un
équilibre qui se fait et se modifie en permanence à
partir de facteurs chronologiques, sociaux, familiaux, culturels,
physiologiques, psychologiques, etc. Cet équilibre individuel n'est
possible que si l'environnement ne crée pas en permanence des
perturbations.
Par conséquent, la détermination d'un
âge, quel qu'il soit, masque les différences
interindividuelles. Ainsi un processus, comme « devenir vieux »,
est une transformation brutale. Etre vieux à l'âge « X
» occulte l'influence des conditions de vie et de travail sur
l'état de santé, le vieillissement et l'espérance de
vie.
Le vieillissement est l'évolution normale et
inévitable de l'individu dans le temps génétiquement
programmé. Il se traduit par la perte de capacités. C'est
aussi évoluer, changer, grandir et digérer les difficultés
pour pouvoir les dépasser.
Il ne faut pas nier le vieillissement, mais pas figer la
vieillesse non plus.
SECTION 2 : REPRESENTATION SOCIALE DU
VIEILLISSEMENT AU TRAVAIL
Sur le plan historique, les observations sur « l'usure
par le travail et sur le vieillissement par rapport aux exigences du travail
» datent de plus de trois siècles (Cassou & Laville, 1996).
Selon Cottereau (1983, cité dans Drulhe, 1996), ce
phénomène serait lié aux rapports de classes qui se
développent depuis le début de l'ère industrielle. Cette
différenciation sociale opère, encore aujourd'hui, à
travers les représentations sociales de l'apport du travailleur
vieillissant à l'égard de sa profession. Nous examinerons donc
dans cette section les représentations négatives et les
barrières liées à l'âge d'une part, et les enjeux de
la gestion des travailleurs vieillissant d'autre part.
I. Les représentations négatives et les
barrières liées à l'âge
Nous ressortirons ici les représentations
négatives du vieillissement des travailleurs, mais aussi les
barrières liées à l'évolution de l'âge.
1. Les représentations négatives
L'organisme humain se transforme au fil des années.
Dès la naissance, on vieillit. Hellemans (2006) rappelle qu'une personne
atteint sa pleine maturité physique vers l'âge de 25 ans.
Ensuite, on constate une période de relative stabilité, puis
l'organisme commence à montrer des premiers signes de vieillissement, en
général vers 45 ans même si des différences
importantes entre individus existent, dépendant de
caractéristiques personnelles (mode de vie, alimentation, état de
santé général) et des caractéristiques de la
situation de travail (force physique requise, posture, horaire, etc.).
Par nature, l'activité professionnelle est soumise
à des contraintes, celles-ci peuvent être liées soit
à l'environnement physique, soit à l'organisation du travail. Le
niveau de contraintes variant selon le sexe du travailleur, la
catégorie socioprofessionnelle, le secteur d'activité ou encore
l'âge.
Les gains d'espérance de vie, le prolongement de la
durée d'activité professionnelle, les politiques de gestion des
seniors, questionnent sur les effets du vieillissement, sur les
capacités à continuer à travailler longtemps.
Pour de nombreux praticiens d'entreprise, le diagnostic de
leur personnel repose sur une représentation très négative
du vieillissement conçu comme un déclin permanent.
En effet, les travailleurs vieillissants se heurtent à
des représentations sociales négatives à leur encontre en
termes de lacunes et de coûts qui se répercutent dans les
politiques et pratiques de gestion des entreprises. Les griefs
formulés à l'encontre des plus âgés sont
nombreux. De manière générale, ils sont
connotés négativement. Ainsi, les travailleurs vieillissants sont
souvent considérés comme étant moins productifs, moins
flexibles et moins créatifs. Comparativement aux plus jeunes,
ils sont perçus comme étant
désintéressés de la formation et, par ailleurs,
moins aptes à acquérir de nouvelles compétences, en
particulier dans le domaine des nouvelles technologies. La
résistance au changement, la rigidité et la forte propension aux
maladies et accidents viennent clôturer cette liste non
exhaustive de stéréotypes couramment formulés. Selon
Schalk et al. (2010), la façon dont les travailleurs sont
considérés dans l'entreprise est reliée à une
certaine conceptualisation de l'âge.
2. Les barrières liées à
l'âge.
L'activité des séniors est le plus souvent
contrainte à toute une série de barrières et d'obstacles.
En effets, les travailleurs se voient restreindre l'accès à
toutes les actions de formation dès lors qu'ils atteignaient
l'âge de 45 ans. Outre la formation, le recrutement et la promotion
sont également des pratiques moins favorables aux travailleurs
âgés. Récemment, Rupp et al. (2006), ont
montré que les erreurs liées au travail entraînaient
des recommandations plus sévères lorsqu'elles étaient
commises par un travailleur âgé. En revanche, les plus
jeunes bénéficiaient d'une aide pour pouvoir régler
leurs problèmes de performance.
L' « âgisme », terme
généralement utilisé pour qualifier diverses formes
de discrimination et de préjugés basées sur l'âge,
est de plus en plus répandu dans le monde du travail (Rupp et al.
2006).
Cette gestion « négative » des travailleurs
vieillissants trouve en partie son explication dans la domination des
impératifs de court terme dans les décisions et les
pratiques de gestion des ressources humaines (Monti, 2003).
Ainsi, la maîtrise des coûts et les
considérations d'ordre financières mènent à se
focaliser sur des priorités à court-terme qui ne favorisent
pas la mise en place d'une coordination entre les décisions et les
actions en matières d'âge (Monti, 2003). En outre, Monti (2003)
souligne la faiblesse de la dimension temporelle dans les modèles
stratégiques de la gestion des ressources humaines.
Par ailleurs les travailleurs vieillissants forment un groupe
particulièrement vulnérable. En effet, bien que les plus
âgés soient globalement moins exposés aux
pénibilités et aux risques que leurs cadets, les conditions ne
leur sont pas plus favorables. Selon une étude de les travailleurs
de 45 ans et plus démontrent un plus grand besoin de
récupération que les plus jeunes, alors même que les
conditions de travail sont en faveur des premiers. En effet, au fil des
années « s'accroît la probabilité que survienne
un amoindrissement des capacités fonctionnelles, dans des domaines
comme la force musculaire maximale, l'amplitude des mouvements des
articulations, la vue et l'audition, la régulation du sommeil,
les performances relevant de la mémoire immédiate ou de la prise
de décisions nombreuses en temps très limité »
(Volkoff et al., 2000). Avec le temps, l'exécution de certaines
tâches et de certains gestes peut devenir plus pénible.
II. LA QUESTION DU VIEILLISSEMENT AU TRAVAIL
La question du vieillissement des effectifs et de la gestion
des travailleurs vieillissants en entreprise n'est pas encore une
priorité pour la majorité des entreprises africaines en
général et camerounaise en particulier. Cependant, la
présence des travailleurs vieillissants en entreprise présentes
aussi bien des problèmes que des avantages.
1. Intensification du travail et problèmes de
terrains liés au vieillissement des effectifs
De manière générale, les conditions de
travail ne se sont pas améliorées pour tous les travailleurs,
principalement en raison des phénomènes d'intensification du
travail.
En effet, depuis plusieurs décennies, des changements
significatifs sont intervenus dans le monde du travail qui se transforme dans
une voie qui n'est pas toujours favorable aux travailleurs. Désormais,
les entreprises doivent trouver leur place dans un environnement de plus en
plus concurrentiel et mondialisé où la demande est sans cesse
plus exigeante en termes de variété, de qualité, de
délais et de réactivité. Les changements organisationnels
de plus en plus nombreux et la prolifération des nouvelles technologies
enrichissent le travail en même temps qu'ils l'intensifient. De surcroit,
Askenazy (2004, cité dans Volkoff & Gaudart, 2008) souligne que les
nouvelles clés de la compétitivité des entreprises
résident dans l'émergence d'un nouveau « productivisme
réactif » responsable de l'augmentation des exigences et des
contraintes pour le travailleur. Aujourd'hui, on assiste à une
hybridation des formes de contraintes industrielles (cadences automatiques,
délais stricts, normes de qualité), marchandes
(juste-à-temps) ou de type domestique engageant de plus en plus
l'individu au service de l'entreprise. Dès lors, ces dynamiques
d'intensification du travail et de cumul des contraintes temporelles
contribuent à détériorer les conditions de travail. Ces
dernières encadrent les possibilités pour les travailleurs de
tout âge de trouver leur place et délimitent leurs
possibilités de préserver leur santé et de construire
leurs compétences.
Enfin, les risques psychosociaux au travail sont en constante
évolution dans une société du « toujours plus ».
Les transformations du monde du travail sont généralement
pointées du doigt en ce qui concerne l'augmentation des problèmes
de stress, de burnout et, plus généralement, de santé
mentale. En effet, la tension sur le contrôle et l'évaluation est
de plus en plus vive quel que soit la catégorie professionnelle. Les
évolutions technologiques entrainent des changements radicaux dans la
nature du travail où la sollicitation des ressources cognitives et
mentales ne fait qu'augmenter.
Pour les entreprises, on repère
généralement trois problèmes majeurs en lien avec le
vieillissement :
Ø Le problème de la pénibilité du
travail et de la prévention des risques professionnels ;
Ø Le problème des départs en retraite
massifs avec un risque de perte de savoir-faire fondamentaux. De nombreux
secteurs et structures d'entreprise (notamment les PME-PMI) manquent encore de
méthodes et d'expériences pratiques, ou anticipent encore mal la
perte des compétences dans leurs organisations.
Ø Le problème du changement technologique, de la
résistance au changement, et du risque d'obsolescence des
compétences des salariés anciens dans un environnement à
très forte concurrence, où les changements sont permanents et la
visibilité à très court terme. Entrent en jeu ici la
pertinence des dispositifs de gestion prévisionnelle des emplois et des
compétences (GPEC) et la pertinence des dispositifs de formation qui
restent encore rare ment conçus pour répondre aux besoins
spécifiques de la population des travailleurs âgés (les
formations ne sont pas toujours adaptées au public des seniors).
Ces différents problèmes interrogent
l'efficacité des seniors (au sens de leur performance au travail) et
leur rôle dans la stratégie d'entreprise.
Les salariés quant à eux évoquent
également d'autres aspects liés à la fin de
carrière. Il s'agit :
Ø Du problème du manque de reconnaissance de
leur engagement pour l'entreprise. En effet, on observe
généralement de la part des salariés un sentiment
d'injustice très fort qui s'accompagne d'un phénomène
d'embrasement du climat social ;
Ø De la question de la préparation à la
retraite (transition emploi-retraite) qui nécessite une restructuration
de l'identité qui n'est pas toujours évidente ;
Ø Du problème de discriminations liées
à l'âge : discrimination dans l'accès à la
formation, ou dans la progression de carrière (avec de s
phénomènes avérés de plafonnement de
carrière).
Toutefois, la littérature sur la gestion des
travailleurs vieillissants s'accorde sur le fait que cela présente des
avantages sérieux.
2. Les avantages du travailleur vieillissant pour
l'entreprise
Pour GUILLERMARD et JOLIVET, le sentiment
général des travailleurs vieillissants est le « bien
vieillir ». Ainsi, ils indiquent que « dans leur métier,
ils sont satisfaits, contents, fiers de leur travail ». Les avantages
du travailleur vieillissant sont, selon eux, de « l'ordre du respect, de
la ponctualité, d'une grande fidélité à l'employeur
et d'un faible taux d'absentéisme, en plus de l'expérience
s'exprimant par des compétences, de la transmission du savoir faire,
etc. ».
Par ailleurs, l'allongement de l'espérance de vie
apporte un bénéfice à la dynamique interne et au
développement des entreprises. Cela permettrait ainsi de sortir d'une
logique victimaire et gagner de l'estime de soi en favorisant une phase
d'engagement professionnel enrichissante pour l'entreprise. Pour ce faire, il
faudrait attirer l'attention des responsables vis à vis de la situation
des travailleurs vieillissants. D'après Michel CROZIER, rien ne peut
être changé par « décret » ou par « effet
d'annonce », tant que le corps social n'est pas persuadé des
« bienfaits » que cache le changement espéré.
Il serait bénéfique de développer la
mobilisation et la participation des acteurs afin de permettre l'expression des
salariés sur cette question grâce à des groupes de travail,
par exemple, d'anticiper les effets du vieillissement des salariés et la
pénibilité au travail, de prévenir les risques de perte de
compétences ou de démotivation et de concilier souhaits de
départ et conditions de maintien dans l'emploi.
bien qu'un senior représente un coût salarial
plus élevé, recruter et former des jeunes sans
expérience est une charge humaine et financière importante
ce qui laisserait penser que le maintien des seniors paraîtrait plus
opportun.
Ainsi la prise en compte des travailleurs vieillissants
paraît être une question indiquée à traiter.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA GESTION
DES TRAVAILLEURS VIEILLISSANT A ENEO
Il sera question dans cette partie d'analyser de
manière empirique les méthodes et les pratiques de gestion des
travailleurs vieillissants et de proposer des plans d'actions permettant
à l'employé de finir sa carrière dans les meilleures
conditions possibles et à la structure de bénéficier de
son expérience le plus longtemps possible.
CHAPITRE 3 : REGARD SUR LA GESTION DES
TRAVAILLEURS VIEILLISSANTS A ENEO CAMEROUN
Pour AKTOUF O. (1987), la méthodologie consiste
à un bon usage des méthodes et techniques de recherches. Selon
cet auteur, la méthodologie ressort toutes les étapes
empruntées par le chercheur pour parvenir aux résultats
présentés. Ainsi, il s'agira pour nous dans ce chapitre de
présenter dans la première section la démarche
d'investigation et la méthodologie d'enquête, et dans la
deuxième section, la présentation et l'analyse des
résultats de l'enquête.
SECTION 1 : DEMARCHE D'INVESTIGATION ET
METHODOLOGIE DE L'ENQUETE
Il s'agit de décrire les étapes qui ont
jalonnées la réalisation de notre étude. Celles-ci vont du
cadre de la recherche à la mise en oeuvre de l'étude.
I. LE CADRE DE LA RECHERCHE
Le travail de recherche scientifique peut se définir
comme « un effort analytique, rigoureux, progressif et
systématique d'éclaircissement d'une situation, d'un fait ou d'un
ensemble de faits à l'aide d'outils et de techniques
spécifiques » (AKTOUF O. 1987). Il est donc une contribution
aussi petite soit-elle à l'édifice des connaissances
générales sur les différents aspects de la
réalité et ceci quel que soit le domaine d'activité. Ainsi
entre les objectifs de l'étude et la manière dont ils sont
atteints, il existe plusieurs démarches possibles, d'où la
nécessité pour nous de les énoncer avant de
procéder à notre chois méthodologique.
1. Présentation des différentes
méthodes de recherches et leurs limites
Il existe une pluralité de méthodes de recherche
dont deux qui sont généralement utilisées en sciences
sociales (approche qualitative et approche quantitative) et qui feront l'objet
de notre exposé.
Ø L'approche qualitative de la recherche et ses
limites
Elle consiste à partir du particulier pour
généraliser. On dit quel est inductive et de nature
phénoménologique. On observe des caractéristiques
précises sur un ou plusieurs individus (objet de la recherche) d'une
classe et on essai de démontrer la possibilité de
généraliser ses caractéristiques à l'ensemble de la
classe considérée. Elle est très utilisée en
sciences sociales car comme le dit MINTZBERG : « au fil de
nos recherches et de façon croissante, nous avons été
impressionnés par l'importance des phénomènes qui ne
peuvent pas être mesurés, par l'influence de l'histoire de
l'organisation et de son idéologie sur la stratégie courante,
c'est marquer l'âme véritable de l'organisation ».
Cette méthode présente des avantages et des
inconvénients. Comme avantage, nous pouvons souligner le fait que chaque
résultat puisque être illustré par des détails est
un atout majeur. Dans cet ordre d'idées, la tâche du chercheur ne
devrait pas être seulement d'accumuler des données factuelles,
mais de mettre en lumière des différentes constructions et
significations que les gens attribuent à leurs expériences.
Cependant, les partisans des logiques quantitatives ont
souvent relevés plusieurs inconvénients inhérents à
la démarche qualitative. Ils estiment que l'approche qualitative rime
avec subjectivité, laquelle tend souvent à remettre en question
la réalité scientifique ou objective des analyses. Aussi,
l'interprétation des données peut être sujette à des
biais d'information, car elle repose sur les entrevues avec des facteurs du
processus à étudier. Ainsi, elle ne permettrait pas que des
explications individuelles, difficilement généralisables.
Ø L'approche quantitative de la recherche et
ses limites
Elle est encore appelée approche déductive car
elle consiste à analyser le particulier à partir du
général ou à lire une situation concrète
spécifique à l'aide d'une grille théorique
générale préétablie. Elle est aussi
utilisées dans les études ou les données peuvent
être escomptées, mesurées ou sont susceptibles
d'accroissement ou de diminution. Une idée reçues dans ce domaine
des sciences est de considérer qu'une recherche doit essentiellement
vérifier des hypothèses à priori énoncées le
plus souvent sous forme de proposition mathématique, car cette technique
s'avère rapide et peut offrir des résultats directement pertinent
pour les décisions.
Par ailleurs, cette méthode tend à être
peu flexible et parfois artificielle dans ce sens que les mesures n'ont plus
grand-chose à voir avec les construits théoriques qu'elles sont
sensées représenter. En outre, il semblerait que cette
méthode soit peu efficace pour expliquer les processus et les sens que
les gens attribuent à leurs actions, car la validité et la
robuste des outils des analyses priment sur les sens.
Malgré cette distinction, il y a lieu de
préciser que la mise en oeuvre des méthodes n'empêche
l'utilisation de l'autre dans la mesure où les deux méthodes
peuvent être complémentaires. Ainsi, il existe une multitude de
modes de recherches qui combinent les deux types de recherche ; il s'agit
notamment des démarches dites combinatoires utilisant à la fois
le quantitatif et le qualitatif.
Le tableau ci-après nous permet de mieux comprendre les
nuances qui existent entre ces approches et de voir quelles peuvent être
leur usage respectif.
APPROCHES
|
ELEMENTS CARACTERISTIQUES
|
Qualitative
|
Nature des données : données non
numériques et faible taille de l'échantillon ;
Orientation de la recherche : exploration,
généralement qualitative ;
Flexibilité : très flexible, le chercheur
peut modifier en mi parcours la question de question de recherche afin que les
données du terrain soient proches de la réalité.
|
Quantitative
|
Nature des données : données
numériques ou métriques, taille de l'échantillon
élevée ;
Orientation de la recherche : vérification, test
quantitatif des hypothèses suivant une pensée cartésienne
et déductive allant du général au particulier ;
Flexibilité : rigide, car tout est défini
dès le départ.
|
Combinatoire
|
Nature des données : données
numériques et non numérique, taille de l'échantillon
variable ;
Orientation de la recherche : le qualitatif constitue une
étape nécessaire dans la conduite du quantitatif ;
Flexibilité : plus ou moins flexible
|
Source : THIERTART (2003), le management, PUF.
Pour notre part, nous avons opté dans le cadre de notre
étude pour une démarche qualitative.
2. Choix de la méthode de recherche :
l'approche qualitative (recherche exploratoire)
La sacro-sainte tradition en sciences sociales qui tend
à privilégier le quantitatif en dépit de la nature
même du sujet ou du phénomène à expliquer nous
semble excessive. Le caractère exploratoire ou descriptif d'une
recherche implique l'adoption d'autre mode de réflexion que les seules
variables métriques dont la littérature ne cesse d'arborer les
insuffisances. Notamment les erreurs dommageables liées aux
échantillons de convenance et aux variables incorrectement
opérationnalisées.
L'approche qualitative, par utilisation des techniques
ouvertes, permettent d'appréhender les phénomènes sous
leur forme exhaustive. MINTZERG pense ainsi que « les
méthodologies simples ou directes conduisent à des
résultats utiles ». Les conclusions de l'auteur reposant sur
le constat selon lequel de nombreux phénomènes, dans une
organisation ne peuvent être mesurées.
D'autres auteurs vont dans le même sens et pensent d'une
part que l'approche qualitative, malgré le nombre de personnes
interrogées peut dégager des conclusions suffisamment solide,
notamment pour tout ce qui peut se ramener à l'inventaire plus au moins
structuré d'attitude de représentation, de comportement, de
motivation et de processus. D'autre part que certaines composantes affectives
des situations étudiés sont souvent très difficiles
à saisir par un questionnaire, faute d'un vocabulaire adéquat et
adapté à tous les cas, et aussi parce que c'est une
méthode qui permet facilement des rationalisations : une personne
domine mieux ses réponses à des questions précises que
face à un enquêteur non directif.
Nous retenons comme stratégie de recherche qualitative
celle de l'étude de cas pour comprendre en quoi la prise en compte du
vieillissement des travailleurs peut amener le professionnel à finir sa
carrière dans les meilleurs conditions possibles et la structure de
bénéficier de son expérience le plus longtemps possible.
II. MISE EN OEUVRE DE L'ETUDE
Nous montrerons dans cette partie les différentes
étapes de collecte des données et les étapes
utilisées pour le traitement de ces données.
1. La collecte des données
Nous présenterons ici la population cible,
l'échantillon, les outils de collectes de donnés, et les
difficultés rencontrés.
Ø La population cible
Tenant compte des délais, des ressources dont nous
disposons, des contacts et informations sur lesquels nous pouvons
raisonnablement compter, nous délimiterons notre champ d'étude
à ENEO Cameroun. Mais pour connaitre le fonctionnement d'une entreprise,
les informations utiles sont obtenues auprès des éléments
qui le constituent à savoir sa population. En effet, pour
réaliser ses activités, l'ensemble ENEO CAMEROON, KPDC, DPDC
dispose d'un effectif de près de 3747 salariés (en fin juin
2014) dont 1172 cadres, 1414 techniciens et agents de maîtrise et 1161
employés et ouvriers. Les activités techniques et commerciales
consomment près de 73,50% des effectifs et le reste (26,50%) sont
consommés par les activités support. La pyramide des âges
de l'entreprise en forme de pelote de laine décrit une population
vieillissante avec une moyenne d'âge de 44,43ans et un âge
médian de 49,99ans. Cette situation peut en partie s'expliquer par le
fait qu'elle soit une ancienne société d'Etat (privatisée
en 2001). Ainsi, le choix de notre population portera sur les dirigeants d'ENEO
CAMEROON, mais aussi sur le personnel vieillissant.
Ø La composition de l'échantillon
On entend par
échantillonnage : « une petite quantité d'un
produit destinée à en faire connaître les qualités
ou à les apprécier ou encore une portion représentative
d'un ensemble, un spécimen » (AKTOUF 1987). Ainsi, dans le
processus de recherche, il n'est pas toujours possible de faire des mesures ou
des observations sur un ensemble des objets ou des personnes concernés
par l'étude. Il devient alors nécessaire d'en extraire un
échantillon. Extraire un échantillon c'est choisir selon les
critères définis à l'avance, un certain nombre d'individu
parmi les individus composant l'ensemble concerné par l'étude,
afin de réaliser sur eux des mesures ou des observations qui permettrons
de généraliser les résultats.
Nous avons procédé à un
échantillonnage selon le jugement dans le cadre de notre étude.
En effet, l'échantillonnage selon le jugement permet au chercheur de
sélectionner un échantillon parce qu'il juge que celui-ci lui
permet d'atteindre les objectifs de recherche.
Dans le cadre de cette étude, nous sommes entrés
en contact non seulement avec l'équipe managériale, mais
également avec quinze (15) personnes choisies parmi le personnel
d'encadrement et reparties comme suit :
IDENTIFICATION
|
GENRE
|
ANCIENNETE
|
AGE
|
E1
|
M
|
23
|
56
|
E2
|
M
|
26
|
53
|
E3
|
F
|
31
|
50
|
E4
|
M
|
33
|
58
|
E5
|
F
|
21
|
48
|
E6
|
M
|
18
|
50
|
E7
|
M
|
26
|
50
|
E8
|
F
|
25
|
59
|
E9
|
F
|
15
|
48
|
E10
|
M
|
37
|
64
|
E11
|
M
|
21
|
53
|
E12
|
F
|
25
|
57
|
E13
|
M
|
18
|
44
|
E14
|
F
|
16
|
56
|
E15
|
M
|
17
|
52
|
Légende : E= employé ; M=
masculin ; F= féminin
Ø Les outils de collectes de données
Les outils de collectes des données sont
utilisés en fonctions de la nature des données à collecter
(données primaires ou données secondaires). Les différents
outils de collecte de données utilisés sont : l'observation,
la recherche documentaire et l'enquête. Dans le cadre de notre
étude, nous avons eu recours à l'observation, la recherche
documentaire et l'enquête au travers des entretiens.
L'observation est un outil de collecte de
données largement utilisé en science sociale. Elle peut
être définie comme l'enregistrement de façon
« précise et systématique des activités
auxquelles se livrent les gens dans leur cadre normal ». Elle peut
être utilisée dans le cadre d'une étude exploratoire
dès lors qu'il s'agit de comprendre un phénomène. Notre
séjour à ENEO par le biais de notre stage académique nous
a permis d'accorder une attention particulière au
phénomène de vieillissement des travailleurs auquel l'entreprise
est confrontée.
La recherche documentaire offre un
ensemble d'informations à partir des écrits
permettant ainsi de décrire, de comprendre et de cerner un ensemble de
concepts et de théories. Ainsi, la recherche documentaire nous a permis
de cerner le concept de vieillissement et d'avoir des renseignements sur les
caractéristiques de l'effectif d'ENEO CAMEROON.
L'entretien semi-directifs permet d'utiliser
des « questions-guides, relativement ouvertes » dans l'ordre ou le
désordre et dans la formulation initiale ou non. Cela laisse une plus
grande liberté d'expression malgré un objectif et des consignes
communes. Les objectifs de cette méthode d'entretien correspondent
à notre recherche :
- « L'analyse du sens que les acteurs donnent
à leurs pratiques et aux évènements auxquels ils
sont confrontés : leurs systèmes de valeurs, leurs
repères normatifs, leurs interprétations de situations
conflictuelles ou non, leur lecture de leurs propres
expériences ;
- L'analyse d'un problème précis : ses enjeux,
les points de vue en présence, systèmes de relation, le
fonctionnement d'une organisation ;
- La reconstitution d'expériences,
d'événements du passé, de processus d'actions ».
Dans les conditions de réalisation de l'entretien,
notre priorité a été d'instaurer une relation donnant la
possibilité aux interviewés de s'exprimer librement grâce
à des questions ouvertes en introduisant des techniques de relances, des
silences, des répétitions ou des reformulations. L'objectif
était d'obtenir suffisamment de propos permettant la production d'une
analyse et d'un écrit.
Les guides d'entretien nous ont permis de collecter les
informations lors de nos entretiens semi-directifs. Le premier guide (annexe 1)
adressé à deux responsables des ressources humaines est
constitué de quatre (04) grands thèmes à savoir :
- Les généralités sur
l'entreprise ;
- Les conditions de travail ;
- La formation ;
- L'aménagement.
Et le second destiné au personnel porte sur les
thèmes de l'incidence du vieillissement sur le travailleur et la
place du travailleur vieillissant dans son environnement (annexe2).
Ø Les difficultés rencontrées
Ce travail ne s'est pas fait sans difficultés. Les
difficultés rencontrées sont entre autres :
- L'absence de documentation
Notre travail a rencontré difficultés au niveau
de la recherche des informations sur la gestion des travailleurs vieillissants,
ce qui nous à contraints à recourir à des sources
électroniques.
- Les difficultés de terrains
La réticente de certains interviewés à
certaines questions, le manque de temps à nous accordés, les
rendez vous sans cesse reportés sont entre autres les difficultés
rencontrées sur le terrain.
2. Le processus de traitement des données
qualitatives : l'analyse du contenu
L'analyse de contenu est définie par BARDIN (2003)
comme : « un ensemble de technique d'analyse de communications
visant, par des procédures systématiques et objectives de
descriptions du contenu des messages, à obtenir des indicateurs
(quantitatif ou non) permettant l'inférence de connaissances relatives
aux conditions de productions/réceptions (variables
inférées) de ces messages ».
L'analyse de contenu ainsi défini, elle se fait
généralement en trois étapes que sont le pré
analyse, l'exploitation du matériel et le traitement des
résultats et l'interprétation.
v Le pré analyse et l'exploitation du
matériel
Cette étape a pour but de préparer l'analyse
proprement dite, ce qui nous a permis de découper le corpus, de
dégager les idées générales issues de chaque
questions, de les catégoriser et de les attribuer un code.
Le tableau ci-contre présente les dimensions, les
composantes et les indicateurs qui serviront à l'analyse, le guide
d'entretien se trouvant en annexe.
CONCEPT
|
DIMENSION
|
COMPOSANTE
|
INDICATEUR
|
LE VIEILLISSEMENT
|
Son incidence
sur le
travailleur
|
Charge mentale
|
Résistance au stress,
Contraintes de temps,
Rythme de travail,
Charge de travail
|
Besoin d'autonomie
|
Liberté d'action dans leur pratique,
Consignes ou rapports écrits,
Peur de l'erreur,
|
Besoin relationnel
|
Collectif de travail,
Isolement,
Relations
intergénérationnelles
|
Sa place dans
son
environnement
|
Risques psycho-sociaux
|
Usure
professionnelle
Risques de burn out
|
Reconnaissance
professionnelle
|
Du travailleur,
Economique,
Symbolique,
Pratique,
Sociale
|
La transmission des savoirs
|
Formateur
Référent, tutorat
Formation
|
Aménager l'environnement
|
Moyens matériels,
Nouvelles technologies,
Locaux
|
Dés lors, nous passons à l'analyse et à
l'interprétation des résultats.
SECTION 2 : LA GESTION DES TRAVAILLEURS
VIEILLISSANTS : ANALYSE DES RESULTATS DE L'ENQUETE
Cette section sera consacrée d'une part à
l'analyse des résultats de l'enquête exploratoire menée
auprès des cadres dirigeants de la Direction des Ressources Humaines,
puis à la présentation et analyse des données issues de
l'enquête de terrain.
I. L'ENQUETE EXPLORATOIRE
Il est question dans cette partie de ressortir les objectifs
de l'enquête exploratoire, puis d'analyser les résultats issus de
cette enquête.
1. Objectif de l'enquête exploratoire
Notre objectif ici était d'obtenir une première
vision sur la prise en compte du vieillissement du personnel et plus
particulièrement du personnel d'encadrement, mais aussi de mieux
délimiter les contours de notre recherche et de vérifier
si ENEO CAMEROON s'intéressent à la question du
vieillissement.
Une analyse des résultats de cette enquête permet
de dire que les dirigeants sont d'accord sur le fait qu'il est important de
gérer les âges et de prendre en compte le vieillissement
des travailleurs. Cela permettra à ces professionnels de terminer
dans de meilleures conditions leur carrière, et ainsi
d'être bénéfiques à l'établissement jusqu'au
bout.
2. Analyse de l'enquête exploratoire
Quatre grands thèmes sont abordés, à
savoir la description de la population salariée, la
pénibilité au travail, la formation et l'aménagement du
travail.
Les généralités démographiques, et
plus particulièrement le rapport mensuel juin 2014 d'ENEO, nous ont
instruit sur le nombre de salariés totaux, la moyenne
d'âge, la répartition par tranche d'âge,
l'ancienneté moyenne. Les chiffres, qui nous ont été
donnés, montrent plusieurs points. La moyenne d'âge est de 44,43
ans et l'ancienneté moyenne de 16,31 ans. Les recrutements
effectués ne ralentissent pas de façon significative le taux de
vieillissement (nombre des salariés à X ans de la retraite par
rapport à l'effectif total) de l'effectif. Ce taux de vieillissement est
de 18,58% pour la tranche d'âge comprise entre 55 ans et plus et de
39,19% pour la tranche d'âge comprise entre 50 ans et plus
Les conditions de travail : Une visite à la
Sous-direction en charge de la médecine et de la santé au
travail, nous renseignait sur l'apparition des NPSP (Nouveaux Problèmes
de Santé Publique) tels que le stress et l'anxiété qui
affectent négativement le moral des agents.
On note également une augmentation continue du taux
d'absentéisme depuis l'année 2010. Plus le temps passe, plus les
absences au travail augmentent (de 1.5% en 2010, il est passé à
2.5% en 2013)
En ce qui concerne la formation, le résultat nous
amène à nous interroger sur la spécificité des
formations dispensées. En effet, le système de formations
à ENEO n'est pas conçu de manière à répondre
aux besoins spécifiques des travailleurs vieillissants. Les formations
sont dispensées de la même manière pour tous les
employés.
L'aménagement du travail, pour finir, nous indique que
les agents ne bénéficie pas d'aménagements d'horaires,
d'aménagements ergonomiques de poste et d'affectations dans de nouvelles
activités (formateur, expert, conseil, etc.). Mais le tutorat existe
pour encadrer les nouveaux arrivants.
II. PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES DE TERRAIN
Dans cette partie, non procéderons à la
présentation des résultats de l'enquête de terrains, mais
également à son analyse.
1. Présentation et traitement des
résultats
Nous nous proposons de présenter la recherche que nous
avons effectuée sur les entretiens par rapport aux différentes
variables
Ø L'incidence du vieillissement sur le
travailleur
v Charge mentale
La charge mentale est citée par l'ensemble des 15
personnes interviewées, soit 100% de réponses. Ils
déclarent que cette charge mentale existe, mais seulement 27%
l'expriment indirectement, sans employer, toutefois, les mêmes termes
comme pour E2 « la pénibilité mentale y est aussi
», E9 « la charge mentale augmente », E12 «
Psychologiquement, par contre, on charge » et E15 « les
conditions mentales augmentent de plus en plus ».
En ce qui concerne la « résistance au
stress » 53% des interviewés déclarent des
difficultés pour y faire face. Et 20% d'entre eux, la nature du
stress, aurait des origines organisationnelles. Pour E12 par exemple, «
ce qui est difficile ce sont les changements, c'est l'adaptation aux
changements, l'organisation est désormais centrée sur les
besoins du client».
En ce qui concerne l'indicateur « charge de travail
», nous observons que seulement 27% l'évoquent. Pour certains
d'entre eux, à coté de ceux qui se tue à la tâche,
il y en a qui ne font rien.
Par ailleurs, 13% déclarent que cette charge mentale
augmente en prenant de l'âge. E4 décrit que « quand on
vieillit on a globalement une résistance au stress moindre
» « résistance au stress, fatigabilité,
réactivité [...] c'est physiologique, c'est inévitable
». E6 parle de « charges psychologiques qui s'accentuent avec la
prise de l'âge ».
v Besoin d'autonomie
Douze interviewés sur 15 ont évoqué la
composante « besoin d'autonomie », soit 80%. Mais seulement 92%
expliquent positivement ce besoin d'autonomie et un seul sur les 12 en parle
négativement. Pour E14 « avec de la pratique ce sont des choses que
tu maitrise », pour E1 il y a « une marge d'autonomie ».
v Besoin relationnel
100% des interviewés déclarent avoir de bonnes
relations interprofessionnelles comme E14 « on a une bonne relation
et [...] coopération avec les collègues [...] on arrive
à bien communiquer entre nous, avec respect aussi ».
L'indicateur de « relations
intergénérationnelles » est mentionné par 9
interviewés, à savoir 60%. On constate que seulement 5
interviewés expriment des difficultés
intergénérationnelles, les quatre autres affirment que
l'intergénérationnel ne leur pose pas de problème.
Pour E10 « on ne ressent pas de problème
intergénérationnel », pour E12 « il n'y a pas de
problèmes intergénérationnels, il y a des liens. »,
E3 « il n'y a pas de problèmes avec les jeunes » et E5 «
les plus jeunes, bien que peu nombreux, ne me posent pas de problèmes
».
Ø La place du travailleur vieillissant dans son
environnement
v Risques psycho-sociaux
Sept interviewés sur les 15 au total,
évoquent la composante « risques psycho-sociaux », soit
47%. E4 par exemple explique qu'elle est seule dans un service beaucoup
sollicité et frôle parfois épuisement.
Ce même interviewés s'exprime aussi sur «
l'usure professionnelle » en déclarant que « la population
s'use » et « Je me fais du souci parce que je vois au fur
et à mesure les gens qui développent des maladies [...]
liées au stress ».
v Reconnaissance professionnelle
100% des interviewés ont abordé la composante
« reconnaissance professionnelle ». Toutefois, 53 % la remettent en
cause, et 27% ne la contestent pas. E14 déclare que « notre place
est reconnue au sein de la direction », et E15 que « je ne ressens
pas de problèmes de reconnaissance ».
47% des interviewés évoquent l'indicateur
concernant la « reconnaissance économique ». Deux s'expriment
sur le thème de la rémunération, dont E14 qui annonce qu'
« au niveau salarial, moi personnellement, je n'ai pas de souci. »
Trois autres, de cette même catégorie, parlent
des perspectives de carrière. E14 dit que sa fait des années
qu'il est au même poste et vu son âge et il ne pense pas avoir
d'avancement dans sa carrière.
La « reconnaissance symbolique » est citée
par seulement 20% des interviewés. Ainsi, un interviewé parle de
la valorisation du bien faire en donnant une définition de la
reconnaissance. E11 déclare ainsi que « moi la reconnaissance,
c'est ce que je rends au personnel avec qui je travaille c'est-à-dire
[...] les gens qui travaillent bien que vous sachiez leur dire, les gens qui
travaillent mal le leur dire aussi et leur dire demain j'espère que je
pourrai vous dire que vous travaillez bien».
La « reconnaissance pratique » est mentionnée
par 33% des infirmiers, dont trois de façon positive et deux de
façon négative.
Du point de vue positif, c'est la bonne utilisation des
compétences qui est citée par trois interviewés.
Du point de vue négatif, deux infirmiers
déplorent le non respect du rôle propre de leurs fonctions.
v La transmission des savoirs
80% des personnes interviewées ont abordé
la composante « transmission des savoirs », c'est-à-dire 12
sur 15.
L'indicateur « formateur » est peu
évoqué. Seuls trois interviewés ayant répondu
à ce thème y font référence. Pour E9 qui emploie le
terme de tuteur au lieu de formateur, « nous sommes des terrains de
stage, donc des tuteurs, les compagnons à l'apprentissage ».
En ceci concerne la transmission des savoirs, E11 fait remarquer qu'« il
faut quand même que les gens qui vieillissent aient envie d'accompagner
parce que mettre quelqu'un qui est vieillissant [...] sans se demander si
ça l'intéresse, c'est dommage, cela peut produire tout sauf ce
qu'on attend ».
En ce qui concerne les bénéficiaires, E1
déclare, « le tutorat ce fait automatiquement, [...] il y a le
tutorat des étudiants, [...] le tutorat des nouveaux arrivants »,
et E13 « j'encadre les stagiaires ou les nouveaux arrivants ».
Par ailleurs, les interviewés expliquent les
difficultés de mettre en place le tutorat. 80% mentionnent un manque
de disponibilité. Et 20% évoquent le fait que ce tutorat
n'existe pas encore. E10 explique que « nous sommes en train de
l'organiser » et pour E11 « on n'a pas encore bien mi en place ce
tutorat, on essaye mais ce n'est pas encore quelque chose qui a
été bien compris ou dont on s'est bien saisi ».
Pour ce qui est de la formation, les entretiens indiquent dans
quelles conditions sont formulées les demandes de formation. Pour
E6 « je suis des formations régulièrement et n'hésite
pas à en demander lorsque j'en ressens le besoin », E9 « quand
elles partent en formation, ce sont bien entendu les formations qu'elles
ont choisies [...] et d'autres institutionnelles », E11 « ces
formations sont aussi bien pour les infirmières jeunes que pour les
infirmières plus âgées » et E10 « les demandes de
formation sont faites via l'entretien annuel que fait chaque cadre avec ses
agents ».
Certains donnent sur les raisons de suivre des formations.
Pour E9, la formation permet de prendre du recul, de respirer : «
formation interne parce que c'est un élément qui est salvateur
pour faire relâcher la pression [...] mais ce n'est pas le même
fonctionnement, pas les mêmes contraintes horaires ».
v Aménagement de l'environnement
En ce qui concerne l'indicateur « moyens matériels
», 14 interviewés disent qu'il existe du matériel.
Toutefois, un interviewés remet en question ces moyens en
évoquant des problèmes d'organisation.
Au sujet des « nouvelles technologies », les
avis sont partagés. Certains expriment le fait qu'ils ne sont pas ou
plus adaptés. E5 précise que « c'est l'informatisation qui
me pose le plus de problème ».
Ces nombreux renseignements collectés nous
éclairent sur la question du vieillissement à ENEO CAMEROON.
Maintenant, nous allons réaliser l'analyse de ces données.
2. Analyse et interprétation des
résultats
Les enquêtes réalisées auprès
d'ENEO CAMEROON nous ont permis de réaliser les analyses suivantes.
Les résultats montrent une charge psychologique forte
qui se manifeste par une faible résistance au stress. De plus à
cotés de ceux qui se tuent à la tâche, certains
employés par contre se tournent les pousss. L'enquête tend
à montrer également que l'endurance psychologique diminue en
prenant de l'âge.
L'enquête fait ressortir, en ce qui concerne l'autonomie
dans le travail, une certaine liberté d'action.
Les relations intergénérationnelles : des
différences sont mises en évidence au travers de plusieurs
éléments. Désaccord sur le sens du travail provenant de
l'existence d'une distinction entre les savoirs théoriques et les
savoirs faires (expérience au travail).
La reconnaissance professionnelle : Les
interviewés déclarent qu'en vieillissant, ils n'ont pas
les mêmes attentes de reconnaissance qu'en débutant. La
reconnaissance par le salaire et la reconnaissance par la perspective de
carrière existe mais est remis en cause. Par contre, selon les
interviewés, donner satisfaction aux souhaits émis
(changement de service, horaires, formations, etc.) peut être une
solution.
La transmission des savoirs : les interviewés
expriment le fait que des temps pour des fonctions de tuteur ou de
formateur, souvent à temps partiel, sont compris dans leurs heures de
travail. Toutefois, selon les interviewés interrogés,
l'âge n'est pas une compétence en soi pour la transmission des
savoirs. Il faut que la personne ait l'envie de transmettre, c'est-dire de
communiquer, de faire passer ses connaissances, mais aussi d'encadrer une autre
personne. Ils déclarent, par ailleurs, qu'une dynamique de
formation existe, au travers la formation tout au long de la vie
négociée ce qui favorise l'acquisition de l'expertise. Cependant
cette dynamique de formation n'est pas toujours en adéquation avec les
besoins réels des travailleurs vieillissants.
Aménagement de l'environnement : les contraintes
environnementales ne sont pas les plus citées par les
interviewés. Seuls des facteurs architecturaux sont relatés
tels que la qualité des locaux (vétuste) ou encore
inadaptés. Une différence de propos existe sur l'environnement
matériel, elle est lié soit au fait qu'il ne maitrise pas
l'outil, soit parce qu'ils sont réfractaires à l'outil.
Pour faire suite à ce travail empirique, nous allons
examiner les prolongements possibles. Car en effet, des solutions pour
aménager le « bien vieillir » peuvent être
envisagées.
CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES ET PLANS D'ACTIONS POUR
UNE GESTION OPTIMALE DES TRAVAILLEURS VIEILLISSANTS
Comme nous l'avons précédemment vu, le
vieillissement est souvent défini en termes de déclin des
capacités fonctionnelles des individus. Néanmoins, il existe une
série de moyens et de ressources afin de contourner cette involution.
Plus encore, le recours à certaines stratégies permettrait non
seulement de détourner les effets négatifs du vieillissement
biologique mais également ceux des différentes contraintes
inhérentes à l'organisation actuelle du travail. Ainsi, il
s'agira pour nous dans ce chapitre de présenter dans la première
section les plans d'actions pour une meilleure gestion des travailleurs
vieillissants, et dans la deuxième section, les composantes clés
à la mise en oeuvre de ces plans d'actions.
SECTION 1 : PLANS D'ACTIONS POUR UNE MEILLEURE
GESTION DES TRAVAILLEURS VIEILLISSANTS
Nous allons dans cette section recenser différentes
pratiques gestionnaires liées au vieillissement des effectifs.
I. LA GESTION DES CARRIERES ET LE DEVELOPPEMENT DES
PARCOURS PROFESSIONNELS
La gestion des travailleurs vieillissants passe par une
meilleure appréciation des performances et une meilleure gestion de la
mobilité dans les parcours professionnels
1. La gestion des performances
Dans l'optique d'une gestion des parcours et des
carrières, il est nécessaire de pouvoir apprécier
les performances des travailleurs en vue de prendre les meilleures
décisions possibles en termes de rémunération, de
formation, de mobilité interne ou externe, voire de promotion. A
ce titre, l'entretien d'évaluation annuelle et le bilan de
compétences constituent des outils privilégiés pour ce qui
a trait aux besoins de formation et aux désirs d'évolution des
travailleurs. ENEO doit développer ces outils de manière
proactive en instaurant un dialogue auprès de l'ensemble des
travailleurs sur la nature de leurs attentes, de leurs intentions, ou de leurs
aspirations, et en tentant d'y donner une suite favorable.
Ø L'entretien d'évaluation
annuelle
L'entretien d'évaluation annuelle est un outil
personnalisé de gestion des carrières au cours duquel un
collaborateur et son N+1 discutent de l'atteinte ou non d'objectifs
fixés préalablement. L'entretien prend place dans le contexte
plus général de l'évaluation des performances des
collaborateurs. Cette évaluation est d'une grande importance
étant donné qu'elle a notamment pour objectif de
déterminer les pistes et axes d'évolution de carrière des
travailleurs en tenant compte des forces et des faiblesses
manifestées au cours de l'année écoulée. Selon
Hindley & Aparisi (2008), trois éléments principaux
doivent être estimés au cours d'un entretien d'évaluation.
Il y a tout d'abord la performance, qui se mesure en comparant le
résultat obtenu pour un indicateur donné avec l'objectif
fixé. C'est donc le résultat des actions passées. Ensuite,
il y a les compétences qui ont été
développées durant l'année et qui doivent être
évaluées par rapport au référentiel de
compétences défini par l'entreprise. Enfin, il y a le potentiel.
Celui-ci s'apprécie plus difficilement et fait souvent l'objet d'une
discussion ou d'une appréciation collective. Alors que
l'évaluation des compétences permet à l'employeur de
définir des plans de développement pour chaque travailleur,
l'évaluation de la performance et du potentiel aident à la prise
de décision au niveau salarial et vis-à-vis de l'orientation de
carrière. Il est nécessaire de veiller à ce que
l'entretien d'évaluation annuelle soit destiné à tous et
à ce que les critères d'évaluation ne soient pas
discriminants en matière d'âge. Enfin, il est recommandé de
former les jeunes managers à l'évaluation des seniors, ces
derniers pouvant mal vivre un entretien avec un supérieur ayant
20 ans d'expérience de moins qu'eux.
Ø Le bilan de compétences
Le bilan de compétences est également un
outil de gestion des carrières qui se destine ici
particulièrement aux travailleurs en milieu de carrière,
ainsi qu'aux seniors. L'objectif de ce bilan est de récolter des
informations (au cours d'un entretien) auprès de chaque collaborateur
concerné afin de développer avec lui un plan permettant
de lutter contre le plafonnement de carrière et d'utiliser au maximum
son potentiel.
Guérin et Saba (2003) ont déclaré qu'il
était nécessaire d'adapter ces pratiques aux
caractéristiques des travailleurs. Ainsi, il est important
d'établir un climat de confiance avec eux afin de lutter contre
l'éventuelle gêne (intolérance des autres, jugement,...)
associée à la modification de leur plan de carrière. En
outre et cela est d'autant plus important que les travailleurs concernés
sont âgés - il semble essentiel d'utiliser des techniques
permettant de lutter contre la diminution possible de certaines de
leurs facultés (par exemple, en leur permettant de s'appuyer
davantage sur leurs acquis que sur de nouvelles méthodes de
travail). Enfin, toujours en ce qui concerne les seniors, il peut
s'avérer nécessaire de mettre en place une organisation
temporelle relativement souple visant à leur permettre de
progresser à leur rythme. La mise en place d'un bilan de
compétences permet par conséquent de cerner et de
répondre du mieux possible aux besoins et aux souhaits du
travailleur, tout en conciliant ceux-ci à l'évolution et au
développement des emplois et des compétences dans
l'entreprise.
2. La gestion des carrières
Face aux changements relativement rapides qui
caractérisent les milieux de travail de nos jours, les activités
de développement professionnel, et donc de mobilité au travail,
ont pris beaucoup d'importance. Au niveau organisationnel, la
mobilité des travailleurs se révèle
particulièrement utile en ce qu'elle permet d'améliorer la
performance des travailleurs, de faciliter la diffusion d'une culture en
interne et de gérer efficacement l'emploi en fonction des
évolutions des marchés. Au niveau individuel, cet outil permet
aux travailleurs de piloter et de construire leur carrière
professionnelle selon les opportunités qui leur sont offertes dans
l'organisation (Hindley & Aparisi, 2008).
Ces pratiques de mobilité doivent cependant
être destinées à l'ensemble des travailleurs. Or, la
recherche suggère que plus les travailleurs vieillissent, moins
ils participent à des activités de ce type. Pourtant, de
nombreux seniors seraient favorables à l'idée de continuer
à développer leur carrière, que ce soit parce qu'ils
connaissent trop bien leur travail ou parce qu'ils souhaitent conserver un
rythme de travail empreint de nombreux changements. En outre, lorsqu'un
individu arrive à un plafond dans sa carrière et qu'il n'a plus
la possibilité de miser sur son aspiration à l'avancement pour
s'épanouir au travail, il en vient à chercher d'autres
motifs de satisfaction en dehors de la sphère professionnelle.
Voilà pourquoi il est indispensable de ne pas réserver les
promotions à une catégorie de travailleurs en particulier.
Les entreprises en général et ENEO en particulier se doivent de
« briser » les plafonds de carrière et de proposer des
parcours intéressants, voire une seconde carrière aux seniors
afin d'éviter un déclin de leurs compétences au fil du
temps, ainsi qu'une dégradation des connaissances
organisationnelles.
II. FORMATION CONTINUE ET AMENAGEMENT DES CONDITIONS DE
TRAVAIL ET DE BIEN-ETRE
Pour une gestion optimale des travailleurs vieillissants, il
est aussi impératif de revoir les politiques et pratiques de formations,
mas aussi d'aménager les conditions de travail et bien-être.
1. La formation continue
Le monde du travail se caractérise aujourd'hui par des
changements rapides dans les processus et les pratiques utilisées. Ces
changements, s'ils ne sont pas pris en compte par les entreprises, risquent de
jouer un rôle négatif pour ces dernières en les rendant de
moins en moins compétitives. Les actions de formations permettent de
faire face à ces changements en offrant aux travailleurs la
possibilité de s'y adapter et de continuer ainsi à remplir les
missions et les tâches qui leur sont assignées tout au long de
leur vie professionnelle. Elles jouent donc un rôle essentiel dans le
maintien en emploi des travailleurs, mais aussi dans leur évolution vers
d'autres postes à travers l'apprentissage de nouveaux savoirs. C'est
pourquoi les employeurs et les employés doivent s'engager dans un
processus d'apprentissage tout au long de la vie pour maintenir la position
concurrentielle de l'entreprise.
En dépit de ce constat, la formation des travailleurs
âgés n'est généralement pas une priorité pour
les entreprises. D'autres aspects, tels que le développement de
produits, les besoins de la clientèle, ou les considérations
économiques sont plus importants aux yeux des décideurs. Ceux-ci
ont pourtant tout intérêt à proposer à leurs
salariés âgés de se former afin d'éviter les
dépenses et la perte de temps associées au recrutement de
collaborateurs supplémentaires, et afin d'éviter que les
compétences des travailleurs ne finissent par devenir obsolètes.
Selon Walker (1998), de bonnes pratiques en termes de formation continue
supposent donc que l'ensemble des travailleurs disposent des mêmes
opportunités d'apprentissage tout au long de la vie professionnelle,
avec une éventuelle adaptation des méthodes de formation aux
travailleurs âgés.
a. Le maintien en emploi des travailleurs grâce
à la formation
S'il est vrai que les employeurs ont tout intérêt
à prôner une approche de la formation tout au long de la vie
professionnelle, il n'y a par contre rien d'étonnant à ce que
certains d'entre eux s'étonnent de devoir investir dans des dispositifs
destinés à former des personnes qui ne resteront de toute
manière plus très longtemps dans leur entreprise ; qu'il s'agisse
de jeunes travailleurs risquant de changer d'emploi à la moindre
opportunité, de travailleurs en milieu de carrière souhaitant
donner un nouvel élan à celle-ci, ou de travailleurs
âgés désirant se retirer, partiellement ou
définitivement, du milieu professionnel. Cependant, un discours tel que
celui-ci, s'il est compréhensible, n'en est pas moins dangereux. En
effet, c'est peut-être justement à cause du manque
d'opportunités de se développer dans l'entreprise que les
travailleurs décident à un moment donné de quitter
celle-ci.
Pourtant, les métiers sont en constante
évolution et les capacités individuelles doivent
nécessairement évoluer sous peine de devenir obsolète. Ces
évolutions, couplées à un manque d'opportunités de
développement, expliquent en partie pourquoi les seniors connaissent
aujourd'hui des difficultés d'adaptation aux changements
organisationnels. Par conséquent, la formation demeure un facteur
clé de l'employabilité, en particulier aux âges
élevés. Afin d'éviter une mise à l'écart des
seniors et d'éviter par la même occasion que les travailleurs
moins âgées ne se démotivent au travail en voyant ce
à quoi elles se destinent d'ici quelques années, il est plus que
nécessaire de mettre en place des dispositifs de formation qui
intègrent l'ensemble des travailleurs, et pas uniquement les plus jeunes
d'entre eux. Ces dispositifs de formation sont d'autant plus nécessaires
qu'ils contribuent à l'amélioration du niveau d'habiletés
des travailleurs dans son ensemble, ainsi qu'au respect
intergénérationnel et à la performance globale de
l'organisation.
b. La formation continue en lien avec la gestion des
âges
Dans l'optique d'une gestion des âges inclusive, la
formation continue doit nécessairement tenir compte des
caractéristiques des différentes générations de
travailleurs et s'adapter à celles-ci. En ce sens, certaines pratiques
de formation favorisent un échange de connaissances tacites entre les
travailleurs d'âges différents à travers des situations de
transferts contextualisées. Par exemple, il devient possible pour les
seniors de partager avec les plus jeunes l'expérience qu'ils ont acquise
au fil du temps, ce qui leur procure de nouvelles responsabilités, ainsi
qu'une meilleure reconnaissance de leurs compétences dans
l'organisation. Les connaissances acquises par les plus anciens sont donc
transmises aux jeunes talents. Les échanges de connaissances pouvant se
faire au travers de pratiques telles que :
Ø Le tutorat
L'objectif du tutorat est de « permettre à un
apprenant de se former au contact d'un ancien plus expérimenté
» (Noyé & Piveteau, 2009). Le tuteur doit mettre en place
l'accueil des nouveaux apprenants, il doit leur expliciter son travail et ses
pratiques, leur fournir les moyens et l'aide nécessaires à la
situation d'apprentissage, les encourager et au final, procéder à
l'évaluation de leur parcours et des progrès qu'ils ont
réalisés. Il peut évidemment sembler difficile pour un
opérateur-tuteur de mettre des mots sur les tâches qu'il
exécute automatiquement. C'est pourquoi il est nécessaire de
proposer aux tuteurs de suivre eux-mêmes une formation visant à
apprendre à découper pas à pas les tâches
automatisées, à les lister et à mettre en place un guide
des procédures auquel il est ainsi possible de recourir en cas de besoin
(ARACT, 2010). Le tutorat est non seulement un moyen de transmettre des
pratiques à de nouveaux travailleurs, mais aussi de faire évoluer
les compétences des tuteurs eux-mêmes puisque ceux-ci
expérimentent de nouveaux modes d'action, rompant ainsi avec leurs
habitudes professionnelles. En effet, si l'on considère
généralement que les possibilités d'évolution sont
moindres pour les travailleurs âgés, l'obtention d'un statut de
tuteur contribue par contre à développer leur sentiment
d'utilité et à donner un second souffle à leur
carrière (ARACT, 2010). Aux yeux du jeune travailleur à
présent, le fait d'obtenir du soutien de la part d'un travailleur plus
expérimenté et de pouvoir lui poser les questions
souhaitées sans crainte de le déranger peut s'avérer
rassurant. Enfin, du point de vue organisationnel, le tutorat contribue sur le
long-terme à améliorer la performance de l'entreprise tout en
améliorant les relations intergénérationnelles.
Ø Le mentorat
Selon Bergeron, Duguay, Rivest et Roy (2007), le mentorat peut
se définir comme une « relation fondée sur le respect mutuel
entre un employé d'expérience reconnu et crédible (mentor)
et une personne moins expérimentée (mentoré), qui permet
à cette dernière d'être soutenue dans le
développement de sa carrière et dans ses apprentissages
liés à son intégration professionnelle ». Le mentor
est donc perçu à la fois comme un guide et comme un modèle
à suivre par le jeune travailleur. A ce titre, les travailleurs
âgés, qui sont souvent à un moment de leur vie où
les buts altruistes prennent de l'importance, constituent d'excellents mentors.
Souvent associé au tutorat, les enjeux du mentorat ne
reposent cependant pas sur la transmission de savoirs ou de savoir-faire comme
c'est le cas de cette autre pratique (en tout cas pas de manière
exclusive), mais bien sur la transmission d'un savoir-être au sein de
l'entreprise. En cela, cette approche est parfois décrite comme une
remplaçante du coaching. Le mentor, par son expertise, se met au service
du jeune travailleur afin de l'aider à s'intégrer et à se
développer dans sa nouvelle vie professionnelle. Il contribue à
la socialisation organisationnelle du « mentoré »
à travers l'inculcation des normes, des valeurs et des tabous qui
existent au sein de l'entreprise. Il enseigne également au
« mentoré » quels sont les comportements à
adopter dans différentes situations de travail. Il lui explique comment
intervenir en réunion, comment faire valoir une stratégie. Bref,
le mentor sert de « modèle » au
« mentoré » afin que ce dernier s'identifie à
lui à travers l'observation et l'imitation. Ce n'est que par la suite,
lorsque cette relation de conformité ne sera plus nécessaire et
que le « mentoré » voudra prendre son «
indépendance » qu'il pourra enfin se distancier et se
différencier de son modèle.
Ø Le tutorat inversé
Si le tutorat permet à un travailleur
expérimenté de transmettre son savoir à un plus jeune, il
serait incorrect de penser que cette relation est unidirectionnelle. Le nouvel
arrivant est en effet lui-même souvent porteur de savoirs explicites et
tacites relativement récents qui peuvent constituer une source
d'innovation et d'inspiration pour le travailleur âgé. La
transmission de ces savoirs est alors communément appelée «
tutorat inversé » (ou parfois, « mentorat inversé
») et renvoie à la « possibilité pour les nouveaux
arrivants d'enseigner à ceux qui sont en place ».
Cette pratique est intéressante à plus d'un
égard. En effet, selon Kelley (2005), en autorisant le jeune arrivant
à s'exprimer sur une situation de travail et à transmettre ses
connaissances à un collaborateur plus expérimenté, le
tutorat inversé contribue au cycle de gestion des connaissances dans
l'organisation et à l'apport d'idées nouvelles. Il s'agit donc
d'un outil qui va à l'encontre de la tendance naturelle des travailleurs
âgés consistant à avoir confiance en leur expérience
sans tenir compte de l'évolution de leur métier. Par
conséquent, le tutorat inversé peut être perçu comme
un outil visant à développer les compétences des seniors
et à renouveler par la même occasion le capital de connaissances
de l'organisation.
Cependant, les seniors n'ont pas systématiquement
l'ambition de se voir évoluer sous les traits d'un mentor ou d'un
tuteur. Tous ne portent pas en eux la force d'âme, la compétence
ou la volonté de prendre ce rôle. C'est parfois à travers
l'occupation de nouvelles fonctions ou de nouveaux métiers qu'ils
continuent à s'épanouir.
Enfin, dans l'optique d'une politique de formation incluant
toutes les catégories d'âge, certains critères doivent
être respectés en vue de favoriser l'évolution et le
développement des compétences au sein de l'ensemble des
salariés :
- L'absence de limites d'âge pour déterminer
l'accès aux opportunités de formation ;
- La conciliation entre les plans de formation et le parcours
de vie individuel ;
- La mise en place des opportunités de formation dans
le cadre plus général de la gestion des carrières et pas
uniquement dans le cadre d'une fonction spécifique donnée;
- Le suivi continuel du niveau de compétences des
travailleurs au fil des années ;
- La mise en place de formations aux nouvelles technologies ;
- L'analyse des besoins de l'organisation en termes
d'habiletés et la correspondance de ces besoins aux habiletés des
travailleurs.
2. L'aménagement des conditions de travail et le
bien-être
a. L'analyse et la gestion des risques
L'amélioration de la santé et, de manière
générale, du bien-être est une autre clé dans la
gestion des travailleurs vieillissants. Cette problématique de la
santé doit être abordée tout au long du cycle de vie et
pour l'ensemble des travailleurs. Dès lors, il est essentielle que les
risques pour la santé et la sécurité soient
identifiés, gérés et passés en revue
régulièrement dans le cadre d'une stratégie globale et
préventive.
A coté du rôle des conseillers en
prévention, médecins du travail et autres experts de la
santé, la participation des syndicats et des travailleurs est
essentielle car ce sont eux qui connaissent le mieux le travail et les
conditions sous lesquelles ce dernier est réalisé. Les
travailleurs pourront fournir des idées et des solutions sur les
problèmes qu'ils rencontrent. Ainsi, certains aménagements
pourront se faire rapidement, à moindre coût et de
manière concertée, ce qui augmente l'acceptation de toutes les
parties.
b. La promotion de la santé et du
bien-être
Pour Jalette et Villeneuve (2001), les interventions
doivent promouvoir la mise en place d'un environnement de travail plus
sécuritaire et plus convivial. Il s'agit d'une condition essentielle
pour inciter les travailleurs en fin de carrière à
prolonger celle-ci. Par ailleurs, il s'agit de prévenir les effets
du vieillissement des jeunes en développant des actions
préventives dans le domaine de la sécurité, de la
santé et au niveau du bien-être général. Il
convient de sensibiliser les travailleurs et les responsables
hiérarchiques à la question de l'âge, à
l'amélioration des conditions de travail, à l'ergonomie, à
l'importance des visites médicales et du suivi. Cette
sensibilisation passe par la création de groupes de travail, par
la réalisation d'enquête auprès du personnel, par la
formation et la participation des travailleurs. En effet, la prise de
conscience interviendra également au niveau de formations
régulières en matière de santé et de
sécurité. C'est pourquoi le fait de former les responsables
hiérarchiques à la prévention et à la gestion des
risques peut s'avérer très utile afin de coordonner et de mettre
en place des initiatives en matière d'amélioration de la
santé. Une fois formées et conscientisées, ces
personnes pourront devenir des référents et jouer un rôle
consultatif en sensibilisant à leur tour les travailleurs aux questions
de santé.
c. La conception ergonomique des postes de travail
L'ergonomie est aujourd'hui reconnue comme un
élément crucial de l'amélioration du cadre de travail.
L'aménagement du lieu de travail et l'adéquation ergonomique des
postes de travail sont à prendre en compte, de préférence
de manière préventive. En guise d'exemple, il pourra s'agir pour
un travailleur de bénéficier d'un éclairage suffisant ou
d'un siège mieux adapté, voire d'un écran d'ordinateur
adapté. D'autres mesures, correctives, pourront venir compenser la
diminution de certaines aptitudes physiques (baisse de la vision et de
l'ouïe, perte de force musculaire). Il convient également de
prendre en compte la charge mentale en ajustant les cadences, les horaires de
travail, les pauses.
Ensuite, il convient de permettre aux plus âgés,
qui n'auraient peut-être pas bénéficié de ce type de
mesures par le passé, de pouvoir continuer à travailler « en
prenant en compte la préservation de leur santé, le
développement de leurs compétences et la transmission de leurs
savoir-faire ». Certains auteurs soulignent l'intérêt de
développer un environnement dit « capacitant », qui
corresponde à l'ensemble des conditions individuelles, techniques,
organisationnelles et sociales nécessaires pour que le travail soit non
seulement non délétère, mais aussi facteur de
liberté et de progrès. Dans une perspective préventive, il
s'agit de préconiser des environnements qui fournissent aux individus
l'occasion de développer de nouveaux savoir-faire et de nouvelles
compétences, d'élargir leurs possibilités d'action, leur
degré de contrôle sur les tâches et sur leurs modes
opératoires. En prenant appui sur les différences
interindividuelles du vieillissement, un environnement
« capacitant » permettra de prévenir l'exclusion et
de favoriser les échanges intergénérationnels et la
reconnaissance sociale.
SECTION 2 : COMPOSANTES CLES A LA MISE EN OEUVRE
DES PLANS D'ACTIONS
La section précédente a donné un
aperçu de la diversité des mesures développées en
faveur des travailleurs vieillissants. Cependant quatre facteurs clés
s'avèrent déterminants dans la réussite de ces actions.
I. LE SOUTIEN DE LA DIRECTION ET UN CLIMAT PROPICE EN
TERMES DE RH
La mise en place de plans d'actions doit se faire avec le
soutien de la direction, mais aussi est surtout d'une politique
réceptive des RH.
1. Le soutien de la direction
Sans appui des cadres supérieurs de l'organisation,
l'initiative est pratiquement vouée à l'échec. La
direction des RH joue un rôle décisif à cet égard
car elle occupe une position privilégiée pour défendre la
cause de ces plans d'actions.
Plusieurs raisons peuvent pousser la direction à
soutenir une initiative visant à l'instauration de bonnes pratiques dans
la gestion du vieillissement: la prise de conscience des implications du
vieillissement des effectifs et de la nécessité de conserver et
de recycler des travailleurs âgés; certaines pénuries sur
le marché du travail; un changement au niveau des postes de direction se
traduisant par une nouvelle approche ou stratégie. Il va de soi que
toute proposition visant à une mobilisation en faveur d'une initiative
de bonnes pratiques devra mettre l'accent sur les besoins spécifiques de
l'organisation ainsi que sur les aspects plus généraux.
2. Une politique réceptive des RH
Il n'est nullement indispensable pour une organisation
désireuse d'introduire de bonnes pratiques en matière de gestion
de travailleurs vieillissants de s'être préalablement dotée
d'une politique du personnel sensibilisée à ces questions. Il
n'en reste pas moins que les initiatives dans ce domaine ont davantage de
chances d'aboutir dans un climat qui valorise les ressources humaines. Parmi
les signes révélateurs de ce type d'environnement, on peut citer
un réel engagement à l'égard de la formation et une
philosophie d'entreprise axée sur la qualité.
Deux traditions distinctes sous-tendent de bonnes pratiques en
matière de gestion des RH. D'une part, les approches
personnalisées, voire paternalistes, adoptées par certaines
entreprises et, d'autre part, les stratégies modernes de gestion mettant
l'accent sur la conception, la qualité, la coopération et la
valeur des ressources humaines. Les bonnes pratiques en matière de
gestion des travailleurs vieillissants peuvent parfaitement s'implanter dans
chacune de ces deux traditions (tout en étant sans doute plus durables
dans le deuxième cas). Une politique réceptive des RH implique
également que les responsables opérationnels ou autres membres du
personnel chargés de la mise en oeuvre des initiatives n'y mettront
aucun frein.
II. L'ENGAGEMENT DES TRAVAILLEURS VIEILLISSANTS CONCERNES
ET UNE MISE EN OEUVRE ATTENTIVE ET FLEXIBLE
La réussite des plans d'actions proposés passe
également par l'engagement des travailleurs vieillissants
concernés et la une mise en oeuvre attentive et flexible.
1. L'engagement des travailleurs âgés
concernés
Bien que l'introduction de plans d'actions dans la gestion des
travailleurs vieillissants relève le plus souvent d'une décision
stratégique du sommet vers la base, il est évident que le soutien
des premiers intéressés, et des travailleurs âgés en
particulier, s'avère déterminant pour le succès de
l'initiative. Cette démarche peut requérir, par exemple,
l'organisation de séminaires spéciaux afin d'avoir un retour
d'informations de la part des intéressés. Dans certains cas, les
délégués syndicaux peuvent jouer un rôle d'appui
extrêmement important.
Lorsqu'il s'agit d'initiatives de formation, le facteur
essentiel pour la mobilisation des travailleurs âgés consiste
à proposer des cours axés sur leurs besoins spécifiques et
à utiliser les méthodes qu'ils préfèrent. En
d'autres termes, les cours de formation doivent être
élaborés en concertation avec les travailleurs
âgés.
2. Une mise en oeuvre attentive et flexible
Une fois réunis tous les éléments qui
sous-tendent l'élaboration de plans d'actions, leur réussite va
dépendre du processus de mise en oeuvre, car seule une mise en oeuvre
attentive et flexible peut assurer le succès d'une initiative dans ce
domaine en évitant d'inutiles problèmes de démarrage. Une
bonne communication entre la direction et le personnel s'avère
déterminante dans ce processus. Elle peut se traduire par un travail
rigoureux de préparation consistant, par exemple, à expliquer
l'initiative à tous ses destinataires. Cette démarche peut
elle-même exiger une formation spéciale en matière
d'égalité des chances ou de gestion de travailleurs
vieillissants.
Les neuf étapes énoncées ci-après
devraient assurer le succès de la mise en oeuvre :
- Une préparation méticuleuse, y compris
l'étude des tendances en matière des structures d'âges du
personnel et l'analyse prévisionnelle ;
- Une communication ouverte tant avec l'ensemble du personnel
qu'avec le groupe cible à propos des objectifs de l'initiative, y
compris, le cas échéant, le recours à des
séminaires, à des ateliers et à des bulletins
d'information ;
- L'implication des syndicats, des comités d'entreprise
et des associations du personnel dès les premiers stades du
projet ;
- L'implication précoce des travailleurs
âgés eux-mêmes ;
- L'éducation et la sensibilisation de l'encadrement
direct ;
- Une mise en oeuvre progressive prévoyant une phase
pilote destinée à tester l'initiative et à
démontrer aux sceptiques éventuels qu'elle peut être
efficace ;
- Une évaluation régulière de l'impact et
un retour d'informations ;
- Un dialogue permanent avec l'ensemble du personnel pour
éviter tout stigmate ou sentiment d'infériorité parmi les
travailleurs âgés et le développement éventuel de
comportements du type «eux et nous» ;
- Une vigilance à l'égard d'autres aspects de
l'environnement professionnel, tels que les tâches et les conditions de
travail, susceptibles d'empêcher l'initiative de plans d'actions
d'atteindre son objectif.
Outre ces neuf étapes de mise en oeuvre, il convient
d'assurer un suivi à long terme destiné à évaluer
l'impact de l'initiative. Les résultats de cette évaluation
seront explicitement communiqués au personnel afin de tirer un maximum
d'enseignements de l'expérience.
À l'instar des directives de mise en oeuvre
décrites au point précédent, il va de soi qu'une
initiative en matière de plans d'actions a davantage de chances
d'aboutir lorsqu'elle s'inscrit dans une stratégie de RH plus large
visant à atténuer fortement, voire à supprimer, les
barrières de l'âge.
Certaines organisations préfèrent opter pour des
initiatives à relativement petite échelle en réponse
à des problèmes spécifiques, telle une pénurie de
qualifications. Il convient toutefois de reconnaître les limites de ce
type d'action ainsi que les difficultés que peut engendrer la
coexistence de bonnes et de mauvaises pratiques de RH à l'égard
des travailleurs vieillissants.
Aussi positives soient-elles, les mesures de lutte contre la
barrière des âges axées sur un seul aspect de la gestion
des âges et/ou sur la seconde partie de la vie professionnelle des
travailleurs doivent être considérées comme un point de
départ vers une politique du personnel holistique en matière
d'âge et d'emploi.
Les composantes essentielles d'une stratégie
intégrée de la gestion des âges sont :
- Un accent sur la prévention des problèmes de
gestion des âges, tels que la dépréciation des
qualifications des travailleurs âgés ou les problèmes de
santé liés à l'activité professionnelle,
plutôt que sur une recherche réactive de solutions.
- Une stratégie axée sur l'ensemble de la vie
professionnelle et sur tous les groupes d'âge plutôt
qu'exclusivement sur les travailleurs vieillissants.
- Une approche holistique couvrant tous les aspects
susceptibles de contribuer à une gestion efficace des âges.
- À court terme, des mesures correctives à
l'intention des travailleurs âgés qui n'ont pas eu l'occasion de
suivre une formation à des qualifications spécifiques ou dont
l'état de santé s'est détérioré par suite de
leurs conditions d'emploi.
L'objectif primordial de cette approche intégrée
de la gestion des âges est de neutraliser l'impact négatif du
vieillissement sur l'emploi, un objectif auquel toute stratégie et toute
pratique devraient tendre à plus long terme. Cependant, il reste
impératif d'évaluer l'incidence et l'efficacité d'une
action aussi large ainsi que des diverses initiatives plus spécifiques
qu'elle englobe.
CONCLUSION
Cette étude a
été menée afin analyser les mécanismes pouvant
être mis en oeuvre à ENEO CAMEROON afin de gérer de
manière optimale un effectif vieillissant. Il s'agissait d'analyser les
dispositifs de gestion d'un personnel vieillissant, de ressortir les conditions
de travail dans lesquelles évoluent ces professionnels, et de proposer
des mécanismes susceptibles de permettre aux personnels vieillissants de
finir leur carrière dans les meilleures conditions possibles et à
l'entreprise de bénéficier de leur expérience le plus
longtemps possible. En définitive, il ressort de notre étude que
dans un contexte organisationnel marqué par une présence assez
importante de séniors, il apparaît fondamental pour ENEO CAMEROON
d'engager une réflexion sur la mise en oeuvre de conditions
organisationnelles mais aussi sociales de travail favorables aux seniors. En
effet, les transformations intervenues dans le monde du travail ces
dernières décennies accentuent le besoin pour les
organisations de s'assurer une gestion plus durable de leur main-d'oeuvre et
d'offrir des emplois de qualité à tous les stades de la vie
professionnelle. Pour faire face à ces nombreux défis, il
convient de mettre en place des pratiques innovantes et
appropriées de gestion des ressources humaines (politique de
formation en adéquation avec besoins des séniors,
aménagement spécifique des postes et temps de travail, une
meilleure appréciation des performances et une meilleure gestion de la
mobilité dans les parcours professionnels, et un accompagnement
psychosocial de gestion de fin de carrière) afin, par exemple, d'assurer
le transfert de connaissances entre les générations, de
mettre en place de nouvelles politiques de fins de carrière et
de maintien en emploi, ou encore des environnements de travail plus
appropriés. La gestion des travailleurs vieillissants peut ainsi
constituer une approche nouvelle, une réponse efficace à
l'ensemble des enjeux d'aujourd'hui et de demain. Ainsi, les entreprises
à l'instar d'ENEO CAMEROON doivent se déconnecter des anciens
modes de gestion à l'instar des pratiques d'exclusion des plus
âgés.
Dès lors, ENEO CAMEROON devra se donner les moyens de
pouvoir répondre aux défis du vieillissement. Car avec des
départs massifs à la retraite, c'est aussi la culture de
l'entreprise, les connaissances, le savoir-faire des salariés qui
disparaissent. Or, la nouvelle compétitivité de l'entreprise
devra s'inscrire dans la préservation et la valorisation du capital de
connaissances détenu par les travailleurs expérimentés.
Par ailleurs, s'il est un point vers lequel semblent converger l'ensemble
des travaux sur la gestion stratégique des ressources humaines,
c'est celui de la reconnaissance des compétences, des capacités
et, de manière générale, des actifs immatériels
comme les fondements de l'avantage concurrentiel.
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DOCUMENTS INTERNES DE
L'ENTREPRISE :
Note d'organisation de la Direction des ressources Humaines
2013
Rapport annuel de la Direction des Ressources Humaines 2013
Rapport mensuel de la Direction des resources Humaines juin
2014
AUTRES :
Cameroun Tribune, publié le 15-10-2014
Dictionnaire de sociologie, Larousse, 2003
ANNEXES
GUIDE + VERBATIM D'ENTRETIEN EXPLORATOIRE
Enquête exploratoire complémentaire à
notre problématique
Dans le but de mieux cerner le problème
identifié ci-haut, nous avons fait des lectures exploratoires et
réalisé des entretiens avec 2 responsables des ressources
humaines.
Réponses :
Ø Les généralités de
l'entreprise (les documents internes nous ont permis de nous
renseigner sur la situation de l'entreprise).
Ø Les conditions de travail :
notre passage à la sous direction en charge de
Une visite à la Sous-direction en charge de la
médecine et de la santé au travail, nous renseignait sur
l'apparition des NPSP (Nouveaux Problèmes de Santé Publique) tels
que le stress et l'anxiété qui affectent négativement le
moral des agents.
Ø La formation dans le développement des
compétences.
(Retranscription deux responsables RH de la sous direction
emploi, mobilité et gestion des carrières)
- Gestion des compétences et maîtrise du
portefeuille de compétences de l'entreprise
Le référentiel des emplois et des
compétences est en cours d'élaboration et constitue de ce fait un
projet actuel de la Direction des ressources humaines. Ce projet a
débuté en 2011 par l'identification systématique des
compétences.
Il n'existe pas d'outils de suivi des compétences au
niveau individuel et même au sein des unités. Selon le Sous
Directeur, la construction de ces outils demande beaucoup de temps et ils ont
pensé se faire assister par un cabinet pour faire
l'évaluation des compétences; le travail consistera donc à
constituer les fiches compétences des salariés en les situant
à un niveau par rapport au référentiel. (Ex. : le
salarié X, est à tel niveau et voici comment on doit le
développer pour qu'il atteigne le niveau de compétence
souhaité par l'entreprise). Au final, on aura comme résultat, le
dossier individuel pour chaque employé en termes de
compétences.
Lorsque le système fonctionnera, il sera associé
à des objectifs de formation. Car à l'heure actuelle, on forme
mais il n'y a pas de suivi de réalisation des objectifs de formation en
rapport à une échelle de compétences à
atteindre.
- Rôle de la formation dans le développement des
compétences
La formation occupe une place importante car de nombreux
modules ont été conçus pour des agents de plus bas
niveaux. Ce travail est fait en collaboration avec la DRH et marche bien. Pour
assurer la relève, la formation se fait beaucoup plus sur le terrain,
mais nécessite d'être complétée par des formations
en management, d'utilisation des logiciels, etc. Les formations-métiers
à l'extérieur du pays et dont l'entreprise a besoin doivent
être promues. Tous les managers doivent être sensibilisés
afin d'être au quotidien dans une dynamique de coaching et de formation
de leurs collaborateurs.
- Rôle de la formation dans la préservation des
savoir-faire
En 2011, 40 experts métier ont été
identifiés et formés à l'ingénierie
pédagogique, afin de devenir des formateurs internes. Ils sont
appelés à monter de modules de formation. On a
procédé à l'identification des activités
stratégiques mais aussi des personnes qui sont appelées à
quitter l'entreprise. Tous les thèmes ne sont pas couverts, mais l'on
estime à 40% le taux de couverture en termes d'activités par les
modules de formation. Toutefois, le Sous Directeur affirme que la formation
n'est pas encore conçue de manière à répondre aux
besoins spécifiques des travailleurs vieillissants.
Ø Aménagement du travail.
Les responsables interrogés nous indique que les
agents peuvent bénéficier d'aménagements d'horaires,
d'aménagements ergonomiques de poste et d'affectations dans de nouvelles
activités (formateur, expert, conseil, etc.) et que le tutorat existe
pour encadrer les nouveaux arrivants ainsi qu'un parrainage.
GUIDE D'ENTRETIEN
I. INCIDENCE DU VIEILLISSEMENT SUR LE PERSONNEL
D'ENCADREMENT
1. Comment décririez-vous votre charge de
travail ?
2. Êtes-vous sujet au stress ? Si oui comment
faites vous pour y remédier ?
3. Jouissez-vous d'une assez large autonomie dans
l'accomplissement de votre travail ?
4. Etes-vous sujet à des critiques dans l'exercice de
vos fonctions ?
5. Comment décririez-vous vos relations de travail avec
vos collègues ? Notamment avec mes plus jeunes ?
II. LA PLACE DU TRAVAILLEUR VIEILLISSANT DANS SON
ENVIRONNEMENT
1. Etes-vous sujet aux risques psycho-sociaux (usures
professionnelle, burn out) ?
2. Pensez-vous que l'entreprise vous est reconnaissante
après toutes ces années (rémunération, statut,
perspective de carrière) ?
3. Participez-vous à des séances de formations
et à quelle fréquence ?
4. Comment vous prenez-vous pour transmettre votre
expérience ?
5. Votre environnement de travail cadre t-il avec vos
attentes ?
TABLE DE MATIERE
SOMMAIRE..................................................................................................I
DEDICACE...............................................................................................III
REMERCIEMENTS.....................................................................................IV
AVANT -
PROPOS......................................................................................V
LISTE DES TABLEAUX ET
FIGURES.............................................................VI
LISTES DES SIGLES ET
ABREVIATIONS......................................................VII
RESUME.............................................................
..................................VIII
INTRODUCTION
.......................................................................................1
PREMIERE PARTIE : LA PROBLEMATIQUE DE GESTION DU
PERSONNEL VIEILLISSANT DANS UNE ENTREPRISE PARAPUBLIQUE
CHAPITRE 1 : ENEO CAMEROON : UN ACTEUR MAJEUR DU
SECTEUR ECONOMIQUE CAMEROUNAIS
..................................................................6
SECTION 1 : l'entreprise ENEO CAMEROON dans son
environnement concurrentiel
I. L'environnement interne
1. Historique, création et missions
2. Vision stratégique et culture de
l'entreprise...................................................8
II. L'environnement externe
.......................................................................10
1. Les acteurs externes de l'entreprise
2. ENEO et le marché de l'électricité
camerounais............................................11
SECTION 2 : la fonction Ressources Humaines et la
problématique du vieillissement des effectifs ENEO CAMEROON
.........................................................................12
I. Missions et organisations de la DRH
1. Missions de la DRH
2. Organisation de la
DRH........................................................................13
II. La problématique du vieillissement des effectifs
à ENEO.................................15
1. Le vieillissement des effectifs à ENEO
2. Les risques posés par le vieillissement des
effectifs.......................................17
CHAPITRE 2 : LA QUESTION DES TRAVAILLEURS VIEILLISSANTS
DANS LA LITTERATURE EN SCIENCE DE
GESTION.............................................................19
SECTION 1 : la notion du vieillissement au travail
I. Le concept de vieillesse et de vieillissement
1. La vieillesse
2. Le
vieillissement.................................................................................20
II. Le vieillissement dans son contexte
organisationnel.........................................22
1. Le vieillissement : une construction sociale
2. Le vieillissement : une perception
subjective................................................23
SECTION 2 : représentations sociales
vieillissement au travail ...................................24
I. Représentations négatives et barrières
liées à l'âge
1. Représentations négatives
2. Barrières liées à l'âge
II. La question du vieillissement au travail
......................................................26
1. Intensification du travail et problème de terrains
liés au vieillissement des effectifs
2. Avantages du travailleur vieillissant pour les
entreprises..................................28
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA GESTION DES
TRAVAILLEURS VIEILLISSANT A ENEO
CHAPITRE 3 : regard sur la gestion des travailleurs
vieillissants a ENEO CAMEROON....31
SECTION 1 : démarche d'investigation et
méthodologie d'enquête
I. Le cadre de la recherche
1. Présentation des différentes méthodes
de recherche et de leurs limites
2. Choix de la méthode de recherche : l'approche
qualitative ................................33
II. Mise en oeuvre de
l'étude.......................................................................34
1. La collecte de données
2. Le processus de traitement des données
qualitatives : l'analyse du contenu.............38
SECTION 2 : la gestion des travailleurs vieillissants a
ENE0 : analyse des résultats de
l'enquête....................................................................................................39
I. Enquêtes exploratoires
1. Objectif de l'enquête
exploratoire.............................................................40
2. Analyse de l'enquête exploratoire
II. Présentation et analyse des données de
terrains..............................................41
1. Présentation et traitement des résultats
2. Analyse et interprétation des
résultats.........................................................45
CHAPITRE 4 : perspectives et plans d'actions pour une
meilleure gestion des travailleurs
vieillissants.................................................................................................47
Section 1 : plans d'action pour une meilleure gestion des
travailleurs vieillissants
I. La gestion des carrières et le développement
des parcours professionnels
1. La gestion des performances
2. La gestion des
carrières.........................................................................49
II. Formation continue et aménagement des conditions de
travail et de bien-être..........50
1. La formation continue
2. Aménagement des conditions de travail et de
bien-être.....................................54
Section 2 : composantes clés à la mise en
oeuvre des plans d'actions .............................56
I. Le soutien de la direction et un climat propice en termes
de RH
1. Le soutien de la direction
2. Une politique réceptive de RH
II. L'engagement des travailleurs âgés
concernés et une mise en oeuvre attentive et
flexible............................................................................................57
1. L'engagement des travailleurs âgés
concernés
2. Une mise en oeuvre attentive et
flexible.......................................................58
CONCLUSION...........................................................................................60
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES.............................................................62
ANNEXES.................................................................................................65
TABLE DE
MATIERES................................................................................69
|