CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET INSTITIONNEL DE
L'ETUDE
Dans ce chapitre, nous présenterons dans une
première section le cadre théorique de l'étude et dans une
seconde section le cadre institutionnel de stage
Section 1 : Cadre théorique de l'étude
Dans cette section, nous aborderons dans une première
partie la problématique, les objectifs et les hypothèses. La
seconde partie traitera de la revue de littérature.
Paragraphe 1 : Problématique, Objectifs et
Hypothèses
A. Problématique
L'agriculture constitue un secteur clé pour
l'économie béninoise. Elle emploie 70% de la population active et
contribue à 32,6% au PIB (AGVSAN, 2009), une productivité alors
faible. De plus, la croissance agricole reste faible et est limitée par
le manque d'innovations, de capital (humain et physique), des facteurs
institutionnels et sociaux. Entre 2000 et 2005 l'agriculture béninoise a
enregistré une croissance instable, variant entre 2 et 6%. Les taux de
croissance agricole les plus élevés ont été
enregistrés en 2001 et 2004 atteignant respectivement 6,4 et 6,3%. Les
plus faibles taux ont été enregistrés en 2002 et 2003 et
sont respectivement de 2,5 et 2,2%. Le taux de croissance démographique
moyen au cours de la période 2000-2010 est de 3% (Banque Mondiale,
2010). Beaucoup de raisons expliquent la faible productivité et
croissance de l'agriculture Béninoise.
L'une d'elles est la faible adoption d'innovations
technologiques dans l'agriculture béninoise. En effet, elle est
caractérisée par des exploitations agricoles de petite taille qui
sont exploitées de manière artisanale. L'agriculture est
faiblement mécanisée (seulement 1% des terres cultivées
sont motorisées contre 75% qui sont exploitées à la main
et les autres 24% utilisent la culture attelée) et est largement
tributaire des conditions climatiques naturelles (agriculture pluviale).
La variabilité du climat ces dernières
années dans le monde et au Bénin en particulier expose grandement
l'agriculture. Au Bénin, les changements climatiques ont fait chuter de
10 à 20%
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les récoltes agricoles par rapport à ceux
compilés dans le compendium des statistiques agricoles du
Ministère du Développement Rural sur la période 1990-1999
(MEHU, 2001). Face à cette contrainte supplémentaire l'adoption
de technologies est une solution proposée. Mais plusieurs études
ont prouvé que l'adoption des technologies est déterminée
par l'âge. L'âge apparait dans certaines études comme un
critère clé déterminant l'adoption de
variété améliorée, de nouvelles pratiques de
culture, d'innovations agricoles.
De plus face aux défis du développement, des
études (Bage, 2008; IFAD, 2011) ont prouvé que l'agriculture
réduit plus la pauvreté que tout autre secteur, et un
vieillissement de la population des agriculteurs est constaté
d'années en années (World Bank, 2008; White, 2011; FAC, 2010,
Gale, 2002). L'âge moyen des agriculteurs est de 47 ans au Nigeria
(Akpan, 2010), de 55 ans au Ghana (Naamwintome & Bagson, 2013). Au
Bénin, la population totale était en 2008 de 8 662 086 habitants
soit un taux de croissance de 3,2% et celle agricole de 4 005 000. Entre 1998
et 2008, la population agricole béninoise a connu un taux de croissance
de 1,4%, un taux alors trop faible qui traduit un vieillissement de l'effectif
de la population agricole.
En somme aujourd'hui l'environnement agricole au Bénin
devient de plus en plus contraignant, risqué et difficile et pour faire
face à ce nouvel environnement il faut des agriculteurs de plus en plus
éduqués, qui absorbent ou intègrent plus vite les
technologies et qui prennent plus de risque (Gyimah-Brempong & Kimenyi,
2013). Jibowo (1996) pense que ces caractéristiques sont l'apanage de la
jeunesse. La jeunesse se caractérise par une plus grande
prédisposition aux innovations, une moindre aversion au risque, une
moindre peur de l'échec, moins conservatrice et une rapidité dans
l'acquisition des nouvelles connaissances (Jibowo, 1996). Et la jeunesse
d'aujourd'hui est plus éduquée que la cohorte de leurs
ainés et cela constitue un atout face aux défis actuels de
l'agriculture (Gyimah-Brempong & Kimenyi, 2013).
Il n'existe pas une définition universelle à la
jeunesse. La jeunesse est généralement considérée
comme la période de transition comprise entre l'enfance et l'âge
adulte, à des fins pratiques, est définie par
référence à des tranches d'âge. Les Nations Unies
définissent la jeunesse comme la tranche d'âge comprise entre 15
et 24 ans alors que l'Union Africaine la définit entre 15 et 35 ans. Le
Bénin a adopté la norme de l'Union africaine. Les jeunes (15
à 35 ans) représentent environ 30 % de la population
béninoise (RGPH-INSAE, 2002) qui croît à un
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taux élevé (3,5 entre 2002 et 2013 alors que de
3,25 entre 1992 et 2002). À travers le monde, le sous-emploi et le
chômage affecte plus les jeunes que les adultes (Banque mondiale, 2009).
Dans le monde, comme en Afrique, le ratio du taux de chômage des
jeunes/adultes (OIT 2006) est de un à trois. Le bénin ne fait pas
exception à ce constat et se caractérise par un fort taux de
chômage et de sous-emploi parmi les jeunes diplômés des
universités. En effet, la plupart des jeunes après leur formation
se retrouvent sans emploi ou exerce des emplois précaires. L'un des plus
grand challenge aujourd'hui de la politique économique au Bénin
est l'insertion et la participation de cette jeunesse diplômée
à l'économie nationale. La jeunesse diplômée
constitue un capital humain susceptible d'améliorer la
productivité totale des facteurs et si elle est employée de
façon efficiente de stimuler la demande intérieure. Cette
jeunesse, si elle n'est intégrée dans la vie économique du
pays pourrait à terme constituer une source d'insécurité
pour le pays. Le printemps arabe en est une illustration.
Brooks et al., (2012) et Kararach et al.,
(2011) révèlent que seule l'agriculture peut être une
source stable d'emploi dans les économies fortement dépendantes
de l'agriculture à court et moyen terme. L'agriculture possède un
énorme potentiel d'affaires avec la hausse des prix des produits
agricoles enregistré ces dernières années et
l'augmentation continue de la population mondiale. La chaine de valeur du
secteur agricole est très diversifiée et offre une série
d'opportunités qui saisies peuvent générer des rendements
assez élevés (Abdullah & Sulaiman, 2013). Le sous-secteur de
l'agrobusiness (transformation et commercialisation des produits agricoles) qui
constitue aujourd'hui la branche la plus lucrative et la plus
génératrice de valeur ajoutée nécessite des jeunes
capables de comprendre la demande et la dynamique des marchés, des
jeunes ayant des connaissances sur les innovations technologiques et du
système financier et institutionnel en général, des
qualités que les jeunes ruraux n'ont pas et que seul les jeunes
diplômés des universités sont susceptibles d'avoir
(Ampedu-Ameyau, 2012). Les jeunes diplômés peuvent y trouver une
source d'insertion professionnelle. De plus cette jeunesse pourrait constituer
une nouvelle classe d'entrepreneur nécessaire au développement du
secteur agricole.
Depuis des années la solution proposée par les
différents gouvernements au chômage des jeunes
diplômés est l'agriculture. Des politiques et des mesures ont
été pris au Bénin pour
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l'agriculture au Bénin
insérer les jeunes diplômés dans
l'agriculture mais elles n'ont pas atteint leurs objectifs. L'échec de
ces politiques nécessite une analyse minutieuse de la perception des
jeunes de l'agriculture et cela de leur point de vue. Alors est-ce que les
jeunes diplômés ont une mauvaise perception de l'agriculture? Si
oui pourquoi? Quels sont alors les facteurs socio-économiques,
institutionnels, culturels et politiques qui peuvent affecter la perception des
jeunes diplômés à l'agriculture? De quelle agriculture
rêvent les jeunes? À quel niveau de la chaine de valeur
veulent-ils intervenir ? Voici quelques interrogations qui feront l'objet de
notre travail.
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