§2 La théorie des cibles sous
évaluées
Les managers des cibles et autres opposants aux rachats
affirment que les cibles sont sous évaluées par le
marché . Ainsi un offreur peut verser une prime importante aux
actionnaires tout en payant un prix bien inférieur à la valeur
véritable de l'entreprise. Cette théorie a pour but de justifier
les stratégies de défense mises en oeuvre par les managers des
cibles, même lorsque les primes sont élevées. Selon cette
théorie les actionnaires des cibles seront récompensés sur
le long terme (si ils ne vendent pas) au delà de la prime
proposée par l'offreur qui recherche les gains à court terme.
Cependant les travaux empiriques montrent que lorsqu'une cible
échappe à une offre hostile son cours revient au niveau qui
prévalait avant l'offre (Bradley, Desai et Kim 1983 ;
Eastbrook et Jarell 1984 ; Jarell 1985 ; Ruback
1986 ; cités par Jarell, Brickley, Netter 1988). Cette
théorie a donc été invalidée empiriquement.
§3 Les économies d'impôts sont elles
à l'origine des rachats ?
Les économies d'impôts ont longtemps
été considérées comme un élément
d'explication important des fusions acquisitions. En effet la réforme
fiscale de 1986 aux Etats Unis avait pour but de réduire les
économies d'impôts permises par les fusions. Cependant, la plupart
des études plus récentes trouvent que les économies
d'impôts jouent un rôle mineur dans l'explication des fusions
acquisitions.
Auerbach et Reishus (1987) cités par Jarrell, Brickley
et Netter (1988) ont étudié les économies d'impôts
permises par 318 fusions et acquisitions entre 1968 et 1983. Ils trouvent
qu'elles étaient suffisamment importantes pour affecter la
décision de fusionner dans seulement 20% des cas .
Lehn et Poulsen (1987) cités par Jarrell, Brickley et
Netter (1988) trouvent, dans leur étude réalisée sur les
LBO entre 1980 et 1984, que le montant des primes payées aux
actionnaires sortants dépendait directement des économies
d'impôts associées à ces transactions. Ce qui
suggère qu'en partie ces LBO furent motivés par des
considérations fiscales.
Ce qu'on peut dire c'est que les économies
d'impôts semblent avoir eu un impact sur les fusions. Cependant, les
études suggèrent que la plupart des rachats ayant eu lieu ces
vingt dernières années n'étaient pas motivés par
des économies d'impôts (Jarrell, Brickley ,Netter 1988) .
§4 Est ce que les rachats sont préjudiciables
aux détenteurs d'obligations ?
Certains critiques suggèrent que les primes
payées par les offreurs ne sont pas financées par une
création de richesse mais par une redistribution . Par exemple, les
obligations émises par la firme acheteuse peuvent perdre de la valeur si
elle achète une firme cible risquée . Etant donné que la
valeur combinée des deux firmes reste inchangée , les gains des
actionnaires de la cible seraient compensés par les pertes subies par
les détenteurs des obligations émises par la firme acheteuse .
Cette théorie a été invalidée par
les études empiriques ( Jarrell , Brickley et Netter 1988)
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