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Les déterminants de la croissance économique au Sénégal.

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par Oumar DIOUF
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en Méthodes Statistiques et Econométriques 2013
  

Disponible en mode multipage

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ECONOMETRIQUES

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II

: 2013

DJIBA

 
 
 

Réalisé

Encadré

 

- 2014

POUR

METHODES

 
 

:

:

Oumar

 

Universitaire

 

CISSOKHO

&

DIOUF

 

Page j

DEDICACES

Nous dédions cette modeste étude :

- A la mémoire de notre père Ngouda DIOUF (paix à son âme !);

- A celles qui nous ont donné la vie, à celles qui se sont sacrifiées pour notre réussite, à nos tendres mères Seynabou SARR et Hadjaratou Gogo Keita DIOP ;

- A notre père Alphousseyni DJIBA qui a été là afin de nous encourager et de nous guider vers la réussite. Que Dieu le garde et le protège !

- A nos adorables soeurs, frères, neveux, nièces, nos tantes et ami(e)s. A toutes les personnes qui nous sont chères, nous dédions ce travail.

Page ii

REMERCIEMENTS

Nous souhaitons adresser nos remerciements les plus sincères aux personnes qui nous ont apportés leur aide et qui ont contribué à l'élaboration et à la réussite de ce mémoire.

Nous tenons à remercier notre encadreur Dr. Lassana Cissokho, pour nous avoir guidés et orientés dans la réalisation de ce travail ; pour son esprit critique, ses remarques pertinentes et ses encouragements. Qu'il trouve ici l'expression de notre très profonde gratitude.

Page iii

LISTE DES ACRONYMES

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

ARDL : AutoRegressive Distributed Lags (Autorégressifs à retards distribués)

ARTP : Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

BTP : Bâtiments et Travaux Publics

CEA : Commission Economique des Nations Unis pour l'Afrique

CEAP : Coopération Economique Asie et Pacifique

CF : Consommation Finale

DPEE : Direction de la Prévision et des Etudes Economiques

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

FMI : Fonds Monétaire International

ICS : Industries Chimiques du Sénégal

MCA : Millénium Challenge Account

MCE : Modèle à Correction d'Erreurs

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

PAP : Plan d'Actions Prioritaires

PAS : Plan d'Ajustement Structurel

PECO : Pays d'Europe Centrale et Orientale

PGF : Productivité Globale des Facteurs

PIB : Produit Intérieur Brut

PPA : Parité des Pouvoirs d'Achat

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

PSE : Plan Sénégal Emergent

RNCS : Rapport National sur la Compétitivité du Sénégal

SAR : Société Africaine de Raffinage

TCER : Taux de Change Effectif Réel

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africain

VA : Valeur Ajoutée

VAR : Vecteur Autorégressif

Page iv

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Ecart de PIB vis-à-vis des Etats-Unis

Tableau 2 : La productivité du Sénégal entre 1980 et 2009

Tableau 3 : Structure des emplois du PIB

Tableau 4 : Résultats du test de stationnarité de Dickey-Fuller Augmenté

Tableau 5 : Test de stationnarité de Philips-Perron

Tableau 6 : Relation de cointégration F-Statistique

Tableau 7 : Elasticités de court et de long terme du MCE

Tableau 8 : Résultats du test de Breush-Godfrey

Tableau 9 : Résultats du test de Breush-Pagan

Page v

LISTE DES FIGURES ET ENCADRES

Figure 1: GDP per capita in 2014 US$ (converted to 2014 price level with updated 2011 PPPs)

Figure 2 : Total Factor Productivity (TFP)

Figure 3 : Evolution et décomposition de la productivité

Figure 4 : Taux de croissance en volume du PIB et des secteurs d'activité (en %)

Figure 5 : Contribution du secteur primaire à la croissance économique Figure 6: Contribution du secteur secondaire à la croissance économique Figure 7 : Contribution du secteur tertiaire à la croissance économique Encadré 1 : Structure des ressources du PIB nominal

Encadré 2 : Structure des emplois du PIB nominal

Figure 8: Structure des emplois du PIB nominal en 2013 (en %)

Page vi

RESUME

Ce mémoire porte sur les déterminants de la croissance économique au Sénégal. Son choix a été motivé par la situation économique actuelle du pays qui aspire à devenir un Etat émergent d'ici l'horizon 2035. Son objectif consiste à identifier les facteurs déterminants de la croissance économique au Sénégal et analyser leurs effets à travers une analyse économétrique.

Les études empiriques ont guidé l'étude et ont permis d'expliquer l'influence de ces facteurs sur le taux de croissance du PIB. Les données proviennent de la base de données de la Banque Mondiale et du site www.conference-board.org et couvrent la période de 1980 à 2013. L'analyse du contenu a permis de savoir que l'inflation (INF), la formation brute de capital fixe en pourcentage du PIB (FBCFPIB), la productivité globale des facteurs (PGF) et le taux de couverture (TCOUV) ont une influence sur la croissance économique (représentée par le taux de croissance du PIB) du Sénégal.

Nous nous démarquons un peu des études empiriques qui ont étudié la relation en partant directement du lien entre ces facteurs et la croissance économique le taux de croissance du PIB (TXPIB). L'utilisation de la méthode d'estimation d'approche de cointégration ARDL nous a permis de trouver que seules la FBCF et la PGF ont une influence significative à long terme sur le taux de croissance (TXCPIB) du Sénégal, à travers l'impact positif que l'investissement a sur la production et une hausse non négligeable de la main d'oeuvre dans l'industrie et les services représentant près de la moitié de la population active, a générée 84% du PIB. Cela nous a permis d'apporter une réponse à notre question de recherche.

Mots clés : Croissance économique, Etat émergent, pauvreté, population active.

Page vii

TABLE DES MATIERES

DEDICACES i

REMERCIEMENTS .ii

LISTE DES ACRONYMES iii

LISTE DES TABLEAUX iv

LISTE DES FIGURES ET ENCADRES .v

RESUME .vi

TABLE DES MATIERES ..vii

INTRODUCTION GENERALE ..1

Chapitre 1 : Revue de la littérature de la croissance économique 5

Section 1 : Revue théorique de la croissance économique 5

1. La théorie des classiques et l'analyse Schumpétérienne 6

a. La théorie des classiques 6

b. L'analyse de Joseph Schumpeter 8

2. L'approche postkeynésienne et néoclassique de la croissance économique .9

a. L'approche postkeynésienne .9

b. Le modèle néoclassique : l'approche de Solow . 14

3. Les théories de la régulation et le régime d'accumulation et de la croissance endogène...17

a. Les théories de la régulation et le régime d'accumulation ..17

b. La croissance endogène 19

Section 2 : Revue empirique de la croissance économique 21

1. La relation entre l'inflation et la croissance 22

2. La relation entre l'investissement et la croissance économique .25

3. La relation entre croissance productivité 26

4. L'impact du degré d'ouverture sur la croissance 30

Chapitre 2 : Situation économique du Sénégal ...32

Page viii

Section 1 : Analyse de la croissance et les limites du modèle économique Sénégalais

..33

1. Analyse de la croissance depuis 1960

....33

2. Les limites du modèle économique Sénégalais et les contraintes à la croissance

..36

a. Les limites du modèle

.36

b. Les contraintes à la croissance

36

 

3. Une nouvelle stratégie à la croissance (PSE)

..39

Section 2 : Evolutions récentes du PIB du Sénégal

40

1. L'évolution des ressources du PIB

..41

a. Evolution des volumes du PIB

41

b. Evolution des prix

...47

2. L'évolution des emplois du PIB

..48

Chapitre 3 : Etude économétrique des déterminants de la croissance économique au Sénégal

51

Section 1 : Méthodologie

52

1. Analyse des données

52

2. Définition des variables

3. Spécification du modèle

Section 2 : Analyse des résultats et recommandations

..53

.53

55

1. Tests et résultats

55

1-1. Tests de stationnarité

56

1-1-1. Test de stationnarité de Dickey-Fuller Augmenté

56

1-1-2. Test de stationnarité de Philips-Perron

..57

1-2. Test de cointégration

58

1-3. Autres tests

..61

i. Test de significativité globale

..61

ii. Test de corrélation des erreurs de Breush-Godfrey

61

iii. Test d'homocédasticité de Breush-Pagan

..62

2. Analyse et validation des hypothèses

62

Page ix

2-1. Analyse des résultats

 

62

2-2. Validation des hypothèses

68

3. Recommandations

.68

CONCLUSION GENERALE

. ..70

BIBLIOGRAPHIE

. 72

ANNEXES

. . 76

Page 1

INTRODUCTION GENERALE1

L'économie mondiale a progressé à un rythme modéré, estimé à 2,6% en 2014. La reprise est entravée par de nouveaux problèmes, dont un certain nombre de chocs inattendus, tels que l'intensification des conflits géopolitiques dans différentes régions du monde. Dans la plupart des pays, le produit intérieur brut (PIB) a diminué sensiblement par rapport aux niveaux d'avant la crise, ce qui laisse présager d'une faible croissance économique à long terme.

Un pays comme le Sénégal n'est pas une exception à la règle. Puisque l'Etat a pour objectif de réaliser le bien-être collectif, il convient que les décideurs de la politique économique prennent des mesures avantageuses à la croissance économique. La réalisation de la croissance est un objectif de la politique économique qui se définit comme l'ensemble des interventions prises par les administrations publiques sur l'activité économique pour atteindre des objectifs dont la croissance.

Le Sénégal connait des problèmes de la croissance économique et ceci a des conséquences sur le développement économique du pays. Entre 1960 et 1980, le taux de croissance du PIB se fixait à environ 2,3% en moyenne annuelle. De 1980 à 1993, la croissance annuelle moyenne de l'économie est estimée à environ 2,7% par an, en dessous du taux de croissance démographique (2,9% l'an sur la période). Cette faible croissance s'est traduite par une baisse des revenus réels par tête et de l'emploi ainsi que par une augmentation des inégalités.

Pour faire face à cette montée des déséquilibres, le Sénégal a élaboré et mis en oeuvre un Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) couvrant la période 2003 à 2005. Les résultats obtenus sur cette période ont été jugés satisfaisants avec une croissance économique qui s'est maintenue sur une pente positive avec une moyenne annuelle d'environ 5% (6,7% en 2003 après le ralentissement de 2002, 5,6% en 2004 et 6,1% en 2005). Les rapports d'avancement 2003 et 2004 du DSRP ont fait état d'importants progrès dans la mise en oeuvre de la stratégie dans les secteurs prioritaires du DSRP. Beaucoup d'efforts entrepris sur la période, justifient en partie, l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE renforcée en avril 2004, le passage du Sénégal au club de Paris, l'éligibilité du Sénégal au Millénium Challenge Account (MCA) et tout récemment en 2005 l'admission du Sénégal à l'initiative du G 8 d'annulation de la dette.

1 Toutes les données statistiques de l'introduction générale sont tirées de l'ANSD

Page 2

Le Sénégal a élaboré son second DSRP en vue de réduire la pauvreté de moitié à l'horizon 2015, et d'atteindre les Objectifs du Millénium pour le Développement (OMD). A la suite de la dévaluation du franc CFA en janvier 1994, l'économie Sénégalaise a renoué d'avec la croissance, le PIB réel ayant crû de plus de 5% par an en moyenne entre 1995 et 2001.

En effet depuis 2005, des chocs répétés ont contribué à réduire la croissance du revenu par habitant à un niveau à peine plus élevé que le taux de croissance de la population. L'enquête auprès des ménages de 2011 indique que la pauvreté a diminué de seulement 1,8 point de pourcentage à 46,7%, et, en réalité, le nombre de personnes pauvres a augmenté. Cependant, alors que l'inégalité reste modérée, les disparités géographiques restent assez prononcées. Le coefficient de Gini de l'inégalité est estimé à 38, inférieur à la moyenne de 42 en Afrique sub-saharienne.

En 2013, le PIB du Sénégal a enregistré une croissance de 3,5%. Elle n'a pas beaucoup changé par rapport à 2012 ; exprimant une baisse dans la production des céréales dans le secteur industriel. Les services restent le moteur de l'économie.

Les exportations ont stagné en 2013, dû à une baisse des quatre principaux produits d'exportation (l'acide phosphorique, l'or, le ciment et le poisson). Le tourisme qui reste la plus grande source de devises étrangères, a également connu des difficultés.

Une conformité de l'exécution budgétaire, avec un déficit budgétaire qui est tombé à 5,5% du PIB. Une réduction des dépenses publiques entrainée par une insuffisance des recettes.

En 2014 une croissance économique de 4,3% est enregistrée. Ce redémarrage de l'activité économique est essentiellement dû au redressement de la croissance du secteur primaire qui a atteint 2,7% contre 0,5% l'année précédente, et au raffermissement du secteur secondaire avec 5,2%, après 5,1% en 2013. En contrepartie, elle est limitée par le ralentissement du secteur tertiaire qui a perdu 0,5 point de croissance pour ressortir à 4,1% sous l'effet de la perte de vigueur des services, des Postes et Télécommunications et de l'impact de l'épidémie d'Ebola sur les activités d'hébergement, de restauration et de transport aérien.

Une consolidation fiscale s'est poursuivie en 2014 avec une réduction de déficit budgétaire de 5,5% en 2013 à 5,2% en 2014. Tandis que, la masse salariale, plus particulièrement les indemnités, devient de plus en plus importante, et les budgets de 2014 et 2015 ne reflètent pas toujours les priorités annoncées par le gouvernement.

Page 3

Dans le long terme, l'économie du Sénégal fait ressortir une certaine perte de dynamisme enregistrée depuis 2005. Ceci est, en partie, causé par les chocs extérieurs mais également par des investissements inefficaces et par l'absence de réformes.

En février 2014, lors de la réunion du groupe consultatif de Paris, le président Macky Sall avait lancé une nouvelle stratégie de croissance appelée Plan Sénégal Emergent (PSE), d'abord auprès des bailleurs de fonds traditionnels, puis auprès des investisseurs privés.

Le Plan Sénégal Emergent a pour objectif de rompre avec cette tendance. Le fait qu'il mette l'accent sur la croissance économique est salué. Toutefois, ses ambitions pourraient ne pas correspondre avec les ressources disponibles et, selon toute vraisemblance, son succès dépendra de l'accélération des réformes et de l'adhésion massive du secteur privé.

Notre objectif est de déterminer les déterminants de la croissance économique au Sénégal. De ce fait, l'étude de la croissance économique est justifiée par la nécessité de comprendre comment par un ensemble d'actions harmonieuses et concertées, le Sénégal peut améliorer de manière soutenue, le niveau de vie de sa population ou se libérer de l'ornière de la pauvreté. Une identification des déterminants et une bonne compréhension de leurs interactions devraient permettre de bien concevoir une politique de croissance.

Les objectifs spécifiques de l'étude sont :

> identifier les facteurs déterminants de la croissance économique au Sénégal ; > et analyser leurs effets à travers une analyse économétrique.

Les hypothèses de la présente étude ont été formulées comme suit :

> L'investissement a un impact positif sur la croissance économique ;

> L'inflation a un effet négatif à court terme et positif à long terme ;

> Le taux de couverture agit positivement sur la croissance économique du Sénégal ;

> La productivité globale des facteurs agit positivement sur la croissance économique du

Sénégal.

Le présent mémoire comporte trois chapitres :

Le premier chapitre est consacré à la revue littéraire de la croissance économique en illustrant les théories de quelques grands économistes. Parmi les théories étudiées, nous avons celles de

Page 4

Joseph Schumpeter, de Harrod-Domar et de Solow. Quelques nouvelles théories de la croissance sont passées en revue avant d'examiner quelques études empiriques portant sur la croissance économique.

Le second chapitre fait l'étude sur la situation économique du Sénégal en analysant sa croissance économique et d'expliquer les limites du modèle économique Sénégalais avant de terminer sur les évolutions récentes du PIB.

Le troisième chapitre porte sur l'étude économétrique des déterminants de la croissance économique du Sénégal. Ce chapitre abordera la méthodologie, l'analyse des résultats des tests, la validation des hypothèses avant de suggérer quelques recommandations.

Page 5

Chapitre 1 : Revue littérature de la croissance économique

La croissance économique occupe l'esprit de nombreux économistes depuis l'apparition d'Adam Smith et sa richesse des nations. Les économistes utilisent le terme de croissance pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. François Perroux (1903-1987) définit la croissance comme étant « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit net en termes réels. ». La croissance économique est très souvent mesurée par des indicateurs économiques dont le plus utilisé est le PIB (produit intérieur brut). Selon Simon Kuznets (1901-1985), il y a croissance lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance de la population. Il est mesuré « en volume » ou « à prix constant » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance désigne la variation du PIB d'une année à l'autre. Cette variation est surtout due à une interaction des déterminants de la croissance économique. L'analyse de ces déterminants passe par l'étude des variables explicatives de la croissance à travers des modèles élaborés par des théoriciens de l'économie.

La revue théorique et l'application de modèles de croissance dans certains pays vont permettre d'avoir une meilleure compréhension des déterminants de la croissance.

Section 1 : Revue théorique de la croissance économique

Les origines de la croissance économique remontent à l'époque de la première révolution industrielle comme décrite dans la plupart des manuels de théorie économique, d'histoire de la pensée économique et d'histoires des faits économiques. Adam Smith (1723-1790) dans « vertus de la division du travail » a initié le thème de la croissance en 1776, qui réapparaîtra au 19éme siècle dans les travaux de Malthus, Ricardo et Marx. Cependant les modèles théoriques de la croissance connaissent un véritable succès au 20ème siècle et aux années 50. Les modèles postkeynésiens (Harrod-Domar) et néoclassiques (Solow) ont introduit un véritable débat sur la question de la croissance équilibrée. La croissance va connaître un nouvel essor dans les années 70 et 80 sous l'impulsion des théoriciens de la régulation et de la croissance endogène.

1. Page 6

La théorie des classiques et l'analyse Schumpétérienne

a. La théorie des classiques

La cause de la croissance économique a été depuis plus de deux siècles une question primordiale dans la scène économique. Adam Smith, Thomas Malthus (1766-1834), David Ricardo et Karl Marx sont les véritables précurseurs de cette réflexion.

- Adam Smith, dans ses recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), met en exergue le rôle de la division du travail (surplus, marché, gains de productivité) comme facteur de croissance. Cette division du travail se trouve renforcer par la participation du pays au commerce international (théories des avantages absolus). Selon Smith, la croissance dure tant que la division du travail et le marché peuvent être étendus. Cet optimisme de Smith apparaît à travers les traits d'une croissance illimitée.

- Thomas Robert Malthus quant à lui, considère dans son « Essai sur le principe de la population (1976) » que la croissance est limitée à cause de la démographie galopante. Il explique la misère en Angleterre par le décalage entre deux lois : la loi de la progression arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique de la population. Cette politique a été adoptée par certains pays pour rehausser leur taux de croissance.

- Dans ses « principes de l'économie et de l'impôt (1817) », David Ricardo (1772-1823) affirme que la croissance est limitée par les rendements décroissants. La valeur ajoutée se répartit en trois agents : les propriétaires fonciers (rente foncière), salariés (salaire de subsistance) et les capitalistes (profit). Le profit des capitalistes est résiduel c'est-à-dire qu'il intervient une fois que le salaire et la rente foncière ont été payés. Ainsi il convient d'augmenter la production agricole lorsque la population s'accroit. Or les nouvelles terres mises en culture sont de moins en moins productives. De ce fait le coût de la production va donc s'élever, entraînant une hausse des salaires et de la rente foncière. Les capitalistes ne seront plus incités à investir à cause d'une réduction des profits et l'économie va atteindre un état stationnaire. Ricardo préconise d'augmenter les gains de productivité dans l'agriculture grâce au progrès technique et de s'ouvrir au commerce international (théories des avantages comparatifs).

Page 7

- Le premier modèle formel de croissance a été proposé par Karl Marx à l'aide de ses schémas de reproduction élargie. Selon Marx la croissance est limitée dans le mode de production capitaliste en raison de la baisse tendancielle des taux de profit. La concurrence entre les capitalistes et le fait de vouloir une plus-value toujours plus importante (grâce à la réduction des salaires dont Marx nomme le minimum de subsistance) devraient provoquer une paupérisation des ouvriers et un arrêt de développement du système capitaliste (crise).

Les économistes classiques pensent que la croissance résulte seulement de l'accumulation du capital et les déterminants de la croissance sont le travail, le capital et la terre. La croissance commence par une accumulation primitive du capital causant donc une augmentation de la main d'oeuvre qui, par la suite, entraîne une hausse provisoire des salaires. Mais l'ajustement sur le niveau de subsistance va s'opérer par la démographie. Plus il y a de travailleurs, plus leur quantité de nourriture augmentent, ce qui pousse les producteurs de blé à cultiver des terres de moins en moins productives et donc accroître la fameuse rente mais aussi le prix du blé. Cette augmentation du prix du blé entraîne une hausse du niveau de subsistance des travailleurs et donc une diminution du profit. Le profit va diminuer jusqu'à ce que l'investissement cesse occasionnant un arrêt de l'accumulation du capital et de la croissance. Ainsi selon les classiques, la croissance économique est limitée par les rendements décroissants dans l'agriculture. Le modèle est donc fondé sur l'idée d'une croissance limitée. L'histoire de Robinson est un exemple patent pour comprendre cette croissance selon les classiques.

«Robinson arrive sur une île déserte qui possède toutefois des terres productives avec comme seuls atouts la force de ses bras (le travail) et un sac de blé qui correspond au capital. Il doit donc semer une partie de son blé pour pouvoir subsister dans le moyen terme et en consommer une autre pour pouvoir subsister aujourd'hui. Il doit donc opérer un arbitrage : quelle quantité consommer maintenant et quelle quantité de blé (capital) semer pour pouvoir récolter l'année qui suit ? Robinson opère donc un arbitrage entre la consommation et l'investissement ici considérée comme une offre et non une demande. Cet investissement est à la base de la croissance économique et au fil des années cet investissement va générer d'autres investissement, c'est la croissance. En effet Robinson par son travail en utilisant la terre augmente de plus en plus sa production de blé et donc son investissement.

Page 8

Toutefois le stock de blé de Robinson s'accroît de moins en moins vite. Plus il plante de blé plus le rendement de chaque grain de blé est faible. Au bout d'un moment il se rend compte qu'il ne doit plus augmenter ses investissements et donc la croissance s'arrête à cause de ces rendements marginaux décroissants ». A très long terme il n'y a donc pas de croissance possible selon les classiques. En effet, ils craignent une pénurie à long terme dans l'idée d'une croissance déterminée par une accumulation du capital qui est limitée.

Par contre dans certains extraits des oeuvres classiques, il est démontré que cette limite de la croissance peut être dépassée. Elle peut être dépassée par la division du travail de Smith considérée comme déterminant de base de la croissance économique. Dans le premier chapitre de la « richesse des nations », Smith montre que la division du travail prend aussi bien place dans l'entreprise qu'au niveau de l'économie nationale avec la division du travail entre les firmes. L'idée de la productivité par cette division permet une meilleure allocation du travail. C'est donc un nouveau déterminant de la croissance. De plus, Smith parle d'une habilité de l'artisan qui s'acquiert comme un argument du gain de productivité ce qui peut se rapprocher du terme de capital humain. Smith explique aussi que la division du travail est d'autant plus objective que le marché est étendu.

L'analyse de Marx est aussi intéressante car elle permet une autre vision classique de la croissance. Pour Marx le déclin inéluctable de la croissance repose sur l'idée de rendements d'échelle décroissants dans l'industrie et cela malgré le progrès technique qui permet des plus-values extra. Mais ces nouvelles plus-values ne permettent pas de compenser les baisses de rendements. De plus, Marx a l'intuition que les institutions politiques et sociales ont un rôle sur la production et rentrent dans les déterminants de la croissance.

b. L'analyse de Joseph Schumpeter

Dans son ouvrage « Capitalisme, Socialisme et Démocratie », Joseph Schumpeter (1942) considère le progrès industriel comme la clé du changement : « L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de la consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle - tous les éléments créés par l'initiative capitaliste ». Autrement dit, le progrès industriel est porté par des innovateurs qui cherchent à emporter le gros lot (Schumpeter compare le jeu des affaires au poker). L'analyse schumpetérienne donne une vision intéressante étant donné qu'elle ne repose pas uniquement

Page 9

sur le progrès technique, sur l'évolution des connaissances ou les grandes inventions (avec les cycles des révolutions industrielles successives). Schumpeter voit le chef d'entreprise comme le héros qui prend le risque de lancer un nouveau produit ou une nouvelle façon de produire, et une structure (concurrence monopolistique) qui assure à celui qui a réussi son pari d'en percevoir une rétribution financière (paye). La « Destruction - créatrice » laisse certains derrière elle car il y a peu d'élus pour beaucoup d'appelés. Cependant elle finit par être bénéfique pour tous. Le système tout entier produit plus de la richesse.

2. L'approche postkeynésienne et néoclassique de la croissance économique

a. L'approche postkeynésienne

Inspirés par les travaux de John Maynard Keynes, après la crise de 1929, des économistes comme Roy Forbes Harrod et Evsey Domar vont s'interroger sur les éventualités d'une croissance équilibrée. Les modèles de ces deux économistes vont ainsi chercher à expliquer des conditions et caractéristiques de l'équilibre d'une économie capitaliste en croissance.

Selon Domar, tout investissement a deux effets :

- A court terme, lors de sa réalisation il augmente la demande puisqu'il implique une demande de biens de production.

L'analyse de l'effet se fait à travers le multiplicateur d'investissement keynésien. En notant, OQd l'augmentation de la demande :

OQd = m
· O1
(1)

Où le multiplicateur d'investissement m vaut :

1

m=

 

1 - c

Avec c qui est la propension à consommer.

Si on note s la propension à épargner, on a, par définition, c + s = 1. Par conséquent, (1) peut s'écrire :

s (2)

d O1 OQ =

Page 10

- A long terme, l'investissement a un effet sur l'offre avec l'accroissement des capacités de production.

L'investissement augmente l'offre. En notant cette augmentation de l'offre, ?????, on a :

??

?????= ?? (3)

Où ?? est le coefficient de capital, qui correspond à l'inverse de la productivité du capital. Domar présuppose, en effet, que la productivité du capital (??/??) est constante : chaque unité de capital supplémentaire engendre la même croissance supplémentaire.

Pour que la croissance soit équilibrée, il faut que l'augmentation de la demande soit égale à l'augmentation de l'offre, donc que ????? = ?????, c'est-à-dire en arrangeant (2) et (3) que :

???

??

?? = ?? (4)

On constate en regardant (2) et (3) que l'effet d'offre de l'investissement est proportionnel à cet investissement, alors que l'effet sur la demande est proportionnel à la variation de l'investissement, ce qui laisse supposer que rien ne garantit que la croissance de le demande soit suffisante pour valider la croissance de l'offre. Rien ne garantit donc que la croissance soit équilibrée.

Domar considère que le coefficient de capital est constant, le taux de croissance de l'investissement est égal au taux de croissance, ???/?? = ??. L'équation (4) montre donc que pour que la croissance soit équilibrée, il faut qu'elle soit égale au rapport ??/??. Or il y a une indépendance entre la propension à épargner, le coefficient de capital et le taux de croissance de la production. Donc un taux de croissance donnant une croissance équilibrée n'a aucune raison de se réalisé.

Domar distingue deux situations :

Si l'augmentation de la demande est supérieure à l'augmentation de l'offre, c'est-à-dire si ?? > ??/??, alors le déséquilibre engendrera de l'inflation.

Si l'augmentation de la demande est insuffisante par rapport à celle de l'offre, c'est-à-dire si ?? < ??/??, alors le déséquilibre engendrera une crise déflationniste.

Page 11

Cela veut dire en partant d'un niveau d'investissement d'équilibre, ce qui correspond au plein emploi, si l'investissement croit à un taux inférieur à s/k, les capacités de production augmentent donc plus que la demande (chômage). Cette seconde situation est la plus probable à Domar, marqué par la crise de 1929.

Domar s'identifie ainsi, en longue période, les conclusions que Keynes formulait pour la courte période : l'équilibre de sous-emploi est le plus probable dans une économie de marché. Pour la plupart du temps, l'augmentation de l'investissement n'est pas suffisante pour générer une demande convenable aux capacités de production supplémentaire qu'elle induit : le chômage en est la conséquence.

Domar accorde à l'Etat un rôle important de régulateur de la demande globale. L'équation (1) est valable pour toute dépense autonome : l'Etat est capable de stimuler la demande sans augmenter l'investissement et donc sans accroître les capacités de l'offre, ramenant ainsi l'équilibre au plein emploi. L'Etat peut aussi changer, par sa politique fiscale, la répartition des revenus de manière à augmenter les revenus des plus pauvres, qui épargnent moins, au détriment des plus riches. Cela diminue la propension à épargner de l'économie s, par la suite le ratio s/k baisse. Le taux de croissance de l'investissement nécessaire au maintien du plein emploi est donc plus faible.

Ce modèle est limité car il manque de dynamisme. En particulier, il n'incorpore aucune fonction d'investissement. Il transpose uniquement deux conditions d'équilibre de court terme sur le long terme. Ainsi, en mettant une fonction d'investissement élémentaire dans ce modèle, cette situation peut être dépassée en partie même si ses conclusions sont proches.

Le modèle de Harrod comprend trois notions essentielles :

- Le taux de croissance garanti noté (g?? ) : C'est le taux de croissance qui permet l'équilibre sur le marché des biens sur la longue période. C'est-à-dire que les décisions d'épargne des ménages égales aux décisions d'investissement des entreprises ex ante (effectué avant qu'il soit produit) sur le long terme, permettant la réalisation des investissements désirés par les entrepreneurs.

- Le taux de croissance réalisé : c'est-à-dire le taux de croissance effectif de l'économie.

- Le taux de croissance naturel de la population active, qui est exogène à l'économie.

Harrod se pose deux questions importantes :

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A quelles conditions le taux de croissance réalisé peut-il être égal au taux de croissance garanti ? Autrement dit, l'économie peut-elle être sur un sentier de croissance stable, permettant un équilibre durable des décisions d'épargne et d'investissement ?

Le taux de croissance garanti est-il compatible avec le taux de croissance naturel ? Autrement dit, le taux de croissance d'équilibre de l'économie est-il suffisant pour que l'augmentation de la population active ne débouche pas sur une augmentation du chômage ?

Le sentier d'équilibre : taux de croissance garanti et taux de croissance réalisé

En partant des formulations de Keynes, Harrod pose que l'épargne (??) est proportionnelle au revenu (??) :

??= ???? (1)

Où ?? est la propension à épargner, comprise entre 0 et 1.

Harrod suppose également que l'investissement (??) est proportionnel aux variations du revenu, selon le principe de l'accélérateur d'investissement :

??= ?? · ??? (2)

Où ?? est le coefficient de capital égal à ??/?? (rapport entre le capital disponible et la production qu'il permet de mettre en oeuvre).

Pour qu'il y ait équilibre sur le marché des biens, on doit avoir ?? = ??.

??= ????= ??= ?? · ??? (3)

Ce qui se simplifie en :

????= ?? · ??? (4)

Ce qui donne en réarrangeant (4) :

???

?? = ???? =

??

?? (5)

L'équilibre implique donc que le taux de croissance garanti soit égal au rapport ??/??. Or, il n'y a pas de raison pour que le taux de croissance réalisé, qui dépend de décisions individuelles, respecte ce ratio, qui dépend des structures de l'économie (de sa propension à épargner et de son coefficient de capital).

Taux de croissance garanti et croissance de la population active

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Harrod note ???? le taux de croissance de la population active. Il affirme que celui-ci est exogène à l'économie : il ne dépend que de la croissance de la population, qui n'est pas influencée par les phénomènes économiques. Pour que le taux de chômage reste stable, il faut que la population active augmente au même rythme que le taux de croissance

garanti : ???? = ????. Pour que la croissance soit équilibrée et sans chômage, on doit donc
avoir :

????=

??

?? (6)

Or, il n'y a aucune raison pour que cette dernière égalité soit réalisée : les trois variables ????, ?? et ?? sont toutes indépendantes les unes des autres. Par conséquent, pour Harrod, la croissance est fondamentalement instable et porteuse de chômage.

Le modèle de Harrod-Domar a été mis en place comme un modèle du cycle des affaires car il a exercé une importante influence sur l'économie du développement. En effet, la productivité du capital (égale à 1/??) était supposée constante, car dépendante des paramètres technologiques. Le modèle disait que le seul moyen pour un pays en développement d'accroître son taux de croissance passait par une augmentation de son épargne. Du fait de l'insuffisance de l'épargne privée dans les pays en développement, seule une aide étrangère et l'Etat par une politique d'excédents budgétaires, pouvaient accroître le taux d'épargne de l'économie, finançant ainsi un taux d'investissement plus élevé. Selon Bhagwati, le développement dépend plus de l'accroissement de la productivité du capital que de l'accroissement du taux d'investissement. Par ailleurs, rien ne garantit que l'aide étrangère se traduise par un accroissement identique de l'investissement : elle peut provoquer une baisse de l'épargne privée et de la productivité du capital.

Pour Harrod et Domar, la croissance est toujours instable, et peut s'accompagner d'un chômage durable. L'Etat à lui seul peut stabiliser le sentier de la croissance de l'économie, en régulant la demande globale. Ce modèle est sans doute critiquable en raison des hypothèses qui le fondent :

Hypothèse 1 : La propension marginale à épargner est stable, et ne dépend pas des autres variables du modèle. Or, sur le long terme, la propension à épargner d'une économie varie. C'est ce qui a conduit les postkeynésiens de Cambridge (Joan Robinson et Nicolas Kaldor, en

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particulier) à mettre en place à partir du modèle de Harrod-Domar et de l'oeuvre de Mickai Kalecki, des modèles de croissance où l'épargne joue le rôle de variable d'ajustement.

Hypothèse 2 : le travail et le capital ne sont pas substituables. Une augmentation de la production entraîne un accroissement proportionnel du capital et de la main-d'oeuvre. La fonction de production est à proportion de facteurs fixes. Les ratios K/Y (coefficient de capital) et L/Y (coefficient de travail) sont donc stables. Cette hypothèse est difficile à soutenir pour la longue période, où se situe le modèle. Sur une longue période, la main d'oeuvre et le capital peuvent être substitués, si le prix de la main d'oeuvre baisse à celui du capital.

Robert Solow affirme que si le ratio k/y reste constant, « l'histoire du capitalisme aurait été bien plus erratique qu'elle ne l'a été ». En lissant les fluctuations, la tendance de longue période est loin de « la croissance sur le fil du rasoir » que suggère le modèle de Harrod-Domar. Ce qui pousse Robert Solow à travailler son modèle avec une fonction de production où le capital et le travail sont substituables : si le coefficient de capital est variable alors la croissance peut être durable. Aujourd'hui, ce modèle est une référence en science économique et rend célèbre le modèle de Harrod-Domar.

b. Le modèle néoclassique : l'approche de Solow

Le modèle néoclassique tel que conçu aujourd'hui, a été développé successivement par Ramsey (1928), Solow (1956), Swan (1956), Cass (1965) et Koopmans (1965). Solow fût la figure la plus pesante. Il obtient le Prix Nobel en 1987. Son article intitulé « A Contribution to the Theory of Economic Growth » paru en 1956 the Quarterly Journal of Economics, affecte l'origine de la croissance par tête au montant de capital technique investi (machines, équipements, logiciels, infrastructures...). Chaque travailleur peut avoir un équipement plus performant et peut produire davantage si toutefois l'investissement par tête dépasse le montant de la dépréciation du capital par tête existant. Toutefois, une augmentation du capital par tête entraîne une augmentation de la production mais pas de façon proportionnelle (c'est le principe des rendements décroissants). Ainsi à force d'augmenter le capital par tête, il viendra un moment où la production par tête augmentera mais moins vite que cela ne coûte. La croissance va ainsi cesser, ce que Solow appelle « l'Etat régulier ». En effet, l'Etat régulier dépend du coût relatif du capital. Une diminution de ce dernier (un renchérissement du coût du travail incitera les entreprises à substituer du capital au travail) conduit alors à une augmentation de l'investissement à nouveau jusqu'à ce qu'un nouvel Etat régulier soit atteint. Le modèle de

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Solow repose sur des hypothèses de type néoclassique : toute l'épargne est investie, les rendements sont décroissants, la substitution du capital au travail (selon les coûts relatifs de l'un à l'autre). La concurrence empêche l'existence de rente de monopole et de comportements price-maker. Il rend également compte de plusieurs faits importants :

? Le niveau de production d'un pays est déterminé par l'investissement par tête qui y est effectué. Tant que le niveau d'état régulier n'est pas atteint, un investissement supplémentaire est toujours générateur de croissance économique. Entre deux pays, celui qui investit moins, a une croissance moindre.

? Il explique les phénomènes de rattrapage des pays qui ont commencé leur croissance économique plus tardivement. « La propriété de convergence » est l'hypothèse retenue par ce modèle (plus le niveau de départ du PIB/habitant est faible, plus le taux de croissance attendu est élevé). C'est le cas de la France vis-à-vis des Etats unis entre 1950 et 1970, du Japon entre 1960 et 1980. Le modèle de Solow délivre un message optimiste : tous les pays ayant fait un effort d'investissement, sont susceptibles de connaître une croissance économique. A terme, on se dirige vers une convergence, puisque tous les pays proches de leur état régulier connaissent, pour un taux d'investissement donné, une croissance plus faible que celles des pays qui en sont moins proches. Si tous les pays étaient identiques (à l'exception de leur intensité de départ en capital) : la croissance des pays les plus pauvres serait plus rapide que celle des pays les plus riches. Si tous les pays sont hétérogènes (propension à épargner, accès à la technologie, taux de fécondité...), la convergence ne se réalisera qu'à certaines conditions : le taux de croissance est d'autant plus élevé que le PIB de départ par habitant est faible par rapport à sa situation d'équilibre de long terme. La propriété de convergence tient à l'existence de rendements du capital décroissants. Les économies qui ont un niveau de capital/travailleur faible (par rapport à son niveau de long terme), tendent à avoir des niveaux d'équilibre et de croissance plus élevés. Il s'agit d'une convergence conditionnée car les niveaux d'équilibre du capital et de la production/travailleur dépendent de la propension à épargner, du taux de croissance démographique,...

? Le modèle de Solow éclaire ce que l'on a coutume d'appeler « la règle d'or ».

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Cette règle d'or permet de déterminer le taux d'épargne s associé au capital par tête ?? qui permet la plus grande consommation par tête chaque instant. Ce taux d'épargne est tel qu'il est conduit à une formation de capital dont la productivité marginale est égale au taux de croissance de l'économie. La règle d'or s'écrit alors :

Productivité marginale du capital = Taux de croissance de l'économie si l'on suppose que le Taux d'intérêt réel = Taux de croissance de l'économie.

La règle d'or s'énonce comme suit dans le modèle de Solow : "La consommation par tête en régime semi-stationnaire est maximale lorsque le capital par tête est tel que la productivité marginale du capital est égale au taux de croissance de l'économie".

? Enfin, le modèle néoclassique dépasse le simple cadre des biens physiques pour inclure le capital humain sous toutes ses formes : niveau d'éducation, d'expérience, santé. Dès lors, le modèle de Solow qui ajoute un investissement en capital humain à l'investissement en capital technique, permet à la fois d'expliquer la convergence de certains pays et l'accentuation des inégalités mondiales entre pays pauvres et pays riches. La convergence provient des efforts d'investissement en capital humain et en capital technique de pays qui comblent ainsi leur retard (ils peuvent transférer chez eux les techniques de production des pays les plus en avance, grâce à une main d'oeuvre mieux formée).

Le modèle de Solow s'est cependant écarté de la réalité en considérant que la croissance économique par tête devait peu à peu diminuer et finir par cesser de progresser : ainsi, sans innovations technologiques continues, la croissance du produit/habitant cesse. Des études ont montré que la croissance progressait même à un rythme ralenti et demeurait un fait majeur de toutes les économies développées.

Les théoriciens ont reconnu les limites durant les années 50-60 et ont cherché à surmonter cette difficulté en intégrant un troisième facteur pour expliquer la croissance à long terme : le progrès technique exogène. Ce facteur est un peu particulier car il accroit l'activité productive du capital et du travail. Dès lors, le taux de croissance/habitant de long terme devenait entièrement déterminé par une variable exogène : le taux de progrès technique. Et comme le taux de croissance dépend aussi d'une donnée exogène : le taux de croissance démographique, on se retrouve avec un modèle qui n'explique pas la croissance à long terme, mais simplement le fait que la tendance à la stagnation du produit par tête pouvait être évitée suite à un progrès technique miraculeux (engendrant des effets externes positifs). Les travaux des années

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suivantes se sont efforcés d'apporter une solution à la croissance de long terme, en proposant une théorie du progrès technique. Les hypothèses de la concurrence doivent être modifiées : dose minimale de non-rivalité (caractéristique des biens publics), existence d'hypothèses de rendements constants des facteurs de production (travail non qualifié, capital, terre) voire possibilité de rendements croissants (ce qui va à l'encontre de la concurrence parfaite)...

Arrow (1962) et Sheshinski (1967) ont alors proposé des modèles dans lesquels les découvertes étaient des retombées de la production ou de l'investissement (mécanisme décrit comme l'apprentissage). Chaque découverte a des retombées immédiates sur l'économie (diffusion rapide). Le modèle de Solow fût enrichi en y intégrant la notion d'investissement en capital humain. Sous l'impulsion de Gregory Mankiw, David Romer et David Weil (1992), la notion d'investissement en capital humain fût assimilée à un investissement de court terme. Si une formation permet de transformer du travail non qualifié en travail plus qualifié donc le niveau technologique du pays augmente du même coup que son état régulier et son rythme de croissance. Certes, ce modèle continue à faire appel au progrès technique exogène pour expliquer que la croissance ne se ralentit pas au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'état régulier.

Toutefois, l'investissement en capital humain permet d'endogénéiser une partie de ce progrès technique. Dans cette problématique, la formation rend l'apport du facteur travail plus efficace, ce qui contribue à stimuler la croissance économique sans qu'il soit nécessaire de faire appel autant que dans le modèle de Solow au progrès technique. Contrairement à l'investissement matériel, qui engendre des rendements décroissants, l'investissement humain engendre des rendements constants (toute année de formation supplémentaire augmente l'efficacité du travail dans la même proportion) qui empêchent que la croissance ralentisse.

L'état régulier est repoussé au fur et à mesure que l'on s'en approche (à condition que le niveau de formation s'élève). Toutefois, même dans ce modèle enrichi, le rôle du progrès technique exogène persiste.

2. Les théories de la régulation et le régime d'accumulation et de la croissance endogène

a. Les théories de la régulation et le régime d'accumulation

La théorie de la régulation est le fruit d'un programme de recherches lancé à la fin des années 60. La question principale selon Robert Boyer (1993) était de savoir « si la croissance que les pays industrialisés avaient connue depuis le lendemain de la seconde guerre mondiale allait

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durer ». C'est ainsi que la notion de régime d'accumulation fut introduite d'abord par Michel Aglietta, puis par Robert Boyer afin de souligner que la généralisation de l'échange marchand pouvait rendre les crises possibles : « On désignera sous ce terme l'ensemble des régularités assurant une progression générale et relativement cohérente de l'accumulation du capital, c'est à dire permettant de résorber ou d'étaler dans le temps les distorsions et déséquilibres qui naissent en permanence du processus lui-même » (1986, p. 46).

Les crises économiques majeures étaient considérées comme des crises de mutation entre la régulation ancienne qui ne pouvait plus permettre d'avoir la croissance et la nouvelle régulation qui devait résoudre les causes profondes de la crise. Le régime fordiste fut le régime d'accumulation qui s'est imposé. Le régime fordiste a combiné le mode de production taylorien puis fordien avec l'accès du plus grand nombre à la société de consommation. La redistribution des gains de productivité obtenus dans l'industrie fut un puissant moteur de la hausse de la demande globale passant par l'élévation du niveau de vie des salariés. Ce système se dérègle dans les années 60 et selon Daniel Cohen (2004, p.45), nous serions passés « d'un modèle fordiste à un modèle postfordiste marqué par davantage de précarité et de flexibilité ». Le monde fordiste était caractérisé par une autorégulation des rapports sociaux, entre, d'une part le mouvement ouvrier et sa représentation syndicale, et, d'autre part, un capitalisme managérial qui pouvait servir d'interlocuteur au mouvement ouvrier, parce qu'il en partageait fondamentalement les principales aspirations : protéger la firme des aléas économiques dus à la concurrence et au cycle des affaires. Du point de vue social, le travail à la chaine est un moyen de rendre plus productif les travailleurs a priori les plus démunis. La parcellisation des tâches permettait de rendre utilisable la main d'oeuvre non qualifiée. Cette intégration s'effectuait également par les plans qui protégeaient les salariés des aléas de l'existence. Le fordisme reposait ainsi sur un contrat implicite : l'obéissance (voire l'aliénation) en échange d'une protection contre les aléas de l'existence. Or c'est précisément ce contrat tacite qui a été remis en cause avec la crise du fordisme. Il n'y a plus de carrière assurée et on fait reposer sur l'individu l'effort de l'intégration dans l'entreprise.

Ainsi la mise en place des outils d'analyse de la crise du régime fordiste permettait d'imaginer le régime qui va être adopté. La notion de régime d'accumulation a permis d'introduire le concept de formes institutionnelles, définies comme la codification d'un ou plusieurs rapports sociaux fondamentaux. La détermination du régime d'accumulation fait intervenir cinq formes

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institutionnelles (la monnaie, le rapport salarial, la concurrence, les modalités d'adhésion au régime international, l'Etat).

b. La croissance endogène

Le modèle de Solow signalait uniquement que la croissance peut perdurer grâce au progrès technique mais n'expliquait pas l'origine de ce dernier. Par contre la théorie de la croissance endogène a pour objectif d'expliquer la croissance économique à partir d'un processus de décisions microéconomiques. Pour les tenants de la théorie de la croissance endogène, le progrès technique n'est pas le fait du hasard. Elle est considérée comme un phénomène auto-entretenu par accumulation de quatre facteurs principaux : la technologie, le capital physique, le capital humain et le capital public. On parle de théorie de la croissance endogène car le rythme d'accumulation des variables dépend de choix économiques. Paul Romer a publié le premier modèle de croissance endogène en 1986, dans un article intitulé « Increasing Returns and Long Run Growth ».

La théorie de la croissance endogène a identifié quatre facteurs principaux à la croissance :

? Le capital physique :

Le capital physique correspond à l'équipement disponible pour la production de biens et de services. Romer (1986) a cependant renouvelé l'analyse en proposant un modèle qui repose sur les phénomènes d'externalités entre les firmes : lorsqu'une firme investit de nouveaux équipements, elle se donne les moyens d'accroître sa propre production mais également celles des firmes concurrentes ou non.

L'investissement dans de nouvelles technologies est le point de départ à de nouveaux apprentissages par la pratique. Parmi les formes d'apprentissage, on peut citer l'amélioration des équipements en place, les travaux d'ingénierie (agencement des techniques existantes), l'augmentation de la compétence des travailleurs...Or ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le produit. Il se diffuse inévitablement aux autres firmes. L'investissement a un double effet : il agit directement sur la croissance et indirectement sur le progrès technique.

? La technologie :

Cette théorie repose sur l'analyse des conditions économiques qui favorisent le changement technique. Un changement technique provient d'une idée mise en forme et testée. Cependant, entre l'émergence d'une idée nouvelle et sa mise en oeuvre concrète, il peut y avoir un très long chemin (test, essais-erreurs) qui nécessite le concours de plusieurs personnes. Bref des coûts de

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mise au point qui peuvent être très élevés. En revanche, une fois ces étapes franchies, si l'idée est acceptée, le produit qui en résulte peut être multiplié avec un coût bien moindre (ainsi le premier disque compact, le premier ordinateur ont nécessité des efforts colossaux de la part de ceux qui les ont mis au point, cependant leur reproduction à l'identique a été beaucoup plus facile). Le propre des idées qui provoquent des changements techniques, est qu'une fois les plâtres essuyés, elles donnent naissance à des rendements croissants (les exemplaires suivants coûtent beaucoup moins chers), voire fortement croissants (duplication d'un logiciel). Si bien que pour celui qui s'est efforcé de transformer l'idée en produit, le risque existe que des concurrents en profitent et que lui ne récupère jamais son investissement initial, alors que ces concurrents s'enrichissent. Des droits de propriété intellectuelle limiteront ce risque : brevets ou copyright protègent l'inventeur qui dispose d'un monopole d'exploitation (limité dans le temps) sur l'oeuvre ou le produit tiré de son travail.

Contrairement aux approches néoclassiques, Romer reconnaît cependant que le marché ne peut pas assurer à long terme une croissance maximale. L'Etat a un rôle important à jouer, non par le biais de la dépense publique envers la recherche (Romer ne pense pas que cela puisse accélérer durablement le progrès technique), mais en venant au secours des innovateurs par le biais d'une fiscalité compensatrice (moindre taxation des bénéfices issus des produits nouveaux), de mesures juridiques incitant la recherche-développement et les externalités de connaissances, de mesures anticoncurrentielles non dissuasives.

? Le capital humain :

Cette théorie a été mise en évidence par deux économistes de l'école de Chigago, Theodor Schultz et Gary Becker, et au centre des études menées par R.E Lucas (prix Nobel 1995). Le capital humain est l'ensemble des capacités apprises par les individus et qui augmentent leur efficacité productive. Chaque individu a des compétences qu'il valorise et les vend sur le marché du travail. L'éducation est un investissement dont l'individu attend un certain retour. En 1990, Robelo introduit dans son modèle l'existence d'un capital humain qu'il note H, le capital physique remplace le travail. La fonction de production est donc F (K, H).

? Le capital public :

Le capital public est l'ensemble des infrastructures mises en place par l'Etat dans le secteur des transports, de la communication, de l'éducation et de la recherche... Le capital public est donc une forme de capital physique. Ces infrastructures sont au coeur du modèle élaboré par R.J Barro.

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Tous ces travaux ont été poursuivis par Grossman et Helpman (1991), Aghion et Howitt

(1992), Barro et Sala-i-Martin (1995)...Le progrès technique résulte ainsi d'un objectif fixé en recherche-développement, activité récompensée selon Schumpeter (1934) par la détention d'une forme de pouvoir monopolistique ex-post. S'il n'y a pas de tendance à l'épuisement de ces découvertes, les taux de croissance peuvent rester positifs à long terme. Dans ce cas, le taux de croissance à long terme dépend des actions des gouvernements (politique fiscale, respect des lois, fourniture de biens collectifs, marchés financiers...). Le gouvernement a un pouvoir d'infléchissement du taux de croissance à long terme ! Les théories de la croissance endogène reposeraient donc sur l'idée que la concurrence parfaite est mortifère, et que l'activité économique a besoin de concurrence imparfaite et d'intervention publique. En même temps, elles réitèrent l'idée selon laquelle, sur le long terme, ni le taux d'investissement, ni l'effort de formation ne suffisent à assurer une réduction des écarts de développement entre pays. Ces modèles ont été relancés ces dernières années grâce à l'intégration de nouvelles variables explicatives (régime politique, démocratie...), de nouvelles relations (dépassement de la croissance trop restrictive afin d'intégrer les analyses en termes de développement, IDH de Armatya Sen) et du « principe de convergence conditionnelle » (Barro). Ainsi alors que l'analyse des découvertes renvoient au rythme du progrès technologique dans les économies de pointe, l'étude de la diffusion de ces découvertes renvoie à la manière dont les économies suiveuses se partageront par imitation ces découvertes (possibilité de convergence proche du modèle néoclassique car l'imitation coûte moins cher que l'innovation).

En somme, les théories de la croissance économique ont servi aux pays d'établir des modèles qui ont permis d'accroître leur taux de croissance de leur économie d'une année à l'autre.

Section 2 : Revue empirique de la croissance économique

Depuis l'époque de l'enquête classique d'Adam Smith dans la nature et les causes de la

Richesse des Nations (1776), les économistes ont accordé une attention considérable à la question de la compréhension de la croissance économique. L'empirisme de la croissance a été un domaine important de la recherche depuis le milieu des années 1950, lorsqu'Abramovitz (1956) et Solow (1957) ont mis en évidence la grande contribution de la productivité totale des facteurs à la croissance. Des études empiriques de la croissance économique ont été réalisées par des économistes de la croissance endogène. Des modèles de croissance ont été mis en place pour démontrer l'existence des facteurs qui occasionnent la croissance économique d'un pays.

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Des résultats empiriques de l'impact des déterminants comme l'inflation, l'investissement, l'ouverture et la productivité globale des facteurs donnent une meilleure compréhension de ce phénomène.

1. La relation entre l'inflation et la croissance économique

Plusieurs études ont estimé une relation négative entre l'inflation et la croissance économique. Néanmoins, certaines études ont soutenu le contraire.

Les premiers travaux (par exemple, Tun Wai, 1959) n'ont pas réussi à établir une relation significative entre l'inflation et la croissance économique. En outre, une étude menée par Paul, Kearney et Chowdhury (1997) impliquant 70 pays (dont 48 sont en développement) sur une période de 1960-1989, trouve qu'il n y a pas d'effet causal entre l'inflation et la croissance économique dans 40% de ces pays; ils ont signalé une causalité bidirectionnelle dans 20% de l'échantillon et une relation unidirectionnelle dans le reste. Plus intéressant encore, la relation était positive dans certains cas et négative dans d'autres.

Thirwall et Barton (1971) ont mené l'une des premières études transversales par pays. Ils présentent une relation positive entre inflation et croissance économique pour les pays industrialisés et une relation négative pour 7 pays en développement.

Sarel (1995) souligne que le taux d'inflation était quelque peu modeste dans plusieurs pays dans les années 70 et après les taux ont commencé à être élevé. Ainsi, plusieurs études menées avant 1970 ont montré la preuve qu'il y avait une relation positive entre le taux d'inflation et la croissance économique et une relation négative au-delà de cette période due à la sévère hausse de l'inflation.

Les résultats de Fischer (1993) montrent que l'inflation réduit la croissance en réduisant l'investissement et la croissance de la productivité. En outre, il précise qu'une faible inflation et un faible déficit fiscal ne sont pas nécessaires pour une croissance élevée même sur de longues périodes ; également un niveau d'inflation élevée n'est pas compatible avec une croissance économique soutenue.

L'étude de Barro (1995) a recherché le lien entre l'inflation et la croissance économique en utilisant un grand échantillon comportant plus de 100 pays de 1960 à 1990. Ses résultats empiriques ont montré qu'il existe une relation significativement négative entre l'inflation et la croissance économique si certaines caractéristiques des pays (l'éducation, le taux de fécondité, etc....) sont maintenues constantes. Plus spécifiquement, une hausse de 10 points (%) de

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l'inflation par an réduit le taux croissance réel par tête de 0,2 à 0,3 points par an. En d'autres mots, son analyse empirique suppose que la relation estimée entre l'inflation et la croissance économique est négative quand certains instruments raisonnables sont considérés dans la méthode statistique. Finalement, il a ajouté qu'il y a au moins des raisons de considérer que l'inflation à long terme réduit la croissance économique.

Malla (1997) a conduit une analyse empirique utilisant un petit échantillon de pays d'Asie et de pays appartenant à l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) séparément. Après avoir contrôlé les facteurs travail et capital, les résultats estimés suggèrent que pour les pays de l'OCDE il existe une relation négative et statistiquement significative entre l'inflation et la croissance économique. Cependant, la relation n'est pas statistiquement significative pour les pays en voie de développement de l'Asie. Les résultats cruciaux de ces analyses empiriques suggèrent que la relation transversale par pays de la relation inflation et croissance économique de long terme rencontre certains problèmes fondamentaux comme l'ajustement dans l'échantillon des pays et la période d'étude. Ainsi, une relation ambigüe entre l'inflation et la croissance économique peut ressortir des régressions des séries temporelles comparatives transversales par pays avec différentes régions et périodes.

Gillman et al. (2002), s'appuyant sur un panel de données des pays de l'Organisation de Coopération et Développement Economique (OCDE) et la Coopération Economique Asie et Pacifique(CEAP) indiquent que la réduction de l'inflation élevée ou moyenne (à deux chiffres) à celle modérée (à un chiffre) a un effet positif sur la croissance économique pour les pays de l'OCDE et dans une moindre mesure pour les pays de la CEAP. Ils ajoutent même que l'effet du ralentissement espéré de l'inflation pourrait être observé quand l'économie mondiale ne fait pas face à une baisse brusque de la croissance causée par des chocs. S'il n'y pas de chocs, la réduction du taux d'inflation peut permettre un taux de croissance considérablement élevé.

Certaines études contrairement aux premières ont été menées d'une manière dynamique en analysant les effets à court terme et à long terme de l'inflation sur la croissance économique. Elles parviennent dans la plupart des cas au même résultat. Dans le court terme l'inflation a n'a pas d'effet ou a un impact positif sur la croissance tandis qu'à long terme elle l'influe négativement.

Faria et Carneiro (2001) ont recherché la relation entre l'inflation et la croissance économique dans le contexte du Brésil qui a fait l'expérience d'hyperinflation persistante. Analysant, un modèle bivarié de séries temporelles (à savoir VAR) avec des données annuelles pour la

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période entre 1980 et 1995, ils trouvent que malgré qu'il existe une relation négative entre l'inflation et la croissance économique dans le court terme, l'inflation n'affecte pas la croissance économique dans le long terme. Leurs résultats empiriques aussi soutenaient le concept de super neutralité de la monnaie dans le long terme. Ceci en retour fournit la preuve contre le point de vue selon lequel l'inflation affecte la croissance économique à long terme.

Dans l'étude de Mallik et Chodhurry (2001), ils examinent la dynamique de court terme et de long terme entre inflation et croissance économique pour 4 pays d'Asie du Sud : Bangladesh, Inde, Pakistan, et Sri Lanka. Selon eux, malgré le fait que l'inflation n'est pas nuisible à court terme pour ces économies, elle pourrait l'entraver à long terme.

Shamim Ahmed et Golam Mortoza (2005) ont conduit une étude sur la relation entre l'inflation et la croissance économique au Bangladesh en utilisant une cointégration et un modèle à correction d'erreur. Les résultats de cette analyse démontrent qu'il existe d'une manière significative une relation négative de long terme entre l'inflation et la croissance économique. En outre, ils trouvent qu'il y a un point de rupture structurelle dans ce lien qui pourrait être considéré comme un seuil.

Une analyse récente soutient qu'il y a un niveau seuil de l'inflation dans la relation entre l'inflation et la croissance économique.

Dans ce contexte, spécialement pour les épisodes d'inflation très élevée, Barro (1996) montre qu'une relation négative existe au-delà d'un taux d'inflation de 15%. Judson et Orphanides (1996) utilise 10% de seuil. Bruno et Easterly (1996) argumente en faveur d'un seuil de 40%. Sarel (1996) a spécifiquement testé l'existence d'une rupture structurelle dans la relation entre l'inflation et la croissance économique et a trouvé une preuve de la rupture significative à un taux d'inflation annuel de 8%. Ghosh et Philips (1998), utilisant un échantillon plus grand que Sarel ont trouvé un seuil de 2,5%. Ils ont aussi trouvé que l'inflation est un déterminant les plus importants statistiquement de la croissance. Christoffersen et Doyle (1998) ont estimé à 13% le seuil du niveau d'inflation des économies en transition. Aussi, Bruno et Easterly (1998) soutiennent que la relation négative entre l'inflation et la croissance n'existe que dans les cas de données de haute fréquence avec des observations d'inflation extrême. Malgré ce fait, ils ont détecté un effet négatif de l'inflation sur la croissance pour des taux d'inflation supérieur à 40%.

Sweidan (2004) cherche à vérifier si la relation entre l'inflation et la croissance économique a un effet de point de rupture structurel ou non dans l'économie Jordanienne sur la période entre

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1970 et 2003. Il trouve que cette relation tend à être positive et significative en dessous du taux d'inflation de 2% et l'effet de rupture structurel a lieu à un niveau d'inflation égal à 2%. Au-delà de ce niveau seuil, l'inflation affecte la croissance économique négativement.

En somme, l'inflation exerce un effet de seuil sur la croissance économique qui permet de concilier les positions contradictoires des structuralistes et des monétaristes. Toutefois, au regard des résultats des études empiriques menées dans le cadre de la détermination de ce seuil, l'on retient que celui-ci dépend principalement de la structure de l'économie.

2. La relation entre l'investissement et la croissance

En Afrique, à la fin des années 1990, plusieurs études ont été lancées, afin d'analyser les effets des investissements publics sur la croissance.

Deux « équipes » des Universités de Rabat-Agdal et de Marrakech ont étudié les effets des investissements publics au Maroc, elles ont procédé de façons différentes et ont abouti, de ce fait, à des résultats différents. Amrani, Oulhaj et Hammes (2004) 43(*) de l'équipe de Rabat-Agdal ont testé la relation entre les dépenses publiques d'investissement et la croissance économique au Maroc entre 1970 et 2004 à travers les ratios des dépenses publiques totales d'investissement rapportées au PIB, les dépenses publiques d'investissement par secteur rapportées au PIB et les dépenses publiques totales par secteur rapportées au PIB. Ils arrivent à la conclusion selon laquelle, empiriquement, seul l'investissement public dans le secteur de la santé semble porteur de croissance.

La seconde équipe, de Marrakech, après une présentation descriptive des dépenses publiques d'investissement entre 1970 et 2003, précise que le choix de la période d'étude et des variables à introduire dans le cadre du modèle économétrique mis en oeuvre a été limité par la disponibilité des données pour ces dépenses publiques réparties par catégories. Donc, en tenant compte de ces difficultés, les auteurs présentent un modèle qui fait intervenir le taux de croissance économique mesuré comme étant le taux de croissance du PIB en termes réel, les dépenses publiques par catégorie (dépenses publiques d'investissement, d'éducation, de santé, de transport et communication et de défense nationale) par rapport au PIB, les taxes sur les revenus par rapport au PIB, l'investissement privé par rapport au PIB, le niveau initial de développement mesuré par le PIB par tête en logarithmes, l'indicateur social de capital humain, mesuré par le taux de scolarisation au primaire et au secondaire et l'indicateur social de santé

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mesuré par l'espérance de vie en logarithmes. Le modèle suivant a été testé pour la période de 1970 à 2003 :

Les auteurs à l'issue de cette analyse concluent que seules les dépenses d'investissement dans les entreprises publiques, les dépenses publiques d'éducation et les dépenses de défense nationale sont positivement associées (ou reliées) à la croissance économique au Maroc tout au long de la période d'étude. Des dépenses publiques de santé ne sont pas statistiquement significatives, contrairement aux résultats de l'équipe de Rabat-Agdal.

Au Niger, une étude basée sur une équation de croissance (inspirée de Barro et Sala-1-Martin (1995), intégrant les investissements publics a été estimée par la méthode des moindres carrés ordinaires dans le cadre d'un modèle à correction d'erreur. Cette étude a eu pour objet d'évaluer l'impact des investissements publics sur la croissance sur la période 1975-2004. Hamidou Hama (2005) montre ainsi qu'à court terme les investissements publics ont un effet positif mais non significatif sur la croissance économique. A long terme, la relation entre les investissements publics et la croissance a tendance à se dégrader, confirmant que les investissements publics se concentrent dans des projets de réhabilitation ou d'entretien dans le monde rural. Ce résultat selon l'auteur suggère également que les investissements publics ne sont pas orientés vers l'accumulation du capital nécessaire à la croissance économique, et confirme en partie les études menées sur la question au Niger. L'étude a également montré que l'ouverture a un impact négatif mais non significatif sur la croissance économique, que le développement financier agit positivement sur la croissance.

3. La relation entre croissance et productivité

Le niveau du PIB peut être décomposé au plan comptable comme le produit de la productivité horaire du travail, du nombre moyen d'heures travaillées et de l'emploi total. Dans un rapport intitulé « Productivité et Croissance », Patrick Artus et Gilbert Cette (2004) ont signalé que l'articulation économique entre la croissance de la productivité et celle de ses deux composantes comptables (PIB et emploi) était complexe.

- Sur le court terme, les inerties de l'ajustement dynamique de l'emploi à la production induisent une relation négative entre emploi et productivité, cet effet étant parfois appelé « cycle de productivité ».

- Sur le moyen terme, des déséquilibres persistants peuvent exister sur le marché du travail, le taux de chômage effectif s'écartant durablement de son niveau d'équilibre (le NAIRU). Le

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chômage peut par exemple durablement comprendre une composante keynésienne plus ou moins importante (insuffisance de la demande globale). Si le taux de chômage est ainsi supérieur au NAIRU, un ralentissement de la productivité peut aboutir à rapprocher ces deux grandeurs, via une baisse du taux de chômage effectif (contraction de la composante keynésienne du chômage) et, éventuellement, une hausse du NAIRU (si le choc de productivité induit des conflits de répartition). Le niveau de l'emploi est ainsi augmenté et celui du PIB peut éventuellement être réduit. Deux effets s'opposent, le premier pouvant au mieux compenser le second : l'augmentation de l'emploi est favorable au niveau du PIB mais le ralentissement de la productivité lui est défavorable.

- Sur le très long terme, l'effet d'un choc de productivité sur le niveau d'équilibre du PIB et sur l'emploi dépendait de multiples mécanismes, dont la répartition directe du choc de productivité entre rémunérations des facteurs travail et capital ; et les conséquences sur les prix des éventuels conflits de répartition de ce choc. Ainsi, l'effet d'un choc de productivité sur l'équilibre macroéconomique dépend de son impact sur le taux de chômage d'équilibre (c'est-à-dire sur le NAIRU). Un ralentissement de la productivité aboutit à une hausse du NAIRU, ou au mieux à une stabilité si les salariés acceptent une répercussion de ce ralentissement dans leurs salaires. Autrement dit, un ralentissement de la productivité ne peut aboutir qu'à un maintien, voire une dégradation, du niveau de l'équilibre sur le marché du travail. Dans ces conditions, le PIB est réduit à long terme en raison à la fois de la moindre productivité, et aussi de l'éventuelle baisse de l'emploi associée à ce choc négatif sur la productivité. Ces effets défavorables sur le niveau d'équilibre du PIB et éventuellement de l'emploi peuvent être amplifiés si les conflits de répartition du choc de productivité se traduisent par une augmentation de l'inflation, du fait des effets négatifs de l'inflation sur la demande interne et externe. Inversement, une accélération de la productivité aboutit à une élévation du PIB et, dans l'hypothèse où elle induit une baisse du NAIRU, à une augmentation de l'emploi et une réduction du chômage.

Les évaluations internationales de PIB par habitant et de productivité du travail proposées sur l'année 2002 par l'OCDE (Schreyer et Pilat, 2001), Eurostat (Stapel, 2002) et Van Ark et Mc Guckin (2003) tendent à donner les enseignements suivants :

- Les États-Unis sont le pays industrialisé où le PIB par habitant est le plus élevé. Le niveau du PIB par habitant de l'ensemble de l'Union européenne, comme d'ailleurs de chacun des quatre

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principaux pays de l'Union, ainsi que du Japon, serait très nettement inférieur (d'environ 25 à 30 points) au niveau atteint par les États-Unis ;

- les pays dans lesquels le niveau de la productivité horaire du travail est le plus élevé feraient partie de l'Europe continentale. La France serait d'ailleurs particulièrement performante, derrière la Belgique.

- Compte tenu de la faible productivité horaire relative de certains pays européens comme l'Espagne et plus encore le Portugal et la Grèce, la productivité horaire serait, dans l'ensemble de l'Union européenne, nettement inférieure (d'environ 10 points) au niveau moyen des États-Unis.

L'écart serait encore plus important pour le Royaume-Uni (environ 20 points), le Canada (15 à 20 points) et le Japon (25 à 30 points).

Selon Patrick Artus et Gilbert Cette (2004, p. 20), « la dégradation, relativement aux Etats-Unis, de la situation des pays d'Europe continentale entre le niveau de productivité horaire et le niveau du PIB par habitant s'explique à la fois par la durée du travail plus courte et un taux d'emploi plus faible ». La durée du travail plus courte peut résulter d'une durée collective elle-même plus courte ou d'un développement important du travail à temps partiel, voire parfois de ces deux facteurs conjointement. Le taux d'emploi peut résulter d'un taux de participation plus faible ou d'un taux de chômage plus élevé. Le tableau 1 tend à montrer que l'écart de PIB par habitant vis-à-vis des Etats-Unis s'expliquerait au plan comptable par une durée moyenne du travail plus courte pour les Pays-Bas, la Norvège, l'Allemagne, la France et la Belgique ; une part de l'emploi à temps partiel plus forte aux Pays-Bas, au Japon, au Royaume-Uni et en Norvège ; et un taux d'emploi plus faible pour l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la Belgique et la France...

Tableau 1 : Ecart de PIB vis-àvis des Etats-Unis

 

Durée annuelle
moyenne du
travail
des employés en
heures

Par de l'emploi
à temps partiel
en % de
l'emploi total

Taux d'emploi
en % de la
population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
participation en

% de la

population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
chômage en %
de la population
active

Allemagne

1444

18.8

65.3

71.5

8.2

Belgique

1559

17.2

59.7

64.1

7.3

Canada

1778

18.7

71.5

77.5

7.7

Espagne

1807

7.6

59.5

67.1

11.4

Page 29

 

Durée annuelle
moyenne du
travail
des employés en
heures

Par de l'emploi
à temps partiel
en % de
l'emploi total

Taux d'emploi
en % de la
population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
participation en

% de la

population âgée
de 15 à 64 ans

Taux de
chômage en %
de la population
active

Etats-Unis

1815

13.4

71.9

76.4

5.8

France

1545

13.7

61.1

68

8.7

Grèce

1934

5.6

56.9

63.1

9.9

Irlande

1668

18.1

65

67.9

4.4

Italie

1619

11.9

55.6

61.2

9.0

Japon

1809

25.1

68.2

72.3

5.4

Norvège

1342

20.6

77.1

80.3

3.9

Pays-Bas

1340

33.9

73.2

75.6

2.8

Portugal

1719

9.6

68.1

72

5.1

Royaume-Unis

1707

23

72.7

76.6

5.1

Source : OCDE (2003)

Dans une étude intitulée, « Productivité, temps de travail et taux d'emploi dans l'Union

Européenne », Jean-François Jamet (2006, p.1) a confirmé ces résultats, à l'aide d'une comparaison des performances entre les différents pays occidentaux. Il montre ainsi que la productivité européenne par personne occupée était inférieure de 26.7% à celle des Etats-Unis et légèrement supérieure à celle du Japon. Les résultats sont par ailleurs très hétérogènes au sein de l'Union Européenne. La productivité des Etats membres varie du simple au triple (retard important des pays d'Europe Centrale et Orientale).

Deux raisons expliqueraient le différentiel de productivité entre l'Union européenne et les Etats-Unis: le nombre d'heures travaillées et la productivité horaire. Le nombre d'heures travaillées, en moyenne, par une personne ayant un emploi s'élève à 1624 heures par an dans l'Union européenne contre 1749 heures au Japon et 1819 heures aux Etats-Unis. Au sein de l'Union européenne, le temps de travail varie énormément d'un Etat à l'autre. Le nombre d'heures travaillées annuellement est compris entre 1806 et 2166 heures dans les pays d'Europe centrale et Orientale (PECO) alors qu'il est inférieur à 1450 heures en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Au sein de l'Union européenne, ce n'est donc pas le nombre d'heures travaillées qui explique les différentiels de productivité par personne occupée mais bien le niveau de productivité horaire. Les différences sont considérables avec des écarts de 1 à plus de 4. Les pays d'Europe centrale et orientale présentent une productivité horaire très inférieure à celle des pays d'Europe occidentale (en 2005, la Pologne affichait une productivité

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horaire de 19 dollars (PPA) contre plus de 62 dollars pour le Luxembourg. Si la productivité horaire de la main d'oeuvre européenne est inférieure de 18% à celle des Etats-Unis et supérieure de 10% à celle du japon, certains pays européens se démarquent. Ainsi la France et l'Irlande disposaient d'une productivité horaire supérieure à celle des Etats-Unis.

4. L'impact du degré d'ouverture sur la croissance économique

La plupart des études empiriques utilisaient des régressions en coupe transversale sur un ensemble de pays durant les années 70. Les coefficients de corrélation se faisaient soit entre la croissance des exportations et le PIB, soit entre des indices représentant l'ouverture ou les politiques commerciales et la croissance à long terme. Une bonne partie de ces travaux empiriques ont une relation positive entre l'ouverture et la croissance. La fusion entre la théorie de la croissance endogène et la nouvelle théorie du commerce international ont permis par la suite une concentration des travaux sur les voies d'influence de l'ouverture sur la croissance : la formation du capital fixe, du capital humain et du savoir.

Des économistes comme Dollar (1992), Barro et Sala-I-Martin (1995), Sachs et Warner (1995), Edwards (1998) et Greenaway et al. (1998), en utilisant des régressions en coupe transversale, ont trouvé que les distorsions dues à l'intervention de l'Etat au niveau du commerce menaient à de faible taux de croissance. Ben-David (1993) et Sach et Warner (1995) ont par ailleurs démontré que dans les économies ouvertes seulement s'observe une convergence inconditionnelle. Sach et Warner (1995) ont trouvé que les pays avec des politiques d'ouverture crurent à un rythme de 4,5% par année dans les années 1970 et 1980 et qu'en revanche, les pays relativement fermés avaient un taux de croissance de seulement 0,7%. Ils notent toutefois qu'une relation robuste est difficile à trouver et à justifier.

Frankel et Romer quant à eux, utilisent une méthode à variables instrumentales incluant des caractéristiques géographiques, et confirment que le commerce international a un impact important et significatif sur la croissance.

Harrison (1996) arrive à des conclusions similaires en utilisant une variété d'indicateurs d'ouverture. En procédant à différentes méthodes d'estimations (coupe transversale, effets fixes, moyenne sur cinq ans, premières différences), les résultats obtenus suggèrent une relation positive entre le degré d'ouverture et la croissance. Toutefois, ce ne sont pas toutes les mesures d'ouverture qui furent significatives, malgré le fait qu'elles furent pour la plupart de signe positif.

Page 31

L'article de Rodriguez et Rodrik (2000) est venu critiquer et remettre en question les résultats de quatre études importantes. Les auteurs ont établi que la corrélation positive entre l'ouverture et la croissance trouvée dans les travaux de Dollar (1992), Ben-David (1993), Sachs et Warner (1995) et Edward (1998) n'était pas robuste. Leurs méthodologies furent remises en question, car les indicateurs de mesure de l'ouverture commerciale pouvaient être lourdement critiqués et qu'il manquait des variables de contrôle importantes pouvant avoir un effet déterminant sur la croissance.

Jin (2004) a analysé le co-mouvement entre l'ouverture et la croissance pour 17 provinces et 3 municipalités chinoises. L'auteur voulait vérifier si la relation ouverture-croissance était également valide au niveau provincial, et si on pouvait déceler une différence entre les provinces côtières (au nombre de 7) et celles enclavées (au nombre de 13). Il a construit son modèle sur la fonction de production usuelle, en incluant le changement technologique, qui dépend lui-même du degré d'ouverture du pays. Les résultats obtenus sont ceux qui étaient attendus : l'effet pour les provinces côtières est de signe positif et significatif pour quatre d'entre elles, et négatif pour la majorité des provinces enclavées (dont trois d'entre elles ont un effet négatif et significatif). L'explication qui ressort est que les provinces sans accès à la mer ne possèdent pas une économie assez forte pour faire face à la compétition étrangère, tandis que les provinces côtières sont déjà des économies orientées vers l'extérieur, et donc plus compétitives.

En résumé, les travaux empiriques arrivent à démontrer un impact positif de l'ouverture sur la croissance, mais leur robustesse est remise en cause. Ils se heurtent à plusieurs limites économétriques, dont la pertinence du choix de l'indicateur d'ouverture.

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Chapitre 2 : Situation économique du Sénégal

Cinquante ans après l'indépendance, le Sénégal fait toujours face à pas mal de défis dont notamment celui de l'éradication de la pauvreté. Cette période a été marquée par une faiblesse des taux moyens de croissance du PIB réel et du PIB réel par tête évalués respectivement à 2,7% et à -0,12%. Le PIB par habitant qui était de 615$ en 1960 (en dollar constant de 2000) est retombé à 560$ en 2010. La performance de l'économie sénégalaise estimée par comparaison avec le niveau de vie de la population reste de loin insuffisante comparée aux potentialités réelles du pays et à celui des autres pays ayant été au même niveau de développement que le Sénégal en 1960.

Le Sénégal possède la quatrième économie de la sous-région ouest africaine après le Nigéria, la Côte d'Ivoire et le Ghana. Il fait cependant partie des Pays les moins avancés (PMA), son économie est très tournée vers l'Europe et l'Inde. Ses principaux partenaires économiques sont la France, l'Inde et l'Italie.

Comparé aux autres pays du continent africain, le Sénégal est très pauvre en ressources naturelles. Ses principales recettes proviennent de la pêche et du tourisme. Mais compte tenu de sa situation géographique et de sa stabilité politique, le Sénégal fait partie des pays africains les plus industrialisés avec la présence de multinationales majoritairement d'origine française et dans une moindre mesure américaine.

Le secteur agricole emploie environ 70 % de la population sénégalaise. Cependant la part du secteur primaire dans le Produit intérieur brut (PIB) ne cesse de décroître. La diminution de la pluviométrie et la crise du secteur de l'arachide, principale culture de rente du pays, ont réduit la contribution de l'agriculture à moins de 20 % du PIB. La pêche qui reste cependant un secteur clé de l'économie familiale sénégalaise subit également les conséquences de la dégradation des ressources halieutiques (surexploitées) et de l'augmentation récente de la facture énergétique. L'essentiel de la richesse produite se concentre dans les services et la construction et se localise à Dakar et dans sa périphérie.

Par ailleurs, les transferts financiers venus de la diaspora sénégalaise (l'émigration en Europe et aux États-Unis) représentent aujourd'hui une rente non négligeable. On estime que le flux financier généré par l'émigration sénégalaise est au moins égal au volume d'aides de la coopération internationale (soit 37 dollars par habitant et par an).

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Des pays comme la Tunisie et le Bostwana ont pu améliorer significativement les conditions de vie de leurs populations grâce à une croissance économique rapide et continue. Sans une croissance économique soutenue et durable, ces objectifs ne seront pas réalisés. Ainsi la comparaison de la croissance, de ses mécanismes, de ses déterminants et de ses sources est à inscrire au centre de l'action des concepteurs des politiques économiques.

Etant donné que la croissance n'est ni une fatalité ni tributaire des ressources naturelles dont est doté un pays mais dépend principalement des politiques et des choix faits par le pays, de la volonté et de la détermination des citoyens.

Le Sénégal est membre notamment de la Banque mondiale, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Section 1 : Analyse de la croissance et les limites du modèle économique Sénégalais

1. Analyse de la croissance depuis 1960

Etant un phénomène de long terme, la croissance économique s'appuie sur des politiques structurelles. Pour comprendre un tel phénomène, il s'agit d'aller à sa source. L'évolution du revenu des pays économiquement similaires au Sénégal dans les années 60 montre que la mise en place de réformes structurelles permet d'atteindre des objectifs de progrès économique indéniable (exemple : la Corée du Sud a opéré des changements radicaux à partir de 1970 qui ont permis d'avoir 20 fois le PIB par tête d'un pays comme le Sénégal).

Figure 1: GDP per capita in 2014 US$ (converted to 2014 price level with updated 2011 PPPs)

40 000

35 000

30 000

25 000

20 000

15 000

10 000

5 000

0

1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011

Senegal Tunisia Ghana Thailand Vietnam Philippines Malaysia South Korea

Source: The Conference Board Total Economy Database

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La Corée du Sud et la Malaisie, grâce à leurs forts taux de croissance, ont réalisé d'énormes progrès sociaux entre 1960 et 2010, ce qui leur ont permis d'améliorer considérablement les conditions de vie de leur population. D'ailleurs, ils figurent parmi les 13 économies recensées par la Commission sur la croissance et le développement des Nations unies ayant réalisé une croissance économique moyenne de 7% durant un quart de siècle. Pour comprendre pourquoi l'économie sénégalaise n'a pas réalisé une telle prouesse, il faut identifier les facteurs explicatifs de la croissance de l'économie sénégalaise. La méthodologie de la comptabilité de croissance permet, à cet effet, d'analyser la croissance de la production à long terme. Elle représente une technique qui décompose la croissance de la production au cours d'une certaine période selon la contribution du capital, du travail et de la productivité globale des facteurs(PGF). Cette décomposition de la croissance entre 1980 et 2010 permet de constater une évolution heurtée de la PGF avec une légère amélioration en fin de période. Toutefois, sa progression demeure très faible pour rendre la croissance économique soutenue.

Les contributions de chacun des termes entrant dans le processus de production du Sénégal et de la Corée du Sud montrent nettement que la croissance économique soutenue de la Corée du Sud est largement portée par la productivité globale des facteurs (PGF) : sur une croissance économique moyenne de 5,6% entre 1990 et 2009, la productivité globale des facteurs (Total Facteur Productivity) y a contribué à hauteur de 3,16% contrairement au Sénégal où la PGF a contribué négativement à la croissance économique.

Figure 2 : Total Factor Productivity (TFP)

-1,0

-2,0

-3,0

-4,0

-5,0

-6,0

-7,0

0,0

2,0

1,0

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Total Factor Productivity

TFP

Source : The Conference Board Total Economy Database

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Plus globalement, les efforts déployés en matière de progrès technique et d'accumulation du capital ont permis aux pays asiatiques d'enregistrer de fortes performances économiques.

Si le Sénégal n'a pu suivre ses semblables dans le chemin de croissance, c'est parce que la productivité du travail est faible.

La productivité au Sénégal entre 1980 et 2009 indique que la période post-dévaluation a été beaucoup plus productive, laissant entrevoir que les réformes issues du changement de parité ont eu quelques effets positifs notamment dans le secteur tertiaire. Par contre, le secteur primaire n'a pas eu le même succès et a même enregistré une contribution négative à la productivité. Toutefois, cette tendance baissière s'est nettement atténuée durant la période 1995-2009.

Tableau 2 : La productivité du Sénégal entre 1980 et 2009

 

Primaire

Secondaire

Tertiaire

Total

1980-2009

-3,1%

4,6%

11,3%

12,8%

1980-1994

-2,5%

1,2%

-4,8%

-6,1%

1995-2009

-1,8%

3,0%

16,4%

17,6%

source: DPEE

Figure 3 : Evolution et décomposition de la productivité

1995-2009

1980-2009 1980-1994

Primaire Secondaire Tertiare

20,0%

15,0%

10,0%

5,0%

0,0%

-5,0%

-10,0%

Source : DPEE

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2. Les limites du modèle économique sénégalais et les contraintes à la croissance

a. Les limites du modèle

L'instabilité de la croissance économique au Sénégal est davantage expliquée par les limites de son modèle économique que par les difficultés émanant du contexte international.

De plus, la croissance économique est trop centrée sur les services. L'économie sénégalaise fabrique depuis plusieurs année d'une part du déficit courant imputable au fait que les services sont faiblement exportables, et d'autre part de l'inflation importée issue de la combinaison d'une productivité agricole trop molle et d'une forte demande de produits alimentaires. Cette faible productivité, qui entraine une absorption très lente de la main d'oeuvre excédentaire dans les zones rurales, génère un accroissement des inégalités de revenus et maintient les déficits publics. L'Etat, en tentant de corriger l'augmentation des inégalités de revenus, crée un modèle de l'assistanat.

Du côté du financement de l'économie, depuis la fin des avances statutaires de la BCEAO, le système financier domestique consacre de plus en plus de ressources au financement du déficit public de sorte que le financement des investissements lourds est en partie contraint par la disponibilité de l'épargne extérieure. Le schéma actuel du marché de la dette publique risque de créer des « Lazy Banks » et centraliser les effets d'éviction sur l'investissement privé.

En somme, la présence de déséquilibres macroéconomiques occasionne une trajectoire de croissance marquée par des mouvements pendulaires de type « stop and go».

b. Les contraintes2 à la croissance

- Coût élevé de la main d'oeuvre

Au Sénégal, le marché du travail est fortement marqué par un coût élevé de la main d'oeuvre. Selon une étude de la Banque mondiale portant sur l'évaluation du climat des investissements en 2006, la rémunération mensuelle moyenne est de 281,9 dollars dans le secteur manufacturier et de 431,5 dollars US dans les services. Contrairement aux pays concurrents comme la Chine, l'Inde, la Tanzanie et le Kenya ces taux sont très élevés.

Un des facteurs majeurs qui contribuent à l'accroissement des coûts de production, est le salaire élevé des ouvriers non qualifiés. Ce qui est dangereux à la compétitivité des entreprises. Dès lors, un marché du travail plus efficace peut découler d'une plus grande formation des travailleurs et la construction du pacte social apaisé bâti dans le cadre de l'existence de

2 Les contraintes ont été analysées par la DPPE (Direction de la Prévisions et des Etudes Economiques) du Sénégal

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conventions collectives et d'accord globaux négociés entre le patronat et les syndicats. L'efficacité du marché du travail peut provenir d'une plus grande formation des travailleurs et la construction d'un pacte social apaisé. L'analyse de l'évolution des salaires laisse apparaître de fortes hausses qui sont supérieures à celles des prix. Les salaires au Sénégal ont progressé de 3,9% en moyenne entre 1980 et 2009 avec de grandes disparités entre les secteurs. Plus spécifiquement, sur la période 1995-2009, les salaires ont augmenté de 5,4% contre une progression de 2,6% des prix à la consommation. De plus, il est établi un décrochage entre la productivité du travail et l'évolution des salaires. C'est-à-dire que l'évolution des salaires ne reflète pas la productivité du travail, ce qui entraine une réduction des gains de productivité de l'ère post-dévaluation.

- Déficit d'infrastructures

Avec ses 14825 km en 2009, le réseau routier du Sénégal assure l'essentiel des déplacements intérieurs des personnes et des marchandises. Le réseau routier sénégalais est faible à cause d'une absence de politique d'extension, des investissements peu élevés et trop axés dans la capitale. Cette politique freine le développement de l'agriculture et accentue la faible productivité en milieu rural. Les difficultés de mobilité urbaine et la pollution poussent à envisager d'autres options notamment le chemin de fer qui joue un rôle marginal dans les transports au Sénégal. Comparativement à celui du Ghana (953 km), de la Tunisie (2260 km), de la Corée du Sud (3123 km) et de la Malaisie (1622 km), le réseau ferré du Sénégal (long de 906 km en 2000) est peu développé. Les chemins de fer se sont fortement dégradés et n'assurent que le fret vers le Mali. Le paradoxe au Sénégal revient à vouloir se développer dans un pays plat sans recourir au chemin de fer. Concernant le secteur énergétique, la fin de la décennie 2000 a été marquée par la question des délestages. Le déficit énergétique est devenu une contrainte majeure pour la croissance économique et le développement du secteur privé. Les estimations évaluent les pertes, en termes de croissance économique, imputables aux délestages à 1,4%. La persistance des problèmes de fourniture d'électricité poussent les entreprises vers l'achat de groupes électrogènes du fait des manques à gagner importants. Le Plan Takkal, plan de restructuration et de relance du secteur de l'énergie, qui fait l'objet d'un large soutien des partenaires techniques et financiers, a permis de réduire considérablement les délestages mais la question du coût de l'électricité n'est pas entièrement réglée.

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- Marché financier

Dans une activité économique, les marchés de capitaux occupent une place essentielle dont le financement. C'est par l'innovation technologique et l'accumulation de capital qu'ils contribuent à la croissance économique. Un système financier bien développé peut mobiliser l'épargne et l'orienter vers des investissements rentables à grande échelle, tout en offrant aux épargnants une liquidité élevée. Au Sénégal, le financement des entreprises locales par le système bancaire est trop faible, ce qui constitue une entrave majeure pour le développement de l'initiative privée et de promotion de la croissance économique. Le climat des affaires est également caractérisé par le financement des projets des entreprises sur fonds propres. 64% des entreprises sénégalais ont accès au crédit. La distribution des crédits bancaires est plus axée vers les entreprises qui disposent plus de visibilité ou évoluant dans les sous-secteurs « commerce, bars, restaurants », les activités de rente ou celles qui sont de nationalité étrangère. Ces constats découlent de la faiblesse de l'approfondissement du marché financier sénégalais. En effet, le ratio de la masse monétaire au sens large au PIB est passé de 34,1 % en 2004 à 39,2 % en 2011 alors que le ratio du crédit intérieur au secteur privé au PIB affiche une évolution similaire, passant de 22,7% en 2006 à 25,9% en 2010. En même temps, les pays à revenu intermédiaire d'Afrique au Sud du Sahara dont le Sénégal fait partie ont vu leur ratio de la masse monétaire au sens large au PIB passer de 57,6% en 2004 à 69,2% en 2011. Le marché boursier du Sénégal a connu une croissance modérée ces dernières années et sa taille demeure modeste. Sa capitalisation en pourcentage du PIB est passée de 24% en 2006 à 31% en 2010 et la liquidité est restée très faible par rapport à d'autres bourses d'Afrique subsaharienne. Par contre en 2011, le marché des titres publics a été un segment très dynamique du secteur financier depuis la suppression des avances statuaires de la BCEAO. Les émissions annuelles de titres publics du Sénégal constituaient près de 6,1% du PIB et 32,4% des recettes fiscales. Le volume d'émission prévu en 2012 est d'un montant de 518 milliards FCFA soit 7,2 % du PIB et 36,7 % des recettes fiscales. Elles ont progressé tant en termes nominaux qu'en pourcentage du PIB et des recettes fiscales respectivement de 55,2 %, 46,1 %, 42,1 % entre 2009 et 2012. Toutefois, les emprunts publics restent dominés par les titres de court terme.

- Un taux de change générant une faible croissance

La crise de la dette souveraine en Zone euro a fait naître dans les pays de l'UEMOA toute sorte de rumeur et de spéculation. Selon les analystes, les pays de l'UEMOA, ont plus à craindre, dans un avenir proche, de la récession qui sévit en Europe que d'un changement de parité du

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FCFA. Cette Situation qui correspond au fait que les mouvements de taux de change effectif réel (TCER) ne sont pas cohérents avec les fondamentaux sur la période 1995-2005 avec une tendance forte vers la surévaluation. A partir de 2005, le Sénégal a enregistré une surévaluation du TCER, estimée à 2% en 2006, 9% en 2007 et de 17% en 2008. Cette situation reflète bien la détérioration accentuée notée au niveau de certains fondamentaux du Sénégal notamment le solde commercial. Dans un autre registre, la détermination de la durée moyenne de passage dans les régimes (sous-évaluation, surévaluation) indique qu'au Sénégal, les périodes de sous-évaluation durent en moyenne 6,8 années contre 12 années pour les périodes de surévaluation. Il découle de ce constat que la période de surévaluation constatée depuis 2006 risque de durer si elle n'est pas interrompue par la mise en place de politique de compétitivité efficace.

Depuis plus d'un demi-siècle, le Sénégal n'a pas réussi à faire face aux nombreux défis économiques. L'analyse de sa trajectoire économique a montré les maigres performances réalisées (stagnation du niveau de vie des populations) alors que des pays ayant le même niveau de développement que lui dans les années 60 (Tunisie, Corée du Sud) y sont parvenus. C'est pourquoi, les pouvoirs publics qui ont des objectifs d'améliorer le niveau de vie et le bien-être social de la population doivent engager les transformations structurelles idoines pour une croissance économique soutenue et durable.

3. Une nouvelle stratégie à la croissance (PSE)

Depuis plus de cinq décennies, les taux de croissance économique du Sénégal étaient proches du taux de croissance de la population. La pauvreté continue à sévir plus particulièrement en milieu rural. L'économie du Sénégal s'est maintenue sur une bonne trajectoire de croissance qu'entre 1995-2005. Un ralentissement de croissance est encore enregistré en 2006 causée par une des moteurs traditionnels (BTP, Télécommunications, Services financiers), le manque de dynamisme du secteur privé, l'augmentation des dépenses publiques et l'enfoncement du déficit de compte courant de la balance des paiements (7,9% du PIB). En 2014 la population du Sénégal a connu une croissance de 2,7% (14 millions d'habitants). Composé en majorité de jeunes, la question de l'emploi demeure actuellement une priorité des ménages et des politiques publiques. La perspective d'atteindre les OMD en 2015 s'éloigne de plus en plus. La politique d'aménagement du territoire est inappropriée à cause d'une répartition inégale de la population, des activités économiques, des infrastructures et des équipements.

Cette morosité de l'économie a poussé le gouvernement du Sénégal sous la présidence de Macky SALL à adopter un nouveau modèle de croissance pour accélérer sa marche vers

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l'émergence (Plan Sénégal Emergent). Sur une vision d'un Sénégal émergent en l'an 2035 avec une société solidaire dans un Etat de droit, les stratégies qui mèneront les initiatives s'appuient sur trois axes :

- Une mutation structurelle de l'économie par un affermissement des moteurs actuels de la croissance et la création de nouveaux secteurs générateurs de richesses, d'emplois, forte capacité d'exportation et d'attraction d'investissements.

- Niveau de vie de la population améliorée, lutter contre les inégalités sociales.

- Le renforcement de la sécurité, de la stabilité et de la gouvernance, de la protection des droits et libertés et de la consolidation de l'État de droit.

En 2016, des réformes comme l'automatisation des procédures administratives, la mise en place d'un dispositif fiscal et juridique incitatif et simplifié, l'amélioration de la compétitivité des facteurs de production et la promotion de l'investissement à fort impact, seront menées pour améliorer l'environnement des affaires. Le PSE a été élaboré à travers un Plan d'Actions Prioritaires (PAP) quinquennal accoté aux axes stratégiques, aux objectifs par secteurs et aux lignes d'actions de la stratégie. Les projets et les programmes du PAP sont inscrits dans un cadre budgétaire sur la période 2014-2018. Le scénario optimiste du PSE est évalué à 9685,7 milliards de FCFA. Le financement du PSE est acquis pour 5737,6 milliards de FCFA, soit 59,2% tandis que le gap de financement à rechercher est de 2964 milliards de FCFA, soit 30,6% et celui à couvrir par des recettes additionnelles et des économies sur les dépenses est de 984 milliards de FCFA, correspondant à 10,2%. Un taux de croissance annuel moyen de 7,1% sur la période 2014-2018, une baisse du déficit budgétaire de 5,4% en 2013 à 3,9% en 2018, un déficit du compte courant de 6% en 2018 et un taux d'inflation mesuré par le déflateur de PIB fixé à 3%, sont attendus.

Section 2 : Evolutions récentes du PIB

La situation économique mondiale continue de subir les séquelles de la crise économique et financière de 2009. Ainsi, la croissance économique a légèrement diminué en 2013 aux Etats-Unis se situant à 2,2% contre 2,3% en 2012. L'activité économique a régressé de 0,4% en 2013 dans les pays de la zone euro, après une baisse de 0,7% l'année précédente. Globalement, la croissance économique mondiale est ressortie à 3,3% en 2013, après 3,4% en 20123.

3 Cf. FMI, Perspectives Economiques Mondiales, octobre 2014.

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Toutefois, le continent africain fait montrer d'une bonne résilience. La croissance économique s'y est établie à 4,2% en 2013 (Afrique hors Libye), après 4,1% l'année précédente4. Le dynamisme de l'activité économique a été particulièrement marqué en Afrique de l'Ouest qui a enregistré la plus forte croissance dans le continent (6,7%) en liaison avec le retour de la stabilité dans des pays comme la Côte d'Ivoire et avec l'essor des exportations de fer et d'autres minerais par la Sierra-Léone. Toutefois, les difficultés du secteur pétrolier au Nigéria constituent un frein à la croissance économique de la zone ouest-africaine.

Au Sénégal, la croissance économique s'est établie à 3,6% en 2013, après 4,4% en 2012. Ce ralentissement de l'activité est imputable à la contreperformance du secteur primaire dont la croissance a reculé de 7,6 points, par rapport à 2012 en s'établissant à 1,3%. En revanche, l'activité dans le secteur secondaire s'est revigorée, affichant un taux de croissance de 4,4% contre 3,5% en 2012 grâce notamment à la relance des bâtiments et travaux publics (BTP). La valeur ajoutée du secteur tertiaire a enregistré une progression soutenue de 4,8% en termes réels, après une augmentation de 4,5% en 2012.

Du côté de la demande finale en volume, la consommation des ménages a ralenti (croissance de 2,5% en 2013 contre 3,0% en 2012). En revanche, la formation brute de capital fixe (FBCF) privée a sensiblement progressé (22,8% en 2013, après 2,0% en 2012) en rapport avec le regain d'activité dans les BTP et l'accroissement des équipements importés.

Le déficit extérieur du compte des biens et services s'est détérioré en atteignant plus de 1 597 milliards en valeur courante. A cet égard, les exportations nettes de biens et services ont contribué négativement à la croissance économique.

1. L'évolution des ressources du PIB

a. Evolution des volumes du PIB

La décélération de l'activité économique en 2013 (3,6%, après 4,4% en 2012) est essentiellement imputable à la contreperformance du secteur primaire dont la croissance s'est établie à 1,3% contre 8,9% en 2012. En revanche, le secteur secondaire s'est revigoré avec une valeur ajoutée en hausse de 4,4%, après 3,5% en 2012. L'activité du secteur tertiaire s'est raffermie (4,8%, contre 4,5% en 2012), confortant ainsi la place de ce secteur comme principal moteur de la croissance économique au Sénégal.

4 Banque Africaine de Développement (BAD), Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) et Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), Perspectives économiques en Afrique, Edition 2014.

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Figure 4 : Taux de croissance en volume du PIB et des secteurs d'activité (en %)

Source : ANSD

La valeur ajoutée du secteur primaire s'est accrue de 1,3% en 2013, en retrait de 7,6 points de croissance par rapport à 2012. Ce ralentissement est en particulier imputable au recul de la production des cultures hivernales, à la baisse des débarquements de la pêche artisanale et au repli de la production des activités extractives.

La contreperformance du sous-secteur de l'agriculture (0,4% en 2013, contre 17,1% en 2012) est principalement liée à l'installation tardive des pluies et à des longues pauses pluviométriques qui ont induit une baisse de 15,9% de la production des cultures céréalières ainsi qu'un net recul des principales spéculations destinées à l'industrie et à l'exportation

(arachide (-2,2%), coton (-17,1%), tomate industrielle (-18,5%), la canne à sucre (-
15,0%)...). Toutefois, la contraction des cultures sous pluie a été contenue par le dynamisme de l'horticulture en rapport avec l'augmentation de la production en quantité de fruits (4,5%) et légumes5 (14,9%).

L'activité de la pêche s'est également contractée de 4,6% en 2013 en liaison avec le repli des débarquements de l'ensemble des produits de la pêche artisanale (-2,7%) et des crustacés (35,7%) et mollusques (-37,9%) pour la pêche industrielle.

En outre, l'embellie enregistrée ces dernières années sur les « activités extractives » est freinée par la forte diminution du niveau de production d'or étayée par une baisse

5 Légumes hors tomate y compris pastèque

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(-10,5%) des exportations en quantité et la persistance des difficultés des Industries Chimiques du Sénégal (ICS). En revanche, la diminution de la VA de cette branche a été limitée par la progression de la production de sable (11,5%) consécutive à la reprise de l'activité de construction en 2013. Au total, la valeur ajoutée des « activités extractives » s'est repliée de 13,3%.

La baisse de l'activité du secteur primaire est par ailleurs atténuée par le bon comportement des sous-secteurs de l'élevage et de la sylviculture qui enregistrent, respectivement, des accroissements de 8,3% et 4,5% de leur valeur ajoutée.

Globalement, le secteur primaire a contribué de 0,2 point à la croissance, après avoir concouru à celle-ci de 1,2 point en 2012. Son poids dans le PIB nominal s'est contracté en s'établissant à 15,7%, après 16,4% en 2012.

Figure 5 : Contribution du secteur primaire à la croissance économique

Source : ANSD

Au niveau du secteur secondaire, la progression de l'activité (4,4% en 2013, contre 3,5% en 2012) est essentiellement tirée par le regain du sous-secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) en liaison avec la vigueur des ventes locales de ciment (10,4%, après -2,3% en 2012).

L'accroissement de valeur ajoutée du secondaire est également renforcé par la bonne tenue du secteur de l'énergie (eau, électricité et gaz) dont la valeur ajoutée a augmenté de 4,7%, en rapport avec les efforts consentis dans la restructuration du secteur de l'électricité.

En outre, à la faveur des bonnes récoltes de riz et de mil lors de la campagne agricole précédente et de l'accroissement des importations de blé, la valeur ajoutée de la branche « travail du grain et fabrication de produits amylacés, aliments pour animaux » s'est bonifié

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de 7,7% en 2013, après une baisse de 4,5% l'année antérieure. Par ailleurs, le secteur secondaire est marqué par une bonne tenue des industries du tabac (8,7%, après 1,2% en 2012) et de la construction de matériels de transports (11,2%, contre -5,6% en 2012).

En revanche, la valeur ajoutée de la fabrication de produits chimiques a baissé à nouveau en 2013 (-13,8%, après -4,0% l'année précédente) malgré ses bonnes performances cumulées depuis 2009. Cette situation résulte de la diminution de la production d'acide phosphorique qui est passée de 363 1716 tonnes en 2012 à 260 055 tonnes en 2013, en rapport avec les difficultés des ICS.

La valeur ajoutée de la fabrication de corps gras alimentaire a régressé de 5,2% en 2013, en liaison avec la chute de près de la moitié de la production d'huile raffinée végétale. Celle-ci est, en partie, corroborée par la réduction considérable des importations d'huile brute de soja (-53,5%) utilisée comme intrant.

La reprise de l'activité de raffinage de produits pétroliers, amorcée en 2011, s'est estompée en 2013 avec une baisse de 0,5% de la VA. Cette situation résulte des difficultés7 financières auxquelles était confrontée la Société Africaine de Raffinage. En outre, les importations de pétrole brut ont chuté de 6,7% en quantité en 2013.

Au total, la contribution du secteur secondaire à la croissance du PIB s'est située à 0,9 point contre 0,7 point en 2012. En conséquence, son poids dans le PIB courant s'est légèrement accru (19,0% en 2013 contre 18,8% en 2012).

Figure 6: Contribution du secteur secondaire à la croissance économique

Source : ANSD

6 Source : ANSD. Bureau des Enquêtes de Conjoncture.

7 La SAR a perdu la moitié de ses capitaux propres notamment à cause d'une dette de 42 milliards vis-à-vis de l'Etat.

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La valeur ajoutée du secteur tertiaire a progressé de 4,8%, sous l'effet notamment d'une croissance vigoureuse des services des postes et télécommunications (10,0%). Cette progression est essentiellement imputable au dynamisme du marché de la téléphonie mobile, corroboré par une augmentation soutenue du nombre d'abonnés et des volumes de communications émises qui ont progressé de 28,0% selon les rapports des quatre trimestres de l'année 2013 publiés par l'ARTP.

La valeur ajoutée du commerce, qui constitue l'activité prépondérante dans le secteur tertiaire (environ 30% du secteur tertiaire), s'est accrue de 5,6% en 2013, après 4,1% en 2012. Cette évolution est essentiellement liée à l'accroissement des marges sur les produits importés notamment les biens d'équipement.

La vigueur du secteur tertiaire est également expliquée par le relèvement de la valeur ajoutée de la branche « services d'hébergement et de restauration » qui s'est accrue de 10,1% en 2013, après 0,1% en 2012. Dans le même sillage, les activités des services aux entreprises (6,6%) et les services de la réparation (6,8%) ont contribué à l'accroissement de la valeur ajoutée du secteur.

L'augmentation du taux de croissance du secteur tertiaire a été toutefois limitée par la décélération des activités non marchandes des administrations publiques, (2,0% en 2013, contre 3,4% en 2012) et le ralentissement des services de transports (3,5%, après 4,5% en 2012), des activités immobilières (3,9% contre 4,1% en 2012) ainsi que des services sociaux (1,0% contre 1,3% en 2012).

Par ailleurs, l'embellie observée entre 2010 et 2012 au niveau des services financiers s'est essoufflée en rapport avec la diminution de 7,5% de la production en volume des banques et systèmes financiers décentralisés et de 2,7% de celle des assurances. Le retrait des volumes de la production bancaire s'est accompagné d'un relèvement prix des services bancaires.

Compte tenu de son poids dans le PIB réel (plus de 55%), le secteur tertiaire a contribué à hauteur de 2,7 points à la croissance économique de 2013, après 2,5 points l'année antérieure.

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Figure 7: Contribution du secteur tertiaire à la croissance économique

2 013 2 012 2 011 2 010 2 009

 
 
 
 
 
 

0,0% 0,5% 1,0% 1,5% 2,0% 2,5% 3,0%

Source : ANSD

Quant aux taxes nettes de subventions sur les produits, elles ont quasiment stagné en valeur en passant de 887,1 milliards FCFA à 886,7 milliards. En particulier, l'effet de la hausse de 5,8% de la TVA à l'importation a été évincé par celui du recul de 11,0% de la TVA intérieure. Les taxes nettes ont baissé de 0,9% en volume et leur contribution à la croissance est évaluée à -0,1 point.

Encadré 1 : Structure des ressources du PIB nominal

Le poids du secteur primaire représente en moyenne 16,2% du PIB courant sur la période 2009-2013. En revanche, les poids des secteurs secondaire et tertiaire se situent respectivement à 18,9 et 52,6% du PIB. Quant aux taxes nettes sur les produits par rapport au PIB, elles constituent 12,3%.

Source : ANSD

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La part du secteur primaire dans le FIB

Le secteur primaire est marqué par la prépondérance du sous-secteur agricole qui représente 45,5% (dont 34,3% constitué de l'agriculture vivrière et 11,2% l'agriculture industrielle ou d'exportation) en moyenne de la valeur ajoutée courante de ce secteur sur la période. L'élevage et la chasse arrivent en seconde position après l'agriculture avec un poids moyen de 25,9%. Les activités extractives, la pêche et la sylviculture et exploitation forestière font respectivement 12,7%, 10,3% et 5,6% de la valeur ajoutée du secteur.

Le poids du secondaire dans le FIB

En moyenne sur les cinq dernières années, le poids du secteur secondaire s'établit à 18,9% du PIB courant. Il est essentiellement constitué des activités de construction qui représentent 21,2% de la valeur ajoutée du secteur. Elles sont suivies des activités de production d'électricité, eau et gaz (13,8%), de transformation de viande et poisson (12,2%), de fabrication de produits chimiques (6,9%) et la fabrication de verre, poterie (cette activité est essentiellement composée de la fabrication de ciment). Ces activités représentent, à elles seules, 60,4% du secteur.

b. Evolution des prix8

L'analyse de l'évolution du déflateur du PIB fait ressortir une situation de déflation en 2013 (-1,9%, après avoir atteint 2,6% en 2012 et 4,1% en 2011). Cette situation est, en partie, imputable à la réduction des prix de la valeur ajoutée du secteur primaire (-3,5%). Cette diminution résulte notamment de la dépréciation des prix de la valeur ajoutée de la branche «activités extractives» (-12,2%), en rapport avec le recul des cours mondiaux de l'or. Ceux de la branche « agriculture vivrière» ont également diminué de 4,5% à la suite au repli des prix des principales spéculations (riz paddy (-4,7%), maïs (-9,2%), mil-sorgho (-0,7%), légumes (-1,0%),....

Les prix de la valeur ajoutée du secteur secondaire ont régressé de 1,4%, contribuant ainsi à la baisse du déflateur. Cette diminution est notamment liée à celle des branches comme la « construction » (-3,4%), l'« égrenage de coton » (-11,7%), le « raffinage de pétrole... » (6,6%), la « fabrication de produits chimiques » (-4,6%), le « travail de grains et fabrication

8 Dans cette partie, les évolutions de prix de la valeur ajoutée sont analysées. Dans la méthodologie actuelle utilisée par l'ANSD, les valeurs ajoutées ne font pas l'objet de « double déflation » (i.e détermination des prix de la production et des consommations intermédiaires séparément). A cet égard, l'évolution des prix des valeurs ajoutées dépend de celle des produits des branches concernées.

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de produits amylacés » (-6,3%) et la « fabrication de corps gras alimentaires » (-2,2%). Elle a été contenue par le relèvement des prix de la valeur ajoutée de la « transformation et conservation de viande et poisson » (+8,4%), de la « fabrication des produits à base de tabac » (+14,5%).

Dans le même sillage, les prix de la valeur ajoutée du secteur tertiaire se sont contractés (1,9%) en 2013, après une hausse de 2,2% en 2012, sous l'effet d'une diminution des prix de la valeur ajoutée des branches « commerce » (-3,5%, après +3,0% en 2012), «postes et télécommunications » (-3,7% contre 1,5% en 2012), « service de la réparation » (-4,3%, après -0,2% en 2012) et «transports » (-0,5% contre 2,0% en 2012). En revanche, les prix de valeur ajoutée de la branche « services financiers » se sont accrus de 8,1%, limitant ainsi la baisse des prix de la valeur ajoutée du secteur tertiaire.

2. L'évolution des emplois du PIB

Les emplois du PIB sont notamment la Consommation Finale (CF), la Formation Brute de Capitale Fixe (FBCF), les Exportations nettes d'importations et les variations de stock. L'investissement est constitué par l'agrégation des variations de stock et de la FBCF. Durant l'année 2013, la CF en volume a connu un accroissement de 2,5%, contre 3,0% l'année antérieure. Cette décélération est surtout imputable à l'effet conjugué des ralentissements de la consommation publique qui passe de 2,7% en 2012 à 1,4% en 2013 et également la consommation privée qui progresse moins vite que l'année précédente (2,7% en 2013, contre 3,1% en 2012).

L'investissement a été très dynamique, surtout la FBCF privée qui a progressé de 22,8% en 2013, après un accroissement de 2,0% en 2012. Cette situation traduit le regain noté dans les activités de construction et, dans une moindre mesure, dans la fabrication de matériels de transports. En outre, la FBCF en équipements importés a sensiblement augmenté en volume (31,6%).

S'agissant des échanges extérieurs en volume, ils ont été caractérisés par un maintien du rythme de progression des importations (10,2% en 2013, après 11,0% en 2012) et une diminution des exportations qui reculent de 1,0%, après avoir augmenté de 9,2% en 2012. L'accroissement des importations est tiré par les commandes de matériaux de construction et de machines et appareils. En particulier, les achats extérieurs de fer à béton, de matériels

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électriques et de machines et appareils se sont rehaussés en 2013. Toutefois, ces augmentations sont limitées par le recul des quantités importées de pétrole brut (-2,7%) et de produits céréaliers tel que le maïs (-13,5%). Quant aux exportations en volume, leur contreperformance est essentiellement expliquée par le repli des expéditions d'or en quantité (-10,5%).

Encadré 2 : Structure des emplois du PIB nominal

La consommation finale constitue la principale composante de la demande finale nette. Son poids par rapport au PIB courant s'élève à 93,1% en moyenne entre 2009 et 2013. Elle est composée de la consommation privée et publique représentant respectivement 78,1% et 15,0% du PIB.

Figure 8: Structure des emplois du PIB nominal en 2013(en %)

100,0%

80,0%

60,0%

40,0%

20,0%

0,0%

-20,0%

-40,0%

capital fixe

Variation de stocks Exportations nettes

de biens et services

Consommation finale Formation brute de

Source : ANSD

La FBCF pèse 23,8% du PIB courant en moyenne sur les cinq dernières années. Elle est principalement constituée de la construction (72,4%), des machines et matériels électriques (10,7%), des matériels de transport (10,0%) et des équipements et appareils 4,4%).

Quant aux exportations nettes, elles se situent en moyenne à -18,6% du PIB entre 2009 et 2013. Elles s'expliquent par une prépondérance des importations par rapport aux exportations.

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Tableau 3 : Structure des emplois du PIB

Consommation finale

marchande

non marchande

 
 
 
 

2011 92,7% 70,6% 22,1%

Source : ANSD

publique

privée

Formation brute de capital fixe

publique

privée

Variation de stocks

Exportations nettes de biens et service

Exportations de biens et services

Importations de biens et services

15,5%

77,2%

24,5%

6,1%

18,4%

1,1%

-18,3%

26,4%

-44,7%

2012

91,8%

70,5%

21,4%

15,3%

76,6%

23,6%

6,2%

17,4%

5,5%

-21,0%

27,9%

-48,9%

2013

93,0%

71,1%

21,8%

15,3%

77,6%

25,5%

6,1%

19,4%

3,2%

-21,6%

26,9%

-48,6%

Moyenne 2011-2013

92,5%

70,7%

21,8%

15,4%

77,1%

24,5%

6,1%

18,4%

3,3%

-20,3%

27,1%

-47,4%

L'année 2013 a été marquée par une décélération de l'activité économique consécutive à un

ralentissement de la valeur ajoutée du secteur primaire. Le repli sensible du taux de croissance

enregistré dans ce secteur est lié à la mauvaise campagne hivernale qui a eu comme

conséquence la diminution de la production céréalière et des cultures oléagineuses, après les

bonnes récoltes enregistrées en 2012. En outre, la baisse des débarquements de la pêche

artisanale ainsi que la diminution de la production des « activités extractives » ont contribué à

l'atonie du secteur primaire. En revanche, le secteur secondaire s'est revigoré en liaison avec

le regain des activités de construction tandis que le secteur tertiaire s'est consolidé maintenant

sa prépondérance dans l'économie.

Du côté de la demande, la consommation finale a progressé moins vite que par rapport à

l'année précédente, en rapport avec le ralentissement de la croissance de la consommation

publique. L'investissement9 a, pour sa part, crû de façon substantielle en 2013, tandis que

le solde extérieur des biens et services (en volume) s'est davantage dégradé.

Le niveau général des prix, mesuré par le déflateur du PIB, s'est replié de 1,9% en 2013

contre 2,6% en 2012 et 4,1% en 2011, traduisant une poursuite de la détente sur les prix

observée l'année précédente.

9 Approché par la formation brute de capital fixe (FBCF)

Page 51

Chapitre 3 : Etude économétrique des déterminants de la croissance économique du Sénégal

L'étude économétrique permet d'estimer et de tester le modèle économique choisi pour mesurer la croissance économique d'un pays. Généralement, la croissance économique est mesurée par le taux de croissance du PIB qui est le rapport entre la variation relative du PIB d'une année à l'autre et la valeur du PIB de l'année antérieure. Plusieurs variables peuvent être utilisées pour expliquer la croissance économique. Dans le cadre de cette présente étude, les variables choisies pour expliquer la croissance économique au Sénégal sont : le taux d'inflation (INF), la Formation Brute de Capital Fixe en pourcentage du PIB (FBCFPIB), le taux de couverture (TCOUV), et la Productivité Globale des Facteurs (PGF).

L'objectif de ce chapitre est d'analyser les déterminants de la croissance économique au Sénégal. Notre travail se base sur la nécessité de comprendre comment par un ensemble d'actions le Sénégal peut avoir une croissance économique durable et soutenue dans le but de se libérer de l'ornière de la pauvreté. Notre objectif général peut être scindé en deux objectifs spécifiques :

- Identifier les facteurs déterminants de la croissance au Sénégal ; - Analyser leurs effets à travers une analyse économétrique. Partant de ces objectifs, les hypothèses suivantes sont posées :

H1 : L'investissement a un impact positif sur la croissance économique.

H2 : L'inflation a un effet négatif à court terme et positif à long terme.

H3 : Le taux de couverture agit positivement sur la croissance économique du Sénégal.

H4 : La productivité globale des facteurs agit positivement sur la croissance économique du Sénégal.

Ce chapitre aborde d'abord la méthodologie à adopter en analysant et en définissant les données avant de procéder à la spécification du modèle, ensuite effectuer les tests et les résultats puis analyser et valider les hypothèses et enfin faire des recommandations et suggestions.

Page 52

Section 1 : Méthodologie

Généralement, la croissance est mesurée par le PIB. En ce qui concerne l'inflation, l'indicateur utilisé est le taux d'inflation. La formation brute de capital fixe est utilisée en pourcentage du PIB, la Productivité Globale des Facteurs utilisé en quantité de travail et de capital et le degré d'ouverture est mesuré par le taux de couverture. Ici, on n'utilisera pas le logarithme naturel car toutes les valeurs sont inférieures à un.

1. Analyse des données

Les données de l'étude sont obtenues à partir de la base de données de la banque mondiale et la base de données du site « www.conference-board.org ». Elles couvrent la période de 1980 à 2013. Ces données ont fait l'objet d'une observation détaillée à travers différentes méthodes d'analyse avec l'aide du logiciel Stata version 13 et XLSTAT (compléments de Microsoft Excel).

Les données du taux de croissance du PIB, du taux d'inflation, de la formation brute de capitale fixe en pourcentage du PIB sont directement obtenues à partir de la base de données de la banque mondiale. Par contre le taux de couverture est obtenu par calcul à partir de la valeur des exportations et des importations en unités de devises locales constantes (Banque mondiale).

Les données de la productivité globale des facteurs sont disponibles que pour la période 1990-2013 à partir du site www.conference-board.org. Mais avec l'aide de XLSTAT, une estimation sur les valeurs manquantes est faite pour obtenir les données de 1980-1989 par la méthode d'imputation multiple.

L'observation des nuages de points n'a montré aucunes valeurs aberrantes pour le taux de croissance du PIB, la formation brute de capital fixe en pourcentage du PIB, le taux de couverture et la productivité globale de facteurs. A l'exception du taux d'inflation qui montre une valeur qui s'écarte totalement du nuage des points. Elle s'agit du taux d'inflation de 1994 (32%). Etant une valeur aberrante majeure, elle est remplacé par la moyenne des deux années qui l'entourent (1993-1995) pour rendre muette l'effet d'inflation. Le tableau ci-dessous est celui résumant les statistiques descriptives :

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Variable |

+-

Obs

Mean

Std. Dev.

Min

Max

TXCPIB |

34

.0309097

.0282032

-.053264

.078431

INF |

34

.0327689

.0477324

-.041407

.173764

FBCFPIB |

34

.2080703

.0346891

.135622

.268174

PGF |

34

-.0284457

.0232831

-.06536

.015099

+-

 
 
 
 
 

TCOUV |

34

.6968625

.0906673

.49835

.826907

2. Définition des variables

Deux types de variables sont utilisées ici : une variable endogène TXCPIB et quatre variables exogènes (INF, FBCFPIB, PGF et TCOUV).

TXCPIB : C'est le taux de croissance de chaque année sur toute la période indiquée en considérant deux années consécutives.

INF : L'inflation se traduit par une augmentation du niveau général des prix de façon durable, C'est entre autre une perte du pouvoir d'achat de la monnaie.

FBCFPIB : La formation brute de capital fixe est l'agrégat qui mesure, en comptabilité nationale, l'investissement (acquisition de biens de production) en capital fixe des différents agents économiques résidents.

PGF : La productivité globale des facteurs est l'accroissement relatif de richesse (la "croissance") qui n'est pas expliqué par l'accroissement d'un usage des facteurs de production, le capital et le travail.

TCOUV : Le taux de couverture indique dans quelle proportion les importations sont couvertes par les exportations,

3. Spécification du modèle

La méthode d'estimation choisie est l'approche de cointégration par la méthode ARDL (ARDL approch of cointegrating). Un modèle autorégressif à retards distribués (ARDL) d'ordre p et q, noté ARDL (p, q) régresse la variable dépendante p de ses propres retards et q retards d'un ou plusieurs variables indépendantes supplémentaires. Les variables explicatives multiples sont autorisées à avoir différents ordres de retard. Les modèles ARDL peuvent, entre autres, être utilisés pour l'estimation et l'essai des relations de cointégration. Les principales contributions dans ce domaine sont Pesaran et Shin (1999) et Pesaran, Shin et Smith (1999). Toutefois il sera

Page 54

procédé à la vérification de la significativité de chacune des variables et du modèle dans son ensemble. Le choix du modèle se justifie par la présence de variables stationnaires et non stationnaires à niveau dans notre étude.

Fondamentalement, l'approche d'ARDL à cointégration (Pesaran et al, 2001) consiste à estimer le modèle correction d'erreur (EC) suivante :

p

p

p

p

? ( TXCPIB ) ? ? ? ? ?

? ( TXCPIB ) ? ? ? ? ( INF ) ? ? ? ? ( FBCFPIB ) ? ? ? ? ( PGF ) ?

t 0 i t ? i i t ? i i t ? i i t ? i

i

?1 i?0

i?

0 i?0

p

?

ui?(TCOUV)t?i ?? (TXCPIB)t?1 ??2(INF)t?1 ??3(FBCFPIB)t??? (PGF)t?1 ??5(TCOUV) ??t

0

i?

(1)

Où TXCPIB, INF, FBCFPIB, PGF et TCOUV sont respectivement le taux de croissance du PIB, le taux d'inflation, la Formation Brute de Capital Fixe en pourcentage du PIB, la Productivité Globale des Facteurs et le taux de couverture, 0 est l'opérateur de différence première et p est la optimale longueur de retards.

Mais ce choix d'estimation dépend au préalable des conditions suivantes :

Test de stationnarité :

Les variables sont intégrées d'ordre différente I (0) et I (1),

Test de Cointégration :

Le test F est utilisé pour tester l'existence de la relation à long terme. Lorsque la relation à long terme existe, test F indique quelle variable doit être normalisée, L'hypothèse nulle de non cointégration entre les variables dans l'équation (1) est H0 : 51 = 52 = 53 = 54 = 55 = 0 contre l'hypothèse alternative H1 : 51 # 52 # 53 # 54 # 55 # 0. Le test consiste à des bornes de valeur critique, selon que les variables sont I (0) ou I (1) ou un mélange des deux. Deux ensembles de valeurs critiques sont générées que l'on se réfère à la série I (1) et l'autre série pour l'I (0).

Si la statistique de test F dépasse leurs valeurs critiques respectives, il existe des preuves d'une relation à long terme entre les variables indépendamment de l'ordre d'intégration des variables. Si la statistique de test est inférieure à la valeur critique, l'hypothèse nulle d'absence de cointégration est acceptée.

S'il existe des preuves de la relation à long terme (cointégration) des variables, le modèle à long terme suivant est estimé :

(

i

p

p p

p

TXCPIB) t = a1 + EO1i(TXCPIB) t_i + EO1i(INF)t_i + E 21i(FBCFPIB )t_i + E ço1i(PGF) t

_

p

i=1 i=

0 i=0 i=

0

(2)

+Eß1(TCOUV)t_i +ut

0

i=

Les ordres des retards dans le modèle ARDL sont sélectionnés par le critère d'information Akaike (aic). Ainsi, la spécification ARDL de la dynamique à court terme peut être obtenue en construisant un modèle de correction d'erreur (MCE) de la forme suivante :

p p p

i

?0 i?0

p p

(3)

?(TXCPIB)t ? ?2 ?2i?(

t?

TXCPIB)

??2i?(INF)t??

?2i

?(FBCFPIB) ?

t ? i

? ? ? ( PGF ) ? ? u ? ( TCOUV ) ? ? MCE ? ?

2 i t ? i 2 i t ? i t ? 1 t

i?

Page 55

i

 

?0 i?0

MCEt-1 est le terme de correction d'erreur, définie comme :

(4)

Tous les coefficients de l'équation à court terme sont des coefficients relatifs à la dynamique de court terme de la convergence vers l'équilibre et yr du modèle représente la vitesse d'ajustement.

Ainsi, à partir du Bound Test de Pesaran, Shin et Smith (2001), la mesure de l'inflation, de la Formation Brute de Capital Fixe, de la Productivité Globale des Facteurs et du taux de couverture est relativement importante dans la comptabilisation des fluctuations du taux de croissance économique. Cela signifie que nous pouvons estimer l'ampleur et la persistance du taux de croissance économique à la variation de ces variables.

Section 2 : Analyse des résultats et recommandations

1. Tests et Résultats

Vu l'importance que l'économétrie accorde à la stationnarité, il est recommandé de toujours commencer par chercher l'ordre d'intégration des variables dans tout travail d'économétrie.

Cela est d'autant plus pertinent dans la présente étude que les variables utilisées dans le modèle sont toutes des variables macro-économiques, qui d'ordinaires sont non stationnaires.

Page 56

1-1. Tests de stationnarité

Même si le cadre ARDL ne nécessite pas des variables pré-tests à faire, le test de racine unitaire pourrait nous convaincre ou non sur l'utilisation du modèle ARDL.

1-1-1. Test de stationnarité de Dickey-Fuller augmenté

La stationnarité de la variable est jugée à partir de la comparaison entre les statistiques ADF (Augmented Dickey-Fuller test statistic) et critical value (Mackinon Critical Values for rejection of Hypothesis of a unit root, c'est-à-dire la valeur critique Mackinon).

L'alternative de décision qui se présente à l'issue du test est la suivante :

H0 : racine unitaire ou non stationnarité. H1 : non racine unitaire ou stationnarité. Règle de décision :

ADF > Valeur critique au seuil de 5% alors l'hypothèse H0 est acceptée, Par conséquent la série est non stationnaire.

ADF < Valeur critique au seuil de 5% alors l'hypothèse H1 est acceptée. Cela traduit la stationnarité de la série.

Par souci de synthèse et compte tenu du nombre important des tests appliqués, le tableau n0 4 ci - dessous résume les résultats des tests de racine unitaire appliqués à niveau à l'ensemble des variables.

Tableau 4: Résultats10 du test de Dickey-Fuller augmenté

Tests à niveau

Variables

Statistiques ADF

Valeurs critiques 5%

Résultats

TXCPIB

-7.815

-3.568

Stationnaire

INF

-2.889

-3.568

Non stationnaire

FBCFPIB

-3.414

-3.568

Non stationnaire

PGF

-3.715

-3.568

Stationnaire

TCOUV

-1.857

-3.568

Non stationnaire

10 Voir annexe 3 pour le tableau complet traduisant les résultats de ce test.

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Les tests de racine unitaire sur toutes les variables aboutissent aux résultats suivants : ADF > Valeur critique au seuil de 5% pour les variables INF, FBCFPIB et TCOUV. ADF < Valeur critique au seuil de 5% pour la variable TXCPIB et la PGF.

Il en découle que seules les variables TXCPIB et PGF sont stationnaires à niveau, Donc TXCPIB et PGF sont intégrées d'ordre zéro et les autres sont intégrées d'ordre 1. L'examen de l'ordre d'intégration des variables se poursuit par le test de stationnarité de Philip - Perron et pour toutes les variables dans un souci de confirmer les mêmes résultats.

1-1-2. Test de stationnarité de Philips-Perron

Le test d'hypothèse est le suivant :

H0 : racine unitaire (non stationnarité).

H1 : non racine unitaire (stationnarité).

Règle de décision :

PP > Valeur critique au seuil de 5% alors l'hypothèse H0 est acceptée, la variable est non stationnaire.

PP < Valeur critique au seuil de 5% alors l'hypothèse H1 est acceptée, la variable est stationnaire.

Les résultats du test de Philips-perron sont reportés dans le tableau 5 :

Tableau 5: Résultats11 du test de Philips-Perron

Tests à niveau

Variables

Statistiques PP

Valeurs critiques 5%

Résultats

TXCPIB

-7.822

-3.568

Stationnaire

INF

-2.876

-3.568

Non stationnaire

FBCFPIB

-3.458

-3.568

Non stationnaire

PGF

-3.824

-3.568

Stationnaire

TCOUV

-1.833

-3.568

Non stationnaire

11 Le tableau traduisant le résultat complet de ce test est disponible en annexe 3.

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Les résultats du tableau 5 aboutissent aux mêmes résultats que le tableau 4.

Cette situation est idéale pour appliquer la régression par l'utilisation du modèle ARDL. 1-2. Tests de cointégration

Le test de cointégration est établi comme suit :

H0 : Non cointégration

H1 : Cointégration

Règle de décision :

Si F < Valeur Critique, on accepte H0, Les variables sont non cointégrées, c'est-à-dire I (0).

Si F > Valeur Critique, on accepte H1, Les variables sont cointégrées, c'est-à-dire I (1).

Comme suggéré par Pesaran, Shin et Smith (2001), les observations du modèle ARDL sont annuelles et couvrent la période 1980-2013. Les statistiques F calculées pour le test de cointégration sont affichées dans le tableau 6. La valeur critique est rapportée dans le même tableau qui repose sur la valeur critique suggérée par le test de Bound proposé par Pesaran / Shin / Smith (2001) dans STATA 13.

Tableau 6 : Relation12 de cointégration F-statistique

 

Valeurs critiques de

Valeurs critiques de

Valeurs critiques de

Valeurs critiques de F-

F - statistic

 
 
 
 
 

F-statistic

F-statistic

F-statistic

statistic

 

I(0)

I(1)

I(0)

I(1)

I(0)

I(1)

I(0)

I(1)

F = 22.193

 
 
 
 
 
 
 
 
 

2.45

3.52

2.86

4.01

3.25

4.49

3.74

5.06

La statistique F calculée (statistique F = 22.193) est supérieure au seuil de 5% aux valeurs critiques (2.45) ; (3.52) ; (2.86) ; (4.01) ; (3.25) ; (4.49) ; (3.74) et (5.06). Cela implique que l'hypothèse nulle d'absence de cointégration ne peut être acceptée à 5% et par conséquent, il existe une relation de cointégration entre les variables.

Dans ce cas, nous pouvons estimer le modèle à long terme pour voir les variables qui influent le taux de croissance. Les résultats empiriques du modèle à long terme, obtenue en normalisant sur le taux de croissance économique, sont présentés dans le Tableau 7.

12 Voir annexe 4 pour le résultat complet de ce tableau.

Page 59

Tableau 7 : Elasticités13 de court terme et de long terme du MCE

Variables

Adjustement

t-stat

Probabilités

TXCPIB(-1) -1.583608 -10.12 0.000

 

Coeff_long_terme

 
 

INF

.054779

0.96

0.356

FBCFPIB

.3233638

2.81

0.016

PGF

.5470513

2.19

0.049

TCOUV

-.0544007

-0.77

0.456

 

Coeff_court_terme

 
 

INF

D1

-.3472959

-2.83

0.015

LD

-.0879927

-0.93

0.372

L2D

-.20351

-2.31

0.039

FBCFPIB

D1

-.2841138

-1.32

0.211

LD

-.4225409

-2.05

0.063

L2D

-.3082085

-1.80

0.096

PGF

D1

.0574075

0.18

0.858

LD

.2590554

1.43

0.178

TCOUV

D1

-.230772

-2.36

0.036

LD

-.0336988

-0.38

0.712

L2D

-.1254537

-1.76

0.103

L3D

.0810834

1.15

0.273

NB : * les D1 représentent les différences premières

* Les LD représentent les différences premières des retards (1) * Les L2D représentent les différences premières des retards (2) * Les L3D représentent les différences premières des retards (3)

Seules les variables FBCFPIB et PGF semblent influer sur le taux de croissance à long terme car leurs probabilités sont nettement inférieures à 5%, tandis que les probabilités des autres variables (INF et TCOUV) dépassent les 5% et par conséquent elles n'ont pas d'impact significatif sur le TXCPIB. Ces résultats sont en quelque sorte en accord car un choc sur l'investissement et la productivité provoque des effets durables sur le produit intérieur brut. L'effet instantané sur l'inflation et le taux de couverture est quasi nul.

L'ensemble des tests faits nous ont permis d'aboutir au modèle de long terme.

Le R214 est un indicateur simple, on comprend aisément que plus il s'approche de la valeur 1, plus le modèle est intéressant. En revanche, il ne permet pas de savoir si le modèle est statistiquement pertinent pour expliquer les valeurs des variables, Ici, le R2 est égal à 0,94 ; les fluctuations des variables explicatives du modèle expliquerait 94% des fluctuations de la variable endogène (taux de croissance du PIB).

Le coefficient ???? (force de rappel vers l'équilibre) est le coefficient de correction d'erreur. Il doit être négatif ; dans le cas contraire il convient de rejeter une spécification du type ARDL

13 Le tableau complet des élasticités est disponible en annexe 5

14 Voir annexe 5

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EC (Error correction). En effet, le mécanisme de correction d'erreur (rattrapage qui permet de tendre vers la relation de long terme) irait alors en sens contraire et s'éloignerait de la cible de long terme. Le coefficient associé à la force de rappel est négatif (-1.5836) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5% (son t de Student est supérieur à 1,96 en valeur absolue). Il existe donc bien un mécanisme à correction d'erreur : à long terme les déséquilibres entre le TXCPIB, l'INF, la FBCFPIB, la PGF et le TCOUV se compensent de sorte que les cinq séries ont des évolutions similaires.

???? représente la vitesse à laquelle tout déséquilibre entre les niveaux désiré et effectif du TXCPIB est résorbé dans l'année qui suit tout choc.

?1 = -1.5836, on arrive à ajuster 158,36% du déséquilibre entre le niveau désiré et effectif du TXCPIB.

Ainsi, les chocs sur le taux de croissance au Sénégal se corrigent-ils à 158,36% par effet de « feed back ». En d'autre termes, un choc constaté au cours d'une année est entièrement résorbé au bout de 07 mois (1 / 1,5836 = 0,63).

Elasticités de court terme

L'élasticité de court terme est ???? = -0,3472 cela signifie que si le l'INF augmente de 10%, alors le TXCPIB à court terme diminue de 3,472%.

L'élasticité de court terme est ??? ? = -0,2841 cela traduit que si la FBCFPIB augmente de 10%, alors le TXCPIB à court terme diminuera de 2,841%.

L'élasticité de court terme est ???? = 0,0574 cela traduit que si la PGF augmente de 10%, alors le TXCPIB à court terme augmentera de 0,574%.

L'élasticité de court terme est ???? = -0,2307 cela traduit que si le TCOUV augmente de 10%, alors le TXCPIB à court terme diminue de 2,307%.

Elasticités de long terme

L'élasticité de long terme est ä2 = 0,0547 cela signifie que si l'INF augmente de 10%, alors le TXCPIB à long terme augmente de 0,547%.

L'élasticité de long terme est ä3 = 0,3233 cela signifie que si le la FBCFPIB augmente de 10%, alors le TXCPIB à long terme augmente de 3,233%.

Page 61

L'élasticité de long terme est 64 = 0,5470 cela signifie que si le la PGF augmente de 10%, alors le TXCPIB à long terme augmente de 5,470%.

L'élasticité de long terme est 65 = -0,0544 cela signifie que si le TCOUV augmente de 10%, alors le TXCPIB à long terme diminue de 0,544%.

La validité du modèle à correction d'erreurs ARDL est liée au signe du coefficient ???? qui doit être compris entre -1 et 0 avec une probabilité critique associée inférieure à 5%, Les élasticités de long terme sont représentées par les coefficients 62, 63, 64 et 65.

1-3. Autres tests

i. Test de significativité globale15

La statistique de Fisher est 11.23 ; le modèle ARDL à correction d'erreurs est globalement significatif.

ii. Test de corrélation des erreurs de Breush-Godfrey

La statistique de durbin-Watson est 2.173215.

Les hypothèses à tester sont les suivantes :

H0 : Non corrélation des erreurs

H1 : Corrélation des erreurs

On compare la valeur de Prob > F à 5%

On accepte H0 si la valeur de Prob > F est supérieure à 5%

On accepte H1 si la valeur de Prob > F est inférieure à 5%

Tableau 8 : Résultats16 du test de Breush-Godfrey

Retards(p)

F

df

Prob > F

1

1.057

(1, 11)

0.3260

D'après le tableau 8, les erreurs du modèle ARDL sont corrélées car Prob > F (0.3260) est supérieure à 5%.

15 Voir annexe 5 : Estimations ARDL

16 Voir annexe 6 : Autres tests

Page 62

iii. Test d'homocédasticité de Breusch-Pagan

Règle de décision :

H0 : Les erreurs sont homocédastiques

H1 : Les erreurs sont hétérocédastiques

On accepte H0 si la valeur de Prob > chi2 est supérieure à 5%.

On accepte H1 si la valeur de Prob > chi2 est inférieure à 5%.

Tableau 9 : Résultats17 du test de Breush-Pagan

Variable : D,TXCPIB

Chi2(1)

1.13

Prob>chi2

0.2874

La probabilité vaut 0.2874, les erreurs du modèle ARDL sont homocédastiques. 2. Analyse et validation des hypothèses

Il est préférable d'analyser d'abord les résultats de l'estimation puis de procéder à la validation des hypothèses.

2-1. Analyse des résultats

Le taux d'inflation et la Formation Brute de Capital Fixe en pourcentage du PIB ont un impact négatif à court et un impact positif à long terme. La PGF a une influence positive à court et long terme tandis que le TCOUV a un effet négatif à court et long terme. Les variables peuvent donc être classées en trois groupes. D'abord le groupe de variables qui ont des élasticités négatives et positives par rapport aux deux termes à savoir le taux d'inflation et la Formation Brute de Capital Fixe ; ensuite celles qui ont un impact positif dans les deux termes (PGF) et enfin celles dont leurs signes sont négatifs dans les deux termes (TCOUV).

17 Voir annexe 6 : Autres tests

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Pour le premier groupe de variables

Le premier groupe de variables est constitué par l'inflation et la formation brute de capital fixe. L'inflation (INF)

L'inflation a un impact négatif et positif sur la croissance du PIB selon les deux termes. Cela se traduit par son coefficient négatif à court terme et positif à long terme. En effet une augmentation du taux d'inflation de 10 % entraîne une diminution du TXCPIB de 3,472% à court terme et une augmentation de 0,547% à long terme. Cette sensibilité du TXCPIB à l'inflation traduit l'importance de cette variable dans le processus du développement. Cela montre que l'inflation influe négativement à la croissance vue que la diminution du TXCPIB (3,472%) est plus importante que son augmentation (0,547%). Outre les effets des hausses de salaires, des ajustements de marges, des tarifs fiscaux et des pénuries alimentaires qui sont de source interne, les chocs les plus significatifs sont d'origine internationale et sont provoquées par les crises pétrolières telles que celles des années 1973, 1979, 1990 et 2005/2006, ainsi que les chocs sur le dollar et les taux d'intérêt des années 1980. Cette dernière forme d'inflation a pris, au cours des dernières années, une place aussi importante dans l'explication de la hausse du niveau général des prix à long terme. Ces résultats sont en accord avec certaines études postulant que la relation entre l'inflation et la croissance était positive dans certains cas et négative dans d'autres. C'est le cas de Thirwall et Barton(1971) qui ont mené l'une des premières études transversales par pays, Ils présentent une relation positive entre inflation et croissance économique pour les pays industrialisés et une relation négative pour 7 pays en développement. Aujourd'hui un consensus s'est élaboré autour de la question à savoir qu'une inflation faible et stable relance la croissance économique (Mubarik, 2005). Il faut savoir que l'inflation se signale par une hausse des prix mais, toute hausse des prix n'est pas synonyme d'inflation. Celle-ci peut être l'émanation d'une pénurie momentanée, d'une augmentation de la demande, d'une hausse localisée sur quelques marchés (par exemple le marché du pétrole). Le débat sur l'origine de l'inflation dans les économies en développement a longtemps préoccupé les économistes. Ainsi, deux questions intéressent ces derniers, à savoir : quel est le bon niveau d'inflation pour un pays et de quels instruments de politique économique un pays en développement dispose-t-il pour éviter les situations d'inflation persistante et élevée ? Ces questions sont motivées par l'observation d'épisodes d'hyper-inflation et de situations de

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faible croissance, notamment dans les pays d'Amérique Latine. Les économistes du développement défendaient que les causes de l'inflation sont à rechercher dans les difficultés rencontrées par les gouvernements pour impulser le développement et la croissance économique.

La formation brute de capital fixe (FBCFPIB)

L'augmentation de la formation brute de capital fixe de 10% se traduit par une diminution du TXCPIB de 2,841% à court terme et une augmentation de 3,233% à long terme. L'élasticité négative de court terme découle de la réduction des dépenses publiques d'investissement à la suite de l'application des Programmes d'Ajustements Structurels (PAS) durant la période 1990-1994. Après la dévaluation de 1994, la FBCF s'accroissait passant de 67 à 141 milliards de francs selon l'ANSD, correspondant en moyenne à une part de 4,79% du PIB durant la période 1995-2000. Selon le fond monétaire international (voir FMI 1989), la formation brute de capital fixe dans les pays en développement a chuté de 26,5 points de pourcentage du PIB en 1981 à moins de 23,5 points en 1985 et 1988 en moyenne annuelle. Comme l'ont remarqué Greene et Villanueva (1991 : 34), "l'importance de l'investissement du secteur public a été sous-estimée durant les années 80, puisque l'adoption des programmes d'ajustement structurels a conduit plusieurs pays en développement à réduire l'activité de l'investissement du secteur public en vue de diminuer les déficits budgétaires". L'investissement public affecterait l'augmentation de la production en influençant le taux d'augmentation de la productivité, indépendamment de son effet sur l'accumulation du facteur. L'investissement surréagit par rapport à la demande et rend la croissance irrégulière. Lorsque la demande augmente, les entreprises investissent pour répondre à cette augmentation. Mais si le rythme d'augmentation de cette demande ralentit, alors les entreprises vont avoir des surcapacités de production, ce qui engendre une forte diminution de l'investissement. C'est ce qu'on appelle l'effet accélérateur. Peut-être est-ce ce qui s'est passé en 1993, quand l'investissement diminuant a quasiment provoqué la récession. Cette année, la contribution de la FBCF à la baisse du PIB est supérieure à la baisse du PIB elle-même. L'investissement peut donc avoir un effet déstabilisant sur la croissance.

Une élasticité positive de la FBCF est jugé normal car l'investissement, qu'il soit matériel (achat de capital fixe) ou immatériel est un évident facteur d'augmentation du PIB sur le long

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terme, dans la mesure où c'est grâce à lui qu'on peut produire plus. Toutefois, il est important de constater que cette sensibilité est pratiquement non signifiante du fait de l'envergure que la littérature reconnaît à la FBCF. Ce niveau de FBCF est d'autant plus faible que malgré la croissance du PIB, la pauvreté n'a pas reculée. Il urge alors donc que les politiques macro - économiques instituées avec le programme d'ajustement structurel (PAS) auquel le Sénégal s'était engagé, mettent un accent particulier sur l'investissement. Cela exige un tissu économique sain et peu contraignant avec les mesures fiscales visant à stimuler l'investissement. Cette situation ne surprend guère et vient justifier les critiques apportées à l'économie sénégalaise caractérisée par un faible taux de progression du PIB, une hypertrophie des activités tertiaires et informelles, un bas niveau des taux d'épargne et d'investissement et une forte incidence de la pauvreté et des inégalités. Ce bas niveau d'investissement (2,841%) est l'une des causes majeures de la faiblesse de la croissance de l'économie Sénégalaise. Après avoir augmenté de 7,1% dans les années 1960 à 14,6% dans années 1970, le taux d'investissement stagna autour de 17% (en pourcentage du PIB) jusqu'au milieu des années 1990. De plus, le Sénégal a tendance à recourir aux ressources extérieures pour financer l'investissement. Le défi majeur pour le Sénégal consiste désormais à perpétuer la relance des investissements qu'on observe depuis le milieu des années 1990. La plupart des investissements sont financés par les transferts des émigrés (dans l'immobilier essentiellement), cette relance doit bénéficier à d'autres secteurs tels que le bâtiment, le commerce et les services. Cette situation peut s'expliquer par le fait que le coût d'acquisition des biens d'équipements entièrement importés constitue une barrière quant à l'accès des unités de productions aux innovations technologiques. L'investissement constitue de ce fait un facteur important pour la croissance et des investissements supplémentaires sont donc toujours nécessaires pour maintenir un certain niveau de croissance.

Au cours de ces dernières années, souligne le Rapport National sur la Compétitivité du Sénégal (RNCS), le Sénégal a adopté des mesures importantes pour améliorer l'environnement des affaires avec la création du Conseil Présidentiel de l'Investissement (CPI), l'instauration d'un guichet unique pour la création d'entreprises et la réduction du taux d'impôts sur le bénéfice de société. Cependant, de l'avis des dirigeants d'entreprises, des efforts soutenus restent encore à faire pour l'amélioration de l'environnement micro-économique des affaires.

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Ces résultats confirment les études de Dedewanou Finagnon Antoine (Chercheur à l'Université de Laval, CANADA) attestant que dans les pays de l'UEMOA, l'investissement et le capital humain expliquent à long terme la croissance économique. Ainsi, des mesures de politique économique devront être axées sur une bonne gouvernance afin d'attirer, les investisseurs autant nationaux qu'étrangers dans les pays de l'UEMOA.

Pour le deuxième groupe de variables

Ce deuxième groupe de variables ne concerne que la Productivité Globale des Facteurs (PGF). Une augmentation de 10% de la PGF entraîne une augmentation de 0,574% à court terme et de 5,470% à long terme. De ce fait, une faible augmentation de 10% de la PGF entraîne une augmentation de plus de 5% sur le long terme. Cette relation d'augmentation est jugée très normale car la Productivité Globale des Facteurs est souvent vue comme le vecteur de la croissance, car si le capital et le travail demeurent des contributions importantes à la production, la PGF peut intervenir jusqu'à 6% de la croissance dans l'économie. Or ici on est à presque près de 6% (soit 5,470%) du PIB. Une accélération de la productivité aboutit à une élévation du PIB dans les deux termes, mais la hausse est plus importante dans le long terme. Le Sénégal est donc sous l'ère de la consommation solaire par exemple puisque l'ensoleillement peut permettre d'augmenter la production agricole, tous les autres facteurs étant constants par ailleurs. L'ensoleillement est donc un facteur de productivité. L'économie sénégalaise tend vers un plan d'émergence visant à l'amélioration de la compétitivité des facteurs de production. Ceci laisse supposer que le Sénégal doit renforcer sa productivité pour concurrencer les autres pays du monde en termes de croissance économique. Le problème majeur du Sénégal reste la productivité. Le pays doit aussi renforcer le développement des infrastructures et l'approvisionnement fiable en énergie qui pourront, dans le cours terme, susciter une croissance. La croissance est un défi majeur pour ce pays et il faut qu'elle soit partagée. Et pour être compétitif dans le monde, une éducation bien organisée est nécessaire mais surtout une agriculture développée. Le RNCS met en exergue les domaines de bonne performance ainsi que les principales contraintes à la compétitivité du Sénégal. Des secteurs comme l'agriculture, les infrastructures et les télécommunications ont enregistré des performances. En 2009, la main d'oeuvre employée dans l'industrie et les services, représentant moins de la moitié de la population active, a généré 84% du PIB. A contrario, la main d'oeuvre évoluant dans l'agriculture, représentant 53% de la population active, n'a généré que 16% du

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PIB. Pour autant, l'agriculture a été le premier contributeur à la croissance du PIB en 2008 et en 2009 avec respectivement 51% et 40%.

En 2008, la productivité du travail était plus élevée de 37% au Sénégal que dans les pays de la CEDEAO et de 30% qu'au Ghana, mais elle était plus faible au Sénégal de 70% et 20% respectivement par rapport à son niveau dans les Etats subsahariens à revenu moyen inférieur et en Tunisie. Le taux d'accroissement de la productivité du travail a constamment décliné entre 2003 et 2008 et le Sénégal risque d'être rattrapé par des pays aujourd'hui moins performants dans ce domaine. Le RNCS liste un certain nombre de facteurs comme la rigidité de la réglementation du travail qui n'incite pas au recrutement de nouveaux employés, le chômage et le sous-emploi des jeunes diplômés. L'autre problème concerne les banques. Selon le rapport, le système financier sénégalais s'est renforcé pendant la dernière décennie, mais l'accès au financement demeure perçu comme le facteur le plus contraignant pour les entreprises.

Les résultats des coefficients positifs confirment les travaux faits par Datt et Ravaillon (1992) et de Kakwani (1997). Ces auteurs ont suggérés que les changements de pauvreté peuvent être décomposés en éléments de croissance et de distribution. Cependant un accroissement peu significatif provoque une contraction sensible de l'activité économique dans les secteurs qui étaient initialement les plus protégés, soit l'agriculture et l'industrie. A long terme, elle favorise l'accumulation du capital, en particulier dans le secteur des services et le secteur industriel, et elle se traduit par une diminution de la pauvreté.

Pour le troisième groupe de variables

Ici, nous n'avons que le taux de couverture (TCOUV).

Le taux de couverture quant à lui, son augmentation de 10% entraîne des baisses respectives de 2,307% et de 0,544% dans le court et le long terme. Le Sénégal dispose d'un cadre institutionnel et logistique favorable à la compétitivité. Toutefois, de 2000 à 2009, la part du Sénégal dans les exportations mondiales a baissé de 8% en volume. Cette situation reflète les contraintes d'offre liées à des niveaux insuffisants de production associés aux problèmes sous-jacents de compétitivité des produits et services d'exportation du Sénégal. Les pays en développement connaissent un modèle de développement basé sur l'exportation des matières premières. Les prix de ces produits de base suivent une évolution instable dans le marché mondial. Par conséquent, cela entraîne un flottement des termes de l'échange qui peut

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influencer la croissance économique de ces pays à travers l'investissement mais surtout la productivité. Selon Varangis et al, (1995), « les pays tributaires des produits de base subissent souvent de graves revers en matière de termes de l'échange, ce qui nuit du même coût à leur croissance économique à long terme et à l'investissement ».

2-2. Validation des hypothèses Hypothèse 1 :

La formation brute de capital fixe contrairement à l'hypothèse formulée en H1, agit négativement à court terme et positivement à long terme sur la croissance économique du Sénégal, L'hypothèse H1 n'est pas validée au plan empirique.

Hypothèse 2 :

Le taux d'inflation a un impact négatif à court terme et positif à long terme comme formulée en hypothèse H2, L'hypothèse H2 est vérifiée.

Hypothèse 3 :

Le taux de couverture contrairement formulée à l'hypothèse formulée en H3, agit négativement sur la croissance économique du Sénégal. L'hypothèse H3 n'est pas validée sur le plan empirique.

Hypothèse 4 :

La productivité globale des facteurs agit positivement sur la croissance économique du Sénégal comme formulée en hypothèse H4, L'hypothèse H4 est donc vérifiée.

3. Recommandations et suggestions

Au terme de cette étude, il ressort que les différentes variables explicatives considérées ont en quelque sorte répondu à nos préoccupations, ouvrant ainsi la voix aux recommandations et suggestions qui, loin de se borner au cadre de la présente étude, vont bien au - delà dans le simple but de faire développer le Sénégal ; ce qui est d'ailleurs la préoccupation finale de toute étude économique. Ainsi de façon générale il s'agira de :

- Encourager l'investissement à travers l'intervention des pouvoirs publics auprès des banques et autres institutions financières afin qu'elles augmentent les crédits à long terme ;

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-Revoir à la baisse le prix des denrées de première nécessité car l'inflation influe négativement sur la croissance à court terme ;

- Maintenir la politique agricole menée depuis ces dernières années, voire même l'améliorer du point de vue technologique pour une meilleure rentabilité du secteur. En effet, ce secteur, concerne plus de la moitié de la population active et reste l'activité principale du monde rural ;

- Promouvoir une économie compétitive et créatrice d'emplois décents ; - Maintenir le taux d'inflation annuel moyen à 3% au maximum par an ;

- Créer des opportunités économiques et de richesses pour la promotion d'emplois productifs et une transformation structurelle de l'économie ;

En somme, une politique économique s'inspirant de ces suggestions permettra au Sénégal d'assainir ses finances publiques et de sortir des sentiers battus pour se hisser au rang des nations de grande production et de croissance durable.

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CONCLUSION GENERALE

Afin de dégager les déterminants de la croissance économique, il a été utilisé certaines variables (l'inflation, la formation brute de capital fixe, la productivité globale des facteurs et le taux de couverture). Le travail a consisté à collecter des informations utiles auprès des services les plus indiqués et de passer à une régression économique à l'aide du logiciel Stata 13. L'examen du degré d'intégration des variables notamment par le test de racine unitaire de « Dickey - Fuller Augmented et Philips-Perron » a permis de mettre en évidence d'une part la non stationnarité des principales variables macro-économique utilisées.

D'autre part ces tests ont montré que les variables ont des ordres d'intégration différents, soit en I (0), en I (1) ou le mélange des deux. Ce qui nous a permis de continuer le test pour aboutir aux résultats ci - dessus présentés.

Les résultats auxquels l'analyse économique a abouti sont sans conteste l'existence des taux d'inflation très élevés qui ont pour conséquence la cherté des produits alimentaires.

Ainsi, l'estimation du modèle montre que le niveau de développement est positivement (à long terme) expliqué par la productivité globale des facteurs, et la Formation Brute de Capital Fixe, tandis que le taux de couverture du Sénégal ne favorise guère la croissance.

? Les effets du taux d'inflation nécessitent une attention particulière pour le Sénégal. Son effet de long terme peut être dû à l'émanation d'une pénurie momentanée, d'une augmentation de la demande, d'une hausse localisée sur quelques marchés (par exemple le marché du pétrole en ce moment).

? La Formation Brute de Capital Fixe en pourcentage du PIB agit également de façon oscillante sur le niveau de croissance comme le témoigne son coefficient dans les deux modèles (élasticité égale à -0,2841 à court terme et à 0,3233 à long terme). Cette faible significativité peut s'expliquer par le regain des investissements dans les infrastructures, la santé et l'éducation au milieu des années 90. Il apparait donc clairement que la dévaluation intervenue en 1994 a eu des impacts positifs sur la dynamique de l'investissement privé, de l'investissement public de même que sur la stabilité des prix. Il est maintenant primordial d'améliorer le climat des affaires et sur la synergie entre les différentes politiques monétaires et budgétaires.

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? La productivité globale des facteurs influe positivement sur la croissance économique. Une accélération de la productivité aboutit à une élévation du PIB. Ceci est jugé normal d'autant plus qu'un accroissement peu significatif provoque une contraction sensible de l'activité économique dans les secteurs qui étaient initialement les plus protégés.

? Le taux de couverture influe négativement la croissance. Les prix des produits de base suivent une évolution instable dans le marché mondial. Par conséquent, cela entraîne un flottement des termes de l'échange qui peut influencer la croissance économique de ces pays à travers l'investissement mais surtout la productivité.

A travers tout ce qui vient d'être élucidé, des recommandations et suggestions ont été formulées à l'endroit des autorités en charge de ce pays et dont la prise en compte permettra d'amorcer le sentier de croissance tant voulu par la Nation.

Cette étude loin d'être parfaite en son genre s'achève tout en soulignant ses limites et faiblesses en quelques tirets :

- L'étude n'a pas pu aborder tous les aspects de la croissance ;

- L'étude n'a pas pris en compte certaines variables qualitatives et quantitatives qui paraissent avoir une certaine influence sur la croissance économique. Ce sont entre autres les aléas naturels, le risque politique, l'instabilité macro - économique, le taux de croissance de la population, la qualité des institutions, le degré d'ouverture, etc.

- S'inspirant des travaux de Pesaran et al,, (2001), le modèle utilisé est celui de correction d'erreur ARDL.

En ouvrant la voie aux critiques et suggestions utiles pour son perfectionnement, cette étude s'achève en faisant appel à tout chercheur voulant travailler dans le même sens de pousser ses réflexions d'une part dans le secteur informel qui gangrène l'économie sénégalaise du fait de sa non participation à la fiscalité et en cherchant des voies et moyens pour améliorer sa productivité et augmenter davantage ses investissements.

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ANNEXES

1%

5%

TXCPIB

Percentiles

-.053264

-.033106

Smallest

-.053264

-.033106

 
 

10%

-.005924

-.006756

Obs

34

25%

.017611

-.005924

Sum of Wgt.

34

50%

.0345285

 

Mean

.0309097

 
 

Largest

Std. Dev.

.0282032

75%

.050695

.060944

 
 

90%

.060944

.063598

Variance

.0007954

95%

.066832

.066832

Skewness

-.9785199

99%

.078431

.078431

Kurtosis

4.114906

1%

5%

Percentiles

-.041407

-.02248

INF

Smallest

-.041407

-.02248

 
 

10%

-.017536

-.018267

Obs

34

25%

.004473

-.017536

Sum of Wgt.

34

50%

.0172885

 

Mean

.0327689

 
 

Largest

Std. Dev.

.0477324

75%

.058533

.11617

 
 

90%

.11617

.11784

Variance

.0022784

95%

.130001

.130001

Skewness

1.168008

99%

.173764

.173764

Kurtosis

3.981544

 
 

FBCFPIB

 
 
 

Percentiles

Smallest

 
 

1%

.135622

.135622

 
 

5%

.14636

.14636

 
 

10%

.156724

.152185

Obs

34

25%

.181645

.156724

Sum of Wgt.

34

50%

.211113

 

Mean

.2080703

 
 

Largest

Std. Dev.

.0346891

75%

.231205

.255053

 
 

90%

.255053

.261463

Variance

.0012033

95%

.261513

.261513

Skewness

-.2232075

99%

.268174

.268174

Kurtosis

2.284155

ANNEXE 1 : STATISQUES DESCRIPTIVES

Page 77

1%

5%

Percentiles

-.06536

-.062543

PGF

Smallest

-.06536

-.062543

 
 

10%

-.059859

-.061158

Obs

34

25%

-.049886

-.059859

Sum of Wgt.

34

50%

-.0268315

 

Mean

-.0284457

 
 

Largest

Std. Dev.

.0232831

75%

-.007723

.003512

 
 

90%

.003512

.007209

Variance

.0005421

95%

.007691

.007691

Skewness

.0250688

99%

.015099

.015099

Kurtosis

1.891721

 
 

TCOUV

 
 
 

Percentiles

Smallest

 
 

1%

.49835

.49835

 
 

5%

.531846

.531846

 
 

10%

.573895

.571235

Obs

34

25%

.617848

.573895

Sum of Wgt.

34

50%

.7001335

 

Mean

.6968625

 
 

Largest

Std. Dev.

.0906673

75%

.760673

.812803

 
 

90%

.812803

.814104

Variance

.0082206

95%

.823572

.823572

Skewness

-.344054

99%

.826907

.826907

Kurtosis

2.124783

ANNEXE 2 : EVOLUTION DES VARIABLES

1980 1990 2000 2010 2020

Année

1980 1990 2000 2010 2020

anne

Page 78

1980 1990 2000 2010 2020

anne

1980 1990 2000 2010 2020

anne

Page 79

1980 1990 2000 2010 2020

anne

Page 80

ANNEXE 3 : TESTS DE RACINE UNITAIRE

TXCPIB

Dickey-Fuller test for unit root Number of obs = 33

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(t) -7.815 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0000

INF

Dickey-Fuller test for unit root Number of obs = 33

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(t) -2.889 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.1663

FBCFPIB

Dickey-Fuller test for unit root Number of obs = 33

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(t) -3.414 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0496

PGF

Dickey-Fuller test for unit root Number of obs = 33

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(t) -3.715 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0214

TXCOUV

Dickey-Fuller test for unit root Number of obs = 33

Page 81

TXCPIB

Phillips-Perron test for unit root Number of obs = 33

Newey-West lags = 3

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(rho) -42.140 -23.524 -18.508 -15.984

Z(t) -7.822 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0000

INF

pperron inf. trend regress

Phillips-Perron test for unit root Number of obs = 33

Newey-West lags = 3

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(rho) -14.123 -23.524 -18.508 -15.984

Z(t) -2.876 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.1703

FBCFPIB

Phillips-Perron test for unit root Number of obs = 33

Newey-West lags = 3

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(rho) -18.835 -23.524 -18.508 -15.984

Z(t) -3.458 -4.306 -3.568 -3.221

Page 82

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(t) -1.857 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.6765

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0441

PGF

Phillips-Perron test for unit root Number of obs = 33

Newey-West lags = 3

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(rho) -23.089 -23.524 -18.508 -15.984

Z(t) -3.824 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.0154

TXCOUV

Phillips-Perron test for unit root Number of obs = 33

Newey-West lags = 3

Interpolated Dickey-Fuller

Test 1% Critical 5% Critical 10% Critical

Statistic Value Value Value

Z(rho) -4.745 -23.524 -18.508 -15.984

Z(t) -1.833 -4.306 -3.568 -3.221

MacKinnon approximate p-value for Z(t) = 0.6886

Page 83

Page 84

ANNEXE 4 : TEST DE COINTEGRATION

Pesaran/Shin/Smith (2001) Bounds Test

H0: no levels relationship F = 22.193

t = -10.124

Critical Values (0.1-0.01). F-statistic. Case 3

| [I_0] [I_1] | [I_0] [I_1] | [I_0] [I_1] | [I_0] [I_1]

| L_1 L_1 | L_05 L_05 | L_025 L_025 | L_01 L_01

+ + + +

k_4 | 2.45 3.52 | 2.86 4.01 | 3.25 4.49 | 3.74 5.06
accept if F < critical value for I(0) regressors reject if F > critical value for I(1) regressors

Critical Values (0.1-0.01). t-statistic. Case 3

| [I_0] [I_1] | [I_0] [I_1] | [I_0] [I_1] | [I_0] [I_1]

| L_1 L_1 | L_05 L_05 | L_025 L_025 | L_01 L_01

+ + + +

k_4 | -2.57 -3.66 | -2.86 -3.99 | -3.13 -4.26 | -3.43 -4.60
accept if t > critical value for I(0) regressors reject if t < critical value for I(1) regressors

k: # of non-deterministic regressors in long-run relationship

ARDL regression

Model: ec

Sample: 1984

- 2013

Number of obs

=

30

Log likelihood

=

101.62521

R-squared

=

.94088214

Adj R-squared

=

.85713183

Root MSE

=

.01292877

 

D.TXCPIB

|

Coef.

Std. Err.

t

P>|t|

[95% Conf.

Interval]

 
 

+

 
 
 
 
 
 

ADJ

 

|

 
 
 
 
 
 
 

TXCPIB

|

 
 
 
 
 
 
 

L1.

|

-1.583608

.1564146

-10.12

0.000

-1.924406

-1.24281

LR

 

|

 
 
 
 
 
 
 

INF

|

.054779

.0571065

0.96

0.356

-.0696453

.1792032

 

FBCFPIB

|

.3233638

.1152641

2.81

0.016

.072225

.5745027

 

PGF

|

.5470513

.2499841

2.19

0.049

.0023826

1.09172

 

TXCOUV

|

-.0544007

.0705531

-0.77

0.456

-.2081228

.0993214

SR |

INF |

 
 
 
 
 
 

D1. |

-.3472959

.1228519

-2.83

0.015

-.6149673

-.0796246

LD. |

-.0879927

.0948526

-0.93

0.372

-.2946587

.1186734

L2D. |

-.20351

.0880118

-2.31

0.039

-.3952713

-.0117488

FBCFPIB |

 
 
 
 
 
 

D1. |

-.2841138

.2148174

-1.32

0.211

-.7521607

.1839332

LD. |

-.4225409

.2064124

-2.05

0.063

-.8722749

.027193

L2D. |

-.3082085

.1709053

-1.80

0.096

-.6805793

.0641622

PGF |

 
 
 
 
 
 

D1. |

.0574075

.3134522

0.18

0.858

-.6255461

.7403612

LD. |

.2590554

.181011

1.43

0.178

-.1353336

.6534445

TXCOUV |

 
 
 
 
 
 

D1. |

-.230772

.0978875

-2.36

0.036

-.4440505

-.0174935

LD. |

-.0336988

.0891296

-0.38

0.712

-.2278956

.1604979

L2D. |

-.1254537

.0711391

-1.76

0.103

-.2804524

.0295451

L3D. |

.0810834

.0705573

1.15

0.273

-.0726478

.2348147

_cons |

.0253874

.1220764

0.21

0.839

-.2405943

.2913692

Page 85

ANNEXE 5 : RESULTATS DE LA REGRESSION DU MODELE ARDL

Page 86

Source

 

|

SS

df MS

 

Number of obs

= 30

+

 
 
 
 

F( 17, 12)

= 11.23

Model

|

.031923631

17 .001877861

 

Prob > F

= 0.0001

Residual

|

.002005838

12 .000167153

 

R-squared

= 0.9409

+

 
 
 
 

Adj R-squared

= 0.8571

Total

|

.033929469

29 .001169982

 

Root MSE

= .01293

D,TXCPIB

|

Coef.

Std, Err. t

P>|t|

[95% Conf.

Interval]

TXCPIB

|

 
 
 
 
 

L1.

|

-1.583608

.1564146 -10.12

0.000

-1.924406

-1.24281

INF

|

.0867484

.0892418 0.97

0.350

-.1076928

.2811895

FBCFPIB

|

.5120815

.1833017 2.79

0.016

.1127015

.9114616

PGF

|

.8663146

.4215746 2.05

0.062

-.0522176

1.784847

TXCOUV

|

-.0861494

.1134583 -0.76

0.462

-.3333537

.161055

INF

|

 
 
 
 
 

D1.

|

-.3472959

.1228519 -2.83

0.015

-.6149673

-.0796246

LD.

|

-.0879927

.0948526 -0.93

0.372

-.2946587

.1186734

L2D.

|

-.20351

.0880118 -2.31

0.039

-.3952713

-.0117488

FBCFPIB

|

 
 
 
 
 

D1.

|

-.2841138

.2148174 -1.32

0.211

-.7521607

.1839332

LD.

|

-.4225409

.2064124 -2.05

0.063

-.8722749

.027193

L2D.

|

-.3082085

.1709053 -1.80

0.096

-.6805793

.0641622

PGF

|

 
 
 
 
 

D1.

|

.0574075

.3134522 0.18

0.858

-.6255461

.7403612

LD.

|

.2590554

.181011 1.43

0.178

-.1353336

.6534445

TXCOUV

|

 
 
 
 
 

D1.

|

-.230772

.0978875 -2.36

0.036

-.4440505

-.0174935

LD.

|

-.0336988

.0891296 -0.38

0.712

-.2278956

.1604979

L2. |

 

-.1254537

.0711391 -1.76

0.103

-.2804524

.0295451

L3D.

|

.0810834

.0705573 1.15

0.273

-.0726478

.2348147

_cons

|

.0253874

.1220764 0.21

0.839

-.2405943

.2913692

Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity Ho: Constant variance

Variables: fitted values of D.TXCPIB

chi2(1) = 1.13

Prob > chi2 = 0.2874

LM test for autoregressive conditional heteroskedasticity (ARCH)

lags(p) | chi2 df Prob > chi2

+

1 | 1.171 1 0.2793

H0: no ARCH effects vs, H1: ARCH(p) disturbance

Breusch-Godfrey LM test for autocorrelation

lags(p) | chi2 df Prob > chi2

+

1 | 1.057 1 0.3039

H0: no serial correlation

Page 87

ANNEXE 6 : Autres TESTS

Durbin-Watson d-statistic( 18, 30) = 2.173215

Ramsey RESET test using powers of the fitted values of D,TXCPIB Ho: model has no omitted variables

F(3, 9) = 0.51

Prob > F = 0.6857

Page 88

1

0

0

0

CUSUM

1986 2013

anne

CUSUM squared

0

1986 2013

0

anne

CUSUM

1987 2013

anne

CUSUM squared

1987 2013

anne

0

1






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