2. Politique actuelle au Congo-Brazzaville
Après son retour par les armes, au cours de la seconde
guerre civile de 1997, Denis Sassou N'Guesso a adopté une nouvelle
Constitution en 2002 garantissant le nombre de mandats présidentiels
à deux et un âge maximal de 70 ans pour le président lors
de son élection. L'adoption de cette Constitution a amené un
régime présidentiel renforcé dont le Président de
la République est le centre puisqu'il a la main mise sur toutes les
institutions gouvernementales. Tous les membres du gouvernement sont alors
nommés par le président lui même et l'absence de tout
contrepoids institutionnel déjoue l'émergence de toute
opposition, comme nous le rappel l'article de Félix Banjounda
(2001)8. Cet article pose alors la question
8 Bankounda, F. (2001). « Congo-Brazzaville. Une
septième Constitution pour quoi faire ? ». Politique africaine
2001/1 (n° 81), p.163-170
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de la légitimité des textes institutionnels dans
les sociétés africaines, qui sont le ticket gagnant pour entrer
sur la scène internationale. Ces derniers ne sont donc pas
adoptés par les pays africains parce qu'ils sont nécessaires au
bon fonctionnement politique, mais parce qu'ils permettent d'entretenir les
relations internationales. Ceci pourrait expliquer pourquoi le président
actuel se détache aussi facilement de tous textes et est responsable du
« plus vaste cimetière institutionnel de l'ensemble des pays
d'Afrique » comme le précise l'article (pp.163).
A l'heure de la fin de son deuxième mandat, Denis
Sassou N'Guesso n'a pas d'autre solution que de faire adopter une nouvelle
Constitution afin de pouvoir se représenter aux élections de
2016. Suite au référendum d'octobre 2015, certains partis de
l'opposition se sont mobilisés et ont tenté de se faire entendre.
C'est le cas du Front Républicain pour le Respect de l'Ordre
Constitutionnel et l'Alternance Démocratique (Frocad) et de l'Initiative
Démocratique au Congo (IDC) qui dénoncent alors un coup
d'état constitutionnel de la part du gouvernement. Les élections,
alors prévu pour l'été 2016, seront avancées au
premier trimestre de l'année et la date du premier tour sera
fixée au 20 mars 2016. Ces élections se passeront dans une
atmosphère de tension où les télécommunications
seront coupées entre le jour du scrutin et l'annonce des
résultats. C'est durant la nuit du 24 mars que le président
annoncera lors d'une conférence audiovisuelle sa
réélection à la tête du gouvernement avec 60,39% des
voix. Dès le petit matin, l'opposition contestera les résultats
en évoquant une fraude massive de la part de Denis Sassou N'Guesso.
L'opposition fera appel au Conseil Constitutionnel qui validera les
résultats obtenus par le président sortant et validera
officiellement la réélection de ce dernier.
A l'heure d'aujourd'hui, le Congo-Brazzaville se trouve encore
dans une situation potentiellement instable, où des affrontements
peuvent survenir entre l'armée du président et certaines
milices.
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