E/ EVOLUTIONS OBSERVEES
La dollarisation en R D Congo s'est fixée et
précisée dans les faits à partir de 1990 avec
l'enracinement de l'hyperinflation.
En effet, « il est rare que la monnaie nationale survive
aux ravages causés par une inflation forte et variable : elle est vite
abandonnés au profit de la monnaie étrangère qui devient
le refuge de l'épargne financière ». L'hyperinflation a
été endiguée depuis 2001.
Cependant, sa conséquence, la dollarisation, se
maintient, voire s'accentue certaines années. Deux thèses
essaient d'expliciter ce paradoxe apparent :
ü La dollarisation demeure en raison de
l'intérioration des évolutions passées de l'inflation dont
la maîtrise ne procéderait que d'un accident. A tout instant,
l'économie peut tomber dans les travers de l'hyperinflation. Ainsi, si
la cause a disparu, sa conséquence demeure et se nourrirait de
l'épouvantail d'un retour possible de l'hyperinflation. «
D'où le phénomène d'hystérèse, selon lequel
suite à un choc transitoire dans l'économie, le mécanisme
de propagation constitué des anticipations rétrospectives, ne
permet pas à l'équilibre de retrouver, à long terme, son
niveau initial caractérisé par l'absence de la dollarisation
».
ü La justesse des efforts entrepris pour juguler
l'hyperinflation. Toutefois, si le niveau d'inflation est jugé
convenablement, sa volatilité, à savoir l'écart absolu
entre l'inflation actuelle et celle précédente, pose encore
problème. « D'où le phénomène de persistance
selon lequel suite à un choc transitoire dans l'économie
procédant de l'incertitude des agents par rapport à la
volatilité de l'inflation et les amenant à continuer à
détenir les devises ; le mécanisme d'ajustement implique un
délai avant le retour à l'équilibre initial de non
dollarisation ».
La survenance de l'hyperinflation en RDC a
résulté des chocs tant de la demande que de l'offre globale. La
demande globale a été notamment tirée par l'expression de
la dépense publique. Cette dernière n'était pas
compensée par une mobilisation suffisante de recettes en raison de la
contraction de l'offre globale expliquée surtout par l'effondrement de
l'activité dans le secteur minier. Le défit qui en
résultait était exclusivement monétisé
entraînant l'augmentation de l'offre de monnaie non désirée
et portant la hausse rapide du niveau général des prix.
De ce fait, l'utilisation des devises dans toutes les
fonctions traditionnelles de la monnaie (intermédiaire des
échanges, actif de réserve et unité de compte) a
été d'abord le fait du public. La reconnaissance officielle, sous
forme de régularisation d'une situation de fait, n'est intervenue que
plus de dix ans après. La légitimité de la monnaie des
autres, dans l'exercice de trois fonctions traditionnelles sur l'espace
économique pourtant doté d'une monnaie nationale, a ainsi
précédé sa légalité.
Le contexte de dollarisation n'induit pas ipso facto un
relâchement ou une perte de contrôle de la monnaie. Tout
dépend de l'évolution du multiplicateur, de la nature de la
politique monétaire et surtout de sa capacité à compenser
ou prévenir la variation des facteurs autonomes de la liquidité,
principalement le crédit net à l'Etat.
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