CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Conclusion
A la lumière des résultats obtenus dans ce
travail et de nos observations personnelles, le lamantin est effectivement
connu dans ses trois habitats. Les populations locales sont majoritairement
informées de l'existence d'un organisme de protection des lamantins
(90,78%) et sur une loi gouvernementale interdisant leur capture (90,72%). La
loi est fortement respectée par les pêcheurs et les collecteurs de
palourdes (86,13%) en raison de mesures de répressions organisées
par les services de conservation des ressources naturelles de Mouanko et des
campagnes de sensibilisation sur le lamantin allant des rivières, la
côte et l'estuaire. Les sanctions infligées aux contrevenants sont
sévèrement appliquées (51,72%) et conduisent à un
emprisonnement et/ou des amendes infligées aux populations en
infraction. Les enquêtés n'ont jamais reçus des avantages
(69,73%) issus d'un organisme de conservation dans la localité
malgré l'importance qu'ils attribuent à la conservation du
lamantin dans la Réserve à l'issu des campagnes de
sensibilisation organisées par les services de conservation et de l'ONG
locale CWCS et de leur mise en application.
Les populations locales affirment qu'il est important de
conserver le lamantin pour les générations futures et ses
multiples valeurs. Bien qu'étant une source de nuisance pour les
communautés locales, il est d'une utilité aux populations locales
pour ses valeurs nutritionnelles, traditionnelles, mystiques,
thérapeutiques et est encore chassé par les communautés
locales.
L'importance accordée à la conservation du
lamantin est dépendante des mesures de conservations notamment : le
niveau d'application de la loi, la connaissance d'un organisme de conservation,
les avantages reçus par cet organisme et de la nationalité de
l'enquêté en raisons des campagnes de sensibilisation sur
l'importance attribuée à la conservation du lamantin par l'ONG
locale CWCS et services de conservation, des mesures de répressions
envers les populations locales et les perceptions traditionnelles et
mystiques des Camerounais autochtones et autres qui diffèrent de celles
des étrangers (Ghanéens, et Nigérians). L'utilité
accordée au lamantin dépend de la connaissance d'un organisme de
protection des lamantins, de la nationalité et du groupe ethnique de
l'enquêté parceque les organismes de conservations veuillent au
respect de la loi forestière et appliquent les sanctions prévues
par la loi envers les contrevenants ce qui ne favorise pas l'exploitation du
lamantin considéré comme ressource intégralement
protégée dans la Réserve de peur des emprisonnements ou
des amendes conformément à la loi forestière et par
ailleurs les valeurs traditionnelles et mystiques qui diffèrent d'un
pays à un autre en fonction des tribus impliquées. La nuisance du
lamantin dépend essentiellement de la nationalité parceque les
valeurs du lamantin diffèrent entre Camerounais, Nigérians et
Ghanéens.
1.14. Recommandations
La complémentarité entre les résultats
de cette étude et les décisions stratégiques du MINFOF
devrait pouvoir optimiser l'efficacité des stratégies de
gestion du lamantin considéré comme une espèce phare
dans le RFDE. A cet effet, nous recommandons :
Au Ministère des Forêts et de la faune
(MINFOF) et ses services décentralisés de la conservation
des ressources naturelles:
v d'améliorer le cadre juridique de la gestion des
ressources fauniques notamment sur la protection de la faune et de la
biodiversité (articles 11,12 et 24), la protection des personnes et des
biens (article 83), la règlementation de la chasse (articles 2 (20), 24,
25 et 87 (1) ), le régime des saisies et ventes aux enchères
(article 144), régime de la transaction (articles 77,143(3) ) et sur les
peines d'emprisonnement et les amendes (articles 101 et146 (4) ) ;
v de prévoir des mesures compensatoires envers les
pêcheurs et les collecteurs de palourdes sur les filets
déchirés, les poissons et les palourdes consommés par les
lamantins qui sont intégralement protégés par la loi
forestière ;
v de promouvoir des alternatives à la viande de
lamantin à travers l'aquaculture des mollusques (escargot, palourdes),
la pisciculture, et l'aviculture sans compromettre les
préférences des populations locales et contribuer à la
réduction du taux de chômage ;
v de renforcer les campagnes de sensibilisation sur le
lamantin aussi bien dans le noyau de la Réserve que dans les zones
périphériques à l'aide des slogans, des
dépliants, des banderoles et des T-shirts ;
v d'impliquer les populations locales dans la gestion
participatives des ressources naturelles de manière à leur
fournir en retour des avantages de toutes sortes notamment des courtes
formations sur les techniques de pêche ; des emplois pour réduire
le chômage ; du matériel de production rurale pour le
renforcement des activités génératrices de revenus ;
des biens communautaires pour le développement de la
localité ; et le droit d'usage conformément à la
loi forestière;
v de fournir un appui matériel et logistique
(talkies walkies, embarcation, moteur hord bord, armes, matériels
roulant) aux services de la conservation de la Réserve et du
contrôle forestier et faunique pour renforcer la surveillance de la
Réserve ;
v de Stimuler la création d'une zone de chasse a
gestion communautaire pour la satisfaction des besoins protéiniques
ainsi que l'amélioration de revenus des populations locales;
v d'aménager des lacs artificiels comme site
écotouristique des lamantins pour résoudre les problèmes
de conflits hommes - lamantins ; de pollution des cours d'eau par la
Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) au Sud et PERENCO OIL
& GAZ à l'Ouest et l'Est qui explorent et d'exploitent des
ressources pétrolières dans la Réserve et les
aménagements des habitats afin de créer des opportunités
génératrices de revenus en faveur de l'écotourisme ;
Aux organisations de recherche :
v de s'installer dans la Réserve en appui technique aux
services de conservation des ressources naturelles en général et
du lamantin en particulier ;
v d'estimer la distribution et l'abondance des lamantins dans
chaque habitats à savoir : rivières (Sanaga, kwakwa),
côte (mer, Lagune, criques de mangrove, embouchure), et lacs (Tissongo,
Nsa'ah, Koungé, Mboli) afin d'estimer l'abondance spécifique par
habitat et installer des miradors, des salines pour des observations dans les
clairières ;
v de mettre en place un système de bio-monitoring
pour le suivi de la dynamique des lamantins de façon à
créer une base de données indispensable aux recherches sur
l'animal ;
v Développer des alternatives au braconnage du
lamantin notamment à travers les activités
génératrices de revenus ;
v Organiser des séances de sensibilisation et de
vulgarisation des textes légaux en matière de droit d'usage et
gestion décentralisée.
Aux populations locales :
v limiter la pose des filets de chasse aux lamantins;
v limiter voir interdire l'utilisation de matériels de
chasse destructifs ;
v Sensibiliser des populations liées à la
gestion participative et les impacts négatifs de l'exploitation
illégale des ressources naturelles sur les limitations d'installation
des filets aux lamantins et interdire le matériel de chasse destructif
tels que le harpon ;
v S'impliquer d'avantage dans les opérations de
conservation des lamantins à travers les réunions de concertation
et les méthodes répressives afin de bénéficier
des formations de guide de chasse ;
v Mise en place d'une plateforme de surveillance entre des
pêcheurs et collecteurs de palourdes susceptible de tuer un
lamantin travaillant en collaboration avec les services de conservation
des ressources naturelles ;
v Promouvoir des alternatives au braconnage du lamantin
à travers les activités génératrices de
revenus ;
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