Histoire de la production du coton dans les cercles de la moyenne vallée du fleuve Sénégal de 1920à 1960.( Télécharger le fichier original )par Insa BA Université Cheikh Anta DIOP - Master 2 2014 |
5-La revue et critique de la littérature préalableLes problématiques des recherches sur l'histoire de la culture du coton en Afrique se sont enrichies et diversifiées .De nouvelles approches ainsi que des perspectives nouvelles ont été élaborées. De même de nombreuses sources se sont progressivement ouvertes aux investigations des chercheurs. La revue et la critique de la littérature préexistante portent sur les ouvrages généraux et spécifiques, les sources manuscrites (archives nationales, les Cahiers Ponty), les sources imprimées (journaux, périodiques et relations de voyage), les sources orales. Nous avons recouru aux sources d'archives conservées à Dakar et à la bibliothèque universitaire de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar ; aux sources tracées composées de récits de voyages, de journaux et de revues ainsi qu'à la littérature savante. Il faut souligner que des dossiers entiers ne renferment que des données concernant par exemple des affaires agricoles que le colonisateur a consignées sur les fonds des archives. Il est causant de souligner que les dossiers d'archives comportent de nombreuses carences et des insuffisances certaines au-delà desquelles le chercheur doit absolument s'évertuer à rétablir l'authenticité historique. Il importe alors de faire parler ces documents, des livres pour élucider véritablement notre réflexion sur l'histoire de la culture du coton. Le fardeau colonial est fort accablant dont il convient de briser pour discerner la réalité des faits historiques consacrés à la culture de la fibre blanche dans les cercles de la vallée du fleuve Sénégal. a)Les sources d'archivesAux Archives Nationales du Sénégal (ANS), nous avons consulté les fonds du Gouvernement Général de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et ceux dits du « Sénégal Ancien », notamment, en leurs séries A, B, C, G, K, L, P,Q, R, S,.T. La Série A15(*) comprend les arrêtés, ordres et décisions du gouverneur du Sénégal, les arrêtés, les décisions et circulaires du gouverneur général, les ordres et décisions du commandant des cercles. S'ajoutent à cela les bulletins et journaux officiels .Ces documents nous permettent de comprendre fondamentalement les politiques de l'administration coloniale. La série B16(*) est constituée des correspondances que les gouverneurs ont envoyées ou reçues soit des commandants militaires chefs des postes et des administrateurs des cercles, soit des chefs locaux et des populations indigènes ayant tardivement découvert les valeurs de l'administration coloniale. Cette série nous familiarise avec les correspondances départs du gouverneur du Sénégal au ministre .Celles-ci donnent un excellent panorama de la colonie. Elles constituent un moyen de contrôle du ministre sur l'action menée par le gouverneur. La sous série 3B17(*), permet d'éclairer l'histoire des relations de la colonie avec les royaumes environnants .Elle peut aider à mieux comprendre l'expérience de la colonisation agricole et des explorations. Toujours est-il que les correspondances relatives aux directions des affaires politiques de l'A.O.F ont été aussi scrutées pour les besoins de notre étude. Les chefs de canton, de province et de village, avec leurs coteries sont placés sous l'aile protectrice de l'administrateur du cercle qui qualifie toute réclamation et toute dénonciation, de récalcitrants qu'il faut expulser du cercle. La série C 718(*) concerne les dossiers du personnel colonial, en général et des chefs de Canton, en particulier. Plusieurs dossiers, dont les plus importants ont été déchirés, du moins, les renseignements relatifs à notre sujet ont été retirés. Pour exemple, les dossiers de la série C du Personnel administratif colonial sont considérablement diminués de leurs substances dans la mesure où certains chefs de canton qui ont marqué l'histoire et la vie des populations sénégambiennes en général et celles de la vallée du fleuve Sénégal en particulier, sont désormais soustraits du regard public et de la plume des chercheurs. Les intempéries, les déménagements et les transferts intempestifs et désordonnés, le manque d'intérêt réel des pouvoirs publics, ont fini par en détruire des pans entiers. La Série G19(*) et en particulier la sous-série 2G20(*), comportant des rapports périodiques des administrateurs des cercles adressés aux autorités hiérarchiques, donne des informations sur la politique à mener par les autorités coloniales afin de booster la culture du coton dans les territoires nouvellement conquis. La Série 4G21(*) a été également consultée. Elle est particulièrement importante car elle nous renseigne sur les services rattachés à l'administration .Mais aussi, ce dossier nous éclaire sur les troubles ou situations de crise sur lesquels les autorités locales sont peu loquaces. La série 13G22(*) relative aux affaires politiques et administratives, nous édifie sur l'installation progressive du colonisateur. L'implantation française se consolide avec la politique expansionniste du gouverneur Faidherbe sur le Sénégal en 1854.La conquête fut parachevée en 1887, tout le territoire conquis est divisé en deux colonies : les pays d'administration directe et les pays de protectorat .Elles seront fédérées en 1920 .Cette série est pour nous, une source de première importance pour l'étude de la vie politique et administrative du Sénégal, des cercles, du commandement indigène, de la résistance. La sous-série 18G23(*), comportant des fonds particulièrement riches et importants pour les affaires administratives de l'A.O.F., fournit des informations sur les dossiers relatifs à l'organisation administrative générale et officielle de la colonie, à la délimitation des frontières, au commandement indigène, à l'inspection des affaires administratives, aux observations de liquidations et de transfert des services du groupe de l'A.O.F, aux subventions , aux conférences interterritoriales . La série K24(*) et surtout la Sous-Série 1K25(*) (travail et main-d'oeuvre dans la colonie), nous y retrouvons de nombreux problèmes liés au travail et à la main d'oeuvre, main d'oeuvre indigène et étrangère, salaires, coûts de la vie, conflit du travail, corvée obligatoire et prestations, accident du travail. Des documents concernent la deuxième partie postérieure à 1920. Les indigènes étaient contrôlés par l'inspection du travail et de la main d'oeuvre. La France, soucieuse à sa nouvelle politique de domination et de réorganisation de ses territoires, s'occupa du travail indigène, des contrats de travail et de nouvelles méthodes techniques de culture pour la vulgarisation de la culture du coton en Afrique Occidentale. La série Q26(*) (affaires économiques) est aussi importante pour notre thème. La sous série 3Q27(*) qui contient les dossiers portant sur les chambres de commerce d'agriculture et d'industrie de Dakar, du Sénégal et des autres territoires. C'est aussi une source pour la production industrielle cotonnière. La série R 28(*)(Affaires agricoles) est source de première importance pour notre étude. La sous série 1R29(*) est constituée des correspondances portant sur l'agriculture en A.O.F notamment sur les produits agricoles : le coton. Cette série nous familiarise avec les projets ambitieux de la métropole sur sa politique de vulgarisation de la culture du coton dans la vallée du fleuve Sénégal .Ses engagements pour la mise en valeur des vallées du Niger et du Sénégal ; pour la recherche agronomique ; de l'enseignement agricole. Les populations sont alors victimes de la colonisation agricole aussi servile que cynique. Il en est suivi des confiscations de leurs biens, de leurs terrains de culture, voire de leurs progénitures pour la main d'oeuvre. Les séries S et T concernant l'impôt et les finances, fournissent des informations intéressantes sur le régime fiscal des différentes colonies de l'Afrique Occidentale Française, des orientations sur les questions d'ordre financier, économique et social. Les sources imprimées sont constituées par un ensemble d'actes officiels et de monographies publiés dans le journal officiel, l'Annuaire du Sénégal et Dépendance, le Moniteur du Sénégal et dans les autres publications du Gouvernement Général de L'A.O.F. Absorbée par le souci de mieux connaître les peuples colonisés, la France se rapproche davantage de ceux -ci pour apprendre les us et coutumes , leurs systèmes politiques, économiques et leur organisation sociale .Cette politique met en lumière les préoccupations de Napoléon Bonaparte qui disait : « Même si on peut gouverner de loin on ne peut administrer que de prés ». Ainsi, beaucoup d'administrateurs ont publié des monographies sur leur circonscription administrative. Pour s'en convaincre, il suffit de voir Louis Léon Faidherbe qui fournit une notice sur la colonie du Sénégal, 1859 .Dans son étude, il étale pleinement son rôle de « colonisateur », il jette les bases de la future Afrique Occidentale Française .Mieux pendant la pénurie de coton causée par la guerre de sécession américaine à partir de 1861, il favorisa des plantations qui fournirent annuellement 50 tonnes de coton jusqu'en 1868. On peut y ajouter aussi ses travaux linguistiques et ethnographiques sur lesquels il s'intéressa aux dialectes locaux, aux coutumes et rédigea plusieurs travaux d'ethnographie et de géographie sur l'Afrique occidentale, ainsi qu'un Annuaire du Sénégal en quatre langues ; français, wolof, toucouleur et soninké. 31(*) L'administrateur Albert Sarraut publie des travaux sur la mise en valeur des colonies. Les idées qu'il expose dans son ouvrage, forment une doctrine cohérente de la colonisation économique de la vallée du fleuve, qui justifie le souci de l'administration envers les populations locales. Après la conquête définitive des pays riverains du fleuve, l'administration coloniale avec l'aide des ingénieurs agronomes, à l'image d'Emile Bélime, crée des périmètres irrigués, destinés à développer la culture du coton en Afrique Occidentale.32(*) Bélime, dans la plus part de ses études agronomiques, fournit des propositions d'aménagement de la vallée du fleuve. Yves Henri lui, aborde les questions cotonnières et les cultures irriguées en Afrique noire. Il milite en faveur d'une politique de développement du coton en Afrique occidentale française. Ces études sont à prendre par l'historien avec beaucoup de réserves, avec un sens critique. Militant en faveur des possibilités de culture du coton dans la vallée du fleuve et du Niger, ces auteurs voulaient prouver l'importance de ces régions qui selon à leur avis, conviennent le mieux à la culture du coton, et qui se trouvent situées avantageusement par rapport aux principales voies de communication. Ces sources archivistiques ou imprimées sont l'oeuvre du colonisateur. Elles suscitent l'intérêt des occidentaux sur le coton en Afrique. Tous sont émus par les descriptions des régions du fleuve Niger et du Sénégal. Ils souhaitent que leur gouvernement intervienne pour assurer l'avenir économique de la colonie au profit des industries vitales de la métropole. C'est pourquoi beaucoup d'informations fournies dans leurs rapports semblent exagérées. Ces données écrites stipulent le désir du colonisateur d'exploiter les abondantes ressources des territoires conquis. La France est alors très en avance en termes d'industrialisation .Cette phase nécessite d'abondantes matières premières, que les territoires colonisés fournissent à bas couts : bois, coton, caoutchouc. Cela explique que la colonisation suscite l'appétit des compagnies privées. Les déficiences et insuffisances des archives et des sources imprimées sont manifestes. Elles sont loin de satisfaire au chercheur qui aspire à rétablir la vérité historique surtout celle de la culture du coton dans la vallée du fleuve. S'enfoncer profondément dans ces documents et en adhérant religieusement à ces idées, comportent des dangers assez risqués tels que les plagiats et les recopies calquées sur les écrits de l'envahisseur. Ainsi pour diminuer la marge de subjectivité, la tradition orale est incontestablement incontournable. C'est la version des faits par le colonisé, du moins de l'opprimé. Elle nous retrace la naïveté de l'administrateur, qui jugeait et condamnait très vite les indigènes considérés comme des sous hommes. Mais aussi, elle expose le climat dans lequel, l'imposition de la culture du coton est perçue par les gens de la vallée. * 15 Faure, (C.) et Charpy, (J.) ANS Série A. Répertoire des Archives Actes officiels de l'administration coloniale Française. . Rufisque : Imprimerie du Haut-commissariat, 1958, in 8° ,18p. * 16 Faure, (C.) et Charpy, (J.) Série B : Correspondance générale, 1779-1895. Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1955, VII, 70 p. * 17 ib. , ibid. * 18 ANS. Série C. Dossiers de personnels de l'Administration coloniale Française. * 19 ANS. Répertoire des Archives. Série G. Politique et administration générale. Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1955. * 20 ANS. Sous Série 2G. Rapports périodiques * 21 ANS. Sous Série 4G. Inspection, missions d'inspection des colonies. * 22 ANS. Sous Série 13G. Sénégal : Affaires politiques, administratives et musulmanes * 23 ANS. Série K. Esclavage et captivité, 1807-1915 * 24 Lire Charpy, (J.) Répertoire imprimé série K pour la période 1920-1958(deuxième tranche) Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1956, 90 p. * 25 Id., ib. ; p.60 * 26 ANS. Série Q. Dossiers des affaires économiques des colonies d'Afrique Occidentale Française. * 27 ANS. Sous Série 3Q. Chambres de commerce, d'agriculture et d'industrie, banques, 1919-1958. * 28 ANS. Série R. Affaires agricoles, 1822-1959. * 29Charpy, (J.) Répertoire des Archives. Série R. Affaires agricoles, 1822-1959. Rufisque : Imprimerie du Gouvernement général, 1956, 90 p. Voir aussi Sané, (O.) et al. Répertoire dactylographié : séries R. Affaires agricoles, Dakar : 1979, 102p. 30 ANS. Sous série 1R. Agriculture . * 31 Faidherbe, (L.) Annuaire français avec leurs correspondances en ouolof, en Poular en Soninké, 1864, Saint-Louis, Imprimerie du Gouvernement, 1864, 70P. * 32 Bélime, (E.), La production du coton en A.O.F : Le programme Cadre, Paris, 1925, 350. P. Voir aussi Henri Lecomte dans son étude intitulée : « Le coton : Monographie, culture, Histoire économique », Paris, 1925. |
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