![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve1.png)
ANNEE ACADEMIQUE
201/2013
0
UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT LOUIS
UFR DE
LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
SECTION DE GEOGRAPHIE
Parcours :
Écosystèmes et Environnement
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve2.png)
Études des facteurs de dégradation de la
forêt communautaire de Kandia dans le département de
Vélingara et stratégies de gestion
Mémoire de Master 2
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve3.png)
Présenté par : Sous la direction de
M. Moussa Mamadou BALDE M. Boubou Aldiouma SY
Maitre de conférences
1
Dédicace
Je dédie ce modeste et premier travail universitaire
à :
A ma mère Khady MBALLO
A mon père Mamadou BALDE
A ma chère épouse Ramatoulaye plus connue sous le
nom de Diouldé BALDE
A tous mes frères et soeurs : Demba BALDE, Ibrahima BALDE,
Maodo BALDE, Maimouna BALDE, Awa BALDE, Salimatou BALDE
A toute ma famille ainsi que mes amis et camarades qui m'ont
apporté leur soutien dans cette entreprise difficile.
2
Remerciements
Tout d'abord, je tiens à exprimer toute ma gratitude au
professeur Boubou Aldiouma Sy qui a bien voulu accepter de diriger ce travail
d'étude et de recherche. Il a toujours été disponible pour
les étudiants de la section de géographie. C'est aussi un homme
très dynamique, ambitieux, modeste et pragmatique. C'est ce qui fait de
lui un modèle pour les jeunes chercheurs que nous aspirons à
devenir.
Je n'oublie pas également monsieur Abou SY qui nous a
été d'un précieux appui en termes de conseils et
d'orientation dans ce travail depuis le mémoire de master1
Je voudrai remercier ici certaines personnes qui me tiennent
à coeur et qui ont contribué à la réalisation de ce
document
A Monsieur Ibra LO qui a financé ma descente sur le
terrain
A Monsieur Souleymane Dia qui a accepté de me
recueillir des données au niveau de la direction de la
météorologie nationale
A Monsieur Pape Ali CISSE, sans son appui, mes traitements
cartographiques seraient difficiles.
A Monsieur Aliou CISSE pour la documentation et les conseils
prodigués
A Monsieur Amar DIAW pour son soutien moral et intellectuel ainsi
qu'à Modou Mbaye
3
Sommaire
Introduction générale
|
...8
|
Première partie : Cadre théorique,
opératoire et méthodologique
|
.12
|
Chapitre 1 : Le Cadre théorique
|
..14
|
Chapitre 2 : Le Cadre opératoire 20
Chapitre 3 : Le Cadre méthodologique 26
Deuxième partie : Analyse des facteurs de
dégradation du couvert végétal et des stratégies
de
gestion
|
..35
|
Chapitre 4 : Les facteurs physiques
|
37
|
Conclusion partielle
|
57
|
Chapitre 5 : Les facteurs anthropiques, principale cause de la
dégradation
|
.58
|
Chapitre 6 : Les actions menées au nom de la gestion de
la dégradation du massif
forestier
|
.83
|
Conclusion générale
|
98
|
Bibliographie
|
101
|
4
Avant-propos
La dégradation des ressources naturelles est l'un des
défis majeur pour l'avenir de la planète. Dans cette dynamique
globale de régression des ressources, les formations forestières
de la communauté rurale de Kandia située dans le
département de Vélingara sont particulièrement
exposées. La surexploitation des ressources et la péjoration des
conditions climatiques sont souvent citées comme étant les
principaux facteurs responsables de cette dégradation.
Ainsi, la forêt de Kandia entourée par des
villages polarisant un poids démographique important connait un
état de dégradation avancé. C'est ce constat alarmant qui
justifie l'intérêt porté à la question de la
dégradation du couvert végétal dans cette partie de la C.R
de Kandia dans le cadre de ce mémoire de master 2. L'objectif est
d'analyser les principaux facteurs qui sont à l'origine du recul du
couvert végétal et d'examiner les différentes actions
mises en oeuvre pour gérer ce processus de dégradation à
travers une démarche méthodologique. Enfin, il s'agira de poser
quelques pistes de réflexion en se basant sur des travaux
déjà réalisés dans le cadre de la gestion des
ressources naturelles. C'est ce qui constitue l'essentiel de ce travail
mené dans la forêt communautaire de Kandia en collaboration des
autorités locales et des populations.
5
Liste des sigles et acronymes
A.N.A.M.S : Agence Nationale de la
Météorologie du Sénégal
CILSS : Comité Inter-Etats de Lutte
Contre la Sécheresse au Sahel
C.R: Communauté Rurale ou Conseil
Rural
C.S.E: Centre de Suivi Écologique
D.E.F.C.C.S : Direction des Eaux, Forêts,
Chasse et la conservation des sols
D.R.P.F : Direction recherche et production
forestière
G.C.R.N : Gestion communautaire des ressources
naturelles
I.S.R.A : Institut sénégalais de recherche
agronomique
L.S.H : Lettres et Sciences Humaines
M.E.P.N : Ministère de l'Environnement et
de la Protection de la Nature
O.M.M : Organisation
Météorologique Mondiale
PADERBA : Projet d'appui au développement
rural du bassin de l'Anambé
P.A.E.R : Plan d'Action Environnementale
Régional
P.E.R.A.C.O.D : Programme de promotion des
énergies renouvelables, de l'électrification
rurale et de l'approvisionnement en combustibles domestiques
P.L.D: Plan Local de Développement.
PROGEDE : Programme de Gestion Durable et
Participative des Énergies Traditionnelles et
de Substitution.
SODAGRI : Société de
Développement Agricole SODEFITEX :
Société de Développement des Fibres Textiles
U.C.A.D: Université Cheikh Anta Diop de
Dakar U.F.R : Unité de Formation et de Recherche
U.G.B: Université Gaston Berger de
Saint-Louis.
6
Introduction générale
7
Contexte
Les questions environnementales constituent l'un des
défis majeurs en ce début de 21e siècle. En
effet, face à une croissance démographique importante, à
une dégradation des ressources et à des conflits qui semblent
eux-mêmes se multiplier, l'enjeu d'une gestion durable des terres et des
ressources naturelles est l'objet de préoccupations croissantes
(Lavigne, 2001).Plusieurs études ont fait état d'un processus de
dégradation avancée des ressources naturelles, entrainant une
fragilisation des écosystèmes (Rochette1989, Sow 1990, Di
Méo 1998). Selon le rapport sur l'état de l'environnement au
Sénégal (MEPN, 2005) « l'observation de l'état des
ressources naturelles du Sénégal montre une situation critique
qui résulte de la dégradation des terres de façon
générale qui affecte 65% de la superficie du pays. Cette
dégradation définie parfois une baisse temporaire ou permanente
de la productivité des terres, est un processus complexe dont les
manifestations se confondent facilement aux causes ».
En effet l'essentiel de l'énergie consommée au
Sénégal provient de l'exploitation des ressources ligneuses
(54%), les produits pétroliers (40%) et les autres sources
d'énergie occupent une place limitée (rapport du Ministère
de l'Environnement et de la Protection de la Nature 2004). Une autre
étude faite par Enda Pronat Environnement et développement du
tiers monde en 2000 faisait état d'une consommation annuelle de
combustibles ligneux de l'ordre de 3,5millions de m3
d'équivalent rondin (environ 1,3millions de tonnes équivalent
pétrole).Ce chiffre représente approximativement 94% de
l'énergie domestique consommée par les ménages et 54% de
la consommation nationale d'énergie. Or selon la même source, le
potentiel ligneux accessible n'est que de 3,1millions de m3. Il en
résulte un déficit important de l'ordre de 0,4 millions de
m3 qui risque de s'aggraver si le rythme actuel d'exploitation de
ces ressources est maintenu. Selon des indications de la DRPF/ISRA en 2002
(cité par CISSE A., 2008), le rythme de déboisement annuel au
Sénégal pour l'utilisation du bois de combustibles est deux fois
plus élevé que la reforestation. Il en résulte alors des
impacts considérables sur les systèmes de production agricole et
pastorale. Cette exploitation est exacerbée de plus en plus par une
croissance démographique soutenue entrainant une forte pression sur les
ressources forestières. Ajoutons que le document sur la Politique
forestière du Sénégal, se basant sur une étude
prospective du secteur forestier à l'horizon 2020 estime que prés
de 8 millions de m3 de bois sont prélevés annuellement sur les
formations ligneuses du pays pour la fourniture de combustibles domestiques. En
outre, cette étude révèle une nette
prépondérance du bois de feu (64,5%) dans l'énergie
globale consommée au niveau national
8
contre 11,5% pour l'électricité et 24% pour les
combustibles dérivés du pétrole. Cette
prépondérance du bois et du charbon de bois au niveau de
l'énergie primaire donne une juste mesure de l'importance des actions
anthropiques dans l'exploitation des ressources forestières.
En fait, la transformation du bois en charbon de bois pour
l'approvisionnement des centres urbains avec les techniques de carbonisation
utilisant la meule traditionnelle au détriment de la meule
casamançaise, accentue la dégradation des ressources
forestières. En effet, il faut 5,5 kg de bois en moyenne pour fabriquer
un kg de charbon de bois d'où un rendement énergétique
faible. Les principaux consommateurs sont les ménages dont
l'approvisionnement en énergie dépend encore à 90% des
combustibles ligneux.
Il faut dire que les ressources forestières constituent
une des sources principales d'approvisionnement des populations aussi bien
qu'en produits alimentaires qu'en ressources énergétiques.
Cependant, depuis quelques décennies, elles sont confrontées
à une surexploitation mais aussi à une dégradation
continue du fait de plusieurs facteurs (Politique forestière du
Sénégal, 2005).
D'après le même document, la dégradation
des ressources naturelles et l'acuité du phénomène de
désertification contribuent à l'appauvrissement des populations
aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. Et face à cette
situation, ces dernières ont développé des
stratégies de survie qui les poussent à surexploiter les
ressources forestières de leurs localités
Ainsi, la région de Kolda, caractérisée
par une abondance relative de ressources végétales est devenue
l'une des principales productrices du pays en charbon de bois. Cette forte
pression sur les ressources est à l'origine d'une dégradation
avancée du couvert végétal.
Notons que les produits forestiers constituent un enjeu
économique de taille en ce sens que, traditionnellement utilisés
pour la satisfaction des besoins alimentaires, ils ont acquis aujourd'hui une
valeur marchande considérable et constituent une source de revenus non
négligeable pour les populations. Ainsi donc, leur gestion demeure un
enjeu de taille du fait de la diversité des acteurs mais aussi du fait
de la dégradation continue des conditions climatiques, à
l'échelle mondiale.
Dans le cadre d'un espace limité avec des ressources
fragiles soumises à une exploitation intense, les effets sur les milieux
naturels et sur les écosystèmes forestiers deviennent de plus en
plus perceptibles. C'est ce qui se passe dans la forêt communautaire de
Kandia située dans
9
le département de Vélingara, où l'on
assiste à un phénomène de dégradation du couvert
végétal.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve4.png)
10
Figure 1 : Croquis de localisation du
secteur étudié
11
La communauté rurale de Kandia fait administrativement
partie de l'arrondissement de Saré Coly Sallé, département
de Vélingara, région de Kolda. Elle est limitée à
l'est par la C.R de Némataba, à l'ouest par celle de Fafacourour,
département de Médina Yoro Foula, au nord par la
république de la Gambie et au sud par la C.R de Kandiaye (figure 1 :
croquis de localisation). La superficie de la communauté rurale de
Kandia est de 436.5 km2. Elle occupe 30.55% de la superficie totale
de l'arrondissement de Saré Coly Sallé qui est de 1405
km2.La C.R de Kandia compte 75 villages dont 74 reconnus
administrativement. Elle a une population totale de 22 582 habitants, soit une
densité de 52.7 hbts/Km2.
La population est très mal répartie dans
l'espace car on remarque certaines zones très denses comme le centre de
la C.R avec un nombre important de villages et des zones très peu
peuplées comme le Sud-est. La composition ethnique fait état de
65% de Peuls, 25% de Sarakolés, 9% de Mandingues et les ethnies
minoritaires (Soninkés et Wolof) sont de l'ordre de 1%.
La situation religieuse quant à elle fait remarquer une
nette majorité musulmane (une presque totalité) qui se manifeste
par le nombre de mosquées (06) et l'inexistence de chapelles (plan
local de développement de Kandia, août 2011).
12
Première partie : Cadre théorique,
opératoire et méthodologique
13
Cette partie est constituée de trois chapitres. Il
s'agit de poser les bases théoriques, opératoires et
méthodologiques qui constitueront le fil conducteur de cette recherche.
Ainsi le premier chapitre est consacré à la problématique
générale de la recherche ainsi que tous les
éléments qui l'accompagnent. Dans le deuxième chapitre, on
retrouve la définition des concepts utilisé ainsi que le
schéma d'analyse conceptuelle. Enfin le troisième fait
l'économie des différentes étapes qui ont conduit ce
travail.
14
Chapitre 1 : Le Cadre théorique
Ce chapitre met en exergue les fondements théoriques de
ce travail d'étude et de recherche : la problématique, les
questions de recherche, l'intérêt et la justification de cette
recherche entre autres.
1. Problème général de
recherche
La dynamique de régression des ressources
forestières dans la communauté rurale de Kandia s'inscrit dans le
contexte global de la dégradation des ressources naturelles
observée depuis le début de la sécheresse des
années 1970 dans les pays du Sahel. S'il est vrai que
l'écosystème casamançais n'appartient pas au domaine
sahélien, il n'en demeure pas moins que les processus observés
dans les paysages végétaux de cette zone sont identiques à
ceux observés au Sahel. Dés lors, ce phénomène de
recul du couvert végétal dans cette partie de la C.R de Kandia
suscite un certain nombre d'interrogations qui sous tendent cette
réflexion pour une compréhension de cette dynamique.
Cette étude met en avant l'importance des
écosystèmes et de l'environnement en relations avec les
systèmes de production des sociétés humaines. Elle
permettra d'apporter de nouvelles connaissances sur le phénomène
de dégradation du couvert végétal dans cette partie de la
communauté rurale de Kandia.
2. Problématique
Les ressources naturelles sont caractérisées par
un état de dégradation avancé à l'échelle de
la planète. Et souvent, les activités anthropiques sont
considérées comme étant la principale cause de cette
régression. Ainsi, la région de Kolda, particulièrement
dotée en ressources forestières n'échappe pas à
cette situation.
En effet selon le PAER1 de Kolda (2007), les
importants flux migratoires observés dans la région depuis
quelques années sont à l'origine d'une forte pression sur les
ressources naturelles. D'après le Plan d'action pour
l'aménagement forestier et l'approvisionnement durable en énergie
domestique2 (2012), la zone écologique de la haute Casamance
qui correspond à la région de Kolda participe à hauteur de
40% à la demande énergétique nationale avec un chiffre
d'affaire estimé à près de 20 milliards de francs pour la
filière charbon de bois.
1 Plan d'action environnemental régional
élaboré par le conseil régional de Kolda. Ce document
constitue le cadre de référence des interventions
environnementales au niveau de la région.
2 Plan d'action pour l'aménagement forestier
et l'approvisionnement durable en énergie domestique
élaboré en fin 2012 par le conseil régional pour une
gestion plus rationnelle des ressources forestières de la
région.
15
A cela, il faut ajouter les effets d'un système de
production extensif de plus en plus mécanisé et plus agressif
vis-à-vis de la nature. Les auteurs du PAER de Kolda estiment que cette
pression qui se traduit en termes de défrichements abusifs et de
dégradation des ressources édaphiques représente une
menace pour la viabilité et une durabilité des systèmes de
production.
Par ailleurs, les formes traditionnelles adoptées par
les populations rurales, notamment la culture sur brûlis et le
défrichement par feu sont des pratiques dangereuses pour la sauvegarde
des écosystèmes. Hamed Sow (1990) parle de crise des
systèmes de production traditionnels : « pour faire face à
la croissance démographique et à la demande urbaine, les
techniques de production traditionnelles auraient dû être
améliorées, l'agriculture et l'élevage intensifiés
afin d'augmenter leur productivité. Au lieu de cette mutation, la
réponse de la société a été une
surexploitation des ressources naturelles : les défrichements ont
été intensifiés, les temps de jachères
réduits, les surpâturages accélérés, les feux
de brousse mal contrôlés ».
Or dans la communauté rurale de Kandia ce sont
justement ces pratiques qui dominent dans les modes de mise en valeur des
terres. En plus, l'élevage qui repose sur un système extensif et
la transhumance, exerce plus de pression sur l'environnement que le
système moderne intensif.
La forêt communautaire de Kandia est un espace où
plusieurs acteurs entrent en compétition avec ce qu'on pourrait appeler
la loi du « premier venu, premier servi ». En effet, il existe une
multitude d'acteurs qui gravitent autour de ce massif pour des raisons diverses
mais qui trouvent un dénominateur commun : l'usage des ressources
forestières. Plusieurs éléments concourent à cet
état de fait. En fait, tout d'abord cette zone polarise les villages les
plus peuplés (43% de la population)3 de la C.R de Kandia. Ce
qui expose davantage le couvert végétal à une
surexploitation dans le cadre de la satisfaction des besoins des populations
rurales, fortement dépendantes des ressources forestières.
Ensuite, le fait que cette partie de la C.R de Kandia partage une
frontière avec la Gambie est à l'origine d'une exploitation
frauduleuse du bois d'oeuvre et du bois énergie. Globalement, il existe
un ensemble de dynamiques qui sont en rapport direct ou indirect avec la
dégradation de la forêt communautaire de Kandia.
D'ailleurs Lake A. (1982, cité par Thiaw,1998) estimait
que la réduction de la biomasse ligneuse peut apparaitre comme l'une des
plus graves péjorations des milieux naturels et du cadre des
activités rurales si l'on considère l'importance des arbres et
arbustes pour l'équilibre
3 D'après les chiffres récents du Plan
d'Occupation et d'affectation des sols (POAS) de juin 2012
16
des milieux, pour les économies rurales et surtout par
le fait que, contrairement à la biomasse herbacée annuelle, qu'il
s'agit d'un capital dont le développement ou la reconstitution
s'inscrivent largement dans le temps et les diverses contraintes des conditions
socio-économiques.
3. Questions de recherche
Il s'agit ici de s'interroger sur les grands axes qui vont
orienter cette réflexion à savoir : -Quels sont les facteurs qui
sont à l'origine de la dégradation du couvert
végétal de la forêt communautaire de Kandia ?
-Quelles sont les manifestations du processus de
régression des ressources forestières ? -Quelle est la pertinence
des différentes actions menées jusque-là pour inverser
cette dynamique ?
4. Intérêt et justification de la
recherche
Ce travail d'étude et de recherche présente un
intérêt scientifique et social.
Si la dégradation des ressources forestière du
Sénégal est soulignée par plusieurs auteurs, il faut noter
que la plupart de ces études ont été menées dans un
cadre spatial très vaste (échelle nationale) qui ne permet pas
toujours d'appréhender tous les éléments qui accompagnent
l'exploitation forestière (Thiaw S., 1998).Pourtant, la dynamique de
recul des forêts selon ses relations avec les systèmes
traditionnels d'utilisation des « espaces naturels » et les impacts
de leurs succession sur les ressources ligneuses peuvent être
analysés de façon précise à une échelle
spatiale réduite. C'est ce qui justifie le choix de travailler à
l'échelle d'une communauté rurale et plus particulièrement
dans une zone où la demande devient de plus en plus pressante.
Ainsi l'état de la recherche sur la question montre que
plusieurs auteurs se sont intéressés au processus de
dégradation des ressources naturelles. Par exemple, Thiaw S. (1998)
aborde le thème de l'exploitation des ressources forestières
à travers la filière du charbon de bois dans la communauté
rurale de Maka Koli Bantang (département de Tambacounda). KANDE M. A.
(2007) a consacré son mémoire de maitrise à étudier
le contexte et les conséquences de l'exploitation forestière dans
la C.R de Mampatim (arrondissement de Dabo).Dans cette étude, l'auteur
analyse les incidences d'une exploitation des ressources forestières
surtout orientée vers la commercialisation du charbon de bois sur un
site d'accueil qui subit les impacts écologiques de cette
activité. Quant à CISSE A. (2008), son travail est
consacré à l'analyse de la dégradation des paysages
végétaux dans le massif forestier de Théwal situé
dans le département de Vélingara. Il examine également les
stratégies mises en oeuvre par le
17
PROGEDE et le service des Eaux et forêts du même
département avant de proposer un plan de gestion durable de ce massif
forestier. Une autre étude menée par une équipe de
chercheurs de l'UCAD : péjoration climatique et dégradation
des formations forestières en Haute-
Casamance est très intéressante car
elle analyse le lien entre la péjoration climatique et la
dégradation des formations forestières en Haute-Casamance plus
particulièrement dans les zones classées de Guimara au nord et
Kayangua au sud du département de Vélingara.
Les auteurs utilisent des données climatiques
recueillies au niveau des stations de Kolda et de Vélingara durant la
période 1951-2000.Ainsi il s'agit des précipitations, des
températures, de l'évapotranspiration pour arriver à une
conclusion selon laquelle la « péjoration des conditions
climatiques en Haute-Casamance a pour effet, la fragilisation quasi
générale de la couverture végétale ».Mais
selon cette même étude, les facteurs climatiques ne sont pas les
seuls responsables de la dégradation de la couverture
végétale en Haute-Casamance, les actions anthropiques ont aussi
un « impact certain ».
Cependant, la question de la dégradation des ressources
naturelles dans la communauté rurale de Kandia n'a pas fait l'objet
d'investigations. Seul le plan local de développement (PLD)
élaboré en 2011 fait état d'un « manque de
contrôle » qui fait que les ressources sont pillées sans
aucun avantage ni pour la population ni pour la C.R. Il n'existe pratiquement
pas d'études sur la question et pourtant le phénomène de
recul du couvert végétal ne semble pas s'estomper.
Il faut également noter que c'est un espace qui
présente plusieurs enjeux et fait l'objet de convoitises car il abrite
l'essentiel des ressources végétales de la communauté
rurale de Kandia.
En effet, la communauté rurale de Kandia jouit d'une
situation favorable à des échanges avec la Gambie notamment
à travers les marchés hebdomadaires situés de part et
d'autre de la frontière. Néanmoins, cette position
géographique peut constituer également un inconvénient
dans la mesure où elle permet le développement d'activité
frauduleuse comme l'exploitation clandestine des ligneux. D'ailleurs ce
phénomène concerne toute la partie nord de la Casamance.
Plusieurs activités se sont développées
dans cette partie de la communauté rurale créant ainsi des
dynamiques importantes des populations. Par exemple, pendant la saison
sèche, les éleveurs transhumants gambiens pratiquent
l'émondage en traversant la C.R de Kandia pour aller vers le bassin de
l'Anambé à la recherche de pâturages et de points d'eau.
18
Cette étude permettra donc de sensibiliser les
populations locales ainsi que les autorités locales sur la dynamique de
dégradation du couvert végétal observée maintenant
depuis plusieurs années.
Ce travail se veut une modeste contribution à la
connaissance du phénomène de dégradation du couvert
végétal dans la forêt communautaire de Kandia. Puisse-t-il
permettre d'attirer l'attention des pouvoirs publics ainsi que des
différents acteurs sur les conséquences de cette dynamique de
recul du couvert végétal. Cependant il est nécessaire de
procéder à une délimitation du champ d'investigation de
cette étude pour mieux cerner les contours de ce travail.
5. Délimitation du champ d'investigation
Cette étude prendra en compte l'ensemble des dynamiques
socio-économiques qui se développent autour de cet espace en
relation avec les autres sous-espaces environnants. De façon
générale, notre analyse prendra en compte l'ensemble de
l'étendue de la communauté rurale de Kandia. Cependant il est
à souligner que nous nous focaliserons particulièrement sur la
forêt communautaire. Cette démarche permettra de comprendre le
fonctionnement de ce milieu.
Dans cette étude, le début des années
1970 constitue la date repère car elle coïncide avec le
début de la sécheresse observée au Sahel. Et depuis lors,
on assiste à une dynamique de régression des ressources
naturelles dans la plupart des pays sahéliens. Tout ceci s'inscrit dans
une logique d'interdépendance entre espace et sociétés.
Nous allons dans cette perspective définir les objectifs de ce travail
d'étude et de recherche.
6. Objectifs de la recherche
L'objectif général visé à travers
ce travail est de contribuer à mieux cerner la dynamique de
dégradation du massif forestier de cette partie de la C.R de Kandia au
plan scientifique. Au plan social, c'est aider les décideurs à
améliorer leur décision en leur fournissant des informations sur
lesquelles ils pourront s'appuyer.
En plus de cet objectif général, il s'agira de
manière plus précise :
-d'identifier les facteurs qui sont les causes de la
dégradation de cette formation végétale -d'analyser les
conséquences écologiques et socio-économiques de ce
phénomène
- de s'interroger sur la pertinence des différentes
actions/stratégies de gestion de ce massif forestier mené pour
inverser le processus. Cependant, l'atteinte de ces objectifs
déclinés repose sur des hypothèses.
19
7. Hypothèses
Pour atteindre les objectifs fixés, ce travail repose sur
deux hypothèses principales : Hypothèse 1 : Les facteurs
physiques et anthropiques sont à l'origine de la dégradation
du
couvert végétal dans la forêt communautaire
de Kandia.
Hypothèse 2 : Des actions/stratégies ont
été menées pour gérer la dégradation du
couvert végétal de cette forêt communautaire.
Après avoir posé le cadre théorique, il
convient à présent de s'intéresser au cadre
opératoire.
20
Chapitre 2 : Le Cadre opératoire
Ce chapitre définit les concepts clefs structurant ce
travail, élabore le modèle d'analyse conceptuelle et
présente le choix des variables et des indicateurs.
1. Définition des concepts clés
· Dégradation
Selon Yves Lacoste (2003), le concept de «
dégradation » vient d'un terme religieux signifiant que
l'on est privé d'un « grade ». D'après lui, en
géographie, le mot s'applique à la détérioration
d'un sol qui perd de sa fertilité sous l'effet de l'érosion ou du
lessivage. Ici, il s'agit donc de l'érosion hydrique causée par
le ruissellement qui emporte tous éléments utiles aux plantes.
Mais Roger Brunet (sous la direction, 2006) estime que la dégradation
« s'applique à un certain stade de l'évolution des sols. Ce
terme désigne également la transformation subie par certains
caractères ou constituants du sol. »
On peut donc dire que le terme de dégradation renvoie
dans son premier sens au processus de détérioration des sols.
Toutefois, on peut appliquer ce concept de dégradation à d'autres
domaines. Ici, il s'agit du couvert végétal. Dés lors, ce
terme est associé à cette notion de perte : perte d'une valeur,
d'une qualité ou d'une richesse. Concernant le couvert
végétal, la dégradation peut être comprise dans le
sens de fléchissement d'une ressource en l'occurrence la
végétation, dans cette étude.
Dans ce cas, la dégradation est perçue comme
une détérioration, une régression, au plan quantitatif et
qualitatif de la ressource végétale. Il s'agit d'une perte de
qualité et une diminution de la quantité des ressources
naturelles disponibles qui sont le plus souvent dues à plusieurs
facteurs qui sont d'ordre physique et anthropique. Le concept traduit une
altération, une modification du couvert végétal rendue
possible par une vulnérabilité persistante des conditions
climatiques.
La dégradation traduit une réduction de la
surface de la forêt ainsi qu'une baisse de la qualité et de la
quantité de la végétation. Nous entendons par
dégradation du couvert végétal dans cette étude, la
détérioration progressive aussi bien sur le plan qualitatif que
quantitatif de l'ensemble des éléments qui constitue le couvert
végétal. Mais qu'est-ce que le couvert végétal ?
· 21
Couvert végétal
Roger Brunet (sous la dir, 2009) défini le couvert
végétal comme étant « l'ensemble des frondaisons dont
le sommet, est la canopée qui donne un abri sous lequel on peut se tenir
; la canopée étant identifié comme l'écran
formé par la partie supérieure de la végétation
tropicale. Par contre, Pierre Georges et F. Verger (sous la direction, 2006)
définissent le couvert végétal comme « l'ensemble des
plantes-toutes strates confondues-qui couvrent le sol ». A partir des ces
définitions, on remarque qu'il ya une distinction qui est faite entre
ces auteurs. D'un coté, on peut dire que Roger Brunet ne
considère comme « couvert végétal » que
l'ensemble du feuillage constitué par des arbres qui sont suffisamment
longs pour avoir un abri sous lequel l'on peut se tenir. Dés lors, il
y'a deux éléments qui constituent le couvert
végétal dans ce cas : il faut non seulement qu'il y'ait de la
canopée (écran supérieure de la végétation
tropicale) mais aussi cette canopée doit être suffisamment
importante pour avoir un abri sous lequel on peut se tenir.
D'un autre coté, Pierre Georges et F. Verger estiment
que c'est l'ensemble des plantes qui couvrent le sol sans distinction de
strates. Cette définition est plus englobant car elle intègre
toutes les plantes qui poussent en un lieu donné et ne cherche pas
à faire une classification entre arbres et arbustes ou en termes de la
hauteur de ces derniers.
Toutefois, dans le cadre de ce travail, nous ajouterons un
autre élément très important sinon essentiel
c'est-à-dire la densité des arbres sur l'espace en question pour
aboutir à la notion de forêt. En ce qui concerne cette
étude il s'agit d'une forêt communautaire. Dés lors, ces
deux définitions peuvent être complémentaires dans la
mesure où l'on prendra en compte la densité des arbres mais
également les différentes strates. Ainsi cette distinction en
termes de strates peut aboutir à parler de : forêt dense,
forêt claire, savane arborée ou boisée et savane arbustive.
En outre, le couvert végétal se distingue par la diversité
biologique de ses essences. Dans le cadre de ce travail la définition
retenue est celle qui considère le couvert végétal comme
l'ensemble des éléments constitutifs de la
végétation (arbres, arbustes, tapis herbacé). Il est
essentiellement formé d'une forêt claire et d'une savane
boisée dans la communauté rurale de Kandia. Dés lors, on
peut aussi s'intéresser à la gestion durable de cet espace.
· Gestion (durable)
Selon Grawitz (2000) le terme de gestion vient du latin
« gerere » qui signifie conduire, exécuter. C'est
l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour gérer une entreprise.
La gestion renvoie à deux opérations :
organisation et contrôle. Il s'agit de la gestion dans le sens que lui
donnent les sciences économiques. Elle est d'ailleurs
érigée en une science des décisions stratégiques
dans les organisations. Elle est considérée comme la science qui
permet
22
de déterminer la meilleure combinaison pour
réaliser les meilleurs rendements, la plus grande productivité
des moyens matériels et de la ressource humaine dans les organisations.
C'est ainsi que le concept de gestion est étendue à plusieurs
domaines de l'activité d'entreprise.
En outre, le concept de gestion a fini par être
étendue au domaine des ressources naturelles. Dans ce cas il s'agit
d'une action qui vise la valorisation dynamique des ressources naturelles pour
satisfaire le développement humain et économique et non pour de
simple besoin de protection. Cette orientation actuelle de la gestion des
ressources naturelles est appelée conservation-développement par
opposition à l'orientation de protection-conservation qui a longtemps
prévalu dans ce domaine.
Dans le cadre des ressources naturelles, le concept de
gestion englobe deux enjeux fondamentaux :
- garantir la durabilité des ressources
c'est-à-dire gérer dans le long terme humain sans dégrader
la base des ressources;
-préserver la diversité biologique
c'est-à-dire gérer sans compromettre la richesse
génétique de la faune et de la flore. On parle ainsi de gestion
durable des ressources naturelles et plus particulièrement ici des
ressources forestières.
La gestion qui nous intéresse dans cette étude
est celle d'un écosystème qui a subi les pressions anthropiques
et la péjoration des conditions climatiques. Elle désigne donc
l'ensemble des combinaisons mises en oeuvre pour lutter contre le processus de
dégradation du couvert végétal dans cette partie de la
communauté rurale de Kandia. En clair, il s'agira de voir comment
satisfaire les besoins des usagers sans pour autant compromettre la base de la
ressource. Telle est la compréhension que l'on doit avoir du concept de
gestion dans ce travail.
2. Opérationnalisation des concepts
utilisés
Dans cette étape, il s'agit de rendre
opérationnel les concepts de dégradation, de couvert
végétal et de gestion.
23
Tableau 1 : Variables et indicateurs des
concepts
Concepts
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Dégradation du couvert
végétal
|
- Naturelle
|
- Evolution des
données climatiques
(Pmm, T°C...)
|
|
- Activités
anthropiques
(agriculture, élevage, exploitation
forestière...)
|
Gestion durable des
ressources naturelles (forestières)
|
- Humaine
- Économique
- Socio-
organisationnelle
- Environnementale
- Technologique
|
- Taux de prélèvement
- Amélioration des conditions de vie des
populations
|
|
Ce tableau résume les concepts clefs qui structurent
cette étude. Ainsi, le phénomène de dégradation du
couvert végétal repose sur deux dimensions ou facteurs : naturels
et anthropiques. Les facteurs naturels de dégradation du couvert
végétal sont relatifs aux conditions climatiques qui ont
été fortement éprouvées par les sécheresses
des années 1970 et 1980.L'indicateur qui permettra de mesurer la
variation de ce paramètre est les données climatiques telles que
les précipitations, l'évaporation, l'humidité relative
entre autres.
En ce qui concerne la dimension anthropique de la
dégradation du couvert végétal, elle relève
plutôt des activités des populations locales : agriculture,
élevage, exploitation clandestine de bois d'oeuvre, bois énergie,
etc.
L'ampleur des activités permettra de se faire une
idée sur le rythme de dégradation du massif forestier.
La gestion des ressources naturelles quant à elle,
englobe les différentes dimensions du développement durable. Ces
dimensions sont d'ordre humain, environnemental, socio organisationnel,
technologique et économique. La gestion durable des ressources
naturelles vise une meilleure prise en compte des différentes dimensions
citées pour un respect des capacités de
régénération des ressources tout en satisfaisant les
besoins vitaux de l'homme.
24
Mais, il faut dire que le schéma d'analyse conceptuelle
illustre le mieux le processus de dégradation du couvert
végétal.
3. Schéma d'analyse conceptuelle
|
|
Facteurs anthropiques -Exploitation
forestière
-Activités agropastorales, feux de brousse...
|
Facteurs physiques -déficits
pluviométriques
-érosions (éolienne/hydrique
|
|
|
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve5.png)
Dégradation du
Couvert végétal
Stratégies de gestion de la
forêt
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve6.png)
Conseil rural de Kandia
Populations locales
Acteurs
Service des eaux et forêts de Vélingara
Figure 2 : Schéma d'analyse du
processus de dégradation du couvert végétal dans la
forêt communautaire de Kandia
25
Ce schéma met en exergue les différents facteurs
qui sont à l'origine de la dégradation de la forêt
communautaire de Kandia. Ainsi on peut identifier les relations qui existent
entre les différentes hypothèses posées un peu plus. On
voit que la dynamique de régression dans ce massif forestier est
causée par deux facteurs : physiques et anthropiques.
Les facteurs d'ordre physiques sont liés d'une part au
déficit pluviométrique observé depuis le début de
la sécheresse des années 1970. D'autre part, les agents
d'érosion (eau, vent) sont en partie responsables de ce processus de
dégradation. Quant aux causes anthropiques, elles proviennent
principalement de l'activité agropastorale, de l'exploitation
forestière et des feux de brousse qui sont très
récurrentes en saison sèche.
La combinaison de ces éléments entraine une
dégradation du couvert végétal qui, à son tour est
responsable de la réduction de la strate arbustive et herbacée,
l'appauvrissement des sols par l'effet de l'érosion et finalement de la
baisse des rendements. Cependant il est intéressant de remarquer qu'il
y'a une solution au problème, c'est-à-dire une gestion durable
des ressources naturelles prenant en compte à la fois l'enjeu de
durabilité et de diversité biologique de
l'écosystème en question mais également la satisfaction
des besoins vitaux des populations. Cette gestion durable devrait impliquer
l'ensemble des parties prenantes pour une prise en charge effective et efficace
du phénomène. Toutefois, il s'agira de présenter dans ce
travail les différentes actions menées jusque-là pour
inverser la situation de dégradation du couvert végétal.
Mais pour cela, une méthodologie est nécessaire.
26
Chapitre 3 : Le Cadre méthodologique
La méthodologie adoptée peut être
divisée en trois étapes: la recherche documentaire, le travail de
terrain et enfin l'analyse et le traitement des données recueillies.
1. La recherche documentaire
C'est la première étape de ce travail qui a
conduit à consulter différentes sources documentaires sur la
question. De prime abord, il faut souligner qu'il existe de nombreuses
publications en ce qui concerne la dégradation des ressources naturelles
et les stratégies mises en oeuvre pour lutter contre le
phénomène. C'est dans ce vaste champ que s'inscrit la question de
la dégradation des ressources forestières dans la
Communauté rurale de Kandia.
Traitant la question de la dégradation des ressources
naturelles dans un ouvrage collectif intitulé « Le Sahel en
lutte contre la désertification : leçons d'expériences
(CILSS, 1989), René M. Rochette fait la distinction entre la
sécheresse et la désertification. Selon lui, la première
notion est « une insuffisance de pluie par rapport à une
quantité moyenne qui, en un lieu déterminé, permet
habituellement le fonctionnement normal de l'écosystème et, en
particulier la croissance normale des êtres vivants ; la seconde est une
dégradation sans cesse élargie et aggravée du capital
écologique, c'est-à-dire une diminution de la quantité et
de la capacité productive des ressources en eau, sol,
végétation et faune que les hommes exploitent pour vivre ».
Pour ce même auteur cette dégradation est causée soit par
la sécheresse, soit par l'action de l'homme ou le plus souvent les deux
en même temps. Dans le cas du Sahel, la sécheresse a joué
un rôle important dans cette dégradation.
Guy DI Méo dans le chapitre Quelles
énergies domestiques pour les populations urbaines d'Afrique-Noire ? in
Énergie populaire dans le tiers monde ENDA (Environnement Afrique
n° 20-21-22 Vol V.4 Vol VI, 1-2 1998) analyse le rôle du bois et de
ses dérivés énergétiques dans la consommation des
ménages sénégalais. Il met en lumière les dangers
que cette exploitation représente pour les écosystèmes
forestiers à travers les ponctions effectuées en vue de la
récupération du bois de feu ou du charbon de bois en rapport avec
l'augmentation de la population. Selon cet auteur, les besoins de Dakar en
charbon durant cette période entrainaient la destruction annuelle de
15.000ha de forêt soudano-guinéenne dans l'Est et le Sud du pays.
Donc on remarque ici que les activités anthropiques représentent
un facteur non négligeable dans le recul du couvert
végétal. En outre Michel Petit (1990) dans son ouvrage
intitulé Géographie physique tropicale : approche aux
études du milieu aborde également la question de
l'introduction de l'homme dans les écosystèmes naturels ;
autrement dit, le problème de la charge anthropique sur les milieux
naturels. Selon lui, une telle « étude ne
27
peut mettre en oeuvre une méthodologie
spécifique puisque le chercheur doit s'attacher à
débrouiller un écheveau complexe d'interrelations ; seule une
étude systémique permettra d'apprécier le sens de
l'évolution du milieu. » Mais au-delà de cette
approche, il identifie les causes majeures de la dégradation des
forêts parmi lesquelles on peut citer le manque de terres, les feux de
brousse, le surpâturage, l'exploitation forestière entre autres...
Dans ce même ordre d'idées, l'auteur souligne que dans certains
cas les forêts sont attaquées depuis leur marges mais aussi de
l'intérieur par l'agriculture itinérante et pour l'exploitation
du bois. A titre d'exemple, « les savanes enclavées du Mayombe
congolais ont livré une industrie humaine d'environ 5000 ans. Mais, si
la culture sur brulis n'a longtemps été responsable que des
traumatismes temporaires, le raccourcissement, et surtout la suppression de la
jachère engagent une évolution irréversible.
Derrière l'agriculture, l'érosion ne laisse que les racines du
profil pédologique et l'aire, dés lors vouée à la
pâture extensive, est définitivement ruinée ».
Toutefois, Michèle Petit montre que l'homme peut également
être un restaurateur de la nature grâce aux aménagements
qu'il réalise ».
Par ailleurs, Dupriez Hugues et Philipe de Leener (1990)
analysent les mécanismes du ruissellement ainsi que de l'érosion
hydrique. Ils mettent en évidence l'importance de l'eau pour la
matière vivante animale, humaine et végétale surtout dans
les milieux arides. En effet, vu sous l'angle des productions
végétales et animales, l'eau apparait comme un facteur limitant
important. La présence de l'eau dépend des climats qui sont
incontrôlables et lorsqu'elle est présente, ses comportements
naturels tendent constamment à modifier l'ordre de la terre et de la
végétation, parfois même de façon catastrophique.
Ceci permet d'avoir une idée sur les conséquences néfastes
que peut entrainer une sécheresse sur la végétation. On
apprend aussi dans cet ouvrage que « certaines espèces
végétales percevant les rigueurs de l'économie en eau,
sont capables de stocker celle-ci lorsqu'elle est disponible dans leurs tiges,
leurs feuilles ou leurs fruits, afin de prolonger leur propre existence aussi
longtemps que la chaleur torride le leur permet ».
Quant à Hamed Sow dans son ouvrage Le
bois-énergie au Sahel : environnement et développement
(1990), il identifie deux causes de la déforestation au Sahel. Tout
d'abord, il affirme que la déforestation peut être causée
par des facteurs climatiques (sécheresse, ensablement) contre lesquels
peu de choses ne pouvaient être entreprises pour le moment. Mais selon
lui, ce sont les hommes du Sahel qui sont eux-mêmes souvent à la
base de la disparition de leur patrimoine forestier. Les causes de la
déforestation diffèrent selon que l'on est en milieu rural ou
urbain. Par exemple « en milieu rural, le phénomène trouve
son origine
28
dans la crise des systèmes de production traditionnels.
Crise, en ce sens que ces systèmes n'ont pas pu s'adapter à
l'évolution de la société. Pour faire face à la
croissance démographique et à la demande urbaine, leurs
techniques de production traditionnelles auraient du être
améliorées, l'agriculture et l'élevage intensifiés
afin d'augmenter leur productivité. Au lieu de cette mutation, la
réponse de la société a été une
surexploitation de ses ressources naturelles : les défrichements ont
été intensifiés, les temps de jachère
réduits, les surpâturages accélérés, les feux
de brousse mal contrôlés : 8 ».
Au total, la lecture de ces différents ouvrages a
permis de se faire une idée des causes principales de la
dégradation des ressources forestières. On peut résumer
les causes en deux facteurs majeurs qui sont d'ordre physique
(sécheresse et érosions) et d'ordre anthropique (agriculture,
feux de brousse, exploitation forestière...). Il faut souligner que
d'autres auteurs se sont intéressé à la question mais en
insistant sur les stratégies de lutte contre le phénomène
de dégradation des ressources naturelles. A ce titre,
Frédéric Bourdier dans un chapitre nommé : la Nature
apprivoisée : « symbolisme et savoir technique chez les
populations nord-est cambodgien, 1998 » in Rossi G. (sous la
direction), Gestion des ressources et dynamiques locales au sud montre
comment certains groupes ethniques du Cambodge tirant principalement leurs
ressources des produits de la forêt et de la mise en culture provisoire
de parcelles défrichées sont parvenus à sauvegarder leur
cadre de vie. En effet, « ces sociétés ont su au cours des
siècles d'expériences, maitrisé leur environnement en
parvenant à cultiver ce qui est nécessaire pour leur survie tout
en puisant ce dont elles avaient besoin dans leur écosystème
physique, et en reconnaissant les limites de ce qui était possible, et
pensable d'extraire du milieu naturel ». C'est un exemple qui peut servir
de modèle dans le cadre d'une stratégie de gestion durable des
ressources naturelles.
Mais il faut mentionner aussi qu'il y'a un certain nombre de
documents qui abordent la question au niveau national. Par exemple, en ce qui
concerne le rapport du Ministère de l'environnement et de la protection
de la Nature (2005) intitulé : l'état de l'environnement au
Sénégal, il identifie les différents facteurs qui
sont à l'origine de la dégradation des terres. Parmi ces
derniers, il y'a la poussée démographique qui a entrainé
une « extension des terres de cultures et une pression accrue sur les
ressources forestières avec la forte demande en charbon des villes
». En plus de cela, l'érosion éolienne et hydrique
fragilisent la « couche arable contribuant ainsi à la
dégradation de la structure du sol ».
En plus, le document, la Politique Forestière du
Sénégal (2005) fait un historique des différentes
politiques menées dans le sous-secteur forestier depuis les
indépendances en
29
identifiant les causes majeures de dégradation. On
note, outre l'absence d'inventaires nationaux du potentiel forestier, les
tendances suivantes : réduction des superficies boisées,
baisse de la richesse floristique, réduction de densité et
changement de structure de la végétation, baisse des productions
forestières non ligneuses, forte variation de la production des
pâturages (p.7). Pour inverser cette tendance, ce document
énonce les grands axes d'intervention dans ce domaine d'ici à
2025. Parmi les grands axes stratégiques, on peut citer :
l'aménagement et la gestion rationnelle des ressources
forestières et fauniques, le renforcement des capacités des
collectivités locales et des organisations communautaires de base (OCB),
le renforcement des capacités du service forestier, le
développement de la foresterie privée ainsi la foresterie urbaine
et péri-urbaine.
Par ailleurs, la question de la dégradation des
ressources forestières a bénéficié de la
curiosité de jeunes chercheurs. Il s'agit entre autres du mémoire
de maitrise de S.Thiaw, 1998 qui a pour titre : Exploitation
forestière et suivi des ressources ligneuses dans la Communauté
rurale de Maka-Kolibantang ou du travail de M. A. Kandé en 2007 portant
sur : Contexte et conséquences de l'exploitation forestière dans
la Communauté rurale de Mampatim (arrondissement de Dabo).Tous ces
travaux se sont focalisé sur l'évolution de la filière de
charbon du bois au Sénégal avant de se spécifier sur les
réalités de chaque zone étudiée.
Ainsi la lecture des différents documents a permis de
faire l'état de la recherche sur la question de la dégradation
des ressources naturelles au Sénégal et plus
particulièrement sur la dégradation du couvert
végétal.
De façon plus proche de notre zone d'étude, le
Plan d'action environnemental de la région de Kolda
élaboré pour la période 2007-2009 ainsi que l'étude
de Aliou Cissé en 2008 dans le cadre de son mémoire de master1
sur la dégradation des paysages végétaux et gestion
durable des ressources naturelles : exemple du massif forestier de
Thiéwal dans la communauté rurale de Sinthiang Koundara
(département de Vélingara) ont montré l'état de
l'environnement ainsi que les principaux facteurs de sa dégradation dans
la région de Kolda de manière générale et dans la
C.R de Sinthiang Koundara.
Une autre étude menée par une équipe de
chercheurs de l'UCAD : péjoration climatique et dégradation
des formations forestières en Haute- Casamance est très
intéressante car elle analyse le lien entre la péjoration
climatique et la dégradation des formations forestières en
Haute-Casamance plus particulièrement dans les zones classées de
Guimara au nord et Kayangua au sud du département de Vélingara.
Les auteurs utilisent des données climatiques recueillies au niveau des
stations de Kolda et de Vélingara durant la période
1951-2000.Ainsi il s'agit des précipitations, des températures,
de l'évapotranspiration pour arriver à une
30
conclusion selon laquelle la « péjoration des
conditions climatiques en Haute-Casamance a pour effet, la fragilisation quasi
générale de la couverture végétale ».Mais
selon cette même étude, les facteurs climatiques ne sont pas les
seuls responsables de la dégradation de la couverture
végétale en Haute-Casamance, les actions anthropiques ont aussi
un « impact certain ». Donc ce modèle d'analyse
développé dans le cadre de la dégradation des ressources
végétales est parfaitement adaptable à notre zone
d'étude pour identifier les différents éléments
climatiques qui sont imputables à ce phénomène.
Dans l'ensemble, on remarque que plusieurs auteurs se sont
intéressés à la dégradation des ressources
naturelles ainsi que les stratégies mises en oeuvre pour sa lutte.
D'ailleurs, il y'a certains documents qui tentent de faire le bilan des
différentes stratégies et approches de gestions des ressources
naturelles menées depuis ces dernières années en Afrique
avec l'appui des bailleurs de fonds.
Ainsi on peut se référer à Roe D.,
Nelson F. et Sandbrook C. (sous la dir.), 2009. La gestion communautaire des
ressources naturelles en Afrique : impacts, expériences et orientations
futures, rapport publié par l'institution international pour
l'environnement et le développement financé par le gouvernement
français. C'est un document très riche qui traite la question de
la gestion des ressources naturelles à l'échelle du continent
africain en s'appuyant sur les nombreux travaux disponibles sur la question
depuis ces 20 dernières années. La synthèse panafricaine
présentée (impacts, expériences et orientations
futures) de la GCRN met en relief la gamme diverse des formes de
participation communautaire à la gestion des ressources naturelles qui
ont fait leur apparition aux quatre coins du continent au cours des vingt
dernières années. On découvre également à
travers ce rapport que la GCRN « signifie des choses différentes
pour différents acteurs à différents endroits de l'Afrique
sub-saharienne ». On note une diversité des définitions
concernant la GCRN selon les pays et les acteurs impliqués. Par exemple,
dans la plupart des pays en Afrique de l'Ouest et Centrale, la GCRN est
interprétée par les autorités gouvernementales, les
bailleurs, les agences donatrices et les ONG comme un partage des
bénéfices ou un travail de proximité entre les parcs
nationaux et les communautés adjacentes. Cette forme de travail de
proximité et de partage des bénéfices est aussi une
caractéristique de certaines approches de gestion des aires
protégées dans les pays d'Afrique de l'Est. En Afrique australe,
la définition la plus claire qui puisse être donnée de la
GCRN est en termes de la délégation des droits à prendre
des décisions de gestion et à accaparer les
bénéfices, en ce qui concerne les ressources situées sur
les terres communales.
31
Un autre élément est que les diverses formes de
GCRN et leurs nombreuses adaptations au niveau local ont beaucoup
diversifié les approches de gouvernances des ressources naturelles en
Afrique subsaharienne. En outre, la GCRN a enregistré des
résultats intéressants au plan écologique,
économique et institutionnel.
Toutefois, il semble que les pays anglophones ont une
longueur d'avance sur les pays francophones. On remarque également que
c'est l'approche GT (gestion des terroirs) qui a dominé dans les
anciennes colonies françaises. Néanmoins, malgré ces
résultats nationaux notables, il subsiste des défis importants
pour la GCRN. Globalement, il reste relativement peu de cas où les
communautés obtiennent l'autorité formelle sur les terres et les
ressources naturelles qui s'y trouvent. Le contrôle centralisé des
ressources naturelles persiste malgré le changement observé
partout dans la rhétorique sur la gestion des terres et des ressources.
Dans certains cas, les tendances indiquent plutôt une consolidation
centrale du droit à utiliser et distribuer les ressources
précieuses comme la faune et le bois.
Toujours selon le même rapport, les conflits entre les
groupes locaux et d'autres acteurs plus puissants, y compris les agences
publiques et les investisseurs du secteur privé, sont encore
répandus dans l'ensemble du continent et connaissent, souvent, une
intensification. Il y a de puissants facteurs économiques et politiques
qui incitent les élites politiques et les bureaucraties centrales
à consolider leur contrôle sur les ressources naturelles. Il faut
signaler aussi que des conflits supplémentaires découlent des
différences relatives aux objectifs prioritaires de la gestion, tels
qu'ils sont perçus - l'échelle la plus appropriée à
laquelle mener la gestion d'un point de vue écologique correspond
rarement à l'échelle la plus appropriée d'un point de vue
social ou économique.
Afin d'aborder ces défis mentionnés (mais en
réalité plus nombreux dans le document) et des modèles
plus résilients et plus durables de GCRN dans ces contextes africains
divers et variables, le rapport met en relief un certains nombre de conclusions
basées sur les expériences de GCRN. L'une des conclusions de ce
rapport est que l'on ne parviendra à favoriser le développement
de communautés rurales prospères, qui assurent une gestion
durable de leurs terres et ressources naturelles que lorsque la GCRN donnera la
priorité aux intérêts, au rôle des individus et aux
capacités locaux.
Dans l'ensemble, le document est très
intéressant car l'expérience de GCRN offre des enseignements
utiles pour les processus futurs de réforme agraire, en plus de fournir
des modèles décentralisés d'utilisation des ressources
naturelles qui sont pertinents dans le contexte de l'adaptation aux changements
climatiques, de la lutte contre la désertification et de la conservation
de la biodiversité. Toutefois même, s'il nous a permis d'avoir une
idée
32
générale des différentes approches
menées dans le cadre de la gestion des ressources naturelles, il est
important de noter que les exemples développés ne concernent pas
directement le Sénégal et encore moins notre zone d'étude.
L'échelle que les auteurs ont utilisée est très grande
pour une analyse plus fine de la question au Sénégal.
Dans cette même lancée, Philippe Lavigne
Delville (2001) réalise un rapport commandité par l'agence
française de développement intitulé : Quelle gouvernance
pour les ressources naturelles ? La gestion des ressources renouvelables dans
le contexte de la décentralisation en Afrique de l'ouest. Cette
étude fait un « état des connaissances et des débats
à partir des différentes publications sur la gestion des
ressources renouvelables et d'analyse socio-anthropologique sur les modes
effectifs d'accès et de contrôle des ressources en Afrique de
l'ouest, sur la question foncière et sur les enjeux de la
décentralisation administrative ».
Notons enfin que le Plan d'action forestier pour
l'aménagement Forestier l'approvisionnement durable en énergie
domestique de la région de Kolda aborde la question dans le sens de
faire un inventaire du potentiel forestier régional existant et de
procéder ensuite à aménagement de ces massifs avec l'appui
des bailleurs de fonds. C'est dans ce cadre d'ailleurs qu'une expérience
a été menée avec la communauté rurale de
Dioulacolon où ce sont les populations locales qui ont désormais
pris les devants dans la filière d'exploitation du charbon de
bois.4
Il faut dire qu'il existe un nombre important de publications
sur la question et d'ailleurs très intéressantes. Ceci
témoigne de l'enjeu de ce thème dans un contexte où
l'environnement est de plus en plus pris en compte dans le cadre du
développement durable. Mais, l'ensemble de ces documents ne nous a pas
permis d'avoir un aperçu sur l'état de la dégradation des
ressources forestières dans la C.R de Kandia. Les ouvrages lus traitent
la question de façon générale Il n'ya pas une
documentation fournie par rapport à notre zone d'étude. Les
analyses faites sur le sujet abordent la question dans un cadre spatial soit
très vaste (échelle africaine ou nationale), soit dans une zone
géographique qui ne concerne pas directement notre terrain
d'étude. D'où l'intérêt de faire une analyse du
processus de dégradation à une échelle plus réduite
(notre zone d'étude) pour mieux saisir tous les mécanismes du
phénomène.
4Il s'agit d'un projet financé par le
PERACOD et qui met les populations locales au coeur du dispositif
d'exploitation et de gestion des recettes issues de la vente du charbon de
bois. Pour plus de détails, voir plan le d'aménagement forestier
de Dioulacolon, département de Kolda.
33
2. Les enquêtes de terrain
Cette étape constitue la deuxième phase de ce
travail. Elle a été l'occasion de faire des enquêtes
auprès des populations riveraines du massif forestier en question.
L'objectif était de disposer des informations supplémentaires sur
la question et de procéder à l'observation directe du terrain
d'étude pour avoir une idée plus précise de la dynamique
du phénomène, notamment en prenant des photos.
En outre, cette étape a permis de vérifier et
surtout de valider les informations obtenues à travers les S.I.G (images
satellites). En effet, les systèmes d'informations géographiques
constituent un outil très intéressant pour mesurer
l'évolution d'un phénomène dans le temps. Car ils
permettent de faire des comparaisons avec des images prises à des dates
différentes. Au total, les activités de terrain ont permis de
parcourir la forêt communautaire de Kandia, de s'entretenir avec les
autorités locales, le service des eaux et forêts de
Vélingara ainsi que de mener des enquêtes auprès des
populations sur la question de la dégradation du couvert
végétal dans cette zone. Ainsi les données
collectées sont de nature quantitative et qualitative. Les
données quantitatives concernent essentiellement la pluviométrie,
la température, l'évapotranspiration, et l'humidité
relative. Elles sont été recueillies à la station de
Vélingara qui couvre notre zone d'étude. Quant aux données
qualitatives, elles découlent des entretiens et enquêtes sur la
question.
Tableau 2 : Techniques et outils de
collecte des informations sur le terrain
Techniques
|
Outils
|
Types de données collectées
|
Observation
|
Grille d'observation
|
Qualitative
|
Entretien
|
Guide d'entretien
|
Qualitative
|
Questionnement
|
Questionnaire
|
Qualitative/Quantitative
|
|
Ce tableau résume des techniques et outils
utilisés dans la collecte de l'information et la nature de celle-ci.
Après ces deux étapes, nous procédé à un
traitement des différentes données recueillies.
34
3. Traitement et analyse des données
collectées
C'est la dernière étape avant la
présentation des résultats. Ainsi les différentes
données collectées ont fait l'objet de plusieurs traitements :
statistique, graphique et cartographique. Ces traitements ont permis
d'élaborer des séries statistiques et ensuite des graphiques pour
illustrer l'évolution des paramètres climatiques. Ceci donne une
meilleure représentation des données quantitatives.
En plus, les logiciels de cartographie ont servi à
l'élaboration de cartes pour une comparaison de la superficie de la
forêt à des périodes différentes. Ce qui permet de
dégager la dynamique en cours et ainsi de confirmer ou d'infirmer les
hypothèses de départ.
Par ailleurs, cette étape a permis de confronter et de
croiser les informations collectées durant la phase documentaire et
celles du terrain à travers une analyse critique. Cette démarche
a pour avantage de donner plus de pertinence et de crédibilité
aux résultats qui seront obtenus et même une discussion de ces
derniers, et donc de mettre en évidence les limites éventuelles
de ce travail.
C'est ainsi donc que ce résume notre
méthodologie pour cette recherche qui a conduit à
présenter les résultats qui vont suivre. Dés lors, pour
vérifier nos hypothèses posées un peu plus haut, nous
avons pris le soin d'organiser cette seconde partie en chapitres distincts.
35
Deuxième partie : Analyse des facteurs de
dégradation du couvert végétal et des stratégies de
gestion
36
Cette partie présente les résultats obtenus. Il
s'agit d'un diagnostic des facteurs de dégradation du couvert
végétal avec les chapitres 4 et 5. Le chapitre 6 analyse les
actions menées par les différentes parties prenantes pour
inverser la dynamique de régression observée.
37
Chapitre 4: Les facteurs physiques
L'étude des facteurs physiques constitue un
élément important dans la compréhension de la dynamique
d'évolution du milieu qui héberge les ressources naturelles. Dans
ce chapitre, il sera question en premier lieu de jeter un regard sur le milieu
physique avant de se consacrer à l'identification des principaux
déterminants physiques (la climatologie et les agents d'érosion)
qui influencent le processus de recul du couvert végétal dans la
communauté rurale de Kandia.
Donc, il ne s'agira pas de faire une monographie du milieu,
mais plutôt d'utiliser les éléments physiques pour
expliquer en partie la dégradation du couvert végétal. En
outre, il faut noter que l'analyse est tout d'abord inscrite à
l'échelle régionale.
1. Morphopédologie et paysages
végétaux
La région de Kolda où se trouve notre zone
d'étude, forme un plateau incisé par un réseau assez dense
de vallées. En Moyenne Casamance, les plateaux sont surmontés
d'une cuirasse faiblement ferralitique sur des grés argileux et des
marnes du tertiaire.
En Haute Casamance (qui inclut le département de
Vélingara), les plateaux à cuirasses ferrugineuses sont parcourus
de dépressions où le matériau gravillonnaire s'est
amoncelé. Dans les vallées, les alluvions fluviales quaternaires
se sont entassées sur les grés argileux du tertiaire
supérieur (PAER, 2007). La situation géomorphologique laisse
apparaitre un relief général plat à l'instar du
Sénégal.
Ainsi, la Communauté rurale de Kandia, dans son ensemble
se caractérise par un relief plat à l'image du département
de Vélingara. On remarque quelques petites élévations peu
importantes par endroit. A part ces exceptions, il n'y a pas de plateaux (PLD
de Kandia, 2011).
En ce qui concerne la pédologie, elle revêt un
intérêt particulier pour le couvert végétal.
Dés lors, pour mieux comprendre le processus de
formation des sols dans la communauté rurale de Kandia, nous analysons
la pédologie à l'échelle de la région.
L'étude morphopédologique de la région
de Kolda relève trois unités de reliefs : les plateaux, les
versants et les bas-fonds.
La majeure partie de la région est en effet
constituée de plateaux de grés issus des formations du secondaire
et du tertiaire. Chaque niveau du relief correspond à un type de sol
:
- les plateaux sont constitués de sols ferrugineux
tropicaux plus ou moins lessivés généralement
localisés dans le département de Vélingara et de sols
ferrugineux
38
tropicaux lessivés, légèrement
ferralitiques surtout dans les départements de Kolda et de Médina
Yoro Foula.
- les versants ou dépressions de plateaux ainsi que
les bas-fonds sont constitués de sols hydromorphes et de limons
argileux-sableux. Ils sont particulièrement localisés dans le
bassin de l'Anambé et autour des cours d'eau
A l'échelle de la communauté de Kandia, ces sont
les types de sols qui dominent :
- sols Deck plus important dans la Communauté Rurale ;
- sols lessivés non ferrugineux Deck- Dior ;
- sols Dior moins importants ;
- les bas fonds ;
- sols caillouteux au nord de la Communauté Rurale.
Ces différents types de sols abritent une
végétation composée de plusieurs strates :
- la forêt galerie se
localise le long des cours d'eau. Elle se rencontre au nord de la C.R dans les
localités comme Médina Djambéré, au centre
(Kaminakor Djidéré et Saré
Boulel) et au sud sur une bande étroite qui va de
Thiével Bessel à Dialakégny. Ce type de forêt occupe
la plus petite superficie occupée par la végétation.
- la forêt dense se situe au
sud ouest de la communauté rurale de Kandia à la frontière
avec la C.R de Mampatim qui est très pourvue en ressources ligneuses.
- la forêt claire est
répartie de manière clairsemée dans la communauté
de Kandia. Elle est la strate qui domine dans le centre-est avec une superficie
de plusieurs hectares. En outre, on retrouve cette formation au nord-est, au
centre et à l'est de la communauté rurale.
- la savane arborée ou boisée
est la strate qui occupe l'essentiel des ressources
forestières présentes dans la zone. Cependant, il y'a aussi une
savane arbustive qui occupe un espace marginal. D'ailleurs la carte des
ressources naturelles (carte 2) présente la répartition des
différentes strates forestières ainsi que les autres types
d'occupation du sol dans la communauté rurale. Elle permet d'avoir une
vue d'ensemble plus détaillée.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve7.png)
39
Source : Plan local de développement de la C.R
de Kandia, 2011
Au total, la communauté rurale est
dotée d'un potentiel de ressources forestières non
négligeable caractérisées plusieurs strates. La
composition floristique regorge une diversité d'espèces.
Toutefois, il faut dire que la forêt communautaire de Kandia est
essentiellement constituée d'une forêt claire et
d'une savane arborée.
Les principales espèces rencontrées
dans la communauté rurale de Kandia sont : Acacia
ataxacantha, Anonna senegalensis, Bombax costatum, Cassia siberiana,
Combretum glutinosum, Cordyla pinnata, Dicrostachis glometara,
Hexalobus monopetalus, Terminalia macroptera, Ziziphus mauritania
entre autres (PROGEDE, 2006).5
5 Il s'agit d'une étude menée
par le PROGEDE, pourtant leur responsable régional de Kolda dit qu'ils
ne sont pas intervenus dans cette zone. Mais la source du document est belle et
bien le PROGEDE
40
Par ailleurs, les données tirées du plan
d'occupation et d'affectation des sols élaboré en juin 2012
permettent d'avoir plus de précision par rapport à la superficie
occupée par chaque type d'occupation du sol.
Graphique 1 : Pourcentage des
différents types d'occupation du sol dans la C.R de Kandia
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve8.png)
14,5
3,2
0,1 7,7
17,1
0,3
0,2 0,5
4,9
0,2
1,6
49,8
Cultures pluviales et jachères
Cultures irriguées
Riziculture pluviale
Forèt claire
Foret galerie dégradée
Savane boisée
Savane arborée
Savane arbustive/arborée
Savane arbustive
Prairie marécageuse
Eaux
Habitat
Source : d'après les données du
POAS de Kandia, 2012
On remarque dans ce graphique que les cultures pluviales et
les jachères occupent prés de la moitié de la superficie
de la communauté rurale de Kandia soit 49.8% et correspond 21875,81ha.
Cette situation montre la prédominance de l'agriculture et sa
dépendance par rapport à la pluviométrie.
En ce qui concerne les différentes strates
forestières, elles sont inégalement réparties dans
l'espace communautaire.
Une analyse du graphique permet de classer les
différentes strates de forêt en trois catégories par
rapport à la superficie occupée. Tout d'abord, il y'a les strates
qui occupent plus de 10% de la superficie de la communauté rurale. On
retrouve dans cette catégorie la savane boisée avec 17.1% et la
savane arborée qui totalise 14.5%. Ensuite, on a une deuxième
catégorie qui représente moins de 10% de la superficie de la C.R.
Les strates qui figurent dans cette classification sont la savane arbustive et
la forêt claire avec respectivement 7.7% et 4.9%.
41
Enfin, il y'a les strates qui regroupent moins de 1% de la
superficie de l'espace communautaire représentées par la
forêt galerie dégradée que l'on retrouve le long des cours
d'eau avec 0.3% et la savane arbustive/arborée occupant 0.1%.
Globalement telle est la répartition spatiale des
différentes strates forestières dans la communauté
rurale.
2. Le climat
Le climat est l'un des composants qui permet d'expliquer la
dynamique du milieu naturel. Il exerce une forte influence sur le type de
végétation, la biomasse et les types de sols. Selon Escourrou G.
(1980 cité par Cissé A., 2008), l'explication du climat d'un lieu
nécessite de s'intéresser à des échelles plus
vastes avant de prendre en compte certains facteurs locaux. Dans la
communauté rurale de Kandia, les éléments du climat sont
à l'image de ceux qui s'observent au niveau de la région de
Kolda.
C'est ainsi que le climat est de type soudanien, avec deux
saisons contrastées : la saison sèche de novembre à mai et
la saison des pluies de juin à octobre. De novembre à janvier, la
région est balayée par l'alizé continental
communément appelé harmattan, qui est un vent chaud et sec. De
mai à juillet, l'anticyclone saharien se mue en dépression. Ceci
permet l'irruption à partir de juin de l'alizé maritime issu de
l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'hémisphère
sud. Ce vent chaud et humide souffle sur la région jusqu'en octobre
novembre.
Il est communément appelé mousson. La mousson,
humide de son long parcours océanique, est responsable des pluies
continues d'Août et de Septembre. D'une manière
générale, la pluviosité augmente d'est en ouest et du nord
au Sud (PAER, 2007). Les températures relativement élevées
tournent autour d'une moyenne de 28°, avec de fortes amplitudes
thermiques. Les températures sont très fortes et s'accompagnent
d'une évapotranspiration importante. Mais intéressons- nous aux
différents éléments du climat durant ces dernières
années pour avoir une idée de son évolution et ainsi
tenter de comprendre ses impacts sur le couvert végétal.
2.1 La pluviométrie
La pluviométrie est considérée comme un
facteur essentiel qui permet aux paysages végétaux non seulement
de se développer mais aussi d'être dans les conditions optimales
de régénération pour satisfaire les besoins de l'homme.
L'eau est à la base de la vie sur terre : «Sans elle, rien ne
pousse. Sans elle, la vie n'est pas possible pour une raison précise :
c'est avec l'eau que les autres éléments de la terre s'associent
pour constituer la matière vivante
42
végétale, animale et humaine. »6
Ces mots montrent le rôle indispensable de l'eau dans la vie humaine mais
également celle des végétaux. Les précipitations
sont d'une importance capitale pour la végétation car ce sont
elles, qui différencient les milieux biogéographiques ; sans eau,
il n'ya pas de végétation. La baisse de la pluviométrie
entraine une fragilisation du couvert végétal qui devient
progressivement plus mince et plus clairsemé dans les milieux arides. On
parle d'aridification du milieu.
Ainsi l'analyse des données pluviométriques
recueillies à la station de Vélingara qui couvre notre zone
d'étude montre une répartition qui est irrégulière
dans le temps. Dés lors, il semble intéressant de voir le
comportement de cette série dans le temps.
Graphique 2 : Evolution des
précipitations à la station de Vélingara de 1995 à
2010
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve9.png)
1400
1300
1200
1100
1000
900
800
700
600
500
1995199619971998199920002001200220032004200520062007200820092010
Années
P(mm)
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
L'analyse de la figure 2 montre que l'évolution de la
pluviométrie entre 1995 et 2010 à la station de Vélingara
alterne des périodes de déficits et d'excédents par
rapport à la moyenne de la série. Ainsi on observe 7
années (1995, 1997, 2000, 2001,2002 ,2006 et 2007) qui sont
déficitaires. On note également que durant cette même
période, certaines années ont enregistrées des totaux
pluviométriques qui dépassent les 1000mm. C'est le cas en1999,
2003, 2004,2009 et 2010. Cette situation confirme le caractère
irrégulier des précipitations dans le temps et dans l'espace. La
moyenne de la série est de 896.5mm. Cependant elle cache
6 Dupriez H. et Leener Ph., 1990. Les chemins de
l'eau : ruissellement, irrigation, drainage (manuel tropical), L'harmattan,
380p.
43
des disparités importantes avec des extrêmes qui
varient de 609.2mm en 2001 à 1316.1mm en 1999.Donc on remarque une
baisse notable de la pluviométrie après l'année record de
1999.
La comparaison de ces chiffres par rapport à la
moyenne fait apparaitre un excédent de 46,8% (écart moyen
relatif) pour la même année et un déficit hydrique de
l'ordre de 31,07% en 2001. Cette fluctuation des pluies dans la zone n'est pas
sans conséquences pour le couvert végétal. En effet selon
Dupriez Hugues et Leener Philipe (1990) « Les plantes ne réagissent
pas en fonction de normes ou de moyennes de pluies annuelles ou mensuelles,
mais bien en fonction des quantités d'eau disponibles au jour le jour
dans le sol raciné. » Or ces quantités disponibles sont mal
réparties à travers les années et particulièrement
durant l'hivernage. Dans le massif forestier de la C.R de Kandia, l'essentiel
des pluies se concentre durant les mois de juillet, d'août et de
septembre. L'étude de l'évolution des cumuls
pluviométriques enregistrés durant ces mois peut nous
éclairer davantage sur le caractère irrégulier de cet
élément du climat.
Graphique 3 : Comparaison des courbes
d'évolution des précipitations durant les mois de juillet,
d'août et de septembre.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve10.png)
400
700
600
500
300
200
100
0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
2008 2009 2010
JUILLET AOUT SEPTEMBRE
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
Ce graphique représente l'évolution de la
pluviométrie durant les mois les plus arrosés de l'année :
la courbe du mois de juillet est en bleu ; celle d'août en rouge et le
mois de septembre en vert clair.
44
L'observation des courbes permet de constater une
évolution très variable de la pluviométrie pendant les
mois de juillet, d'aout et de septembre durant cette période. En effet,
on remarque des pics qui correspondent à des maximums de
précipitations pour le mois d'août. Il s'agit de des années
1996, 1999, 2003 et 2009 avec respectivement 570mm ; 574mm ; 459mm et 479mm. On
note que la quantité record de pluie tombée (574mm) correspond
à l'année 1999 où l'on a assisté au maximum de
précipitations dans la zone avec un total estimée à
1316mm. Il existe donc une corrélation entre les quantités de
pluies tombées au mois d'août et le cumul pluviométrique
annuel. D'ailleurs c'est durant ce mois que les quantités de pluies les
importantes sont enregistrées pour la période 1995-2010. Cette
situation s'explique par le fait que cette période correspond au milieu
de l'hivernage. Toutefois, on note qu'en termes de moyennes enregistrées
pour la période c'est-à-dire 19952010 c'est le mois de juillet
qui est le plus arrosé avec une moyenne de 373mm, août 324mm et
septembre 215mm. On remarque une baisse des précipitations
annonçant le retrait progressif du front intertropical (FIT) responsable
de la pluviométrie.
Au total une étude approfondie des différentes
courbes montre des variations parfois importantes au cours des années.
On retrouve une alternance des périodes d'excédents
pluviométriques et de déficits.
On retiendra en ce qui concerne les différentes
courbes : pour le mois d'août, la tendance est à la baisse des
quantités de pluies observées. Il y'a un raccourcissement de la
période des précipitations qui se concentrent vers la
2eme quinzaine du mois. Quant aux mois de juillet et de septembre,
on constate une tendance stable sinon légèrement à la
hausse des précipitations. Cette situation peut s'expliquer par le fait
que le mois de juillet est souvent considéré comme un mois
très pluvieux ainsi que celui de septembre sans une longue
période de repos ou d'accalmie de la pluie. Par contre pour le mois
d'août, on constate chaque année une période d'arrêt
des précipitations qui ne reprennent que vers la fin du mois.
Globalement, il faut dire que ces différentes observations
dépendent des caractéristiques pluviométriques de chaque
année.
Ainsi, ce phénomène de déficit hydrique
d'une année à l'autre oblige les végétaux à
développer des stratégies d'adaptation face ces conditions
hostiles du milieu. C'est ce qui fait qu'on observe en saison sèche un
stress de la végétation dans la forêt communautaire de
Kandia. Ce qui conduit à une perte des feuilles pour la majorité
des arbres durant les mois les plus secs de l'année. Les photos
suivantes illustrent bien le phénomène de perte des feuilles
observé dans le massif forestier. En effet, il s'agit d'une
végétation caducifoliée.
Photo1 : Feuilles d'arbres
sèches Photo2 : Phénomène de stress
végétal
45
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve11.png)
|
Clichés : Baldé M. M., juin
2013
|
|
|
Ces deux photos ont été prises durant le mois
de juin dans la forêt communautaire de Kandia. On observe sur la
première des feuilles d'arbres sèches qui jonchent le sol
à cause du manque d'eau. La deuxième montre un stress
végétal des arbres qui sont dépourvus de leurs feuilles.
Pourtant, les premières pluies étaient déjà
enregistrées. Mais cela n'a pas encore changé l'état de la
végétation. Il faut que noter la saison sèche est une
période très longue et chaude éprouvant ainsi durement la
végétation.
Concernant le manque d'eau pour la végétation,
DIAW A. T. (sous la direction)7 note que « La
végétation souffre énormément de ce déficit
pluviométrique très accusé qui correspond, en
réalité, à des changements très visibles dans
l'aspect, la composition et la biologie des formations forestières qui
font ressortir un net rapport de causalité» . En outre, Monique
Mainguet (1985) identifie un certain nombre de signes de
vulnérabilité du couvert végétal observés
lors de la sécheresse des années 1970. Cette
vulnérabilité s'exprime par :
- un départ retardé de la feuillaison ;
- un retard dans l'apparition des fruits ;
- une chute précoce des feuilles, donc une
durée de la période de feuillaison réduite pour certaines
espèces ;
- une diminution du pourcentage et de la période de
floraison ;
- une réduction du poids de matière
sèche, de la production foliaire en particulier pour les arbres les plus
jeunes entre autres.
Ceci montre l'importance de l'eau pour la
végétation c'est-à-dire sa disponibilité en
quantité suffisante pour le maintien normal des organismes vivants. Dans
ce même ordre d'idées, selon les auteurs de l'étude sur la
péjoration climatique et la dégradation des formations
forestières en Haute- Casamance « Ce déficit hydrique
profond et prolongé amplifie les effets de
7 DIAW A. T. non daté (sous la dir.).
Péjoration Climatique et dégradation des formations
forestières en Haute Casamance (Sénégal) ,40p.
46
l'évaporation, aggrave le déficit de la
vapeur d'eau dans l'atmosphère et accroît la transpiration des
végétaux surtout en saison sèche. Cette situation est en
partie à l'origine de la réduction de la floraison, de la
feuillaison et de la fructification ». Par ailleurs, d'après
Demangeot (1992 cité par A. Cissé, 2008), les formations
forestières ne peuvent exister que lorsque les conditions climatiques
fournissent un minimum de précipitations et de vents pas violents, par
conséquent, si ce minimum n'est pas atteint, l'écosystème
se dégrade. Ceci conforte l'idée selon laquelle le déficit
pluviométrique est en partie responsable de la dégradation de la
forêt communautaire de Kandia. Mais l'évaporation a
également sa part de responsabilité dans ce processus.
2.2 L'évaporation
L'évapotranspiration désigne le
phénomène de transfert de l'eau de l'espace souterrain à
l'espace aérien (Dupriez et Leener, 1990). Elle peut aussi être
définie comme une déperdition biologique et physique du sol et
des végétaux en va peur, en gros du monde vivant. Autrement dit,
c'est l'ensemble des pertes d'eau subies par les sols et les
végétaux. Dans cette étude, il s'agit des pertes d'eau
subies par le couvert végétal. C'est un phénomène
fortement influencé par la température. Le
phénomène évaporatoire est très important dans la
communauté rurale de Kandia à cause des fortes
températures durant surtout la saison sèche. Cette situation ne
joue pas en faveur de la végétation car celle-ci est soumise
à une adaptation qui nécessite de développer des
stratégies face à la sévérité des conditions
climatiques de la zone. La tropicalité est très accentuée
puisque la région ne bénéficie pas de l'influence de
l'alizé maritime pour adoucir les températures. Les moyennes
annuelles dépassent les 300mm à la station de Vélingara
(voir graphique 4).
47
Graphique 4 : Courbe d'évolution de
l'évaporation à la station de Vélingara de 1995 à
2007
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve13.png)
390
380
370
360
350
340
330
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
2007
Evaporation(mm)
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
L'analyse des données de l'évaporation à
la station de Vélingara montre une évolution qui est à
l'image de celle des précipitations. On observe des années de
forte évaporation et d'autres qui le sont moins. La moyenne de la
série est de 368mm. Si on compare ce chiffre au reste de la
série, on se rend compte que le minimum de l'évaporation commence
avec 341mm qui correspond à l'année 2003 où la
pluviométrie a atteint un total de 1150mm. Quant au maximum de
l'évaporation, c'est en 1995 qu'il a été enregistré
à la station de Vélingara et pourtant on constate que cette
année est déficitaire en termes de précipitations
estimées à
769mm. Dés lors on est tenté de s'interroger
sur les facteurs qui influencent l'évaporation.
En effet, il s'agit essentiellement de la température
enregistrée durant l'année surtout en saison sèche et la
quantité totale d'eau tombée. Donc plus la température est
élevée, plus la demande évaporatoire est forte d'une part
et plus le volume de pluies est important, moins la quantité d'eau
restituée à la nature est importante, d'autre part. On estime que
l'évaporation restitue plus de 60% de l'eau de pluie à
l'atmosphère pendant les années à excédent
pluviométrique et jusqu'à 100% durant les années
déficitaires. C'est ce qui explique que les années au cours
desquelles la pluviométrie est excédentaire, il y'a une
évaporation moins
48
importante. La compréhension du phénomène
nécessite de prendre en compte la température et les
précipitations enregistrées. Ainsi dans le massif forestier de la
C.R de Kandia, le phénomène varie d'une année à
l'autre en fonction de ces paramètres. Mais analysons
l'évaporation durant les mois les plus chauds de l'année pour
voir l'évolution qui en résultera.
Graphique 4 : Evolution de
l'évaporation bac moyenne mensuelle durant les mois de mars, d'avril et
de mai pour la période 95-2007 à la station de
Vélingara
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve14.png)
19
17
15
13
11
9
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
2007
Mars Avril Mai
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
Le graphique indique l'évolution des moyennes
mensuelles de l'évaporation des mois les plus chauds de l'année.
Ainsi, on remarque plusieurs points d'intersection entre les différentes
courbes qui indiquent les mêmes quantités d'évaporation
enregistrées au cours des années. A titre d'exemple, on peut
noter qu'en 1995 l'on a enregistré durant les mois de mars et de mai les
mêmes quantités d'eau évaporée. C'est aussi ce qui
s'est passé en 1997 concernant les mois d'avril et mai. En outre, le
minimum de l'évaporation s'est déroulé au courant du mois
de mai où l'air commence à devenir humide sous l'effet de la
mousson, vent responsable de la pluie.
Par contre, le pic de l'évaporation à la
station de Vélingara correspond au mois d'avril 2002 où l'on a
enregistré une moyenne mensuelle de 17mm. D'ailleurs, il faut dire que
ce mois est celui où le phénomène évaporatoire est
le plus fort avec une moyenne qui tourne autour de 13.38 alors que les mois de
mars et mai enregistrent respectivement 11.38 et 11.61 durant la même
période. Cette situation s'explique par le fait que le mois d'avril est
le mois le plus
49
chaud avec les fortes températures qui dépassent
parfois 40°c. En fait, le mois d'avril se trouve au milieu de la saison
sèche avec ces fortes températures alors que le mois de mars
correspond à une période relativement fraiche et en ce qui
concerne, le mois de mai, c'est le début progressif de l'installation de
l'hivernage.
Au total à l'instar des autres éléments
du climat dans le département de Vélingara, l'évolution de
l'évaporation durant les mois de mars, avril et mai reste
caractérisée par une variation dans le temps. C'est un
phénomène qui reste tributaire de la température.
D'ailleurs c'est ce qui va nous permettre d'intégrer la
température dans les analyses.
2.3 La température
L'évolution et la distribution des températures
sur le territoire sénégalais résultent de la conjonction
de trois facteurs (Atlas national du Sénégal, 1977). Il s'agit
:
- du facteur cosmique ou mouvement zénithal du soleil
qui détermine généralement l'évolution des
températures en l'absence d'autres éléments.
- les facteurs météorologiques qui
interviennent par les caractères thermiques propres aux masses d'air, la
nébulosité et les pluies qui réduisent l'insolation et
abaissent les températures.
- Et enfin les facteurs géographiques et tout
particulièrement la continentalité, c'est-à-dire
essentiellement l'éloignement par rapport à la mer qui a pour
conséquence principale l'accroissement des températures et des
amplitudes thermiques.
Dans la forêt communautaire de Kandia, c'est surtout le
troisième facteur qui imprime un caractère déterminant des
températures. En effet, la position géographique de la zone est
fortement soumise à la continentalité car se trouvant à
l'intérieur des terres, loin des influences de l'alizé maritime.
On distingue ainsi deux grands régimes thermiques :
- Des températures relativement basses de juillet
à février où les minimax peuvent descendre jusqu'à
16°C au mois de janvier et février.
- Les moments de forte chaleur concernent la période
mars- juin où les maximaux enregistrés dépassent les
40°C avec des amplitudes journalières supérieures à
10°C. A présent, nous aller jeter un regard sur l'évolution
annuelle des températures à la station de Vélingara pour
voir les incidences négatives que cela peut engendrer pour la
végétation au niveau de notre zone d'étude notamment par
le biais de l'évapotranspiration.
50
Graphique 5 : Evolution de la température
annuelle de 1995 à 2011 à la station de
Vélingara
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve15.png)
31
30
29
28
27
26
25
24
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
2008
T°C 2 Moy. mobile sur pér. (T°C)
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
Ce graphique représente l'évolution des moyennes
annuelles de la température au niveau de la station de
référence de Vélingara. Il s'agit de la moyenne des 12
mois de chaque année de 1995 à 2011. Cette moyenne cache
cependant des réalités thermiques plus élevées. On
constate que les températures représentées ici ne
dépassent pas les 31°C durant cette période. Mais dans la
réalité, les maximas mensuels se situent au-delà des
40°C pour les mois de mars, avril et mai qui correspondent
généralement à un ensoleillement très
remarquable.
L'analyse de la courbe d'évolution permet d'affirmer
que les températures au niveau de la station en question suivent un
rythme irrégulier au fil des années. Ce fait est mis en
évidence par la courbe sur les moyennes mobiles pondérées
sur deux périodes. Elle définit la tendance de moyennes mobiles
pour voir le comportement de la variable étudiée.
L'examen du graphique montre une fluctuation des
températures moyennes annuelles qui témoigne d'une
irrégularité des précipitations dans le temps. Dans
l'ensemble, les températures se situent en dessous de 30°C. La
moyenne qui est de 26,7°C traduit une zone relativement chaude. On
remarque une évolution en « dents de scie » de la
série. Par exemple, on voit que l'année 1995 qui est
déficitaire en termes de pluviométrie a une moyenne de
température de 29,8°C. Par contre la température la plus
basse de la série est enregistrée en 2004 où, il a plut
1027,3mm. La conclusion qui mérite d'être tirée est que la
pluviométrie a une influence sur la température d'un lieu
donné. Il y'a une évolution parallèle entre les deux
variables ; c'est-à-dire dans le même sens. La température
est fonction des précipitations dans
51
le temps et dans l'espace. Toutefois, ici, les périodes
de déficits pluviométriques correspondent à de fortes
températures et inversement les excédents de
précipitations à celles des basses températures. Le
caractère de haut et de bas des températures durant la
série s'explique par l'alternance d'années de déficits et
d'excédents des pluies. Ainsi on peut diviser la courbe en deux
tendances : les années de basses températures (2004, 2005 et 2011
avec respectivement 25,83 25 et 26,47°C) et les années de forte
chaleur pour le reste car la valeur des températures est largement au
dessus de la moyenne de la série.
Il faut noter que les températures
élevées ont des impacts négatifs sur le couvert
végétal car elles augmentent l'évapotranspiration qui est
une donnée fondamentale en ce qui concerne le besoin en eau des plantes.
La combinaison de ces deux facteurs dans le massif forestier imprime un
caractère dégradant des ressources forestières en ce
qu'ils constituent un frein à l'épanouissement des
végétaux.
2.4 L'humidité relative
L'humidité relative exprime le pourcentage de vapeur
d'eau contenu dans l'air et la capacité d'absorption de ce dernier
à une température donnée. Elle varie en fonction de la
température et constitue un indicateur de la saturation de l'air. Dans
la forêt communautaire de Kandia, l'humidité relative se
caractérise par une forte oscillation entre la saison sèche et
celle des pluies. Elle est plus forte durant le maximum des
précipitations qui se déroulent au mois d'août et de
septembre. Cette période coïncide à une saturation de l'air
en vapeur d'eau accompagnée de températures relativement basses.
Le vent qui domine est la mousson venue du sud. Par contre, le minimum de
l'humidité se déroule pendant les périodes de forte
chaleur durant la saison sèche où la demande évaporatoire
est très importante dans la zone à cause de l'ensoleillement.
Cette situation est caractéristique des zones tropicales qui sont
marquées par de fortes températures durant presque toute
l'année. Nous allons voir l'évolution de cette variable durant
les années passées.
52
Graphique 6 : Evolution de l'humidité
relative en pourcentage à la station de Vélingara de 1995
à 2010
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve16.png)
Humidité relative en %
40
70
60
50
30
20
10
0
Années
Source : d'après les données de
l'A.N.A.M.S
Au cours de ces années, l'humidité
relative à la station de Vélingara se particularise par une
variation peu importante en comparaison avec celle de la température. On
remarque que les écarts annuels sont relativement faibles dans
l'ensemble et qu'il y'a aussi des valeurs qui se répètent dans le
temps. Par exemple nous avons un taux de 57% en 2007 et 2008 d'une part, et de
62% en 1995,1996, 2003 et en 2010 d'autre part. Toutefois, deux années
se dégagent du reste avec deux minimas en 2000 et 2009
dont les valeurs sont respectivement de 48 et 45%. On a donc une
évolution de l'humidité relative qui ne reflète pas celle
des précipitations. C'est ce qui nous permet de prendre en compte le
rôle de la température et de la vitesse du vent pour mieux cerner
ce paramètre.
L'analyse de cette évolution montre que la
situation est à la baisse de 2005 jusqu'en 2010 où i
l y'a eu une légère hausse du taux d'humidité.
Ainsi la diminution du pourcentage de vapeur d'eau contenu dans l'air rend
celui-ci plus chaud et sec augmentant de ce fait le taux
d'évapotranspiration du couvert végétal.
Au total les taux d'humidité
enregistrés au cours de ces années dépassent les 50% de
vapeur (moyenne de 57%) contenue dans l'air. Cependant, les écarts
journaliers peuvent être très importants à
cause de l'ensoleillement diurne.
53
La station de Vélingara est soumise à des
conditions climatiques qui sont fluctuantes au fil
des années rendant ainsi les ressources naturelles
plus vulnérables et plus particulièrement les paysages
végétaux. On peut parler de péjoration des conditions
climatiques qui rend plus vulnérable le couvert végétal
notamment en le fragilisant. Mais les agents d'érosion sont
également peuvent avoir des effets néfastes pour la
végétation.
3. Le rôle des agents d'érosion dans le
processus de dégradation du couvert végétal
Parmi les agents dotés d'un pouvoir
érosif, il y'a le vent et l'eau, qui dans certaines conditions
constituent des facteurs compétents dans la
mobilisation des particules de matières organiques utiles au sol.
3.1 Le vent
Le vent est l'expression du déplacement de l'air
à la surface de la terre. Ainsi il est le principal
élément déterminant de l'érosion éolienne.
Le pouvoir érosif du vent est défini par l'O.M.M
(2005)8, comme « cette propriété du vent qui
détermine sa capacité à entraîner et déplacer
un sol dénudé et sec en bon état d'ameublissement. »
En effet l'érosion éolienne est rendue possible lorsque la
vitesse du vent au niveau du sol atteint la limite nécessaire pour
entrainer les particules de sable. Ce déplacement est fonction de la
taille des particules et de la vitesse du vent. Dans la forêt
communautaire de Kandia, il y'a deux vents dominants. L'alizé
continental ou l'harmattan, qui souffle de novembre à mai (durant la
saison sèche) : vent chaud de direction est et s'accompagne de fortes
amplitudes thermiques. La forte évaporation observée durant la
saison sèche est en grande partie liée à la
présence de ce vent. En plus, la mousson qui vient de l'équateur
apportant les précipitations d'hivernage n'apparait qu'à partir
du mois de juin. Elle atteint son apogée durant les mois d'août et
de septembre. Ce vent vient du sud.
Si la vitesse du fluide est déterminante dans le
déplacement des grains de sable, il convient de noter que la
végétation constitue un obstacle non négligeable dans la
dynamique de lutte contre cette forme d'érosion. Le pouvoir
érosif du vent est surtout possible quand c'est sur un sol nu,
dépourvu de toute strate herbacée. Les photos 3 et 4 illustrent
le phénomène dans notre zone d'étude.
8 OMM : Organisation météorologique
mondiale, 2005.Le climat et la dégradation des sols n° 989, 34p.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve17.png)
54
Photo3 : sol nu dans le village de Doubirou Photo 4 :
champ exposé à l'érosion éolienne,
clichés BALDE M. M., 2012
Ces photos illustrent la vulnérabilité des
champs de culture à l'érosion éolienne. Ici, on est
à 1km du village de Doubirou. On remarque l'absence de couverture
herbacée sur le sol ainsi que les arbres ; une sorte de «
désert ». L'érosion éolienne peut facilement emporter
les particules fines du sol et les matières organiques.
Toutefois, en ce qui concerne le massif forestier de Kandia,
le sol est protégé pour une bonne partie par une strate
herbacée qui empêche le vent de jouer un rôle
prépondérant d'agent érosif. Le phénomène
est plus accusé dans les terres de culture où il n'y'a pas une
couverture végétale importante. Ce qui l'expose à
l'érosion éolienne surtout les tourbillons de saison sèche
qui sont très fréquentes dans la zone. A part ces espaces, le
vent ne présente pas un véritable potentiel érosif
susceptible de jouer un rôle déterminant dans le processus de
dégradation du massif forestier. C'est un domaine subguinéen
où la densité des arbres permet de casser la force du vent. Ce
fait relativise le pouvoir d'érosion éolienne. Au total, la
dynamique d'érosion mécanique ne peut pas être
considérée comme un facteur clef de la dégradation de la
végétation dans cette partie de la C.R de Kandia. On peut
également invoquer la part de l'érosion hydrique.
3.2. L'eau, source potentielle d'érosion
Si l'érosion est définie comme étant le
déplacement des composants du sol à la surface de la terre sous
l'action de l'eau ou de l'air en mouvement, celle dite « hydrique »
résulte des mouvements de l'eau à la surface du sol. En effet,
l'eau en mouvement est dotée d'une certaine énergie
cinétique qui lui permet de bousculer les différents composants
du sol et de les entrainer plus ou moins loin. Selon Dupriez et Leener (1990),
l'étude de l'érosion hydrique commence par l'observation de tous
les endroits où l'eau se déplace en contact avec le sol. Ils
distinguent trois mouvements essentiels dans l'érosion hydrique :
- le splash, qui est le choc provoqué par les gouttes
de pluie sur le sol ;
- le ruissellement, déplacement de l'eau à la
surface du sol ;
- l'infiltration qui est le mouvement de l'eau à
l'intérieur du sol.
55
Mais selon l'O.M.M (2005), le déplacement et
l'éclaboussement des particules de sol par les gouttes de pluie ne sont
que la première étape du processus, qui se poursuit par
l'enlèvement des particules et une érosion supplémentaire
provoquée par l'écoulement des eaux. Toutefois, sans
ruissellement, l'érosion provoquée par les précipitations
reste négligeable.
Par ailleurs, la quantité de particules susceptibles
d'être mobilisée par les eaux de ruissellement est fonction de
l'ampleur de la pluie.
L'érosion hydrique est un phénomène qui
dépend également de la pente du terrain (relief) qui peut
accentuer le ruissellement augmentant ainsi l'ampleur des dommages subis par le
sol. Dans la forêt communautaire de Kandia, l'érosion hydrique est
renforcée par la présence d'un réseau hydrographique
constitué par des cours d'eau temporaire qui servent d'abreuvoirs pour
le bétail. Ces eaux de surfaces sont les lieux de dépôt des
différents matériaux emportés.
Photo 5 : Cours d'eau temporaire servant à
l'abreuvement du bétail
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve18.png)
Cliché : BALDE, M. M., 2013
Ce cours d'eau est l'un des composants principal du
réseau hydrographique de la zone Nord de la communauté rurale de
Kandia ; son nom est Bantanguel. Il reçoit les eaux de ruissellement de
plusieurs petites mares qui lui sont connectées. Ici, on est au mois
d'avril, en saison sèche. Après l'arrêt des pluies, l'eau
reste jusqu'en fin janvier. Ce qui permet aux villages environnants d'abreuver
leurs troupeaux.
Un examen plus approfondi des conditions écologiques
du massif forestier de la zone d'étude permet d'affirmer que ces
dernières ne militent pas en faveur d'un processus érosif pouvant
atteindre des proportions préoccupantes. En effet, cela se justifie par
le fait que c'est un milieu qui est plat, dans son ensemble et la couverture du
sol par la strate herbacée est assez importante pour résister au
phénomène de splash. Ces deux éléments jouent un
rôle limitant dans la dégradation du sol par l'eau.
56
Néanmoins, il apparait que ce sont les zones agricoles
qui subissent les effets du phénomène d'érosion car ce
sont des espaces qui sont nus sans aucune couverture herbacée leur
permettant de résister à l'attaque. Il s'agit des champs qui sont
le plus souvent situés entre les lieux d'habitation (villages) et la
limite de la forêt. Ils sont les plus exposés aux deux agents
d'altération. Dés les premières pluies, le
phénomène est perceptible à travers le ruissellement.
C'est ainsi que se manifeste l'érosion hydrique globalement participant
à l'appauvrissement des sols et donc à la dégradation du
couvert végétal puisque le sol constitue le support de ce
dernier.
57
Conclusion partielle
Le chapitre a cerné les caractéristiques
physiques générales du milieu d'étude, qui se
particularise par un relief plat avec des sols Deck joor et Joor. L'analyse de
l'évolution des données climatiques de 1995 à 2010 montre
une diminution et une irrégularité des précipitations dans
le temps et dans l'espace. Cette variation n'est pas sans conséquences
pour le couvert végétal surtout lorsqu'on se retrouve à un
raccourcissement de la durée de l'hivernage. En plus les fortes
températures entrainent une évapotranspiration très
importante qui contraint les végétaux à développer
des stratégies pour s'adapter aux nouvelles conditions.
Les agents d'érosion : l'eau et le vent
combinés à ces éléments du climat expliquent en
partie le processus de recul du couvert végétal. D'ailleurs on
peut faire une comparaison intéressante entre ce qui se passe dans la
communauté rurale de Kandia et la description faite par E. le Floch
(1992)9 concernant les régions arides et
semi-arides. Selon lui, ces dernières sont caractérisées
par la rareté et une forte variabilité dans le temps et dans
l'espace des précipitations, par l'intensité de
l'évaporation et par la précarité des ressources en eau.
Dans ces zones, souvent prédisposées à l'apparition des
phénomènes érosifs, la surexploitation des systèmes
écologiques naturels fragiles conduit à des changements
irréversibles et à une dégradation des systèmes de
production. Cependant, l'homme à travers ses différentes
activités est considéré comme étant le principal
responsable de cette situation qui lui menace car c'est sur le milieu physique
qu'il tire ses besoins vitaux.
9 Il s'agit de l'ouvrage
dirigé par E. le Floch, 1992. L'aridité : une contrainte au
développement .Caractérisation, réponses biologiques,
stratégies des sociétés, Paris, ORSTOM, 597p.
58
Chapitre 5 : Les facteurs anthropiques, principale
cause de la dégradation de la forêt communautaire de Kandia
Ce chapitre traitera de l'introduction de l'homme dans les
écosystèmes naturels. On abordera ainsi la charge anthropique sur
les milieux naturels à travers ses différentes activités
qui ont des incidences négatives sur les ressources naturelles comme la
végétation. En effet, dans le cadre de satisfaction de ses
besoins, l'homme expose les ressources mises à sa disposition par la
nature à une dégradation, voire à un épuisement.
1. L'activité agricole, fondement de
l'économie locale
Au Sénégal, l'agriculture occupe une part
importante de la population active car on estime qu'elle utilise plus de 70% de
la main d'oeuvre nationale même si elle représente un faible
pourcentage dans la formation du PIB. A l'instar de ce qui se passe au niveau
national, la communauté rurale de Kandia est composée en grande
majorité d'agriculteurs. C'est la première activité de la
zone qui nourrit l'ensemble de la population. D'ailleurs, la région de
Kolda regorge un potentiel agricole très important. Cet état de
fait lui confère la vocation d'une région agricole au sens large
du terme.
1.1. Caractéristiques générales de
l'agriculture
La Communauté rurale de Kandia dispose de terres
cultivables (PLD, 2011). Ces derniers font l'objet de plusieurs
spéculations par les populations. En outre, il faut noter qu'une partie
du bassin de l'Anambé est incluse dans la communauté rurale de
Kandia.
L'agriculture constitue la première activité
dans la CR. Elle est de type pluvial et extensif. Les principales
spéculations sont cultivées dans les champs de brousse, sur le
plateau et dans les vallées.
C'est une activité qui est surtout de type
traditionnel et se pratique à l'échelle de la famille. Le
matériel utilisé pour l'agriculture est toujours rudimentaire. Il
est à traction animale dans la plupart des cas. C'est elle qui assure
les principales ressources alimentaires et financières.
Les principales cultures pratiquées sont :
- le mil, le sorgho, le maïs et le riz comme culture
vivrière ;
- l'arachide, le coton pour les cultures de rente.
Ces cultures bénéficient de l'apport d'intrants
pour l'amélioration de la production. Il s'agit des semences, de
l'engrais et de produits phytosanitaires. Mais il faut signaler au passage que
beaucoup de ces produits sont détournés par les populations qui
préfèrent les revendre en
59
Gambie pour satisfaire leurs besoins alimentaires. En plus, la
C.R de Kandia est dotée en agents agricoles comme ceux de l'ANCAR, la
SODEFITEX et la SODAGRI dans le but d'appuyer les producteurs (PLD, 2011).
Par ailleurs il y'a une cohabitation entre agriculture et
élevage. Ce qui permet aux familles disposant d'un cheptel d'utiliser la
matière organique de ces animaux pour augmenter la fertilité des
sols. Mais au-delà de cette description de l'activité agricole,
il est important d'analyser l'évolution de la population en rapport avec
les superficies cultivées pour se faire une idée plus
précise du rôle dégradant du secteur pour la
végétation.
1.2. Lien entre agriculture et dégradation du
couvert végétal
Si l'agriculture est la première activité qui
fournit aux populations les ressources alimentaires et financières dans
la communauté rurale de Kandia, il n'en demeure pas moins qu'elle reste
un facteur de dégradation de l'environnement. En effet, le lien entre
croissance démographique et dégradation du couvert
végétal a été souligné par de nombreux
chercheurs. Le rapport sur l'état de l'environnement au
Sénégal (2005) souligne que « la pression humaine se traduit
principalement par des pratiques culturales ou pastorales inadaptées
».Pour le plan d'action environnemental régional (PAER, 2007) cette
pression se traduit en termes de défrichements abusifs et de
dégradation des sols. Ce qui représente une menace pour la
viabilité des systèmes de production.
Ainsi dans la Communauté rurale de Kandia, on observe
ce type de pratiques agricoles. Il y'a une croissance démographique
importante qui entraine une extension des champs à travers les
défrichements. Le rapport du ministère de l'environnement et de
la protection de la nature (MEPN) de 2005 estime que cette expansion agricole
est due par les faibles performances de l'agriculture, la dégradation
des sols et la nécessité de nourrir une population de plus en
plus pauvre et à forte croissance démographique. D'ailleurs la
population de la C.R de Kandia est passée de 18.111 habitants en 2004
à 22.582 habitants (PLD de Kandia, 2011). Les villages les plus
peuplées se trouvent au nord de la C.R et entourent la forêt
communautaire. La zone de Doubirou regroupe 43% de la population rurale de
Kandia avec un taux d'occupation des sols de 70% (POAS de Kandia, 2012).
Cette situation constitue un facteur potentielle de
défrichement et donc de déforestation. D'ailleurs ce qui est
étonnant, c'est que dans le cadre de l'élaboration du POAS, la
zone où se trouve la forêt communautaire de Kandia est
classée en ZAPA (zone agropastorale à priorité agricole)
et en ZAPE (zone agropastorale à priorité élevage). On
remarque donc une contradiction flagrante entre la perception des populations
et la volonté des autorités locales.
60
En effet on peut s'interroger sur l'avenir de cette
forêt communautaire dés lors qu'elle n'est pas prise en compte
dans le plan d'occupation et d'aménagement des sols
élaboré avec la participation des populations
locales. Mais intéressons-nous aussi à
l'organisation sociale de l'agriculture.
L'organisation de l'agriculture dans la zone permet
d'identifier deux types de champs : les champs collectifs et
les champs individuels. Les champs collectifs servent à l'alimentation
de la famille en général. On y cultive essentiellement du sorgho,
du mais ou du mil. Leur superficie varie en fonction de la taille de la
famille. Ils sont appelés « maaru »10. Le
« Kamagna »11 , quant à lui est le champ
individuel. Il permet de satisfaire les besoins financiers par la vente de la
récolte. Ici, plus le nombre de personnes de la maison est important,
plus les superficies emblavées le sont aussi. L'augmentation de la
population se traduit par une déforestation dans le but de trouver des
terres à l'ensemble des personnes en âge de pratiquer
l'agriculture au sein du ménage. Il y'a alors un
phénomène de réduction des superficies cultivables ainsi
que les jachères. Pour avoir une idée plus précise sur la
question, nous avons mené des enquêtes
auprès des populations en 2013 (graphique
7).
Graphique 7 : Types d'occupation en fonction des
personnes interrogées
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve19.png)
Propriétaire
Héritage
Cédée par le mari Champ familial
Defrichement Héritage+défrichement
Source : Enquêtes de terrain
10 Nom qui désigne le champ collectif
en milieu peul et sert de nourriture à la famille.
11 Champ individuel permettant au
propriétaire de trouver des ressources financières par la vente
de la récolte
61
L'examen du graphique 7 montre les différents types
d'acquisition de la terre par les populations. On remarque que 28% des
personnes interrogées ont hérité leurs champs de leurs
parents. C'est la proportion la plus importante, suivi de ceux qui affirment
qu'ils sont les propriétaires de leurs terres, soit 24% de l'effectif
total. Il apparait que l'essentiel des femmes interrogées ont obtenu
leurs champs par « don du mari ». Ce qui met en
lumière la difficulté des femmes à accéder à
la terre en dépit de leur droit reconnu par la loi sur le domaine
national.
L'occupation du sol par les deux modes d'acquisition :
héritage+ défrichement représente 10%. Ce taux signifie
que l'extension des terres de culture pour faire face à la croissance
démographique ne connait pas encore des proportions
démesurées.
En effet, pour la plupart des ménages
interrogés, il ressort que l'augmentation de la population n'a pas eu
comme effet une extension des champs de culture. Les personnes
interrogées affirment qu'elles n'ont pas défriché de
nouveaux terrains depuis plusieurs années. Selon elles, le fait de
demander une autorisation préalable au niveau du conseil rural rend la
situation plus compliquée. En effet, depuis l'adoption de la loi 96-07
du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux
collectivités locales, on assiste à un renforcement des pouvoirs
du conseil rural en matière de gestion domaniale. Désormais, les
populations rurales doivent formuler une demande d'affectation adressée
au président du conseil rural pour l'obtention d'une autorisation de
mise en valeur de la terre. Toutefois, on note qu'il y'a un décalage
entre ce que disent les textes de lois et la pratique sur le terrain. En effet,
durant les enquêtes menées, certaines personnes ont avoué
qu'elles n'étaient pas informées de ces dispositions relatives au
foncier et s'adonnent à des défrichements non autorisés
(photos 6 et
7). Photo 6 Photo 7
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve20.png)
Photo 6 : Défrichement
à des fins agricoles dans la zone de Doubirou, cliché BALDE M.
M., 2013
On observe à travers ces images une
déforestation pour un nouveau champ plus riche. Le bois mort jonche le
sol. Les cendres témoignent ici de la pratique de l'agriculture sur
brûlis.
62
Ces images montrent qu'en dépit de l'interdiction de
défricher à des fins de cultures sans l'autorisation du conseil
rural, qu'il existe encore des pratiques qui font fi de cette mesure. Pourtant
le chef de la délégation spéciale qui est au sein du
conseil rural, nous confiait que les demandes de défrichement
concernaient « des régularisations, en général ne
dépassent pas 4ha ». En se rendant sur le terrain, on se rend
compte que la situation est différente de celle qui est décrite
par les autorités locales. Globalement le phénomène de
recul du couvert végétal est plus accentué dans la partie
Nord du massif forestier. On observe une distance plus importante entre les
champs et le village (1,5à 2km) alors que la moyenne autour du massif
est de l'ordre du kilomètre. C'est dans ce secteur que l'érosion
éolienne est la plus manifeste car c'est un espace « désert
». Ce constat s'explique d'une part par le poids démographique de
cette zone et d'autre part, par les moyens dont disposent ces populations en
termes de possibilité de mise en valeur des terres.
En fait, ces villages sont habités par des
sarakholés qui disposent des tracteurs et des moyens financiers
conséquents pour cultiver des superficies relativement importantes en
comparaison avec le reste de la Communauté rurale de Kandia. Ce sont des
villages qui ont la chance d'avoir beaucoup d'émigrés et ces
derniers à la veille de chaque hivernage envoient à leurs
familles de l'argent pour l'achat d'intrants et aussi pour payer les services
d'un tracteur. Il s'agit de Doubirou (village le plus peuplé de la C.R),
Djida, Lambatara et Médina Mari Cissé.
Il est intéressant de mentionner que c'est dans ces
localités que les ventes frauduleuses d'engrais ont lieu. Cela
s'explique par le fait que certaines personnes n'ayant pas de ressources
financières suffisantes pour assurer l'alimentation de leur famille en
période de soudure, préfèrent détourner ces
intrants pour les revendre à ces populations à des prix plus
chers.
Une autre raison est que les villages situés dans
cette partie Nord de la communauté rurale de Kandia ne
bénéficient pas de l'engrais car la distribution de cet intrant
obéit à la condition de cultiver du coton qui est
commercialisé par la SODEFITEX. Or ces populations ont pour principales
spéculations les cultures vivrières comme le mil, l'arachide, le
maïs entre autres ; d'où la nécessité de recourir
à l'achat d'engrais pour améliorer la fertilité des sols
en dépit de la présence de cheptels bovins importants.
Par ailleurs, les résultats des enquêtes
semblent montrer que la diminution de la durée des jachères est
de plus en plus observée au sein des terres de cultures.
63
En somme, l'analyse des informations recueillies sur le
terrain aux moyens d'enquêtes et d'entretien dans la C.R. de Kandia
permet de confirmer le rôle néfaste de l'agriculture pour le
maintien de la végétation en termes de superficie dans un
contexte de croissance démographique. D'ailleurs, on assiste à
une réduction de la superficie du massif forestier au profit de
l'extension des champs de cultures.
1.3 L'évolution des superficies cultivées
entre 1999 et 2005
Les enquêtes menées auprès des
populations riveraines du massif forestier ont certes indiqué une
dynamique régressive mais sans pourtant donner des chiffres
précis du processus. Toutefois, le recours aux images satellitaires a
permis de combler cette lacune. En effet, l'analyse des images du satellite
Landsat en 1999 et 2005 permet de se faire une idée plus précise
de cette évolution. Il s'agit d'une analyse diachronique qui a aboutit
à deux cartes d'occupation du sol dont la comparaison donne des chiffres
de la dynamique de régression de la superficie forestière au
profit des espaces agricoles.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve21.png)
64
Source : BALDE M. M., 2013 d'après le
traitement des images de LANDSAT
65
Un examen minutieux de ces deux cartes fait ressortir
l'évolution des superficies agricoles et forestières durant la
période 1999-2005. Ainsi sur la carte d'occupation du sol de
l'année 1999, on y voit l'espace occupé par les espaces agricoles
ainsi que la superficie de la forêt. On remarque que la partie Nord de la
zone est celle où dominent les zones réservées à
l'activité agricole. Il s'agit des villages comme Médina Maye,
Médina Mari et Doubirou. Il y'a une dispersion des champs qui se
manifeste par des espaces « déserts ». La couverture
végétale est en vert foncé sur la première
carte.
Le Sud-est est également dans une forte pression
démographique qui se manifeste ici par l'importance des surfaces
agricoles. Bref, les espaces agricoles alternent avec ceux qui sont
occupés par le couvert végétal.
Quant à la carte d'occupation du sol de 2005, on
remarque une dynamique régressive de la superficie de la
végétation. Par exemple, il y'a eu une disparition d'une partie
considérable de la superficie de la végétation au centre
du massif. Vers la zone frontalière avec la Gambie, la surface
boisée a connu une diminution importante durant cette période.
L'analyse de ces deux cartes permet de constater que
l'évolution de la formation végétale suit une
régression en termes de superficie. Même les observations faites
sur le terrain confirment cette dynamique et en plus, il y'a une perte de
qualité qui est aussi notée. En outre, la cartographie de
l'occupation du sol entre ces deux dates s'est faite avec un calcul des
superficies de la couverture végétale ainsi que les zones
agricoles (tableau 7).
Tableau 4: Évolution
des superficies cultivées et de la végétation
(km2) de 1999 à 2005
Année
|
1999
|
2005
|
Zones agricoles
|
30
|
44
|
Superficie occupée par le massif
forestier
|
47
|
33
|
|
Source : d'après le traitement des
images de Landsat
Nous avons ainsi une augmentation des superficies
cultivées de 30 à 44, soit 14 en 6 ans. Ce qui illustre le poids
de l'agriculture dans cette partie de la communauté rurale de Kandia qui
reste la plus peuplée avec 43% de la population. Par contre, durant ce
même intervalle de temps, il y'a eu une réduction de la surface de
la végétation qui correspond également à 14.
Dans une analyse plus globale, il faut dire qu'un ensemble de
facteurs à la fois agricoles, sociaux, politiques et économiques
conditionnent et influencent les défrichements dans la
66
communauté rurale de Kandia. En effet,
l'appauvrissement continu des terres a amené les populations locales
à poursuivre les défrichements et à la réduction
des jachères. La poursuite et la diffusion des terres de cultures
attelées a rendu plus difficile l'intégration de l'arbre en
augmentant sensiblement la dimension des parcelles de culture surtout pour les
« Kamagna », champ individuel dont la récolte est
destinée à satisfaire les besoins financiers du
propriétaire. Par ailleurs, la réduction des jachères
combinées à la faiblesse de la fumure minérale ainsi que
l'inaccessibilité de la fumure organique aux personnes n'ayant pas de
bétail, ont provoqué une baisse des rendements. Cette baisse de
la production de la terre s'est manifestée à son tour par
l'accroissement compensatoire des superficies cultivées. On peut retenir
que la fertilité des sols diminue au fur et à mesure que le
couvert végétal disparait et les expose ainsi au lessivage par
les eaux de pluies et à l'ensoleillement. L'image d'un cercle vicieux
illustre bien la situation.
En plus, la culture de l'arachide et du coton qui occupent
une place prépondérante dans la zone ont largement
contribué à cette expansion des terres agricoles. Ces
spéculations sont très exigeantes en espaces et sont
accompagnées d'un cadre incitatif important (distribution de semences,
outillages, produits phytosanitaires) et d'une politique de mécanisation
agricole avec l'introduction d'un outillage moderne (Kandé M. A.,
2007).
La combinaison de ces différents facteurs explique
l'augmentation des superficies cultivées dans cette partie de la
communauté rurale de Kandia au détriment des ressources
forestières qui ont connu un recul de 14km2. Toutefois,
notons que cette augmentation des zones agricoles ne concerne que la
période 1999-2005. Depuis cette date, on ne sait pas de combien ont
augmenté ces superficies. L'absence d'images satellitaires
récentes qui couvrent la zone n'a pas permis de faire des estimations
afin d'avoir des informations précises sur l'évolution
récente du phénomène. De toute façon, le processus
de dégradation du couvert végétal s'est fortement
amplifié durant ces dernières années avec la pression
démographique qui y est présente. Mais qu'en est-il pour
l'élevage ?
2. L'élevage, deuxième moteur de
l'économie locale
Le département de Vélingara est très
connu dans sa vocation de développement du secteur primaire.
Le secteur de l'élevage est donc un de ces domaines
qui est en perpétuelle hausse. Il en est de même pour la
communauté rurale de Kandia qui pratique un élevage extensif du
type sédentaire avec une petite transhumance saisonnière :
pendant l'hivernage, on remarque un
67
petit déplacement des éleveurs avec leurs
troupeaux vers des zones un peu plus libres afin d'éviter la divagation
du bétail vers des zones de culture. En saison sèche, c'est le
déplacement vers le bassin de l'Anambé à la recherche de
points d'eau et de pâturages.
L'espèce bovine est la plus développée
dans la communauté rurale de Kandia avec plus de 25 000 têtes,
suivi des ovins, caprins, chevaux, porcs et volailles. En effet, les petits
ruminants sont estimés à l'ordre de 15 000 têtes (PLD de
Kandia, 2011).
La communauté rurale de Kandia est l'une des plus
grandes zones d'approvisionnement en viande de la commune de Vélingara
ainsi que du lait. Les quantités sont estimées à
prés de 2000 litres par jour selon la même source (PLD de Kandia).
Mais en ce qui touche la viande, le déficit de contrôle au niveau
de la communauté rurale fait que l'on ignore la quantité exacte
fournie par jour et par an. Ce phénomène est surtout dû au
manque d'agents du service de l'élevage.
Le type d'élevage pratiqué dans la
communauté rurale de Kandia repose sur un système extensif et la
transhumance. Les animaux dépendent entièrement de la
disponibilité du fourrage dans les parcours naturels et les
résidus des cultures dans les champs en saison sèche pour leur
alimentation. Ce qui exerce plus de pression sur l'environnement que le
système moderne intensif (PAER, 2007). Néanmoins, dans le souci
de valoriser le potentiel existant et une volonté de modernisation du
domaine, une introduction de l'insémination artificielle a permis de
réaliser des progrès vers un élevage intensif. Mais sans
trop s'attarder à la description du secteur, on peut s'interroger sur la
manière dont l'élevage pourrait jouer un rôle
déstabilisateur pour le couvert végétal
- Comment l'activité pastorale peut-elle
contribuer à la dégradation des paysages végétaux
?
Au Sénégal, les systèmes de productions
animales sont basés pour l'essentiel sur un élevage extensif
où l'alimentation du cheptel est assurée par le pâturage
naturel essentiellement fourni par les forêts classées, les
réserves sylvopastorales et les jachères (rapport du MEPN, 2005).
C'est ce qui se passe dans la communauté rurale de Kandia. Ainsi,
l'activité pastorale peut présenter dans certaines conditions des
incidences négatives sur les paysages végétaux plus
particulièrement sur certaines espèces comme le venn (pterocarpus
erinaceus) qui est très appété par le bétail
(Kandé M. A., 2007).
Selon le même auteur, cet appétit du
bétail pour le venn amène les éleveurs à pratiquer
l'émondage et l'ébranchage des espèces fourragères
durant la saison sèche. En effet, la
68
raréfaction du tapis herbacé fait recourir au
fourrage aérien. Un autre fait est que la dégradation des
conditions du milieu durant cette période (assèchement de
l'herbe) pousse parfois les éleveurs à mettre le feu pour
favoriser la repousse d'herbes vertes qui servent de nourriture au
bétail. Ainsi la régénération des formations
naturelles est retardée par la présence du bétail du fait
que les animaux préfèrent les nouvelles pousses que l'herbe
ordinaire. Les jeunes arbres constituent alors la « proie
préférée » des moutons, chèvres et boeufs.
La position géographique de la C.R de Kandia fait que
le phénomène d'amplification de la dégradation de la
végétation par l'élevage s'accentue durant ces
dernières années. Il y'a un nombre important de têtes de
bétail concentrés sur des parcours pastoraux qui se
rétrécissent d'une année à l'autre. Le massif
forestier de Kandia est un espace fragile confronté à une
augmentation considérable des effectifs des animaux qui y
pâturent. La proximité de la Gambie au nord est source de fortes
tensions entre éleveurs. En effet durant la saison sèche, de
nombreux troupeaux de bétails (ovins, caprins et ovins) transitent dans
cette zone pour aller vers l'Anambé où les conditions
naturelles sont plus favorables à l'activité pastorale. Outre,
les gambiens, on retrouve aussi des éleveurs venus du Fouta (Nord) et de
Tamba.
C'est durant ce passage que les éleveurs effectuent
des coupes abusives de certaines espèces d'arbres fourragers pour leur
bétail. Cette coupe se traduit par une destruction importante du couvert
végétal et des conflits entre populations locales et bergers
transhumants. Les lieux de passage de ces troupeaux se remarquent par le nombre
impressionnant de branches d'arbres coupées. Ce sont les grands sujets
qui font l'objet de ces émondages comme le dianela oliveri qui
est très appété par le bétail.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve22.png)
Photo 8 : Grand sujet coupé par
les populations Photo 9: Émondage des
grands arbres pour
l'élevage, clichés BALDE M. M., 2012
69
On voit sur ces images que ce sont les grands arbres qui sont
visés même s'ils ne se trouvent pas forcément en pleine
brousse. C'est prés du village de Saré Dicory dans un champ au
courant du mois d'avril.
Cependant d'autres bergers abattent les arbres vivants pour
mieux permettre aux animaux de brouter directement les feuilles. D'ailleurs,
cet état de fait n'est pas sans conséquences entre ces bergers
transhumants et les éleveurs locaux. Ces derniers estiment que leurs
ressources sont pillées avec la complicité des autorités
de la communauté rurale qui donnent l'autorisation aux éleveurs
en transit de s'y installer. Il y'a donc naissance de conflits autour des zones
de pâturage et des points d'eau entre éleveurs d'une part et
d'autre part entre éleveurs et agriculteurs. Le phénomène
de transhumance est très répandu dans la zone frontalière
avec la Gambie que ce soit en saison sèche ou en hivernage. Durant la
saison des pluies, les éleveurs de la Gambie préfèrent
venir installer leurs troupeaux avec un nombre de personnes réduits en
territoire sénégalais afin de bénéficier des
conditions favorables de pâturage jusqu'à la fin de l'hivernage.
Cette installation augmente la pression du bétail sur les
pâturages et fragilise le milieu récepteur de cet important nombre
de têtes de bétail. Ainsi la disponibilité des ressources
est fortement éprouvée par l'activité pastorale.
En définitive, l'activité pastorale dans la
communauté de Kandia et plus particulièrement dans la zone Nord
de la C.R est un facteur amplificateur de la dégradation des paysages
végétaux. Cette partie de la Communauté rurale subit de
fortes pressions liées aux pratiques agropastorales. Toutefois,
au-delà de ces activités, il y' a également l'exploitation
forestière qui exerce des effets négatifs sur
l'écosystème.
3. L'exploitation forestière,
phénomène déterminant de la dégradation du couvert
végétal dans la communauté rurale de Kandia
Le code forestier du Sénégal (1998) dans sa
partie réglementaire définit l'exploitation forestier en ces
termes : « l'exploitation forestière s'entend de la coupe ou de la
collecte des produits forestiers, notamment :
-le bois ;
-les exsudats, le mil et les huiles ;
-les fleurs, fruits feuilles, écorces et racines ; -la
faune sauvage terrestre, aviaire et aquatique.
70
Est également considérée comme
exploitation forestière l'utilisation de la forêt à des
fins touristiques ou récréatives (article R18) ».
Pour le service des eaux et forêts, c'est «
l'ensemble des opérations permettant la récolte et l'utilisation
avantageuse des ressources forestières » (DEFCCS, 1998,
p.2).12 C'est donc tout prélèvement de produits
naturels d'origine minérale, animale ou végétale sur une
formation forestière.
Ainsi définie, l'exploitation forestière
regroupe plusieurs acteurs ayant comme ressource commune la forêt. Pour
mieux analyser le secteur, nous distinguerons les coupes liées au bois
d'oeuvre, le bois énergie, la pharmacopée entre autres.
3.1 La coupe de bois d'oeuvre, cause de la disparition de
certaines espèces
La communauté rurale de Kandia est dotée d'un
potentiel de ressources ligneuses qui fait l'objet d'une intense exploitation
par les populations locales mais aussi par d'autres personnes venues
d'ailleurs. L'activité de coupe de bois d'oeuvre est très
dynamique dans le département de Vélingara. A cet égard,
la communauté rurale de Kandia a longtemps servi d'approvisionnement
à la commune de Vélingara. L'espèce la plus
convoitée est le venn. Mais aujourd'hui, elle a presque disparu à
cause de la forte pression qu'elle subit. Une visite sur le terrain permet
d'observer les dégâts écologiques causés par les
exploitants du bois d'oeuvre. La pratique a concerné d'abord les
formations qui étaient proches de la commune de Vélingara par la
coupe des troncs d'arbres. Au fil des années, la filière a connu
un regain d'intérêt qui s'est manifesté alors par une
intensification des coupes de bois faisant ainsi des dommages
écologiques irréparables. Tout ce processus s'est
déroulé sous le regard insoucieux des populations qui se
contentaient d'observer le phénomène. Pour le service des eaux et
forêts, le manque de moyens logistiques et de personnel est une
contrainte pour faire face aux différents contrevenants. En outre il
apparait dans nos investigations qu'il y'a une fraude importante de la part des
acteurs du bois d'oeuvre qui se déroule durant la nuit pour
échapper au contrôle des agents des eaux et forêts. Il
semble que certains de ces agents seraient corrompus d'après les
témoignages recueillis auprès des populations.
L'exploitation du bois d'oeuvre dans la communauté
rurale de Kandia se fait dans deux directions essentielles : vers la commune de
Vélingara avec des charretiers qui après avoir coupé les
troncs les acheminent pour les revendre aux chefs d'atelier de menuiserie.
Ces
12 Direction eaux, forêts, chasse et
conservation des sols, 1998 cité par Fofana B., 2001. Exploitation
forestière et suivi de l'évolution des ressources dans le Boundou
: état des lieux et perspectives, mémoire de maitrise, UGB, 133p
et annexes.
71
menuisiers possèdent des machines pour scier ces troncs
et les transforment en meubles. Ces derniers sont soit vendus sur place, soit
acheminés vers la capitale, Dakar pour y être vendus. En ce qui
concerne la zone frontalière avec la Gambie, ce sont des exploitants
étrangers qui sont basés dans les villages frontaliers avec ce
pays. Ici, l'espèce la plus menacée est le fromager car le venn a
été complètement décimé. Ces exploitants
venus de la Gambie disposent de scies électriques qui sont suffisamment
efficaces pour venir à bout d'un tronc d'arbre. Les observations sur le
terrain permettent de saisir l'ampleur du phénomène dans le
massif forestier et constitue un élément déterminant dans
le processus de dégradation du couvert végétal.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve23.png)
Photo 10 : phénomène de coupe
des grands arbres Photo 11 : Les exploitants forestiers
ciblent les grands arbres qui sont plus rentables, clichés BALDE M. M.,
2012
Ces photos illustrent la coupe des troncs de fromagers
qui sont destinés à la menuiserie locale. Après la coupe,
les troncs sont transportés par charrette au village. En ce moment,
certains troncs sont transformés en planches et d'autres sont vendus en
Gambie.
C'est en réalité une activité
très lucrative avec des ramifications de part et d'autre de la
frontière sénégalo-gambienne. D'ailleurs les propos du
chef de secteur du service des eaux et forêts de Vélingara
résument bien la situation : « « Il y'a un réseau
d'exploitants forestier basé en Gambie mais évoluant au
Sénégal ». Selon toujours ses propos, ce réseau
bénéficie de la complicité passive des populations locales
car ce sont elles qui hébergent ces étrangers pilleurs de leurs
ressources forestières. C'est dans ce contexte qu'il avait
adressé un rapport au préfet du département de
Vélingara par le même chef de secteur du service des eaux et
forêts pour lui alerter des conséquences néfastes que cette
exploitation frauduleuse de bois engendre.
Par ailleurs, les exploitants forestiers sont majoritairement
composés de « peuls fouta » qui ont des parents
installés dans la C.R. de Kandia et qui opèrent à partir
des villages frontaliers avec la Gambie pour accéder à la
ressource. C'est une activité bien organisée. En fait la
porosité de la frontière en complicité avec certains
individus permettent d'entretenir ce trafic
72
de troncs d'arbres. Avec la forte demande, la filière
connait une intensification avec les scies électriques qui sont plus
rapides pour la coupe. Donc elles font plus de dégâts que la hache
traditionnelle. Cette intense exploitation est loin de dissiper les craintes de
destruction irréversible de ce massif forestier si la dynamique actuelle
continuait.
En somme, il faut dire que l'exploitation clandestine des
ressources forestières est une question qui concerne toute la partie
Nord de la Casamance. A ce titre, le journal, le Quotidien daté du
vendredi 28 juin 2013 consacrait un large dossier à la question.
L'auteur de l'article écrivait que : « les ressources
forestières de la Casamance sont exploitées par un vaste
réseau de trafiquants de bois composé de
sénégalais, de gambiens et de chinois basé à
Banjul. Le phénomène a pris de l'ampleur ces dernières
années .......le produit issu de la fraude est exporté vers
l'Asie. Et la Gambie est la plaque tournante de ce commerce illicite qui
compromet l'économie locale (p.4) ».
Il faut noter que c'est le même phénomène
qui est observé dans la communauté rurale de Kandia. Ce sont les
espèces les plus préservées qui sont
décimées par ces exploitants frauduleux. Ces images prises au
mois de juin 2013 illustrent l'ampleur du phénomène.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve24.png)
Photo 12 : prise en juin 2013 Photo
13 : tronc de venn coupé, clichés (BALDE M. M., 2013)
Il s'agit des espèces comme le venne, le dimb,
cailcédrat et le rônier qui sont les plus recherchées. Ces
espèces génèrent une forte valeur ajoutée pour
l'artisanat et l'industrie. C'est une exploitation bien organisée.
En effet, les troncs d'arbres coupés sont
transportés en Gambie via les deux marchés hebdomadaires
situés à la frontière sénégalo-gambienne.
Ces marchés sont Sabi non loin de Bassé et Gambisara, deux villes
gambiennes. Ces deux villes servent de point de transit des produits issus de
l'exploitation. Par, ailleurs, la localité de Gambisara,
frontalière avec la communauté rurale de Kandia, est l'un des
plus grands dépôts de bois importé du
Sénégal. La position géographique de cette localité
lui confère un statut de ville carrefour pour le
73
département de Médina Yoro Foula, où le
phénomène d'exploitation clandestine du bois est très
développé et la communauté rurale de Kandia. Cette
situation fait de ce marché hebdomadaire une destination phare pour ce
trafic de bois.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve25.png)
Photo 20 : Exploitant forestier à
Djida,cliché BALDE M. M., 2013
La photo montre un exploitant forestier à Djida, un
village frontalier avec la Gambie. On voit que les arbres coupés sont
ensuite transformés en planches pour divers meubles. Ensuite les oeuvres
d'art sont vendues en Gambie. Ici on est à quelques kilomètres de
Gambisara, marché hebdomadaire très fréquenté les
mercredis.
Notons que l'exploitation clandestine du bois d'oeuvre dans
la communauté rurale s'effectue par un ciblage des grands arbres qui
sont plus rentables économiquement. L'usage de tronçonneuses
cause plus de dégâts écologiques dans la forêt
communautaire. Elle aboutit à la disparition des grands arbres ainsi que
les espèces ciblées. Ce qui n'est pas sans conséquences
pour l'équilibre écologique du milieu surtout quand on sait que
ces grands arbres y jouent un rôle fondamental.
Les enquêtes menées auprès des
populations riveraines du massif révèlent que 34% des personnes
interrogées pensent que les coupes abusives d'arbres constituent le
premier facteur de dégradation du couvert végétal
(graphique 8).
74
Graphique 8 : Causes principales de la
dégradation du couvert végétal en (%) selon les personnes
interrogées
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve26.png)
34
10
14
12
30
Feux de brousse Emondage (élevage) Bois-énergie
Coupes abusives
Défrichement suivi de brulis
Source : d'après les enquêtes de terrain,
2013
Comme on le voit, l'exploitation forestière
plus précisément, les coupes abusives de bois d'oeuvre sont
considérées par les populations locales comme étant la
principale cause de la dynamique de régression des ressources
forestières. En outre, on remarque que les feux de brousse
arrivent en deuxième position. Mais, on note aussi que
l'élevage à travers l'émondage (coupe des branches
d'arbres) occupe une part non négligeable (14%). Ceci montre le
rôle essentiel des coupes de bois dans ce processus de dégradation
quel que soit l'usage que l'on en fait.
Par ailleurs, l'analyse de cette exploitation
frauduleuse de bois dans cette partie de la communauté rurale de Kandia
présente une double perte pour les habitants. Tout d'abord le
caractère frauduleux de la filière constitue un manque à
gagner en termes de recettes pour le conseil rural. Ensuite, le pillage des
ressources primaires dans un contexte d'accroissement des besoins est une
menace pour la stabilité de l'écosystème, support des
modes de productions locales. Que se passera t-il pour les
populations si les ressources forestières venaient de se
terminer comme c'est le cas dans le Nord du pays ? La
réponse à cette question mérite d'être
cherchée.
En définitive, l a dégradation du
couvert végétal se manifeste dans ce cas à travers une
perte de biodiversité (disparition du bois de venn) et
une menace de disparition pour le fromager. C'est également une
diminution de la densité des paysages végétaux ; donc une
perte de quantité qui s'observe. La combinaison de ces
éléments prépare le massif à la dynamique de
l'érosion. Aussi les coupes pour le bois-énergie
ne peuvent pas être négligées dans cette dynamique, elles
ont des impacts qui doivent être considérer.
75
3.2 Bois -énergie et pratiques socioculturelles
« Lutter contre la dégradation des
écosystèmes forestiers tout en fournissant aux populations
urbaines une énergie abondante et bon marché qu'elles
réclament...C'est en ces termes que se pose aujourd'hui la
problématique de l'approvisionnement énergétique des
villes d'Afrique Noire » (G. D. Méo, 1998)13 . Hamed
Sow, (1990) dans Le bois énergie au Sahel environnement et
développement nous apprend que le bois constitue la principale source
d'énergie de la région, en moyenne plus de 80% de la
consommation. Selon lui, la totalité des ménages ruraux utilise
le bois pour la cuisson des aliments ainsi qu'une bonne partie des
ménages urbains. Les besoins en bois en milieu rural sont
généralement satisfaits par l'autocollecte des arbres morts. Les
enquêtes de terrain permettent de confirmer ce point de vue car
l'ensemble des femmes rencontrées déclarent qu'elles vont
directement s'approvisionner dans la forêt. Avec ces deux auteurs, nous
évoquons les incidences des coupes de bois de chauffe sur les ressources
forestières. En effet, la coupe de bois en milieu rural trouve plus de
facilité car la ressource est disponible en grande quantité
(même si tendance est à la raréfaction). Certaines
populations n'ont pas la culture de cuisiner avec le charbon. Elles sont plus
à l'aise avec le bois mort sur un foyer à trois pierres. C'est la
raison pour laquelle les femmes pratiquent la coupe du bois mort pour la
cuisson des aliments dans la communauté rurale de Kandia. Toutefois
selon des spécialistes, la cuisson des aliments avec le charbon est plus
économique que les foyers à trois pierres.
Le bois-énergie participe pour une bonne part à
la déforestation de l'écosystème forestier à cause
de l'augmentation des besoins.
En milieu peul, ce sont les femmes qui se chargent
elles-mêmes de la collecte du bois de chauffe. Cette collecte consiste
à couper les arbres morts et les rassembler en fagots. Ce qui ne
constitue pas un grand risque pour la dégradation du couvert
végétal. Mais, les femmes au-delà de la collecte du bois
mort, s'adonnent à la coupe du bois vert, c'est-à-dire les arbres
vivants. Ce sont les arbustes qui sont les plus concernés. Pourtant, ces
jeunes individus constituent le potentiel qui va assurer la
régénération naturelle du massif. Les femmes
interrogées justifient la coupe des arbres vivants par le fait qu'ils
sont plus combustibles durant l'hivernage. En fait, l'approche de la saison des
pluies est un prétexte pour couper et rassembler des quantités
massives de bois qui est destiné à la cuisson des aliments.
13 Méo G. D., 1998. Quelles énergies
domestiques pour les populations urbaines d'Afrique Noire ? In Énergie
populaire dans le Tiers monde Enda (Environnement Africain n° 20-21-22,
Vol v. 4, vol VI, 1-2, 405p.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve27.png)
76
Photo 14 : coupe du bois vert destiné
à la cuisine Photo 15 : Après être
coupé, le bois est rassemblé et rangé et même
ramené au village, clichés BALDE M. M., 2012
Sur la photo 14, on voit le paysage désolant des
arbustes qui font l'objet de destruction de la part des femmes de
ménage. Ensuite, le bois est rassemblé et séché au
soleil pour après être ramené au village pour la
cuisine.
Ce phénomène est amplifié p ar les
gambiens qui s'approvisionnent également en bois de chauffe dans cette
forêt. D'après les enquêtes faites auprès des
villages situés prés de la frontière comme Doubirou, le
volume que représentent ces prélèvements serait de
plusieurs charrettes par jour. C'est une exploitation frauduleuse de
bois-énergie qui se fait en complicité avec les populations de
ces villages. Par ailleurs, la coupe du bois à des fins de cuisson est
l'oeuvre des hommes en milieu Sarakolé. Ici les femmes n'interviennent
pas dans le processus d'exploitation. Elles attendent que les maris apportent
le bois de chauffe nécessaire pour la cuisine. Dans l'accomplissement de
cette collecte de bois, les « Sarakolés » utilisent des
tracteurs qui ont une plus grande capacité de stockage de bois. Ce qui
fait que les ressources forestières disponibles sont soumises à
une surexploitation. Globalement, on observe une régression des
superficies boisées avec un éloignement de ces espaces par
rapport aux villages et une raréfaction des arbres morts. En effet, il
y'a une crise complexe au centre de laquelle se trouve l'arbre en tant que
« facteur de production » (protection des champs contre
l'érosion pluviale et éolienne, reconstitution de la
fertilité des sols...) et comme produit énergétique, sans
oublier ses autres usages nutritionnels (fruits parfois, aliments pour le
bétail) et médicinaux (Sow H., 1990).
La communauté rurale n'est pas encore ouverte à
l'exploitation du charbon car les quotas alloués à la
région de Kolda en la matière concernent pour le moment la C.R de
Sinthiang Koundara dans l'est du département de Vélingara. Mais
il y'a déjà des signes qui laissent penser que la filière
charbon de bois ne tardera pas à s'installer dans la zone. Dés
lors on peut se demander si l'ouverture probable de cette communauté
rurale à l'exploitation du charbon
de bois ne serait pas une activité qui risquerait
d'aggraver davantage le processus de
77
dégradation du couvert végétal dans cet
écosystème fragile. L'avenir nous édifiera sur cette
question. En attendant, intéressons nous aux impacts des feux de brousse
sur les paysages végétaux.
3.3. Les feux de brousse
Les feux de brousse constituent un fléau au
Sénégal comme dans les autres pays du Sahel. Ils sont reconnus
comme une des sources principales de dégradation des ressources
forestières (Decleire, 1999). 14
D'après lui, différentes études basées sur le suivi
des placettes permanentes ont permis de constater que les zones
affectées par les feux de brousse de façon
répétée se caractérisent par :
- une diminution progressive de la diversité des
essences représentées et des potentialités de
régénération des essences plus sensibles au feu
- des dégâts de feu plus important sur les arbres
de petits diamètres
- une plus grande diminution du stock de bois vivant et du
stock de bois mort sur pied dans les forêts les plus
dégradées
- une plus grande proportion d'arbres morts sur pied dans les
savanes arborées moins dégradées.
Toutefois, Michel Petit (1990) nous apprend que les feux de
brousse ou d'herbe sont l'objet de controverses et possèdent une double
fonction :
- débarrasser le sol du feutrage que constitue
l'accumulation sur place de matière sèche qui ralentit ou
élimine les jeunes pousses ;
- nettoyer le sol des animaux nuisibles.
Mais il note que le vrai problème se trouve dans les
excès car le feu est indispensable. Car au-delà des effets
directs causés par les feux, leur répétition est à
l'origine d'une évolution régressive des superficies
boisées. Cette évolution se traduit par un dégagement de
chaleur qui accroit la vitesse de minéralisation de la matière
organique qui perd ainsi son rôle stabilisateur : « la destruction
des agrégats organo-minéraux, qui favorisent l'infiltration, rend
les sols battants. De la même façon, la chaleur entraine un
durcissement superficiel qui s'oppose à la pénétration des
eaux lors des premières averses. Ce qui fait qu'on observe un
accroissement du coefficient de ruissellement pernicieux en saison des pluies
».
14 Il s'agit d'une étude
menée par Yanek Decleire en novembre 1999 pour l'ONG allemande GTZ sur
le développement de la gestion des feux de brousse au
Sénégal
78
Ainsi à travers ces deux auteurs, il ressort que les
feux de brousse présentent des effets dangereux pour le couvert
végétal. On peut même dire que les feux de brousse
constituent un indicateur de désertification dans la mesure où il
s'attaque principalement à la biomasse végétale et les
arbustes. En effet, l'ampleur du feu est souvent fonction de l'importance de la
biomasse végétale. Le Centre de Suivi Écologique
(1999)15 estime que dans les zones de grand incendie, la
quantité de biomasse mesurée à l'hectare dépasse
les six tonnes par endroits. C'est ce qui explique que la majorité des
incendies repérés au Sénégal sont localisés
dans la partie Sud et Sud-est du pays. Selon ce même document, la
densité de la végétation dans la partie sud du territoire
peut justifier la fréquence et le caractère violent des incendies
qui surviennent parfois lors des préparations agricoles. Toutefois,
selon le rapport du MEPN de 2005, en zone soudanienne, l'impact de ces feux sur
la strate herbacée est moindre. En effet, des études faites sur
les effets des feux de brousse dans la communauté rurale de Bandafassi,
en savane soudanienne, montrent qu'en dépit de la destruction de la
couverture herbacée, la végétation se reconstitue quelle
que soit la période de mise à feu (Diatta, 1998 cité par
le même rapport).
D'après les observations de terrain, on peut dire que
le massif forestier de Kandia présente des conditions écologiques
favorables à l'émergence d'incendies violents. Cette partie de la
communauté rurale de Kandia n'échappe pas à cette
situation. Elle est soumise à des feux de brousse
répétées et particulièrement violents. A ce titre,
selon les enquêtes de terrain, les feux de brousse apparaissent comme la
deuxième cause de dégradation du massif forestier (voir graphique
8). D'ailleurs, certains villages sont souvent victimes de ces incendies.
Notons au passage que c'est durant les mois de janvier et de février que
le pic des feux de brousse qui ravagent des centaines de milliers d'hectares de
terres propices à l'agriculture est atteint (ibid.).
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve28.png)
Photo 16 : Photo 17 :
15 Il s'agit d'une étude menée par Y.
Decleire en 1999 sur le développement de la gestion des feux de brousse
au Sénégal et qui a cité le Centre de Suivi
Écologique.
79
On voit ici que la couvert végétale est
détruite ainsi le tapis herbacé par les flammes qui ont tout
balayé sur leur passage dans la forêt communautaire, cliché
BALDE M. M., 2012. Pourtant, beaucoup d'efforts de reboisement avaient
été accomplis par les populations riveraines appuyés par
le service des eaux et forêts de Vélingara.
Mais on peut s'interroger sur les causes de ces feux ?
Il existe une littérature assez importante sur les
feux de brousse. On retiendra que l'analyse des causes de feux renvoie toujours
à la présence d'activités humaines. Les feux de brousse
sont très liés à certaines formes de mobilité qui
relèvent des activités humaines, à travers des modes de
vie, de mise en valeur de l'espace ou d'appropriation des biens et des
ressources naturelles. Cette observation est corroborée par l'importance
relative des zones brûlées dans les parties du
Sénégal les plus concernées par ces stratégies de
mobilité (Ferlo, Sud-est et frontières) et leur faible ampleur
dans le quart occidental où la sédentarisation est plus
marquée. 16
Ajoutons que parmi les modes d'appropriation des ressources,
la récolte du miel est souvent citée comme étant une des
causes principales des feux de brousse dans la C.R de Kandia. Mais il y'a aussi
les exploitants forestiers qui sont responsables de ces incendies. Ce qu'on
remarque dans la zone, c'est que ces derniers passent la journée dans la
forêt à couper des troncs d'arbres. Et le plus souvent, ils
profitent pour faire du thé en allumant du feu. Parfois, ce feu
allumé est laissé pendant plusieurs jours sans être
éteint. D'où l'apparition d'incendies incontrôlés.
En outre, la mobilité des personnes autour des marchés
hebdomadaires (loumas) et la dispersion subséquente qui y suit sont
considérées comme un risque potentiel d'incendie.
Or la communauté rurale de Kandia entretient des
relations très dynamiques avec la Gambie.
Ces relations sont fondées sur des échanges
commerciaux rendus possibles grâce à l'existence de deux
marchés hebdomadaires en territoire gambien mais accessibles aux
sénégalais. Cette situation peut être un
élément qui participe à la recrudescence des feux dans la
forêt communautaire de Kandia. Ceci est renforcé par le fait que
lors de notre première visite de terrain au moins de décembre, le
phénomène des feux de brousse n'était pas encore
perceptible. Mais nous avons été surpris de constater lors du
second séjour de terrain que les flammes avaient emporté tout sur
leur passage alors que cette zone était pourtant à l'abri des
16 Centre de Suivi Écologique cité par
Y. Decleire en 1999
80
feux depuis plus de 4 ans. Ce qui a anéantit tous les
efforts qui avaient été menés par le service des eaux et
forêts de Vélingara, les autorités communautaires et les
populations environnantes. L'objectif était de sauvegarder cet
écosystème en incitant les populations à effectuer des
campagnes de reboisement et à entretenir les espèces
reboisées par l'établissement de pare-feux. La violence de
l'incendie a tout détruit. C'est toute la particularité des feux
de brousse qui ont le pouvoir de détruire des années d'efforts en
quelques minutes au détriment de tous ceux qui tiraient leur subsistance
de cet espace. Dés lors, les feux de brousse dans la communauté
rurale de Kandia doivent faire l'objet d'une attention particulière de
la part des populations pour sauvegarder les efforts consenties dans le cadre
de la préservation de l'environnement et des ressources naturelles.
3.4. Les autres formes d'exploitation des ressources
forestières
En dehors des différents usages faits des ressources
provenant de la forêt qui sont mentionnés un peu plus haut, il
existe d'autres utilités que les populations rurales en
général tirent de ce milieu. Essentiellement, il s'agit des
usages liés au bois de service, à la pharmacopée et
à la cueillette.
La forêt communautaire de Kandia a un potentiel de bois
qui offre une diversité de services aux populations rurales. Ainsi,
après la période des récoltes, certains paysans s'adonnent
à la construction d'enclos pour leur bétail (chèvres et
moutons). D'autres préfèrent clôturer leur maison et/ou
d'autres espaces pour des activités de maraichage. Le bois de service
est composé d'une coupe d'arbres morts pour les jardins de maraichage et
parfois de troncs d'arbres vivants pour les clôtures des maisons.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve29.png)
Photo18 : clôture à Doubirou
Photo19 : Des clôtures faites avec les troncs
d'arbres.
clichés BALDE M. M., juin 2013.
81
Notons que le type de bois dépendant du choix de la
personne. Il faut signaler qu'il ya un phénomène de coupes de
troncs de calcédrat destinés à la charpente des
bâtiments. Selon le président de la délégation
spéciale de la C.R de Kandia, les demandes d'autorisation concernant ce
type d'usage sont de plus en plus fréquentes. Ce qui montre la dynamique
de constructions de maisons entamée par les émigrés dans
la communauté rurale de Kandia.
L'usage grandissant du bois de service est une pratique
courante qui a une part, minime soit-elle dans le processus de
déforestation de la forêt communautaire de Kandia.
Pour la pharmacopée, les populations rurales font
recours souvent aux feuilles d'arbres, les racines et les écorces qui
servent à guérir certaines maladies. Par exemple durant nos
enquêtes de terrain, certaines personnes nous ont affirmé que la
médecine traditionnelle est encore bien implantée dans la zone.
Elle permet aux populations de recourir à certaines plantes pour des
besoins en santé. Néanmoins, en dépit des avantages
qu'elle offre dans ce domaine, elle constitue une source de disparition
progressive des essences utilisées. Le fait d'agresser l'arbre en
coupant les écorces la rend plus vulnérable. En ce qui concerne
les racines, ce sont eux qui permettent à la plante de tirer l'essentiel
de sa nourriture dans le sol. Si ces dernières font l'oeuvre de coupes
par les populations, c'est tout simplement la vie de la plante qui est
menacée. Malheureusement, ces pratiques sont courantes dans la zone.
Par ailleurs, la cueillette est une activité
pratiquée par les populations des villages proches du massif forestier.
Toutefois, il est difficile d'avoir des données sur les quantités
de fruits tirées chaque année. Cependant, le potentiel existant
en la matière est considérable.
Conclusion partielle
Les activités de l'homme dans le but de satisfaire ses
besoins vitaux et parfois même exagérés sont à
l'origine d'un processus de dégradation du couvert végétal
dans la forêt communautaire de Kandia. Un ensemble de facteurs à
la fois agricoles, sociaux, politiques et économiques conditionnent et
influencent la dégradation du couvert végétal dans la
communauté rurale de Kandia. Mais si l'homme est un prédateur, il
est aussi restaurateur du milieu naturel à travers les
aménagements qu'il effectue. Dés lors nous allons nous
intéresser aux différentes stratégies de gestion mises en
oeuvre dans la forêt communautaire de Kandia.
82
Chapitre 6 : Les différentes actions
menées au nom de la gestion du massif forestier
Dans ce chapitre, se pose la question de la gestion de la
dégradation constatée du couvert végétal par les
différents facteurs évoqués un peu plus haut. Il s'agit de
faire un état des lieux des différentes actions menées
dans ce cadre, de s'interroger sur leurs pertinence et limites. Enfin, on
tentera de faire une synthèse des expériences menées dans
le cadre de la gestion des ressources naturelles dans l'objectif de proposer un
modèle applicable ou adaptable à cette espace.
On peut dés lors, affirmer que processus de
dégradation du couvert végétal observé depuis
plusieurs années dans la forêt communautaire de Kandia a fait
l'objet de plusieurs initiatives ayant comme dénominateur commun la
volonté de maitriser le phénomène de fléchissement
des ressources forestières. Ainsi, plusieurs acteurs sont au centre de
ces différentes actions menées dans le cadre de la gestion de la
dégradation.
1. Les acteurs de la gestion de la dégradation
du couvert végétal
Nous retrouvons trois acteurs essentiels dans la perspective
de gestion de la dégradation des ressources naturelles dans la C.R de
Kandia.
1.1. Le conseil rural
La loi 96-07 du 22 mars1996 a transféré
d'importantes compétences aux collectivités locales parmi
lesquelles figurent l'environnement et la gestion des ressources naturelles.
La décentralisation, perçue comme un moyen de
transfert d'autorité et de responsabilité des fonctions et des
compétences du pouvoir central aux collectivités locales, vise,
outre le renforcement de la démocratie, à donner davantage de
pouvoir de décision à celles-ci pour les affaires qui touchent
directement la vie de leurs citoyens. Cependant, en matière de gestion
des ressources naturelles, il y'a une définition précise des
pouvoirs et des compétences qui sont transférées aux
collectivités locales. Ces compétences sont liées à
la gestion des ressources forestières du Domaine National comprises dans
le périmètre de la communauté rurale. Selon le code
forestier du Sénégal (1998) « L'exercice des
compétences que l'État a transférées sur les
forêts et terres à vocation forestière du domaine national
aux collectivités, ainsi que les obligations qui en découlent
pour celles-ci, sont précisés, pour chaque collectivité
locale, dans un plan d'aménagement forestier approuvé par le
Représentant de l'État (article L.7) ». Autrement dit que
les terres du domaine national se trouvant dans le
83
périmètre d'une communauté rurale doivent
faire l'objet d'un aménagement préalable avant toute action de
gestion de la part de celle-ci.
1.2. L'administration forestière
Dans le cadre de transfert de la gestion de l'environnement
et des ressources naturelles aux collectivités locales, la mission des
agents des eaux et forêts se résume à un appui technique,
à une protection et une surveillance des ressources. Ainsi, en
dépit, de la décentralisation de la gestion des ressources
naturelles aux collectivités locales, l'administration forestière
reste une partie prenante dans la gestion de ressources forestières.
D'ailleurs, toutes les tâches techniques comme la délivrance des
titres d'exploitation, le contrôle de la production ainsi que les saisies
et sanctions sur les contrevenants restent confiés à
l'administration forestière. Celle-ci conservera donc le contrôle
des recettes de l'exploitation même si une partie de celle-ci sera
cédée à la collectivité locale qui aura
réalisé des aménagements dans les formations
forestières relevant de sa compétence.
1.3. Les populations locales
Les populations locales sont désormais
intégrées dans la gestion des ressources naturelles dans le cadre
de la décentralisation par les autorités au niveau des conseils
ruraux. C'est l'approche participative qui est de plus en plus mise en exergue
par les pouvoirs publics. La gestion participative des ressources naturelles
procède d'une approche par l'intermédiaire de laquelle les
populations influencent la vision et les outils de gestion d'une ressource
naturelle qu'elles considèrent comme partie intégrante de leur
patrimoine. Elle postule la responsabilisation des acteurs locaux dans
l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi-évaluation des
stratégies de gestion et d'aménagement de la ressource, d'une
part, et la reconnaissance des savoirs et savoir faire locaux comme outils
pertinents de gestion durable, d'autre part. En outre, les populations sont
celles qui sont les plus concernées car elles sont en contact permanent
avec les ressources. Par conséquent, elles sont à même de
mieux gérer les ressources de leur terroir.
1.4 Les structures d'appui au développement :
Projets et ONG
Quelques organisations et programmes interviennent dans la
communauté rurale de Kandia. Elles sont entre autres : CRS, CLCOP,
TOSTAN, World Vision, UNICEF, Medicos del mundo et interviennent dans la micro
finance, la commercialisation des produits forestiers, l'encadrement des
organisations paysannes, le maraîchage entre autres.
84
L'objectif principal de ces organisations est de conduire le
développement de la CR dans un secteur bien déterminé.
Notons aussi l'implication indirecte de la sous-
préfecture et du service technique comme le CADL (Centre d'appui au
développement local).
2. Aperçu global des différentes actions
menées au nom de la gestion des ressources forestières dans la
C.R de Kandia
2.1. Contexte et état des lieux
Les différentes investigations menées sur le
sujet ont permis d'identifier plusieurs approches dans la gestion de la
dégradation de la forêt communautaire. On peut même dire que
l'aménagement de cette forêt est une réponse au
phénomène de dégradation des ressources forestières
observé à l'échelle de la communauté rurale de
Kandia. En effet, l'idée de créer une forêt communautaire
dans la C.R de Kandia remonte à 2005. L'objectif était de
constituer une réserve forestière pour la communauté
rurale en faisant des reboisements et en entretenant les espèces.
Au départ, toutes les parties prenantes (conseil
rural, les agents des eaux et forêts, populations locales)
s'étaient impliquées dans la mise en oeuvre du projet. Cette
mobilisation des différents acteurs avait permis de noter des
améliorations dans la préservation de ce massif forestier contre
les agressions anthropiques. En fait, dans cet espace, toute coupe de bois
ainsi que le pâturage des animaux étaient interdits. Toutefois,
cet engouement n'a duré que les deux premières années qui
ont suivi l'aménagement de cette forêt avant que les pressions
anthropiques ne reprennent le dessus. Mais, il semble intéressant de
jeter un regard sur les différentes stratégies qui se
succédé dans le cadre de la gestion des ressources naturelles.
2.2 Rappel historique de l'émergence d'une gestion
décentralisée des ressources
D'emblée, il faut dire que depuis fort longtemps, les
ressources naturelles ont fait l'objet d'une gestion centralisée de la
part des États. En effet, face à l'irrationalité
supposée des ruraux, l'Etat - colonial puis indépendant - a voulu
s'approprier les ressources naturelles pour
en garantir une gestion « rationnelle » (Delville,
2001 ). Selon lui, dans bien des cas,
l'argument de «
rationalité » qui légitime l'intervention publique
s'avère le plus souvent fondé sur une caricature des pratiques
paysannes et sur des intérêts corporatistes plus que sur une
analyse rigoureuse des pratiques locales.
85
Toutefois, cette approche verticale longtemps
prônée par les dirigeants politiques a montré ses limites.
Car elle n'a pas permis d'inverser la dynamique de régression des
ressources naturelles. C'est fort de cet échec dans le domaine de la
gestion des ressources naturelles et de l'environnement et de sa volonté
de promouvoir une gestion de proximité que l'Etat du
Sénégal a responsabilisé les collectivités locales
dans plusieurs domaines. Ainsi, la réforme de 1996 constitue un
changement d'approche dans le cadre de la décentralisation au
Sénégal. Le transfert de l'environnement et de la gestion des
ressources naturelles de l'État vers les collectivités locales
est un tournant historique et une rupture dans les modes de gouvernance.
Désormais, on parle d'implication des populations locales par la
participation de ces dernières à la prise de décision.
En fait, il faut noter que la décentralisation fait
des collectivités locales le principal centre de prise des
décisions relatives à la gestion des ressources naturelles en
donnant des perspectives réelles de développement de
l'entreprenariat rural privé. Les collectivités Locales sont le
lieu de mise en oeuvre d'approches communautaires. La prise en compte des
valeurs locales et de leur savoir faire est inévitable dans la
conception, l'élaboration et la vulgarisation de technologies de gestion
des ressources naturelles (PFS, 2005).
2.3 Analyse des différentes actions menées
dans le cadre de la gestion des ressources forestières
La gestion participative des ressources naturelles à
la mode à travers la décentralisation n'a pas été
en reste dans la Communauté rurale de Kandia. En effet le cadre de la
gestion des ressources forestières, on peut dire les populations
riveraines de la forêt communautaire de Kandia ont été
impliquées par le service forestier et encouragées par les
autorités locales.
En fait, (mais en réalité, il ne l'est pas)
après le supposé aménagement de ce massif par le service
des eaux et forêt de Vélingara, les populations locales devaient
assurer le rôle de protection et d'entretien des plantes
reboisées. Pour cela, une stratégie incitative fut adoptée
pour mieux les motiver à remplir efficacement cette mission. Il
s'agissait concrètement de fournir aux populations des vivres de
soudures pendant l'hivernage. Des campagnes de reboisement étaient alors
organisées par les villages environnants, regroupés en une
association inter-villageoise durant l'hivernage. Le service des eaux et
forêts fournissait un appui en pépinières ainsi que le
matériel nécessaire aux opérations de reboisement. En
retour, les personnes qui participaient à ces travaux
bénéficiaient d'un appui en vivres de soudure. La distribution de
ces vivres était faite en fonction du poids démographique de
chaque village. Cette méthode avait fait que les populations
s'intéressaient à la préservation de cette forêt.
86
Car elles trouvaient leurs intérêts dans la
distribution des vivres de soudure (riz, huiles, niébé...). Il
faut noter que pendant la saison sèche, le travail des populations
riveraines du massif consistait à établir des pare-feux pour
prévenir les incendies. D'après monsieur Séne, le chef de
secteur du service des eaux et forêts de Vélingara, le but
visé était d'accompagner ces populations dans la gestion de leur
environnement en les encourageant à mener des actions allant dans le
sens de surveiller les coupes et les feux de brousse. D'ailleurs, ce sont ces
personnes qui sont les principales bénéficiaires des ressources
dont dispose cet espace. S'il y'a une menace de disparition de ces ressources,
elles sont les premiers concernées.
Par ailleurs, rappelons que le processus de
décentralisation qui donne compétence de gestion de
l'environnement aux collectivités locales est une forme de
responsabilisation de celles-ci. Par conséquent, la gestion de cette
forêt communautaire relève du conseil rural de Kandia. A ce
niveau, une commission composée d'une dizaine de personnes est
chargée de surveiller le massif contre l'exploitation clandestine et
frauduleuse du bois. Mais, selon les populations riveraines que nous avons pu
interrogées, ces agents communautaires ne font que très rarement
des descentes sur le terrain et seraient corrompus par les contrevenants.
Malheureusement durant notre séjour de terrain, nous n'avons pas pu les
rencontrer pour vérifier ces propos. Quoiqu'il en soit, la
dégradation des paysages végétaux n'est plus à
démontrer. Il suffit de se rendre sur les lieux pour le constater.
L'examen des différentes stratégies
menées dans le cadre de la gestion de la dégradation du couvert
végétal montre qu'il y'a parfois des difficultés de
coordination entre le conseil rural et le service des eaux et forêts de
Vélingara. Les premiers affirment que les agents des eaux et
forêts ne remplissent pas leur rôle de surveillance des ressources
forestières contre l'exploitation frauduleuse tandis que les seconds
pensent que la responsabilité incombe au conseil rural. Sans trop nous
attarder à ces divergences d'opinion, notons simplement que la gestion
des ressources naturelles dans le département de Vélingara n'est
pas aisée pour l'administration forestière.
En effet, ce département partage près de 200
kilomètres de frontières avec trois pays de la sous région
: Gambie, Guinée Bissau et Guinée Conakry. Cette position
géographique pose de véritables défis dans la surveillance
de l'ensemble de cet espace. La porosité des frontières fait
qu'il est difficile, voire impossible de contrôler les différents
flux de personnes et de biens qui se déroulent entre ces pays.
87
En outre, l'administration forestière dans le
département de Vélingara est confrontée à un manque
de personnel et de moyens logistiques. A cet effet, le chef de secteur du
service des eaux et forêts de Vélingara nous informait que la
dernière dotation en matériels remonte à l'année
2007. Ce qui illustre les conditions difficiles de travail des agents
chargés de la surveillance et de la protection des ressources
forestières dans cette partie du Sénégal.
Toutefois, en dépit de ces difficultés
rencontrées, l'administration forestière dans le
département de Vélingara effectue un travail remarquable. A titre
illustratif, en 2009-2010, 60 millions de francs de recettes contentieuses ont
été versés au trésor public de Vélingara.
Selon l'article 30 de la loi n°96 -07 du 22mars 1996 portant transfert de
compétences aux régions, communes et communautés rurales
et de l'article R 65 du décret n°98-164 du 20 février 1998
portant application de la loi n°98-03 du 08 janvier 1998 portant code
forestier, le conseil rural perçoit les 7/10 du montant des amendes dont
les infractions ont été constatées dans les forêts
de la communauté rurale en dehors du domaine forestier de l'État.
Ainsi, ce sont 70% de cette somme qui ont été reversées
dans les caisses des collectivités locales du département de
Vélingara, soit 42 millions de francs. Cette performance montre le
dynamisme des agents des eaux et forêts. Ceci témoigne de la
volonté de lutter contre l'exploitation illégale des ressources
forestières de la part du service en question.
En ce qui concerne la communauté rurale de Kandia, il
y'a encore des efforts à faire. Si la plupart des conseils ruraux
disposent de budgets dérisoires, limitant ainsi sévèrement
leur capacité d'entreprendre les actions les plus fondamentales
liées à l'exercice des compétences qui leur sont
transférées (Écho des Collectivités Locales
n°3, 2002 cité par Déthié S. Ndiaye et
ali.)17, celui de Kandia n'a pas défini tout de même
une stratégie claire allant dans ce sens. A part les quelques actions de
sensibilisation des populations, il se contentait jusqu'à une date
récente, de dénoncer une exploitation frauduleuse des ressources
de son territoire et la passivité des populations locales face au
phénomène.
Enfin les populations quant à elles, ont adopté
de manière générale, une stratégie qui a
consisté à s'organiser en association inter-villageoise de
surveillance de la forêt contre les exploitants clandestins. Mais, cette
association inter villageoise n'est pas arrivée à des
résultats satisfaisants.
17 Déthié S. Ndiaye et ali. ?
Gouvernance locales et gestion décentralisée des ressources
naturelles au Sénégal, 8p.
88
En effet, après quelques années de travail, la
plupart des membres se sont retirés. Ils invoquent le fait de voir que
l'administration forestière relâche les personnes prises en
flagrant délit dans le massif par ces mêmes populations. En fait,
elles ne comprennent pas pourquoi les contrevenants ne sont pas punis. Selon
ces populations, il y'aurait une corruption de certains agents chargés
de patrouiller dans la zone. Notons que pour le village de Doubirou, des
résultats intéressant ont été obtenus car les
populations ont réussi à interdire aux charretiers gambiens de
traverser leur village pour la coupe de bois de chauffe. Mais à part
cette exception, l'attitude de la population de manière
générale se résume soit à un refus d'accueillir
dans leurs villages des exploitants forestiers ainsi que les éleveurs
venus de la Gambie, soit à l'accueil favorable de ceux-ci.
Si les populations locales ne sont pas déterminantes
dans la régression des ressources ligneuses, elles n'ont pas entrepris
d'actions significatives de restauration et de protection de ces ressources,
pourtant vitales pour leur survie. Même les actions de sensibilisations
menées par le conseil rural et l'administration forestière n'ont
pas permis à ces dernières de prendre conscience des défis
qui se posent pour la sauvegarde de cet écosystème.
Mais au-delà de cette analyse qui essaie de comprendre
l'attitude des acteurs pris individuellement, notons que l'élaboration
du plan d'occupation et d'affectation des sols marque un tournant dans la prise
en charge de la question.
En effet, face à la dégradation continue de
l'environnement et des ressources naturelles, le Conseil rural de Kandia
appuyé par ses partenaires a décidé de mettre en place un
POAS pour mieux gérer l'espace communautaire. Il faut dire que le POAS
est devenu un outil pertinent, de plus en plus incontournable dans la gestion
durable des ressources naturelles à l'échelle communautaire. Les
dispositions qui y sont prises de manière consensuelle par les
populations concernent principalement le domaine agricole, le domaine pastoral,
domaine forestier, le domaine de la pêche et le dispositif
organisationnel.
Ainsi donc, le Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols
est « la traduction des règles issues de la Convention Locale
mais appliquées à l'espace ». Il tire alors sa
légitimité de la démarche participative et inclusive de la
Collectivité Locale (POAS de Kandia, 2012.
On comprend dés lors la bonne volonté des
autorités locales de faire face à la dégradation des
ressources naturelles et particulièrement à l'exploitation
frauduleuse du bois dans la Communauté rurale. Cette nouvelle
démarche s'articule autour de règles qui sont établies
dans le cadre d'une convention locale, résultat d'un processus
participatif et inclusif de tous
89
les acteurs. Ainsi, le POAS propose un ensemble de
règles qui permettent de réguler l'usage des ressources de
même que de prévenir des conflits sociaux.
L'application de cette convention par les populations locales
devrait en principe améliorer la gestion des ressources naturelles et
permettre par la même occasion aux autorités locales de mieux
prendre en charge les questions relatives à l'environnement. Ces
règles indiquent la conduite à adopter dans l'utilisation de
l'espace et des ressources. Le non respect de ces règles entraine des
sanctions en fonction de la gravité de la faute.
Notons tout de même que ces sanctions ont une
portée contraignante pour l'usager et ne comportent pas un volet de
réparation. Par exemple, ce sont des amendes qui sont imposées
aux personnes pris en flagrant délit. Mais Philipe Lavigne (2001), nous
rappelle que des règles efficaces ne peuvent reposer sur la seule
coercition : « même en supposant que les personnes
concernées ne s'y dérobent pas, constater les infractions, juger,
faire appliquer les sanctions est très coûteux. Les règles
seront d'autant mieux respectées que les acteurs s'y conforment
spontanément et que l'application de sanctions reste exceptionnelle. On
peut compter sur la bonne volonté, sur l'adhésion
idéologique à des règles communes, sur le poids de la
tradition, mais rien de tout ça ne suffit (p.9) ».En fait,
selon lui, les acteurs ne respecteront les règles s'ils ont un
intérêt objectif à jouer le jeu collectif, même si
cela a un coût à court terme. Ce sera le cas si les règles
sont légitimes et réalistes, s'il y a des avantages objectifs
à les respecter.
Des interrogations se posent alors quant au respect par les
populations locales des règles issues du POAS. Car on peut dire qu'il
n'y a vraiment pas une forte adhésion idéologique pour reprendre
l'expression de Delville. L'analyse de la situation permet de craindre un
échec par rapport à l'application de la convention locale. Nous y
reviendrons plus tard. Signalons seulement que l'approbation du POAS par le
sous-préfet de Kounkané date de juin 2012, période assez
courte pour évaluer ses impacts dans le cadre de la gestion des
ressources naturelles. D'ailleurs, il est prévu une période test
de 2 ans pour l'application du POAS.
Au total, ces sont les différentes actions qui ont
été menées pour faire face à la dégradation
des ressources forestières dans la communauté rurale de Kandia.
Mais interrogeons nous sur la portée de ces différentes
initiatives pour essayer de ressortir les limites éventuelles.
90
2.4 Les limites des différentes actions entreprises
dans la gestion de la dégradation du couvert végétal
Le contexte de décentralisation au
Sénégal peut être considéré comme une
opportunité pour les collectivités locales de promouvoir une
gestion durable et participative des ressources naturelles à
l'échelle locale. Pourtant, l'évaluation de la
décentralisation dans le domaine de la gestion des ressources naturelles
et de l'environnement a montré que les collectivités locales ont
des limites certaines pour assumer, de manière satisfaisante, leur
rôle (PFS, 2005). Ces limites s'articulent autour des points suivants
:
- manque de précision dans la formulation de certaines
dispositions se traduisant par de multiples interprétations sur les
prérogatives des élus en matière foncière et
forestière par exemple ;
- faible engagement de la part des élus dans la prise en
charge effective de la gestion de ressources forestières ;
- insuffisance de la coordination, de l'harmonisation et de
l'intégration des interventions des différents acteurs, et
notamment des structures d'appui au développement forestier ;
- insuffisance de l'expertise au sein des CL malgré les
arrangements permis par les conventions pour mettre à leur disposition
une assistance technique disponible au niveau des services
déconcentrés ;
- insuffisances des moyens financiers et logistiques pour
faire face à leurs responsabilités dans les domaines
transférés.
Ainsi donc, ces différentes limites
énumérées par ce document mettent en évidence les
difficultés que les collectivités locales éprouvent pour
faire face à leurs responsabilités. C'est ce qui fait qu'on note
également des insuffisances en ce qui concerne la Communauté
rurale de Kandia concernant la gestion des ressources naturelles et
l'environnement.
En effet, il existe un manque de coordination entre le
conseil rural et l'administration forestière. Ce qui ne contribue pas
à une efficacité dans les interventions en vue de contrecarrer
les exploitants frauduleux du bois d'oeuvre dans la partie Nord de la C.R. Le
manque de moyens financiers et de personnels qualifiés qui
caractérisent la plupart des communes rurales constitue un handicap
à l'accomplissement des missions confiées au conseil rural.
En outre le choix des personnes chargées de surveiller
les coupes de troncs d'arbres ainsi que d'autres formes d'exploitation dans la
forêt communautaire de Kandia obéit souvent à
91
l'appartenance d'un parti politique. Cette démarche ne
privilégie pas les personnes motivées et capables de remplir la
tâche. On note que la plupart de ces individus choisis habitent dans des
villages éloignés de la forêt. Ce qui ne leur permet pas
toujours de s'imprégner de ce qui se passe dans le massif forestier
alors que le choix d'autres personnes habitants des villages alentours, aurait
pu être plus pertinent.
En plus, l'attitude des populations locales ne favorise pas
une gestion participative et responsable de la dégradation de la
forêt. Le fait d'observer le « pillage » des ressources par des
personnes venues d'ailleurs sans poser des actes responsables peut être
assimilable à de la complicité passive. Ce sont les limites qui
accompagnent les différentes actions menées dans la gestion de la
dégradation de la forêt communautaire de Kandia.
Toutefois, revenons sur le POAS qui certes, peut être
un bon outil de gestion des ressources naturelles mais requiert une acceptation
et une implication effective des populations locales. On peut dire qu'en
dépit de l'implication des populations dans le processus
d'élaboration de ces règles qu'il y'a des difficultés pour
changer le comportement des usagers des ressources. Il ne suffit pas de
réunir des personnes et leur demander leur vision par rapport à
la gestion de leur espace communautaire pour que ces règles soient
appliquées. Ce ne sont pas les populations qui se sont levées un
bon jour pour prendre en charge la question de la dégradation des
ressources naturelles, mais plutôt le conseil rural. Il ne s'agit donc
pas ici de communautés locales qui montrent leur prise de conscience et
leur capacité à trouver des arrangements institutionnels
endogènes en faveur d'une gestion collective et plus durable des
ressources naturelles (Etienne Verhaegen : 178).18
A tire illustratif, les observations de terrain pour le moment n'indiquent pas
de changement sur de l'état de dégradation des ressources
naturelles. Les entretiens effectués auprès de certaines
personnes montrent que les populations n'ont pas encore intégrées
cette nouvelle convention dans leur conduite quotidienne. Certainement, il
faudra patienter un certain temps pour faire une évaluation de l'impact
du POAS dans les objectifs qui lui sont assignés. Mais en attendant,
essayons de poser quelques pistes de réflexion pour un modèle de
gestion des ressources au niveau local.
18 Il s'agit d'une contribution
intitulé : Pouvoir local et gestion des ressources naturelles au Burkina
Faso in Sociétés rurales et environnement. Gestion des ressources
dynamiques locales au sud sous la dir. de G. Rossi, Ph. L. Delville et Didier
Narbeburu.
92
3. Quelle perspective de gestion des ressources
forestières dans le cadre du
développement durable ?
Tout d'abord rappelons que les ressources naturelles
renouvelables (ressources aquatiques, ligneuses, halieutiques,
cynégétiques, pastorales, produits forestiers non ligneux, etc.)
se caractérisent par le fait qu'elles sont prélevées mais
non produites. Dès lors, l'homme n'a que peu de moyens de peser sur les
volumes disponibles, qui découlent essentiellement de la
productivité de l'écosystème en question (sauf de
façon indirecte, par protection). Une exploitation durable passe
essentiellement donc par le contrôle des prélèvements, qui
doivent rester inférieurs à la productivité de
l'écosystème. D'où les débats sur la façon
de contrôler ce taux de prélèvement, d'autant que, le
« stock » étant limité, les ressources sont de type
« soustractif » : tout ce qui est prélevé par un
individu ne pourra pas l'être par un autre, d'où une concurrence
entre usagers potentiels (Ph. L. Delville)19.
On peut essayer de s'appuyer sur des expériences de
gestion menées ailleurs pour poser quelques pistes de réflexion.
Au demeurant, précisons qu'on ne prétend pas jouer le rôle
de consultant mais plutôt d'apporter une réflexion sérieuse
sur la question car c'est un des défis qui se posent aux
décideurs. Notons qu'il existe une diversité des formes de
participation communautaire à la gestion des ressources naturelles qui
ont fait leur apparition aux quatre coins du continent au cours des vingt
dernières années (Roe D., Nelson F. et Sandbrook C. (sous la
dir.), 2009 .
Cependant, dans le cadre d'identifier des pistes de solution
pour une gestion durable des ressources forestières, on peut en premier
lieu se référer aux différents projets et programme
menés à l'échelle de la région de Kolda. Il s'agit
particulièrement du Plan d'action pour l'aménagement forestier et
l'approvisionnement durable en combustibles domestique élaboré
par le conseil régional de Kolda pour la période 2013-2017.Ce
plan est adossé à la Nouvelle politique forestière du
Sénégal, évoquée un peu plus haut et au Plan
d'action environnemental régional (PAER) qui sont des outils importants,
des cadres stratégiques pour une gestion durable des ressources
forestières de la région. Les objectifs visés à
travers ce document sont entre autres :
~ l'aménagement des formations naturelles
classées et de terroir pour asseoir durablement leur gestion et leur
valorisation avec comme actions phares un inventaire et une description des
peuplements afin de connaître les ressources forestières
disponibles et les potentialités de régénération
car comme le note la PFS (2005)
19 Delville Ph. L., 2001.Quelle gouvernance des
ressources renouvelables ? La gestion des ressources naturelles dans le
contexte de la décentralisation en Afrique de l'ouest
93
l'évaluation de l'état actuel des ressources
forestières se heurtent à l'absence d'inventaires nationaux du
potentiel.
· Promouvoir l'utilisation de la meule Casamance pour
une meilleure valorisation du bois ;
· Renforcer la lutte contre les feux de brousse et
l'exploitation clandestine du bois.
Dans ce contexte, la communauté rurale de Kandia
pourrait bénéficier l'appui de ce projet pour non seulement
aménager ce massif et procéder à l'inventaire des
peuplements végétaux. Ceci permettrait une meilleure satisfaction
des besoins des populations en garantissant leur approvisionnement durable en
combustible ligneux. Il appartiendra à la collectivité locale de
Kandia de travailler dans ce sens avec ses partenaires pour arriver à
cet objectif.
Dans ce même ordre d'idées, il faut dire que la
région de Kolda a eu la chance de bénéficier un certain
nombre d'expériences intéressantes dans la gestion des ressources
forestières avec l'appui de ses partenaires. Certaines
communautés rurales comme celle de Dioulacolon située dans le
département de Kolda constitue un bon exemple. En fait, cette C.R est
arrivé à mettre en place un dispositif de gestion des ses
ressources forestières avec l'appui du PERACOD20. C'est un
projet qui concerne la filière charbon de bois où les populations
locales ont réussit à prendre en charge toutes les
activités (de la coupe à la vente). C'est un cas très
intéressant qu'on peut adapter à la C.R de Kandia.
En effet, la particularité de l'expérience
menée à Dioulacolon est que les populations locales sont au coeur
du dispositif de gestion de la filière. Elles se sont organisées
en Comité villageois de gestion et en association et/ou GIE (groupement
d'intérêt économique). Le tout est coordonné par un
comité inter villageois (CIV). Précisons que c'est sur la base
d'un contrat de gestion que le conseil rural de Dioulacolon a confié la
gestion de la forêt au CIV ; c'est-à- dire qu'il est responsable
de la mise en oeuvre du Plan d'aménagement et de gestion de la
forêt. C'est donc le CIV qui est habilité à se faire
délivrer au niveau du service forestier, les titres d'exploitation dans
le cadre de la mise en oeuvre du plan de gestion. De même, c'est le CIV
qui est habilité à délivrer les constats de production qui
sont un préalable pour l'obtention des titres d'exploitation. Cependant
la mise en oeuvre des filières mentionnées dans le plan
d'aménagement est assurée par les GIE.
20 PERACOD : Programme de Promotion des
Énergies Renouvelables, de l'Électrification rurale et de
l'Approvisionnement en Combustibles Domestiques financé par la
coopération allemande
94
Donc, on le voit bien ce sont des mécanismes qui
responsabilisent l'ensemble des parties prenantes. Ce qui laisse de place
à aucune association d'exploitants extérieure de la
Communauté rurale. Mais notons que si cette expérience à
réussi, c'est que les populations locales y trouvent leurs
intérêts et qu'elles ont été impliqué depuis
le début du processus. D'ailleurs la clé de répartition
des fonds issus de la vente du charbon s'établit comme suit : 80% sont
destinés aux producteurs locaux, 10% au Comité inter villageois
(CIV) pour financer l'exécution du plan d'aménagement à
l'échelle du bloc (lutte contre les feux de brousse, reboisement, mise
en défens, entretien des pare feux, régénération et
10% au conseil rural pour participation au budget du conseil rural. On remarque
que cette exemple contribue non seulement à une meilleure gestion des
ressources forestières mais aussi à améliorer le niveau de
vie des populations notamment par les revenus tirés de cette
filière.
Certes, la communauté rurale de Kandia n'est pas encore
ouverte à la filière du charbon de bois. Néanmoins cet
exemple d'implication des populations locales dans un processus tel que
celui-ci peut être très intéressant. Car il a de fortes
chances de parvenir à une implication effective des populations locales
dans la gestion des ressources de leur terroir. C'est donc un modèle
qu'on peut s'inspirer et l'adapter en fonction du contexte local qui est celui
de l'exploitation clandestine des ressources forestières. On pourrait
appuyer les populations à valoriser les ressources forestières
non ligneuses comme la filière anacarde et par la même occasion
les inciter à faire des reboisements. La clé de leur implication
est de faire en sorte qu'elles prennent conscience du phénomène
de dégradation de leur milieu ou qu'elles éprouvent un
réel intérêt à le faire. D'ailleurs, c'est dans ces
conditions qu'est apparue ce que V. Etienne (1998) appelle « une
expérience spontané, endogène de construction
institutionnelle pour la protection de la couverture ligneuse » au Burkina
Faso. Essayons de voir l'originalité de cette démarche.
En effet, il s'agit d'un comité inter villageois de
gestion d'une brousse constitué par 6 villages. Ce comité a
été en fait, initié par un villageois autochtone qui n'est
ni un chef de village, ni un chef de terres mais qui avait travaillé en
Cote d'ivoire. Certainement son expérience acquis durant son
séjour a beaucoup pesé dans le cadre de cette initiative. En
outre, la particularité de ce comité est qu'il s'est
constitué en dehors de toute aide financière et fonctionnait
jusque-là sans ressources financière extérieure. C'est une
réponse endogène des populations face à « une
dégradation importante de la brousse et devant l'incapacité des
autorités de réglementer ce types de problèmes, que les
autochtones Nuni, les migrants Mossi et gourmanché, et les
éleveurs peul se sont accordés à la fois sur un ensemble
de règles de
95
gestion de la brousse, sur les sanctions à prendre en
cas de non respect du règlement, ainsi que sur la manière de
faire respecter la loi (p.180) ».
Il est important de retenir ici que ce sont les populations
qui ont pris conscience du phénomène de dégradation de
leur milieu de vie pour se mettre d'accord sur un ensemble de règles de
gestion ; une convention locale. C'est toute la portée de ce cas car ce
ne sont pas des personnes venues d'ailleurs qui leur ont donné cette de
prise conscience. En plus, les initiateurs du projet n'ont aucun pouvoir ou
influence au niveau local. C'est après un diagnostic et une autocritique
de leurs pratiques que les habitants de ces villageois ont estimé
nécessaire qu'il fallait agir sans chercher un appui extérieur.
Dés lors, « l'argumentaire selon lesquelles seules les populations
locales peuvent avoir un intérêt à préserver une
ressource à long terme, et qu'elles ne peuvent le faire que si elles y
ont un intérêt objectif, que si elles ont un droit exclusif sur la
ressource, ainsi qu'une capacité à définir et faire
appliquer des règles d'accès et d'exploitation semble
incontestable » (Delville, 2001 : 24).
Une autre originalité de cette expérience locale
de gestion de la brousse réside dans le fait que les règles
établies ne sont pas uniquement coercitives ; elles comportent
également un volet de réparation de la faute commise. Par
exemple, dans le cadre de la coupe du bois, toute personne pris en flagrant
délit va non seulement planter un arbre et l'entretenir mais aussi payer
une somme prévue par le règlement. Enfin pour donner plus de
crédibilité à cette convention, les responsables ont
sollicité l'approbation du préfet qui sert de dernier recours en
cas de refus d'un individu de se plier aux règles établies. C'est
donc un exemple très intéressant de gestion de ressources par les
populations locales.
Dans le cas du POAS de la Communauté rurale, il faut
dire qu'il y'a certes des règles qui sont établies mais elles
relèvent plus d'une vision technicienne plutôt que celle des
populations. Aussi, ce n'est pas une initiative des populations locales mais
plutôt du conseil rural. Même pour l'application, les mesures sont
plutôt coercitives. Or il ne suffit pas d'imposer ce type de
règles pour avoir l'adhésion des populations. Cela d'ailleurs
peut entrainer un effet contraire à l'objectif recherché. Par
ailleurs, le POAS, n'indique pas les mécanismes qui feront respecter les
règles. Donc il faudrait encore que le conseil rural se donne les moyens
de faire respecter cette convention au niveau local.
Au total, ces quelques exemples de gestion des ressources
naturelles dans lesquelles les populations locales sont impliquées
constituent des cas qui peuvent servir de point de départ pour asseoir
une gestion durable des ressources naturelles dans la Communauté rurale
de Kandia.
96
Conclusion partielle
Devant le processus de recul du couvert végétal
de la forêt communautaire de Kandia, plusieurs actions visant à
inverser la tendance ont été menées par les
différentes parties concernées. La gestion des ressources
naturelles en générale et celles forestières en
particulier s'inscrit dans une logique de décentralisation qui vise
l'implication de toutes les parties prenantes. Mais, l'analyse des
différentes stratégies menées dans ce cadre, montre des
insuffisances liées au manque de coordination des actions d'une part, et
à la limite des moyens disponibles d'autre part. En dépit de
l'élaboration d'un plan d'occupation et d'affectation des sols par le
conseil rural de Kandia, il faut dire que le processus n'est pas encore
inversé. D'où la nécessité de mener une
réflexion dans la perspective d'une gestion efficiente et durable de cet
écosystème. En prélude à cette réflexion, un
certain nombre d'expériences de gestion des ressources naturelles
menées en Afrique, et même au niveau de la région de Kolda
pourraient servir de point de départ.
97
Conclusion générale
98
Au terme de ce travail mené dans le cadre du
mémoire de master II, on peut tirer quelques enseignements utiles. Tout
d'abord, la dégradation progressive des conditions climatiques a des
incidences négatives sur la couverture végétale. En effet,
l'évolution des conditions climatiques de 1995 à 2010 montre une
variation spatio-temporelle dans le département de Vélingara. En
réalité, on assiste depuis plusieurs années à une
péjoration des conditions climatiques qui se traduit par une
fragilisation de la couverture végétale. Cette fragilisation est
perceptible à travers le stress hydrique des plantes, l'augmentation de
la mortalité, l'installation difficile de la
régénération, la destruction progressive du tapis
herbacé et l'augmentation de la pression sur les arbres sur pied. Les
facteurs climatiques ont donc une réelle emprise sur le
développement des formations forestières mais ils ne sont pas les
seuls responsables de la dégradation du couvert végétal
dans la forêt communautaire de Kandia. Les actions anthropiques ont un
impact déterminant dans ce processus.
L'augmentation des superficies emblavées, la
commercialisation de produits forestiers comme le bois d'oeuvre, les coupes
abusives pour le bois de chauffe sont autant d'éléments qui ont
conduit à la rupture de l'équilibre entre les
prélèvements et le renouvellement des ressources. La
compétition exercée par les différents usagers à
travers des pratiques inadaptées comme la loi du « premier venu,
premier servi » a laissé la porte ouverte à la
dégradation. A ce titre, la croissance démographique a
entrainé une augmentation des zones agricoles de 14kilomètres
carrés entre 1999 et 2005.Dans la même période, la
superficie de la formation forestière a connu une réduction de
14km2. Mais ces chiffres ne rendent pas compte de l'ampleur du
phénomène actuellement. Depuis 2005, la pression a
considérablement augmenté et les besoins sont devenus plus
nombreux.
Ainsi, face à cette situation, il est apparu plus que
nécessaire pour les autorités de la communauté rurale en
collaboration avec le service des eaux et forêts de Vélingara, de
mener des actions de sensibilisation des populations et de surveillance des
ressources. Plusieurs initiatives ont vu le jour avec les parties
concernées. Parmi ces actions phares, on peut mentionner
l'élaboration du plan d'occupation et d'affectation des sols (POAS) par
le conseil rural en juin 2012. Ce qui illustre certes, la volonté
politique des autorités locales. Cependant, les populations locales,
acteurs majeures tardent encore à jouer pleinement leur rôle.
C'est certainement ce qui explique le statu quo dans lequel la forêt
communautaire de Kandia est plongée.
99
Dans une perspective de gestion durable des ressources
naturelles au niveau local, il existe un certain nombre de publications
scientifiques qui peuvent constituer le soubassement de toute réflexion
allant dans ce sens.
Au total, on peut retenir que la dégradation de la
forêt communautaire de Kandia s'inscrit dans un processus global qui
caractérise actuellement l'état des ressources naturelles. Du
moins, c'est la vision qui domine dans les modes de pensée dans les pays
en voie de développement. Mais, cette vision n'est-elle pas le
résultat d'une construction que l'Occident qui a voulu nous imposer ?
Georges Rossi nous invite à s'interroger sur un certain nombre
d'idées reçues : « Faute de comprendre les autres logiques
d'organisation du paysage, nos conceptions de l'organisation de l'espace ne
sont-elles pas inadaptées et susceptibles d'être l'une des causes
de l'échec de projets de développement ? Quelles sont les
conceptions, les visions, de la nature et des sociétés tropicales
qui sous-tendent implicitement les modes de gestion que l'Occident impose ?
Au-delà, ces approches correspondent-elles à une
réalité objective ou sont-elles marquées par notre propre
histoire et notre culture ? »
Dés lors, ces quelques interrogations posent la
question de la construction des discours et du savoir scientifique. Cela nous
amène alors à parler de la portée de ce travail de
recherche ; tant il est vrai qu'il existe une grande rhétorique sur la
dégradation de l'environnement dont nous n'avons pas
échappé à son influence. En termes plus claire, il faut
reconnaitre qu'en dépit de l'objectivité que nous avons
essayé de faire preuve tout au long de ce travail, qu'il ne saurait
être entièrement dépourvu d'une part de
subjectivité. C'est la caractéristique de toute oeuvre
humaine.
100
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Wébographie
1-www.landsat.usgs
2-www.minfinances.sn/pauvkd01.html
103
Table des matières
Dédicace 1
Remerciements . ..2
Sommaire 3
Avant-propos .4
Liste des sigles et acronymes ..5
Introduction générale 6
Première partie : Cadre théorique,
opératoire et méthodologique ....12
Chapitre 1 : Le Cadre théorique .14
1. Problème général de recherche 14
2. Problématique 14
3. Questions de recherche ...16
4. Intérêt et justification de la recherche
16
5. Délimitation du champ d'investigation 18
6. Objectifs de la recherche 18
Hypothèses 19
Chapitre 2 : Le Cadre opératoire 20
1. Définition des concepts ...20
2. Opérationnalisation des concepts 22
3. Schéma d'analyse conceptuelle 24
Chapitre 3 : Le Cadre méthodologique 26
1. La recherche documentaire 26
2. Les enquêtes de terrain 33
104
3. Traitement et analyse des données collectées
.34
Deuxième partie : Analyse des facteurs de
dégradation du couvert végétal et des stratégies
de
gestion ..35
Chapitre 4 : Les facteurs physiques 37
1. Morphopédologie et paysages végétaux
37
2. Le climat 41
2.1 La pluviométrie ....41
2.2 L'évaporation ...46
2.3 La température ....49
2.4 L'humidité relative .51
3. Le rôle des agents d'érosion 53
3.1 Le vent .53
3.2 L'eau, source potentielle d'érosion 54
Conclusion partielle ..57
Chapitre 5 : Les facteurs anthropiques, principale cause de la
dégradation 58
1. L'activité agricole, fondement de l'économie
locale 58
1.1 Caractéristiques générales de
l'agriculture 58
1.2 Lien entre agriculture et dégradation du couvert
végétal .59
1.3 L'évolution des superficies cultivées entre
1999 et 2005 63
2. L'élevage, deuxième moteur de
l'économie locale 66
3. L'exploitation forestière, phénomène
déterminant de la dégradation du couvert végétal
dans
la C.R de Kandia 69
3.1 La coupe de bois d'oeuvre, la cause principale de la
disparition de certaines espèces....70
3.2 Bois-énergie et pratiques socioculturelles 75
105
3.3 Les feux de brousse
|
..77
|
3.4 Les autres formes d'exploitation des ressources
forestières
|
80
|
Conclusion partielle
|
81
|
Chapitre 6 : Les actions menées au nom de la gestion de
la dégradation du massif
forestier
|
.82
|
1. Les acteurs
|
82
|
1.1 Le conseil rural
|
82
|
1.2 L'administration forestière
|
...83
|
1.3 Les populations locales
|
83
|
1.4 Les Structures d'appui au développement
|
.83
|
2. Aperçu des différentes actions menées
|
.84
|
2.1 Contexte et état des lieux
|
84
|
2.2 Rappel historique de l'émergence d'une gestion
décentralisée des ressources
naturelles ..84
2.3 Analyse des différentes actions menée dans le
cadre de la gestion des ressources
forestières 85
2.4 Les limites des actions entreprises 90
3. Quelle perspective de gestion des ressources
forestières dans le cadre du développement
|
durable ?
|
92
|
Conclusion partielle
|
96
|
Conclusion générale
|
..97
|
Bibliographie
|
..100
|
Table des matières
|
.103
|
Liste des illustrations
|
..106
|
106
Liste des illustrations
- Figures
Figure 1 : Croquis de localisation du secteur
étudié
Figure 2 : Schéma d'analyse conceptuelle
Figure 3 ; Carte des ressources naturelles de la C.R de Kandia
Figure 4 Carte de l'occupation du sol en 1999
Figure 5 : Carte de l'occupation en 2005
- Graphiques
Graphique 1 : Pourcentage des différents types
d'occupation du sol de la C.R de Kandia
Graphique 2 : Évolution interannuelle de la
pluviométrie
Graphique 3 : Comparaison des courbes d'évolution de la
pluviométrie durant les mois de juillet, d'août et de septembre
Graphique 4 : Évolution des moyennes annuelles de
l'évaporation
Graphique 5 : Evolution de l'évaporation (moyenne
mensuelle) durant les mois de mars, d'avril et de mai
Graphique 6 : Évolution de la température
moyenne annuelle
Graphique 7 : Évolution de l'humidité
relative en pourcentage Graphique 8 : Types d'occupation en fonction des
personnes interrogées
Graphique 9 : Causes principales de dégradation du
couvert végétal d'après les personnes
interrogées
- Photos
Photo 1 : Feuilles d'arbres sèches
Photo 2 : phénomène de stress
végétal
Photo 3 : sol nu dans le village de Doubirou
Photo 4 : champ exposé à l'érosion
éolienne
Photo 5 : Cours d'eau temporaire
Photo 6 : Défrichement à des fins
agricoles dans la zone de Doubirou
Photo 7 : Champ défriché
107
Photo 8 : Grand sujet coupé pour l'élevage
Photo 9 : Coupe de troncs d'arbres
Photo 10 : Tronc d'arbre destiné à la menuiserie
locale
Photo 11 : Les exploitants forestiers ciblent les grands
arbres
Photo 12 : Grand arbre ciblé pour la coupe
Photo 13 : exploitation illégale du bois d'oeuvre
Photo 14 : coupe du bois vert destiné à la
cuisine
Photo 15 : le bois est rassemblé
Photo 16 : Feu de brousse a
Photo 17 : Feu de brousse b
Photo 18 : clôture à Doubirou
Photo 19 : clôture faite à partir de troncs
d'arbres
Photo 20 : exploitant forestier à Djida
- Tableaux
Tableau 1 : Variables et indicateurs des concepts
Tableau 2 : Collecte des données dans les
différents lieux de documentation Tableau 3 : Techniques et outils de
collecte des informations sur le terrain
Tableau 4 : Évolution des superficies cultivées et
de la végétation de 1999 à 2005
108
Annexes
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve30.png)
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve31.png)
109
Ardente Nationale de la Météorologie du
Sénégal
VELINIGARA Humidité moyenne mensuelle minimale en %
Arnëe
|
Janv
|
Févr
|
Mars
|
Avr
|
Mai
|
Juin
|
Juif
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
1995
|
13
|
17
|
25
|
20
|
21
|
40
|
60
|
68
|
70
|
54
|
29
|
31
|
11996
|
19
|
18
|
24
|
22
|
25
|
36
|
52
|
63
|
66
|
57
|
30
|
18
|
1997
|
16
|
9
|
11
|
22
|
33
|
50
|
56
|
63
|
66
|
55
|
36
|
17
|
1998
|
13
|
17
|
11
|
15
|
19
|
34
|
56
|
69
|
70
|
55
|
29
|
18
|
1999
|
13
|
6
|
11
|
16
|
20
|
40
|
58
|
67
|
66
|
61
|
33
|
20
|
2000
|
15
|
11
|
13
|
15
|
21
|
42
|
59
|
69
|
68
|
59
|
31
|
19
|
2001
|
13
|
9
|
11
|
20
|
21
|
34
|
52
|
63
|
65
|
59
|
29
|
19
|
2002
|
19
|
17
|
11
|
22
|
25
|
40
|
55
|
69
|
62
|
58
|
26
|
20
|
2003
|
16
|
12
|
12
|
14
|
22
|
39
|
57
|
59
|
68
|
59
|
38
|
21
|
2004
|
16
|
17
|
11.
|
15
|
21
|
42
|
60
|
69
|
65
|
56
|
25
|
20
|
2005
|
13
|
18
|
13 !
|
20
|
25
|
34
|
52
|
59
|
63
|
55
|
23
|
21
|
2006
|
14
|
13
|
14
|
12
|
24
|
37
|
55
|
54
|
60
|
56
|
19
|
17
|
2007
|
12
|
11
|
9
|
10
|
12
|
38
|
41
|
65
|
65
|
50
|
23
|
16
|
2008
|
18
|
14
|
17
|
18
|
24
|
45
|
59
|
68
|
63
|
57
|
33
|
20
|
2009
|
15
|
16
|
15
|
15
|
23
|
45
|
62
|
71
|
67
|
58
|
34
|
19
|
2010
|
12
|
15
|
12
|
18
|
28
|
41
|
62
|
67
|
64
|
57
|
30
|
22
|
295
1996 1997 _998 1199 2009 2001 2002 2003 2004
2005 2006 2007 2003 2909 2010
VELINGARA : Humidité moyenne menseuiie maximale en %
Janv
|
Févr
|
Mars
|
Avr
|
Mai
|
Juin
|
Jail
|
Août
|
Sept
|
Oct
|
Nov
|
éc D71
|
42
|
54
|
57
|
57
|
73
|
84
|
92
|
97
|
98
|
95
|
95
|
72
|
55
|
57
|
70
|
76
|
74
|
77
|
90
|
95
|
96
|
95
|
95
|
73
|
63
|
48
|
36
|
66
|
75
|
88
|
92
|
94
|
96
|
94
|
94
|
62
|
41
|
52
|
42
|
58
|
61
|
72
|
90
|
97
|
96
|
94
|
92
|
73
|
43
|
48
|
50
|
68
|
69
|
81
|
92
|
94
|
92
|
92
|
93
|
72
|
45
|
47
|
49
|
68
|
71
|
78
|
90
|
92
|
93
|
93
|
93
|
73
|
€1
|
50
|
42
|
66
|
73
|
77
|
92
|
94
|
94
|
95
|
94
|
74
|
43
|
64
|
50
|
58
|
74
|
88
|
90
|
92
|
92
|
94
|
93
|
67
|
47
|
49
|
50
|
71
|
69
|
82
|
95
|
90
|
94
|
95
|
92
|
63
|
45
|
48
|
50
|
58
|
73
|
77
|
90
|
92
|
94
|
96
|
94
|
65
|
47
|
52
|
49
|
68
|
74
|
88
|
92
|
94
|
95
|
96
|
92
|
67
|
49
|
48
|
51
|
75
|
67
|
86
|
99
|
88
|
95
|
97
|
91
|
69
|
52
|
50
|
52
|
71
|
76
|
85
|
80
|
97
|
95
|
97
|
93
|
76
|
54
|
64
|
73
|
80
|
75
|
87
|
95
|
97
|
97
|
95
|
94
|
70
|
49
|
56
|
52
|
65
|
75
|
87
|
97
|
98
|
98
|
99
|
93
|
77
|
63
|
69
|
71
|
66
|
69
|
85
|
94
|
96
|
96
|
95
|
89
|
83
|
110
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve32.png)
111
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve33.png)
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve34.png)
112
L'exploitation du bois d'oeuvre est un facteur clé dans la
disparition des grands arbres. Les arbres vivants coupés et sciés
sur place. Ici on est à l'ouest du massif.
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve35.png)
Clichés : BALDE M. M. , 2013
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve36.png)
113
Le phénomène d'exploitation clandestine du bois a
pris des proportions très inquiétantes pour l'avenir de ce
massif. Clichés : BALDE M. M., 2013
![](tude-des-facteurs-de-degradation-de-la-fort-communautaire-de-Kandia-dans-le-departement-de-Ve37.png)
114
Le bois énergie est aussi un facteur de
dégradation dans la mesure où l'on coupe les arbres vivants.
Clichés : BALDE M. M., 2013