Ce chapitre définit les concepts clefs structurant ce
travail, élabore le modèle d'analyse conceptuelle et
présente le choix des variables et des indicateurs.
· Dégradation
Selon Yves Lacoste (2003), le concept de «
dégradation » vient d'un terme religieux signifiant que
l'on est privé d'un « grade ». D'après lui, en
géographie, le mot s'applique à la détérioration
d'un sol qui perd de sa fertilité sous l'effet de l'érosion ou du
lessivage. Ici, il s'agit donc de l'érosion hydrique causée par
le ruissellement qui emporte tous éléments utiles aux plantes.
Mais Roger Brunet (sous la direction, 2006) estime que la dégradation
« s'applique à un certain stade de l'évolution des sols. Ce
terme désigne également la transformation subie par certains
caractères ou constituants du sol. »
On peut donc dire que le terme de dégradation renvoie
dans son premier sens au processus de détérioration des sols.
Toutefois, on peut appliquer ce concept de dégradation à d'autres
domaines. Ici, il s'agit du couvert végétal. Dés lors, ce
terme est associé à cette notion de perte : perte d'une valeur,
d'une qualité ou d'une richesse. Concernant le couvert
végétal, la dégradation peut être comprise dans le
sens de fléchissement d'une ressource en l'occurrence la
végétation, dans cette étude.
Dans ce cas, la dégradation est perçue comme
une détérioration, une régression, au plan quantitatif et
qualitatif de la ressource végétale. Il s'agit d'une perte de
qualité et une diminution de la quantité des ressources
naturelles disponibles qui sont le plus souvent dues à plusieurs
facteurs qui sont d'ordre physique et anthropique. Le concept traduit une
altération, une modification du couvert végétal rendue
possible par une vulnérabilité persistante des conditions
climatiques.
La dégradation traduit une réduction de la
surface de la forêt ainsi qu'une baisse de la qualité et de la
quantité de la végétation. Nous entendons par
dégradation du couvert végétal dans cette étude, la
détérioration progressive aussi bien sur le plan qualitatif que
quantitatif de l'ensemble des éléments qui constitue le couvert
végétal. Mais qu'est-ce que le couvert végétal ?
· 21
Couvert végétal
Roger Brunet (sous la dir, 2009) défini le couvert
végétal comme étant « l'ensemble des frondaisons dont
le sommet, est la canopée qui donne un abri sous lequel on peut se tenir
; la canopée étant identifié comme l'écran
formé par la partie supérieure de la végétation
tropicale. Par contre, Pierre Georges et F. Verger (sous la direction, 2006)
définissent le couvert végétal comme « l'ensemble des
plantes-toutes strates confondues-qui couvrent le sol ». A partir des ces
définitions, on remarque qu'il ya une distinction qui est faite entre
ces auteurs. D'un coté, on peut dire que Roger Brunet ne
considère comme « couvert végétal » que
l'ensemble du feuillage constitué par des arbres qui sont suffisamment
longs pour avoir un abri sous lequel l'on peut se tenir. Dés lors, il
y'a deux éléments qui constituent le couvert
végétal dans ce cas : il faut non seulement qu'il y'ait de la
canopée (écran supérieure de la végétation
tropicale) mais aussi cette canopée doit être suffisamment
importante pour avoir un abri sous lequel on peut se tenir.
D'un autre coté, Pierre Georges et F. Verger estiment
que c'est l'ensemble des plantes qui couvrent le sol sans distinction de
strates. Cette définition est plus englobant car elle intègre
toutes les plantes qui poussent en un lieu donné et ne cherche pas
à faire une classification entre arbres et arbustes ou en termes de la
hauteur de ces derniers.
Toutefois, dans le cadre de ce travail, nous ajouterons un
autre élément très important sinon essentiel
c'est-à-dire la densité des arbres sur l'espace en question pour
aboutir à la notion de forêt. En ce qui concerne cette
étude il s'agit d'une forêt communautaire. Dés lors, ces
deux définitions peuvent être complémentaires dans la
mesure où l'on prendra en compte la densité des arbres mais
également les différentes strates. Ainsi cette distinction en
termes de strates peut aboutir à parler de : forêt dense,
forêt claire, savane arborée ou boisée et savane arbustive.
En outre, le couvert végétal se distingue par la diversité
biologique de ses essences. Dans le cadre de ce travail la définition
retenue est celle qui considère le couvert végétal comme
l'ensemble des éléments constitutifs de la
végétation (arbres, arbustes, tapis herbacé). Il est
essentiellement formé d'une forêt claire et d'une savane
boisée dans la communauté rurale de Kandia. Dés lors, on
peut aussi s'intéresser à la gestion durable de cet espace.
· Gestion (durable)
Selon Grawitz (2000) le terme de gestion vient du latin
« gerere » qui signifie conduire, exécuter. C'est
l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour gérer une entreprise.
La gestion renvoie à deux opérations :
organisation et contrôle. Il s'agit de la gestion dans le sens que lui
donnent les sciences économiques. Elle est d'ailleurs
érigée en une science des décisions stratégiques
dans les organisations. Elle est considérée comme la science qui
permet
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de déterminer la meilleure combinaison pour
réaliser les meilleurs rendements, la plus grande productivité
des moyens matériels et de la ressource humaine dans les organisations.
C'est ainsi que le concept de gestion est étendue à plusieurs
domaines de l'activité d'entreprise.
En outre, le concept de gestion a fini par être
étendue au domaine des ressources naturelles. Dans ce cas il s'agit
d'une action qui vise la valorisation dynamique des ressources naturelles pour
satisfaire le développement humain et économique et non pour de
simple besoin de protection. Cette orientation actuelle de la gestion des
ressources naturelles est appelée conservation-développement par
opposition à l'orientation de protection-conservation qui a longtemps
prévalu dans ce domaine.
Dans le cadre des ressources naturelles, le concept de
gestion englobe deux enjeux fondamentaux :
- garantir la durabilité des ressources
c'est-à-dire gérer dans le long terme humain sans dégrader
la base des ressources;
-préserver la diversité biologique
c'est-à-dire gérer sans compromettre la richesse
génétique de la faune et de la flore. On parle ainsi de gestion
durable des ressources naturelles et plus particulièrement ici des
ressources forestières.
La gestion qui nous intéresse dans cette étude
est celle d'un écosystème qui a subi les pressions anthropiques
et la péjoration des conditions climatiques. Elle désigne donc
l'ensemble des combinaisons mises en oeuvre pour lutter contre le processus de
dégradation du couvert végétal dans cette partie de la
communauté rurale de Kandia. En clair, il s'agira de voir comment
satisfaire les besoins des usagers sans pour autant compromettre la base de la
ressource. Telle est la compréhension que l'on doit avoir du concept de
gestion dans ce travail.