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Une analyse trans textuelle du roman de Marc Lévy: "L'étrange voyage de monsieur Daldry."

( Télécharger le fichier original )
par ILyes Meghlaoui ILyes Meghlaoui
Université de Constantine - Algérie - Master 2 2016
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE MENTOURI CONSTANTINE

FACULTE DES LETTRES ET DES LANGUES
DEPARTEMENT DE LANGUE FRANÇAISE

N°-d'ordre : N°-de série :

MÉMOIRE

EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MASTER EN LANGUE FRANCAISE

OPTION : ANALYSE DU DISCOURS

Intitulé :

Analyse transtextuelle de :

L'Étrange voyage de Monsieur Daldry de Marc Lévy.

Présenté par : Sous la direction de :

Ilyes MEGHLAOUI Mme. Sonia HAINE

Membres du Jury :

Présidente : Mme. DJENAN AMINA, Maitre assistant, Université Mentouri. Rapporteur : Mme. HAINE SONIA, Maitre assistante, Université Mentouri. Examinateur : M. MERTANI ABD AL FATEH, Maitre assistant, Université Mentouri.

1

2015-2016

2

A mes parents

A mes frères et ma soeur

A tous ceux qui m'ont aidé et encouragé.

3

Remerciements :

La liste des personnes auxquelles Je dois beaucoup, sans lesquelles Je n'aurais jamais pu écrire ce Mémoire. Mais, je ne Pourrais pas M'empêcher d'en citer Quelques Une,

Toute ma gratitude est accordée au Bon Dieu, je tiens à remercier mon encadreur Madame Haine Sonia, pour sa grande disponibilité, ses conseils précieux, et ses encouragements dans l'accomplissement de ce travail de recherche. En plus, je tiens à remercier mes enseignants pendant mes cinq années d'étude en particulier, Mme. Boumendjel Lilia, M. Benkara Mustapha, Mme Bougachiche Myriam, pour leurs conseils, et leur bonne volonté de me conduire jusqu'au bout.

Ensuite, notre travail n'aurait pas vu le jour sans le soutien sans faille de mes parents surtout ma mère, qui m'a donné toujours l'envie d'étudier la langue française, de mon frère Djamel et son épouse Lamia ainsi leur petite fille Mayar, mon frère Rachid et ma soeur Lynda.

Enfin, je tiens à remercier mes amis, certes je ne peux pas tous les citer, mais ils se reconnaîtront, car ils ont su me motiver, m'encourager durant toute cette période pour mener à bien ce projet.

A vous tous, merci

« Si l'idée ne vient pas, vas-toi à elle. »

4

Proverbe africain

5

Sommaire

1-) Première Partie : Introduction 1

1-) Présentation de l'auteur .1

2-) Présentation et résumé du corpus ..2

3-) Motivation .5

4-) Problématique 5

5-) Outils théoriques et aspects méthodologies 6

2-) Deuxième Partie : Moyens Théoriques 7

? Premier chapitre : L'intertextualité et ses approches .8

1-) Définition .9

2-) Les approches de l'intertextualité 9

a-) Julia Kristéva .9

b-) Michael Riffaterre ...10

c-) Roland Barthes .11

d-) Gérard Genette 11

? Deuxième chapitre : La transtextualité et ses formes 12

1-) Définition ..13

2-) Les formes de la transtextualité 13

a-) L'architextualité .13

b-) La paratextualité .14

c-) La métatextualité 15

d-) L'intertextualité ..15

c-) L'hypertextualité 19

3-)

6

Troisième partie : Analyse textuelle 21

? Premier chapitre : analyse paratextuelle ..23

1-) Le titre .23

2-) La première de couverture ..27

3-) L'illustration 29

4-) L'épigraphe ..33

5-)L'épilogue .34

6-)La quatrième de couverture ..36

? Deuxième chapitre : analyse architextuelle ...40

1-) Le roman 42

2-) Le genre épistolaire ..44

Conclusion . 47

Bibliographie - Sitographie 50

Résumé .55

7

Introduction

8

L'écriture a été de tout le temps, l'une des moyens les plus séduisantes, afin de permettre à l'individu d'exprimer une pensée, un état d'âme, un souvenir, une idéologie, un engagement, bref, tout ce qui est propre à soi, et l'oeuvre de Marc Lévy suit le même chemin.

« Le texte de l'auteur, se présente rarement à l'état nu, sans le

renfort et l'accompagnement d'un certain nombre de productions intertextuelles »1,

Son roman: L'étrange voyage de Monsieur Daldry2, ne déroge pas à la règle, néanmoins, l'auteur garde son propre style. Et à travers un long voyage, il nous embarque avec lui dans une errance de rêverie plus ou moins fictive, un voyage qui reflète bien évidemment la psychologie de ses personnages ainsi que la sienne

Marc Levy est né le 16 octobre 1961 en France. A 18 ans, il s'engage à la Croix Rouge Française où il passe 6 ans dans divers postes. À 37 ans, il écrit son tout premier roman. Encouragé par sa soeur scénariste (aujourd'hui réalisatrice), il envoie le manuscrit aux Éditions Robert Laffont qui acceptent aussitôt de publier Et si c'était vrai3. Peu avant la sortie du roman, Steven Spielberg (Dreamworks) en acquiert les droits d'adaptation cinématographique.

Le film, intitulé Just Like Heaven4, produit par Steven Spielberg, interprété par Reese Whitherspoon et Mark Ruffalo, s'est classé premier du box-office américain lors de sa sortie en 2005. Après la publication de

1 Gérard GENETTE: Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, page 7.

2 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350 p.

3 Marc Lévy, Et si c'était vrai. Paris: Robert Laffont, 2000.

4 Steven Spielberg, Juste like Heaven. (Adaptation cinématographique) : Dreamworks.

9

son premier roman, Et si c'était vrai5, en 2000, Marc Levy se consacre exclusivement à l'écriture.

Son roman L'étrange voyage de Monsieur Daldry6, a été publié en France le 21 avril 2011. Tous ses romans figurent dès leur parution en tête des ventes annuelles en France et connaissent un succès international.

Ses 12 premiers romans, traduits en 41 langues, ont été publiés à 22 millions d'exemplaires. Son dernier roman, Elle et lui (2015).7 Marc Levy est l'auteur français le plus lu dans le monde8.

Voyage de Londres jusqu'à Istanbul...

Après une sortie entre amis, le personnage Alice rencontre une voyante dans un parc d'attraction foraine, la voyante prédit à Alice qu'à l'issue d'un long voyage et de sept rencontres, elle trouvera l'homme qui la cherche depuis toujours.

Le destin fait que son voisin fort excentrique, Monsieur Daldry, l'encourage à partir ils se connaissent à peine et voilà que le duo sans tarder s'envole pour Istanbul.

5 Marc Lévy, Et si c'était vrai. [2000]. Paris: Robert Laffont,

6 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350 p.

7 Marc Lévy, Elle et lui. Paris: Robert Laffont, 2015.

8 Marc Lévy, Source des chiffres de vente et de classement : Ipsos/Livres Hebdo - Le Figaro.

10

La voyante prédit aussi, à la jeune femme que ses origines remontent bien loin, que sa vie Londonienne, et ses vrais parents se retrouvent dans l'autre rive de l'Europe, à Istanbul plus exactement.

Et dans les rives du Bosphore, Alice et monsieur Daldry commencent leur enquête à travers les vieilles ruelles de la cité, et assemblent les pièces d'un puzzle, qui révèle peu à peu les secrets d'un passé enfoui, celui-ci, va être décisif pour leur avenir.

Pour bien mener leur enquête dans cette ville cosmopolite, il fallait trouver un interprète qui maîtrise bien les deux langues, l'anglais et le turc. Le personnage Can un interprète, s'avère bien utile dans plusieurs situations, par ses multiples connaissances de son milieu.

Les premiers signes de cette pièce de puzzle, s'éclaircie au fur et à mesure de leur séjour, et pour bien mener cette recherche les deux jeunes gens vont par l'appui de l'interprète Can jusqu'au consulat d'Angleterre en Turquie,

Le consul les aides bien à remonter, dans le temps à travers les archives datant de l'avant guerre mondiale, plus précisément vers 1913, Alice découvre alors que ses parents pharmaciens ont été enregistrés dans l'ambassade d'Angleterre en Turquie, et en tant que ressortissants anglais, ils ont le droit d'être transporté convenablement jusqu'en Angleterre.

Le pays à l'époque est plongé dans une guerre civile atroce où les Arméniens étaient des victimes, d'une chasse sans précédente par l'empire ottoman près de quatre mille Arméniens, furent déportés, on les assassina par centaines de milliers. Aujourd'hui plus personne n'en parle, tout le monde semble l'ignorer. Ils sont si peu nombreux, ceux qui ont survécu et qui ont trouvé la force de témoigner. Des témoins parlent de

11

déplacements de population, des rumeurs indiquent que des colonnes de femmes, d'hommes et d'enfants, longues de plusieurs kilomètres, ont traversé le pays vers le sud au milieu du désert, on les a laissés mourir d'épuisement, de soif et de faim.

Mais Alice découvre que ses vrais parents sont eux aussi Arméniens, qui ont retrouvés la mort à l'époque. Alors que les deux pharmaciens anglais, étaient seulement ses parents adoptifs et qu'elle leur doit la vie.

Alice, réussit à assembler enfin, sa pièce de puzzle, après des mois de recherche pour retrouver la trace de ses vrais origines, Alice rencontre les sept hommes témoins de son passé comme l'a déjà prédit la voyante, et parmi eux, son frère Rafael ; qui lui était complètement inconnu, elle finit par retrouver sa nourrice, le voisin de ses vrais parents M. Zemirli, l'instituteur de l'école où elle a passé ses premières années d'enfance, l'interprète turc engagé dès le début de leur Séjours à Istanbul, et enfin le consul de l'ambassade britannique en Turquie qui les a aider pour la recherche dans les archives anciennes.

Enfin et par un hasard providentiel, le septième homme qui la cherche depuis toujours, il s'est avéré ce n'est autre que M. Daldry son voisin, celui qui l'accompagnait pendant son séjours en Turquie.

Et c'est avec ce dernier, qu'elle termine enfin de rassembler sa pièce de puzzle et décide de vivre avec lui pour toujours.

12

Mon intérêt pour Marc Lévy commença il y a deux ans, en tant que lecteur je trouve son style très remarquable.

Et avec l'approbation de mon encadreur, Madame Haine Sonia, nous avons décidé de travaillé sur ce roman pour plusieurs raisons : au début c'est la nouveauté du corpus qui nous a attiré, ensuite et après la lecture du roman notre choix s'est renforcé. En effet, nous avons été intrigué par le genre utilisé par Marc Lévy vers la fin de son roman, un genre épistolaire remarquable où l'auteur s'excelle pour nous raconter l'enchaînement de l'histoire, par de simples correspondances entre ses personnages principaux L'hétérogénéité et l'éclatement de genres dans ce texte a guidé et renforcé notre choix.

Le roman, L'étrange voyage de Monsieur Daldry9, de Marc Lévy, raconte l'histoire d'une jeune fille londonienne qui va jusqu'à Istanbul, chercher ses vraies origines.

C'est à la troisième personne du singulier que l'auteur nous livre, l'histoire d'Alice obsédée par son passé, un parcours magnifique, plein d'aventures, de sentiments et d'intrigue.

Après des lectures minutieuses de l'oeuvre, plusieurs questions surgissent dont les suivantes sont les plus pertinentes :

- Pourquoi un tel choix de titre ?

- Quel rôle joue le péritexte dans ce roman ?

- Quelle est l'importance de la correspondance dans l'oeuvre en question ?

- 9 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350 p.

Pour répondre aux questions posées ultérieurement, le moyen que nous jugeons le plus approprié est :

La transcendance textuelle ou transtextualité de G. Genette proposée dans son ouvrage Seuils10, où nous allons analyser deux catégories trantextuelles : le paratexte et l'architexte.

Pour mener bien notre travail nous avons décidé de suivre une démarche bien précise qui subdivise en deux parties : la première partie ;

Abordera la présentation des outils théoriques, avec deux chapitres, le premier se portera sur l'intertextualité et ses approches, le deuxième sur la transtextualié, sa définition et ses formes : la deuxième partie ;

Sera consacré à l'analyse textuelle avec deux chapitres, à commencer par la paratextualité avec une analyse titrologique, analyse de la première de couverture, de l'épigraphe, l'épilogue, et de la quatrième de couverture... Ensuite, pour le deuxième et dernier chapitre, sera réservée à l'étude de l'architexte de l'oeuvre pour mettre en lumières la diversité des genres littéraires convoqués par l'auteur et enfin, comme dernier chapitre sera consacré à l'étude d'un genre particulier qui est le genre épistolaire.

13

10 Genette Gérard, Seuils, Paris, 1987

14

Première Partie :

Outils Théoriques

15

Premier chapitre :

L'intertextualité et

ses approches

16

Dans cette partie nous tenterons tout au long de l'étude intertextuelle, de rendre compte de toutes les ouvertures du roman aux autres textes. Par la présentation de la notion de la transcendance textuelle ou la transtextualité toute en recourant, comme un rappel par la définition de l'intertextualité et ses approches comme une nouvelle notion dans le champ de la critique littéraire.

1- Définition de l'intertextualité :

Nul ne peut nier aujourd'hui que la richesse d'un texte littéraire, quel qu'il soit, teindrait surtout et essentiellement à sa grande capacité et son pouvoir de se nourrir des autre textes

« L'intertextualité est donc le mouvement par lequel un texte réécrit un autre texte, et l'intertexte l'ensemble des textes qu'une oeuvre répercute »11

Ce qui veut dire que tout texte donné est élaboré à partir de fragments de textes antérieurs, ainsi l'intertextualité devient un mouvement par lequel un texte récrit un autre texte.

2- Les approches de l'intertextualité :

Pour Julia Kristeva, l'intertextualité :

« Est une dynamique textuelle, elle fait valoir que le texte n'est pas un objet fermé conçu selon une volonté transcendante, mais le lieu d'un travail où interagissent l'activité scripturale, l'ensemble des textes déjà-là et le lecteur producteur d'un sens. L'intertextualité est donc est une qualité du texte, une dimension de sa littéralité... ».12

11 Nathalie Piegay-Gros, Introduction à l'intertextualité, Ed Dunod, Paris, 1996, P16.

12 Julia Kristeva, Sémiôtiké. Recherche pour une sémanalyse. Paris, Ed Seuil, 1969. P 147.

17

De ce fait souligne que :

« L'intertextualité comme un processus indéfini (...) il s'agit moins d'emprunts, d'imitations et de filiations que de trace le plus souvent inconscientes, difficilement isolables »13.

Donc, selon Kristeva, l'intertextualité n'est pas une simple imitation, ou reproduction, mais plutôt une productivité.

L'intertextualité est également considérée non plus comme un élément produit par le travail symbolique de l'écrivain (L'écriture) mais comme un effet de lecture.

Dans ce sens, Michael Riffaterre redéfinit l'intertextualité :

« Comme la perception par le lecteur de rapport entre une oeuvre et d'autres qui l'ont précédée ou suivie »14.

C'est donc au lecteur de détecter, d'identifier et de signifier l'intertexte.

Riffaterre considère l'intertextualité comme une contrainte car au cas où l'intertexte n'est pas détecté c'est la nature même du texte qui est manquée. Sachant que l'intertexte évolue de manière historique, le savoir, la culture ainsi que la mémoire des lecteurs évoluent et se modifient avec le temps.

L'ensemble de référents (cultures, religieux, mode de vie...) communs à telle ou telle génération change. Ainsi, les textes tendent à redevenir opaques ou à perdre de leur signification du moment que leur intertextualité devient illisible.

13 Julia Kristeva, Sémiôtiké. Recherche pour une sémanalyse. Paris, Ed Seuil, 1969. P 146.

14 Michael Riffaterre, La trace de l'intertexte, « La Pensée, N°215, Octobre 1980 », P.33.

18

Dans la même optique, à l'image de Riffaterre, Roland Barthes définit l'intertextualité :

« Par un effet de lecture mais la perçoit comme un élément fondamentale qui nous permet de revendiquer la subjectivité de la lecture ».15

Barthes dans Le plaisir du texte, parle des ramifications qu'une mémoire alertée par un mot, une impression, un thème, engendrera d'un texte donné. (Pour Barthes, l'écrivain français Proust représente la prime à travers lequel il lit dans les autres textes).

« Texte veut dire Tissu, mais alors que jusqu'ici, on a toujours pris ce tissu pour un produit, un voile tout à fait, derrière lequel se teint, plus ou moins cacher le sens (la vérité), nous accentuons maintenant, dans le tissu, l'idée générative que le texte se fait, se travaille à travers un entrelacs perpétuel ; perdu dans ce tissu, cette texture - le sujet s'y défait, telle une araignée qui se dissoudrait elle-même dans les secrétions constructives de sa toile. Si nous aimons les néologismes (nous soulignons) nous pourrions définir la théorie du texte comme une hypologie (hypos, c'est le tissu et la toile d'araignée »16.

Genette pour sa part définit l'intertextualité, contrairement aux autres théoriciens :

"Je définis [l'intertextualité], pour ma part, de manière sans doute restrictive, par une relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes, c'est-à-dire [...] par la présence effective d'un texte dans un autre."17

15 Roland Barthes, Le plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973.

16 Roland Barthes, Le plaisir du texte, Paris, Ed Seuil, Points Essais, 1973, P.85.

17 Gérard Genette, Palimpsestes, 1982.

19

Deuxième chapitre :

La transtextualité et

Ses Formes

20

1) Définition :

La transtextualité ou la transcendance textuelle du texte est un concept proposé par Genette à travers une réflexion sur l'ensemble des relations qu'un texte entretient avec la notion même de textualité dans ce qu'il nomme «transtextualité».

Celle-ci renvoie à tout ce qui met un texte en relation avec d'autres textes. Dès le début de son ouvrage, il inventorie d'abord cinq types de pratiques intertextuelles qu'il passe à la loupe. Ce sont donc: l'intertextualité, la paratextualite, la métatextualite, l'architextualite et l'hypertextualite.

Les formes de la transtextualité : a-) L'architextualité :

Selon Genette, l'architextualité est le type :

« Qui détermine le statut générique (roman, poème, etc.) d'un texte; elle oriente l'«horizon d'attente» du lecteur-destinataire...Ainsi présentée sommairement, la taxinomie des aspects littéraires du texte laisse entrevoir sa capacité de recouvrir un corpus très étendu. L'enquête ouverte dans Palimpsestes se limite toutefois à la «littérature au second degré» (valeur paratextuelle du sous-titre!), c'est-à-dire à des textes obtenus par la transformation d'une série antécédente ».18

18 Gérard GENETTE, Palimpsestes. La littérature au second degré, Ed. Du Seuil, 19B2, citation p. 57.

21

b-) La paratextualité :

Selon Genette, la paratextualité, est constitué par des «signaux accessoires» tels que titre, préface, notes, épigraphe, illustrations, prière d'insérer, etc.

Elle définit cette catégorie transtextuelle comme suit :

« C'est le travail qui consiste à étudier les différents liens que peut avoir l'oeuvre littéraire avec son paratexte, autrement dit, avec ses titres, sous titres ; préface... ».19

Dans son ouvrage Seuil, Genette avance qu'il existe deux types de paratextes ; le péritexte (situé à l'extérieur du texte) et l'épitexte (situé à l'intérieur du texte).

b-1-) Le péritexte :

Le péritexte selon Genette est :

« Le péritexte - (le titre, les sous-titres, les intertitres, les noms de l'auteur et de l'éditeur, la date d'édition, la préface, les notes, les illustrations, la table des matières, la postface, la quatrième de couverture...) et celui situé à l'extérieur du livre ».20

19 Gérard GENETTE, Palimpsestes. Paris, Point. 1982, P10.

20 Idem, p 11.

22

b-2-) L'épitexte :

Selon Genette toujours, l'autre catégorie qu'on appelle l'épitexte la définit comme suivante :

« L'épitexte - (entretiens et interviews donnés par l'auteur avant, après ou pendant la publication de l'oeuvre, sa correspondance, ses journaux intimes...) ».21

c) La métatextualité :

Selon Vincent Jouve dans Poétique du Roman :

« Elle renvoie aux relations de commentaire entre les textes. On la rencontre essentiellement dans les textes critiques, mais aussi, parfois, dans les romans ».22

C'est-à-dire c'est une relation de commentaire, qui unit un texte (A) à un autre texte (B) dont il parle sans le citer.

d) L'intertextualité :

Et selon J. Kristeva, dans Séméiotike :

« [...] le mot (le texte) est un croisement de mots (de textes) où on lit au moins un autre mot (texte). [...] Tout texte se construit comme mosaïque de citations, tout texte est absorption et transformation d'un autre texte. A

21 Gérard GENETTE, Palimpsestes. Paris, Point. 1982, p14.

22 Vincent Jouve, Poétique du Roman, Edition Armand Colin.

23

la place de la notion d'intersubjectivité s'installe celle d'intertextualité, et le langage poétique se lit, au moins, comme double. »23

C'est-à-dire Tout texte - on le sait au moins depuis Bakhtine - se construit, explicitement ou non, à travers la reprise d'autres textes. Aucune oeuvre n'est créée ex nihilo, et le roman n'échappe pas à la règle.

La citation :

En ce qui concerne la citation, Antoine Compagnon perçoit cette pratique comme fondement du jeu de toute écriture littéraire:

« Le travail de l'écriture est une récriture des lors qu'il s'agit de convertir des éléments séparés et discontinus en un tout continu et cohérent [...]. Réécrire, réaliser un texte à partir de ses amorces, c'est les arranger ou les associer, faire les raccords ou les transitions qui s'imposent entre les éléments mis en présence. Toute écriture est collage et glose, citation et commentaire ».24

Et de poursuivre:

« La citation représente la pratique première du texte, au fondement de la lecture et de l'écriture; citer, c'est répéter le geste archaïque du découper-coller, l'expérience originelle du papier, avant que celui-ci ne soit la surface d'inscription de la lettre, le support du texte manuscrit ou

23 J. Kristeva, Séméiotike Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points », 1969, p. 84-85.

24 Antoine Compagnon, La seconde main, pages 32,34.

24

imprimé, un mode de la signification et de la communication linguistique ». 25

La référence :

La référence est une forme aussi explicite que la citation mais elle établit avec le texte antérieur une relation par absence, tout en renvoyant le lecteur à un texte sans le citer littéralement. L'hétérogénéité textuelle y est quasiment absente car « la référence n'expose pas le texte cité, mais y renvoie par un titre, un nom d'auteur, de personnage ou l'exposé d'une situation spécifique.»26

Quand la référence nous renvoie à un texte antérieur d'un autre auteur, autrement dit, quand elle établit une relation entre deux textes différents d'auteurs différents, elle reste l'une des formes de l'intertextualité. Cependant, quand il s'agit d'une relation par référence entre deux ou plusieurs textes d'un même auteur, il s'agit ici de l'intratextualité qui met en évidence l'auto référence, l'auto influence d'un auteur, et les différentes relations entre ses oeuvres (textes) disparates.

Le plagiat :

Pour le cas du plagiat, il se distingue de la citation en ce qu'il cite littéralement un texte étranger sans signaler sa présence: il y a absence de marques citationnelles.

25 Antoine Compagnon, La seconde main, pages 35, 36.

26 Tiphaine Samoyault, L'Intertextualité, mémoire de la littérature, Nathan, 2001, p 70.

D'après Maurel-Indart :

« Cette pratique consiste en une obsession de l'originalité: Le plagiaire, enfermé dans le passé des autres, se heurte à un déjà-dit qu'il tente en vain de recomposer et d'interpréter à sa manière propre. Le plagiat doit s'entendre alors comme un emprunt thématique et / ou stylistique non avoue, c'est-à-dire sans référence a l'oeuvre d'origine, fait a une oeuvre littéraire préexistante. Il est, en quelque sorte, une pure et simple reproduction, a l'identique, d'un extrait d'oeuvre littéraire ou, simplement, un emprunt illicite ».27

C'est donc l'appropriation illégale des passages, des extraits d'oeuvres littéraires, etc. sans mentionner des informations à propos de sa véritable source.

L'Allusion :

Par définition Léon Somville la définit dans son oeuvre, Réflexions sur l'intertexte l'allusion est un :

«Énoncé dont la pleine intelligence suppose la perception d'un rapport entre lui et un autre auquel renvoie nécessairement telle ou telle de ses inflexions, autrement non recevable».28

Il faudrait noter, au passage, que l'allusion ne se rapporte pas a un extrait précis du texte convoque qui n'est pas présent littéralement, mais

27 MAUREL-INDART, Hélène, Du Plagiat, Paris: Presses Universitaires de France, 1999.

25

28 Léon Somville, Réflexions sur l'intertexte, Ed : DRESAT, 1982 pages 1-9.

26

apparait a travers un réseau d'indices plus ou moins clairs. Selon Angenot :

« On considère comme allusif tout énoncé qui, outre son sens littéral, apparaît comme la reprise, non identifiée comme telle et dans un nouveau contexte, d'une phrase connue ou censée connue. L'allusion a pour effet de rappeler économiquement la situation d'origine, de permettre un rapprochement avec celle qui est actuellement évoquée, et de mettre en place un réseau intertextuel qui permettra des contaminations axiologiques ».29

e-) L'hypertextualité :

L'hypertextualité, qui fait l'objet de Palimpsestes, est la plus fructueuse, car elle repose sur une relation de dérivation d'un texte A hypotexte vers un texte B hypertexte:

« J'appelle donc hypertexte tout texte dérivé d'un texte antérieur par transformation simple (nous dirons désormais transformation tout court) ou par transformation indirecte: nous dirons imitation. »30

- La parodie :

Elle consiste en une modification et transposition du texte antérieur. Elle le déforme, tout en reprenant des énoncés du texte premier. Elle

29 ANGENOT, Marc, Glossaire pratique de la critique contemporaine, Montréal: Hurtubise, 1979.

30 Gérard Genette, Palimpsestes, 1982, Ed. Seuil, p10.

27

permet aussi d'actualiser des textes classiques pour les rendre accessibles pour un lectorat qui n'est pas de leur époque.

D'actualiser des textes classiques pour les rendre accessibles pour un lectorat qui n'est pas de leur époque.

- Le pastiche :

De même que la parodie, le pastiche déforme l'hypotexte, non pas par transformation, mais par imitation du style caractéristique d'un auteur surtout.

Annick Bouillaget distingue dans L'Écriture imitative entre deux types de pastiche : « le pastiche de style »31 et « le pastiche de genre »32.

Les frontières entre ces différents types d'intertexte ou d'hypotexte ne sont pas étanches, il peut y avoir présence d'un type dans l'autre, avec l'autre, ou même une confusion ou un rapprochement entre deux ou plusieurs types.

La typologie de Genette propose une classification qui porte un éclairage sur la notion d'intertextualité mais son approche n'est pas exhaustive car, cette notion est d'une extension gigantesque vu son vaste champ d'application, et la richesse, la diversité, ou la complexité de la littérature.

La théorisation et l'étude du phénomène de l'intertextualité est infinie, voire interminable à cause des différentes appellations, formes et notions qui diffèrent d'un critique à l'autre, selon l'angle sous lequel chacun l'aperçoit.

31 Annick Bouillaget, L'Écriture imitative. Pastiche, parodie. Nathan, 1996, p. 21

32 Idem, p 48.

28

Deuxième Partie :

Analyse textuelle

29

Premier chapitre :

Analyse

Paratextuelle

30

Nous tenterons tout au long de l'étude intertextuelle, de rendre compte de toutes les ouvertures du roman aux autres textes. Nous recourons, pour cela, aux deux types transtextuels ; le paratextuel et l'architextuel

Analyse paratextuelle :

Nous entamons cette étude par une analyse paratextuelle, qui va nous permettre une approche globale sur le texte à travers tous ses éléments implicites et explicites

Le texte, entretient un rapport fusionnel, avec tous les types d'éléments paratextuels que Genette, d'ailleurs, partage en deux catégories (péritexte et épitexte) dans son ouvrage Seuil33, nous nous intéresserons dans cette étape à chacun des types d'éléments qui entourent et prolongent le texte ; le titre, la première de couverture, l'épigraphe, l'illustration, l'épilogue, la quatrième de couverture que nous étudierons séparément.

1-) Le titre :

Le premier élément paratextuel qui produit un effet sur lecteur c'est le titre :

L'Étrange voyage de Monsieur Daldry 34

L'orthographe mystérieux de ce titre ne s'explique que par le contenu de l'oeuvre, parce que tout au long de notre lecture, du début jusqu'à la fin, nous remarquons que ce Monsieur Daldry présent comme un

33 Genette Gérard, Seuils, Paris, 1987.

34 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012.

(Coll. Pocket). 350 p.

31

personnage principale dans l'oeuvre, ainsi par rapport au titre toujours il y a des éléments répétitifs dans chaque chapitre comme ; le voyage :

Un voyage de Londres jusqu'à Istanbul, ce voyage est très long puisqu' à chaque fois il faut s'arrêter dans un lieu particulier. Autre élément présent aussi dans le titre de Marc Lévy c'est l'étrangeté ; L'Étrange voyage de Monsieur Daldry, que ce soit pour ses personnages ; Monsieur Daldry cette homme mystérieux ; qui entreprend si long voyage avec sa voisine Alice, alors que les deux jeunes gens se connaissent à peine ; cette étrangeté se rapporte aussi aux lieux singuliers visités par Alice, seule dans ses rêves et plus tard en compagnie de Daldry.

Aussi, nous constatons que le titre de notre corpus est construit autour de trois éléments majeurs ; le voyage, l'étrangeté et le personnage Daldry.

Le voyage :

Alice et Daldry, deux personnages décident d'entreprendre ce long voyage, avec un objectif qui parait très loin à atteindre, c'est sur les traces du personnage Alice que l'histoire commence, dans un univers tout à fait différent de leur culture occidentale, puisque les deux personnages vont être plongés dans un monde orientale, prit dans un tourbillon entre deux civilisations où le choc de cultures est apparent et omniprésent dans l'histoire, comme nous le montre cet extrait :

- « Partons aussi vite que possible. je voudrais fuir l'hiver, Londres

et mes habitudes, je voudrais que nous soyons déjà au jour du départ. Je vais visiter Sainte-Sophie, les ruelles du grand bazar, m'enivrer de

32

senteurs, voir le Bosphore, vous regarder croquer les passants au carrefour de l'Occident et de l'Orient. Je n'ai plus peur, et je suis heureuse, Daldry, tellement heureuse... »35

Et un peu plus loin :

- « Le vol Air France de Paris à Vienne fut plus mouvementé que celui de Londres »36

Les deux jeunes gens Alice et Monsieur Daldry, arrivent déjà et se donnent un rendez-vous dans un hôtel, comme nous montre l'extrait suivant :

- « Les décalages horaires sont déroutants lorsqu'on n'a pas l'habitude de voyager. Demain, vous aurez besoin de faire une grasse matinée. Je propose que nous nous retrouvions vers midi... »37

Quant à l'étrangeté, concerne surtout les rêves cauchemardesques d'Alice pendant ses nuits où, elle vit un autre monde que celui du réel, un passage du roman rapporte :

- « une fine poussière flottait dans l'air, brassée par un vent chaud.

Du sommet d'une ruelle en terre, un grand escalier vers un autre quartier de la ville.

35 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). P112.

36Ibid. P127. 37Ibid. P144.

33

Alice avançait, pied nus, regardant de tous côtés. Les rideaux de fer des petits commerces aux couleurs bariolées étaient tous baissés.

Une voix l'appela dans le lointain. En haut des marches, une femme lui fit signe de se presser, comme si un danger les guettait. Alice courut pour la rejoindre, mais la femme s'enfuit et disparut... »38

Quant à l'étrangeté du personnage Daldry, elle est évoquée à travers plusieurs passages notamment vers le début du notre corpus :

- « M Daldry referma délicatement sa porte au nez d'Alice...Quel

étrange personnage ! marmonna-t-elle en rebroussant chemin »39

38Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). P 68.

39Ibid. P17.

34

Le personnage Daldry :

Le titre met en exergue le personnage Daldry, comme un élément principal de l'histoire, en raison de son omniprésence du début jusqu'à la fin, prenant l'exemple de ces deux passages :

- « Descendant les escaliers, Daldry aperçut Can, assis sur une chaise dans le hall, bras croisés, qui le regardait fixement. »40

- « Daldry ôta le bouchon, ferma les yeux et respira le parfum. La note de tête était parfaite. »41

2-) La première de couverture :

La première de couverture est en couleur bleu azur, désignant bien évidemment la couleur de la mer, parce que l'histoire se tourne dans un espace qui est souvent dominé par l'eau, ce décor marin, que ce soit par la mer du Nord, qui s'étend sur toute la côte ouest d'Angleterre en passant par la capitale Londres :

« Ils descendirent Queen's Road et West Street vers la promenade qui long le bord de la mer (...) Deux grandes jetées avançaient sur les

40 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket. P206.

41 Ibid. P345.

35

flots. Les édifices en bois qui surplombaient leur donnaient des allures de grands navires »42

Ou bien par, le détroit du Bosphore et les rives méditerranéennes :

« Elle en gardait un souvenir impérissable et me racontait ses promenades au bord d'une mer bleu azur, comme s'il s'était agi du plus beau des voyages. »43

Plus loin encore, avec le Bosphore qui est à fois, mouvementé, instable mais surtout capricieux comme, le cas de notre personnage Alice fragile au moindre tourment :

« Une pluie diluvienne s'abattait sur les toits d'Istanbul (...) Le Bosphore s'effaçait derrière un voile de grisaille44

Alors l'autre fois c'est tout le contraire, notamment avec le beau temps le Bosphore parait encore plus merveilleux que jamais, des paysages spectaculaires où Alice les traverse à chaque fois, en rentrant chez elle :

« La traversée du Bosphore est toujours un émerveillement. Je m'amuse chaque fois en pensant que je pars travailler en Europe et que je rentrerai le soir en Asie où je réside. »45

42. Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). P283.

43 Ibid. P20.

44 Ibid. P148. 45Ibid. p190.

36

Ainsi le voyage continu, fuyant la guerre les ressortissant arméniens trouvent qu'un seul refuge qui est le bassin méditerranéen, où ils prennent un bateau jusqu'au détroit de Gibraltar comme un dernier issu :

« Au printemps 1916, l'ambassade d'Angleterre réussit à exfiltrer une centaine de ses ressortissant en les faisant embarquer secrètement à bord d'un cargo battant pavillon espagnol (...) le navire franchit le détroit des Dardanelles et arriva sans encombre à Gibraltar. »46

3-) L'illustration :

L'illustration c'est une façade explicite, dans la mesure où elle nous montre des éléments clés de l'histoire, comme l'image de l'homme dépourvu de traits physiques, un homme étranger qu'on va découvrir au fur et à mesure dans la narration, celui-ci est notamment présent dans les rêves d'Alice comme nous le montre les extraits suivants :

« Un vieillard les regarde et leur fait signe de rebrousser chemin, il leur montre du doigt une barricade où de jeunes hommes en armes font le guet ».47

Plus loin encore, la silhouette de cet homme devient récurrente dans les rêves cauchemardesques d'Alice, celui-ci considéré comme une sorte de délivrance, puisque à chaque fois qu'il se présent, Alice s'apaise en le voyant, comme s'ils se connaissaient déjà ; l'extrait suivant nous montre ce lien affectif :

46Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p224.

47 Ibid., p85.

37

« Sur le trottoir, un homme la regarde et lui sourit, un visage bienveillant, plein d'amour. Elle l'a toujours aimé cet homme d'un amour sans retenue. Elle l'a toujours aimé ainsi, elle l'a toujours connu (...), elle voudrait le retenir, crier son prénom, mais elle n'a plus de voix. Alors Alice lui fait une signe de la main ; en réponse, l'homme agite sa casquette, lui sourit, avant de disparaître ».48

Une autre image encore, plus marquante qui attire le lecteur est celle, de la main tendue de la voyante, tenant une boule de cristal ; dans laquelle se reflète l'image à l'envers de la ville d'Istanbul, une ville à fois charmante et mystérieuse, puisque toute l'histoire se tourne autour de cette ville, où Alice découvre par la prévoyance que ses origines remontent bien loin, de sa vie Londonienne et dans cette ville d'Istanbul, plus exactement, qu'elle avait vécu son enfance avec ses premiers parents d'origine arméniens, comme nous montre l'extrait suivant :

« De l'Orient pour les deux, chuchota la voyante. Tu viens d'un empire qui n'existe plus, d'un très vieux pays, distant de milliers de kilomètres. Le sang qui coule dans tes veines a pris sa source entre la mer Noire et la Caspienne. Regarde-toi dans une glace et constate par toi-même ».49

Une réalité inattendue qu'Alice, doit l'affronter, est celle de la mort de ses vrais parents d'origine arméniens, pendant la guerre civile dont, la Turquie était meurtrie. D'où la représentation à l'envers de la ville d'Istanbul dans la première de couverture, notamment avec son emblème

48 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p 71.

49 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket. P53.

38

mythique de la basilique Saint-Sophie en arrière plan, indique qu'une partie de son histoire est cachée. C'est justement la tâche d'Alice de les déceler, nous découvrons ce lien avec la ville d'Istanbul à travers l'extrait suivant :

« - Auriez-vous quelque chose sur la Turquie ? demanda timidement Alice.

- Istanbul, très bon choix. Je rêve de m'y rendre un jour, la basilique Sainte-Sophie, le Bosphore...Attendez, je dois avoir cela quelque part, mais il y a tellement de désordre ici (...)

- Voilà, c'était ici, un fascicule assez complet, j'ai aussi un guide touristique que je peux vous prêter si cette destination vous intéresse, mais il faudra me promettre de le rapporter ».50

Toujours en rapport, à cette ville emblématique de la Turquie, un autre passage nous montre :

« Je vais visiter Sainte-Sophie, les ruelles du grand bazar, m'enivrer de senteurs, voir le Bosphore, vous regarder croquer les passants au carrefour de l'Occident et de l'Orient. Je n'ai plus peur, et je suis heureuse, Daldry, tellement heureuse ».51

50 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. (Pocket), p 94.

51 Ibid. 112.

39

Première de couverture

40

4-) L'épigraphe :

Cette citation faisant corps avec notre étude paratextuelle exige de faire appel à la définition donnée par Gérard Genette :

« Je définirai grossièrement l'épigraphe comme une citation placée en exergue, généralement en tête d'oeuvre ou de partie d'oeuvre ; en exergue signifie littéralement hors d'oeuvre, ce qui est un peu trop dire : l'exergue est ici plutôt un bord d'oeuvre, généralement au plus près du texte, donc après la dédicace si dédicace il y a52 Donc nous pensons qu'il s'agit d'une épigraphe.

Aussi la citation mise en exergue (épigraphe) peut servir selon Genette de :

« Commentaire, parfois décisif-éclaircissement donc, et par là de justification, non du texte mais du titre ou au contraire du texte, dont elle précise ou souligne indirectement la signification ».53

Notre corpus porte en épigraphe cette citation de Pierre Dac :

« Les prévisions sont difficiles à faire, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir ».54

Par son emplacement, juste au début de notre corpus, la citation de Pierre Dac explique bien le contenu de l'histoire, puisqu'il s'agit ici, d'une citation appartenant à un célèbre humoriste et écrivain français.

52 Genette Gérard, Seuils, Paris, Le seuil, 1987.p147.

53 Ibid. p159.

54 Pierre Dac, Ici Londres : Pierre Dac vous parle, Éd. Pierre Trémois (1945).

41

En premier lieu, Pierre Dac est l'un des célèbres écrivains humoristiques français, résistant politique, ce qui lui valait d'être toujours persécuté par le régime autoritaire à l'époque, un réfugié entre son pays natal : la France, et la capitale anglaise, Londres.

Cette situation de l'humoriste rappelle étrangement l'histoire de notre héroïne, car, Tout comme Alice qui est devenue une réfugiée, à son insu en Angleterre, à cause de ses parents adoptifs qui ont fuit la Turquie meurtrie par une guerre civile à l'époque.

5-) L'épilogue :

Le dictionnaire Larousse définit l'épilogue comme la conclusion d'un ouvrage littéraire, c'est aussi le dénouement et la conclusion d'une histoire et d'une affaire. Il est en général une partie finale ajoutée, comme de surcroît, à un discours, à un ouvrage, en lui-même complet.

Dans l'Étrange voyage de Monsieur Daldry55 l'épilogue arrive au point nommé comme une synthèse, une sorte de dénouement et d'aboutissement, dans la mesure où l'auteur raconte la fin de l'histoire d'Alice, une fin heureuse où la jeune fille arrive à dénouer, et à rassembler sa pièce de puzzle, en découvrant sa vraie origine dans cette magnifique ville ; qui est Istanbul, grâce aux six personnages qu'elle avait rencontré, commençant par l'interprète Can, le consul, M. Zemirli, le vieil instituteur de Kadiköy, Mme Yilmaz et son frère Rafael, avant de pouvoir retrouver la septième personne, l'homme qui compterait le plus dans sa vie, il s'avère que cette personne n'est autre que M. Daldry son

55 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.

42

voisin, celui qui l'accompagne pendant son séjours en Turquie, comme l'explique ce passage :

« Elle a prédit le voyage que nous ferions, elle a compté les six personnes que je devais rencontrer, Can, le consul (...), avant de pouvoir retrouver la septième personne, l'homme qui compterait le plus dans ma vie, vous ».56

Le but de ce roman n'étant pas de nous faire croire aux prédictions et à la prévoyance, mais plutôt à une forme d'expression fictive qui peut être réelle, puisqu'il s'agit probablement d'une expérience personnelle, qui aurait pu arriver à n'importe qui. Le but de ce roman réside aussi à faire passer certaines valeurs humanistes comme, l'amour, la paix, la tolérance, accepter l'autre, dans une Europe en plein mutation géographique.

Des rescapés de guerres trouvent refuge dans une Europe accueillante, qui se construit petit à petit en proposant cette image de mosaïque qui la représente parfaitement, à l'image d'Alice et ses ancêtres les arméniens chassés de leur propre patrie.

56 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p 350.

43

6-) La quatrième de couverture :

« De Londres à Istanbul, il l'accompagne dans un étrange voyage initiatique... »

Au dessous nous découvrons une présentation de l'oeuvre sous forme d'un petit résumé élaboré d'une manière pertinente, car nous pensons que chaque mot employé est un « mot clé », dans la mesure où il fait référence aux différents chapitres importants, existants dans ce roman.

Comme nous montre cette présentation de l'oeuvre à la quatrième de couverture :

« À la fête foraine de Brighton, une voyante prédit à Alice qu'à l'issu d'un long voyage et de sept rencontres, elle trouvera l'homme qui la cherche depuis toujours.

Étrange prémonition... pourtant, M. Daldry, son excentrique voisin de palier, l'encourage à partir. Ils se connaissent à peine et voilà le duo qui s'envole pour Istanbul.

Des bazars étincelants jusqu'aux rives du Bosphore, menant une enquête surprenante à travers les vieilles ruelles de la cité. Alice et Daldry assemblent les pièces d'un puzzle qui, révélant peu à peu les secrets d'un passé enfoui, décidera de leur avenir. »57

« Un complexe tour de passe-passe amoureux. C'est bien là le talent de Marc Lévy, remarquable conteur. »58

57 Marc Lévy, L'étrange voyage de Monsieur Daldry, Extrait de la quatrième de couverture.

58 Pierre Vavasseur, Le Parisien.

44

Dans un entretien avec Gérard Genette accordé au magazine littéraire Lire59, qui vient de publier Figures V Seuil60, se penche sur ce «petit objet», grand sujet d'interrogations :

« Est-ce à un auteur de le faire (la quatrième de couverture)? N'est-ce pas à l'éditeur?

G.G. La quatrième de couverture est en principe un texte éditorial même quand l'auteur en est le rédacteur. S'il n'existe pas de règle canonique, l'auteur, tout de même, m'apparaît comme le mieux placé pour savoir ce qu'il faut dire de son livre. Je ne laisse ce soin à personne pour mes propres ouvrages. Mais je sais que le débat est ouvert ». 61

Et dans le but de motiver son lecteur, le résumé se termine par une petite citation :

Le journaliste Pierre Vavasseur62 nous explique à travers cette petite citation, le talent remarquable de l'auteur, mais aussi le genre utilisé, avec bien évidemment le thème dégagé de ce roman, « la complexité de l'amour entre un couple. »

Ce qui pourrait en effet motiver le lecteur érudit à déchiffrer l'énigme de l'oeuvre mais aussi à décrypter le non-dit car : « La parole finit par ne plus rien nous dire, c'est le silence qu'on interroge parce que c'est lui qui parle » écrit Pierre Macherey.63

Enfin tout en bas, vers la gauche, une illustration représente une main tendue de la voyante portant une boule de cristal, dans laquelle se dégage

59 Entretien avec Gérard Genette, Magazine électronique à consulter sur « lire.fr ».

60 Gérard Genette, Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 31.

61 Entretien avec Gérard Genette, Magazine électronique à consulter sur « lire.fr ».

62 Pierre Vavasseur, Le Parisien.

63Pierre Macherey, Pour une théorie de la production littéraire, Paris, Maspero, 1970, p106.

45

l'image de la ville d'Istanbul à l'envers, une ville énigmatique caractérisée à la fois, par sa beauté et ses mystères, mais derrière cette beauté de carte postale, se cache une sombre Histoire qui la marque à jamais :

Comme nous montre ces quelques lignes dans le roman :

« La vie redevint heureuse, jusqu'au 25 avril 1915. Ce jour-là, à Istanbul, notables, intellectuels et journalistes, médecins, enseignants et commerçants arméniens furent arrêtés au cours d'une rafle sanglante. La plupart des hommes furent exécutés sans jugement, et ceux qui avaient survécu furent déportés vers Adana et Alep. En fin d'après-midi, la rumeur des massacres parvint jusqu'à l'atelier de mon père [...] »64

64Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p321.

SBN 978.2-266-22891-6

 

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De Londres à k .an Bill,

il l'accompagne dans

un étrange voyage ifiitiatI . ilf:

À la fête foraine de Brighton, une voyante prédit à Alice qu'à l'issue d'un long voyage et de sept rencontres, elle trouvera l'homme qui la cherche depuis toujours.

Étrange prémonition... pourtant, M. Daldry, son excentrique voisin de palier, l'encourage à partir. Ils se connaissent à peine et voilà le duo qui s'envole pour Istanbul.

Des bazars étincelants jusqu'aux rives du Bosphore, menant une enquête surprenante à travers les vieilles ruelles de la cité, Alice et Daldry assemblent les pièces d'un puzzle qui, révélant peu à peu les secrets d'un passé enfoui, décidera de leur avenir.

«Un complexe tour de passe-passe amoureux. C'est bien là le talent de Marc Levy, remarquable conteur.»

Pierre Vavasseur -- Le Parisien

odicior

Texte intégral

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Quatrième de couverture

47

Deuxième chapitre :

Analyse

Architextuelle

48

Nous abordons dans cette partie de notre travail l'analyse architextuelle de l'oeuvre, et nous essayons de tirer, les différents genres utilisés par l'auteur.

D'abord, architexte définit par Gérard Genette comme étant :

« L'ensemble des catégories, ou transcendante-type de discours, modes d'énonciation, genres littéraires dont relève chaque texte singulier ».65

L'architextualité qui désigne la relation d'un texte aux diverses classes auxquelles il appartient est, toujours selon Genette, la plus abstraite et la plus implicite des relations transtextuelles. Elle est, en somme, l'étude qui vise à démêler ou à établir la part de chaque genre dans une oeuvre. André Lamontagne, de son côté, envisage cette pratique comme étant :

«La relation du texte aux genres littéraires, mais de pure appartenance taxinomique».66

Donc nous pouvons définir l'architexte comme le rapport qu'entretient un texte avec la catégorie générique à laquelle il se rapporte. Cette catégorie est révélée par une indication paratextuelle.

Dans le cas de notre corpus, L'étrange voyage de Monsieur Daldry,67 la catégorie générique annoncée sur la première de couverture est de type « Roman ».

65 Genette Gérard, Palimpsestes, Op.cité, p70.

66 Lamontagne, André, Les Mots des autres. La Poétique intertextuelle des oeuvres romanesques d'Hubert Aquin, Québec: Presses Universitaires de Laval, 1992.

49

Pourtant, l'histoire racontée oscille d'un genre à un autre, deux genres majeurs sont insérés et le lecteur est vite désorienté, puisque les frontières entre les deux s'effacent et deviennent homogènes.

Ceci nous a poussés à nous intéresser de plus près à ces deux genres qui dominent dans le texte de Marc Lévy, à savoir : le roman et le genre épistolaire.

1-) Le roman :

En dépit de nombreuses définitions avancées par les théoriciens littéraires, aucune ne peut cerner le concept intégral du roman.

Le roman est un genre littéraire, caractérisé essentiellement par une narration fictionnelle plus au moins longue, par rapport à la nouvelle. La place importante faite à l'imagination transparaît dans certaines expressions comme « c'est du roman ! » ou dans certaines acceptions de l'adjectif « romanesque ». Dans le roman, le narrateur relate l'histoire de personnages qui subissent des péripéties, selon Gérard Genette qui la définit comme :

« Le type le plus abstrait et le plus implicite : «il s'agit ici d'une relation tout à fait muette, que n'articule, au plus, qu'une mention paratextuelle f...], de pure appartenance taxinomique». C'est ce qui nous permet d'organiser, ou de déterminer le statut générique d'un énoncé. »68

67 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.

68 Gérard Genette, Palimpsestes, p.11.

50

Dans L'étrange voyage de Monsieur Daldry, 69la mention générique «du terme « roman », est absente, mais cela n'empêche pas que d'autres couvertures de la même édition, la mentionne. Ce qui engendre la question suivante : Est-ce un roman ? Faut-il se fier uniquement à la mention générique inscrit sur la première de couverture ?

Pour répondre aux deux questions posées, il ne suffit qu'à prendre le livre et lire quelques extraits présents dans le texte de Marc Lévy :

« Une fois encore, son cauchemar avait été fidèle au rendez-vous de la nuit. En s'éveillant, Alice se sentit épuisée. Elle s'emmitoufla dans sa couverture et alla préparer son petit déjeuner. Elle s'installa dans le fauteuil que Daldry occupait la veille et jeta un coup d'oeil au dépliant touristique qu'il avait laissé sur la malle. Une photo de la basilique Sainte Sophie apparaissait en couverture ».70

Comme nous le montre ce passage, l'extrait suivant représente pratiquement, les différentes caractéristiques du genre romanesque ; que nous avons déjà évoqués plus haut.

Toutefois, signalons que le discours romanesque est le genre qui prédomine dans ce texte littéraire.

69 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.

70 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p105.

51

2-) Le genre épistolaire :

Pour bien cerner le genre épistolaire, il faut d'abord comprendre la notion du Lettre ; la Lettre est un message écrit qu'un émetteur adresse à un destinataire qui la lira de façon différée :

« Lecture différée » signifie qu'il y a un décalage entre le moment où la lettre a été écrite et celui où elle est reçu et lue ».71

Le « genre épistolaire », est un genre littéraire apparaît en France en 1721 avec notamment les Lettres persanes 72 de Montesquieu, mais rencontrera surtout le succès à la fin du siècle. Et depuis le genre n'a pas beaucoup changé, et garde toujours son caractère qui consiste à regrouper tous les documents de correspondance écrite entre deux personnages comme la lettre.

Dans le cas de notre corpus, Marc Lévy est inspiré par ce mode d'échange, l'intrigue évolue par le biais de l'échange d'une correspondance fictive entre ses personnages ; Alice et Monsieur Daldry en particulier.

Prenant un extrait, qui montre bien cet échange entre les deux personnages :

« Chère Alice,

71 http://www.copiedouble.com/node/123.

72Montesquieu, Lettres persanes, Éditions eBooksFrance, www.ebooksfrance.com.

52

Votre lettre aura mis six jours exactement pour me parvenir. Le facteur me l'a portée ce matin alors que je sortais(...) Prenez soin de vous et transmettez mes meilleures salutations à Can. Non, d'ailleurs, ne les lui transmettez pas et gardez-les entières pour vous.

Daldry ».73

La réponse était immédiate, dès l'arrivée de la lettre de Monsieur Daldry, Alice lui repond en ces termes:

« Chère Daldry,

Je viens de recevoir votre lettre et je vous remercie de ces mots si généreux que vous m'adressez. Il faut que je vous raconte la semaine qui vient de s'écouler (...) Can et moi avons pris l'autobus qui se rend de Taksim à Emirgan et passe par Nisantasi (...) Prenez soin de vous. Je vous embrasse, comme une amie.

Alice ».74

Examinant ces extraits épistolaires précédents nous remarquerons, que l'histoire est toujours en mouvement, donc le lecteur découvre

73 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p273.

74 Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p275.

53

l'enchaînement des évènements uniquement par le contenu des lettres. Il comprend peu à peu qui sont, les personnages et les relations qui les unissent.

Nous remarquerons qu'il y a une forte coprésence entre deux genre majeurs, qui sont le genre romanesque et le genre épistolaire, sous une forme d'insertion séquentielle ; c'est-à-dire qu'il y a un mode d'insertion alterné entre deux genres littéraires dans un même et seul texte.

54

Conclusion

55

Conclusion :

La reprise de certaines réalités historiques, demandent beaucoup d'imagination chez l'auteur, et pour qu'il arrive à nous raconter certains faits historiques que se soit, réels ou fictifs l'auteur ne doit pas être réduit à un simple témoin de l'histoire, mais au contraire l'auteur est avant tout un romancier, inventeur, qui peut déplacer et détourner l'histoire, d'une manière adéquate selon le contexte d'énonciation.

En conséquence, cette écriture confère au texte une richesse considérable, que se soit au niveau de la forme ; à travers les différents éléments paratextuelles comme : le titre, l'illustration, la couverture... Ainsi qu'au niveau du contenu qui est assez complexe et parfois déroutant : le cadre spatio-temporel, éclatement de genres « l'architextualité »...

Ces différentes pratiques littéraires que nous avons justement essayé de les démontrer, dans le roman l'étrange voyage de Monsieur Daldry, de Marc Lévy à travers une étude transtextuelle, concept avancé par Gérard Genette dans son ouvrage Palimpsestes, la littérature au second degré, démontre la façon dont un texte appel à un autre texte par le biais de cinq relations distinctes : paratextuelle, architextuelle, métatextuelle, intertextuelle et hypertextuelle.

Notre intérêt, s'est notamment porté sur les deux premiers relations transtextuelles ; le paratexte et l'architexte que nous avons jugé les plus appropriés pour notre corpus.

56

Par leur symbolisme et par leurs métaphores, les éléments du paratexte comportent de sens multiples. Réels ou irréels, mythiques ou référentiels ces éléments paratextuels constituent le discours du roman de Marc Lévy, et rendent compte d'une situation sociohistorique bien déterminé.

En dernier lieu, nous nous sommes intéressés à la catégorie architextuelle et avons tenté de mettre en lumière les différents genres utilisés par l'auteur, pour atteindre son objectif et de démontrer sa subtile imagination. En dépit de la forte dominance romanesque, l'auteur s'excelle dans un autre genre qui est le genre épistolaire utilisé notamment vers la fin de son roman.

Errance à travers les vieilles ruelles de la cité stambouliote, Alice et Daldry assemblent les pièces d'un puzzle qui, révèle peu à peu les secrets d'un passé enfoui, décidera de leur avenir, une restitution esthétique, où l'auteur rend un nouveau souffle à ses personnages. C'est dans ce sens que la transtextualité est omniprésente.

Enfin, nous espérons à travers ce modeste travail avoir répondu sur les questions posées ultérieurement, et avoir levé quelques ambigüités sur l'oeuvre en question, un roman riche et original qui met la lumière sur les multiples connaissances de Marc Lévy, considéré comme l'un des auteurs français le plus lu et traduit dans le monde, recherche inscrite dans un cadre universitaire bien déterminé, et son champ est toujours ouvert, sachant qu'il existe d'autres pistes à explorer.

57

Bibliographie

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Les oeuvres littéraires :

? Les oeuvres de notre corpus :

- Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350p.

? D'autres oeuvres de Marc Lévy :

- Marc Lévy, Elle et lui. Paris : Robert Laffont, 2015.

- Marc Lévy, Et si c'était vrai. [2000]. Paris: Robert Laffont.

? OEuvres cinématographique:

- Steven Spielberg, Juste Like Heaven (Adaptation

Cinématographique), Dream works.

? Les ouvrages théoriques :

- ANGENOT, Marc, Glossaire pratique de la critique, Contemporaine, Montréal: Hurtubise, 1979

- Barthes Roland, Le plaisir du texte, Paris, Seuil, 1973.

- Bouillaget Annick, L'Écriture imitative. Pastiche, parodie.

Nathan, 1996.

- Compagnon Antoine, La seconde main, pages 32,34.

- Dac Pierre, Ici Londres : Pierre Dac vous parle, Éd. Pierre

Trémois (1945).

- Gérard Genette, Palimpsestes, 1982.

- Gérard Genette, Seuils. Paris, 1987.

- Jouve Vincent, Poétique du Roman, Armand Colin.

- Kristeva Julia, Séméiotike Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points ».

- Kristeva Julia, Sémiôtiké. Recherche pour une sémanalyse. Paris,

Ed Seuil, 1969.

- Lamontagne, André, Les Mots des autres. La Poétique intertextuelle

des oeuvres romanesques d'Hubert Aquin, Québec: Presses

Universitaires de Laval, 1992.

- Macherey Pierre, Pour une théorie de la production littéraire, Paris,

59

Maspero, 1970, p106.

60

- MAUREL-INDART, Hélène, Du Plagiat, Paris: Presses Universitaires de France, 1999.

- Piegay-Gros Nathalie, Introduction à l'intertextualité, Ed Dunod, Paris, 1996.

- Riffaterre Michael, La trace de l'intertexte, « La Pensée, N°215, Octobre 1980 ».

- Samoyault, Tiphaine L'Intertextualité, mémoire de la littérature, Nathan, 2001.

- Somville Léon, Réflexions sur l'intertexte, Ed : DRESAT, 1982.

61

? Les articles et les revues :

- Marc Lévy, Source des chiffres de vente et de classement : Ipsos/Livres Hebdo - Le Figaro.

- Pierre Vavasseur, Le Parisien.

? Sitographie :

- Autres oeuvres de Marc Lévy : httpwww.marclevy.info ou : www.marclevy.info

- http://www.facebook.com/marc.levy.fanpage.

- Entretien avec Gérard Genette, Magazine électronique à consulter sur « lire.fr ».

- http://www.copiedouble.com/node/123.

- Montesquieu, Lettres persanes, Éditions eBooksFrance, www.ebooksfrance.com.

62

Résumé :

Une des hypothèses de départ de cette étude était que le roman de Marc Lévy se traduit principalement par une quête de liberté dans l'écriture, une revendication qui passe ainsi par le décloisonnement et l'hybridation. Ce constat a conduit à une lecture et étude transtextuelle de son oeuvre, qui permet de mettre en évidence l'ultime volonté pour lui de brouiller les sentiers battus de la littérature, l'écrivain brave les interdits en mêlant habilement les genres littéraires dans un style où roman, essai, lettre et autres cohabitent sans heurt.

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Summary:

One of the starting assumptions of this study was that the romance of Marc Lévy results mainly in a search of freedom in the writing, a claim which passes this by the decloisenement and hybridization.This report led to a reading and transtextuelle study of its work, which makes it possible to highlight the ultimate will for him to scramble the beaten paths of the literature, the writer faces the interdicts by skilfully mixing the kinds in a style where Romance, test, letter and others cohabit without clash.






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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery