UNIVERSITE MENTOURI CONSTANTINE
FACULTE DES LETTRES ET DES LANGUES DEPARTEMENT DE
LANGUE FRANÇAISE
N°-d'ordre : N°-de série :
MÉMOIRE
EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MASTER EN
LANGUE FRANCAISE
OPTION : ANALYSE DU DISCOURS
Intitulé :
Analyse transtextuelle de :
L'Étrange voyage de Monsieur Daldry de Marc
Lévy.
Présenté par : Sous la direction de :
Ilyes MEGHLAOUI Mme. Sonia HAINE
Membres du Jury :
Présidente : Mme. DJENAN AMINA, Maitre assistant,
Université Mentouri. Rapporteur : Mme. HAINE SONIA,
Maitre assistante, Université Mentouri. Examinateur : M. MERTANI ABD AL
FATEH, Maitre assistant, Université Mentouri.
1
2015-2016
2
A mes parents
A mes frères et ma soeur
A tous ceux qui m'ont aidé et
encouragé.
3
Remerciements :
La liste des personnes auxquelles Je dois beaucoup,
sans lesquelles Je n'aurais jamais pu écrire ce Mémoire. Mais, je
ne Pourrais pas M'empêcher d'en citer Quelques Une,
Toute ma gratitude est accordée au Bon
Dieu, je tiens à remercier mon encadreur Madame Haine Sonia, pour sa
grande disponibilité, ses conseils précieux, et ses
encouragements dans l'accomplissement de ce travail de recherche. En plus, je
tiens à remercier mes enseignants pendant mes cinq années
d'étude en particulier, Mme. Boumendjel Lilia, M. Benkara Mustapha, Mme
Bougachiche Myriam, pour leurs conseils, et leur bonne volonté de me
conduire jusqu'au bout.
Ensuite, notre travail n'aurait pas vu le jour
sans le soutien sans faille de mes parents surtout ma mère, qui m'a
donné toujours l'envie d'étudier la langue française, de
mon frère Djamel et son épouse Lamia ainsi leur petite fille
Mayar, mon frère Rachid et ma soeur Lynda.
Enfin, je tiens à remercier mes amis,
certes je ne peux pas tous les citer, mais ils se reconnaîtront, car ils
ont su me motiver, m'encourager durant toute cette période pour mener
à bien ce projet.
A vous tous, merci
« Si l'idée ne vient pas, vas-toi
à elle. »
4
Proverbe africain
5
Sommaire
1-) Première Partie : Introduction 1
1-) Présentation de l'auteur .1
2-) Présentation et résumé du corpus ..2
3-) Motivation .5
4-) Problématique 5
5-) Outils théoriques et aspects méthodologies
6
2-) Deuxième Partie : Moyens Théoriques
7
? Premier chapitre : L'intertextualité et ses
approches .8
1-) Définition .9
2-) Les approches de l'intertextualité 9
a-) Julia Kristéva .9
b-) Michael Riffaterre ...10
c-) Roland Barthes .11
d-) Gérard Genette 11
? Deuxième chapitre : La transtextualité et
ses formes 12
1-) Définition ..13
2-) Les formes de la transtextualité 13
a-) L'architextualité .13
b-) La paratextualité .14
c-) La métatextualité 15
d-) L'intertextualité ..15
c-) L'hypertextualité 19
3-)
6
Troisième partie : Analyse textuelle
21
? Premier chapitre : analyse paratextuelle
..23
1-) Le titre .23
2-) La première de couverture ..27
3-) L'illustration 29
4-) L'épigraphe ..33
5-)L'épilogue .34
6-)La quatrième de couverture ..36
? Deuxième chapitre : analyse architextuelle
...40
1-) Le roman 42
2-) Le genre épistolaire ..44
Conclusion . 47
Bibliographie - Sitographie 50
Résumé .55
7
Introduction
8
L'écriture a été de tout le temps, l'une
des moyens les plus séduisantes, afin de permettre à l'individu
d'exprimer une pensée, un état d'âme, un souvenir, une
idéologie, un engagement, bref, tout ce qui est propre à soi, et
l'oeuvre de Marc Lévy suit le même chemin.
« Le texte de l'auteur, se présente rarement
à l'état nu, sans le
renfort et l'accompagnement d'un certain nombre de
productions intertextuelles »1,
Son roman: L'étrange voyage de Monsieur
Daldry2, ne déroge pas à la règle,
néanmoins, l'auteur garde son propre style. Et à travers un long
voyage, il nous embarque avec lui dans une errance de rêverie plus ou
moins fictive, un voyage qui reflète bien évidemment la
psychologie de ses personnages ainsi que la sienne
Marc Levy est né le 16 octobre 1961 en France. A 18
ans, il s'engage à la Croix Rouge Française où il passe 6
ans dans divers postes. À 37 ans, il écrit son tout premier
roman. Encouragé par sa soeur scénariste (aujourd'hui
réalisatrice), il envoie le manuscrit aux Éditions Robert Laffont
qui acceptent aussitôt de publier Et si c'était
vrai3. Peu avant la sortie du roman, Steven Spielberg
(Dreamworks) en acquiert les droits d'adaptation cinématographique.
Le film, intitulé Just Like
Heaven4, produit par Steven Spielberg, interprété
par Reese Whitherspoon et Mark Ruffalo, s'est classé premier du
box-office américain lors de sa sortie en 2005. Après la
publication de
1 Gérard GENETTE: Seuils, Paris, Le
Seuil, 1987, page 7.
2 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350
p.
3 Marc Lévy, Et si c'était
vrai. Paris: Robert Laffont, 2000.
4 Steven Spielberg, Juste like Heaven. (Adaptation
cinématographique) : Dreamworks.
9
son premier roman, Et si c'était
vrai5, en 2000, Marc Levy se consacre exclusivement à
l'écriture.
Son roman L'étrange voyage de Monsieur
Daldry6, a été publié en France le 21
avril 2011. Tous ses romans figurent dès leur parution en tête des
ventes annuelles en France et connaissent un succès international.
Ses 12 premiers romans, traduits en 41 langues, ont
été publiés à 22 millions d'exemplaires. Son
dernier roman, Elle et lui (2015).7 Marc Levy est
l'auteur français le plus lu dans le monde8.
Voyage de Londres jusqu'à Istanbul...
Après une sortie entre amis, le personnage Alice
rencontre une voyante dans un parc d'attraction foraine, la voyante
prédit à Alice qu'à l'issue d'un long voyage et de sept
rencontres, elle trouvera l'homme qui la cherche depuis toujours.
Le destin fait que son voisin fort excentrique, Monsieur
Daldry, l'encourage à partir ils se connaissent à peine et
voilà que le duo sans tarder s'envole pour Istanbul.
5 Marc Lévy, Et si c'était
vrai. [2000]. Paris: Robert Laffont,
6 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350
p.
7 Marc Lévy, Elle et lui. Paris:
Robert Laffont, 2015.
8 Marc Lévy, Source des chiffres de vente et de
classement : Ipsos/Livres Hebdo - Le Figaro.
10
La voyante prédit aussi, à la jeune femme que
ses origines remontent bien loin, que sa vie Londonienne, et ses vrais parents
se retrouvent dans l'autre rive de l'Europe, à Istanbul plus
exactement.
Et dans les rives du Bosphore, Alice et monsieur Daldry
commencent leur enquête à travers les vieilles ruelles de la
cité, et assemblent les pièces d'un puzzle, qui
révèle peu à peu les secrets d'un passé enfoui,
celui-ci, va être décisif pour leur avenir.
Pour bien mener leur enquête dans cette ville
cosmopolite, il fallait trouver un interprète qui maîtrise bien
les deux langues, l'anglais et le turc. Le personnage Can un interprète,
s'avère bien utile dans plusieurs situations, par ses multiples
connaissances de son milieu.
Les premiers signes de cette pièce de puzzle,
s'éclaircie au fur et à mesure de leur séjour, et pour
bien mener cette recherche les deux jeunes gens vont par l'appui de
l'interprète Can jusqu'au consulat d'Angleterre en Turquie,
Le consul les aides bien à remonter, dans le temps
à travers les archives datant de l'avant guerre mondiale, plus
précisément vers 1913, Alice découvre alors que ses
parents pharmaciens ont été enregistrés dans l'ambassade
d'Angleterre en Turquie, et en tant que ressortissants anglais, ils ont le
droit d'être transporté convenablement jusqu'en Angleterre.
Le pays à l'époque est plongé dans une
guerre civile atroce où les Arméniens étaient des
victimes, d'une chasse sans précédente par l'empire ottoman
près de quatre mille Arméniens, furent déportés, on
les assassina par centaines de milliers. Aujourd'hui plus personne n'en parle,
tout le monde semble l'ignorer. Ils sont si peu nombreux, ceux qui ont
survécu et qui ont trouvé la force de témoigner. Des
témoins parlent de
11
déplacements de population, des rumeurs indiquent que
des colonnes de femmes, d'hommes et d'enfants, longues de plusieurs
kilomètres, ont traversé le pays vers le sud au milieu du
désert, on les a laissés mourir d'épuisement, de soif et
de faim.
Mais Alice découvre que ses vrais parents sont eux
aussi Arméniens, qui ont retrouvés la mort à
l'époque. Alors que les deux pharmaciens anglais, étaient
seulement ses parents adoptifs et qu'elle leur doit la vie.
Alice, réussit à assembler enfin, sa
pièce de puzzle, après des mois de recherche pour retrouver la
trace de ses vrais origines, Alice rencontre les sept hommes témoins de
son passé comme l'a déjà prédit la voyante, et
parmi eux, son frère Rafael ; qui lui était complètement
inconnu, elle finit par retrouver sa nourrice, le voisin de ses vrais parents
M. Zemirli, l'instituteur de l'école où elle a passé ses
premières années d'enfance, l'interprète turc
engagé dès le début de leur Séjours à
Istanbul, et enfin le consul de l'ambassade britannique en Turquie qui les a
aider pour la recherche dans les archives anciennes.
Enfin et par un hasard providentiel, le septième homme
qui la cherche depuis toujours, il s'est avéré ce n'est autre que
M. Daldry son voisin, celui qui l'accompagnait pendant son séjours en
Turquie.
Et c'est avec ce dernier, qu'elle termine enfin de rassembler
sa pièce de puzzle et décide de vivre avec lui pour toujours.
12
Mon intérêt pour Marc Lévy commença
il y a deux ans, en tant que lecteur je trouve son style très
remarquable.
Et avec l'approbation de mon encadreur, Madame Haine Sonia,
nous avons décidé de travaillé sur ce roman pour plusieurs
raisons : au début c'est la nouveauté du corpus qui nous a
attiré, ensuite et après la lecture du roman notre choix s'est
renforcé. En effet, nous avons été intrigué par le
genre utilisé par Marc Lévy vers la fin de son roman, un genre
épistolaire remarquable où l'auteur s'excelle pour nous raconter
l'enchaînement de l'histoire, par de simples correspondances entre ses
personnages principaux L'hétérogénéité et
l'éclatement de genres dans ce texte a guidé et renforcé
notre choix.
Le roman, L'étrange voyage de Monsieur
Daldry9, de Marc Lévy, raconte l'histoire d'une jeune
fille londonienne qui va jusqu'à Istanbul, chercher ses vraies
origines.
C'est à la troisième personne du singulier que
l'auteur nous livre, l'histoire d'Alice obsédée par son
passé, un parcours magnifique, plein d'aventures, de sentiments et
d'intrigue.
Après des lectures minutieuses de l'oeuvre, plusieurs
questions surgissent dont les suivantes sont les plus pertinentes :
- Pourquoi un tel choix de titre ?
- Quel rôle joue le péritexte dans ce roman ?
- Quelle est l'importance de la correspondance dans l'oeuvre
en question ?
- 9 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350
p.
Pour répondre aux questions posées
ultérieurement, le moyen que nous jugeons le plus approprié est
:
La transcendance textuelle ou transtextualité de G.
Genette proposée dans son ouvrage Seuils10, où nous
allons analyser deux catégories trantextuelles : le paratexte et
l'architexte.
Pour mener bien notre travail nous avons décidé
de suivre une démarche bien précise qui subdivise en deux parties
: la première partie ;
Abordera la présentation des outils théoriques,
avec deux chapitres, le premier se portera sur l'intertextualité et ses
approches, le deuxième sur la transtextualié, sa
définition et ses formes : la deuxième partie ;
Sera consacré à l'analyse textuelle avec deux
chapitres, à commencer par la paratextualité avec une analyse
titrologique, analyse de la première de couverture, de
l'épigraphe, l'épilogue, et de la quatrième de
couverture... Ensuite, pour le deuxième et dernier chapitre, sera
réservée à l'étude de l'architexte de l'oeuvre pour
mettre en lumières la diversité des genres littéraires
convoqués par l'auteur et enfin, comme dernier chapitre sera
consacré à l'étude d'un genre particulier qui est le genre
épistolaire.
13
10 Genette Gérard, Seuils, Paris, 1987
14
Première Partie :
Outils Théoriques
15
Premier chapitre :
L'intertextualité et
ses approches
16
Dans cette partie nous tenterons tout au long de
l'étude intertextuelle, de rendre compte de toutes les ouvertures du
roman aux autres textes. Par la présentation de la notion de la
transcendance textuelle ou la transtextualité toute en recourant, comme
un rappel par la définition de l'intertextualité et ses approches
comme une nouvelle notion dans le champ de la critique littéraire.
1- Définition de l'intertextualité :
Nul ne peut nier aujourd'hui que la richesse d'un texte
littéraire, quel qu'il soit, teindrait surtout et essentiellement
à sa grande capacité et son pouvoir de se nourrir des autre
textes
« L'intertextualité est donc le mouvement par
lequel un texte réécrit un autre texte, et l'intertexte
l'ensemble des textes qu'une oeuvre répercute »11
Ce qui veut dire que tout texte donné est
élaboré à partir de fragments de textes antérieurs,
ainsi l'intertextualité devient un mouvement par lequel un texte
récrit un autre texte.
2- Les approches de l'intertextualité :
Pour Julia Kristeva, l'intertextualité
:
« Est une dynamique textuelle, elle fait valoir que
le texte n'est pas un objet fermé conçu selon une volonté
transcendante, mais le lieu d'un travail où interagissent
l'activité scripturale, l'ensemble des textes
déjà-là et le lecteur producteur d'un sens.
L'intertextualité est donc est une qualité du texte, une
dimension de sa littéralité... ».12
11 Nathalie Piegay-Gros, Introduction à
l'intertextualité, Ed Dunod, Paris, 1996, P16.
12 Julia Kristeva, Sémiôtiké.
Recherche pour une sémanalyse. Paris, Ed Seuil, 1969. P 147.
17
De ce fait souligne que :
« L'intertextualité comme un processus
indéfini (...) il s'agit moins d'emprunts, d'imitations et de filiations
que de trace le plus souvent inconscientes, difficilement isolables
»13.
Donc, selon Kristeva, l'intertextualité n'est pas une
simple imitation, ou reproduction, mais plutôt une
productivité.
L'intertextualité est également
considérée non plus comme un élément produit par le
travail symbolique de l'écrivain (L'écriture) mais comme un effet
de lecture.
Dans ce sens, Michael Riffaterre redéfinit
l'intertextualité :
« Comme la perception par le lecteur de rapport entre
une oeuvre et d'autres qui l'ont précédée ou suivie
»14.
C'est donc au lecteur de détecter, d'identifier et de
signifier l'intertexte.
Riffaterre considère l'intertextualité comme une
contrainte car au cas où l'intertexte n'est pas détecté
c'est la nature même du texte qui est manquée. Sachant que
l'intertexte évolue de manière historique, le savoir, la culture
ainsi que la mémoire des lecteurs évoluent et se modifient avec
le temps.
L'ensemble de référents (cultures, religieux,
mode de vie...) communs à telle ou telle génération
change. Ainsi, les textes tendent à redevenir opaques ou à perdre
de leur signification du moment que leur intertextualité devient
illisible.
13 Julia Kristeva, Sémiôtiké.
Recherche pour une sémanalyse. Paris, Ed Seuil, 1969. P 146.
14 Michael Riffaterre, La trace de
l'intertexte, « La Pensée, N°215, Octobre 1980 »,
P.33.
18
Dans la même optique, à l'image de Riffaterre,
Roland Barthes définit l'intertextualité :
« Par un effet de lecture mais la perçoit
comme un élément fondamentale qui nous permet de revendiquer la
subjectivité de la lecture ».15
Barthes dans Le plaisir du texte, parle des
ramifications qu'une mémoire alertée par un mot, une impression,
un thème, engendrera d'un texte donné. (Pour Barthes,
l'écrivain français Proust représente la prime à
travers lequel il lit dans les autres textes).
« Texte veut dire Tissu, mais alors que jusqu'ici, on
a toujours pris ce tissu pour un produit, un voile tout à fait,
derrière lequel se teint, plus ou moins cacher le sens (la
vérité), nous accentuons maintenant, dans le tissu, l'idée
générative que le texte se fait, se travaille à travers un
entrelacs perpétuel ; perdu dans ce tissu, cette texture - le sujet s'y
défait, telle une araignée qui se dissoudrait elle-même
dans les secrétions constructives de sa toile. Si nous aimons les
néologismes (nous soulignons) nous pourrions
définir la théorie du texte comme une hypologie (hypos, c'est le
tissu et la toile d'araignée »16.
Genette pour sa part définit l'intertextualité,
contrairement aux autres théoriciens :
"Je définis [l'intertextualité], pour ma
part, de manière sans doute restrictive, par une relation de
coprésence entre deux ou plusieurs textes, c'est-à-dire [...] par
la présence effective d'un texte dans un autre."17
15 Roland Barthes, Le plaisir du texte,
Paris, Seuil, 1973.
16 Roland Barthes, Le plaisir du texte,
Paris, Ed Seuil, Points Essais, 1973, P.85.
17 Gérard Genette, Palimpsestes, 1982.
19
Deuxième chapitre :
La transtextualité et
Ses Formes
20
1) Définition :
La transtextualité ou la transcendance textuelle du
texte est un concept proposé par Genette à travers une
réflexion sur l'ensemble des relations qu'un texte entretient avec la
notion même de textualité dans ce qu'il nomme
«transtextualité».
Celle-ci renvoie à tout ce qui met un texte en relation
avec d'autres textes. Dès le début de son ouvrage, il inventorie
d'abord cinq types de pratiques intertextuelles qu'il passe à la loupe.
Ce sont donc: l'intertextualité, la paratextualite, la
métatextualite, l'architextualite et l'hypertextualite.
Les formes de la transtextualité : a-)
L'architextualité :
Selon Genette, l'architextualité est le type :
« Qui détermine le statut
générique (roman, poème, etc.) d'un texte; elle oriente
l'«horizon d'attente» du lecteur-destinataire...Ainsi
présentée sommairement, la taxinomie des aspects
littéraires du texte laisse entrevoir sa capacité de recouvrir un
corpus très étendu. L'enquête ouverte dans Palimpsestes se
limite toutefois à la «littérature au second
degré» (valeur paratextuelle du sous-titre!), c'est-à-dire
à des textes obtenus par la transformation d'une série
antécédente ».18
18 Gérard GENETTE, Palimpsestes.
La littérature au second degré, Ed. Du Seuil, 19B2,
citation p. 57.
21
b-) La paratextualité :
Selon Genette, la paratextualité, est constitué par
des «signaux accessoires» tels que titre, préface, notes,
épigraphe, illustrations, prière d'insérer, etc.
Elle définit cette catégorie transtextuelle comme
suit :
« C'est le travail qui consiste à étudier
les différents liens que peut avoir l'oeuvre littéraire avec son
paratexte, autrement dit, avec ses titres, sous titres ; préface...
».19
Dans son ouvrage Seuil, Genette avance qu'il existe deux types de
paratextes ; le péritexte (situé à l'extérieur du
texte) et l'épitexte (situé à l'intérieur du
texte).
b-1-) Le péritexte :
Le péritexte selon Genette est :
« Le péritexte - (le titre, les sous-titres,
les intertitres, les noms de l'auteur et de l'éditeur, la date
d'édition, la préface, les notes, les illustrations, la table des
matières, la postface, la quatrième de couverture...) et celui
situé à l'extérieur du livre ».20
19 Gérard GENETTE, Palimpsestes. Paris, Point.
1982, P10.
20 Idem, p 11.
22
b-2-) L'épitexte :
Selon Genette toujours, l'autre catégorie qu'on appelle
l'épitexte la définit comme suivante :
« L'épitexte - (entretiens et interviews
donnés par l'auteur avant, après ou pendant la publication de
l'oeuvre, sa correspondance, ses journaux intimes...)
».21
c) La métatextualité :
Selon Vincent Jouve dans Poétique du Roman :
« Elle renvoie aux relations de commentaire entre les
textes. On la rencontre essentiellement dans les textes critiques, mais aussi,
parfois, dans les romans ».22
C'est-à-dire c'est une relation de commentaire, qui unit
un texte (A) à un autre texte (B) dont il parle sans le citer.
d) L'intertextualité :
Et selon J. Kristeva, dans Séméiotike :
« [...] le mot (le texte) est un croisement de mots (de
textes) où on lit au moins un autre mot (texte). [...] Tout texte se
construit comme mosaïque de citations, tout texte est absorption et
transformation d'un autre texte. A
21 Gérard GENETTE, Palimpsestes.
Paris, Point. 1982, p14.
22 Vincent Jouve, Poétique du Roman,
Edition Armand Colin.
23
la place de la notion d'intersubjectivité
s'installe celle d'intertextualité, et le langage poétique se
lit, au moins, comme double. »23
C'est-à-dire Tout texte - on le sait au moins depuis
Bakhtine - se construit, explicitement ou non, à travers la reprise
d'autres textes. Aucune oeuvre n'est créée ex nihilo, et
le roman n'échappe pas à la règle.
La citation :
En ce qui concerne la citation, Antoine Compagnon
perçoit cette pratique comme fondement du jeu de toute écriture
littéraire:
« Le travail de l'écriture est une
récriture des lors qu'il s'agit de convertir des éléments
séparés et discontinus en un tout continu et cohérent
[...]. Réécrire, réaliser un texte à partir de ses
amorces, c'est les arranger ou les associer, faire les raccords ou les
transitions qui s'imposent entre les éléments mis en
présence. Toute écriture est collage et glose, citation et
commentaire ».24
Et de poursuivre:
« La citation représente la pratique
première du texte, au fondement de la lecture et de l'écriture;
citer, c'est répéter le geste archaïque du
découper-coller, l'expérience originelle du papier, avant que
celui-ci ne soit la surface d'inscription de la lettre, le support du texte
manuscrit ou
23 J. Kristeva, Séméiotike
Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points », 1969, p. 84-85.
24 Antoine Compagnon, La seconde main, pages
32,34.
24
imprimé, un mode de la signification et de la
communication linguistique ». 25
La référence :
La référence est une forme aussi explicite que
la citation mais elle établit avec le texte antérieur une
relation par absence, tout en renvoyant le lecteur à un texte sans le
citer littéralement. L'hétérogénéité
textuelle y est quasiment absente car « la référence
n'expose pas le texte cité, mais y renvoie par un titre, un nom
d'auteur, de personnage ou l'exposé d'une situation
spécifique.»26
Quand la référence nous renvoie à un
texte antérieur d'un autre auteur, autrement dit, quand elle
établit une relation entre deux textes différents d'auteurs
différents, elle reste l'une des formes de l'intertextualité.
Cependant, quand il s'agit d'une relation par référence entre
deux ou plusieurs textes d'un même auteur, il s'agit ici de
l'intratextualité qui met en évidence l'auto
référence, l'auto influence d'un auteur, et les
différentes relations entre ses oeuvres (textes) disparates.
Le plagiat :
Pour le cas du plagiat, il se distingue de la citation en ce
qu'il cite littéralement un texte étranger sans signaler sa
présence: il y a absence de marques citationnelles.
25 Antoine Compagnon, La seconde main, pages
35, 36.
26 Tiphaine Samoyault, L'Intertextualité,
mémoire de la littérature, Nathan, 2001, p 70.
D'après Maurel-Indart :
« Cette pratique consiste en une obsession de
l'originalité: Le plagiaire, enfermé dans le passé des
autres, se heurte à un déjà-dit qu'il tente en vain de
recomposer et d'interpréter à sa manière propre. Le
plagiat doit s'entendre alors comme un emprunt thématique et / ou
stylistique non avoue, c'est-à-dire sans référence a
l'oeuvre d'origine, fait a une oeuvre littéraire préexistante. Il
est, en quelque sorte, une pure et simple reproduction, a l'identique, d'un
extrait d'oeuvre littéraire ou, simplement, un emprunt illicite
».27
C'est donc l'appropriation illégale des passages, des
extraits d'oeuvres littéraires, etc. sans mentionner des informations
à propos de sa véritable source.
L'Allusion :
Par définition Léon Somville la définit
dans son oeuvre, Réflexions sur l'intertexte l'allusion est un
:
«Énoncé dont la pleine intelligence suppose
la perception d'un rapport entre lui et un autre auquel renvoie
nécessairement telle ou telle de ses inflexions, autrement non
recevable».28
Il faudrait noter, au passage, que l'allusion ne se rapporte
pas a un extrait précis du texte convoque qui n'est pas présent
littéralement, mais
27 MAUREL-INDART, Hélène, Du
Plagiat, Paris: Presses Universitaires de France, 1999.
25
28 Léon Somville, Réflexions sur
l'intertexte, Ed : DRESAT, 1982 pages 1-9.
26
apparait a travers un réseau d'indices plus ou moins
clairs. Selon Angenot :
« On considère comme allusif tout
énoncé qui, outre son sens littéral, apparaît comme
la reprise, non identifiée comme telle et dans un nouveau contexte,
d'une phrase connue ou censée connue. L'allusion a pour effet de
rappeler économiquement la situation d'origine, de permettre un
rapprochement avec celle qui est actuellement évoquée, et de
mettre en place un réseau intertextuel qui permettra des contaminations
axiologiques ».29
e-) L'hypertextualité :
L'hypertextualité, qui fait l'objet de
Palimpsestes, est la plus fructueuse, car elle repose sur une relation
de dérivation d'un texte A hypotexte vers un texte B
hypertexte:
« J'appelle donc hypertexte tout texte
dérivé d'un texte antérieur par transformation simple
(nous dirons désormais transformation tout court) ou par transformation
indirecte: nous dirons imitation. »30
- La parodie :
Elle consiste en une modification et transposition du texte
antérieur. Elle le déforme, tout en reprenant des
énoncés du texte premier. Elle
29 ANGENOT, Marc, Glossaire pratique de la
critique contemporaine, Montréal: Hurtubise, 1979.
30 Gérard Genette, Palimpsestes,
1982, Ed. Seuil, p10.
27
permet aussi d'actualiser des textes classiques pour les
rendre accessibles pour un lectorat qui n'est pas de leur époque.
D'actualiser des textes classiques pour les rendre accessibles
pour un lectorat qui n'est pas de leur époque.
- Le pastiche :
De même que la parodie, le pastiche déforme
l'hypotexte, non pas par transformation, mais par imitation du style
caractéristique d'un auteur surtout.
Annick Bouillaget distingue dans L'Écriture
imitative entre deux types de pastiche : « le pastiche de style
»31 et « le pastiche de genre
»32.
Les frontières entre ces différents types
d'intertexte ou d'hypotexte ne sont pas étanches, il peut y avoir
présence d'un type dans l'autre, avec l'autre, ou même une
confusion ou un rapprochement entre deux ou plusieurs types.
La typologie de Genette propose une classification qui porte
un éclairage sur la notion d'intertextualité mais son approche
n'est pas exhaustive car, cette notion est d'une extension gigantesque vu son
vaste champ d'application, et la richesse, la diversité, ou la
complexité de la littérature.
La théorisation et l'étude du
phénomène de l'intertextualité est infinie, voire
interminable à cause des différentes appellations, formes et
notions qui diffèrent d'un critique à l'autre, selon l'angle sous
lequel chacun l'aperçoit.
31 Annick Bouillaget, L'Écriture imitative.
Pastiche, parodie. Nathan, 1996, p. 21
32 Idem, p 48.
28
Deuxième Partie :
Analyse textuelle
29
Premier chapitre :
Analyse
Paratextuelle
30
Nous tenterons tout au long de l'étude intertextuelle,
de rendre compte de toutes les ouvertures du roman aux autres textes. Nous
recourons, pour cela, aux deux types transtextuels ; le paratextuel et
l'architextuel
Analyse paratextuelle :
Nous entamons cette étude par une analyse
paratextuelle, qui va nous permettre une approche globale sur le texte à
travers tous ses éléments implicites et explicites
Le texte, entretient un rapport fusionnel, avec tous les types
d'éléments paratextuels que Genette, d'ailleurs, partage en deux
catégories (péritexte et épitexte) dans
son ouvrage Seuil33, nous nous intéresserons dans
cette étape à chacun des types d'éléments qui
entourent et prolongent le texte ; le titre, la première de couverture,
l'épigraphe, l'illustration, l'épilogue, la quatrième de
couverture que nous étudierons séparément.
1-) Le titre :
Le premier élément paratextuel qui produit un
effet sur lecteur c'est le titre :
L'Étrange voyage de Monsieur Daldry
34
L'orthographe mystérieux de ce titre ne s'explique que
par le contenu de l'oeuvre, parce que tout au long de notre lecture, du
début jusqu'à la fin, nous remarquons que ce Monsieur Daldry
présent comme un
33 Genette Gérard, Seuils, Paris,
1987.
34 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012.
(Coll. Pocket). 350 p.
31
personnage principale dans l'oeuvre, ainsi par rapport au
titre toujours il y a des éléments répétitifs dans
chaque chapitre comme ; le voyage :
Un voyage de Londres jusqu'à Istanbul, ce voyage est
très long puisqu' à chaque fois il faut s'arrêter dans un
lieu particulier. Autre élément présent aussi dans le
titre de Marc Lévy c'est l'étrangeté ;
L'Étrange voyage de Monsieur Daldry, que ce soit pour ses
personnages ; Monsieur Daldry cette homme mystérieux ; qui entreprend si
long voyage avec sa voisine Alice, alors que les deux jeunes gens se
connaissent à peine ; cette étrangeté se rapporte aussi
aux lieux singuliers visités par Alice, seule dans ses rêves et
plus tard en compagnie de Daldry.
Aussi, nous constatons que le titre de notre corpus est
construit autour de trois éléments majeurs ; le voyage,
l'étrangeté et le personnage Daldry.
Le voyage :
Alice et Daldry, deux personnages décident
d'entreprendre ce long voyage, avec un objectif qui parait très loin
à atteindre, c'est sur les traces du personnage Alice que l'histoire
commence, dans un univers tout à fait différent de leur culture
occidentale, puisque les deux personnages vont être plongés dans
un monde orientale, prit dans un tourbillon entre deux civilisations où
le choc de cultures est apparent et omniprésent dans l'histoire, comme
nous le montre cet extrait :
- « Partons aussi vite que possible. je
voudrais fuir l'hiver, Londres
et mes habitudes, je voudrais que nous soyons
déjà au jour du départ. Je vais visiter Sainte-Sophie, les
ruelles du grand bazar, m'enivrer de
32
senteurs, voir le Bosphore, vous regarder croquer les
passants au carrefour de l'Occident et de l'Orient. Je n'ai plus peur, et je
suis heureuse, Daldry, tellement heureuse... »35
Et un peu plus loin :
- « Le vol Air France de Paris à Vienne fut
plus mouvementé que celui de Londres »36
Les deux jeunes gens Alice et Monsieur Daldry, arrivent
déjà et se donnent un rendez-vous dans un hôtel, comme nous
montre l'extrait suivant :
- « Les décalages horaires sont
déroutants lorsqu'on n'a pas l'habitude de voyager. Demain, vous aurez
besoin de faire une grasse matinée. Je propose que nous nous retrouvions
vers midi... »37
Quant à l'étrangeté, concerne surtout les
rêves cauchemardesques d'Alice pendant ses nuits où, elle vit un
autre monde que celui du réel, un passage du roman rapporte :
- « une fine poussière flottait dans l'air,
brassée par un vent chaud.
Du sommet d'une ruelle en terre, un grand escalier vers un
autre quartier de la ville.
35 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket).
P112.
36Ibid. P127. 37Ibid. P144.
33
Alice avançait, pied nus, regardant de tous
côtés. Les rideaux de fer des petits commerces aux couleurs
bariolées étaient tous baissés.
Une voix l'appela dans le lointain. En haut des marches, une
femme lui fit signe de se presser, comme si un danger les guettait. Alice
courut pour la rejoindre, mais la femme s'enfuit et disparut...
»38
Quant à l'étrangeté du
personnage Daldry, elle est évoquée à travers plusieurs
passages notamment vers le début du notre corpus :
- « M Daldry referma délicatement sa porte au nez
d'Alice...Quel
étrange personnage ! marmonna-t-elle en rebroussant
chemin »39
38Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). P
68.
39Ibid. P17.
34
Le personnage Daldry :
Le titre met en exergue le personnage Daldry, comme un
élément principal de l'histoire, en raison de son
omniprésence du début jusqu'à la fin, prenant l'exemple de
ces deux passages :
- « Descendant les escaliers, Daldry aperçut
Can, assis sur une chaise dans le hall, bras croisés, qui le regardait
fixement. »40
- « Daldry ôta le bouchon, ferma les yeux et
respira le parfum. La note de tête était parfaite.
»41
2-) La première de couverture :
La première de couverture est en couleur bleu azur,
désignant bien évidemment la couleur de la mer, parce que
l'histoire se tourne dans un espace qui est souvent dominé par l'eau, ce
décor marin, que ce soit par la mer du Nord, qui s'étend sur
toute la côte ouest d'Angleterre en passant par la capitale Londres :
« Ils descendirent Queen's Road et West Street vers
la promenade qui long le bord de la mer (...) Deux grandes jetées
avançaient sur les
40 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
P206.
41 Ibid. P345.
35
flots. Les édifices en bois qui surplombaient leur
donnaient des allures de grands navires »42
Ou bien par, le détroit du Bosphore et les rives
méditerranéennes :
« Elle en gardait un souvenir impérissable et me
racontait ses promenades au bord d'une mer bleu azur, comme s'il s'était
agi du plus beau des voyages. »43
Plus loin encore, avec le Bosphore qui est à fois,
mouvementé, instable mais surtout capricieux comme, le cas de notre
personnage Alice fragile au moindre tourment :
« Une pluie diluvienne s'abattait sur les toits
d'Istanbul (...) Le Bosphore s'effaçait derrière un voile de
grisaille.»44
Alors l'autre fois c'est tout le contraire, notamment avec le
beau temps le Bosphore parait encore plus merveilleux que jamais, des paysages
spectaculaires où Alice les traverse à chaque fois, en rentrant
chez elle :
« La traversée du Bosphore est toujours un
émerveillement. Je m'amuse chaque fois en pensant que je pars travailler
en Europe et que je rentrerai le soir en Asie où je réside.
»45
42. Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket).
P283.
43 Ibid. P20.
44 Ibid. P148. 45Ibid. p190.
36
Ainsi le voyage continu, fuyant la guerre les ressortissant
arméniens trouvent qu'un seul refuge qui est le bassin
méditerranéen, où ils prennent un bateau jusqu'au
détroit de Gibraltar comme un dernier issu :
« Au printemps 1916, l'ambassade d'Angleterre
réussit à exfiltrer une centaine de ses ressortissant en les
faisant embarquer secrètement à bord d'un cargo battant pavillon
espagnol (...) le navire franchit le détroit des Dardanelles et arriva
sans encombre à Gibraltar. »46
3-) L'illustration :
L'illustration c'est une façade explicite, dans la
mesure où elle nous montre des éléments clés de
l'histoire, comme l'image de l'homme dépourvu de traits physiques, un
homme étranger qu'on va découvrir au fur et à mesure dans
la narration, celui-ci est notamment présent dans les rêves
d'Alice comme nous le montre les extraits suivants :
« Un vieillard les regarde et leur fait signe de
rebrousser chemin, il leur montre du doigt une barricade où de jeunes
hommes en armes font le guet ».47
Plus loin encore, la silhouette de cet homme devient
récurrente dans les rêves cauchemardesques d'Alice, celui-ci
considéré comme une sorte de délivrance, puisque à
chaque fois qu'il se présent, Alice s'apaise en le voyant, comme s'ils
se connaissaient déjà ; l'extrait suivant nous montre ce lien
affectif :
46Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket,
p224.
47 Ibid., p85.
37
« Sur le trottoir, un homme la regarde et lui sourit,
un visage bienveillant, plein d'amour. Elle l'a toujours aimé cet homme
d'un amour sans retenue. Elle l'a toujours aimé ainsi, elle l'a toujours
connu (...), elle voudrait le retenir, crier son prénom, mais elle n'a
plus de voix. Alors Alice lui fait une signe de la main ; en réponse,
l'homme agite sa casquette, lui sourit, avant de disparaître
».48
Une autre image encore, plus marquante qui attire le lecteur
est celle, de la main tendue de la voyante, tenant une boule de cristal ; dans
laquelle se reflète l'image à l'envers de la ville d'Istanbul,
une ville à fois charmante et mystérieuse, puisque toute
l'histoire se tourne autour de cette ville, où Alice découvre par
la prévoyance que ses origines remontent bien loin, de sa vie
Londonienne et dans cette ville d'Istanbul, plus exactement, qu'elle avait
vécu son enfance avec ses premiers parents d'origine arméniens,
comme nous montre l'extrait suivant :
« De l'Orient pour les deux, chuchota la voyante. Tu
viens d'un empire qui n'existe plus, d'un très vieux pays, distant de
milliers de kilomètres. Le sang qui coule dans tes veines a pris sa
source entre la mer Noire et la Caspienne. Regarde-toi dans une glace et
constate par toi-même ».49
Une réalité inattendue qu'Alice, doit
l'affronter, est celle de la mort de ses vrais parents d'origine
arméniens, pendant la guerre civile dont, la Turquie était
meurtrie. D'où la représentation à l'envers de la ville
d'Istanbul dans la première de couverture, notamment avec son
emblème
48 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p
71.
49 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
P53.
38
mythique de la basilique Saint-Sophie en arrière plan,
indique qu'une partie de son histoire est cachée. C'est justement la
tâche d'Alice de les déceler, nous découvrons ce lien avec
la ville d'Istanbul à travers l'extrait suivant :
« - Auriez-vous quelque chose sur la Turquie ?
demanda timidement Alice.
- Istanbul, très bon choix. Je rêve de m'y
rendre un jour, la basilique Sainte-Sophie, le Bosphore...Attendez, je dois
avoir cela quelque part, mais il y a tellement de désordre ici
(...)
- Voilà, c'était ici, un fascicule assez
complet, j'ai aussi un guide touristique que je peux vous prêter si cette
destination vous intéresse, mais il faudra me promettre de le rapporter
».50
Toujours en rapport, à cette ville emblématique
de la Turquie, un autre passage nous montre :
« Je vais visiter Sainte-Sophie, les ruelles du grand
bazar, m'enivrer de senteurs, voir le Bosphore, vous regarder croquer les
passants au carrefour de l'Occident et de l'Orient. Je n'ai plus peur, et je
suis heureuse, Daldry, tellement heureuse ».51
50 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. (Pocket), p
94.
51 Ibid. 112.
39
Première de couverture
40
4-) L'épigraphe :
Cette citation faisant corps avec notre étude
paratextuelle exige de faire appel à la définition donnée
par Gérard Genette :
« Je définirai grossièrement
l'épigraphe comme une citation placée en exergue,
généralement en tête d'oeuvre ou de partie d'oeuvre ; en
exergue signifie littéralement hors d'oeuvre, ce qui est un peu trop
dire : l'exergue est ici plutôt un bord d'oeuvre,
généralement au plus près du texte, donc après la
dédicace si dédicace il y a.»52 Donc nous
pensons qu'il s'agit d'une épigraphe.
Aussi la citation mise en exergue (épigraphe) peut
servir selon Genette de :
« Commentaire, parfois
décisif-éclaircissement donc, et par là de justification,
non du texte mais du titre ou au contraire du texte, dont elle précise
ou souligne indirectement la signification ».53
Notre corpus porte en épigraphe cette citation de Pierre
Dac :
« Les prévisions sont difficiles à
faire, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir ».54
Par son emplacement, juste au début de notre corpus, la
citation de Pierre Dac explique bien le contenu de l'histoire, puisqu'il s'agit
ici, d'une citation appartenant à un célèbre humoriste et
écrivain français.
52 Genette Gérard, Seuils, Paris, Le seuil,
1987.p147.
53 Ibid. p159.
54 Pierre Dac, Ici Londres : Pierre Dac vous
parle, Éd. Pierre Trémois (1945).
41
En premier lieu, Pierre Dac est l'un des
célèbres écrivains humoristiques français,
résistant politique, ce qui lui valait d'être toujours
persécuté par le régime autoritaire à
l'époque, un réfugié entre son pays natal : la France, et
la capitale anglaise, Londres.
Cette situation de l'humoriste rappelle étrangement
l'histoire de notre héroïne, car, Tout comme Alice qui est devenue
une réfugiée, à son insu en Angleterre, à cause de
ses parents adoptifs qui ont fuit la Turquie meurtrie par une guerre civile
à l'époque.
5-) L'épilogue :
Le dictionnaire Larousse définit l'épilogue
comme la conclusion d'un ouvrage littéraire, c'est aussi le
dénouement et la conclusion d'une histoire et d'une affaire. Il est en
général une partie finale ajoutée, comme de
surcroît, à un discours, à un ouvrage, en lui-même
complet.
Dans l'Étrange voyage de Monsieur
Daldry55 l'épilogue arrive au point nommé comme
une synthèse, une sorte de dénouement et d'aboutissement, dans la
mesure où l'auteur raconte la fin de l'histoire d'Alice, une fin
heureuse où la jeune fille arrive à dénouer, et à
rassembler sa pièce de puzzle, en découvrant sa vraie origine
dans cette magnifique ville ; qui est Istanbul, grâce aux six personnages
qu'elle avait rencontré, commençant par l'interprète Can,
le consul, M. Zemirli, le vieil instituteur de Kadiköy, Mme Yilmaz et son
frère Rafael, avant de pouvoir retrouver la septième personne,
l'homme qui compterait le plus dans sa vie, il s'avère que cette
personne n'est autre que M. Daldry son
55 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
42
voisin, celui qui l'accompagne pendant son séjours en
Turquie, comme l'explique ce passage :
« Elle a prédit le voyage que nous ferions,
elle a compté les six personnes que je devais rencontrer, Can, le consul
(...), avant de pouvoir retrouver la septième personne, l'homme qui
compterait le plus dans ma vie, vous ».56
Le but de ce roman n'étant pas de nous faire croire aux
prédictions et à la prévoyance, mais plutôt à
une forme d'expression fictive qui peut être réelle, puisqu'il
s'agit probablement d'une expérience personnelle, qui aurait pu arriver
à n'importe qui. Le but de ce roman réside aussi à faire
passer certaines valeurs humanistes comme, l'amour, la paix, la
tolérance, accepter l'autre, dans une Europe en plein mutation
géographique.
Des rescapés de guerres trouvent refuge dans une Europe
accueillante, qui se construit petit à petit en proposant cette image de
mosaïque qui la représente parfaitement, à l'image d'Alice
et ses ancêtres les arméniens chassés de leur propre
patrie.
56 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket, p
350.
43
6-) La quatrième de couverture :
« De Londres à Istanbul, il l'accompagne dans
un étrange voyage initiatique... »
Au dessous nous découvrons une présentation de
l'oeuvre sous forme d'un petit résumé élaboré d'une
manière pertinente, car nous pensons que chaque mot employé est
un « mot clé », dans la mesure où il fait
référence aux différents chapitres importants, existants
dans ce roman.
Comme nous montre cette présentation de l'oeuvre
à la quatrième de couverture :
« À la fête foraine de Brighton, une
voyante prédit à Alice qu'à l'issu d'un long voyage et de
sept rencontres, elle trouvera l'homme qui la cherche depuis toujours.
Étrange prémonition... pourtant, M. Daldry,
son excentrique voisin de palier, l'encourage à partir. Ils se
connaissent à peine et voilà le duo qui s'envole pour
Istanbul.
Des bazars étincelants jusqu'aux rives du Bosphore,
menant une enquête surprenante à travers les vieilles ruelles de
la cité. Alice et Daldry assemblent les pièces d'un puzzle qui,
révélant peu à peu les secrets d'un passé enfoui,
décidera de leur avenir. »57
« Un complexe tour de passe-passe amoureux. C'est
bien là le talent de Marc Lévy, remarquable conteur.
»58
57 Marc Lévy, L'étrange voyage de
Monsieur Daldry, Extrait de la quatrième de couverture.
58 Pierre Vavasseur, Le Parisien.
44
Dans un entretien avec Gérard Genette accordé au
magazine littéraire Lire59, qui vient de publier
Figures V Seuil60, se penche sur ce «petit
objet», grand sujet d'interrogations :
« Est-ce à un auteur de le faire (la
quatrième de couverture)? N'est-ce pas à
l'éditeur?
G.G. La quatrième de couverture est en principe un
texte éditorial même quand l'auteur en est le rédacteur.
S'il n'existe pas de règle canonique, l'auteur, tout de même,
m'apparaît comme le mieux placé pour savoir ce qu'il faut dire de
son livre. Je ne laisse ce soin à personne pour mes propres ouvrages.
Mais je sais que le débat est ouvert ». 61
Et dans le but de motiver son lecteur, le résumé
se termine par une petite citation :
Le journaliste Pierre Vavasseur62 nous explique
à travers cette petite citation, le talent remarquable de l'auteur, mais
aussi le genre utilisé, avec bien évidemment le thème
dégagé de ce roman, « la complexité de l'amour entre
un couple. »
Ce qui pourrait en effet motiver le lecteur érudit
à déchiffrer l'énigme de l'oeuvre mais aussi à
décrypter le non-dit car : « La parole finit par ne plus rien
nous dire, c'est le silence qu'on interroge parce que c'est lui qui parle
» écrit Pierre Macherey.63
Enfin tout en bas, vers la gauche, une illustration
représente une main tendue de la voyante portant une boule de cristal,
dans laquelle se dégage
59 Entretien avec Gérard Genette, Magazine
électronique à consulter sur «
lire.fr ».
60 Gérard Genette, Seuils, Paris, Le
Seuil, 1987, p. 31.
61 Entretien avec Gérard Genette, Magazine
électronique à consulter sur «
lire.fr ».
62 Pierre Vavasseur, Le Parisien.
63Pierre Macherey, Pour une théorie de la
production littéraire, Paris, Maspero, 1970, p106.
45
l'image de la ville d'Istanbul à l'envers, une ville
énigmatique caractérisée à la fois, par sa
beauté et ses mystères, mais derrière cette beauté
de carte postale, se cache une sombre Histoire qui la marque à jamais
:
Comme nous montre ces quelques lignes dans le roman :
« La vie redevint heureuse, jusqu'au 25 avril 1915.
Ce jour-là, à Istanbul, notables, intellectuels et journalistes,
médecins, enseignants et commerçants arméniens furent
arrêtés au cours d'une rafle sanglante. La plupart des hommes
furent exécutés sans jugement, et ceux qui avaient survécu
furent déportés vers Adana et Alep. En fin d'après-midi,
la rumeur des massacres parvint jusqu'à l'atelier de mon père
[...] »64
64Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket,
p321.
SBN 978.2-266-22891-6
De Londres à k .an Bill,
il l'accompagne dans
un étrange voyage ifiitiatI . ilf:
À la fête foraine de Brighton, une voyante
prédit à Alice qu'à l'issue d'un long voyage et de sept
rencontres, elle trouvera l'homme qui la cherche depuis toujours.
Étrange prémonition... pourtant, M. Daldry, son
excentrique voisin de palier, l'encourage à partir. Ils se connaissent
à peine et voilà le duo qui s'envole pour Istanbul.
Des bazars étincelants jusqu'aux rives du Bosphore,
menant une enquête surprenante à travers les vieilles ruelles de
la cité, Alice et Daldry assemblent les pièces d'un puzzle qui,
révélant peu à peu les secrets d'un passé enfoui,
décidera de leur avenir.
«Un complexe tour de passe-passe amoureux. C'est bien
là le talent de Marc Levy, remarquable conteur.»
Pierre Vavasseur -- Le Parisien
odicior
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46
Quatrième de couverture
47
Deuxième chapitre :
Analyse
Architextuelle
48
Nous abordons dans cette partie de notre travail l'analyse
architextuelle de l'oeuvre, et nous essayons de tirer, les différents
genres utilisés par l'auteur.
D'abord, architexte définit par Gérard Genette
comme étant :
« L'ensemble des catégories, ou
transcendante-type de discours, modes d'énonciation, genres
littéraires dont relève chaque texte singulier
».65
L'architextualité qui désigne la relation d'un
texte aux diverses classes auxquelles il appartient est, toujours selon
Genette, la plus abstraite et la plus implicite des relations transtextuelles.
Elle est, en somme, l'étude qui vise à démêler ou
à établir la part de chaque genre dans une oeuvre. André
Lamontagne, de son côté, envisage cette pratique comme
étant :
«La relation du texte aux genres littéraires,
mais de pure appartenance taxinomique».66
Donc nous pouvons définir l'architexte comme le rapport
qu'entretient un texte avec la catégorie générique
à laquelle il se rapporte. Cette catégorie est
révélée par une indication paratextuelle.
Dans le cas de notre corpus, L'étrange voyage de
Monsieur Daldry,67 la catégorie générique
annoncée sur la première de couverture est de type «
Roman ».
65 Genette Gérard, Palimpsestes,
Op.cité, p70.
66 Lamontagne, André, Les Mots des autres.
La Poétique intertextuelle des oeuvres romanesques d'Hubert Aquin,
Québec: Presses Universitaires de Laval, 1992.
49
Pourtant, l'histoire racontée oscille d'un genre
à un autre, deux genres majeurs sont insérés et le lecteur
est vite désorienté, puisque les frontières entre les deux
s'effacent et deviennent homogènes.
Ceci nous a poussés à nous intéresser de
plus près à ces deux genres qui dominent dans le texte de Marc
Lévy, à savoir : le roman et le genre épistolaire.
1-) Le roman :
En dépit de nombreuses définitions
avancées par les théoriciens littéraires, aucune ne peut
cerner le concept intégral du roman.
Le roman est un genre littéraire,
caractérisé essentiellement par une narration fictionnelle plus
au moins longue, par rapport à la nouvelle. La place importante faite
à l'imagination transparaît dans certaines expressions comme
« c'est du roman ! » ou dans certaines acceptions de l'adjectif
« romanesque ». Dans le roman, le narrateur relate l'histoire de
personnages qui subissent des péripéties, selon Gérard
Genette qui la définit comme :
« Le type le plus abstrait et le plus implicite :
«il s'agit ici d'une relation tout à fait muette, que n'articule,
au plus, qu'une mention paratextuelle f...], de pure appartenance
taxinomique». C'est ce qui nous permet d'organiser, ou de
déterminer le statut générique d'un énoncé.
»68
67 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
68 Gérard Genette, Palimpsestes,
p.11.
50
Dans L'étrange voyage de Monsieur Daldry,
69la mention générique «du terme «
roman », est absente, mais cela n'empêche pas
que d'autres couvertures de la même édition, la mentionne. Ce qui
engendre la question suivante : Est-ce un roman ? Faut-il se fier uniquement
à la mention générique inscrit sur la première de
couverture ?
Pour répondre aux deux questions posées, il ne
suffit qu'à prendre le livre et lire quelques extraits présents
dans le texte de Marc Lévy :
« Une fois encore, son cauchemar avait
été fidèle au rendez-vous de la nuit. En
s'éveillant, Alice se sentit épuisée. Elle s'emmitoufla
dans sa couverture et alla préparer son petit déjeuner. Elle
s'installa dans le fauteuil que Daldry occupait la veille et jeta un coup
d'oeil au dépliant touristique qu'il avait laissé sur la malle.
Une photo de la basilique Sainte Sophie apparaissait en couverture
».70
Comme nous le montre ce passage, l'extrait suivant
représente pratiquement, les différentes caractéristiques
du genre romanesque ; que nous avons déjà évoqués
plus haut.
Toutefois, signalons que le discours romanesque est le genre
qui prédomine dans ce texte littéraire.
69 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket.
70 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket,
p105.
51
2-) Le genre épistolaire :
Pour bien cerner le genre épistolaire, il faut d'abord
comprendre la notion du Lettre ; la Lettre est un message écrit qu'un
émetteur adresse à un destinataire qui la lira de façon
différée :
« Lecture différée » signifie
qu'il y a un décalage entre le moment où la lettre a
été écrite et celui où elle est reçu et lue
».71
Le « genre épistolaire », est un genre
littéraire apparaît en France en 1721 avec notamment les
Lettres persanes 72 de Montesquieu, mais rencontrera
surtout le succès à la fin du siècle. Et depuis le genre
n'a pas beaucoup changé, et garde toujours son caractère qui
consiste à regrouper tous les documents de correspondance écrite
entre deux personnages comme la lettre.
Dans le cas de notre corpus, Marc Lévy est
inspiré par ce mode d'échange, l'intrigue évolue par le
biais de l'échange d'une correspondance fictive entre ses personnages ;
Alice et Monsieur Daldry en particulier.
Prenant un extrait, qui montre bien cet échange entre
les deux personnages :
« Chère Alice,
71
http://www.copiedouble.com/node/123.
72Montesquieu, Lettres persanes,
Éditions eBooksFrance,
www.ebooksfrance.com.
52
Votre lettre aura mis six jours exactement pour me
parvenir. Le facteur me l'a portée ce matin alors que je sortais(...)
Prenez soin de vous et transmettez mes meilleures salutations à Can.
Non, d'ailleurs, ne les lui transmettez pas et gardez-les entières pour
vous.
Daldry ».73
La réponse était immédiate, dès
l'arrivée de la lettre de Monsieur Daldry, Alice lui repond en ces
termes:
« Chère Daldry,
Je viens de recevoir votre lettre et je vous remercie de
ces mots si généreux que vous m'adressez. Il faut que je vous
raconte la semaine qui vient de s'écouler (...) Can et moi avons pris
l'autobus qui se rend de Taksim à Emirgan et passe par Nisantasi (...)
Prenez soin de vous. Je vous embrasse, comme une amie.
Alice ».74
Examinant ces extraits épistolaires
précédents nous remarquerons, que l'histoire est toujours en
mouvement, donc le lecteur découvre
73 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket,
p273.
74 Marc Lévy, L'Étrange voyage de
Monsieur Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. Coll. Pocket,
p275.
53
l'enchaînement des évènements uniquement
par le contenu des lettres. Il comprend peu à peu qui sont, les
personnages et les relations qui les unissent.
Nous remarquerons qu'il y a une forte coprésence entre
deux genre majeurs, qui sont le genre romanesque et le genre
épistolaire, sous une forme d'insertion séquentielle ;
c'est-à-dire qu'il y a un mode d'insertion alterné entre deux
genres littéraires dans un même et seul texte.
54
Conclusion
55
Conclusion :
La reprise de certaines réalités historiques,
demandent beaucoup d'imagination chez l'auteur, et pour qu'il arrive à
nous raconter certains faits historiques que se soit, réels ou fictifs
l'auteur ne doit pas être réduit à un simple témoin
de l'histoire, mais au contraire l'auteur est avant tout un romancier,
inventeur, qui peut déplacer et détourner l'histoire, d'une
manière adéquate selon le contexte d'énonciation.
En conséquence, cette écriture confère au
texte une richesse considérable, que se soit au niveau de la forme ;
à travers les différents éléments paratextuelles
comme : le titre, l'illustration, la couverture... Ainsi qu'au niveau du
contenu qui est assez complexe et parfois déroutant : le cadre
spatio-temporel, éclatement de genres « l'architextualité
»...
Ces différentes pratiques littéraires que nous
avons justement essayé de les démontrer, dans le roman
l'étrange voyage de Monsieur Daldry, de Marc Lévy
à travers une étude transtextuelle, concept avancé par
Gérard Genette dans son ouvrage Palimpsestes, la
littérature au second degré, démontre la façon
dont un texte appel à un autre texte par le biais de cinq relations
distinctes : paratextuelle, architextuelle, métatextuelle,
intertextuelle et hypertextuelle.
Notre intérêt, s'est notamment porté sur
les deux premiers relations transtextuelles ; le paratexte et l'architexte que
nous avons jugé les plus appropriés pour notre corpus.
56
Par leur symbolisme et par leurs métaphores, les
éléments du paratexte comportent de sens multiples. Réels
ou irréels, mythiques ou référentiels ces
éléments paratextuels constituent le discours du roman de Marc
Lévy, et rendent compte d'une situation sociohistorique bien
déterminé.
En dernier lieu, nous nous sommes intéressés
à la catégorie architextuelle et avons tenté de mettre en
lumière les différents genres utilisés par l'auteur, pour
atteindre son objectif et de démontrer sa subtile imagination. En
dépit de la forte dominance romanesque, l'auteur s'excelle dans un autre
genre qui est le genre épistolaire utilisé notamment vers la fin
de son roman.
Errance à travers les vieilles ruelles de la
cité stambouliote, Alice et Daldry assemblent les pièces d'un
puzzle qui, révèle peu à peu les secrets d'un passé
enfoui, décidera de leur avenir, une restitution esthétique,
où l'auteur rend un nouveau souffle à ses personnages. C'est dans
ce sens que la transtextualité est omniprésente.
Enfin, nous espérons à travers ce modeste
travail avoir répondu sur les questions posées
ultérieurement, et avoir levé quelques ambigüités sur
l'oeuvre en question, un roman riche et original qui met la lumière sur
les multiples connaissances de Marc Lévy, considéré comme
l'un des auteurs français le plus lu et traduit dans le monde, recherche
inscrite dans un cadre universitaire bien déterminé, et son champ
est toujours ouvert, sachant qu'il existe d'autres pistes à explorer.
57
Bibliographie
58
Les oeuvres littéraires :
? Les oeuvres de notre corpus :
- Marc Lévy, L'Étrange voyage de Monsieur
Daldry. [2011]. Paris: Robert Laffont, 2012. (Coll. Pocket). 350p.
? D'autres oeuvres de Marc Lévy :
- Marc Lévy, Elle et lui. Paris : Robert Laffont,
2015.
- Marc Lévy, Et si c'était vrai. [2000].
Paris: Robert Laffont.
? OEuvres cinématographique:
- Steven Spielberg, Juste Like Heaven (Adaptation
Cinématographique), Dream works.
? Les ouvrages théoriques :
- ANGENOT, Marc, Glossaire pratique de la critique,
Contemporaine, Montréal: Hurtubise, 1979
- Barthes Roland, Le plaisir du texte, Paris, Seuil,
1973.
- Bouillaget Annick, L'Écriture imitative. Pastiche,
parodie.
Nathan, 1996.
- Compagnon Antoine, La seconde main, pages 32,34.
- Dac Pierre, Ici Londres : Pierre Dac vous parle,
Éd. Pierre
Trémois (1945).
- Gérard Genette, Palimpsestes, 1982.
- Gérard Genette, Seuils. Paris, 1987.
- Jouve Vincent, Poétique du Roman, Armand
Colin.
- Kristeva Julia, Séméiotike Paris,
Éd. du Seuil, coll. « Points ».
- Kristeva Julia, Sémiôtiké. Recherche
pour une sémanalyse. Paris,
Ed Seuil, 1969.
- Lamontagne, André, Les Mots des autres. La
Poétique intertextuelle
des oeuvres romanesques d'Hubert Aquin,
Québec: Presses
Universitaires de Laval, 1992.
- Macherey Pierre, Pour une théorie de la
production littéraire, Paris,
59
Maspero, 1970, p106.
60
- MAUREL-INDART, Hélène, Du Plagiat,
Paris: Presses Universitaires de France, 1999.
- Piegay-Gros Nathalie, Introduction à
l'intertextualité, Ed Dunod, Paris, 1996.
- Riffaterre Michael, La trace de l'intertexte, «
La Pensée, N°215, Octobre 1980 ».
- Samoyault, Tiphaine L'Intertextualité,
mémoire de la littérature, Nathan, 2001.
- Somville Léon, Réflexions sur
l'intertexte, Ed : DRESAT, 1982.
61
? Les articles et les revues :
- Marc Lévy, Source des chiffres de vente et de classement
: Ipsos/Livres Hebdo - Le Figaro.
- Pierre Vavasseur, Le Parisien.
? Sitographie :
- Autres oeuvres de Marc Lévy :
httpwww.marclevy.info ou : www.marclevy.info
-
http://www.facebook.com/marc.levy.fanpage.
- Entretien avec Gérard Genette, Magazine
électronique à consulter sur «
lire.fr ».
-
http://www.copiedouble.com/node/123.
- Montesquieu, Lettres persanes, Éditions
eBooksFrance,
www.ebooksfrance.com.
62
Résumé :
Une des hypothèses de départ de cette
étude était que le roman de Marc Lévy se traduit
principalement par une quête de liberté dans l'écriture,
une revendication qui passe ainsi par le décloisonnement et
l'hybridation. Ce constat a conduit à une lecture et étude
transtextuelle de son oeuvre, qui permet de mettre en évidence l'ultime
volonté pour lui de brouiller les sentiers battus de la
littérature, l'écrivain brave les interdits en mêlant
habilement les genres littéraires dans un style où roman, essai,
lettre et autres cohabitent sans heurt.
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Summary:
One of the starting assumptions of this study was that the
romance of Marc Lévy results mainly in a search of freedom in the
writing, a claim which passes this by the decloisenement and hybridization.This
report led to a reading and transtextuelle study of its work, which makes it
possible to highlight the ultimate will for him to scramble the beaten paths of
the literature, the writer faces the interdicts by skilfully mixing the kinds
in a style where Romance, test, letter and others cohabit without clash.
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