Mémoire de fin de
cycle
LES ASPECTS SOCIO-JURIDIQUES DE LA PRISE EN CHARGE
DES REFUGIES : CAS DES REFUGIES MALIENS
Présenté et soutenu publiquement
par :
Saïdou KABORE
pour l'obtention du diplôme d' :
Administrateurs civils
Sous la direction de :
Monsieur Abdoul Karim SANGO
Enseignant permanent à l'ENAM
Promotion
2012-2014
ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 E-mail:
enam@cenatrin.bf
Téléphone : (226) 25314264/65
Télécopie : (226) 25 30 66 11
AVERTISSEMENT
L'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM)
n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans ce mémoire ; elles doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
DEDICACES
Je dédie ce mémoire à :
- A mes très chers parents KABORE Moussa et KOLOGO
Salamata qui par leurs amours, leurs éducations ont fait de moi l'Homme
que je suis aujourd'hui.
- A mes frères et soeurs qui par la chaleur fraternelle
m'ont toujours rendu nostalgique de la vie familiale.
- A ma très chère et tendre Aline et à
notre futur bébé dont nous attendons avec impatience et
fierté la naissance.
REMERCIEMENTS
Nous adressons nos sincères remerciements à tous
ceux et à toutes celles qui nous ont soutenus lors de la
réalisation de ce mémoire.
Particulièrement, nos remerciements vont :
- A monsieur Abdoul Karim SANGO, notre directeur de
mémoire qui n'a ménagé aucun effort pour nous suivre
malgré ses multiples occupations.
- A toute la grande famille KABORE, particulièrement
HAMADO, MAHAMA pour leur soutiens multiformes
- Aux amis que je ne prendrai le risque de citer les noms de peur
d'en oublier. Merci à eux pour cette grande amitié très
enrichissante, cette présence dans mes moments de joies et de peines.
- A messieurs SANFO Amadou de la CONAREF, ZIGANI Jean Noel de
OXFAM, OUEDRAOGO Ousmane du CONASUR et madame COMPAORE Eliane de la
représentation du HCR au Burkina Faso pour leur disponibilité.
- A tout le personnel enseignant et administratif de l'ENAM pour
la qualité de leur formation.
SIGLES ET ABREVIATIONS
H.C.R. / U.N.H.C.R. : Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les Réfugiés
CONAREF : Commission Nationale pour les
Réfugiés
O.U.A. : Organisation de l'UnitéAfricaine
U.A. : Union Africaine
ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de la
Magistrature
PIDCP :Pacte International sur les Droits Civils et
Politiques
DUDH : Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme
MNLA : Mouvement National pour la Libération de
l'AZAWAD
OIR : Organisation Internationale des
Réfugiés
FAO : Fonds des Nations Unies pour l'alimentation
PAM :Programme Alimentaire Mondial
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OIM : Organisation Internationale pour les Migrations
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
CICR : Comité International de la Croix Rouge
CCAR : Comité de Coordination pour l'Assistance et
la protection des Réfugiés, des rapatriés et des personnes
déplacées
CONASUR : Comité National de Secours d'Urgence et
de Réhabilitation
CNLES : Commission Nationale de Lutte contre les Effets
de la Sécheresse
SPONG : Secrétariat Permanant des Organisations
Non Gouvernementales
PNOCSUR : Plan National d'Organisation et de Coordination
des Secours d'Urgence et de Réhabilitation
MATS : Ministère de l'Administration Territoriale
et de la Sécurité
MENA : Ministère de l'Education Nationale et de
l'Alphabétisation
MESS : Ministère des Enseignements Secondaires
Supérieurs
MASSN : Ministère de l'Action Sociale et de la
Solidarité Nationale
WASH/ WaSH: Water Sanitation and Hygiene promotion
VBG : Violences Basées sur le Genre
MOU: Mémorandum Of Understanding
AFP: Agence France Presse
SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
INTRODUCTION
2
TITRE I: LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA PRISE EN
CHARGE DES REFUGIES
8
CHAPITRE I: LE CADRE JURIDIQUE DE LA PRISE EN CHARGE DES REFUGIES
8
Section I: Les instruments juridiques internationaux et
régionaux
8
Section II: Les instruments juridiques nationaux et la
procédure de détermination du statut de réfugié
13
CHAPITRE II: LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PROTECTION ET DE
L'ASSISTANCE AUX REFUGIES
20
Section I : Les structures d'intervention au plan
international et régional
20
Section II: Les structures d'intervention au plan national
25
TITRE II: DE L'ASSISTANCE ETATIQUE ET DES ORGANISMES
NON-GOUVERNEMENTAUX AUX REFUGIES MALIENS
30
CHAPITRE I: L'ETAT DES LIEUX DE LA PRISE EN CHARGE DES REFUGIES
MALIENS
30
Section I: De la prise en charge par les organes gouvernementaux
30
Section II : De la prise en charge du H.C.R. et des ONG
partenaires
37
CHAPITRE II: LES INSUFFISANCES ET LES PERSPECTIVES A LA PRISE EN
CHARGE DES REFUGIES MALIENS
44
Section I: Les insuffisances à la protection et à
l'assistance des réfugiés maliens
44
Section II: Les perspectives à la protection et à
l'assistance des réfugiés
47
CONCLUSION
55
BIBLIOGRAPHIE
57
TABLE DES MATIERES
59
INTRODUCTION
Fuyant la persécution sous la conduite de Moïse
à la recherche de la terre promise, l'exode des juifs symbolise depuis
plus de trois millénaires ces mouvements de populations qui au cours des
âges ont entrainé de nombreuses souffrances1(*). L'asile est à l'image de
nombreuses pratiques sociales l'une des plus vieilles institutions humaines.
« Il constitue l'une des marques les plus évidentes
d'hospitalité et de solidarité que l'homme est capable de
témoigner à l'endroit de son prochain en butte à des
difficultés »2(*).
S'inquiétant de la multiplication des conflits que
connaissait le monde et la horde de réfugiés qu'il abritait,Dag
Hammarskjöld, premier Secrétaire Général des Nations
Unies affirmait : « Le problème des réfugiés sera
pour nous, je le crains un problème éternel à moins que le
monde ne devienne pacifique »3(*).Les tensions socio-politiques, les remises en cause du
droit de demeurer en paix dans son pays, et la dégradation du tissu
économique sont, dans la plupart des pays, les causes constantes des
mouvements migratoires.Les proportions depopulations se
déplaçantsous l'empire de la contrainte ontaccru de
manière inquiétante ces dernières années.
Nombreuses sont aujourd'hui les organisations internationales et non
gouvernementales jouant un rôle de premier plan dans la recherche et la
proposition de solutions provisoires ou durables à ces migrations
forcées.
Politiquement sensible, la question des réfugiés
appelle des politiques nationales et internationales complexes, quand elles ne
sont pas contradictoires voire insuffisantes.La problématique des
réfugiés de nos jours, revêt une dimension bien plus large
que celle prévue au moment de la création du Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les Réfugiés (H.C.R.) et de
l'élaboration de la Convention de Genève du 28 juillet 1951
relative au statut des réfugiés.
Ces évolutions se constatent tant au niveau de
l'accroissement quantitatif du nombre des personnes réfugiées
qu'au niveau du caractère changeantdu phénomène. C'est une
préoccupation sérieuse, non seulement parce qu'elle est
liée aux menaces qui pèsent sur la vie ou la liberté de
millions de personnes et aux situations dramatiques dans lesquelles elles se
trouvent, mais encore parce qu'elle place les sociétés d'accueil
entre la volonté de venir en aide aux persécutés et le
découragement ou la méfiance face à un
phénomène d'une ampleur considérable dont rien n'annonce
la fin prochaine et qui demande la mobilisation d'énormes ressources.
L'Afrique pour sa part aujourd'hui, se positionne sur
l'échelle mondiale comme une terre de
réfugiés, productrice et réceptacle. Entre le 20 juin 1974, date d'entrée en
vigueur de la Convention de l'OUA4(*) sur les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique adoptée le 10 septembre 1969 à
Addis-Abeba et le 20 juin 2006, le nombre de réfugiés africains a
presque décuplé, passant de 700 000 à près de 7 000
0005(*).
Fuyant la violence et les attaques des groupes rebelles
islamistesau Nord-Maliqui ont proclamé leur autonomie sur ce territoire
qu'ils occupent, ils sont plus de 49.0006(*)maliensàavoir quitté leur pays pour se
réfugier au BURKINA FASOselon les statistiques consolidées de la
Commission Nationale pour les Réfugiés (CONAREF) en Avril
2013.Quelque 60% d'entre eux vivent dans trois camps consolidés :
Sag-Nioniogo,Goudoubo et Mentao. Près de 20% des réfugiés
résident dans des villages d'accueil de la région du Sahel, 13%
sont hébergés dans cinq sites spontanés, à
savoirDibissi, Deou, Gorom-Gorom, Ouahigouya et Tin Hedja, et les
réfugiés restants sont installés à Bobo-Dioulasso
et à Ouagadougou.
Face à cet afflux important de réfugiés,
le Burkina Faso se retrouve obligé à apporter une réponse
efficace et efficiente. Ce qui va nous conduire, à chercher à
cerner les bases légales régissant les réfugiés et
à étudier la question de l'assistance aux réfugiés.
C'est dans ce cadre que s'inscrit ce thème objet de notre étude
« Les aspects socio-juridiques de la prise en charge des
refugiés : cas des refugiés
maliens.»
Ce thème que nous nous proposons d'étudier est
intéressant à plus d'un titre. Mais avant d'aborder
l'intérêt de l'étude proprement dit, une clarification
terminologique s'impose au préalable.
Selon le dictionnaireLarousse7(*), l'aspect est « chacune des faces
sous lesquelles peut être examinée une question ». Ainsi
parlera-t-on d'étudier un projet sous tous ses aspects ou un ou
plusieurs de ses quelconques aspects.
Quant à l'expression socio-juridique, elle est
composée des mots social et juridique. Selon le même Larousse, le
motsocial est défini comme ce « qui concerne
l'amélioration des conditions de vie et, en particulier, des conditions
matérielles des membres de la société » :On
parlera ainsi des politiques sociales de l'État.
En ce qui concerne le mot juridique, le Larousse le
définit comme ce « qui relève du
droit » ; la langue juridique, pour parler du langage du droit
ou du langage utilisé par les praticiens du droit.
Les aspects socio-juridiquesdésignent donc les
conditions matérielles de vie et de droit sous lesquelles peuvent
être examinésla question des réfugiés.
Mais qu'est-ce qu'un refugié?Le lexique des
termes juridiques8(*) le
définit comme une «personne qui, craignant
d'êtrepersécutée du fait de sa race, de sa religion, de son
appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques,
se trouve hors du pays dont il a la nationalité et ne peut ou ne veut
pas se réclamer de la protection de ce pays.»
Robert Salomon dans son ouvrageLes
Réfugiés, de la collection « Que sais-je? »
nous en donne la définition suivante : « des hommes qui, pour des
raisons politiques, ont fui leur pays pour un temps dont on ne peut
prévoir la fin et qui ont perdu toute protection diplomatique de leur
Etat d'origine. »9(*)
Un réfugié est, selon l'article premier A. (2)
de laConvention de Genève de 1951 relative au statut des
réfugiés, une personne qui «... craignant avec raison
d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de
ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays...»
Pour la loi N°042-2008/AN portant statut des
réfugiés au Burkina Faso reprenant la définition de la
Convention de l'OUA sur les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique,qui ne s'était pas borner à
reprendre la définition donnée par la Convention de
Genève,le terme refugié est égalementappliqué
«à toute personne qui, du fait d'une agression, d'une occupation
extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité.»
Le réfugié se distingue de l'émigrant
ordinaire qui choisit de vivrelibrement ailleurs que dans son pays et ne rompt
pas les liens avec ce dernier.Les réfugiés eux sont contraints de
prendre la fuite ; les migrants cherchent généralement de
leur propre initiative des possibilités d'améliorer leur statut
économique.Il se distingue aussi de l'apatride qui est un
étranger privé des droits que les lois nationales
réservent aux locaux, soit parce qu'iln'a pas de nationalité,
soit qu'il l'a perdue10(*).Ilse distingue également du demandeur d'asile
qui lui est en attente de la reconnaissance de son statut de
réfugié. Enfin il se distingue du déplacé interne
qui lui n'a pas franchi la frontière de son Etat d'origine.
Du point de vue de l'intérêt de l'étude,
nous pouvons tout d'abord remarquer que cette étude nous permettra de
faire l'analyse critique de l'arsenal juridique qui encadre la prise en charge
des réfugiés.
Un autre intérêt que présente cette
étude est qu'elle nous permettra d'appréhender les contours de
l'assistance auxréfugiésàtravers les acteurs et leurs
différentes actions sur le terrain.
Enfin, cette étude nous permettra de faire des
propositions de solutions concrètes allant dans le sens de
l'amélioration de la politique nationale de protection et d'assistance
aux réfugiés.
Notre objectif principal consiste à susciter une plus
grande prise de conscience des problèmes des réfugiés et
de mobiliser le soutien des organismes humanitaires pour plus
d'efficacité dans la protection et l'assistance aux
réfugiés.
Les objectifs spécifiques porteront sur :
- l'analyse desinstruments juridiques qui encadre la prise en
charge des réfugiés au Burkina Faso ;
- l'analyse de l'assistance humanitaire aussi bien des
organismes étatiques que des organismes non gouvernementaux en faveur
des réfugiés maliens
- la proposition de solutions pour une meilleure prise en
charges des réfugiés et de prévention au problème
des réfugiés.
Pour l'atteinte de ces objectifs, les hypothèses
suivantes seront retenues.
- Notre première hypothèse est de
démontrer que les réfugiés sont un groupe
spécifique confronté à des problèmes
particuliersqui a besoin d'une prise en charge particulière.
- Notre seconde hypothèse estde témoigner que
les réfugiés persécutés, dans un état de
dénuement en asile sur nos terres ont besoins de protection et
d'assistance et en reçoivent de la part d'acteurs diverses.
- Enfin, notre troisième et dernière
hypothèse est que la question des réfugiés va
au-delà de la prise en charge de ces derniers et requiert des solutions
en amont pouvant empêcher les afflux de réfugiés.
La méthodologie utilisée pour cerner les
contours de notre étude nous a conduits à faire une recherche
documentaire à travers la consultation des sites internet,
l'exploitation d'ouvrages généraux et spécialisés
dont les études déjà réalisées sur le sujet
et les instruments juridiques relatifs à la protection des
réfugiés. Cette recherche nous a permis de mieux
appréhender le sujet et de préparerdes questionnaires
d'enquêtes et une série d'entretiens avec des personnes ressources
susceptibles d'éclairer l'étude que sont les autorités
administratives et les responsables d'Organisations Non Gouvernementales (ONG).
De façon pratique, cette étude va s'appliquer au cas des
réfugiés maliens auxquels nous faisons face actuellement.
La question des réfugiés a été
abordée de diverses manières par écrivains et chercheurs.
A l'occasion de cette étude, on s'est rendu à l'évidence
que certains chercheurs sont remontés aux sources, c'est-à-dire
aux causes qui produisent les réfugiés, d'autres se sont
attaqués aux traitements auxquels les réfugiés sont soumis
une fois qu'ils ont quittés leurs pays d'origine, d'autres
également se sont investis dans la prise en charge des
réfugiés, d'autres encore se sont interrogés sur les
instruments de gestion des réfugiés dans les pays d'asile,
d'autres enfin, ont abordé la situation des enfants
réfugiés, etc.
La rédaction d'un mémoire ne peut se faire sans
difficultés. En ce qui concerne le thème, compte tenu de sa
sensibilité en lui-même,il constituait une difficulté. Une
autre difficulté que nous pouvons relever, est la réticence des
refugiés à répondre aux questions. Il a fallu recourir
à des réfugiés plus ouverts pour répondre aux
questions. A cela s'ajoute le difficile accès à l'information au
niveau de certains services, soit pour des raisons de disponibilité des
responsables ou pour des raisons de lourdesprocédures malgré la
mise à notre disposition de lettres de recommandation du Directeur de
l'Ecole Nationale de l'Administration et de la Magistrature (ENAM).En
dépit de ces embûches, nous sommes parvenu à finaliser ce
travail à vocation scientifique qui, présentant des insuffisances
certaines, pourra être amélioré et approfondi.
Au regard de nos hypothèses, un choix s'impose à
nous au niveau de la démarche analytique. Ainsi pour mieux conduire
cette étude, nous avons choisi de conduire notre réflexion autour
de deux grands titres :
- Le titre I va concerner « le cadre
juridique et institutionnel de la prise en charge des
réfugiés». Il s'agira de présenter le cadre juridique
de la prise en charge des réfugiés (chapitre I)
dans un premier temps et dans un second temps le cadre institutionnel de la
protection et de l'assistance aux réfugiésau Burkina Faso
(chapitre II).
- Le titre II va se consacrer à la
présentation et à l'analyse de «l'assistance humanitaire
étatique et des organismes non-gouvernementaux aux
réfugiés.»Nous procéderons pour cela à un
état des lieux de la prise en charge des réfugiés maliens
(chapitre I) puis à dégager les insuffisances et
les perspectives de la prise en charge des réfugiés maliens
(chapitre II)
TITRE I: LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA PRISE EN
CHARGE DES REFUGIES
La situation de drame humanitaire que vivent les
réfugiés a amené la communauté internationale en
générale et les nations comme le Burkina Faso en particulier
à assumer leur rôle de protections et d'assistance en leur
faveur.Ces actions de protection et d'assistance trouvent leurs fondements dans
desinstruments juridiques(chapitre I) et se réalisent
à travers des structures d'intervention aussi bien internationales que
nationales (chapitre II).
CHAPITRE I: LE CADRE JURIDIQUE DE LA PRISE EN CHARGE DES
REFUGIES
Les aspects juridiques de la prise en charge des
refugiés se fondent sur trois types de textes à savoir : des
textes normatifs internationaux, des textes normatifs régionaux ou
continentauxdont l'étude fera l'objet de notre section
Iet des textes normatifs nationaux qui prévoient une
procédure de détermination du statut de réfugiés
que nous verronsà lasection II.
Section I: Les instruments juridiques internationaux et
régionaux
Le fondement principal du droit international public en
matière de protection internationale des réfugiés est la
Convention de Genève de 1951 relative au statut des
réfugiés et son protocole additionnel de 1967. En outre, il
existe plusieurs instruments de protection au niveau régional en
Afrique, et en Amérique latine, qui renforcent et complètent la
Convention de Genève et son protocole.
Paragraphe I: les normes
internationales de protection des refugiés
Les normes internationales se structurent
essentiellementautour de la Convention de Genève du 21 juillet 1951
relatif au statut des réfugiés et du Protocole relatif au statut
des réfugiés du 31 janvier 1967.11(*)A cet arsenal juridique, il
faut ajouter les normes relatives à la protection des
réfugiés contenues dans les instruments internationauxrelatifs
à la protection des droits de l'homme ou les normescoutumières
internationales relatives à la protection des droitsde la personne
humaine.
· La Convention de Genève du 21 juillet 1951
relatif au statut des réfugiés :Cette
Convention constitue le pilier sur lequel se sont fondées les
différentes dispositions qui définissent et régissent ce
qu'est un réfugié, le statut du réfugié, un pays
d'accueil ou d'asile, les principes directeurs qui les caractérisent.
Pour ce qui est de son contenu, elle définit la notion de
« réfugié » (article 1), les droits des
réfugiés, dont font partie la liberté de religion, la
liberté de circulation (article 26), tout comme le droit de travailler
(article 17), le droit à une formation et le droit d'obtenir des
documents de voyage.
Il faut toutefois noter que l'accès à l'emploi
ne se fait pas sans difficultés et se heurte généralement
à la résistance de la population qui accepte mal de devoir
partager des fonctions avec des concurrents « étranger ».
C'est pour parer à cela, par exemple, que la loi kényane sur les
réfugiésadoptée en 2006ne donne pas aux
réfugiés le droit de travailler12(*). On voit bien ici que les Etats ne veulent pas aller
jusqu'au bout de leurs efforts de peur que leur tolérance et leur
initiative au nom des droits de l'homme ne se retournent contre eux s'ils
omettaient ou ne prenaient pas en compte les intérêts nationaux
dans les mesures favorables aux réfugiés.
La Convention de Genève souligne également les
obligations des réfugiés envers le pays d'accueil. L'interdiction
de renvoyer un réfugié dans un pays dans lequel il craint
d'être persécuté (principe du non-refoulement) est
également un principe fondamental de la Convention. Elle désigne,
en outre, les personnes ou les groupes de personnes qui n'ont pas de droit
à une protection selon la Convention de Genève sur le statut des
réfugiés.
La Convention de Genève se révèle ainsi
donc comme un instrument juridique référentiel pour la gestion du
réfugié. Car même si elle est souvent gravement remise en
cause, « sa portée juridique, politique et éthique va
en effet bien au-delà des termes spécifiques qu'elle contient :
juridique, en ce sens qu'elle définit les normes de base sur lesquelles
fonder une action réglée par des principes; politique parce
qu'elle constitue un cadre véritablement universel dans lequel les
États peuvent coopérer et se partager les responsabilités
résultant des déplacements forcés; et éthique car
elle est une déclaration sans équivalent de l'engagement qu'ont
pris les 147 Etats parties à ce jour de défendre et de
protéger les droits de personnes qui comptent parmi les plus
vulnérables et les plus défavorisées au
monde »13(*).
Par ailleurs, la convention impose aux Etats parties de
protéger les réfugiés sur leur territoire
conformément à ses dispositions. Les Etats sont tenus de
coopérer avec le H.C.R. (article 35), de communiquer au
secrétaire général des Nations Unies les textes de lois et
règlements qu'ils élaborent et promulguent pour assurer
l'application de la convention.
Avec le surgissement de nouvelles crises à la fin des
années 50 et au début des années 60,
l'élargissement du champ d'application de la convention s'est
avéré nécessaire. C'est dans ce cadre que s'inscrit
l'élaboration du protocole additionnel à la Convention de
1951.
· Le Protocole relatif à la Convention de
Genève du 21juillet 1951 sur le statut des
réfugiés : C'est l'instrument juridique qui vient
élargir l'approche définitionnelle du concept «
Réfugié » tel que prescrit dans la Convention de
Genève. De nouvelles catégories de réfugiés ayant
apparues depuis l'adoption de la Convention, cesderniers réfugiés
peuvent ne pas être admis au bénéfice de la
Convention.14(*) » Il
faut noter que la rédaction de ce protocole a été
inspirée par les mouvements massifs de population provoqué par
les conflits qui ont accompagné la fin de l'ère coloniale en
Afrique. Le Protocole de 1967 est un instrument indépendant de la
Convention de 1951, cependant ces deux textes restent intégralement
liés. L'adhésion au Protocole oblige les États à
appliquer la plupart des articles de la Convention relative aux
réfugiés (article 2 à 34) à toutes les personnes
couvertes par la définition que cet instrument donne du terme «
réfugié ». Le Burkina Faso à l'instar de l'immense
majorité des États ont préféré
adhérer à la Convention et au Protocole15(*).
En ce qui concerne les normes relatives à la protection
des réfugiés contenues dans les instruments
internationauxrelatifs à la protection des droits de l'homme ou les
normescoutumières internationales relatives à la protection des
droitsde la personne humaine,elles viennent combler le cas où un Etat ne
serait pas partie aux instruments internationauxspécifiques à la
protection des réfugiés. En effet, les normes
internationalesrelatives aux droits de l'homme offrent une base juridique
à laprotection des réfugiés en ce sens qu'elles sont
d'applicationuniverselle16(*). A titre illustratif, la Convention de Genève
de1951 ne comporte aucune disposition sur les droits des réfugiés
détenus. Elle se voit supplée en la matière par le Pacte
International sur les Droits Civils et Politiques (PIDCP) quiaccorde des droits
essentiels à tous les détenus, y compris les
réfugiés, à l'instar du droit àl'examen impartial
de la légalité de la détention17(*).
Paragraphe II: Les
instruments régionaux de protection des refugiés
Ces instruments sont constitués de la Convention de
l'OUA régissant les aspects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique et de la Déclaration de
Carthagène sur les réfugiés.
· La Convention de l'OUA régissant les aspects
propres aux problèmes des réfugiés en
Afrique :Entrée en vigueur le 20 juin 1974, cette
Convention a été adoptée par la Conférence des
chefs d'Etat et de Gouvernement lors de sa 6ème session
ordinaire (Addis-Abeba, 10 septembre 1969). Cet instrument juridique est venu
combler un vide dont souffraient les textes internationaux lorsqu'il s'agit de
leur application aux problèmes des réfugiés en Afrique. En
effet, notant avec inquiétude l'existence d'un nombre sans cesse
croissant de réfugiés en Afrique, et désireux de trouver
les moyens d'alléger leurs misères et leurs souffrances et de
leur assurer une vie et un avenir meilleurs, la Convention de l'OUA a vu le
jour pour redéfinir le
concept « réfugié » en tenant compte du
contexte africain et se doter des dispositions régissant les aspects
propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. Cette
Convention contient une définition du terme
« réfugié » qui comprend deux parties. La
première partie est identique à la définition
donnée par le protocole de 1967 qui exclut les limites
géographiques et temporelles. La deuxième partie prévoit
que le terme « réfugié » s'applique
également à « toute personne qui, du fait d'une
agression, d'une occupation extérieure, d'une domination
étrangère ou d'événements troublant gravement
l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine
ou du pays dont elle a la nationalité est obligée de quitter sa
résidence habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité » (article 1er al 2). Une telle approche se
justifiait par le contexte politique et économique de
l'époque18(*).
L'innovation majeure de l'instrument juridique africain
réside donc dans l'extension de l'effet protecteur du statut de
réfugié aux victimes de totalitarismes, de guerres civiles, de
conflits internationalisés.19(*)
La Convention de l'OUA, qui reconnaît que la Convention
de 1951 est « l'instrument fondamental et universel relatif au statut des
réfugiés » est, à ce jour, le seul traité
régional sur les réfugiés ayant force
exécutoire.
Il convient de noter que cette convention s'est montrée
très avare en ce qui concerne la reconnaissance de droits aux
réfugiés.En effet sur quinze (15) articles, la Convention de
l'OUA n'a consacré que seulement deux (2) articles20(*) qui ne font d'ailleurs
référence que d'une manière peu claire aux droits des
réfugiés même si elle fait référence pour la
plupart des cas à la Convention de Genève de 1951.Notons
également que les droits reconnus aux réfugiés se
résument en droits extrapatrimoniaux et patrimoniaux21(*). Pour des
réfugiés qui le plus souvent quittent leur pays d'origine en
catastrophe sans aucun papier administratif, on peut très bien
comprendre la difficulté qu'ils ont de jouir pleinement de ces droits.
Il faut cependant apprécier à sa juste valeur le fait que le
refugié puisse recourir aux jugements supplétifs.
Aux termes de l'article 2 de la Convention de l'OUA, les Etats
doivent « faire tout ce qui est en leur pouvoir, dans le cadre de leurs
législations respectives pour accueillir les réfugiés et
assurer l'établissement de ceux d'entre eux, qui pour des raisons
sérieuses, ne peuvent ou ne veulent retourner dans le pays d'origine ou
celui dont ils ont la nationalité ».Il appartient donc aux Etats de
fixer les règles concernant le travail, l'activité
professionnelle même si aucune convention relative aux
réfugiés ne mentionne le problème de la reconnaissance des
diplômes dont ces derniers peuvent être titulaires.
· La Déclaration de Carthagène sur les
réfugiés : Adoptée par un colloque d'experts des
Amériques en novembre 1984, il est un instrument qui a
été adopté pour régir les problèmes
juridiques et humanitaires qui ont surgi dans la région
centre-américaine, notamment au Mexique et au Panama en ce qui concerne
les réfugiés en prenant en considération la coordination
et l'harmonisation nécessaire entre les systèmes universels et
régionaux et les efforts nationaux. La Déclaration élargit
la définition des réfugiés pour inclure « les
personnes qui ont fui leur pays parce que leur vie, leur sécurité
ou leur liberté étaient menacées par une violence
généralisée, une agression étrangère, des
conflits internes, une violation massive des droits de l'homme ou d'autres
circonstances ayant perturbé gravement l'ordre public. » Bien que
la Déclaration de Carthagène ne soit pas un traité, ses
dispositions sont respectées dans toute l'Amérique centrale, et
elles ont été incorporées dans certaines
législations nationales.
A côté et sur recommandation des instruments
onusiens et africains, le Burkina Faso s'est doté de textes nationaux
pour remplir son devoir de protection et d'assistance aux personnes
réfugiées sur son territoire. Le bénéfice des
droits contenus dans ces dispositions est subordonné par la
reconnaissance du statut de réfugiés qui n'est accordé
qu'après une procédure particulière.
Section II: Les instruments juridiques nationaux et la
procédure de détermination du statut de réfugié
L'adoption d'une législation nationale sur les
réfugiés, fondée sur les normes internationales, est
indispensable au renforcement de l'asile car elle accroît
l'efficacité de la protection et fournit une assise à la
recherche de solutions aux problèmes des réfugiés.
Intégrer le droit international dans la législation nationale
revêt une importance particulière dans les domaines que ne couvre
pas la Convention de 1951, comme les procédures de détermination
du statut de réfugié.
Paragraphe I: Les
instruments juridiques nationaux
La législation burkinabé en matière de
protection des réfugiés est constituée de la loi
N°042-2008/AN du 23 octobre 2008 portant statut des réfugiés
au Burkina Faso, du décret N° 2011-119/PRES/PM/MAECR du 10 mars
2011 relatif aux modalités d'application de la loi portant statut des
réfugiés au Burkina Faso, et du décret N°
2011-118/PRES/PM/MAECR du 10 mars 2011 portant création, composition,
attributions et fonctionnement de la Commission nationale pour les
Réfugiés (CONAREF) « chargée de la
détermination du statut de réfugiés reconnus et demandeurs
d'asile sur l'ensemble du territoire national »22(*).
· La loi N°042-2008/AN du 23 octobre 2008
portant statut des réfugiés au Burkina
Faso : Aux termes de l'article 2 de cette loi, elle
s'applique « à tout demandeur d'asile et
réfugié, sans discrimination, notamment au regard de son genre,
de sa religion, de sa race ou de sa nationalité ». L'article 5
de la loi exclut de son champ d'application les criminels et les personnes
coupables « d'agissements contraires aux objectifs et aux principes
de l'Union africaine ». De même, cette loi reprend la
définition du réfugié donnée par les instruments
internationaux à son article 323(*). En la matière, la législation
burkinabé a été pionnière et c'est ce que confirme
un article de l'Evaluation and Policy Analysis Unit de l'UNHCR, paru en
200624(*). Cet article
note que la ZATU burkinabé de 198825(*) était le seul document d'un pays francophone
définissant un réfugié aussi comme:« toute personne
étrangère [...] qui relève du Mandat du Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les Réfugiés [...]. »
La Législation burkinabé reconnaît
« le droit de refuge » tel que défini par les textes
internationaux. De même, elle reconnait ces derniers comme
réfugiés et affirme qu' « aucun demandeur d'asile ne peut ni
être refoulé à la frontière, ni faire l'objet de
toutes autres mesures qui le contraindraient à retourner ou à
demeurer dans un territoire où sa vie, son intégrité
corporelle ou sa liberté serait menacée... » (Article 8
alinéa 2).
Le même texte soumet tous les réfugiés au
même traitement et les assujettis aux mêmes devoirs (article 10).
En outre, elle assimile les réfugiés régulièrement
installés au Burkina Faso aux nationaux avec qui ils partagent les
mêmes droits (article11).
Les articles 15 à 17 consacrés aux obligations
des réfugiés traitent essentiellement de l'obligation de
réserve, l'engagement à ne mener à partir du territoire
national, aucune activité déstabilisatrice contre l'Etat
burkinabé, contre son pays d'origine ou contre tout autre Etat, la
soumission à une autorisation préalables des réunions ou
autres rassemblements de réfugiés. C'est sans doute en
application de ces dispositions que le Ministre des Affaires
étrangères et de la CoopérationRégionale,
MonsieurDjibril Y. BASSOLE à rappeler que : « Les
personnes réfugiées doivent s'abstenir de tout acte ou propos
susceptibles de porter atteinte à la sécurité et à
la stabilité du Mali, pays voisin qui entretient avec le Burkina Faso
des relations séculaires d'amitié et de
fraternité »26(*). Il faut signaler que quelques jours avant cette
intervention, un Colonel malien du nom de Hassane Ag Mehdy alias Jimmy
réfugié au Burkina déclarait, dans un journal27(*) de la place, son ralliement
aux groupes de Touaregs armés du Mouvement National pour la
Libération de l'AZAWAD (MNLA).
· Quant au Décret N°
2011-118/PRES/PM/MAECR du 10 mars 2011 portant création, composition,
attributions et fonctionnement de la Commission nationale pour les
Réfugiés ; il fixe les attributions, la composition,
l'organisation et le fonctionnement de la CONAREF conformément à
l'article 19de la loi N°042-2008/AN du 23 octobre 2008 portant statut des
réfugiés au Burkina Faso. Ainsi il présente la CONAREF
comme l'organe national chargé de la gestion de toutes questions
relatives aux réfugiés (article 2). Egalement il donne les
attributions et l'organisation de la CONAREF sur lesquelles nous nous
étalerons un peu plus loin.
· Enfin, s'agissant du Décret N°
2011-119/PRES/PM/MAECR du 10 mars 2011 relatif aux modalités
d'application de la loi portant statut des réfugiés au Burkina
Faso,pris en application de l'article 20 de la loi n°042-2008/AN du
23 octobre 2008 portant statut des réfugiés au Burkina Faso, il
fixe les modalités d'application de ladite loi. En clair, c'est ce
décret qui décline la procédure de Détermination du
Statut de Réfugié (DSR) que nous examinerons en large au
paragraphe suivant, les recours contre les décisions de rejet, les
décisions de retrait du statut, celles d'annulations, de la cessation du
statut, de la clôture des dossiers.
Nous pouvons dire avec l'un des responsables de la CONAREF que
« nous tendons vers l'expression parfaite »28(*) en matière de
législation sur les réfugiés. Car nous avons une
disposition qui intègre tous les standards internationaux29(*) en matière de
protection et d'assistance aux réfugiés. Mais nous admettons avec
lui qu' « une loi peut être dépassée
à un moment donné »30(*)
Tels sont les textes qui constituent les instruments
juridiques définissant et réglementant les différentes
contraintes qu'exige la gestion des réfugiés dans les pays
d'accueil en général. Les instruments juridiques nationaux
cités ci-dessus viennent spécifier la procédure et les
modalités internes qu'exploite le Burkina Faso dans la gestion des
réfugiés en tant que pays d'asile.
Paragraphe II: La
procédure de détermination du statut de refugiés
Comme nous le savons, la protection des citoyens aussi bien
que celui des «étrangers» en quête de
sécurité sur son territoire est une responsabilité qui
incombe à l'Etat. Pour ce qui concerne le réfugié dont
l'un des mandats du H.C.R. est de lui assurer la protection internationale,
l'exercice de cette obligation au Burkina Faso est subordonné à
la satisfaction de plusieurs étapes.Il est de la responsabilité
première des États de déterminer le statut des personnes
qui demandent l'asile sur leur territoire31(*).
Conformément au Décret N°
2011-118/PRES/PM/MAECR en son article 4, la détermination du statut de
réfugié est confiée à la CONAREF qui a
créé en son sein un comité d'éligibilité. Ce
Comité présidé par un représentant du
Ministère en charge des Affaires Etrangères et de la
CoopérationRégionale, se réunit en session ordinaire au
moins une fois tous les deux (2) mois, sur convocation de son Président
et en session extraordinaire sur convocation de son Président32(*). Les compétences du
Comité d'éligibilité s'articulent autour de :
- la détermination du statut de réfugié
des requérants d'asile;
- la décision du retrait, d'annulation ou de cessation
du statut de réfugié;
- la réouverture et la clôture des dossiers de
requête d'asile.33(*)
En ce qui concerne la procédure proprement dite,
l'article 2 du Décret N°2011-119, fait obligation à tout
requérant d'asile, à son entrée sur le territoire
national, de se faire enregistrer et introduire une demande de statut de
réfugié auprès des services compétents de la
CONAREF dans les quinze (15) jours suivant son entrée.
L'article 3 du même décret dispose que
« Tout ressortissant étranger se trouvant sur le territoire du
Burkina Faso et qui ne peut retourner dans son pays d'origine ou dans son pays
de résidence habituelle pour une des raisons énoncées
à l'article 3 de la loi N° 042-2008/AN du 23 octobre 200834(*), portant statut des
réfugiés au Burkina Faso, est fondé à introduire
une demande d'asile auprès des services ci-dessus visés à
l'article 2. » Nous pouvons aisément remarquer ici l'absence
de délai pour introduire la demande d'asile.
Aussi nous pouvons relever que la reconnaissance de la
qualité de réfugié est ouverte à:
- Toute personne qui, craignant avec raison d'être
persécutée à cause de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de
ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte ne veut se
réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de
nationalité et se trouve hors du pays où elle avait sa
résidence habituelle, à la suite de tels
événements, ne peut ou en raison de ladite crainte, ne veut y
retourner ;
- Toute personne qui, du fait d'une agression, d'une
occupation extérieure, d'une domination étrangère ou
d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie
ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité, est obligée de quitter sa résidence
habituelle pour chercher refuge dans un autre endroit à
l'extérieur de son pays d'origine ou du pays dont elle a la
nationalité ». On comprend ainsi que, si les réfugiés
sont des étrangers dans les pays qui les accueillent, ils ne sont pas
des étrangers ordinaires qui bénéficient toujours de la
protection de leur pays d'origine.
La demande d'asile adressée au Coordonnateur National
de la CONAREF est un dossier comportant un formulaire de renseignements, copie
d'une pièce d'identité et de tout autre document justificatif de
la situation de requérant d'asile35(*). Notons que la demande est irrecevable si le
requérant a été admis en qualité de
réfugié dans un premier pays d'asile ou, pour d'autres raisons
justifiées, y jouit d'une protection et peut encore en
bénéficier36(*).
Le requérant d'asile régulièrement
enregistré est soumis, dans les trente (30) jours qui suivent la date
d'enregistrement, à un entretien de Détermination du statut de
réfugié37(*). Le requérant d'asile doit comparaître
en personne devant le Comité d'éligibilité afin de fournir
toutes explications utiles. Cependant, en cas d'afflux massif de
requérants d'asile, il peut être accordé aux membres d'un
même groupe, le statut de réfugié selon le principe prima
facie38(*) et sur la base
d'informations objectives se rapportant à la situation qui règne
dans le pays d'origine39(*). C'est le cas essentiellement des
réfugiés maliens au Burkina Faso suite à la guerre au Nord
Mali.
Notons qu'outre la révision dont peut faire l'objet une
décision de rejet si des éléments ou des motifs nouveaux
l'exigent, le requérant peut formuler un recours dans un délai de
soixante (60) jours à compter de la date de notification de la
décision contestée auprès du Coordonnateur national s'il y
a des éléments nouveaux et si cette décision n'est pas
fondée sur la sécurité d'Etat ou sur une faute
grave40(*). Cela constitue
une protection en plus pour le demandeur d'asile au Burkina Faso.Au
Sénégal par exemple, l'admission d'une personne au statut de
réfugié tout comme la constatation de la perte de ce statut sont
décidées par décret sur avis d'une commission. Ainsi, le
réfugié ne peut exercer aucune voie de recours, ce pour deux
raisons au moins. D'une part, on ne saurait soumettre un avis à la
censure du Conseil d'Etat, d'autre part, le décret est toujours positif.
A contrario, il n'y a aucune notification au réfugié de la
décision de refus, qui est un acte de gouvernement, donc insusceptible
de recours. Le réfugié ne peut même pas, compte tenu de la
nature juridique de la décision, prétendre agir au bout d'un
certain temps en cas de silence du Président de la
République41(*).
Le dossier est transmis à un comité de recours
devant lequel le requérant devra comparaitre en personne pour un
entretien. Lorsque le recours est acceptée, le requérant est
admis au statut de réfugié et reconnu comme tel. Cependant
lorsque le recours est rejetée, notification en est faite au
requérant qui doit, soit régulariser son séjour au Burkina
Faso auprès des services chargés de l'immigration, soit quitter
le territoire national dans les soixante (60) jours suivant la date de la
notification42(*).
Cependant nous pouvons relever que même si la
majorité (tableau 1) des refugiés maliens que
nous avons enquêtés estiment l'octroi de leur statut de
réfugiés satisfaisant, les 25% le juge peu satisfaisant.
Si ces différents textes posent les règles de la
protection et de l'assistance aux réfugiés, ce sont des
structures internationales, régionales et nationales qui contribuent
à les mettre en exécution ou à surveiller leur
application. Ces structures feront l'objet de notre étude au
chapitre II.
CHAPITRE II: LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA PROTECTION ET DE
L'ASSISTANCE AUX REFUGIES
Ce sont des structures aussi bien nationales
qu'internationales, constituées de milliers de femmes et d'hommes qui
ont pour missions d'apporter protection etassistance aux
réfugiés.
Section I : Les structures d'intervention au plan
international et régional
Au niveau onusien se trouve en première ligne le
H.C.R., assisté dans sa mission par d'autres institutions
spécialisées des Nations Unies et des ONG. Au niveau africain, on
constate l'existence deux (2) types de structures qui sont essentiellement
politiques et techniques.
Paragraphe I: Les
structures d'intervention onusiennes
En ce qui concerne les structures d'intervention onusiennes,
ce sont essentiellement le H.C.R. et ses agences « soeurs »
du système des nations unies.
A) Le Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (H.C.R.)
Le H.C.R. a été fondé le 14
décembre 1950 par l'assemblée générale des Nations
Unies, à New York, afin de venir en aide aux réfugiés
à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Il a succédé
à l'Organisation Internationale des Réfugiés (OIR) qui
avait été créée, pour une mission
temporaire.43(*) Il a son
siège à Genève en Suisse.
Organisation humanitaire et apolitique, le H.C.R. a
reçu pour mandat des Nations Unies de protéger les
réfugiés et de les aider à trouver des solutions à
leur situation. Le problème des déplacements devenant de plus en
plus complexe, le H.C.R. s'est considérablement développé
pour relever le défi. En plus d'assurer une protection juridique, le
H.C.R. fournit aujourd'hui une assistance matérielle lors des situations
d'urgence de grande ampleur, soit directement soit par le biais d'institutions
partenaires.
Dans l'accomplissement de sa mission, le H.C.R. coopère
étroitement avec les gouvernements. Il doit l'essentiel de son
financement à des donateurs dont les principaux sont : donateurs
gouvernementaux44(*),
Union européenne, secteur privé et associations nationales ;
donateurs intergouvernementaux45(*) ; donateurs du système des Nations
Unies46(*).Cependant nous
pouvons constater sans difficulté que la multiplication des situations
d'urgence dues aux conflits entraine une augmentation vertigineuse des
dépenses de l'institution non proportionnelle à l'augmentation de
son budget.
Au fil des années, l'Assemblée
Générale a élargi le mandat de protection du H.C.R.
à divers groupes de personnes qui ne sont pas couvertes par la
Convention et le Protocole sur les réfugiés. Certaines sont ce
que l'on appelle des «réfugiés relevant du mandat»;
d'autres sont rapatriées, apatrides et, dans certaines situations,
déplacées à l'intérieur de leur pays. Les
«personnes relevant de la compétence du H.C.R.47(*)» sont toutes celles dont
les besoins en protection et en assistance présentent un
intérêt pour le H.C.R. La capacité qu'a le H.C.R. d'agir en
leur faveur se fonde sur la Convention de 1951, la Convention de l'OUA et la
Déclaration de Carthagène ou sur les résolutions de
l'Assemblée Générale des Nations Unies.
Les principales populations relevant de la compétence
du H.C.R. en 2014 dans le cadre de son opération au Burkina Faso seront,
selon ses prévisions : les réfugiés maliens fuyant la
violence et les attaques des groupes rebelles au Nord-Mali depuis 2012, ainsi
qu'une petite population de réfugiés urbains originaires de pays
comme le Burundi, le Cameroun, le Congo, la Côte d'Ivoire, le Mali, la
République centrafricaine, la République Démocratique du
Congo (RDC), le Soudan, le Tchad et le Togo. Ces réfugiés urbains
vivent au Burkina Faso depuis plus de dix ans48(*).
B) Les Organisations onusiens partenaires
opérationnels du H.C.R.
D'autres organisations du système des Nations Unies
jouent le rôle de partenaires opérationnels du H.C.R.
Figurent parmi elles, le Fonds des Nations Unies pour
l'alimentation (FAO), le Programme Alimentaire Mondial (PAM), l'Organisation
Internationale pour les Migrations (OIM), l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) etc.
L'OIM est le partenaire opérationnel du H.C.R. en
charge du transport des réfugiés. Pour ce faire, elle aide
souvent les réfugiés à se mettre à l'abri dans les
pays d'accueils. Le PAM quant à lui fournis des vivres aux
réfugiés. L'UNICEF s'attache à protéger les mineurs
non accompagnés et à regrouper les familles qui ont
été dispersées lorsqu'elles ont fui leur pays d'origine.
L'OMS quant à elle, joue un rôle actif dans la prise en charge des
réfugiés pour les questions de santé, notamment à
travers des campagnes de vaccination et d'assistance sanitaire aux personnes
réfugiées. Quant au PNUD qui coordonne toute les activités
de développement des Nations Unies, elle supervise les plans de
développement à long terme après les situations d'urgence,
et joue un rôle important dans les programmes d'intégration et de
réintégration.
Deux autres partenaires clés qui ne sont pas des
moindres sont le Comité International de la Croix Rouge (CICR), et la
Fédération Internationale des sociétés de la Croix
Rouge et du Croissant Rouge. Le CICR s'emploie à aider les victimes de
guerres et de violences internes et s'efforce à assurer la mise en
oeuvre des règles humanitaires limitant la violence armée. La
Fédération Internationale des sociétés de la Croix
Rouge et du Croissant Rouge quant à elle, s'attèle à la
promotion du droit international humanitaire et à la fourniture des
secours humanitaires aux victimes de catastrophes.
Malgré la présence du H.C.R. et de ses
partenaires du système des Nations Unies, sur le continent, l'Afrique
dispose en outre de ses propres structures d'intervention à cause de la
recrudescence du phénomène des réfugiés en Afrique.
Ces structures sont appuyées dans cette tâche par une
flopée d'ONG partenaires locaux du H.C.R.
Paragraphe II: Les
structures africaines d'intervention
Dans le traitement de la question des réfugiés,
l'Afrique est confrontée à une difficulté majeure : celle
de l'insuffisance de ses moyens. Celle-ci constitue un handicap pour des
actions d'envergure. Face cette réalité, le Doyen DEGNI-SEGUI
relevait à juste titre que l'Afrique était sur ce point
tiraillée entre les politiques généreuses et la
modicité de ses moyens49(*).Cela se traduit par la multiplication des instances
de traitement de la question des réfugiés.
Ce sont des organes impliqués pour la plupart dans les
questions d'assistances aux réfugiés. Ils coopèrent
étroitement avec le H.C.R., les autres Organisations
Intergouvernementales et Non Gouvernementales. Aux organes politiques comme
la Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernements, le Conseil des
Ministres et la Commission des vingt sur les réfugiés,
on peut y ajouter des instances techniques, organes opérationnels
comme : le Comité de Coordination pour l'Assistance aux
réfugiés, le Bureau de l'UA pour les réfugiés, le
mécanisme national pour les réfugiés et leFonds
de l'UA pour les réfugiés.
A) Les instances politiques
· Des organes principaux de l'UA comme la
Conférence des Chefs d'Etats et de Gouvernements et le Conseil des
Ministres en leur qualité d'instance politique et de
décision, jouent un rôle de sensibilisation des problèmes
des réfugiés auprès des acteurs. Leurs travaux sont
généralement ponctués par l'adoption de principes et de
décisions ayant trait à la gestion de la question des
réfugiés.Par ailleurs, l'une des priorités de leur action
est la résolution des conflits, considérés comme les
vecteurs idoines de l'afflux massif des réfugiés en Afrique. Ils
sont en étroite collaboration avec le H.C.R. dans la résolution
des problèmes des réfugiés.
· Quant à la Commission des vingt sur les
réfugiés, organe subsidiaire du Conseil des ministres de
l'UA, elle connaît de toutes les questions relatives aux problèmes
des réfugiés en Afrique. Composée en grande partie
d'ambassadeurs des pays membres résidents au siège de
l'Organisation, la Commission suit la situation des réfugiés,
fait des recommandations au Conseil des ministres et contrôle le Bureau
pour les réfugiés.
B) Les instances techniques
Pour ce qui concerne les instances techniques :
· Relevons tout d'abordle Comité de
Coordination pour l'Assistance et la protection des Réfugiés, des
rapatriés et des personnes déplacées (CCAR) de l'UA.
Comme l'indique son nom, cette structure fonctionne comme un organe consultatif
et coordonne les efforts du Bureau de l'UA pour les réfugiés et
exerce un contrôle sur les activités de ce dernier. En outre, il
joue le rôle de conseiller pour le Bureau de l'UA pour les
réfugiés en ce qui concerne les politiques
générales régissant la protection des
réfugiés africains ainsi que l'assistance en leur faveur.Il est
composé de représentants des Organisations Intergouvernementales
et Non Gouvernementales dont il est établi qu'elles mènent des
activités et apportent des contributions en faveur des programmes pour
les réfugiés africains. Ce comité est placé sous la
direction du Comité des quinze de l'UA sur les
Réfugiés.
· Ensuite, le Bureau de l'UA pour les
réfugiés. Placé sous la direction de la Commission
des quinze de l'UA sur les réfugiés, il est chargé de
définir les politiques, stratégies et programmes en faveur des
réfugiés.
Le Bureau de l'UA pour les réfugiés prend
également en charge les personnes déplacées, surveille les
mouvements migratoires, en recherche les causes et les conséquences pour
en informer les Etats. Il cherche en coopération avec les correspondants
nationaux à pourvoir aux besoins des réfugiés, notamment
en abris et en éducation.
· Puis, le mécanisme national pour les
réfugiés composé des différentes organisations
gouvernementales et non gouvernementales, engagés dans l'assistance.
Cette structure est chargée d'aider le correspondant local du Bureau des
réfugiés.
· Enfin, on mentionnera comme structure non moins
importante, leFonds spécial de l'UA pour les
réfugiés. Ce Fonds est alimenté par les Etats et les
organisations internationales. Il est utilisé pour appuyer la mise en
oeuvre accélérée des programmes afin de répondre
aux besoins des réfugiés, des rapatriés, des personnes
déplacées et d'autres populations affectées par les
conflits lors de la période critique de transition du conflit à
la paix. Ce fonds est destiné à alléger le fardeau des
Etats d'asile dans l'assistance aux réfugiés.
Nous pouvons relever en ce qui concerne les structures
d'intervention africaines pour les questions des réfugiés, que
leurs actions sur le terrain est peu visible voireeffacées. Ce qui nous
fait dire avec NASREDDINE50(*)«... que les structures universelles ont
été exclusivement seules dans le cas d'assistance aux
réfugiés africains et ce, tant sur le plan des études
théoriques que des interventions pratiques sur le terrain des douleurs
et parfois des horreurs. Terrain déserté par des instances
africaines et où les Etats africains n'ont joué qu'un rôle
subalterne d'appoint et d'exécution». L'auteur préconise
pourfinir «la création au sein de l'Union africaine de structures
appropriées qui auront pour mission la prise en charge de ce
phénomène «permanent» dans ce continent ».
Qu'en est-il cependant des structures d'intervention au plan national ?
Section II: Les structures d'intervention au plan national
Ces structures interviennent comme étant le bras
armé de la mise en oeuvre de la protection et de l'assistance aux
réfugiés.
Paragraphe I: Les
organismes gouvernementaux et les partenaires opérationnels
Les structures étatiques qui oeuvrent dans la prise en
charge des réfugiés sont essentiellement la CONAREF et le
Comité National de Secours d'Urgence et de Réhabilitation
(CONASUR).
A) La Commission Nationale pour les
Réfugiés
La CONAREF est une structure rattachée du
Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération
Régionale créée par la Zatu AN V - 28/FP/PRES du 03
août 1988 et consacrée par la loi N°042-2008/AN du 23 octobre
2008 portant statut des réfugiés au Burkina Faso.
Aux termes de l'article 2 du décret N°
2011-118/PRES/PM/MAECR le 10 mars 2011 portant attributions, composition,
organisation, et fonctionnement de la Commission Nationale pour les
Réfugiés, elle est l'organe national chargé de la gestion
de toutes les questions relatives aux réfugiés. Ainsi, la CONAREF
est donc la structure de coordination, de conseil et de suivi des questions
relatives aux réfugiés au Burkina Faso.
Pour ce qui est de ses missions, la CONAREF est chargée
de:
- de déterminer le statut de réfugié au
Burkina Faso ;
- d'assurer la protection juridique et administrative des
réfugiés sur l'ensemble du territoire national ;
- de veiller à l'application, au Burkina Faso, des
conventions internationales et régionales relatives au statut de
réfugié ;
- de se prononcer sur la perte du statut de
réfugié ;
- de décider de toute mesure d'expulsion ou
d'extradition concernant un réfugié ou un requérant
d'asile ;
- de prendre les décisions sur toute situation urgente
relative aux réfugiés ou aux requérants d'asile au Burkina
Faso ;
- d'examiner les demandes de réinstallation au Burkina
Faso et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour faciliter
l'accueil des réfugiés ou des requérants d'asile;
- d'étudier et proposer aux autorités
compétentes, toute mesure susceptible d'améliorer les
procédures de demandes d'asile au Burkina Faso;
- de sensibiliser l'opinion tant nationale qu'internationale
sur les droits et devoirs des réfugiés et requérants
d'asile au Burkina Faso;
- de veiller, le cas échéant, à
l'intégration locale des réfugiés, ainsi qu'à
leurrapatriement ou leur réinstallation dans des pays tiers.
Elle comprend une Assemblée plénière;un
Bureau; un Comité d'éligibilité; un Comité de
recours; des Comités techniques ad hoc; une Coordination Nationale.
B) Le Comité National de Secours
d'Urgence et de Réhabilitation
Créé le 5 mars 1993 par décret n°
93/PRES/069/SAS/F sur les cendres de l'ancienne Commission Nationale de Lutte
contre les Effets de la Sécheresse (CNLES),51(*) le Comité National de
Secours d'Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) est née de
l'affirmation de la volonté des autorités gouvernementales de
prendre en compte la gestion des autres catastrophes.Il est composé
d'une quinzaine de départements ministériels et d'ONG, ces
dernières étant représentées par le
Secrétariat Permanant des Organisations Non Gouvernementales(SPONG) et
la Croix-Rouge.
Son rôle est centré sur la gestion des
catastrophes naturelles au Burkina Faso. Les principales missions qui lui sont
assignées sont:
- élaborer et mettre en oeuvre le Plan National
d'Organisation et de Coordination des Secours d'Urgence et de
Réhabilitation (PNOCSUR) en cas de catastrophe;
- assurer la coordination, le suivi et l'élaboration
des programmes d'atténuation des effets des catastrophes sur le
territoire national;
- assurer la formation du personnel administratif provincial
dans le domaine de la prévention et la gestion des catastrophes;
- éduquer et sensibiliser le public sur la
prévention et la gestion des catastrophes naturelles.
Pour notre étude nous allons nous intéresser
essentiellement aux activités d'intervention d'urgence de la CONASUR.
Elles sont constituées essentiellement d'opérations de secours
d'urgence aux victimes des catastrophes. Ces opérations ont pour but
d'améliorer les conditions d'existence des sinistrés dans les
premiers jours qui suivent la catastrophe. Les secours apportés visent
à la satisfaction des besoins fondamentaux (santé, alimentaire,
abris).
A cet effet, le CONASUR leur fournit une assistance en vivres
(céréales, aliments pour enfant); matériel de survie
(tentes, couvertures, nattes, habits); médicaments (services de
santé).
C'est au niveau de ce type d'activités que le CONASUR
joue le rôle qui lui revient dans le dispositif de prise en charge des
refugiés maliens. Ces dernières années d'ailleurs,
l'accueil et la prise en charge des réfugiés maliens ont pris des
proportions importantes dans les activités d'intervention d'urgence du
CONASUR.En effet il estla principale structure étatique par lequel le
Gouvernement burkinabé porte son assistance aux réfugiés
maliens, ce que nous verrons en large dans un prochain paragraphe.Mais d'ores
et déjà, nous pouvons aisément relever que le Burkina Faso
ne dispose pas d'une structurespécifique en chargede l'assistance aux
réfugiés.
Paragraphe II: Les ONG
partenaires du H.C.R. au Burkina Faso
Ce sont essentiellement les ONG qui concourent au plan local a
l'assistance aux réfugiés. Ces organismes sont repartis en
Partenaires d'exécutions et en Partenaires opérationnels.
A) Les partenaires d'exécutions
Le partenaire d'exécution est une organisation ou
agence (gouvernementale, non gouvernementale, intergouvernementale, des Nations
Unies, multilatérale) à laquelle le H.C.R. délègue
la responsabilité de mettre en oeuvre l'assistance et fournit des fonds
à cette fin par le biais d'un Accord de sous-projet standard52(*).
Nous comptons parmi les partenaires d'exécution du
H.C.R. au Burkina Faso des ONG comme : African Initiative for Relief and
Development, l'Organisation chrétienne de secours et de
développement, le Conseil danois pour les réfugiés, le
Conseil norvégien pour les réfugiés, la Croix-Rouge
française, HELP - Allemagne, Intermón Oxfam, International
Emergency and Development Aid, International Relief and Development,
Médecins du Monde - Espagne, Médecins du Monde - France,
l'Organisation catholique pour le développement et la solidarité,
Plan - Burkina Faso, la Société burkinabé de la
Croix-Rouge, Support Centre for International Health, Terre des Hommes,
Vétérinaires Sans Frontières.
B) Les partenaires
opérationnels
Le partenaire opérationnel est une organisation ou
agence avec laquelle le H.C.R. collabore pour fournir une protection et une
assistance aux réfugiés ou toutes autres personnes relevant de sa
compétence; le H.C.R. ne fournit pas de fonds à cette agence pour
mettre en oeuvre des activités de sa part53(*).
Au Burkina Faso, les partenaires opérationnels du
H.C.R. sont essentiellement:la Croix-Rouge belge, la Croix-Rouge
luxembourgeoise, la Croix-Rouge monégasque, HOPE'87, Médecins
Sans Frontières - France, les Services de secours catholiques54(*).
Ainsi,après avoir présenté dans la
première partie de notre étude les bases juridiques et les
structures en charge des questionsdes réfugies, la deuxième
partie va se consacrée à l'assistance étatique et des ONG
aux réfugiés maliens dans laquelle nous feronsl'état des
lieux de la prise en charge des refugies maliens(chapitre I)
et verrons les insuffisances et les perspectives à la prise en charge de
ces derniersau Burkina Faso (chapitre II)
TITRE II: DE L'ASSISTANCE ETATIQUE ET DES ORGANISMES
NON-GOUVERNEMENTAUX AUX REFUGIES MALIENS
Les réfugiés ont besoin d'une protection
juridique efficace, mais ils doivent aussi pouvoir satisfaire leurs besoins
essentiels. Plusieurs acteurs travaillent en cela parmi lesquels nous trouvons
aussi bien des structures étatiques des organismes internationaux que
des ONG nationales et internationales.
Leurs actions se heurtent souvent à quelques
difficultés qui limitent souvent la volonté de protection et
d'assistance de ces acteurs, mais des perspectives permettent d'augurer des
lendemains meilleurs pour ces milliers de réfugiés qui souffrent
déjà trop de l'exil.
CHAPITRE I: L'ETAT DES LIEUX DE LA PRISE EN CHARGE DES
REFUGIES MALIENS
L'enregistrement des réfugiés maliens au
Burkina Faso avait dénombré au niveau I 107 000
réfugiés au 27 juillet 2012 ; 49.975 réfugiés
avaient été enrôlés lors d'une phase
dénommée opération de niveau II à la date du 22
avril 2013. A la date du 20 février 2014, plus de 33.000
réfugiés maliens ont été recensés lors de
l'enregistrement biométrique des réfugiés de niveau
III.
La plupart des réfugiés sont regroupés
dans trois camps officiels où ils reçoivent de l'assistance et de
la protection aussi bien de la part des acteurs gouvernementaux, que de la part
du H.C.R., d'organismes du système des Nations Unies et d'ONG
humanitaires.
Section I: De la prise en charge par les organes
gouvernementaux
Le Burkina Faso est contraint, de par les conventions dont il
est signataire55(*)
à porter protection et assistance aux demandeurs d'asile qui sont sur
son territoire comme c'est le cas de ces milliers de maliens qui ont
traversé nos frontières à la recherche de l'asile.
Dès le début de l'arrivée des réfugiés
maliens au Burkina Faso, le Gouvernement s'est mobilisé à travers
la CONAREF et bien d'autres organismes étatiques pour apporter une
réponse adéquate à cet afflux important de
réfugiés.
Paragraphe I: La prise en
charge par la CONAREF
Par un point de presse en date du 10 février 2012, le
Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération
Régionale, MonsieurDjibril Y. BASSOLE, dans une déclaration
donnait un aperçu sur la situation qui prévalait
« à nos frontières nord et ouest avec la
République du Mali, caractérisée par un afflux de
ressortissants maliens sur le territoire du Burkina Faso, du fait des
affrontements armés qui ont cours dans ce pays frère
voisin »56(*).
Des mesures concrètes ont par la suite suivie cette
déclaration.
Ainsi présidant la cellule de coordination mise en
place par le Gouvernement pour faire face à l'arrivée massive des
réfugiés maliens dans notre pays, la CONAREF aidée en cela
par d'autre organismes étatiques a eu comme réaction dans un
premier temps d'enregistrer systématiquement les arrivants à leur
entrée sur le territoire national aux différents postes
frontaliers terrestres et aériens et d'évaluer la situation pour
voir l'ampleur de la catastrophe. Ensuite, des sites de regroupement ont
été identifiés et aménagés par elle pour
accueillir les réfugiés dans des camps ou déplacer les
camps spontanés qui étaient à moins de cinquante (50)
kilomètres des frontières maliennes. Une autre action entreprise
a été de formuler des propositions au gouvernement pour la
planification des mesures dans le temps.
Le réfugié se trouve dans une situation
particulièrement grave et alarmante. Il ne bénéficie pas
de la protection de son Etat d'origine. Le pays d'accueil est donc responsable
de la protection du réfugié qui est en asile sur ses terres.
La CONAREF est l'un des organismes étatiques par lequel
le gouvernement a réagi à l'afflux des réfugiés
maliens au Burkina Faso. Elle préside en effet la cellule de
coordination qui avait pour charge l'évaluation de la situation d'afflux
de réfugiés maliens au Burkina Faso afin de leur apporter les
premiers secours, identifier les sites de regroupement à
aménager, et formuler des propositions pour la planification des mesures
dans le temps àmettre en place. La prise en charge de cette structure
s'établit sur deux plans : à savoir le plan juridique et le
plan administratif.
Sur le plan juridique, la CONAREF s'attache à faire
respecter l'expression du droit des personnes admises comme
réfugiés sur notre territoire. Cela consiste à travailler
à ce qu'une personne réfugiée bénéficie de
la protection du standard de droit dont bénéficie le national au
Burkina Faso57(*). Ainsi
outre le droit d'asile, le réfugié jouit d'un certain nombre de
droits qui découle de l'asile.
Le droit d'asile est « l'admission des
réfugiés dans un pays [dans lequel] ils se voient accorder la
protection contre le refoulement et l'autorisation de résider aussi
longtemps que nécessaire pour leur propre
sécurité. »58(*)
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
(DUDH)59(*)prévoit
explicitement le droit de chercher asile et d'en bénéficiermais
le droit international des réfugiés ne prévoit pas
explicitement le droit de se le voir accorder car les Etats ne sont pas
disposés à reconnaître ce droit60(*). Les Etats ont toutefois
reconnu dans de nombreux instruments internationaux et dans le droit
international coutumier le principe du non-refoulement.
Les autres droits reconnus aux réfugiés se
résument en droits extrapatrimoniaux et patrimoniaux. Les droits de la
famille et les droits civils sont les composantes des droits extrapatrimoniaux.
Les droits patrimoniaux quant à eux se traduisent par le droit à
la propriété et le droit d'exercer une profession.
Il faut cependant noter que l'application de ces droits dans
les pays d'accueil se heurte à d'énormes difficultés.
D'abord, on peut relever l'impossibilité souvent pour le
réfugié d'apporter les preuves administratives de sa situation de
famille antérieure au départ. Les réfugiés fuyant
généralement en catastrophe leur pays d'origine n'ont pas le
temps de se procurer les documents administratifs auprès des
autorités. Ensuite, s'agissant du droit au travail, on peut constater le
plus souvent « la résistance de la population qui accepte mal
de devoir partager des fonctions dans les affaires avec des concurrents «
venant d'autres lieux.»61(*) Dans les faits, la CONAREF plaide pour des
emplois salariés en faveur des réfugiés62(*). Cependant, on peut
aisément constater que les Etats ne veulent pas aller au jusqu'au bout
dans le respect des textes concernant l'accès à l'emploi de peur
de devoir subir les courroux de leur propre populations.
Sur le plan administratif, la CONAREF pour son
Coordonnateur,MonsieurMamadou SANGARE, assure l'enregistrement et
l'établissement de documents pour les réfugiés.
Elle délivre pour se faire un document qui
équivaut à un certificat de résidence provisoire valable
pour six mois renouvelable jusqu'à la détermination du statut de
réfugié. Il est délivré une fois l'interview
d'éligibilité réalisée. Notons que les
réfugiés maliens se voyant accorder d'emblée (prima facie)
le statut de réfugié par le Gouvernement dès leur
arrivée sur le territoire burkinabé depuis l'éclatement du
conflit, ont droit à ce document à leur arrivée.
Contrairement à eux, les réfugiés urbains doivent
obligatoirement faire la demande individuellement.
Elle délivre également une carte
d'identité de réfugié, après la reconnaissance du
statut, par le biais de la division du contrôle de la migration du
ministère de l'administration territoriale et de la
sécurité sur son autorisation. Il convient cependant de relever
que dans le cas d'afflux important comme c'est le cas pour les
réfugiés maliens, la délivrance de cartes
d'identité de réfugié devient très difficile. Cette
difficulté a été surmontée par la délivrance
d'attestations de réfugiélors de l'enregistrement
biométrique, valables pour un an. Notons que des certificats de
naissance sont délivrés aux enfants pour permettre leur
scolarisation.
La CONAREF délivre également un titre de voyage
aux réfugiés qui le sollicitent, par le biais de la division du
contrôle de la migration du Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Sécurité (MATS) sur sa recommandation. Dans
le même sens, un« laissez-passer »peut être
délivré comme document de voyage pour une durée d'un mois
par la CONAREF à la demande desréfugiés qui souhaitent
voyager ou aux réfugiés qui retournent définitivement dans
leur pays. Il faut reconnaître que l'enregistrement et la
délivrance de documents d'identité aux réfugiés
contribuent à améliorer la protection physique et la jouissance
des droits aux réfugiés.En tout état de cause, 90% des
réfugiés maliens que nous avons enquêtés estiment
que l'Etat burkinabé respect leurs droits de réfugiés
(tableau 2).
La réponse étatique à la question des
réfugiés embrasse beaucoup d'autres aspects qui appellent
l'intervention de biens d'autres acteurs gouvernementaux.
Paragraphe II: La prise en
charge par le CONASUR et les autres organismes étatiques.
Le CONASUR en sa qualité d'organisme chargé de
coordination des actions humanitaires du Gouvernement a dès
l'arrivée des premiers réfugiés maliens au Burkina Faso
apporté une réponse avec la collaboration des autres organismes
qui compose le plan national multisectoriel de réponse aux catastrophes
humanitaires63(*).
Dès l'arrivée des premiers
réfugiés, « une gestion de la situation
sécuritaire et l'accueil des réfugiés dans le respect des
traditions d'accueil et d'hospitalité du Burkina64(*) » a
été ordonné par le Conseil des Ministres du 8
février 2012. Dans la même lancée, des fouilles
systématiques ont également été ordonnée
pour éviter l'entrée sur le territoire burkinabè
d'armements et de produits prohibés.
Un appel à la mobilisation de l'assistance à
apporter aux réfugiés et la mobilisation des partenaires
humanitaires du système des Nations Unies a été
lancé (H.C.R., PAM, FAO, UNICEF). Ainsi, le CONASUR a mis un dispositif
en place qui a consisté à apporter des abris-tentes, des nattes,
des repas froids aux maliens dès leur arrivé au Burkina Faso en
entendant qu'ils aient le statut de réfugié par l'entremise de la
CONAREF et du H.C.R.
Passé l'urgence, l'assistance du Gouvernement
burkinabé aux réfugiés maliens s'est formalisée
à travers un plan multisectoriel de réponse à l'afflux des
réfugiés maliens. Ce plan d'un cout de 8.954.934.537 F
CFA65(*), puisé
dans le budget de l'Etat gestion 2012 embrasse plusieurs domaines et fait appel
à plusieurs structures étatiques.
La réponse éducative de l'Etat burkinabé
à l'afflux des populations réfugiées a commencé
à se formaliser au courant de l'année scolaire 2012-2013. En
effet, l'éducation étant un droit inaliénable pour tous
les enfants, surtout pour ceux en situations d'urgence, le Gouvernement
burkinabè, à travers les ministères en charge de
l'éducation, accompagnés des partenaires techniques et
financiers, les ONG/Associations, a entrepris des actions visant à
donner des possibilités d'accès à l'éducation de
base. Diverses formules éducatives ont alors été mises
à la disposition des enfants réfugiés maliens, notamment
en termes d'encadrement de la petite enfance/préscolaire,
d'éducation primaire et post-primaire, et d'alphabétisation. Les
actions spécifiques ont consisté dans un premier temps à
accueillir certains enfants réfugiés dans les écoles des
localités hôtes, ensuite à ouvrir et équiper des
salles de classes, recruter et former les enseignants sur les droits humains,
mettre à la disposition des enfants des kits scolaires et
matériel ludique, sensibiliser les communautés sur des
problématiques telles que l'éducation à la paix, les
droits de l'enfant, et offrir un appui psychosocial aux enfants et aux
enseignants66(*).
De ce fait, la réponse éducative à la
crise malienne a permis à quelque 4.878 enfants maliens
réfugiés (dont 2.069 filles et 2.809 garçons) d'avoir
accès à l'éducation67(*). Notons qu'au regard du grand nombre d'enfants
réfugiés et du faible taux de scolarisation dans les camps et les
communautés hôtes du Sahel, les services
déconcentrés du Ministère de l'Education Nationale et de
l'Alphabétisation (MENA), du Ministère des Enseignements
Secondaires Supérieurs (MESS), du Ministère de l'Action Sociale
et de la Solidarité Nationale (MASSN) ont choisi d'accompagner les
partenaires de mise en oeuvre par une campagne de sensibilisation et de
mobilisation sociale visant à améliorer les indicateurs
d'accès et de rétention des enfants à l'école, tant
dans les sites de réfugiés que dans communautés
hôtes.
Sur le plan sanitaire, les différents efforts
déployés par le Burkina Faso au cours des dernières
années avec l'appui de ses partenaires ont permis l'amélioration
progressive de la situation sanitaire dans l'ensemble du pays en
général et dans les zones d'accueil des réfugiés en
particuliers. Notons que les réfugiés maliens ont accès
aux centres de santé situés dans les zones d'accueil. Dans le
cadre de la riposte contre l'épidémie de la rougeole dans la zone
d'accueil des réfugiés, le ministère de la Santé,
avec l'appui technique et financier de ses partenaires, a organisé une
campagne de vaccination dans la région sanitaire du Sahel.
Sur le plan WASH68(*) (Eau/Assainissement/Hygiène), les
réfugiés ont accès aux points d'eau des communautés
locales. Un groupe sectoriel WASH a été mis en place sous le
leadership de la Direction Régionale de l'Hydraulique de la
région du Sahel. Il se réunit tous les trois mois et en cas de
besoin. L'UNICEF apporte un appui technique dans ce sens pour renforcer cette
coordination sectorielle. Cet appui va être renforcé au niveau
national avec le CONASUR dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de
réponse du Gouvernement à l'afflux des réfugiés
maliens.
Les questions sécuritaires liées aux
problèmes des réfugiés sont contenues dans la Convention
de l'OUA sur les réfugiés de 1969, notamment en son article 3
concernant l'interdiction de toute activité subversive. En effet la
présence de réfugiés peut affecter les relations
internationales si les camps de réfugiés sont infiltrés
par des éléments armés poursuivant un programme politique.
Ce qui met en péril le caractère civil et humanitaire de l'asile.
Une telle infiltration peut également mettre en danger la
sécurité physique des réfugiés69(*), la sécurité des
camps de réfugiés qui peuvent devenir la cible d'attaques
militaires et la sécurité des communautés hôtes en
raison de l'activité militaire et criminelle et de
l'insécurité. Pour relever le défi de la
sécurité, une surveillance accrue ainsi que la
sécurisation de la frontière entre les deux pays par des moyens
appropriés a été mise en oeuvre.L'efficacité des
mesures sécuritaires est d'ailleurs confirmée par les
résultats de notre enquête qui relève que 100% des
réfugiés enquêté se sentent en
sécurité au Burkina Faso.
La protection physique des réfugiés exige que
leur sécurité soit assurée à chaque instant. Pour
se faire, l'installation des réfugiés maliens dans des camps vise
cette démarche de protection. En outre, des dispositions rigoureuses ont
été prises par les forces de défense et de
sécurité afin de sécuriser les camps et qu'aucune personne
détentrice d'arme ne soit admise sur le territoire nationale. Un
dispositif d'escorte est aussi en place dans la région du sahel au
profit des acteurs humanitaires qui le souhaitent, lors des déplacements
au-delà de l'axe DJIBO-DORI.
En ce qui concerne la protection de l'enfant, le Burkina Faso
dispose de départements déconcentrés de l'action sociale
outillés pour prendre en charge les enfants victimes de violences, abus
et exploitations dans les situations d'urgence. D'une part, le CONASUR a
été formé sur les principaux engagements pour les enfants
en situation d'urgence. D'autres part, le Burkina Faso dispose aussi d'un
réseau d'organisations de la société civile et d'ONG
nationales engagées et formées, à l'instar des
intervenants gouvernementaux, sur les standards minima de protection de
l'enfant dans les situations d'urgences. Ces acteurs disposent de quelques
outils pour intervenir dans le domaine de la protection de l'enfant en
situation d'urgence, pour notamment, identifier et réunir les enfants
séparés de leur famille ou non accompagnés, fournir un
appui psychosocial d'urgence, identifier et référer des enfants
victimes de violences, d'abus et d'exploitations ou rapporter des violations
des droits de l'enfant dans des situations d'urgence.De façon globale,
les réfugiés maliens accueillent à sa juste mesure la
protection et l'assistance que l'Etat burkinabé leur apporte (75% des
enquêtés la juge satisfaisantetableau 3).
L'arrivée des réfugiés maliens
installés majoritairement au Nord du Burkina Faso, dans la région
aride du Sahel, a dans un premier temps constitué un fardeau pour les
communautés locales, elles-mêmes affectées par
l'insécurité alimentaire. Mais l'intervention du H.C.R., de ses
partenaires opérationnels et d'autres organisations humanitaires a
beaucoup contribué à atténuer la
vulnérabilité de ces réfugiés et des populations
hôtes.
Section II : De la prise en charge du H.C.R. et des
ONGpartenaires
L'action du H.C.R. et des ONG occupe une part très
importante dans la prise en charge des réfugiés maliens au
Burkina Faso.
Paragraphe I : La
prise en charge par le H.C.R.
La protection internationale des réfugiés et la
recherche des solutions durables à leurs problèmes constituent
les deux principales fonctions du H.C.R.70(*)En faveur des réfugiés, le H.C.R.
entreprend des actions qui peuvent être ponctuelles ou structurelles.
Pour ce qui est des actions ponctuelles, elles visent la
protection juridique et l'assistance aux réfugiés. En effet,
l'une des principales missions de l'Organisation est de veiller partout
où se trouvent les réfugiés, à ce que le respect
des droits fondamentaux de ces derniers qu'ils soient ruraux ou urbains, soit
une réalité concrète et effective. Cette mission porte
essentiellement sur la délivrance des documents personnels,
intransmissibles et incessibles à l'instar des documents
d'identité71(*),
l'établissement des titres de voyage72(*) et des autres titres73(*) qu'elle remplit en collaboration avec la CONAREF.
En ce qui concerne l'assistance aux réfugiés,
elle peut revêtir une dimension matérielle ou financière.
Il peut aussi s'agir d'une assistance médicale à travers des
fournitures médicales, d'une assistance alimentaire d'urgence ou d'une
aide au logement par la fourniture d'abris-tente.
L'autre volet de l'activité du H.C.R. est structurel. A
cet effet, l'institution s'attelle à la recherche de solutions durables
à la question des réfugiés par le truchement du
rapatriement librement consenti, de l'intégration locale, de la
réinstallation des réfugiés dans un pays tiers. Ce volet
sera largement développé dans un prochain paragraphe de notre
travail.
L'objectif de la protection internationale incombant au H.C.R.
est de sauvegarder les droits et les intérêts des
réfugiés, d'améliorer leur statut juridique de
manière à les mettre, dans la mesure du possible, sur un pied
d'égalité avec les ressortissants du pays où ils demeurent
et de les aider à cesser d'être des réfugiés.
Le H.C.R., à la demande des gouvernements, essaie de
mobiliser l'effort international en faveur des réfugiés, il prend
toutes les mesures voulues pour fournir une assistance internationale
multiforme propre à aider les réfugiés à
accéder à l'autosuffisance.
D'une présence assez limitée au Burkina Faso au
début de l'éclatement de la crise malienne, la
représentation duH.C.R. après le lancement de l'opération
d'urgence en 2013, avu son budget augmenter dans des proportions
significatives.
Dans les faits, en termes de protection des
réfugiés maliens dans les camps, les Violences Basées sur
le Genre (VBG), les pratiques de discriminations de castes et la cohabitation
pacifique entre les populations hôtes et les réfugiés sont
les défis les plus importants que le H.C.R. travail à endiguer.
De ce fait dans les camps de réfugiés, la protection en
général et les actions contre les violences basées sur le
genre en particulier, les mariages précoces, représentent un vrai
défi car il s'agit pour certains de pratiques culturelles difficiles
à changer. C'est pour cela que le H.C.R. s'est investi sur trois fronts:
premièrement sur les identifications de cas pendant les exercices
d'enregistrement; deuxièmement sur les sensibilisations sur ce
thème ; et finalement sur la mise en place des procédures
standards pour soutenir les filles qui choisissent de dénoncer cette
situations.
Le H.C.R. pour la sécurité dans les camps de
réfugiés maliens, a signé un Mémorandum Of
Understanding (MOU)74(*)
avec le Gouvernement burkinabè pour la mise à disposition
d'agents de sécurités. Ceci participe à la protection
physique des réfugiés.
L'afflux des populations réfugiées maliens au
Burkina Faso a drainé un nombre important d'enfants dont certains
n'avaient jamais fréquenté l'école. En Avril 2013, le
H.C.R. avait dénombré 27.146 enfants dont 2.841 enfants seulement
avaient été précédemment scolarisés au Mali
sur les 23.149 enfants d'âge scolaire et préscolaire
enregistrés, soit 12% de taux de scolarisation75(*). En réponse à
cette situation le H.C.R. s'est investi à améliorer
l'accès à l'éducation et initier d'autres activités
pour la jeunesse notamment la création des espaces amis de l'enfant dans
les camps.
Le secteur Education est coordonné par un groupe de
travail sur l'éducation en situations d'urgence, co-piloté par le
MENA et l'UNICEF, qui se concertent régulièrement pour
échanger sur les activités et s'accorder sur les décisions
importantes à prendre en vue d'améliorer les performances au
niveau des élèves et des enseignants. Pour renforcer leurs
capacités de prévention, de préparation et de
réponse aux crises humanitaires, toutes ces structures centrales et
déconcentrées ont bénéficié des formations
sur l'Education en Situation d'Urgence.
Concernant la réponse WASH, les interventions majeures
sont : l'approvisionnement en eau potable dans les camps de
réfugiés Maliens, la réhabilitation des forages existants
dans les villages hôtes, la promotion de bonnes pratiques
d'hygiène et la mobilisation des communautés hôtes à
construire des latrines familiales.
La protection de l'environnement local occupe une place
importante également dans les actions du H.C.R. Les afflux de grand
nombre de réfugiés sur un espace peuvent exercer une pression sur
l'environnement local. Surtout dans le cas des réfugiés maliens
qui ont apportés avec eux un grand nombre de bétail dans leur
fuite. Sans contrôle, cette présence peut rapidement avoir un
impact négatif sur l'environnement ainsi que sur les
réfugiés eux même et les populations hôtes. Conscient
du dommage potentiel que l'implantation des camps et les activités
connexes peuvent causer à l'environnement et partant sur
l'économie locale et sur les relations avec les communautés
hôtes, le H.C.R. a développé une politique globale de
gestion des questions environnementales avec les gouvernements et d'autres
partenaires nationaux et internationaux. C'est ainsi qu'au Burkina Faso, le
H.C.R. encourage et soutient le développement de projets visant à
réduire ou maitriser quelques-uns des dommages causés par les
opérations humanitaires.
En 2013, c'est au total plus de 16,4 milliards de FCFA qui ont
été injectés par le H.C.R. pour la prise en charge des
réfugiés. Le H.C.R. prévoit une diminution
considérable de ce budget qui passera à 12,8 milliards de
FCFA76(*).
Cependant il convient de relever que pour l'essentiel, le
H.C.R. à recours à ses partenaires pour la mise en oeuvre de ses
actions de protection et d'assistance aux réfugiés.
Paragraphe II : La
prise en charge par les ONG partenaires du H.C.R
Plusieurs agences du système des Nations Unies, des ONG
internationales et locales travaillent aux côtés du H.C.R. pour
apporter un peu d'espoir aux réfugiés maliens. Nous allons
seulement faire cas de l'action de quelque unes de ces organisations en faveur
des réfugiés maliens.
L'assistance du PAM concerne la fourniture des denrées
alimentaires d'urgence aux réfugiés confrontés à
une situation de déficit alimentaire afin d'atténuer leur
degré de vulnérabilité. Ainsi les réfugiés
qui vivent dans les camps ont droit à une distribution couplée de
vivres et de cash (argent liquide) par le PAM77(*). La majorité des réfugiés
n'ayant pu venir qu'avec des quantités limitées ou inexistantes
de vivres. Et avec l'appui limité des populations hôtes qui ne
pouvaient durer que quelques jours,eux-mêmes confronté à
une crise humanitaire, l'assistance du PAM a permis de sauver leurs vies. La
majeure partie des réfugiés comptant sur les rations alimentaires
du PAM pour couvrir leur besoins immédiats en vivres.
Ce sont les ONG, avec l'appui des autorités locales et
du H.C.R., qui administrent et organisent chaque camp, et favorisent la
création de mécanismes de gestion du vivre-ensemble pour
permettre à la vie de se réorganiser. Pour entendre les
doléances de chaque groupes et pour les pousser à se faire
entendre, des comités constitués de personnalités
représentant les réfugiés sont mis en place dans chaque
camp et s'expriment en leur nom ; ces comités représentent
les réfugiés dans leur ensemble ou par groupes sociaux, ethniques
etc.
L'ONG IEDA-Relief dans le camp de Goudoubo, grâce
notamment au financement et à la coopération du H.C.R., se charge
de la gestion du camp et a créé ce type de comité dans le
but de faire participer les réfugiés et de les impliquer au bon
déroulement des activités. Le comité directeur est en
charge de la gestion des camps et supervise les comités
secondaires78(*). Chaque
initiative ou demande de projet doit passer par le comité directeur, ce
qui place les réfugiés au coeur du processus de prise de
décision. Une à deux fois par an, une grande assemblée
réunissant les acteurs humanitaires et les réfugiés essaye
de faire le point sur les améliorations nécessaires à
l'organisation du camp, et de l'intégration des individus selon leur
âge, leur genre, leur ethnie etc.
L'action de l'UNICEF quant à elle concerne plusieurs
domaines qui intéressent les enfants. Comme l'a indiqué un
représentant de l'UNICEF au Burkina Faso lors d'une mission dans la
région du sahel, la présence de l'UNICEF et du H.C.R. aux
côtés des refugiés a pour but de soutenir le gouvernement
du Burkina Faso pour répondre aux besoins des réfugiés
à travers un certain nombre de programmes liés à
l'éducation, à la protection, à l'hygiène, à
l'eau et l'assainissement et à la nutrition79(*) . Ainsi grâce à
l'appui financier et technique fourni par l'UNICEF aux ONG humanitaires, des
kits WASH constitués de savons, de pastilles de chlore, de seaux, de
gobelets, de bidons, de bouilloires ont été distribués
dans les camps de réfugiés maliens de Gandafabou et Ferrerio. Des
latrines et des douches ont été fournies dans ces camps. On peut
ajouter à cela la réhabilitation de forages dans les villages
hôtes situés à proximité des camps de
réfugiés. L'UNICEF a permis à 6.500 enfants d'âge
scolaire d'avoir accès à l'éducation dans les camps de
réfugiés sur un total estimé à 15.500. Elle leur
apporte en plus un appui psychosocial. Au cours des campagnes de masse
organisées dans les camps, 7.888 personnes âgées de 9 mois
à 15 ans ont reçu leur dose de vaccin contre la rougeole, et
5.513 enfants de 0-59 mois ont reçu le Vaccin polio oral au cours des
différentes campagnes supplémentaires contre la
poliomyélite. Ils ont également reçu une
supplémentation en vitamine A80(*).
De nombreuses ONG et associations interviennent dans le
domaine de l'éducation des enfants des réfugiés parmi
lesquels on peut citer Croix Rouge Burkinabè, Plan Burkina Faso,
Norwegian Refugee Council, Terre des Hommes, Save the Children Canada, Fond
pour le Développement Communautaire (FDC), l'association Tin Hinan,
CREDO.
Intermon OXFAM est un acteur majeur dans le domaine WASH. Elle
a réalisé des activités variées d'approvisionnement
en eau potable et de promotion de bonnes pratiques d'hygiène dans les
camps de réfugiés et les villages environnants dans la
région du Sahel. Elle intervient surtout dans les deux camps de GOUDEBOU
et de MENTAO par l'approvisionnement en eau potable, par la distribution de
kits d'hygiène et veille à l'hygiène et a l'assainissement
des camps. Ainsi parlant des rapports qu'entretien sa structure avec le H.C.R.,
Noël ZIGANI81(*),
affirme que ce sont des rapports de partenariat, « nous recevons un
appui financier et technique du H.C.R. en plus de nos propres ressources, nous
tenons des réunions ensembles pour apprécier l'ensemble des
projets ». Intermon OXFAM fait également un plaidoyer
auprès du H.C.R. pour une meilleure prise en compte des populations
locales dans leurs actions en faveur des réfugiés. Pour les
responsables de la structures il ne faut pas donner l'impression que les
populations hôtes sont des parasites, des gens qui vivent au
dépend des réfugiés en leur faisant un clin d'oeil
à chaque fois qu'on vient porter assistance aux réfugiés.
Il s'agit de poser des actions concrètes de développement en leur
faveur.
Nous pouvons relever que même si c'est seulement 25% des
réfugiés qui jugent l'assistance que leur apporte le H.C.R. peu
satisfaisant (tableau 4), cela montrequ'il existe des
insuffisances. Il conviendrait pour se faire,d'ouvrir les perspectives à
cette prise en charge pour aller dans le sens des 90% de nos
réfugiés enquêtés qui estiment que le H.C.R. et les
ONG doivent mieux faire (tableau 5). A la même question
concernant l'Etat burkinabé, 95% des réfugiés
enquêtés estiment qu'il doit mieux faire (tableau
6).
CHAPITRE II: LES INSUFFISANCES ET LES PERSPECTIVES A LA PRISE
EN CHARGE DES REFUGIES MALIENS
La protection et l'assistance aux réfugiés
maliens,malgré les efforts des différents acteurs,présente
certainement (section I) des insuffisances auxquelles nous
nous proposons de relever les perspectives (section II).
Section I: Les insuffisances à la protection et
à l'assistance des réfugiés maliens
Plusieurs difficultés limitent la prise en charge
efficace des réfugiés maliens sur notre territoire.
Paragraphe I: Les limites
à la protection
L'installation des réfugiés dans des zones non
conventionnelles est la première difficulté à leur
protection. En effet, certains réfugiés restent en dehors des
camps et souvent à moins de cinquante (50) kilomètres de la
frontière malienne comme l'interdit le H.C.R. avec le risque
sécuritaire que cela représente pour eux. A titre illustratif,
certains réfugiés se sont regroupés dans des zones
désertiques de la région de Dori difficile d'accès et
très proche de la frontière malienne, ce qui soulèvent
d'énormes problèmes à leur protection mais
également de leur prise en charge par les acteurs humanitaires.
Pour ceux parmi les réfugiés qui ont
apporté leurs bétails avec eux dans les camps, il se pose le
problème de la gestion de ce bétail et les éventuels
conflits qui peuvent éclater entre leurs propriétaires et les
agriculteurs locaux d'une part et les éleveurs locaux d'autre part. En
effet, selon une étude menée par vétérinaire sans
frontière dans le camp de réfugiés de Damba, il y a trois
animaux pour chaque personne présente dans le camp, ce qui affecte les
populations locales et l'environnement82(*).
Une autre difficulté à la protection des
réfugiés maliens qui peut choquer plus d'un à ce
XXIème siècle, est la question des minorités Touaregs
noirs (Bella83(*)). En
effet la communauté touarègue n'est pas homogène et
obéit à un système de castes dans lequel on distingue les
nobles, des semi-libres et des esclaves. Ce système de caste veut que
les Touaregs noirs soient des esclaves des Touaregs blancs. Cela crée un
climat de suspicion et de défiance dans les camps qui peuvent mettre
à mal la protection des réfugiés maliens. Dans le
même ordre d'idée, des tensions culturelles peuvent
également apparaître du fait d'une méconnaissance voire
d'une incompréhension des confessions et croyances présentes dans
les camps.
La question des véhicules non immatriculés que
certains réfugiés apportent avec eux dans leur exil au Burkina
Faso peut causer beaucoup de difficultés de protection. Par exemple en
cas d'accident le réfugié peut voir sa protection mise en mal et
des difficultés du droit applicable au cas d'espèce peuvent
surgir parce que la question n'est pas encadrée.
Paragraphe II: Les limites
à l'assistance
Les efforts en faveur des réfugiés ne peuvent
être menés à terme sans des moyens financiers suffisants.
Plus précisément, nous relevons qu'à l'augmentation du
nombre de réfugiés correspond la baisse drastique des ressources
financières.L'exécution des programmes d'assistance se heurte le
plus souvent à une insuffisance des moyens mis en place pour venir en
aide aux réfugiés. Lorsque l'argent manque, des programmes
importants tels que l'éducation des enfants et les projets axés
sur l'autosuffisance sont limités, voire supprimés. En effet la
situation de lassitude progressive des donateurs, la crise malienne
n'étant plus sous les feux des projecteurs, et l'ouverture de nouveaux
théâtres d'opérations84(*) aggrave l'inconfort du sort des
réfugiés. Il est plus difficile de collecter des fonds pour les
populations réfugiées de longue date, qui sont souvent
oubliées des médias, que pour les crises de
réfugiés, qui retiennent instantanément l'attention de
tous les médias. "Les réfugiés maliens sont en train
d'être oubliés avec la prolifération des crises
humanitaires ailleurs dans le monde", estime MonsieurValentin TAPSOBA,
Coordinateur régional du H.C.R. sur la crise au Mali, cité dans
un communiqué conjoint du H.C.R.et du PAM transmis à
l'AFP85(*) à
Nouakchott. S'ajoutent à cela les difficultés liées au
bouclage des financements dédiés à l'aide
humanitaire86(*).
Il convient de relever que malgré la collaboration
entre les acteurs humanitaires, il n'existe pas une véritable
centralisation de l'aide. Cela pose un problème de capitalisation de
l'aide en faveur des réfugiés. En ce qui concerne le manque de
coordination, les conséquences peuvent être désastreuses.
Certains organismes peuvent sous des intentions inavouées de
nécessités humanitaires, mélanger leur action à des
instigations politiques ou religieuses. Elles interviennent dans ce cas
simplement à des fins de récupération des
réfugiés.
L'une des contraintes également rencontrées, est
la difficile maitrise du nombre des réfugiés avec leurs
fréquents mouvements vers d'autres camps et vers certains villages
hôtes. Ce que monsieur Amadou SANFO à nommer
« phénomène pendulaire »87(*), pour caricaturer la pendule
de l'horloge qui fait des vas et viens. En effet certains
réfugiés vont même jusqu'à aller de l'autre
côté de la frontière au Mali et revenir lorsqu'il y a des
distributions de vivres ou autre.
Une autre limite de l'assistance aux réfugiés
maliens est le problème lié à leurs habitudes
alimentaires. Même si le PAM essaye de transcender le problème en
donnant une partie de l'aide alimentaire en vivre et une partie cash, une
difficulté demeure. En effet les réfugiés ont leur
habitude alimentaire constituée essentiellement de viande, de lait et de
thé. Cependant les vivres distribués par le PAM par exemple sont
fait en fonction des standards internationaux et des disponibilités en
stock obéissant à des contraintes « logistiques,
bureaucratiques et hygiéniques ». Ce qui fait qu'on retrouve
très souvent les vivres distribués aux réfugiés sur
les marchés qui sont revendus par ses derniers pour acheter le lait, la
viande et le thé.
Les réfugiés maliens sont installés pour
la plupart dans des régions dont la situation
n'étaitdéjà pas reluisante. Régions sujette
à des crises alimentaires à répétition, ou il y a
insuffisance ou inexistence de certaines structures sanitaires,
éducatives, hydrauliques, etc., les populations hôtes ont elles
même besoin d'une assistance alimentaire. Ce qui n'est pas sans
difficulté pour les actions en faveurs des réfugiés
maliens. Les humanitaires essaient de résorber le problème en
posant des actions ponctuelles dans les communautés hôtes mais
cela constitue un problème qui demande des réflexions plus
nourris.
Il découle de ce qui précède que le
réfugié malienau Burkina Faso, en dépit de la
précarité de sa situation n'est pas une personne solitaire. Il
bénéficie d'un encadrement juridique interne et international
à même d'alléger ses souffrances. Toutefois, cette batterie
de mesures et d'institutions autour de laquelle s'articulent la protection
comporte des limites, d'où la nécessité de dégager
des perspectives pour l'amélioration du sort des réfugiés
dans notre pays.
Section II: Les perspectives à la protection et
à l'assistance aux réfugiés
La situation d'urgence passé et au vue de la
précarité et des limites à la protection et à
l'assistance aux réfugiés, les acteurs humanitaires sont
amenés à proposer diverses solutions pour le long terme : ce
sont les solutions durables. Cependant la recherche de voies et moyens pour la
disparition totale des causes de déplacements de population demeure la
solution idéale. Sinon une meilleure politique de prise en charge des
réfugiés serait toujours nécessaire.
Paragraphe I: Les approches
de solutions durableset la promotion du développement, de la
démocratie et de la paix
En matière humanitaire une solution n'est jamais
durable, lançait un acteur du domaine pour montrer le caractère
éphémère de leurs actions en faveurs des
réfugiés88(*). L'assistance étant appelée à
s'arrêter à un moment donné, trois types de solutions
peuvent se voir appliquer aux réfugiés.
Le retour dans le pays d'origine est la meilleure des
solutions pour l'immense majorité des réfugiés du monde.
Certains réfugiés peuvent être autorisés, et
décident de rester définitivement dans le pays où ils ont
trouvé un premier asile. C'est l'intégration locale.
Enfin, quelques-uns d'entre eux sont réinstallés dans un pays de
second asile. Cette dernière solution reste la moins
fréquente.
Le rapatriement librement consenti est supposé
être la meilleure solution pour la majorité des
réfugiés et des pays d'asile. Pour les uns le retour chez eux
parce que la cause de la persécution ayant cessé, pour d'autre
définitivement débarrassé d'un
« fardeau » avec le sentiment d'avoir rempli ses
obligations de pays d'asile. Il ne doit se réaliser que si le
réfugié lui-même en exprime le souhait librement. Cependant
il peut arriver que cette solution lui soit suggérée
implicitement. Le rapatriement doit être organisé dans des
conditions qui sauvegarderont la sécurité et la dignité
des réfugiés en collaboration avec les autorités
nationales dans les pays d'asile, les pays d'origine et le H.C.R.
consigné dans des accords tripartites de rapatriement visant à
établir une confiance réciproque et précisant les
garanties et les modalités du rapatriement89(*).
Quand le rapatriement librement consenti du
réfugié ne peut être envisagé dans un futur proche,
le H.C.R. doit oeuvrer pour son intégration locale.
L'intégration sur place « consiste lorsque le rapatriement se fait
attendre, à assister les gouvernements hôtes dans la mise en place
de programmes permettant aux réfugiés d'atteindre rapidement
l'autosuffisance »90(*). L'intégration sur place est un processus
complexe et graduel qui comprend plusieurs dimensions juridiques,
économiques, sociales et culturelles distinctes mais liées entre
elles. Cette solution impose des exigences considérables à la
fois à la personne et à la société d'accueil. Dans
de nombreux cas, l'acquisition de la nationalité du pays d'asile est
l'aboutissement de ce processus comme c'est le cas de quelque 1,1 million de
réfugiés dans le monde91(*). Cela doit inclure le financement de programmes
à plus long terme visant à renforcer l'autonomie des
réfugiés et la création d'opportunités en termes de
moyens de subsistance par le biais de formations, d'activités
génératrices de revenus et de programmes d'éducation.
Pour parvenir à une répartition plus
équitable du fardeau et des responsabilités, développer
les capacités d'accueil et de protection des réfugiés et
résoudre durablement leurs problèmes, la
réinstallation dans un troisième pays tiers est la
dernière solution durable proposée aux réfugiés
quand les deux premières solutions se heurtent à des
difficultés d'application.Le pays de réinstallation accorde une
protection juridique et physique au réfugié, notamment
l'accès aux droits civils, politiques, économiques, sociaux et
culturels dans des conditions d'égalité avec les nationaux. Cela
devrait permettre aux réfugiés de devenir des citoyens
naturalisés.Seuls quelques Etats participent aux programmes de
réinstallation du H.C.R. Les Etats-Unis d'Amérique
représentent le principal pays de réinstallation dans le monde,
tandis que l'Australie, le Canada et les pays nordiques offrent
également un nombre annuel de places relativement important. Ces
dernières années, le nombre de pays engagés dans la
réinstallation a augmenté en Europe et en Amérique
latine92(*). Cependant vue
l'engouement que les réfugiés peuvent avoir pour cette
dernière solution durable, on peut tendre vers une nouvelle forme de
migration économique qui risque de mettre à mal la gestion des
réfugiés par le pays d'asile et le H.C.R. alors que le nombre de
pays d'accueil est très limité. En passant par le couloir
humanitaire, les hommes et femmes vaillants qui devraient participer au
développement de leur Nation, profitent souvent d'un
événement fâcheux survenu dans leur pays pour se rendre
à l'étranger à la quête du bien-être.
En ce qui concerne les réfugiés maliens, qui ne
sont d'ailleurs pas à leur premier asile au Burkina Faso, notre
enquête révèle que pourla majorité (100%), ceux-ci
voudrons renter chez. Certains ayant déjà commencé
à retourner chez eux après l'organisation des élections.
En effet,le H.C.R. prévoit d'ailleurs le retour de 5.000
réfugiés maliens en cette année 2014si les conditions au
Mali s'y prêtent.Le rapatriement librement consenti sera facilité
pour les réfugiés qui choisissent de rentrer dans leur pays. Les
programmes d'appui aux moyens de subsistance seront consolidés pour les
réfugiés qui souhaitent demeurer au Burkina Faso.
Au-delà des solutions que nous pouvons proposer, la
résolution du problème des réfugiés passe par la
promotion du développement, de la démocratie et de la paix. Une
nouvelle approche inscrite sur le long terme et assise sur une vision globale
et intégrée du problème des réfugiés,
conçu comme un problème commun au continent qui appelle un
partage de responsabilités entre les organisations régionales et
sous régionales, les pays d'origine des réfugiés et les
pays d'accueil doit être envisagée. En clair, il faut se
départir des comportements réactifs pour inscrire le
problème des réfugiés dans une dimension « dynamique
» et «préventive» accordant ainsi la priorité non
plus sur le droit pour le réfugié de quitter son pays d'origine
en vue de la recherche d'un asile à l'extérieur, mais
plutôt sur son droit de vivre en sécurité dans son pays
d'origine. Il est temps que les solutions soient orientées vers
l'éradication des causes du phénomène des
réfugiés en Afrique.
L'histoire des crises humanitaires montre que les
déplacements forcés de populations ne peuvent être
évités ou contenus que si la communauté internationale
s'engage avec détermination dans la résolution des conflits.
Déplorant les conflits armés comme la première cause de
production de réfugiés, ROSENHLATT en donne l'entière
responsabilité aux chefs d'Etat et aux hommes politiques. Ainsi, pour
lui, la recherche des solutions aux problèmes des
réfugiés, pour qu'elles soient durables, doit être
abordée essentiellement sous un angle politique et non humanitaire. Il
ajoute que « la seule vraie manière de résoudre le
problème des réfugiés est de punir ceux-là
même qui sont à l'origine des troubles ». C'est cette
volonté politique de traiter à temps les causes profondes des
conflits, cette approche volontariste dans la gestion des conflits, qui
permettra de limiter les foyers de tensions et par voie de conséquence
les exodes massifs de populations.
Chaque fois qu'il y a un changement de régime en
Afrique, on assiste à un mouvement de population. Cette situation avec
son cortège de défis, de drames et de difficultés ne
laisse pas insensible et interpelle aujourd'hui tout le monde. En Afrique,
l'occasion doit être saisie en opérant les changements politiques
significatifs, permettant au plan interne de mettre un terme, sinon de
réduire considérablement toute forme de persécution, de
violence, d'abus des droits de l'homme. L'Afrique avec ses milliers de
réfugiés ne peut s'en sortir que si des solutions sont
trouvées dans le court, le moyen et le long terme. C'est un pari qui
peut être gagné car comme l'a affirmé Edem KODJO : «
L'Afrique possède les moyens de la démocratie. Elle les
possède dans sa culture, dans sa tradition, dans sa conception.
»93(*)
La démocratisation des systèmes politiques
africains, combinée à l'amélioration de la vie quotidienne
de nos laborieuses populations est également une solution au
problème des réfugiés. La démocratie est
considérée non comme un produit du développement
économique mais comme un moteur du développement. Et l'on ne peut
pas résoudre le problème des réfugiés sans une
meilleure prise en compte des principes et valeurs démocratiques dans
nos Etats. Le développement s'opère sur un terrain
préparé à l'avance à la compétition
politique saine et exempte de tout mauvais coup. La prise de conscience de la
situation de précarité socio-économique dans laquelle vit
nos populations, devra permettre une bonne gestion des ressources et des biens
publics pour un mieux-être des populations et le retour du calme sur le
continent.
Les autorités maliennes, les Etats africains et
occidentaux et les institutions multilatérales doivent continuer
à oeuvrer à la construction de la paix et la
sécurité au Mali. Ces acteurs doivent adopter une approche
globale sur les problèmes de fond, à la fois politiques, sociaux
et économiques, qui sont les facteurs de la crise actuelle. Cela devrait
comprendre la recherche d'une solution politique inclusive de tous les acteurs
nationaux jusqu'au niveau local, et le dépassement d'une vision parfois
un peu trop centrée sur le contre-terrorisme et l'action militaire.
S'il est indéniable que les
solutions durables constituent les voies idéales pour répondre
aux problèmes des réfugiés à long terme, l'analyse
des différents problèmes que soulèvent la prise en charge
des réfugiés en général et les
réfugiés maliens en particulier au Burkina Faso, a
révélé qu'il est nécessaire de renforcer la
politique nationale de prise en charge des réfugiés.
Paragraphe II : Le renforcement de la politique
nationale de protection et d'assistance aux réfugiés
Avoir une politique nationale de protection des
réfugiés en adéquations avec les normes et les pratiques
internationales en la matière représente un grand atout pour un
pays comme le nôtre. Car étant un pays d'accueil de potentiels
demandeurs d'asile, il se doit d'être bien outillé. Le
renforcement des capacités de réponse du Burkina Faso pour les
cas d'afflux massif de réfugiés passe par un renforcement en
moyens,des structures et une amélioration du cadre d'exécution
des actions de protection et d'assistance aux réfugiés. D'abord
en matière d'accueil, la précipitation et le manque de
coordination qui a été constatée dans les premières
heures de l'afflux des réfugiés maliens au Burkina Faso
nécessite la mise en place d'une structure d'alerte pouvant être
opérationnelle à tout moment.
Aussi l'action des ONG sur le terrain gagnerait à mieux
être coordonnée et dynamisée, la participation de ces
derniers étant d'un appui louable pour la prise en charge des
réfugiés. A cet effet, une Agence pour la protection et
l'assistance aux réfugiés regroupant le H.C.R., les organismes
gouvernementaux et les ONG humanitaires pourrait voir le jour. Elle aura pour
tâche essentiel de canaliser tous les efforts en faveur des
réfugiés et mieux les préparer aux solutions durables.
Les structures en charge de la prise en charge des
réfugiés doivent continuer à travailler à
éloigner les réfugiés des zones non conventionnelles afin
de mieux les protéger des menaces éventuelles.
En ce qui concerne les réfugiés, des mesures
doivent être prises à l'endroit des réfugiés maliens
qui font des va et viens dans leurs pays d'origine. Ces réfugiés
doivent être amenés à faire un choix pour faciliter leur
prise en charge et sécuriser les autres réfugiés au
Burkina Faso.
Les besoins spécifiques des réfugiés
éleveurs doivent être pris en compte et cela passe par une
évaluation de l'impact socio-environnemental de leur bétail sur
les zones d'accueil en consultant aussi bien les autorités locales, les
populations locales que les réfugiés eux même, au regard de
l'insuffisante disponibilité de pâturages et d'eau.
S'agissant du problème des minorités Touaregs
noirs et des tensions culturelles, les acteurs humanitaires doivent mettre en
place des mécanismes de régulation et de médiation,
capables de résoudre les tensions tout en gardant en vue la
réalité d'une situation très complexe.
Concernant le problème de l'habitude alimentaire des
réfugiés maliens,il conviendrait de part et d'autre de faire un
effort.Aux acteurs humanitaires de prendre mieux en compte les cultures
alimentaires des réfugiés par l'introduction du mil, du sucre et
du lait. Cela contribuerait à améliorer leur ration alimentaire
car quand on en pense,ça n'a aucun sens de distribuer des vivres qu'on
va ensuite retrouver le lendemain sur les marchés en vente.Aux
réfugiés,de prendre à sa juste valeur l'assistance qui
leur est apportée car cette assistance obéit à de
nombreuses contraintes.
Les tensions entre les communautés hôtes et les
réfugiés peuvent être prévenues en formant des
leaders des communautés sur la résolution des conflits
liés à l'accès et à la gestion des ressources
naturelles, et en créant des comités de médiation pour le
règlement des différends éventuels.La CONAREF doit
multiplier la sensibilisation qu'elle a entreprise envers les
réfugiés et les populations hôtes en vue de promouvoir les
valeurs indispensables à la cohabitation pacifique. La connaissance des
textes par les réfugiés et par conséquent celle des droits
et devoirs du réfugié leur permettra de mieux s'intégrer
dans les villages d'accueil et de cultiver la paix avec les populations locales
indispensables pour une meilleure protection et un asile paisible. Aussi, des
voies et moyens doivent être recherchés pour améliorer les
capacités productives des réfugiés, leur autosuffisance et
celles de leurs communautés d'accueil dans le but de réduire leur
dépendance à l'assistance humanitaire et de leur permettre de
contribuer au développement du Burkina Fasopendant l'exil, et à
la reconstruction du Maliune fois rapatriés.
Des solutions doivent être également
recherchées pour la question des véhicules non
immatriculés que les réfugiés maliens apportent avec eux
dans leurs exils. Faut-il leurs appliquer la législation
burkinabé en la matière? Sinon un texte doit être pris pour
encadrer la situation.
Un autre point qu'il sied de relever, est que l'Etat
burkinabé devrait travailler à doter la CONAREF, le CONASUR et
les autres structures étatiques acteurs de la prise en charge des
réfugiés d'un budget réel d'activité. Cela les
éviterait eux aussi d'être des «assistés» du
H.C.R. Les moyens matériels et humains de ces structures méritent
d'être encore plus renforcés surtout pour la CONAREF, même
si nous ne devons pas occulter l'effort gouvernemental pour répondre
à l'afflux des réfugiés maliens par le recrutement de
contractuels au profit decette.
En ce qui concerne le H.C.R., un effort doit être fait
pour ce qui est de son budget. En effet il est important que la
solidarité nationale et internationale soit plus grande. Et pour inciter
les donateurs à s'y intéresser comme le propose
WILKINSON94(*), cela passe
par une médiatisation permanente des hostilités et des drames
dans les pays du Sud afin d'attirer l'attention de la communauté
internationale sur la situation des réfugiés des pays du Sud dans
les camps. C'est une sorte de partage de responsabilité.
Le H.C.R. gagnerait également en la création
d'une cellule de communication qui aurait pour rôle d'informer les
réfugiés sur le rôle du H.C.R., sa mission et la limite de
ses prérogatives. Cela pourrait se faire lors des rencontres dans les
camps et diminuerait les incompréhensions entre le H.C.R. et les
réfugiés qui pensent que le H.C.R. doit satisfaire à tous
leur besoins. Cela serait des occasions de préciser aux
réfugiés déjà dès les premiers jours de leur
asile, les services précis d'assistance auxquels le H.C.R. pourrait
subvenir pendant l'asile au Burkina Faso bien sûr en fonction des
contraintes de financement de ses activités. Les autres services pouvant
être des services extraordinaires.
CONCLUSION
En optant pour un thème qui aborde la question des
réfugiés, spécifiquement sur « Les aspects
socio-juridiques de la prise en charge des refugiés : cas des
refugiés maliens. », notre objectif principal étaitde
susciter une plus grande prise de conscience des problèmes des
réfugiés et de mobiliser le soutien des organismes humanitaires
pour plus d'efficacité dans la protection et l'assistance aux
réfugiés.Pour l'atteinte de cet objectif principal et les
autresobjectifssecondaires, nous avions commehypothèses que les
réfugiés sont un groupe spécifique confronté
à des problèmes particuliers et qui a besoin d'une prise en
charge particulière ;que les réfugiés
persécutés, dans un état de dénuement en asile sur
nos terres ont besoins de protection et d'assistance et en reçoivent de
la part d'acteurs diverses ;que la question des réfugiés va
au-delà de la prise en charge de ces derniers et requiert des solutions
en amont pouvant empêcher les afflux de réfugiés. C'est
donc sur cette base que nous avons entrepris notre étude.
On retientde notre étude que le problème des
réfugiésest aujourd'hui un problème mondial et sa
résolution reste très complexe.Les textes relatifs aux
réfugiés nous enseignent que ce sont des étrangers qui
bénéficient d'une protection et d'une assistance
particulière dans le pays d'accueil. Le Burkina Faso et le H.C.R.
à travers ces instruments juridiques et des structures concourent
à la protection et à l'assistance aux réfugiés.
Dans la réponse du Burkina Faso aux problèmes de protection et
d'assistance aux réfugiés surtout en cas d'afflux comme c'est le
cas des réfugiés maliens, le pays se trouve confronté
à des difficultés qui freinent son élan humanitaire en
faveur de ces derniers. Cette situation est due à l'insuffisance des
moyens aussi bien des structures burkinabés en charge des
réfugiés que des structures d'interventions onusiennes et des
autres acteurs humanitaires.
Plusieurs facteurs dont la plupart sont liés à
l'atmosphère conjoncturelle tant sur le plan politique
qu'économique des pays d'origine, sont à la basedu
problème des réfugiés. Les conflits restentcependant la
cause principale des affluxmassifs de personnes à travers le monde. Nous
avons proposé des solutions pour leur meilleure prise en charge qui
passe par le renforcement de la politique nationale de protection et
d'assistance aux réfugiés et la résolution des causes
réelles qui forcent de millions de personnes à partir de chez eux
pour chercher asile de l'autre côté de la frontière.
Nous ne devons plus prétendre ignorer cette grave crise
de réfugiés,dont les medias font la une de leur titre,qui pousse
des millions de personnes à fuir laissant tout derrière eux pour
vivre au gré d'une assistance qui s'amenuise de plus en plus. Nous nous
devons de nous mobiliser tous où que nous sommes, africains comme non
africains,pour relever le défi d'empêcher que des personnes soient
obligésde partir de chez eux pour fuir la guerre ou toute autre
violation de leurs droits. Pour se faire, chacun de nous devrait commencer par
méditer cette pensée que l'on voit très souvent
placardée sur les murs des locaux du H.C.R., « Tu n'es pas
à blâmer si un Homme devient un réfugié, mais tu
l'es s'il continue de l'être »95(*)
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- Conclusion de la Conférence parlementaire
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matière de protection et solutions, 1er au 3 juin 2004, Cotonou
- RAPPORT OXFAM 167 - RESUMÉ ,22 JANVIER 2013
Conventions, textes législatifs et
règlementaires
- Convention de Genève du 28 juillet 1951 relatif au
statut des refugiés
- Protocole relatif au statut des réfugiés de New
York du 31 janvier 1967, Nations-Unies
- Statut du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les
Réfugiés
- Convention de l'UA régissant les aspects propres aux
problèmes des réfugiés en Afrique 20 juin 1974.
- La loi N°042-2008/AN du 23 octobre 2008 portant statut des
réfugiés au Burkina Faso.
- Le Décret N° 2011-119/PRES/PM/MAECR du 10 mars 2011
relatif aux modalités d'application de la loi portant statut des
réfugiés au Burkina Faso.
- Le Décret N° 2011-118/PRES/PM/MAECR du 10 mars 2011
portant création, composition, attributions et fonctionnement de la
Commission nationale pour les Réfugiés (CONAREF)
- RefugeeAct, No. 13 de 2006.
Sites internet
- www.lefaso.net
- www.algeria-watch.org
- www.unhcr.fr
- www.wikipedia.org
- www.unicef.org
- www.jeuneafrique.com
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
1
INTRODUCTION
2
TITRE I: LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA
PRISE EN CHARGE DES REFUGIES
8
CHAPITRE I: LE CADRE JURIDIQUE DE LA PRISE EN
CHARGE DES REFUGIES
8
Section I: Les instruments juridiques
internationaux et régionaux
8
Paragraphe I: les normes internationales de
protection des refugiés
8
Paragraphe II: Les instruments régionaux de
protection des refugiés
11
Section II: Les instruments juridiques nationaux et
la procédure de détermination du statut de
réfugié
13
Paragraphe I: Les instruments juridiques
nationaux
14
Paragraphe II: La procédure de
détermination du statut de refugiés
16
CHAPITRE II: LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA
PROTECTION ET DE L'ASSISTANCE AUX REFUGIES
20
Section I : Les structures d'intervention au
plan international et régional
20
Paragraphe I: Les structures d'intervention
onusiennes
20
A) Le Haut-Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés (H.C.R.)
20
B) Les Organisations onusiens partenaires
opérationnels du H.C.R.
22
Paragraphe II: Les structures africaines
d'intervention
23
A) Les instances politiques
23
B) Les instances techniques
24
Section II: Les structures d'intervention au plan
national
25
Paragraphe I: Les organismes gouvernementaux et les
partenaires opérationnels
25
A) La Commission Nationale pour les
Réfugiés
26
B) Le Comité National de Secours
d'Urgence et de Réhabilitation
27
Paragraphe II: les ONG partenaires du H.C.R. au
Burkina Faso
28
A) Les partenaires d'exécutions
28
B) Les partenaires opérationnels
29
TITRE II: DE L'ASSISTANCE ETATIQUE ET DES
ORGANISMES NON-GOUVERNEMENTAUX AUX REFUGIES MALIENS
30
CHAPITRE I: L'ETAT DES LIEUX DE LA PRISE EN CHARGE
DES REFUGIES MALIENS
30
Section I: De la prise en charge par les organes
gouvernementaux
30
Paragraphe I: La prise en charge par la CONAREF
31
Paragraphe II: La prise en charge par le CONASUR et
les autres organismes étatiques.
34
Section II : De la prise en charge du H.C.R.
et des ONG partenaires
37
Paragraphe I : La prise en charge par le
H.C.R.
37
Paragraphe II : La prise en charge par les ONG
partenaires du H.C.R
40
CHAPITRE II: LES INSUFFISANCES ET LES PERSPECTIVES
A LA PRISE EN CHARGE DES REFUGIES MALIENS
44
Section I: Les insuffisances à la protection
et à l'assistance des réfugiés maliens
44
Paragraphe I: Les limites à la
protection
44
Paragraphe II: Les limites à
l'assistance
45
Section II: Les perspectives à la protection
et à l'assistance des réfugiés
47
Paragraphe I: Les approches de solutions
durables
47
Paragraphe II : Le renforcement de la
politique nationale de protection et d'assistance aux réfugiés et
la promotion du développement, de la démocratie et de la paix
51
CONCLUSION
55
BIBLIOGRAPHIE
57
TABLE DES MATIERES
59
* 1 Exode 13,17. Bible
* 2 KARABAM (Damdele),
"Droit international Humanitaire et procédure d'octroi du statut de
réfugié : cas du Cameroun", Rapport de stage en
vue de l'obtention du diplôme de Maîtrise Professionnelle.
Option : Diplomatie ; IRIC 1997- 1998, pp. 3-5.
* 3Robert Salomon, Les
Réfugiés, « Que sais-je ? », Paris, 1963, PP.
1075-1076
* 4 L'Organisation de
l'Unité Africaine, l'actuelle Union Africaine (U.A)
* 5Les
Réfugiés en chiffres, Edition 2004, HCR
* 6 Entretien
réalisé avec monsieur Amadou SANFO, Directeur de la Protection,
de la Réinstallation et du Rapatriement
* 7 Edition 2002
* 8 Raymond GUINCHARD et Jean
VINCENT,Lexique des termes juridiques, 14ème
édition, 2003
* 9Robert Salomon, Les
Réfugiés, « Que sais-je ? », Paris, 1963, PP.
1075-1076
* 10 P.A. FRANÇOIS,
Le problème des apatrides, R.C.A.D.I., 1935, vol. 53,
pp. 322-325.
* 11Notons que le Burkina
Faso est partie à la Convention de Genève de 1951 relative au
statut des réfugiés et à son protocole additionnel de 1967
depuis le18 juin 1980.
* 12RefugeeAct, No. 13 de
2006
* 13HCR/UIP, PROTECTION
DES RÉFUGIÉS : Guide sur le droit international relatif aux
réfugiés, Genève, HCR, UIP, 2001,
* 14 La portée de la
Convention de 1951 était limitée aux personnes devenues
réfugiées par suite d'événements survenus avant le
1er janvier 1951. En adhérant au Protocole de 1967, les Etats s'engagent
à appliquer les dispositions de fond de la Convention de 1951 à
tous les réfugiés auxquels s'étend la définition du
terme « réfugié » sans limitation de date. L'article 1
du Protocole de 1967 apporte donc des innovations substantielles à
l'article 1 de la Convention de 1951, en ce qu'il élimine d'une part la
date de 1951, d'autre part toutes les restrictions géographiques. Le
Protocole reste ouvert à tous les pays même s'ils ne faisaient pas
partie de la Convention.
* 15 Ce faisant, les
États réaffirment que les deux traités sont au coeur du
système international de protection des réfugiés
* 16La Charte internationale
des droits de l'homme (DUDH, les 2 pactes internationaux de 1966 dont l'un sur
les droits civils et politiques, l'autre sur les droits économiques et
sociaux), les conventions traitant des droits spécifiques à
l'instar de la convention contre la torture de 1984...etc.
* 17 Friedrich Ebert
STIFTUNG, Paix et sécurité dans la CEEAC : Actes du colloque
international, Yaoundé, 2007
* 18 Il est évident
qu'en élargissant ainsi la définition de «
réfugié », la Conférence des Chefs d'Etat et de
Gouvernement de l'O.U.A. avait voulu reconnaître les
réalités du continent dans sa lutte pour la liberté et
l'autodétermination. Cela signifie que les personnes qui fuient des
troubles civils, la violence généralisée et la guerre ont
le droit de demander le statut de réfugié dans les États
qui sont parties à cette Convention, qu'elles craignent ou non avec
raison d'être persécutées.
* 19 R.
DEGNI-SEGUI,L'action des institutions africaines en matière de
réfugiés, in Droit d'asile et des
réfugiés, colloque de Caen SFDI, éd. Pédone, Paris,
1997, p. 232.
* 20Article 2 et 6
* 21 Les droits
extrapatrimoniaux sont composés des droits de la famille et des droits
civils. Les droits patrimoniaux quant à eux, sous-tendent le droit
d'exercer une profession et le droit à la propriété.
* 22 Article19 de la loi
N°042-2008/ANportant statut des réfugiés au Burkina Faso
* 23 La formulation actuelle
de la définition du réfugié contenue dans cette loi est
un « fondu » de la définition du «
réfugié » données par l'instrument onusien et par la
convention régionale africaine.
* 24Cristiano d'ORSI, New
Issues In RefugeeResearch, WorkingPaper No. 121, la définition de
«réfugié» dans les législations africaines : une
analyse comparative critique, 2006, Evaluation and Policy Analysis
Unit, UNHCR.
* 25ZATU n° AN
V-0028/FP/PRES portant statut de réfugiés » de 1988. Le
ZATU, ainsi comme le KITI et le RAABO sont des expressions qui ont
été en usage pour appeler les actes juridiques au Burkina Faso
pendant la période du 31 août 1985 au 11 juin 1990). Le ZATU
correspondait à l'ordonnance en régime constitutionnel,
c'est-à-dire à un acte du Président de la
république adopté, après délibération, en
Conseil des ministres, dans une matière qualifiée d'importance
nationale. Le KITI correspondait à un décret alors que le RAABO
correspondait à l'arrêté ministériel.
* 26 Article paru dans le
site d'information en ligne lefaso.net lundi 13 février 2012 sous le
titre Réfugiés maliens au Burkina : Djibril BASSOLE siffle
la fin de la recréation!,
http://lefaso.net/spip.php?article46351,
17/12/2013, 11h39
* 27 L'Observateur Paalga du
jeudi 9 février 2012
* 28 Entretien
réalisé avec monsieur Amadou SANFO, Directeur de la Protection,
de la Réinstallation et du Rapatriement
* 29 Définition du
réfugiés, définition de qui est demandeur d'asile,
définition des droits et obligations des réfugiés,
défini les conditions de cessation du statut de
réfugié.
* 30 Idem, Amadou SANFO
* 31Les Etats peuvent
être supplée dans cette tâche en cas de défaillance
par le HCR
* 32Article 20 du
Décret N° 2011-118
* 33Article 19 du
Décret N° 2011-118
* 34 Englobe la
définition du réfugié contenue dans l'article 1er de la
Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés,
complétée par le Protocole du 31 janvier 1967 et / ou à
celle de l'OUA du 10 septembre 1969.
* 35Article 4 du
Décret N° 2011-119
* 36Article 5 du
Décret N° 2011-119
* 37Article 6 du
Décret N° 2011-119
* 38Le principe prima
facie (à première
vue): c'est une procédure de détermination
collective de la qualité de réfugié selon laquelle, sauf
preuve du contraire, chaque membre du groupe est considéré
à première vue comme réfugié. C'est cette
procédure qui est adoptée uniquement en cas d'afflux important de
demandeurs d'asile.
* 39Article 9 du
Décret N° 2011-119
* 40Article 12 alinéa
2 et 13 du Décret N° 2011-119
* 41 Seul le
Président de la République décide, par décret, de
l'admission d'une personne au bénéfice du statut de
réfugié ou constate la perte de ce bénéfice au
Sénégal.
* 42Article 21 du
Décret N° 2011-119
* 43 L'O.I.R., était
une institution spécialisée de dimension relativement modeste,
qui devait remplir sa mission en trois ans en faveur des réfugiés
issus de la première guerre mondiale et d'organiser le rapatriement des
prisonniers de guerre. HCR/UIP,Protection des
réfugiés : guide sur le droit international relatif aux
réfugiés à l'usage des Parlementaire,HCR/UIP,
Genève, 2001, P 23
* 44 Le Japon et les Etats
Unis en tête avec respectivement 793 470 742 et 185 379 986
dollars E.-U. en 2012
* 45: Banque mondiale: 18
695 3 40, Communauté économique des États de l'Afrique de
l'Ouest : 3 326 100, Banque de développement du Conseil de
l'Europe : 470 668.
* 46 Contribution en dollars
E.-U en 2012 : Fonds central d'intervention d'urgence : 70
023 500, Fonds commun humanitaire pour la République
démocratique du Congo : 2 114 424, Fonds commun humanitaire
pour la Somalie : 3 205 801 etc.source Profil des donateurs 2012,
H.C.R.
* 47 Ce sont notamment :
- Les réfugiés au sens de la Convention
- Les personnes qui ont fui un conflit ou des
événements ayant perturbé gravement l'ordre public
(c'est-à-dire, les réfugiés au sens de la Convention de
l'OUA et de la Déclaration de Carthagène)
- Les rapatriés (c'est-à-dire, les anciens
réfugiés)
- Les apatrides
- Les personnes déplacées à
l'intérieur du territoire (dans certaines situations).
* 48 Profil
d'opérations 2014 - Burkina Faso, HCR,
http://www.unhcr.fr/cgi-bin/texis/vtx/page?page=4aae621d499
25/02/2014 à 15H53
* 49DEGNI-SEGUI (R),
op.cit., p. 237.
* 50 NASREDDINE Lezzar, LE
PROBLÈME DES RÉFUGIÉS EN AFRIQUE :
L'inéluctable choix entre universalisme et spécificités,
Le Quotidien d'Oran, 27 octobre 2005, consulté sur
www.algeria-watch.org le
11/04/2014
* 51 A l'instar des autres
pays du Sahel, le Burkina Faso est confronté depuis les années
1970 à un certain nombre de difficultés majeurs dues aux
catastrophes telles que les sécheresses et les inondations. Pour y faire
face, le gouvernement crée, dès 1983, une structure ayant pour
mission de prévenir les phénomènes naturels ou de
réduire leurs effets néfastes sur les populations et
l'environnement.
* 52H.C.R., PARTENARIAT:
Un manuel de gestion des opérations pour les partenaires du H.C.R.,
H.C.R., 2OO4
* 53 Idem
* 54H.C.R., Profil
d'opérations 2014 - Burkina Faso, H.C.R.
* 55Convention de
Genève de 1951 et son Protocole et Convention de l'OUA régissant
les aspects propres aux problèmes des réfugiés en
Afrique
* 56 Source :
lefaso.net/spip.php?article46347
* 57 Conformément
à l'article 11 de la loi N° 042-2008/ AN portant statut des
réfugiés au Burkina Faso tous les réfugiés
régulièrement installés au Burkina Faso
bénéficient du même traitement que les nationaux.
* 58Document sur la
protection des réfugiés, Reach Out Refugee Protection
Training Project, 2005
* 59Article 14(1) :
Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher
asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
* 60 Il convient de relever
pour terminer, qu'en Afrique les Etats se montrent généralement
plus disposés à octroyer l'asile lorsqu'il s'agit de masses de
réfugiés, que lorsqu'il s'agit seulement de cas individuels comme
les réfugiés politiques.
* 61 Henri Joël TAGUM
FOMBENO, Revue trimestrielle des droits de l'homme : réflexions sur
la question des réfugiés en Afrique, 2004
* 62 Entretien avec M.
Amadou SANFO
* 63 Le plan national
multisectoriel a été créé pour qu'en cas de
catastrophe chaque secteurs puisse jouer son rôle dans la réponse
à apporter, notamment en matière de santé, droits humains,
éducation, eau hygiène et assainissement, environnement,
sécurité. Entretien réalisé avec monsieur
Ouédraogo Ousmane, Directeur des études, de la planification et
du contrôle au CONASUR
* 64 Point de presse sur
l'arrivée des réfugiés maliens au Burkina Faso,
Ouagadougou, le 10 février 2012 : Déclaration liminaire du
Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération
Régionale, Djibril Y. BASSOLE.
* 65 COMPTE RENDU DU CONSEIL
DES MINISTRES DU 10 AVRIL 2013
* 66 OCHA, Aperçu des
besoins humanitaires : BURKINA FASO, novembre 2013
* 67 Idem
* 68WASH (parfois
orthographié WaSH) est un
sigle qui signifie, en
anglais et dans le jargon
humanitaire, Water
Sanitation and Hygiene promotion (qui peut se traduire
par assainissement et promotion de l'hygiène de l'eau).
Source WIKIPEDIA
* 69 Ces derniers peuvent faire
l'objet de recrutement par les forces militaires, de menaces, de
harcèlement, d'agression physique ou sexuelle, de détournement de
l'aide, d'extorsion, de vol
* 70 Paragraphe 1 du Statut
du H.C.R.
* 71 Certificat de demandeur
d'asile, l'attestation de recevabilité du recours, le certificat de
réfugiés
* 72. Article 28 de la
Convention de Genève de 1951. Article 6 de la Convention de l'OUA
régissant les aspects propre aux problèmes des
réfugiés en Afrique. Article 11 de la loi N°042-2008 portant
statut des réfugiés au Burkina Faso.
* 73 Certificat de naissance
tenant lieu d'acte de naissance par exemple sont délivrés aux
enfants réfugiés en âge de scolarisation et ceux née
dans les camps
* 74 Mémorandum
d'entente
* 75 OCHA, Aperçu des
besoins humanitaires : BURKINA FASO, novembre 2013
* 76
Appel global 2014-2015 du
HCR
* 77 La ration par personne
et par jour se compose de riz (400 gr), de haricot (100 gr), CSB (Corn Soya
Blend, mélange de farine de soja et de maïs fortifié50 gr),
d'huile (25gr) et de sel (5gr). Quant au cash, c'est une somme de 6000 F CFA
par personne et par mois qui est octroyée au réfugié.
* 78 Comité eau et
assainissement, comité sécurité, comité protection,
comité santé, comité des femmes, comités des sages
etc.
* 79
http://www.unicef.org/bfa/french/media_6957.html
25/02/2014 16H09
* 80 Chiffres, Rapport 2013
revue à mi-parcours Gouvernement du Burkina Faso-Unicef du programme de
pays 2011-2015
* 81 Chargé de
plaidoyer humanitaire à la représentation de Ouagadougou
d'Intermon OXFAM
* 82 Selon cette
étude menée par Vétérinaires Sans Frontières
dans le camp de Damba, plus de 2700 réfugiés ont environ 4100
animaux au sein du camp, et presque 4000 animaux de plus dans les alentours.
Notes d'une rencontre de coordination du HCR, Ouagadougou, 23 novembre 2012.
* 83 Le terme Bella est un
doit être utilisé avec prudence car les Touaregs ne se
reconnaissent pas en cette dénomination.
* 84 Les nouvelles crises
humanitaires, plus médiatisées, comme en Syrie et en Centrafrique
retiennent aujourd'hui beaucoup l'attention des donateurs que les vielles
crises comme au Mali.
* 85 Agence France
Presse.
* 86 Le HCR avait alors
reçu 70% des fonds demandés (101 millions de dollars) et le PAM,
46% (26 millions de dollars). Pour 2014, les besoins pour assister les
réfugiés et déplacés internes maliens sont
estimés à 130 millions de dollars pour le HCR et 36 millions de
dollars pour le PAM. Mais jusqu'au 4 mars 2014, le HCR n'avait reçu que
2,4 millions de dollars (soit moins de 2% du total) et le PAM, 4 millions de
dollars (, soit un peu plus de 11% du total). Article transmis par l'Agence
France Presse et publié par Jeune Afrique, Mali: les
réfugiés ne doivent pas être oubliés, selon le HCR,
http://www.jeuneafrique.com/actu/20140305T131018Z20140305T131009Z/,
01/04/2014, 11H24
* 87 Entretien
réalisé avec monsieur SANFO Amadou
* 88 Entretien
réalisé avec monsieur Jean Noël ZIGANI
* 89 Conclusion de la
Conférence parlementaire régionale sur les réfugiés
en Afrique : défis en matière de protection et solutions, 1er au
3 juin 2004, Cotonou
* 90 Manuel, Le
H.C.R. au service des réfugiés, HCR.
* 91 Chiffre H.C.R.
* 92
http://www.unhcr.org/pages/4aae621e454.html
03/04/2014 10H59
* 93Edem KODJO Et demain
l'Afrique, Paris, Stock, 1985.
* 94 WILKLISON, R. L'Afrique
sur la brèche : le bilan humain est terrifiant...des jours meilleurs se
profilent-ils à l'horizon ?, Réfugiés, n°131, vol2,
p.12-14.
* 95Traduction française
de cette pensée en anglais « You are not to blame if a man becomes
a refugee; you are if he continues to be one ».
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