Cherté de la vie et réalité économique au Niger( Télécharger le fichier original )par Kabir BOUBACAR ISSA BABA Institut de Stratégie dà¢â‚¬â„¢Evaluation et de la Prospective - Master 2 2011 |
Conclusion et RecommandationsL'objectif poursuivi dans ce travail consiste à étudier l'influence empirique qui existe entre la disponibilité céréalière, l'indice du prix à l'importation, la masse monétaire au sens strict, le Produit Intérieur Brut réel par habitant et indice du prix à la consommation au Niger en utilisant comme variable illustrative l'inflation locale. Les résultats révèlent l'existence d'une relation de causalité entre ces variables économiques et le niveau des prix à la consommation au Niger. Ce qui confirme notre hypothèse de recherche selon laquelle au Niger l'inflation est expliquée par des variables macroéconomiques externes et internes. L'analyse des réponses des fonctions impulsionnelles de l'IPC suite aux variations des autres variables montre la sensibilité relative de l'inflation suite à un choc des prix des autres variables. La décomposition de la variance des erreurs de prévision indique que plus de 80% de l'erreur de prévision de l'IPC est expliquée par ses propres innovations. Il est alors raisonnable de prétendre qu'il existe une relation entre certains variables macroéconomiques et les prix à la consommation au Niger. Le travail effectué vient de montrer que l'inflation au Niger est expliquée par la masse monétaire, la disponibilité céréalière, le produit réel et l'indice des prix à l'importation. Le travail effectué vient de montrer que l'inflation à un coefficient d'élasticité de -1,96 avec la masse monétaire à long terme; de 2,2 avec la disponibilité céréalière à long terme; de -5,5 avec le produit réel par habitant à long terme et 0,72 à court terme; de -0,24 et 2,45 avec l'indice du prix à l'importation à court et long terme. Par conséquent la cherté de la vie peut être acceptée comme une réalité économique. L'analyse de cette situation montre que l'économie est vulnérable aux chocs provenant du reste du monde d'autant plus que l'indice des prix à l'importation explique le plus l'inflation à court et long terme au Niger. Par ailleurs, seules les sous hypothèses postulées sur la disponibilité céréalière, PIB réel par habitant, l'indice des prix à l'importation ont été confirmées par le modelé tandis que celle concernant la masse monétaire à donner un résultat contraire au signe attendu. Pour pouvoir combattre efficacement l'inflation et lutter contre la vie chère, plusieurs politiques économiques et sociales peuvent être mises en place afin de réduire la hausse des prix. C'est ainsi qu'on peut mettre en place des dispositifs de suivi de la production céréalière afin d'aboutir à l'autosuffisance alimentaire puisqu'elle a l'effet le plus important dans le panier de consommation. Cependant, cela ne peut se faire que grâce à la mise en place des moyens modernes de production et la formation du capital humain dans le domaine de la production agricole et, faire des subventions afin de faciliter l'achat des engrais et des moyens de production (tracteurs, moissonneuses batteuses...etc.). Ainsi, avec l'initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) où plus d'un milliard8(*) de dollar sera injecté dans l'agriculture sur une période de 5 ans; une baisse de l'IPC qui résultera de l'augmentation de la disponibilité céréalière et certains produits agricoles est vivement attendue. En outre, des industries de transformation doivent accompagner cette production agricole afin de développer le secteur secondaire qui permettra de diminuer certaines importations et de baisser les effets négatifs de l'inflation causée par l'ouverture économique. En ce qui concerne le produit réel puisqu'il exprime le niveau de la demande nationale, le Niger devrait mener une politique de développement de l'offre nationale grâce à la suppression de certains impôts et la mise en place de certaines subventions pour promouvoir la production industrielle et aussi améliorer la production du secteur public. Ceci aura pour conséquence de tirer les prix à la baisse en contrecarrant les effets néfastes issus d'une demande de plus en plus élevée. Quant à l'inflation importée, l'Etat devrait dans une certaine mesure intervenir dans la fixation des prix à travers le système des prix planchés et plafonds afin d'aider les opérateurs économiques dans la fixation des prix des biens et services ou de mener une politique commerciale qui rendra la balance commerciale excédentaire. Entre autre, l'Etat peut essayer de substituer les produits de grande consommation importés par la production locale concernant des produits comme: § Le riz qui peut être suffisamment produit le long de la vallée du fleuve Niger; § L'huile, en développant la production locale grâce à l'arachide; § Le sucre qui peut être produit localement grâce à la mise en place des industries de transformation de la canne à sucre locale; § Le lait également peut être suffisamment produit grâce à l'encadrement des éleveurs. Toutefois, même si ces politiques sont mises en place, les importations continueront à jouer un rôle très important dans la formation des prix d'autant plus que le Niger dépendra de ses partenaires par rapport aux biens et services qui ont une forte intensité technologique provenant du reste du monde. Par conséquent, il revient aux autorités du pays de mettre en place des politiques favorables au développement du secteur industriel afin de résorber les besoins internes des populations et augmenter l'offre alimentaire locale, réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de l'extérieur, créer un mécanisme visant à amortir le choc de l'inflation importée en agissant sur les politiques commerciales en vigueurs (politiques fiscales) dans le pays. Ils devront aussi oeuvrer à renforcer le civisme fiscal de certains opérateurs économiques qui profitent de la cherté de la vie pour spéculer ou augmenter anarchiquement les prix des denrées alimentaires de premières nécessités. Le renforcement de la politique d'intégration régionale pourrait être envisagé également en vue d'assouplir certaines taxes d'importation ou d'obtenir des traitements préférentiels ou d'exonération des taxes. De même, les importations peuvent être orientées vers l'Afrique du Nord puisqu'elles ne sont pas libellées en dollar; à ce niveau, il s'agit de développer le commerce avec des pays comme la Libye et l'Algérie. Pour ce qui est de la masse monétaire, il va falloir réorganiser la politique monétaire (en développant la bancarisation et le microfinance) afin de rendre l'économie compétitive comme celle du marché, ceci permettra de bien cerner le volume de la monnaie en circulation et faire des prévisions qui permettront de mettre en place de bonnes politiques économiques qui tiennent compte de l'évolution de la monnaie et de ses conséquences sur le niveau des prix. Par ailleurs, la masse salariale qui est passée de 210 080 000 000 FCFA à 346 941 000 000 FCFA de 2011 à 2014 risque d'être un détonateur de l'inflation si la production des biens et services n'évolue pas d'une manière à respecter le critère de convergence de l'UEMOA qui fixe le taux d'inflation à un niveau au plus égal à 3%. Enfin, un retour du Ministère de la compétitivité et de la lutte contre la vie chère serait un atout pour les autorités de la VIIème République afin d'atténuer les souffrances de la population suite à la mise en valeur des nouveaux gisements miniers (pétrole, phosphate, charbon et uranium) et énergétiques (Barrage de Kandadji, centrale thermique) où une baisse du coût de la vie est vivement attendue à travers l'amélioration des conditions de vie de la population et la relance de l'économie nationale. * 8 La conférence de presse du président de la république aux USA en 2012 |
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