2.3 Les revues théoriques
et empiriques sur l'inflation
Cette section a pour objectif de faire un exposé des
différentes pensées théoriques sur le
phénomène de l'inflation et les travaux menés par des
chercheurs selon qu'il s'agit d'une économie nationale ou
régionale.
2.3.1
Revue théorique sur l'inflation
L'inflation affecte principalement les fonctions
d'unité de compte et de réserve de valeur de la monnaie et
réduit le pouvoir d'achat, beaucoup d'analyses ont été
faites sur la nature de l'inflation. Cependant, trois grands courants se
distinguent dans cette question. Il s'agit du courant
monétariste, des keynésiens et
des nouveaux classiques.
Pour les
monétaristes, l'inflation est un phénomène
purement monétaire. Leur raisonnement part de l'équation
quantitative de la monnaie qui exprime le lien entre les transactions et la
masse monétaire. Cette relation s'exprime de la manière suivante:
M.V= P.Y où M est la quantité de monnaie, V, la vitesse de la
circulation, Y représente le nombre total des transactions
effectuées au cours d'une période donnée ou la production
au cours d'une période et P, le niveau général des
prix.
Les monétaristes supposent que la vitesse de
circulation de la monnaie est constante et que la production est
déterminée par la capacité productive de l'économie
(facteur de production).
Ces différentes considérations ont plusieurs
implications:
- la valeur nominale de la production P.Y est
déterminée par l'offre de monnaie;
- le niveau des prix P n'est rien d'autre que le rapport entre
la valeur nominale de la production et le niveau général de la
production Y.
Toute variation de prix est le résultat d'une variation
de la masse monétaire. De ce point de vue, la stabilisation de
l'inflation est entre les mains des autorités monétaires qui
peuvent décider du niveau général des prix en jouant sur
le taux de croissance de la masse monétaire à l'aide des
instruments de la politique monétaire. Pour ce faire, la cible
principale est le taux d'intérêt qui détermine le
coût de la monnaie.
Plusieurs études empiriques ont montré la
consistance de cette théorie. En effet, l'étude fondatrice de
Friedman (le chef de file du courant monétariste) et Schwarz sur
l'histoire monétaire des USA indique clairement une corrélation
positive entre la croissance de la masse monétaire et le niveau de
l'inflation. Plus tard, d'autres études à travers le monde
confirment cette théorie: les pays où le taux de croissance de la
monnaie est élevé tendent à avoir un taux d'inflation
élevé et les pays à faible croissance monétaire, un
taux d'inflation réduit.
L'inflation est vue chez les monétaristes comme un des
maux les plus importants de l'économie à cause du fait qu'elle
perturbe les anticipations des agents économiques, il faut donc la
combattre de façon vigoureuse avec une limitation de l'évolution
de la masse monétaire correspondant à celui de l'augmentation des
biens et services.
Cette gestion restrictive de la monnaie est critiquée
par les keynésiens et des
néokeynésiens qui soutiennent que la monnaie
peut être utilisée pour doper la production. Pour ceux-ci, dans
une situation de sous-emploi, une offre plus élevée de la monnaie
peut relancer l'économie à travers la demande. Une telle
situation peut créer de l'inflation mais permet de lutter contre le
chômage à travers la reprise des activités de production,
c'est ce qu'illustre la courbe de Phillips qui indique qu'à des niveaux
d'inflation élevés, correspond des niveaux bas de chômage.
L'inflation dans ces conditions, n'est pas vue comme un danger. Il est un mal
nécessaire, il faut savoir faire seulement un bon arbitrage entre le
niveau d'inflation et celui du chômage.
Ces types de politiques ont eu un succès dans les
années d'après-guerre jusqu'à la fin des années
1970. Mais l'apparition de la stagflation, c'est-à-dire l'inflation
doublée de chômage les a mis en doute.
Contrairement aux keynésiens et aux
néo-keynésiens qui soutiennent que la politique monétaire
peut être utilisée pour doper la production, les nouveaux
classiques pensent que la monnaie n'a pas d'influence dans la
sphère réelle même à court terme comme l'admettent
les monétaristes. Il faut donc mener une politique monétaire
rigoureuse de long terme à même de combattre efficacement
l'inflation. Pour les néoclassiques, c'est l'augmentation de la masse
monétaire non proportionnelle à celle des richesses qui est la
cause de l'inflation du fait des mauvaises anticipations que cela crée.
Dans l'analyse des nouveaux classiques, le rôle des anticipations est
central dans l'inflation. Cependant, un débat existe sur la question de
savoir si les anticipations sont adaptatives ou rationnelles.
Selon l'hypothèse d'anticipations adaptatives que
défend Friedman (chef de file des monétaristes), les gens
constituent leurs anticipations relatives au prix en se fondant sur les valeurs
récemment observées des prix. Il y aurait donc une inertie dans
l'inflation, venant du fait que les anticipations de l'inflation future qui
sont en fait, basées sur l'inflation du passé influencent les
prix qu'attendent les agents économiques. L'implication de cela est que
l'inflation ne peut que changer lentement d'année en année selon
le degré de crédibilité de la politique budgétaire
et monétaire.
Pour des auteurs comme Lucas (chef de file des nouveaux
classiques) et Sargent (1982), les anticipations adaptatives sont trop simples
pour s'appliquer à plusieurs circonstances. Selon cette
hypothèse, les agents économiques utilisent de manière
optimale, toute l'information disponible, y compris l'information sur les
politiques actuelles et prospectives, pour prévoir les prix. L'inertie
de l'inflation n'est qu'apparente: en fait, ce sont les politiques
budgétaires et monétaires inadéquates qui entretiennent la
dynamique de l'inflation. Si ces politiques prennent fin, cette dynamique
s'arrêtera d'elle- même et les agents feront des anticipations
correctes.
L'histoire économique nous enseigne la
plausibilité de ces deux hypothèses. Ainsi, dans les
études empiriques, les économètres proposent aussi bien
des modèles pouvant intégrer aussi bien les anticipations
rationnelles que les anticipations adaptatives. La validation des
hypothèses dans ce cas, dépend de valeurs-clefs des
paramètres du modèle.
Si l'émission abondante de la monnaie peut être
préjudiciable à la performance d'une économie, elle peut
constituer une source de revenu pour les autorités monétaires ou
le gouvernement.
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