2-La mise en place des postes d'identification.
L'on ne saurait parler de carte nationale d'identité
dans l'Adamaoua sans toutefois évoquer le processus qui a rendu faisable
l'établissement même de cette pièce d'identité aux
citoyens. La mise en place des postes d'identification dans l'Adamaoua s'est
faite de manière progressive. En outre, les postes d'identification sont
nés au rythme de l'évolution de la structure administrative de
l'Adamaoua et au rythme de la croissance
85
de la population de ladite Région. C'est en fait un
processus qui a débuté en 1960, avec la présence de
quelques postes d'identification installés uniquement dans les
localités les plus importantes de l'Adamaoua. Avec l'ouverture
démocratique des années 1990 et l'augmentation de la population
de l'Adamaoua, plusieurs postes d'identification sont créés dans
toutes les circonscriptions administratives de la Région de
l'Adamaoua.
2-1.Les premiers postes d'identification de
l'Adamaoua.
La période post-coloniale au Cameroun est
caractérisée par la mise en place de la nouvelle administration
et plus particulièrement la création des postes d'identification.
Ces postes d'identification, dans leur contexture actuelle dans la
Région de l'Adamaoua, se singularisent par une répartition
relativement inégale. La région de l'Adamaoua, depuis
l'indépendance du Cameroun, connaît une mise en place progressive
des postes d'identification dont la cartographie donne une lecture plus
aisée.
L'analyse de la mise en place des postes d'identification dans
l'Adamaoua, prend en compte les éléments factuels qui expliquent
pourquoi certaines zones ne sont pas dotées de postes d'identification
ou encore ont bénéficié tardivement d'un poste
d'identification. Dès l'indépendance du Cameroun sous
administration française en 1960, les premiers postes
d'identification ont été créés dans le but
d'identifier les citoyens de cette Région frontalière à la
République Centrafricaine et au Tchad réputés pour une
instabilité et pour une émigration de leurs citoyens vers le
Cameroun. En effet, la mobilité des citoyens camerounais et
l'immigration des personnes de nationalités diverses ont justifié
la création des postes d'identification surtout dans les chefs-lieux des
circonscriptions territoriales de l'Adamaoua. Ainsi, les
sous-préfectures et préfectures étaient à cet
effet, considérées comme les postes d'identification. L'Adamaoua
au cours des années 1960, comptait comme nous l'avons souligné
plus haut cinq (05) arrondissements. Dans ces arrondissements furent donc
installés les services d'identification.
La création des structures administratives a fait
également naître les commissariats dans l'Adamaoua. En effet, dans
leurs missions, les circonscriptions territoriales sont accompagnées par
les commissariats. Ainsi, au Cameroun, les commissariats, tels que
définies par le décret de 1964 instituant la carte nationale
d'identité6 dans son article 3, sont des
postes d'identification. Ainsi on peut lire : « La carte nationale
d'identité est établie par les commissaires de police et les
chefs de circonscriptions territoriales auxquels le Directeur de la
Sureté fédérale délègue sa signature
».
Dans la dynamique de la création des postes
d'identification au Cameroun, on note une mise en place de manière
discriminatoire des postes d'identification dans la Région de
l'Adamaoua. On dirait que certaines localités de l'Adamaoua ont
été carrément écartées de la politique
d'identification des citoyens camerounais. Ce sont par exemples les
localités stratégiques telles que Djohong et Ngaoui dans le
Mbéré, Bankim dans le Mayo Banyo, Ngan-ha et Belel dans la Vina,
Ngaoundal dans le Djerem, Konctha dans le Faro-et-Déo. Des
localités stratégiques du point de vue de leurs positions
frontalières aux pays voisins du Cameroun et aussi du point de vue
démographique. Ces localités n'avaient, au cours des
années 1960 et 1970, aucun poste d'identification.
Dès lors, dans les différentes circonscriptions
territoriales, il eut deux postes d'identification seulement dans les centres
urbains. Ainsi, le tableau suivant fait ressortir la répartition des
postes d'identification dans l'Adamaoua de 1960 à 1995.
Tableau 3: répartition des postes d'identification
de 1960 à 1995.
Villes
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Postes d'identification
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BANYO
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Sous-préfecture de Banyo et le commissariat de la ville
de Banyo
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NGAOUNDÉRÉ
|
Sous-préfecture de Ngaoundéré et le
commissariat
spécial de la ville de Ngaoundéré
|
86
6 Décret n°64-DF-394 du 29 septembre 1964 instituant
la carte nationale d'identité.
87
TIBATI
|
Sous-préfecture de Tibati et le commissariat la ville
de Tibati
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MEIGANGA
|
Sous-préfecture de Meiganga et le commissariat de la
ville de Meiganga
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TIGNERE
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Sous-préfecture de Tignere et le Commissariat la ville
de Tignere.
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Source : Tableau réalisé
à partir des archives de la délégation régionale de
la sûreté nationale de l'Adamaoua.
Au regard du tableau de la répartition des postes
d'identification dans l'Adamaoua, il est important de noter que, par rapport
à la couverture du territoire de l'Adamaoua, les postes d'identification
sont insuffisants. Ainsi, pour une superficie de 63 701Km2
l'Adamaoua comptait dix (10) postes d'identification installés
uniquement dans les villes importantes.
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