Participation des bénéficiaires aux actions de lutte contre la pauvreté infantile au Togo: cas des parents du CDE Kadès de Kousségbé-Légbanou (préfecture de Vo)( Télécharger le fichier original )par Hodénou ALOGNON KPENOU Ecole Nationale de Formation Sociale (E.N.F.S.) - Cadre Supérieur de Développement Social (C.S.D.S.) Option : Développement Local Participatif (D.L.P.) / Licence pro 2016 |
INTRODUCTIONLes actions de développement, aussi dynamiques que le concept de développement lui-même, sont multiformes et multisectorielles. Entre temps centrées essentiellement sur des considérations économiques, ces diverses interventions tendent à privilégier désormais l'être humain (et son environnement). L'objectif principal consacré est l'amélioration des conditions de vie des individus dont font partie les enfants qui constituent d'ailleurs la frange la plus vulnérable parmi les membres d'une communauté. C'est dans cette optique que la lutte contre la pauvreté infantile constitue l'une des priorités actuelles définies au niveau mondial1(*), dans le but d'assurer le bien-être familial et de contribuer par là au rayonnement des individus sur le plan communautaire. La pauvreté des enfants est devenue aujourd'hui un véritable fléau qui ne cesse de faire de nombreuses victimes. Elle paraît même avoir pris de l'ampleur ces dernières décennies au grand mépris de toute morale et de toute éthique. Tout comme le travail et le trafic des enfants, la pauvreté infantile traduit la complexité de la dimension humaine des problèmes sociaux qu'elle incarne.Dans la sous-région ouest africaine, presque tous les pays sont atteints par ce fléau. Que ce soit dans un contexte mondial, régional, sous régional ou national, la lutte contre la pauvreté infantile trouve aujourd'huison ancrage dans les nouveauxObjectifs de Développement Durable (ODD). En effet, le premier des ODD exprime un engagementimportant de mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes partout dans le monde d'ici à2030. Cet accord sans précédent de l'ensemble des États membres des Nations Unies offreune grande opportunité d'amélioration de la vie de centaines de millions de personnes dans lemonde. Toutefois, pour atteindre cet objectif, il est essentiel de savoir que près de la moitié despersonnes victimes de la pauvreté dans le monde sont des enfants2(*), et de faire des effortsparticuliers pour lutter contre la pauvreté infantile sous toutes ses formes. Sur ce plan, le premier objectif (central) s'entoure des objectifs deux, trois, quatre et six3(*)des mêmes ODD. Combattre la pauvreté infantile est une tâche urgente etessentielle à la réalisation des droits de l'enfant. En 2007,une résolution de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a établi des liens clairs etexplicites entre les droits de l'enfant et la pauvretéinfantile, en ces termes : Les enfants victimes de lapauvreté n'ont pas accès à des services de nutrition,d'approvisionnement en eau, d'assainissement et de santé debase, au logement, à l'éducation, à la participation et à laprotection et [que], si les graves pénuries de biens et deservices sont préjudiciables à tous les êtres humains, ce sontles enfants qu'elles menacent et affectent le plus, les laissantdans l'incapacité de jouir de leurs droits, de réaliserpleinement leur potentiel et de participer en tant quemembres à part entière à la vie de la société.4(*) Au Togo, la pauvreté des ménages, qui n'est pas sans effets sur les enfants, est une réalité qui touche une proportion non négligeable de la population. Selon l'enquête QUIBB 2006, la pauvreté touche 56,2% des ménages togolais dont 33,1% dans le milieu urbain contre 69,8% dans le milieu rural.Même si, selon l'enquête QUIBB 2011, elle a légèrement baissé au cours de la période 2006-2011, il demeure que la pauvreté est un phénomène surtout rural avec plus de 73% de la population se retrouvant sous le seuil de la pauvreté. Selon le rapport final de l'Enquête MICS4 (2012) au Togo, il est reconnu que la période de développement la plus rapide du cerveau humain a lieu au cours des 3-4 premièresannées de vie, et que la qualité des soins à domicile est le principal déterminant du développement de l'enfant durantcette période. Dans ce contexte, les activités des adultes avec les enfants et les conditions d'hygiène sont d'importantsindicateurs de la qualité des soins à domicile. Les enfants devraient être en bonne santé physique, mentalement éveillés,émotionnellement en sécurité, socialement aptes aux relations avec les autres et prêts à apprendre. Conscient de cette réalité, le Gouvernement togolais, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers (PTF), a mis en oeuvre despolitiques et stratégies sectorielles5(*) pour améliorer la situation des enfants. Malgré leur exécution, le pays n'a toujours pas atteint des niveaux de développement satisfaisants souhaités. Toutefois, le Togo pourrait entrevoir l'éradication de la pauvreté infantileau cours des 30 prochaines années ; mais pour cela, il faut que le gouvernements'efforce d'atteindre les objectifs et les cibles des ODD. Parlant de cibles, en matière de lutte contre la pauvreté infantile, les parents premiers responsables des enfants, constituent certes une cible secondaire maisimportante. En effet, mener des actions en faveur ou à l'endroit des enfants sans impliquer véritablement leurs parents est une stratégie qui garantit moins la pérennité des projets.Or, il est constaté une indifférence de ceux-ci par rapport aux activités de lutte contre la pauvreté infantile menées par les acteurs de développement dans divers milieux, surtout ruraux du Togo. Le constat est le même à Kousségbé-Légbanou (CDE KADÈS) dans lapréfecture de Vo, tout comme dans les milieux qui abritent un CDE dans ladite préfecture. Vu la situation actuelle des enfantsdans la localité,la légitimité de ce projet qui y est en cours d'exécution n'est plus à démontrer.Il convient,dès lors, de procéder à une analyse de la passivité des parents, en vue d'assurer la pérennité du projet. C'est ce qui justifie la présente recherche intitulée : « Participation des bénéficiaires aux actions de lutte contre la pauvreté infantile au Togo : casdes parents du CDE KADÈS de Kousségbé-Légbanou (préfecture de Vo)». Elle vise à analyser, au moyen d'une méthodologie mixte qui combine le quantitatif et le qualitatif, la faible implication des parents aux actions de lutte contre la pauvreté infantile menées par le CDE KADÈS de Kousségbé-Légbanou. Deux grandes parties constituent l'ossature du présent travail de recherche-action : l'approche méthodologique pour la première et les résultats de la recherche-action pour la seconde. Chaque partie est scindée en deux chapitres. La première partie met en lumière la problématique et le cadre conceptuel (chapitre1) puis le cadre pratique de la recherche (chapitre 2). La deuxième partie, quant à elle, s'articule autour de la présentation et de l'analyse des données de terrain (chapitre 1) ainsi que des apports de la recherche (chapitre2). PREMIÈRE PARTIE* 1 AGNU : OMD (2000-2015) adoptés en septembre 2000 et ODD (2015-2030)adoptés en septembre 2015. * 2 PNUD (2014). Pérenniser le progrès humain : Réduire les vulnérabilités et renforcer la résilience. Rapport sur le développement humain 2014. New York. * 3 ODD 2 : Lutte contre la faim ; ODD 3 : Accès à la santé ; ODD 4 : Accès à une éducation de qualité ; ODD 6 : Accès à l'eau salubre et l'assainissement. * 4 AGNU(2007).Les droits de l'enfant (Résolution A/RES/61/146, 23 janvier 2007), para 46. * 5 DGPE. (2008). Politique Nationale de Protection de l'Enfant, décembre 2008. / Ministère de la Santé.(2010). Politique Nationale en matière d'alimentation et de nutrition / Plan Sectoriel de l'Éducation (PSE) 2010-2020 élaboré en 2010. / SCAPE 2013-2017. (Non exhaustif) |
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