REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple-Un But-Une Foi
MINISTERE DU TOURISME ET DES TRANSPORTS
AERIENS
.....................................
ECOLE NATIONALE DE FORMATION HOTELIERE ET
TOURISTIQUE/CAS
(ENFHT)
......................................
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES POUR L'OBTENTION DU BREVET DE
TECHNICIEN SUPERIEUR (BTS)
Option : Tourisme THEME:
PRESENTE PAR: SOUS LA DIRECTION DE:
M. Philigence Antoine Adiouma FAYE Madame FAYE Dibor
Sarr
Formatrice à L'ENFHT et administratrice
au Ministère du Tourisme et des Transports Aériens
Promotion 2012-2014
REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple-Un But-Une
Foi
MINISTERE DU TOURISME ET DES TRANSPORTS
AERIENS
.....................................
ECOLE NATIONALE DE FORMATION HOTELLIERE ET
TOURISTIQUE/CAS
(ENFHT)
......................................
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES POUR L'OBTENTION DU BREVET
DE TECHNICIENSUPERIEUR(BTS)
Option : Tourisme THEME:
ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE
L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU SENEGAL
PRESENTE PAR: SOUS LA DIRECTION DE:
M. Philigence Antoine Adiouma FAYE Madame FAYE Dibor
Sarr
Formatrice à L'ENFHT et
administratrice au Ministère du Tourisme et des
Transports Aériens
DEDICACE
II
Je dédie le fruit de ce long travail à
toute ma famille qui m'a longtemps soutenu et conseillé dans mes
études.
III
Je tiens à remercier ma directrice de
mémoire, Madame Dibor SARR, pour son encadrement et le professionnalisme
dont elle a toujours fait preuve lors de nos conversations. Je la remercie pour
son assistance et les instructions qu'elle m'a données pour
l'élaboration de ce mémoire.
Je remercie pareillement Monsieur Oumar DIOP, Madame
NDOUR et tout autre agent du Ministère du Tourisme et des Transports
Aériens qui m'ont aidé à obtenir des informations et
statistiques sur le tourisme au Sénégal. Un merci à
Monsieur Moussa SECK de la Division des Statistiques de la Direction de l'Appui
au Secteur Privé qui m'a fourni des documents précieux parlant
sur le tourisme.
Un autre merci va aux administrateurs et professeurs de
l'ENFHT (Ecole Nationale de Formation Hôtelière et
Touristique)/CAS (Cheikh Amala Sy) qui m'ont assisté tout au long de
cette formation professionnelle et qui ont répondu à mes
appels.
Enfin, merci à mes proches et à mes
camarades de classe de l'ENFHT (Ecole Nationale de Formation
Hôtelière et Touristique)/CAS (Cheikh Amala Sy) de m'avoir soutenu
durant les deux années de cours.
LISTE DES ABBREVIATIONS
iv
OMT: Organisation Mondiale du Tourisme
AOF: Afrique Occidentale Française
MTTA: Ministère du Tourisme et des Transports
Aériens
SAPCO: Société d'Aménagement et
de Promotion des Côtes et Zones Touristiques
du Sénégal
AFD: Agence Française de
Développement
FRANC CFA: Franc de la Communauté
Française D'Afrique
UHT: Unité d'Hébergement
Touristique
UAT: Unité d'Aménagement
Touristique
DEP: Direction des Etudes et de la
Planification
PAD: Port Autonome de Dakar
FIDAK: Foire Internationale de Dakar
FILDAK: Foire Internationale du Livre de
Dakar
FIARA: Foire Internationale de l'Agriculture et des
Ressources Animalières
TICAA: Tourisme Industrie Culture Artisanat
d'Art
ENFHT/CAS: Ecole Nationale de Formation
Hôtelière et Touristique/Cheikh Amala
Sy
ALSS: Aéroport Léopold Sédar
Senghor
TO: Tour Operator
PNNK: Parc National du Niokolo Koba
PSDT: Plan Stratégique de Développement
Durable du Tourisme au Sénégal
V
APIX: Agence de Promotion des Investissements et
Grands Travaux
WWF: Fonds Mondial pour la Nature
USD: United States Dollars
PSE: Plan Sénégal Emergent
PIB: Produit Intérieur Brut
AIBD: Aéroport International Blaise
Diagne
ANT: Administration Nationale du Tourisme
HLL: Hébergement Léger de
Loisirs
PME: Petite et Moyenne Entreprise
FDD: Fonds de Dotation de la
Décentralisation
FECL: Fonds d'Equipement des Collectivités
Locales
BCI: Budget Consolidé
d'Investissement
PLAN DETAILLE
vi
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE: LE CONCEPT DE CONCENTRATION
I. LA DEFINITION DU CONCEPT
II. LES ORIGINES DE LA CONCENTRATION
A. Au niveau international
B. Au niveau national
DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONSEQUENCES DE LA
CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU SENEGAL
I. LES CAUSES
A. L'action de la colonisation
B. Le rôle de l'Etat dans le dispositif
territorial
1. La perception du tourisme par les religieux et les
communautés locales
2. L'évolution des politiques
d'aménagement touristique
3. La responsabilité de la SAPCO
4. Les moyens de transports de soutien au
tourisme
5. Les équipements de soutien au
tourisme
6. Les services de soutien au tourisme
II. LES CONSEQUENCES
A. Inégale répartition de
l'activité touristique
1. La répartition des structures
hôtelières et para hôtelières
2. L'inégale disposition des restaurants
touristiques
3. Le déséquilibre sur la
répartition des agences de voyage
4. Le déséquilibre sur l'arrangement des
guides touristiques
5. L'inégale disposition des écoles de
formation
B. Le cout du foncier, la cherté du produit
touristique et l'insécurité
1. Le coût du foncier
2. La cherté du produit touristique
3. L'insécurité
C. La faible diversification de l'offre
touristique
D. Les risques sur le développement
durable
1. La question du bien-être et de la croissance
économique
2. La problématique sur les ressources
naturelles
E. L'influence sur le bas niveau
d'attractivité
VII
TROISIEME PARTIE : LES RECOMMANDATIONS
I. LAVALORISATION DU POTENTIEL TOURISTIQUE ET LA
CREATION DE NOUVELLES STATIONS TOURISIQUES
A. Le pôle touristique de Dakar
B. Le foyer touristique du Nord
C. Le pole Thiès/Diourbel
D. Le centre touristique du Sine-Saloum
1. L'écotourisme
2. L'agritourisme
E. La région touristique du Sénégal
Oriental
F. Le pôle touristique de la Casamance
II. ACCROISSEMENT DES INFRASTRUCTURES, DES MOYENS DE
TRANSPORT ET DES SERVICES DE SOUTIEN AU TOURISME
A. La sensibilisation
B. L'accroissement des infrastructures
1. Les infrastructures routières
2. Les infrastructures aéroportuaires
3. Les infrastructures portuaires
4. Les infrastructures ferroviaires
C. Le développement des moyens de
transports
1. Les moyens de transport routier
2. Les moyens de transport
aéroportuaire
3. Les moyens de transports portuaire et
ferroviaire
D. L'extension des services de soutien au
tourisme
III. LE RECOURS A L'ACTE III DE LA DECENTRALISATION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE ANNEXES
TABLE DES MATIERES
BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA FAYE Page
1
ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
INTRODUCTION
Le secteur du tourisme est devenu la première
industrie dans le monde. Avec environ 1,034 milliards de touristes et 1 075
milliards de dollars de recettes en 2012, le tourisme international (voyages et
transports de voyageurs) représente environ 30% des exportations des
services à l'échelle mondiale et 6% des exportations totales des
biens et services (OMT, 2012). Il assure 8% des emplois dans le
monde.
En dépit des crises économiques dont les
conséquences se font ressentir dans plusieurs secteurs
d'activités, réduisant ainsi les performances économiques
de beaucoup de pays y compris les pays industrialisés, le tourisme
international a su maintenir un taux de croissance de 4% en 2012 aussi bien des
arrivées que des recettes touristiques, selon l'OMT.
Pour sa part, l'Afrique a enregistré un taux de
croissance des arrivées touristiques de 5% en 2012 (source : OMT, 2012),
légèrement au-dessus de celui du tourisme mondial. Malgré
cette croissance des activités touristiques dans le monde et en Afrique,
combinée à la volonté des pouvoirs publics de faire du
tourisme un secteur prioritaire dans l'amélioration des conditions de
vie des populations sénégalaises, on constate que le tourisme
sénégalais est encore loin d'atteindre les objectifs qui lui sont
assignés.
La vision des autorités
sénégalaises déclinée depuis les années 70,
avait pour objectif de faire du Sénégal une destination de choix.
Le tourisme sénégalais a connu une baisse pendant presque 11 ans
(2001-2012). Les chiffres suivants attestent cet état de fait. Le nombre
de touristes a été évalué à 967.546 en 2011
contre 961.693 en 2012 soit une baisse de 0,60%. Pour ces chiffres, il est
à exclure le nombre de visiteurs venu par croisière estimé
à 8997 en 2011 et 4982 en 20121.Au Sénégal, le
secteur touristique demeure peu compétitif avec une contribution
relativement faible de 5,4% au PIB en 2010. Les recettes brutes
créée par l'industrie touristique sont évaluées
à 224,2 milliards de FCFA en 2010 et sont estimées à 231,0
milliards de FCFA en 20112. Saisir la place du tourisme sur
l'ensemble du territoire national, consiste à présenter la
destination au regard de ses potentialités naturelles et
culturelles.
Le Sénégal est un pays de l'Afrique
Occidentale ayant pour superficie 196.712 km2 et comptant en 2010
une population estimée à 12.509.434 habitants soit une
densité de 6,4
1 D.E.P du MTTA
2 Actu Entreprises N°20, L'industrie
touristique au Sénégal: état des lieux et perspectives,
septembre 20?2, Ministère de l'économie et des finances,
Direction de l'Appui au Secteur Privé.
BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA
FAYE Page 2
ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
habitants au km2. Les données
climatologiques montrent que le Sénégal dispose d'un climat de
type soudano-sahélien caractérisé par la succession d'une
saison sèche allant de novembre à mai et juin d'une saison des
pluies allant de juin à octobre. La pluviométrie moyenne annuelle
passe de 1200 mm au sud à 300 mm au Nord avec une oscillation d'une
année à une autre. Le pays bénéficie d'une zone
forestière au sud, d'une savane arborée au centre et d'une zone
semi-désertique au Nord. A cela s'ajoute, les données
hydrographiques avec comme ressources l'Océan Atlantique à
l'ouest, trois (3) fleuves et leurs affluents (le fleuve Sénégal
1700 km, la Gambie 750 km et la Casamance 300 km). Ses différents atouts
naturels (Parcs Ornithologique de Djoudj, le Parc National des Iles de la
Madeleine, le Parc National des Iles du Saloum, le Parc National de la Basse
Casamance, le Parc National du Niokolo Koba, la réserve de Bandia, la
réserve de Kalissaye, la Réserve du Ferlo...) demeurent sous
exploités dans le cadre touristique. Le Sénégal
possède également une richesse culturelle et historique à
l'image de l'Ile de Gorée, le Cercle mégalithique au niveau de la
frontière Sénégalo-gambienne, les amas coquilliers,
l'artisanat d'art, les festivals, les coutumes...Le Sénégal se
présente en Afrique Occidentale francophone comme une destination de
choix pour les touristes. Ses potentialités naturelles et culturelles
lui permettent de se positionner sur le marché touristique en Afrique
Occidentale. Le Sénégal à jusque-là bâtie sa
stratégie de développement touristique autour du
balnéaire, du coup, tous les gros investissements restent
orientés sur cette partie.
La conséquence est que malgré les
énormes potentialités dont dispose le pays, l'essentiel des
infrastructures touristiques est localisé sur la frange occidentale du
pays, notamment Thiès, Saint-Louis, Cap Skirring et Dakar. Cette
situation risque de s'accentuer avec les nouvelles zones sur la Petite
Côte et la Zone Nord. Cette concentration devient de plus en plus
problématique, ce qui freine l'extension du tourisme au niveau national.
Ce phénomène qui découle de plusieurs facteurs est l'objet
de ce mémoire. Cette étude permet de répondre aux
questions suivantes: Sur quels critères se basait pour légitimer
la thèse de la concentration touristique ? Quelles sont les
fonctionnalités entre espace et tourisme ? Ce mémoire a pour
objet de poser la problématique de la concentration ou la centralisation
de l'activité touristique au Sénégal et de proposer des
pistes de solutions pour une meilleure répartition des infrastructures
touristiques sur l'ensemble du territoire national.
Il convient de signaler que les recherches menant vers
la réalisation de cette étude se sont faites dès le
début du mois d'août. Les techniques utilisées pour
collecter les informations et documents sont les suivantes:
? Les documents administratifs
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
? Les journaux télévisés et
écrits
? Les magazines, brochures et
dépliants
? La bibliographie
? La webographie
? L'observation
Cette recherche hétérogène a permis
de mettre en place les trois (3) parties de ce
mémoire. Mais il importe de noter que certaines
mesures et restrictions ont empêchées la réalisation de ce
mémoire. La principale difficulté reste liée à
l'accès à l'information.
En effet, il n'existe que très peu de
publication en rapport avec le thème choisi. L'inexistence ou la
non-actualisation des données statistiques ont posé des limites
à l'élaboration de ce mémoire.
Après avoir défini la
problématique et les circonstances du travail effectué, il
convient de présenter en premier lieu le concept de concentration dans
sa généralité. La deuxième partie va traiter des
causes et conséquences et la dernière partie sera axée sur
des propositions de solutions pour résoudre ce
problème.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
PREMIERE PARTIE: LE CONCEPT DE CONCENTRATION
I. La définition du concept
Le terme concentration peut être saisi à
travers l'analyse faite sur la géographie du tourisme qui est un sous
ensemble de la géographie. La géographie du tourisme a vu son
expansion dans les années 1980-1990 pendant lesquelles plusieurs livres
apparaissent (Lozato-Giotart, 1985; Cazes, 1992; Dewailly et Flamant, 1993). La
géographie touristique est une discipline de la géographie
économique qui analyse la répartition des activités
touristiques et la façon dont ses diverses activités sont
organisées dans l'espace. Ainsi, la géographie touristique
s'intéresse dans une moindre mesure à l'agencement du territoire
via sa constitution matérielle et les idées qui concourent
à la disposition des équipements. Pour le tourisme, l'espace est
l'argument majeur qui participe à l'implantation de ses activités
et de la promotion de celles-ci. Puisqu'il s'agit de disposition spatiale, il
est utile de comprendre la notion de concentration touristique qui est un terme
fréquent dans les lieux à vocation et à forte exploitation
touristique.
Le premier sens que l'on peut donner à la
concentration est que, c'est l'action qui consiste à tout ramener au
centre. Par extension, la notion a évolué et est perçue
comme le regroupement de plusieurs activités, des infrastructures, de
personnes, d'idées dans un lieu spécifique. Vu la
définition rationnelle du mot, il est question de situer la place
qu'occupe le tourisme au plan national mais plus particulièrement au
niveau local. La concentration fait apparaitre des zones inégalitaires
avec des lieux à forte disponibilité infrastructurelle et des
zones appauvries par une quasi absence de biens capables de participer au
développement local. Ce déséquilibre est engendré
par le pouvoir de décision qui est localisé au niveau de la ville
centre et qui privilégie et exploite cet espace géographique et
économique. C'est au niveau de la ville monopole que se construisent les
instructions qui doivent être transmises sur l'ensemble du territoire. La
concentration ou la centralisation touristique s'est matérialisée
par un seul réseau dense (d'infrastructures et d'équipements
aménagés) localisée dans un lieu donné mais aussi
de biens intangibles (publicité, promotion, gestion territoriale et
décisions étatiques). Cette analyse fait ressortir une
répartition inégale entre les sites à forte exploitation
et à flux touristiques fréquents et ceux à usage ou
à utilité moyen ou faible. Cette inégalité spatiale
peut être assimilée à une «ségrégation
spatiale» et à celle de «ségrégation
sociale».
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
II. Les origines de la concentration touristique
1. Au niveau international
Le tourisme remonte à l'époque du Grand
Tour au début du XIXe siècle. A partir de la première
moitié du XIXe siècle, les bains de mer surtout les bains
thérapeutiques se sont développés sur le littoral
Atlantique. A cette époque, le tourisme s'est essentiellement
formé sur un modèle balnéaire. Les premières
agences de voyage comme THOMAS COOK proposaient des voyages à des
tarifs bas, affrétant même des trains entiers à destination
des stations côtières3.Les littoraux
devinrent des espaces récréatifs à la mode. L'expansion du
tourisme de masse depuis les années 1950-1960 s'est renforcée
dans les lieux les plus attractifs notamment les littoraux. Ces derniers
concentrent la majeure partie des séjours touristiques (entre 60 et 90%)
dans les Pays Développés. Cette concentration spatiale renvoie
à la trilogie : mer, soleil et sable. Les littoraux européens
sont les premiers espaces à être touchés par l'industrie
touristique du fait de l'évolution du chemin de fer à partir de
1850. Le développement des transports rapides contemporains notamment
l'aérien a ouvert la porte aux nouvelles destinations touristique dans
les Pays en Voie de Développement (Sénégal, Mexique) ou
dans des zones insulaires dévouées au tourisme (Bali,
Caraïbes, Seychelles...). Les littoraux sableux constituent les attraits
principaux et classiques des aménagistes, des visiteurs
(excursionnistes, touristes et résidents). Au XIXe siècle, les
stations touristiques se développent le long de la
Méditerranée, ce qui fait que la frange côtière est
le lieu privilégié d'un tourisme contemplatif et de plaisance. La
concentration relève des formes d'équipements liées au
tourisme et à la recréation dans les zones littorales. Le XIXe
siècle a vu les noyaux urbains littoraux être les points de
départ aux aménagements récréatifs (Casino) et les
équipements d'accueil (Hôtel de luxe). Dès 1806, l'Etat
français va délivrer des autorisations de construction de casino
limitées géographiquement aux stations balnéaires. Les
littoraux européens à l'époque constituaient les espaces
de repos et d'épanouissement pour toutes les classes. Les pays
inspirés d'un modèle touristique sont marqués par une
disparité spatiale importante. La Riviera italienne ou la Côte d'
Azur reçoit les touristes grâce aux infrastructures touristiques
localisées sur les zones littorales. Le principal espace touristique le
plus favorisé au monde est le littoral qui concentre la
majorité des pratiques touristiques4.Les
3
Hist-geo.ac-?oueY.f?/dkh/BDS/BDS_fi coYsulté le
02/0?/20??
4Tourisme et littoral: un enjeu du
monde. Philippe Duhamel et Philippe Violier, collection Belin Sup Tourisme,
Editions Belin, septembre 2009-182 pages sur
www.revue-espaces.com/librairie/759...
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
stations touristiques sont ainsi des lieux de grandes
concentrations saisonnières de populations et d'activités
estivantes.
Les Congés Payés nés en 1936 en
France, la fulgurance des véhicules individuels, le profil social, les
multiples investissements sur la côte favorisent le boum
économique, démographique et touristique des littoraux. Cette
aptitude à aller en vacance avec peu de moyens a favorisé le
tourisme de masse qui requiert des aménagements imposants. C'est dans ce
contexte que le Littoral Méditerranéen (Espagne-Costa de sol,
Costa Brava..., France, Italie, Grèce...) les stations du Caraïbe,
les littoraux de Floride (Miami Beach)...sont devenus les stations les plus
fortement aménagées dans ces pays à fort
intérêt touristique. Les étendues maritimes,
fluviales...constituent depuis le XXe des lieux de sports, de séjours et
de vacances. Ainsi à Lacanau, les premières planches de surf
apparaissent vers 1963, puis la planche à voile vers 1966 ou encore le
funboard vers 1972 (Augustin, 2007). En France, entre 1990 et 2007 en
moyenne 157 résidences secondaires ont été
construites dans une commune littorale contre 8 en moyenne nationale.
Ces communes possèdent en moyenne 8100 lits touristiques
(campings, hôtels, résidences secondaires) contre 530
pour la moyenne nationale en janvier 20095. Dans les
Pays en Voie de Développement, ce phénomène de
concentration touristique sur un espace donné est fréquemment
remarquable. En Tunisie, le complexe El-Kantaoui avec une superficie de 300
hectares est un bon exemple d'hyper concentration des aménagements sur
le littoral et une forte capacité d'hébergements (18.000 lits)
dans un espace équipé pour l'activité touristique (marina,
golf, zones d'animations, port de plaisance...). Au Mexique, la station
balnéaire de Cancun revêt un intérêt croissant en
matière d'infrastructures et d'équipements, ce qui constitue une
attirance pour les investisseurs et touristes. Le pouvoir que joue le littoral
est notoire aussi dans les iles comme Seychelles et Maurice.
Enfin, les origines de la concentration touristique
sont issues des grandes stations touristiques qui présentaient un grand
avantage pour les pays qui voulaient avoir une image de marque dans cette
branche du secteur tertiaire. Pour mieux saisir le concept de concentration
touristique, il serait judicieux de présenter ses origines au plan
national.
2. Au niveau national
Vu les conditions climatiques et
l'accessibilité de la frange occidentale du pays, l'activité
touristique s'identifie vers 1920. Divers érudits et savants
coloniaux, notamment ceux de l'institut français d'Afrique Noire de
Dakar, sont d'ailleurs mis à contribution pour la
5Www.statistiques.developpement-dura...
Consulté le 02/03/2014
BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
rédaction des notices (brochures
touristiques et guides de voyages).6 Ces livres de voyages
proposaient des itinéraires axés pour la majeure partie sur la
visite et le séjour dans les grandes villes comme Saint-Louis et Dakar.
Ainsi, dès 1935 est créé le Syndicat d'Initiative de
l'AOF (SITAOF) dont l'action tourne principalement autour de publication de
«brochures de propagande» mais aussi de la délimitation
d'itinéraires touristiques.7L'activité
touristique n'a pris de l'envol que face au soutien des infrastructures de
transport et aux divers bâtiments architecturaux localisés pour la
plupart entre Saint-Louis, Dakar, Gorée et Rufisque. Les voyageurs de
l'époque pouvaient compter sur les administrateurs coloniaux et les
militaires pour trouver un hébergement de luxe sur l'axe
Saint-Louis-Dakar. Le développement de l'aéronautique, des
infrastructures portuaires et de l'industrie navale ont permis aux touristes de
visiter et de séjourner dans les grandes villes comme Saint-Louis et
Dakar. Des liaisons fréquentes avec Saint-Louis, Dakar au départ
de Bordeaux, Marseille, le Havre ont été faites à partir
de la fin des années 1940 par des compagnies maritimes telles la
Société Générale des Transports Maritimes, des
agences de voyage comme Thomas Cook ou Havas et des compagnies de transport
comme Air France. Dans la foulée de l'Exposition coloniale de 1931,
le Touring Club de France offre les tout premiers circuits organisés en
Afrique subsaharienne, mais surtout sur les côtes africaines. De son
coté, Thomas Cook propose une croisière au Sénégal
en 1936 à l'occasion de l'inauguration de la cathédrale de Dakar
qui aurait attiré près de deux cents touristes: visite de la
ville et des alentours...séjour à Saint-Louis.
8La majorité des touristes venaient par la voie maritime
et par la voie aérienne et séjournaient dans les villes comme
Saint-Louis et Dakar dotées de maisons aux allures de celles
laissées en Europe.
Après cette phase transitoire, les mauvaises
conditions climatiques ont incité aux nouvelles autorités locales
à définir une politique économique orientée sur le
tourisme. Le 29 août 1977, l'Etat du Sénégal et la
Société d'Aménagement et de Promotion des Côtes et
Zones Touristiques du Sénégal ont signé une convention
générale qui avait pour but de développer et promouvoir le
tourisme balnéaire sur la petite côte. Ainsi des
établissements touristiques commencèrent à se
développer et les divers circuits touristiques connurent un
succès grandiose. La rentabilité de l'activité touristique
sur le littoral et les taxes prélevées sur cet espace ont
motivé les autorités à étendre l'influence du
tourisme au niveau de la côte de
6 Sophie Dulucq, «L'émergence du
tourisme dans les territoires de l'Afrique tropicale française
(années 19?0-19?0)», in Habib Kazdaghli et Colette
)LJtnicki (dir.), Le tourisme dans l'empire français.
Politiques, pratiques et imaginaires (XIXe-XXe
siècles), Paris, Publications de la Société
française d'histoire d'outre-mer, p 61-71
7 Idem
8 Idem
BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
Saint-Louis et de la Casamance. Donc, les sources de
la concentration de l'activité touristique au Sénégal sont
nées des différentes techniques de structuration des stations
côtières et balnéaires et des différentes
activités ludiques et s'y affairant.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONSEQUENCES DE LA
CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU SENEGAL
I. LES CAUSES
En abordant la centralité du tourisme de
manière cohérente et structurée, il s'avère vrai
que l'espace de prédilection du tourisme au Sénégal est
restreint par certains phénomènes ou effets directs et indirects
qui empêchent son développement constant au niveau national mais
aussi au niveau local. Un diagnostic sur le niveau de fonctionnement du
tourisme sénégalais indique que la centralisation est
marquée par la politique touristique du Sénégal qui
dérive du Système colonial et de la vision territoriale de l'Etat
par rapport à l'industrie de l'accueil9.
Le dispositif de gouvernance du tourisme a pris ses
marques sur la politique territoriale de l'Etat qui elle-même a pris ses
marques sur le système colonial.
A. L'action de la colonisation
La colonisation qui à travers le système
d'encadrement spatial par la puissance publique s'est
matérialisée par un intérêt croissant sur un certain
nombre d'espaces. L'organisation du territoire national pendant la colonisation
a fait naître «Une répartition profondément
inégale de la fonction urbaine, entre une ville omnipotente,
monopolisant les fonctions de commandement dans tous les domaines et
connaissant un gonflement humain très rapide et d'autre part un semis de
petits centres, à peu près tous au même niveau, sans
qu'aucune véritable capitale régionale n'exerce de pouvoir sur
eux tous à plat face à la grosse tête: c'est l'organisation
(ou la désorganisation) macrocéphale ».10
Cette disposition à aménager cette partie s'est renforcée
grâce à la position géographique et aux nombreuses
potentialités qu'offrait cette frange occidentale du pays. Ainsi,
Saint-Louis capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF) et Dakar
devenu capitale depuis 1902 ont vu leurs zones d'exploitation s'élargir
au profit du reste du pays. C'est dans ce contexte que la France décide
d'ériger en 1916 Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque en
communes françaises appelées les quatre communes. Ces lieux qui
avaient le statut de la citoyenneté française ont pu
bénéficier des infrastructures et des moyens de transport. Ainsi,
le port de Dakar était relié chaque semaine à Marseille et
Bordeaux avec les navires de l'époque. Les quatre (4) communes
étaient les premières zones à avoir des plans cadastraux.
C'est l'exemple du plan
9 Stefan Fraenkel et Ray F. Iunius:
Industrie de l'Accueil : Environnement et Management, collection Les
métiers du tourisme, éditions de Boeck
Université, 1re édition, 2008.
10 Bulletin de la société Languedocienne
de Géographie, Tome 16 Fascicule 1-2-Montpellier 1982, I Les villes
dans l'Espace, les Réseaux Urbains en Afrique Noire de la
Pyramide à la Macrocéphalie, Y. MARGUERAT, page 20.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
cadastral de juin 1858 fait par le chef de bataillon
du génie Emile Pinet-Laprade, véritable fondateur de Dakar. Dans
les années 1920, le développement du transport aérien fait
de Dakar le centre de l'aviation civile. En 1925, Jean Mermoz effectue un
trajet sur la ligne Casablanca-Dakar et le 10 mai 1927 Mermoz inaugure la ligne
Toulouse-Saint-Louis sans escale. L'accessibilité de ces deux
premières capitales constituait un atout favorable pour la mise en place
du tourisme. Le Touring-Club de France organise des caravanes à Dakar et
Saint-Louis et dans les années193011un syndicat d'initiative
est créé à Dakar. L'illustration du 29 février 1936
qui avait pour référence «Le tourisme en AOF»
corroborait l'idée selon laquelle le tourisme colonial restait
lié aux zones côtières. Jean Baptiste Léonard Durand
confirmait aussi ce même thème dans son ouvrage «Voyage au
Sénégal: 1785-1786». Ainsi, Les territoires littoraux
constituaient des pôles économiques et des centres
décisionnels pour la puissance coloniale. Cette déstructuration
spatiale au temps colonial s'est affirmée à travers la vision du
pouvoir colonial, de créer des zones agro-industrielles, des zones
d'acheminement, des zones commerciales et d'échange servant de lieux
stratégiques pour l'exportation des ressources exploitées
à l'intérieur de la colonie. Cela a fait de la zone ouest du
pays, le centre d'action économique et la plate-forme
infrastructurelle.
B. Le rôle de l'Etat dans le dispositif
territorial
Le Sénégal est un pays qui dispose d'un
projet d'aménagement territorial depuis la période coloniale et
postcoloniale. Cette disposition à faire de l'espace une zone
d'influence s'est constatée par la problématique et le contexte
de l'approche territoriale du développement. Après
l'Indépendance, les autorités coloniales ont légué
au Sénégal les équipements urbains et les infrastructures
de transport. A partir de 1960, le Sénégal a presque poursuivi la
même démarche de planification spatiale axée sur
l'exploitation de ressources et de biens. De 1960 jusqu'à l'accession au
pouvoir de Maitre Abdoulaye Wade, la vision de l'aménagement du
territoire du Sénégal est restée homogène du fait
de l'éclosion et de l'émergence d'une manière rapide d'une
partie du territoire national au profit du reste du pays laissé en rade.
Cette empreinte géographique indique que «La surimpression des
politiques successives des présidents Senghor, Diouf et Wade a
imprimé au territoire national un profil marqué par de fortes
inégalités régionales risquant de saper les
équilibres sociétaux
sénégalais».12 Les décisions en
matière d'organisation territoriale concernaient un
«Sénégal-Dakar»13 qui se restreint à
Dakar à l'opposé d'un «Sénégal-vide» qui
n'attire aucun
11Www.Wikipedia.org/TourismeauSénégal
12
Books.google.com/books/about/L_aw%?...ÐoYsulter
le 22/02/2014
13
SeYeYe?s.Ðow/.../seYegal-repensons-notre-aménagement-du-territoire-39956.html
consulté le 22/04/2014
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
investissement pouvant participer à
l'équilibre zonal et économique du pays. Une comparaison peut
être fondée à ce que Jean François Gravier prouvait
pour la France en 1947 dans son ouvrage titré «Paris et le
désert Français» où il exprimait l'écart
croissant qui existait entre la capitale Paris et le reste de la France. Ce
constat applicable à cet ensemble spatial fait voir une capitale
sénégalaise macrocéphale qui ne représente que
0,28% du territoire national14 et regroupe 19% de la population
nationale et 50% de la population urbaine15. Le principal fardeau de
l'aménagement dans les pays de l'Afrique Occidentale Française
(AOF)16à l'exemple du Sénégal est
l'hypertrophie des villes capitales comme Saint-Louis et Dakar17
anciennes capitales de l'Afrique Occidentale Française (AOF). Cette
situation bicéphale ou macrocéphale s'est amplifiée dans
les années 70 avec comme influence le mauvais développement de
l'espace rural et l'accroissement de la population urbaine. Ce
phénomène d'inégalité spéciale a pour effet
la concentration des villes à l'Ouest et un peu au centre et une
armature urbaine caractérisée par une métropole
démesurée par rapport aux autres
agglomérations.18Cette volonté de
privilégier la partie ouest du pays se renforce du fait de la
concentration de plus de 85% des industries et de la quasi-totalité
des services administratifs et financiers19 dans la
région de Dakar. La stratégie de gestion territoriale depuis 1960
n'a pas pu valoriser les zones situées à l'intérieur et
à l'extrême Est du pays. Entre Saint-Louis, Thiès, Dakar
d'une part et Tambacounda, Matam, Kédougou...d'autre part, il existe un
grand fossé économique, infrastructurel et communicationnel
découlant d'un management spatial imprécis limitant le
développement économique de ces zones
déstructurées. Les politiques territoriales ainsi menées
jusqu'ici confirment que le Sénégal est constitué d'un
espace mal organisé, d'un territoire déséquilibré,
des ressources et des ressources naturelles surexploitées ou mal mises
en valeur.
1. La perception du tourisme par les religieux et les
communautés locales
Aussi, au Sénégal, les facteurs
affectant le bon fonctionnement de l'industrie de l'accueil sont le refus du
pouvoir religieux et la mauvaise appréciation des populations sur
l'effet positif du tourisme. Les religieux sont peu enclins à
l'implantation du tourisme dans les espaces à connotation religieuse.
Cette position idéologique est due à la mauvaise
14 Idem
15
Thieeko.seneweb.com/la-proïlématique...
article de Dr Mame Cheikh NGOM, géographe, consulté le
23/02/2014
16 Afrique Occidentale Française crée le
16 juin 1895, est une fédération groupant, entre 1895 et 1958,
huit colonies françaises d'Afrique de l'Ouest
17Www.codesria.org/IMG/pdf/mbowlatrajectetat.pdf
consulté le 22/02/2014
18 Idem
19Www.recherches-africaines.net/document.php?id=1219-
consulté le 23/02/2014
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
compréhension, à la faible promotion et
publicité de l'industrie touristique et à l'image
écornée de cette branche du secteur tertiaire. Pour les
populations locales, le touriste est une personne de vices ou une personne qui
ne vient qu'appauvrir le legs culturel. Certaines communautés pensent
que la présence de l'hôtellerie en partie dans leur milieu est la
source de l'acculturation et de la déperdition de la population locale.
Ce sentiment de réserve et d'appartenance ethnique et religieuse marque
son empreint dans l'agencement des activités touristiques. Donald-Cruise
O'Brien déclare que : «L'Etat manque de
légitimité, les populations étant loin d'être
convaincues de son droit à réguler la vie sociale. On a souvent
eu recours à des autorités coutumières, ou aux
éléments de l'élite ayant collaboré avec le
gouvernement colonial, notamment les marabouts de confréries soufies
musulmans. Cette élite surtout maraboutique, a réussi à
conserver la légitimité qui manquait à
l'Etat».20 O'BRIEN souligne que l'Etat se laisse aller
parce que c'est l'élite maraboutique qui dicte sa loi et se refuse de se
conformer aux dispositions édictées par l'administration
étatique. Le guide religieux est une personne qui ordonne et qui
restreint le champ d'intervention de l'Etat. La religion joue un rôle
prépondérant dans la géopolitique et dans l'organisation
de l'espace sénégalais. GERVASONI et al. précisent que
«L'attachement des populations à leurs marabouts, qui
détiennent un pouvoir de décision fort sur les fidèles a
favorisé cette situation. L'Etat sénégalais s'est
consolidé en les utilisant pour renforcer sa légitimité
et, en retour, leur octroi des avantages».21Ce
privilège accordé à la puissance religieuse fait
que l'Etat est hésitant sur certaines de ses décisions de
structuration territoriale. Pour ce qui est du tourisme, il est noté que
les zones à forte connotation religieuse sont celles qui sont les plus
contraignantes à l'expansion du tourisme. C'est l'exemple de Popenguine,
Tivaouane, Touba, Diassane, Médina Gounass, Kaolack et tant d'autres
aires géographiques à forte implication religieuse. Cette
position catégorique de l'élite dévotionnelle de vouloir
restreindre la fulgurance touristique est parmi les causes de la concentration
territoriale de l'industrie touristique.
2. L'évolution des politiques
d'aménagement touristique
L'aménagement est une organisation transversale
du territoire qui suppose le regroupement de toutes les branches de
l'économie nationale en vue de répondre au développement
économique. Le secteur touristique s'appuie sur la diversité des
secteurs
20Donald-Cruise O'Brien,
Le sens de l'Etat au Sénégal, in Momar
Coumba Diop (dir.), Le Sénégal contemporain, Karthala,
Paris, 2002, page 502.
21 Gervasoni, Olivia, Gueye, Cheik, La
confrérie mouride au centre de la vie politique
sénégalaise, dans Gomez-Perez, Muriel (direction), Islam
politique au sud du Sahara, Paris, Karthala, chapitre 27.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
économiques pour pouvoir étendre son
aire d'influence, émettre des politiques et attirer des investissements
et des touristes.
Ensuite, les techniques de management territorial
découlant de l'idéologie coloniale et étatique se
répercutent sur l'agencement de l'espace consacré au
tourisme.
Dans son rapport de 2011, le Forum Economique Mondial
à travers son Indice de Compétitivité Voyages et tourisme
a classé le Sénégal à la 108e place sur
139 en 2011 selon le sous-indice: Environnement des affaires, la qualité
des infrastructures et la compétitivité-prix. Le
Sénégal a perdu dix (10) places en 2011 par rapport à 2009
suivant le cadre réglementaire des voyages et du tourisme, ce qui l'a
fait reculer jusqu'à la 111e place.22 Cette
régression est marquée par l'environnement spatial du tourisme et
les politiques s'y affairant.
Le Ministère du Tourisme et des Transports
Aériens (MTTA) est l'instance gouvernementale du tourisme au
Sénégal. Sous l'autorité du premier ministre, le ministre
du tourisme met en oeuvre la politique adoptée par le chef de l'Etat
dans les domaines du développement touristique et de la promotion des
loisirs conformément au décret 2003722 du 26 Septembre 2003 .La
concentration du tourisme au Sénégal est née de
l'évolution des politiques touristiques qui sont les points de
départ de l'agencement des structures et infrastructures touristiques.
Les premier et deuxième plan d'avant 1960 privilégiaient la
construction de réceptifs pour ne pas s'enliser dans la dynamique
continentale du tourisme. Ces deux phases constituent le début du
tourisme. Le départ du tourisme est marqué par une petite
présence d'hôtels à Dakar. Cette première phase est
similaire au troisième plan (19691973) et au quatrième plan
(1973-1977) qui ont réalisés la structuration spatiale de
Gorée, Petite Côte, Région du Fleuve etc...Pour ce qui est
de Gorée, l'Etat voulait conserver le patrimoine de l'ile via
l'aménagement touristique. Cette restructuration favorisait la
connaissance et la préservation des ressources historiques, culturelles
et naturelles de Gorée. Cette phase a vu naitre l'implantation de peu
d'investisseurs parce que l'espace n'était pas aménagé.
Les études d'aménagement développées dans le
troisième et quatrième plan ont été
prolongées par le septième plan (1985-1989) et le huitième
plan (1989-1995) qui ont favorisés la reconstruction, la restructuration
des secteurs publics et parapublics, l'amélioration de la gestion et
l'accomplissement des programmes d'aménagement du Cap Skirring et de
Saly Portudal inaugurée le vingt-quatre (24) février 1984. C'est
une phase pendant laquelle le Sénégal a vu l'établissement
des investisseurs européens notamment les français sur la Petite
Côte (Saly Portudal) et sur les régions sud du pays (Cap
Skirring). Finalement, le neuvième
22 Indice de compétitivité voyages et
tourisme, Forum Economique Mondial.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
plan (1995-2001)23 est le prolongement des
objectifs définis depuis l'année 1995. Toutes ces politiques
d'aménagement touristique n'ont eu comme réceptacle, la frange
côtière.
3. La responsabilité de la SAPCO
De la création de la SAPCO qui avait pour nom
Société d'Aménagement et de la Promotion de la Petite
côte, l'Etat du Sénégal lui avait chargé
d'aménager seulement les zones situées au niveau de la Petite
côte de Bargny (Miname) jusqu'à la Pointe de Sangomar. Depuis sa
création jusqu'en 2004, la SAPCO n'avait pour tâche que
l'aménagement et la promotion de la Petite Côte se rapportant
à la zone Sud-ouest de Dakar. Cette limitation de compétences a
fait que la Petite côte est devenue le centre du tourisme au
Sénégal pendant une trentaine d'années. Malgré
l'extension de son pouvoir sur l'ensemble du territoire depuis 2004, la SAPCO
continue à réaliser des projets d'aménagement sur la
frange côtière (Grande Côte et Petite Côte). Sur ce
point, connaître l'influence du littoral sur le tourisme consiste
à présenter les différents projets prioritaires de la
SAPCO. Ces projets d'aménagement qui ne touchent que la côte se
répartissent sur trois niveaux: le littoral nord, la Petite Côte
et la côte sud.
? D'abord, la zone nord est choisie à partir
des potentiels d'attraits touristiques. Ces derniers sont constitués
d'aires protégées (Réserve de Biosphère
Transfrontalière du Fleuve Sénégal, Parc National des
Oiseaux du Djoudj et de la Langue de Barbarie, de la Réserve
Spéciale de Faune de Guembeul et du Ndial, de la Réserve
Naturelle de Diokoul et du Ndiawrigne), d'Aire Marine Protégée de
Saint-Louis, de la Réserve Nationale des Zones Humides (Mangrove du
Gandiolais et de Saint-Louis et du Lac de Guiers) et
d'écosystèmes fragiles (les Niayes, les plages, les lagunes, les
milieux insulaires, les dunes et Forêts classées). Pour cette
partie du pays, le Plan d'Aménagement et de Développement
Touristique Durable s'intègre au Schéma Directeur
d'Aménagement de la Grande Côte Nord. Ce site touristique regroupe
une dizaine de réceptifs hôteliers établis sur une frange
littorale sans aménagement préalable. Les nouveaux projets
s'ajouteront aux établissements déjà existants, ce qui
renforce la forte présence des Unités d'Hébergement
Touristique (UHT) sur la frange littorale du pays.
? Ensuite, la Petite Côte, qui depuis
l'avènement du tourisme au Sénégal, est
considérée comme la zone la plus convoitée pour le
développement de l'industrie touristique. En matière de tourisme,
cet espace côtier est le lieu qui concentre le plus de
projets
23 Evolution des politiques touristiques au
Sénégal : www.Sapco.sn
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
d'aménagement. Apres la création de la
Station Balnéaire de Saly Portudal, L'Etat du Sénégal
s'est décidé d'aménager de nouveaux sites touristiques sur
la Petite Côte:
La Pointe Sarène située à 15 km
au sud de Saly et à 95 km de Dakar. Elle occupe une superficie
aménagée de 75 hectares et détient une Unité
d'Aménagement Touristique (UAT) constituée de cinq (5) parcelles
hôtelières de superficies variant de 5 à 10 hectares. Ces
parcelles auront chacune une façade minimale sur mer de 250
mètres avec une capacité de 2000 chambres. Il y aura aussi 120
villas haut de gamme alignées et offrant une vue panoramique sur la mer,
une plazza commerciale avec boutiques, restaurants et services touristiques.
Cette zone bénéficiera d'infrastructures (voies de circulation,
électricité, éclairage, télécommunication et
traitement des eaux) et recevra un cout de financement de 11 milliards de F CFA
(16,8 millions d'euros).
Mbodiène situé à 25 km de Mbour,
20 km de Saly et 100km de Dakar est aménagé sur une aire de 300
hectares. La description de ce projet d'aménagement révèle
l'existence de quatre (4) grandes sous unités hôtelières de
superficie variant de 50 à 80 hectares avec une façade maximale
sur lagune de 1 km pour un nombre total de 6000 chambres, deux plazzas
commerciales avec boutiques restaurants, comprenant un
amphithéâtre pour les activités culturelles de plein air,
deux terrains de golf de 18 trous le long de la route nationale. Cette
structuration spatiale concerne aussi la mise en place d'un parc d'attraction
thématique.
Pour ce qui est de Joal Finio, l'Unité
d'Aménagement Touristique (UAT) comportera des parcelles
hôtelières de 250 chambres avec des installations
récréatives et de détente, une allée commerciale
avec 2 placettes de boutiques donnant accès à une promenade
riveraine, une aire de jardin type de l'écologie côtière et
dunaire, une aire de plage de 750 mètres de long constituant le domaine
public maritime, un amphithéâtre pour les activités de
plein air. Le coût du projet est évalué à 1,5
milliard de Francs CFA (2,3 millions d'euros) pour les infrastructures
(électricité, éclairage, télécommunication,
voie de circulation...) et un ensemble hôtelier (réceptifs
hôteliers, espaces commerciaux, espaces commerciaux et espaces
administratifs) estimé à 6,5 milliards (10 millions
d'euros).
Aujourd'hui, le Delta du Saloum grâce à
la beauté de ses sites et à la richesse culturelle de ses
habitants est le lieu de convoitise de l'industrie touristique. Le Plan
d'Aménagement et de Développement Touristiques Durable a retenu
sept (07) sites pour abriter des infrastructures touristiques. Les projets de
développement du Port de Foundiougne et de Kaolack vont être un
levier pour la réalisation des sites identifiés (Fatick, Kaolack,
Ndolette, Foundiougne, Sandicoly, Missirah, Fimela Simal). L'aménagement
du Delta du Saloum se fera sur une superficie de 175 hectares. La
volonté de réaliser des Unités
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
d'Aménagement Touristique ne se limite pas
à la zone nord, à la Petite Côte et au Delta du Saloum, il
existe un programme d'aménagement qui s'intéresse à la
zone sud.
Qui dit Zone Sud, parle de Ziguinchor, Sédhiou
et Kolda. L'aménagement de la zone sud touche deux parties dont la
première concerne le programme d'élaboration de masters plans sur
toutes les zones d'intérêt touristique capables d'accueillir une
plate-forme touristique servant de pôle de structuration du potentiel de
ce terroir, ensuite la deuxième phase vise la requalification de la
station balnéaire du Cap Skirring. Le développement des projets
d'aménagement et de requalification touristique sur la frange
côtière renforcent la concentration de l'activité
touristique.
4. Les moyens de transports de soutien au tourisme
Les infrastructures de soutien au tourisme sont
insuffisantes et peu présentes pour la croissance de celle-ci. Cette
situation constitue un grand handicap pour l'accessibilité des sites
touristiques de l'intérieur et demeure une contrainte pour la
valorisation des potentialités touristiques de ces lieux. En
matière de transport aérien, la desserte de la DESTINATION
SENEGAL se fait à plus de 90% par avion. L'émergence touristique
de certains territoires reste retardée par la présence d'une
seule compagnie aérienne à l'image de Sénégal
Airlines dont l'actionnariat est de 64% pour le secteur privé national
et 36% pour l'Etat du Sénégal. Cette compagnie nationale qui y a
débuté ses activités en janvier 2011 avec 2 avions de type
Airbus A320, a enrichi progressivement sa flotte qui compte aujourd'hui 4
appareils dont 3 Airbus A320 et un ATR72-50024.Le pavillon national
Sénégal Airlines qui malgré la détention exclusive
des droits de trafic intérieur ne parvient pas à desservir
convenablement la destination et à attirer la clientèle
touristique. Le réseau aérien existant du Sénégal
est constitué d'un aéroport de classe internationale (Dakar), de
4 aéroports secondaires (Saint-Louis, Ziguinchor, Cap-Skirring et
Tambacounda) et de 12 aérodromes peu fonctionnels. L'aéroport de
Cap-Skirring est incapable de recevoir de gros porteurs à cause de la
mauvaise qualité de sa piste d'atterrissage et la
non-fonctionnalité de la cuve à kérosène.
Ziguinchor étant l'une des régions les plus enclavées et
la plus touchée par la crise casamançaise reçoit 2
liaisons aériennes Paris-Cap Skirring et 2 vols intérieurs
Dakar-Ziguinchor-Dakar. Cette situation ne favorise pas la promotion de
l'investissement touristique dans cette région du fait qu'il y a peu de
flux touristiques. Les autres aéroports sont peu desservis de
l'international du fait de l'état de leurs infrastructures
aéroportuaires. Le Sénégal ne dispose pas d'un bon
réseau ferroviaire digne de booster l'exploitation des ressources
touristiques et de mener vers
24 Brochure Sénégal Airlines reçu
lors de la FIDAK au niveau su Stand du MTTA.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
de l'avant le développement des micros
territoires touristiques. La dégradation du réseau ferroviaire
demeure une question d'actualité. La destruction de la ligne ferroviaire
constitue une entrave majeure pour la branche touristique nationale. Long de
573 kilomètres, la ligne ferroviaire ne traverse que le trajet
Dakar-Tambacounda-Kidira. Ceci contribue faiblement au développement du
tourisme. Aussi, la desserte maritime est très insuffisante. Le bateau
Aline Sitoé Diatta fait 2 rotations par semaine entre Dakar et
Ziguinchor. Ce bateau est le seul navire qui relie la capitale
sénégalaise à la zone sud-ouest du pays. Au nord du
Sénégal, le Bou El Mogdad est l'unique bateau de croisière
qui effectue quelques rotations entre Saint-Louis et Podor. Le Port Autonome de
Dakar (PAD) constitue le premier lieu d'entrée des croisiéristes
internationaux avec comme chiffre 8.997 en 2011 et 4.982 en 2012. (Source D.E.P
(Direction des Etudes et de la Planification)25.Les ports au
Sénégal à l'exception du PAD (Port Autonome de Dakar)
n'ont pas un standing international. Malgré la longueur de ses
différents fleuves et la beauté de sa faune et de sa flore, le
Sénégal n'est pas encore dans la mesure d'attirer les bateaux de
croisière internationale.
5. Les équipements de soutien au tourisme
Dans le tourisme, les équipements routiers sont
devenus un grand levier pour l'accessibilité des lieux touristiques, les
transferts touristiques et la mobilité des visiteurs. Au
Sénégal, les routes sont de mauvais état. Les routes du
Parc de la Langue de Barbarie, du Parc de Niokolo Koba présentent une
image qui n'est pas confortable pour le déplacement des touristes. Les
axes routiers de Kolda-Dianamalary-Sédhiou, de Gouloumbou-Kolda, de
Kolda-Médina Yoro Foula-Mandadouane, de
Kédougou-Dindéfélo, de Fatick-Kaolack, de
Diannah-Abéné, de Kidira-Matam-Podor26, des axes
routiers du centre...sont des défis majeurs pour la bonne marche du
tourisme sénégalais. Ce manquement en matière
d'infrastructures routières favorise la concentration du tourisme dans
un certain type d'espace urbain à savoir le littoral
occidental.
6. Les services de soutien au tourisme
La majorité des services de soutien au tourisme
se localise dans la région dakaroise. L'offre de santé est bien
présent à Dakar, toutefois les infrastructures de santé de
grand standing sont faibles, voire absents dans les sites touristiques
situés en milieu rural. Malgré l'effort croissant que fait le
gouvernement sénégalais dans le domaine de la santé, les
infrastructures sanitaires se répartissent inégalement sur le
territoire national surtout dans les
25 Plan Stratégique de Développement
Durable du Tourisme au Sénégal (2014-2018) réalisé
par le MTTA et la JICA, 24 décembre 2013
26 Tableau des recommandations du Conseil
Interministériel sur le Tourisme de 2012.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
régions Sud-est, centre et Nord-est. Ce
même constat est noté pour les centres et salles de
théâtre. La région de Dakar détient 2 salles de
théâtre à l'image du Théâtre National Daniel
Sorano et du Grand Théâtre. En plus de cela, la Région de
Dakar bénéficiera d'un centre de conférence
implanté à Diamniadio et dont les travaux finiront d'ici juillet
2014. Grâce à ses équipements, la région de Dakar
accueille des foires comme la Foire Internationale de Dakar (FIDAK), la Foire
Internationale du Livre de Dakar (FILDAK) et la Foire Internationale de
l'Agriculture et des Ressources Animalières (FIARA) sans oublier le
TICAA. Cette richesse en qualité d'équipements d'affaires fait de
Dakar le Business Center du Sénégal. Les infrastructures
de loisirs et de détente se localisent pour l'essentiel à Dakar.
Il s'agit des 2 casinos de Dakar et du parc de loisirs Le Magic Land. Dans le
domaine sécuritaire, la capitale Dakar est la seule région qui
possède une police touristique. L'offre en matière de
sécurité n'est concentrée que dans les grandes
régions comme Dakar. Le réseau de télécommunication
est peu existant au niveau du Parc de Niokolo Koba, la zone de Carabane,
Kidira, Kédougou...
En somme, tous ces éléments ont
participé à la concentration du tourisme
sénégalais. Cette centralisation a engendré aujourd'hui
des conséquences sur l'industrie touristique.
II. LES CONSEQUENCES
A- Inégale répartition de l'activité
touristique
La concentration de l'activité touristique est
un phénomène notoire au Sénégal. Cet état de
fait est sujet à des déséquilibres en matière de
répartition des structures hôtelières et para
hôtelières, des établissements de restaurations
touristiques, de la disposition des agences de voyage, de la répartition
des guides et écoles de formation.
1. La répartition des structures
hôtelières et para hôtelières
Les données du Ministère du Tourisme et
des Transports Aériens en 2013 laissent pour leur part apparaitre un
total de 744 réceptifs hôteliers. Cet ensemble se rapporte aux
hôtels, auberges, campements et aux résidences et appartements
meublés. Les établissements touristiques ne sont pas bien
répartis au Sénégal. Sur un total de 250 hôtels, les
Régions de Dakar, Thiès, Ziguinchor et Saint-Louis occupent les
parts les plus importantes avec 85,6% du total. Pour les autres régions,
il se révèle que seul 14,4% des hôtels se localisent dans
les régions de Louga, Kédougou et Matam (4), Diourbel et
Sédhiou (1), Tambacounda (10), Kolda (3) et Fatick (7). Ces chiffres
montrent trois types de territoires touristiques inégalement
répartis. Le premier cas touche les grandes régions touristiques
de Dakar et Thiès (59,2%) qui tirent parties des politiques de
restructuration spatiale ou d'aménagement touristique. Le
deuxième groupe se rapporte aux régions de Saint-Louis et
Ziguinchor (25, 37
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
hôtels) qui totalisent 24,8% du total national.
Le dernier groupe regroupe les régions de Louga, Matam, Diourbel,
Fatick, Kaolack, Kaffrine, Tambacounda, Kédougou, Kolda et
Sédhiou qui cumulent 14,4% sur l'ensemble des hôtels au
Sénégal. La capacité hôtelière de ces
dernières régions ne fait pas la moitié de la
région de Dakar. L'analyse faite sur l'offre hôtelière
indique que la déduction qui émane de ce
déséquilibre est la bicéphalie de l'offre
hôtelière: Dakar et Thiès (Saly Portudal).
Egalement en ce qui concerne les auberges, la
répartition par région indique une inégalité
très remarquable. Sur 231 auberges, il s'est illustré que les
régions de Dakar, Thiès, Saint-Louis et Ziguinchor
représentent 82,69% du total. Les autres régions ne disposent que
de 17,31%. Les auberges se concentrent ainsi sur la frange occidentale du
pays.
Ensuite, le Sénégal possède 182
campements mais ce sont les régions littorales qui détiennent
67,59% sur l'ensemble des campements disponibles au plan national. Pour les
autres régions, elles représentent 32,41%. La région de
Matam qui ne dispose pas de campement touristique est marginalisée par
rapport à l'activité touristique.
Enfin, parler de réceptifs touristiques
consiste à y inclure aussi les résidences et appartements
meublés. Au Sénégal, les données affichent un
ensemble de 81 résidences et appartements meublés. La capitale
sénégalaise (32,10%) et Thiès (64,20%) concentrent les
96,30% alors que Kaolack (1,23%) et Ziguinchor (2,47%) ne détiennent que
3 résidences-appartements meublés sur les 81
disponibles.
En somme, il existe une réelle
différence en termes d'infrastructures touristiques. Le parc
hôtelier et para hôtelier est concentré le plus
particulièrement à Dakar, Thiès et Ziguinchor.
2. L'inégale disposition des restaurants
touristiques
La capitale sénégalaise qui tire profit
de sa situation administrative, politique et économique est le premier
site touristique qui détient le plus grand nombre de restaurants. Cette
situation est due au fait que l'approvisionnement en matières
premières et l'importation des denrées alimentaires est plus
facile pour la région de Dakar. La majeure partie des provisions
provient de l'extérieur et de Dakar (Viande, fruits, légumes,
lait, eau minérale, sucre...). Cette situation constitue un handicap
pour les régions de l'intérieur du pays. Sur un total de 231
restaurants touristiques27, Dakar occupe la première place
suivie de la région de Thiès. Des régions comme
Sédhiou, Matam, Kédougou, Fatick, Diourbel, Tambacounda sont
dépourvues de restaurants touristiques. La forte présence des
infrastructures touristiques sur
27 PSDT (2014-2018), le décret sur les
restaurants touristiques existe mais il n'a pas encore
été validé
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
l'axe Dakar-Thiès joue ainsi sur la disposition
spatiale des restaurants. L'inexistence de relais fournisseurs diminue les
possibilités d'établissement des restaurants touristiques
à l'intérieur du pays.
3. Le déséquilibre sur la
répartition des agences de voyage
Le Sénégal compte 335 licences d'agences
de voyage et de tourisme. La région de Dakar avec 76,41% est le premier
site touristique qui détient le plus d'agences de voyage. La
région de Thiès avec 60 agences de voyages possède les
17,91%. A elles seules, ces deux régions concentrent les 94,32% de
l'ensemble national. Les régions de Tambacounda, Ziguinchor, Diourbel,
Saint-Louis totalisent 05,68%. A l'inverse, les régions comme Matam,
Kédougou, Kolda, Sédhiou, Kaffrine, Louga, Fatick, Kaolack ne
sont pas pourvues d'agences de voyage.
4. Le déséquilibre sur l'arrangement des
guides touristiques
L'activité indispensable qui pouvait mieux
promouvoir les potentialités des sites touristiques de
l'intérieur du pays demeure le guidage. Au Sénégal, le
nombre de guides touristiques est chiffré à 531 dont 21 guides
titulaires et 510 guides auxiliaires. L'activité de guidage est
inégalement organisée sur l'ensemble du territoire. A peu
près 47% des guides touristiques résident dans la capitale
sénégalaise. Ce déséquilibre est l'un des
fondements de la méconnaissance de certaines zones touristiques et de la
mauvaise qualité des prestations fournies en zones rurales.
5. L'inégale disposition des écoles de
formation
La concentration touristique a aussi joué sur
la répartition des écoles de formation. L'offre de formation est
gérée par 22 établissements privés et une
école publique Ecole Nationale de Formation Hôtelière et
Touristique / Cheikh Amala Sy (ENFHT/CAS). L'offre de formation aux
métiers de l'hôtellerie et du tourisme est concentrée
à Dakar, Thiès, Ziguinchor et Saint-Louis à
l'opposé des autres régions du pays où il n'en existe pas.
Cette circonstance ébranle la qualité des prestations
touristiques des ressources humaines en milieu rural ou
périurbain.
En résumé, le niveau des prestations
touristiques est satisfaisant dans les zones à forte présence
d'infrastructures touristiques comme Dakar, Thiès, Saint-Louis et
Ziguinchor. Mais il apparait que dans les lieux comme Tambacounda, Matam,
Kédougou, Diourbel, Kolda
etc. la faible
présence des équipements touristiques réduit leurs chances
de compétitivité. Cet état de fait affaiblit
l'émergence du tourisme des zones de l'intérieur du
pays.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
B- Le coût du foncier, la cherté du produit
touristique et l'insécurité
1. Le coût du foncier
L'immobilier occupe une place importante dans
l'industrie touristique. Le foncier est une matière primordiale pour la
mise en place des projets touristiques. Son importance et sa
spécificité font l'objet de plusieurs controverses. Au
Sénégal, il est prouvé que les zones de forte connotation
touristique sont des espaces où le coût du foncier se fait le plus
sentir. Le tourisme sénégalais marque ses empreintes sur le prix
de l'immobilier. La forte demande sur les espaces littoraux est à
l'oeuvre de la haute valeur du foncier. Selon Jean-Louis Caccomo
«Comme le tourisme est un phénomène sociétal
complexe, il est lui-même à l'origine d'une grande
variété d'externalités.» Pour ce qui est des
espaces, l'implantation touristique accroit le coût du foncier. Le
tassement de l'activité touristique sur une zone donnée
intensifie le prix d'acquisition et de location immobilière. Au fur et
à mesure que la demande touristique progresse, les acteurs touristiques
se confrontent au défi de la cherté de l'immobilier. Au
Sénégal, les zones touristiques qui sont affectées par
cette action sont Dakar, Saly Portudal, Cap Skirring, Saint-Louis et une partie
des Iles du Saloum. La forte présence des établissements
touristiques sur le littoral sénégalais et la valeur de ces sites
sont les raisons de la cherté du foncier. Tout récemment «Le
problème des baux des hôteliers, installés sur la
façade maritime, a été également
abordé»28 par les acteurs de la station balnéaire
de Saly Portudal. Le titre foncier numéro 638MB cédé par
l'Etat à la Société d'Aménagement et de Promotion
des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO) a
été instauré pour une durée de 50 ans.29
Mais le 2 octobre 2012, l'Etat du Sénégal avait retiré le
bail à la Société d'Aménagement et de Promotion des
Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO) pour ensuite
céder ce même bail aux hôteliers. Maintenant, ce sont les
hôteliers qui doivent verser directement les redevances foncières
à l'Etat. La pression foncière est née de la concentration
de l'activité touristique. Les avantages du littoral ont amené
les promoteurs touristiques à se ruer sur le domaine public maritime
(moins de 100 mètres). En définitive, la concentration
touristique est la marque de la pression et de la spéculation
foncière.
2. La cherté du produit touristique
Aussi, l'autre effet qui provient de la centralisation
de l'activité touristique est la cherté du produit ou service
touristique. La monotonie du produit balnéaire ne favorise pas un climat
concurrentiel dans le tourisme. Lorsqu'il y a une concurrence pure et parfaite,
les
28 L'OBSERVATEUR N°2?33 du Lundi 01
Juillet 2013, page ?: sécurité, assainissement, érosion
côtière, domaine maritime, visa des touristes...
29 Emission LEERAL de la RTS1 du 30/07/2013
dédiée au tourisme dans la station balnéaire de Saly
Portudal.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
acteurs du tourisme se lancent à innover leur
production. La diversité du service et du produit touristique exerce une
action baissière sur le prix de vente. La
«balnéarisation» du tourisme sénégalais
n'encourage pas les acteurs de la chaine de valeur à baisser le prix des
produits et services. Pour les zones où les équipements
touristiques sont privés d'aménagement préalable, les
coûts de production se trouvent ainsi élevés. Ceci est
dû au fait qu'il n'y a pas de relais susceptibles d'acheminer,
d'héberger les touristes et d'approvisionner les réceptifs
touristiques en matières premières. Par exemple, les entreprises
de transport touristique se trouvent confrontées à un surplus de
temps dans les lieux dépourvus d'infrastructures adéquats. Donc,
la concentration de l'activité diffuse ses effets sur le montant des
prestations touristiques (hôtelières,
aériennes...).
3. L'insécurité
Les espaces qui sont dépourvus de police
touristique et ceux qui absorbent le plus de touristes et de biens touristiques
sont les plus confrontés à l'insécurité.
L'Aéroport Léopold Sédar Senghor (ALSS) qui est la seule
infrastructure de dimension internationale reste lié à des cas de
vols et d'arnaques touchant des touristes30. Cette situation exerce
une influence sur l'image de marque de la destination Sénégal.
Pour ce qui est de la station balnéaire de Saly, un vol d'objets d'art a
été noté en 2013. Le propriétaire du Musée
Khelcom, Mourtada Diop se plaignait de cette circonstance qui devient de plus
en plus récurrent dans ce site touristique31. Les
problèmes sur l'éclairage public et
l'insécurité32 posent de sérieux obstacles aux
déplacements nocturnes. Les touristes ont peur d'être
agressés par les foules de marchands ambulants et de délinquants.
Le climat touristique qui est «L'ensemble des biens et services
publics qui permettent d'assurer l'accueil et le séjour des touristes
dans les meilleurs conditions de confiance, d'accueil et de
sécurité»33 est
détérioré par l'inexistence de police touristique dans les
sites touristiques comme Cap Skirring, Ile de Gorée, Saly,
Saint-Louis...
C- Faible diversification de l'offre touristique
La diversité culturelle et naturelle n'est pas
exploitée dans son intégralité. L'offre touristique
nationale ne tire pas avantage de la richesse culturelle et naturelle.
L'observation de la chaine touristique du Sénégal montre que la
destination s'est formée autour d'un produit principal. Le
Sénégal s'est construit autour du produit balnéaire
d'hiver (3S34, les jeux
30 Journal de 08heures du 17/07/2013 de la radio ZIK
FM.
3131 Journal télévisé Le 20Heures du
Lundi 21 Juillet 201?, reportage de A. SOW sur le vol d'objets d'art
au
Musée Khelcom.
32 Emission LEERAL de la RTS1 du 30/07/2013
dédiée au tourisme dans la station balnéaire de Saly
Portudal.
33 Jean-Louis Caccomo:« Les Fondements
d'économie du tourisme: Acteurs, Marchés,
Stratégies», page 1??.
34 Sea, Sand, Sun : Mer, Plage et Soleil.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
nautiques, la plaisance, la planche à
voile...). La chaine balnéaire qui représente 50% de l'offre
connait une forte croissance avec l'aide des sites touristiques comme Saly
Portudal, Cap Skirring, ceux de la Petite Côte et de la Grande
Côte. Des packages liés au produit et service balnéaire
sont vendus par des Tour Operateur étrangers comme NF, Jet Tours, FRAM,
Le Club Med, Thomas Cook...La banalisation et la monopolisation du produit
balnéaire sur le principal marché qui est la France avec
près de 47% des arrivées internationaux35 sont les
vrais fardeaux pour l'élaboration d'un éventail de produits et de
services de qualité. Le produit balnéaire qui reste
concentré sur la côte constitue 65% de la capacité
totale36 (hôtels de loisirs et villages de vacances). Les
récents projets d'aménagement sur la Petite Côte et la
Grande Côte vont amplifier la valeur du tourisme balnéaire sur le
marché international. Les touristes connaissent mieux le tourisme
balnéaire que les autres formes de tourisme. Une analyse comparative
faite sur la production touristique montre un inégal usage des produits
touristiques.
Le tourisme d'affaires occupant une grande place dans
la capitale sénégalaise n'attireque14, 24%37 des
touristes qui viennent au Sénégal (2003 à 2012). Le
produit religieux ne profite pas encore à l'économie nationale
à cause de l'absence de circuit de distribution. L'offre touristique
consacrée au patrimoine naturel connait une faible visibilité sur
le marché mondial du tourisme. Le lieutenant Bayal Sow conservateur
adjoint du Parc National du Niokolo Koba (PNNK) précise qu'«Il n'y
a pas de campements, d'auberges et hôtels...»38 capable
d'héberger la clientèle touristique, mais aussi des pistes
routières susceptibles de faciliter la visite et le circuit des
touristes. Le Sénégal se voit perdre sa
compétitivité face aux grandes destinations de nature comme le
Kenya et la Tanzanie. Le tourisme de santé et le tourisme culturel
sénégalais sont peu connus des touristes occidentaux. La faible
qualité des infrastructures de santé et la
détérioration du patrimoine culturel à l'intérieur
du pays sont des facteurs qui dévalorisent ces deux formes
tourisme.
En bref, il est réputé que c'est le
balnéaire qui prime sur toutes les autres types de
tourismes.
D- Les risques sur le développement durable
Les externalités touristiques négatives
se rapportant en partie au développement durable peuvent être
appréhendées selon deux critères: la question du
bien-être et de la croissance économique et la
problématique des ressources naturelles.
35 PSDT (2014-2018)
36 APIX, kit chef de marché tourisme,
cahier d'opportunités filières
37 PSDT (2014-2018)
38 Journal Télévisé du 20HEURES
DU 04/12/2013 de la RTS1
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
1. La question du bien-être et de la croissance
économique
Alors que la croissance économique
s'intéresse à la question du niveau de vie, le bien-être
pose le problème de la qualité de la vie. Les deux notions sont
soutenues par le développement du tourisme. La concentration de
l'activité touristique fait voir deux types d'espaces
économiquement inégalitaires: les zones littorales et les espaces
de l'intérieur. Pour la première catégorie, les
populations bénéficient des dépenses des touristes. Les
emplois crées par le tourisme dans ces zones de grande concentration
permettent aux populations locales de tirer parti des retombées
économiques. Cet avantage est le fondement de la hausse du pouvoir
d'achat des communautés locales. Pour le deuxième cas, les
populations ne jouissent que d'une infime partie des retombées
économiques du fait de l'absence d'une gamme d'acteurs touristiques.
L'impact de la concentration de l'activité touristique au
Sénégal traduit d'une part le faible niveau et qualité de
vie des populations rurales situées en zone de faible implantation
touristique. La croissance économique accroit la demande en
matière de tourisme interne parce que le haut niveau de vie influe sur
le pouvoir d'achat. Et c'est ce pouvoir d'achat qui crée de nouveaux
types de touristes. Ainsi, la concentration de l'activité touristique et
le développement durable restent opposés parce que ce dernier
s'intéresse à l'équilibre social.
2. La problématique sur les ressources
naturelles
Vingt-deux ans après la conférence de
Rio 92 sur l'environnement et le développement, la question de la
dégradation des ressources naturelles reste cruciale. Au plan national,
la détérioration environnementale s'accentue par l'action des
courants littoraux, le vent mais aussi la topographie des fonds et l'action des
organismes vivants. Mais suivant la note technique du bureau marin du Fonds
Mondial pour la Nature (WWF): «Les aménagements artificiels des
plages permettent, en effet, de faire d'intéressantes observations sur
l'érosion et le transport des sédiments.» 39
L'aménagement touristique est en partie un des fondements de la
dégradation de la nature. Pour ce qui est de la centralisation de
l'activité touristique, il est avéré que
«L'impact des constructions artificielles en domaine est souvent
négatif.»40 Le regroupement des investissements
touristiques pesants et la construction d'UHT (Unité d'
Hébergement Touristique) sans aménagement préliminaire sur
la côte sont les
39 Vivre Autrement, Juin 2012, Dégradation des
écosystèmes littoraux et estuariens: coûts sociaux et
impacts, le
désastre en quelques faits et chiffres, page 57.
40 Idem
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
mobiles du désastre environnemental. La station
balnéaire de Saly Portudal en est aujourd'hui une apparente
illustration. Depuis longtemps, elle a été la seule station
sujette à recevoir les équipements touristiques et une partie
importante de la clientèle attachée au balnéaire. Les
plages de Saly sont arrivées à un moment où elles ne
peuvent plus maitriser les infrastructures et les touristes. La concentration
de l'activité touristique amplifie la saturation et affaiblit la
capacité de charge des périmètres de fort regroupement
touristique. Aussi, la problématique sur la gestion des déchets
dans les sites touristiques sénégalais est d'actualité.
Pour Jean-Louis Caccomo: «Une sur-fréquentation du tourisme
peut être responsable de l'accumulation des déchets qui
détériore l'environnement local.» 41La
question de l'insalubrité est en outre un des éléments qui
paralyse le rayonnement du tourisme dans les espaces de forte concentration de
l'activité touristique. Le problème de l'insalubrité des
sites touristiques a été soulevé par l'ancien ministre du
tourisme du Sénégal Youssou Ndour lors d'une rencontre avec les
acteurs touristiques de Saly Portudal.42 La forte pression
touristique sur le littoral est d'ailleurs la source des maux touchant
l'environnement. L'autre facteur qui retarde le développement durable
est la dispersion des réceptifs touristiques dans les espaces qui n'ont
pas connus des aménagements essentiels. Il est prouvé que les
domaines littoraux sont des lieux très sensibles aux changements
climatiques. L'emplacement anarchique des réceptifs touristiques sur le
littoral intensifie l'érosion côtière. Les endroits
où le tourisme s'est lourdement introduit sont «...Les Niayes
sur toute la Grande Côte, depuis l'embouchure du fleuve
Sénégal jusqu'à Joal et le Parc du Delta du Saloum, zone
d'estuaires et de mangroves...» 43. La frange
côtière du Sénégal avec ses 700 kilomètres
représente le poumon du tourisme national, ce qui est un facteur
entravant cette biodiversité littorale. En conséquence, la
concentration de l'activité touristique provoque en partie «la
disparition de portions importantes de plages sableuses»44
Si ce phénomène persiste «à l'horizon 2100,
une élévation du niveau marin de 1
mètre...»45 entrainera l'extinction du tourisme
balnéaire au Sénégal.
Il y a également la problématique de la
gestion des déchets. En parlant de ressources naturelles, il se trouve
que le tourisme est en un grand consommateur. La concentration de
l'activité touristique entraine la pollution des nappes, la forte
utilisation des ressources en eau potable etc.
41Jean-Louis Caccomo: «Les Fondements
d'économie du tourisme. Acteurs, Marchés,
Stratégies», édition de Boeck Université,
2007
42 L'OBSERVATEUR N°2?33 du Lundi 01
Juillet 2013, page ?.
43 Vivre Autrement Juin 2012, Dégradation
des écosystèmes littoraux et estuariens: coûts sociaux et
impacts. Le désastre en quelques faits et chiffres, page 57.
44 Idem
45 Idem
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
E- L'influence sur le bas niveau d'attractivité
Les autres effets de la concentration de
l'activité touristique sont:
? La courte durée de séjour (3,4 jours):
l'absence de parcours et d'infrastructures touristiques réduisent le
temps de vacances et de découverte des touristes.
? Le faible niveau de la dépense moyenne par
touriste se rapportant aux séjours et circuits touristiques (550 USD en
2012);
? Le bas taux d'occupation qui est de 35% au plan
national: causé par le manque de clientèle touristique dans les
réceptifs de l'intérieur du pays;
? Le bas niveau d'attractivité des
investissements touristiques (0,1 Billion USD en 2011) occasionné par le
manque d'aménagement touristique capables de recevoir les
équipements touristiques;
? La saisonnalité du tourisme engendrée
par la focalisation sur le tourisme balnéaire sujet à la frange
littorale.
La concentration de l'activité touristique est
à l'oeuvre de ces multiples conséquences déjà
citées. De ce fait, il est nécessaire de prendre les dispositions
pour trouver des solutions aptes à résoudre ce problème
d'ordre géographique, économique et politique.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
TROISIEME PARTIE: LES RECOMMANDATIONS
L'émergence du Sénégal passera
par la valorisation de ses potentialités touristiques locales. Le Plan
Sénégal Emergent (PSE) a défini une ambition pour le
développement du tourisme sénégalais. Les objectifs du
Plan Sénégal Emergent sont de placer le Sénégal
dans le top 5 des pays touristiques en Afrique en triplant le nombre de
touristes à plus de 3 millions de touristes par an. Le
développement du tourisme ne se limitera pas seulement aux attentes du
Plan Sénégal Emergent (développement de l'offre d'affaire
et de «city trip» à Dakar, réaménagement de Saly
avec le développement d'un tourisme d'affaire domestique,
l'aménagement du Niokolo Koba, développement d'offre
balnéaire à Pointe Sarène (milieu de gamme),
développement d'offre balnéaire à Joal (haut de gamme), 4
sites identifiées au Nord, Dakar comme hub régional, 3 à 6
zones touristiques au niveau de la façade occidentale ), pour atteindre
ses objectifs opérationnels (aménagement de 3 à 6 zones de
développements touristiques intégrés), et ses objectifs
économiques (PIB direct et indirect de 480 milliards de F CFA, 120.000
emplois directs et indirects...)46, il faudrait valoriser les
ressources dont bénéficie le tourisme, créer de nouvelles
stations touristiques dans tout le pays, augmenter les infrastructures, les
moyens de transport, renforcer les services de soutien au tourisme et
décentraliser le tourisme.
I. La valorisation du potentiel touristique et la
création de nouvelles stations touristiques
Le Sénégal, pays d'Afrique de l'Ouest
est pourvu d`une richesse culturelle et naturelle inimaginables. Les
différentes ethnies et la colonisation ont marqué l'histoire du
pays. Elles constituent aujourd'hui un patrimoine exceptionnel à
valoriser. Les bâtiments architecturaux représentent un fort
attrait pour les visiteurs intéressés par la culture. De
même, le Sénégal bénéficie d'un environnement
luxuriant et attrayant pouvant constituer une valeur
économique.
La gestion ne se limitera pas à la
gérance de la destination (faire venir les touristes) mais cela implique
une gestion axée sur la station locale (organisation et restructuration
de l'espace pour faire rester longtemps les touristes). La valorisation des
potentialités touristiques passera par l'aménagement durable des
différents sites identifiés. Le territoire touristique au
Sénégal doit être un système spatial de production
et de distribution des biens et services d'hébergements, de
restaurations, d'animations et de loisirs rassemblant des
unités
46 PSE, Tourisme et Transports Aériens,
document sectoriel, novembre 2013
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
géographiques économiques et sociales
organisées et diversifiées.
L'hétérogénéité de la production touristique
se rapporte à l'identification des différents types de tourisme
qui sont aptes à être organisés dans tout le pays. La mise
en tourisme des lieux à potentialité consiste à
aménager les sites qui font la beauté, la
célébrité et la marque de la destination, à
rechercher les prestations et événements qui créent des
émotions, procurent du plaisir, donnent envie de revenir et de prolonger
son séjour. L'espace touristique doit être construit en
concertation avec les populations locales et en rapport avec les exigences de
l'industrie touristique. Au Sénégal, les patrimoines
matériels et immatériels, paysagers et de vie quotidienne qui
donnent lieu à une promenade et sens de découverte sont de
formidables outils de diversification et de valorisation des prestations
touristiques. Ainsi, l'appréciation des potentialités
touristiques se fera par le morcellement du territoire national selon leurs
ressources disponibles. De manière plus effective, le diagnostic des
ressources touristiques permet de diviser le territoire en foyers touristiques
corrigeant les principaux déséquilibres régionaux et
ajustant structurellement les régions en retard de développement
touristique. Dès lors, les 6 pôles détectés selon
leurs diversités patrimoniales et leurs capacités à
être incorporées aux produits touristiques sont: le pôle
touristique de Dakar, le foyer touristique du Nord, le pôle
Thiès/Diourbel, le pôle touristique du Sine-Saloum, le foyer
touristique du Sénégal Oriental et le pôle de la
Casamance.
A- Le pôle touristique de Dakar
La valorisation économique et la
restructuration de la région de Dakar doit se faire par
l'intermédiaire de l'industrie touristique. La périurbanisation
constitue un grand levier de croissance pour le tourisme urbain et le tourisme
d'affaires. Grâce à l'extension de la ville et à
l'authenticité de ses bâtiments coloniaux, la région de
Dakar doit être le pôle du tourisme urbain et du tourisme
d'affaires. Aux alentours du nouvel Aéroport International Blaise Diagne
(AIBD) plus particulièrement à Sangalkam, Diamniadio, Yenne...une
zone d'aménagement permettra l'implantation de discothèques
modernes, casinos, salles d'animation musicale et de spectacles.
L'aménagement d'une petite station pour le tourisme d'affaires
augmentera la demande touristique. Des hôtels 4 étoiles luxes ou 5
étoiles doivent être installés pour répondre aux
exigences du marché international. L'inventaire du patrimoine urbain de
Dakar aura pour résultat le traçage de circuits urbains de
qualité. Les différents sites urbains comme la Place Soweto, la
Gare ferroviaire de Dakar, l'hôtel des députés, le Monument
de la Renaissance, le Monument de l'Indépendance (Obélisque), les
Allées du Centenaire, l'ancienne tour de de l'aéropostale, le
cimetière de Thiaroye, les dunes ogoliennes de Kounoune...peuvent
constituer des produits touristiques de qualité à
condition
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SENEGAL
qu'il y ait la rénovation du patrimoine
architectural, l'assainissement et la sécurisation de la
région.
B- Le foyer touristique du Nord
L'Etat du Sénégal a prévu des
projets d'aménagement touristique dans les régions de Louga et de
Saint-Louis. Les projets touristiques doivent s'étendre à l'Est
de Saint-Louis plus particulièrement à Matam. Les
différents programmes d'aménagement touristiques
identifiés dans la région de Saint-Louis (Potou-sur-mer, Louga,
Parc de Djoudj, Saint-Louis) doivent être complétés par
ceux du Ferlo Nord et Sud et de Matam. Pour le Parc du Djoudj, il faudrait
développer un produit cynégétique structuré et
qualitatif se basant sur le développement durable et la prise en compte
des besoins des populations locales. L'aménagement de la Grande
Côte (Potou-sur-mer et Louga) doit se baser sur les potentialités
sportives de ce site (sky nautique, Beach soccer, planche à voile,
surf...). Cet espace est conforme pour la plongée sous-marine, les
croisières maritimes et les promenades à bord de petites
embarcations. La région de Matam malgré l'influence de la
désertification peut être appréciée comme un produit
touristique à l'image des pays désertiques du Maghreb. Des tentes
et caravanes modernes adaptées à l'architecture locale doivent
être aménagées. Des randonnées pédestres,
équestres...sont possibles à y être instaurées. Les
attractions dunaire, climatique et fluviale ont un fort impact pour la mise en
tourisme de la région de Matam. Tout au long du Fleuve
Sénégal, des lignes de croisière auront une place
prépondérante dans la diversification des produits touristiques.
Le pôle touristique du Nord doit se spécialiser sur le tourisme
cynégétique, le tourisme sportif. Des sentiers d'excursion, de
randonnées, d'observation ornithologique peuvent améliorer la
visibilité et l'image du pôle touristique du Nord.
C- Le pôle Thiès/Diourbel
Cet espace géographique et économique
revêt deux caractères. Il est à la fois un lieu
d'attractions naturelles (plages, forets, réserves...) et d'attractions
religieuses (guides religieux, mosquées, églises,
mausolées, pèlerinages, croyances mystiques...).
La région de Thiès qui tire profit de
nouvelles Unités d'Aménagement Touristique (Pointe Sarène,
Mbodiène, Joal Finio) doit être équipée
d'infrastructures en rapport avec le tourisme balnéaire. En plus de
cela, cet espace est le lieu de convergence des différentes religions du
pays. Ses potentialités sont pour le:
? Département de Thiès: Puits de Darou
Bayré ou puits de Cheikh Ibra Fall;
? Département de Tivaouane: Mosquée et
Zawiya de El hadji Malick Sy (première construite en 1904),
Mosquée Serigne Babacar Sy, Mosquée et Zawiya de la
famille
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
Kounta de Ndiassane, Grande Mosquée de Pire,
Pèlerinage de Pire, Ndiassane et Tivaouane, les écrits de El
hadji Malick Sy;
? Département de Mbour: résidence de
Popenguine et le Cap de Naze, Eglise et Sanctuaire de Popenguine, Petit
Séminaire de Ngazobil, Eglise de Ndianda, Sangomar lieu de culte
sérère, Fangool et Canon de Mbalamson.
La région de Thiès constitue ainsi un
fort lieu d'adoration, il doit s'inspirer du modèle maghrébin et
européen.
Pour Diourbel, les ressources religieuses pouvant
être assimilées aux produits touristiques sont pour
le:
? Département de Diourbel: Grande
Mosquée de Diourbel, Résidence de Cheikh Ahmadou
Bamba;
? Département de Mbacké: Grande
Mosquée de Touba, Aynou Rahmati, Puits de la Miséricorde à
Touba, Négou Mame Diarra Bousso à Khourou Mbacké,
pèlerinages Mouride de Touba.
Sur ce constat, la valorisation de ces patrimoines
religieux doit se faire par les différentes politiques touristiques et
une entente cordiale entre l'ANT (Administration Nationale du Tourisme) et les
guides religieux. L'aménagement intégré et concerté
du tourisme est nécessaire pour exploiter ses ressources touristiques.
Des hôtels ou résidences touristiques orientés sur le
concept de produit Halal permettront à mettre en valeur la dimension
religieuse. Des cafétérias modernes s'inspirant du produit
«Café Touba» doivent être des éléments de
la production touristique locale. Des UAT conformes aux différentes
religions doivent être établies à la
périphérie de Thiès/Diourbel. Des circuits de
découvertes et d'excursions axés sur le tourisme religieux seront
nécessaires pour pérenniser la demande touristique. Cette
technique productive attirera les touristes de l'Europe (Chrétiens), du
Maghreb, de l'Asie Islamique (Inde, Chine, Arabie Saoudite, Emirats Arabes
Unis...) et de l'Afrique. Donc, le pôle touristique Thiès/Diourbel
sera le centre du tourisme balnéaire et religieux.
D- Le centre touristique du Sine-Saloum
Les récents programmes d'aménagement du
Sine-Saloum (Fatick, Kaolack, Ndolette, Foundiougne, Sandicoly, Missirah,
Fimila Simal) doivent tenir comptes des exigences environnementales et
sociales. Le Parc National du Delta du Saloum doit être
aménagé selon les normes édictées par le
développement durable. La mise en tourisme du Sine-Saloum implique une
stratégie axée sur le développement de
l'écotourisme et de l'agritourisme.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
1. L'écotourisme
L'écotourisme dans le pôle touristique du
Sine-Saloum doit s'appuyer sur des activités qui prennent part à
la valorisation, la conservation et la sauvegarde des ressources naturelles et
culturelles. Les infrastructures éco touristiques comparées
à d'autres équipements touristiques traditionnels exigent moins
de financement. L'écotourisme dans le Sine-Saloum nécessite
l'établissement d'hébergements de petites ou moyennes
capacités (moins de 100 lits) de deux étages au maximum et
construits avec les techniques et matériaux locaux dans un souci
d'adaptation aux conditions environnementales. L'aménagement du
Sine-Saloum en éco-Lodge, en Hébergement Leger de Loisirs (HLL)
facilitera la participation des Petites et Moyennes Entreprises (PME) locales.
L'exploitation des ressources naturelles et culturelles par les Petites et
Moyennes Entreprises sera le pionnier de l'entreprenariat touristique. Le
succès de ces produits éco touristiques passera par
l'accommodation des besoins environnementaux et culturels aux exigences de
l'industrie touristique. Egalement, la culture sérère constitue
un excellent moyen de rencontre et de découverte pour les touristes. Le
Sine Saloum avec ses Pecc47, ses amas coquilliers, ses arbres
fétiches (GAGNICK GODJIL), tumulus de Ndalane, ses sites
mégalithiques (MBOLOP TOBÉ, SINE WANAR, SOROKOGNE...) doit
prendre de l'envol via l'interconnexion des richesses
patrimoniales.
2. L'agritourisme
Des stations touristiques se référant
aux techniques agritouristiques de la France doivent être
recherchées pour l'intégration des produits agricoles,
piscicoles, viticoles... à la production touristique nationale. Des
fermes agritouristiques devront être implantées en réponse
d'une production alimentaire bio. Les légumes (patates, oignon local,
igname...), les fruits locaux (pain de singe, madd, pastèques, mangue,
jujubier, orange, tamarin...) doivent faire l'objet d'une consommation
touristique. Ainsi, des fermes agritouristiques, des restaurants à
thème (cuisine sénégalaise, cuisine africaine, cuisine
chinoise, cuisine italienne...) doivent être crées pour attirer
plusieurs types de clientèles. Ces fermes pourront aussi être des
fournisseurs de matières premières. L'aménagement
éco touristique sera un élément de développement et
de structuration touristique de la région du Sine-Saloum.
E- La région touristique du Sénégal
Oriental
Le Sénégal Oriental, région Sud
Est du pays propose plusieurs occasions de rencontrer les cultures locales
telles que: les journées culturelles de Bakel, les journées
Dialonké (ethnie de Fongolembi), le Festival Traditionnel de
Sénédougou Goudidy, le Festival des Ethnies
47 Lieu de culte des Gelwars du Sine-Saloum qui sont
des guerriers sérères.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
Minoritaires de Bandafassi, les nombreux masques et
danses traditionnels typiques aux ethnies autochtones, les sites
mégalithiques de Kodiam. Cette région présente aussi des
atouts naturels comme les chutes de Dindifélo, le site d'Iwol à
Bandafassi sur la montagne dénommée «lieu de silence»,
le Parc National du Niokolo Koba (PNNK). A l'image des pays comme le Kenya, la
Tanzanie, le Sénégal Oriental doit être le pôle
économique pour le tourisme de vision ou safari, la chasse, le tourisme
d'aventure et le tourisme de montagne. Cette zone est susceptible de recevoir
des Unités d'Aménagement Touristique (UHT) éco
touristiques, des stations de montagnes, des éco-hôtels. Les
énergies renouvelables accompagneront l'aménagement touristique
durable de la région du Sénégal Oriental. En ce qui
concerne la culture, la construction de centres d'interprétation
culturelle et le brassage entre populations riveraines et touristes permettra
le développement des cultures locales et le rehaussement du niveau de
vie des peuples. Les Bassari, Bedik et Cognagui, ethnies aux origines
mystérieuses conservent encore orgueilleusement leurs rites d'initiation
et leurs cérémonies religieuses. La plupart de leurs villages se
situent en haut des collines. Les aspects culturels et environnementaux
montrent que l'aménagement du pôle touristique
Sénégal Oriental attirera une nouvelle clientèle
séduite par l'aventure et le risque touristique.
F- Le pôle touristique de la Casamance
La région verte de la Casamance est faiblement
exploitée du fait de son enclavement. Le boom économique de la
région doit passer par les politiques d'aménagement et de
restructuration touristique. Le pôle touristique de la Casamance est
à la fois le lieu de convergence d'un environnement divers et de
cultures hétérogènes. Pour qu'il y ait connectivité
entre les patrimoines naturels et culturels matériels et
immatériels, il faudrait orienter une politique touristique fixée
sur l'identification, la valorisation et l'exploitation durable de ces biens.
Dès lors, l'aménagement de la région naturelle de la
Casamance devrait porter sur le développement durable et
équitable du territoire. La Casamance devrait être dotée
d'éco-hôtels, de restaurants à thème (Consommation
locale et bio prioritaires), de Stations Verte de Vacances, d'éco-Lodge.
L'établissement des énergies renouvelables dans les sites
d'aménagement touristique réduira le déficit
énergétique de la Casamance. La requalification de la station de
Cap Skirring impliquera le rehaussement des hôtels locaux en hôtels
de moyenne et haute gamme. L'insertion des populations locales dans les
politiques de développement touristique local et de planification des
objectifs en termes d'entrées et de recettes permettra l'implantation de
micro entrepreneurs touristiques. L'aménagement touristique permettra de
faire de la Casamance le pôle du tourisme vert avec des types
d'aménagement écologique et le pôle du tourisme culturel et
solidaire.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
Donc les six (6) pôles touristiques ainsi
détectées seront en mesure de résoudre en partie le
déséquilibre des territoires en matière de tourisme. Ils
doivent être équipés d'écoles et
d'universités de formation touristique et hôtelière avec
plusieurs spécialisations à la fin du cycle (aménagement
touristique, développement touristique local, promotion touristique
local...). Les pôles touristiques seront complémentaires parce que
chacun va se spécifier sur deux formes de tourisme. Les régions
touristiques pourront ainsi rehausser la durée du séjour
touristique via l'interconnexion des infrastructures dans l'espace. La
conjugaison des problèmes infrastructurels et de désorganisation
territoriale limiteront la concentration de l'activité
touristique.
II. Accroissement des infrastructures, des moyens de
transport et des services de soutien au tourisme.
A. La sensibilisation
D'abord faire émerger le Sénégal
revient à attirer l'attention des autorités religieuses et des
populations locales sur la valeur économique du tourisme. Les
populations doivent être en collaboration avec les autorités
touristiques pour que le tourisme puisse exister réellement dans leurs
localités. Les autorités religieuses doivent aussi prendre en
compte leurs ressources religieuses en les mettant à la disposition des
exigences touristiques en matière de tourisme religieux. Elles doivent
saisir la place qu'occupe la religion dans le marché du tourisme
mondial. Le tourisme religieux a connu une évolution fulgurante dans des
pays comme le Maroc (Fez), l'Arabie Saoudite (la Mecque), Jérusalem
(temple des 3 religions), France (Lourdes), l'Italie (Rome), Portugal
(Fatima)...Pour cela, l'exploitation de ses potentialités passera par la
compréhension des effets positifs du tourisme sur l'économie
nationale.
B- L'accroissement des infrastructures
Pour que le tourisme puisse participer à
l'émergence du Sénégal, l'Etat devra d'abord construire
des infrastructures de transport. Ces derniers sont les moteurs qui
conditionnent l'accessibilité des sites touristiques. Le
Sénégal doit développer son tourisme en construisant des
infrastructures routières, aéroportuaires, portuaires et
ferroviaires.
1. Les infrastructures routières
L'Etat du Sénégal a prévu de
construire l'autoroute Dakar-Diamniadio et l'autoroute Dakar-Touba. Cet
allongement n'est pas suffisant puisse que cela ne touche pas les autres
parties du pays. La continuation de l'autoroute devra toucher toutes les
parties du Sénégal de l'Ouest à l'Est, du Nord au Sud. Le
maillage territorial sera soutenu par la construction de l'axe routier
Dakar-Kébémer-Louga-Saint-Louis, l'autoroute
Dakar-Diourbel-Linguère-Ranérou-Matam. Pour rattacher le Nord et
le Sud Est, le grand axe routier visera Linguère-
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FAYE Page 34
ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
Koumpentoum-Tambacounda-Gamon-Khossanto-Kédougou.
Pour relier la partie Sud du pays, une Route Nationale (RN) devra être
construite à partir de Kédougou en passant par
Simenti-Vélingara-Kolda jusqu'à Kafountine-Carabane. Les routes
des parcs de Niokolo Koba et du Djoudj doivent être
aménagées pour permettre aux touristes de pouvoir y
accéder. Bien que ces infrastructures soient coûteuses, le
Sénégal doit s'appesantir sur l'étalement
périurbain ou urbain pour déconcentrer l'activité
touristique en particulier. Ces grands axes routiers doivent être
accompagnés de gares routières avec une partie
réservée aux transporteurs touristiques. De plus, pour
réduire les nombreux accidents de la route, l'Etat du
Sénégal devra aménager le long des axes routiers, des
stations de motels capables d'héberger les transporteurs nationaux,
régionaux et internationaux. Des pistes doivent être
installées pour qu'il y'ait de nouveau un rallye semblable au Rallye
Paris-Dakar.
2. Les infrastructures aéroportuaires
Les infrastructures aéroportuaires permettent
de désenclaver les zones les plus reculées d'un pays. Les
aéroports secondaires (Saint-Louis, Ziguinchor, Cap-Skirring et
Tambacounda) doivent être transformés en des aéroports
internationaux pour l'amélioration de la qualité du transport
aérien. L'Etat du Sénégal doit reconstituer et
réaménager les 12 aérodromes fonctionnels pour qu'ils
puissent avoir le standard d'un aéroport secondaire. Cette
transformation des équipements aéroportuaires auront pour effet
le désenclavement de certains espaces et l'augmentation de la
durée du séjour au Sénégal. Grâce aux
perfectionnements des infrastructures de transport aérien, le
Sénégal sera le hub aérien en Afrique.
3. Les infrastructures portuaires
Les entrées touristiques au niveau du Port
Autonome de Dakar restent très insuffisantes. Le Port Autonome de Dakar
n'attire pas les croisiéristes. Dès à présent, avec
ses ressources maritimes et fluviales, les autorités administratives
doivent tenir compte de l'aménagement de ces espaces. Le dragage et
l'aménagement du Fleuve Sénégal, du Fleuve Saloum, de la
Casamance et du Fleuve Gambie permettra la construction des ports de plaisance
et facilitera le passage des bateaux de croisières et autres
embarcations. Des ports de plaisance doivent être implantés au
niveau des régions côtières. Les infrastructures portuaires
et fluviales auront pour influence l'augmentation de la clientèle
touristique et la déconcentration de l'activité
touristique.
4. Les infrastructures ferroviaires
Le chemin de fer sénégalais devient de
plus en plus dégrader. L'influence du transport ferroviaire sur le
tourisme est peu appréciable. Partant de ce constat, des lignes
ferroviaires
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
contributives à l'essor de l'industrie
touristique sénégalais devraient être
érigées. La réfection de l'axe ferroviaire Dakar-Kayes et
la réalisation des lignes ferroviaires Dakar-Tambacounda-Ziguinchor et
de ceux de Dakar-Diourbel-Saint-Louis-Matam participeront à
déconcentrer le tourisme au Sénégal et à atteindre
les objectifs du Plan Sénégal Emergent. Par conséquent,
ces infrastructures pourront acheminer un bon nombre de touristes sur tout le
territoire national et diminuer le temps du trajet ou du circuit
touristique.
C- Le développement des moyens de transports
Les infrastructures de soutien au tourisme seront
accompagnées par les moyens de transports qui feront partis des
éléments agissant sur l'émergence de l'industrie
touristique au Sénégal.
1. Les moyens de transport routier
La création de gares routières et de
routes modernes et de qualité devront attirer les investisseurs
nationaux et internationaux intéressés par le transport
touristique. Les entreprises de transport touristique auront
l'opportunité de s'implanter dans de nouveaux sites rendus accessibles
par les équipements routiers. La diversité des agences de
location de voitures touristiques amoindrira le prix de la location
touristique.
2. Les moyens de transport aéroportuaire
Sénégal Airlines doit être une
compagnie nationale susceptible de répondre aux besoins de la
clientèle touristique comme c'est le cas de Fly Emirates pour les
Emirats Arabes Unis, South African Airlines pour l'Afrique du Sud, Kenyan
Airways pour le Kenya, Royal Air Maroc pour le Maroc... La compagnie
aérienne sénégalaise doit promouvoir tous les sites du
pays en les desservants hebdomadairement. Sénégal Airlines doit
accroître sa flotte et obtenir de moyens et gros porteurs (Airbus et
Boeing) aptes à relier le Sénégal et les autres
continents. A l'initiative des Etats-Unis, le Sénégal doit faire
référence au «OPEN SKY» américain et se fier
à une politique de réduction des coûts d'atterrissage et du
prix du billet d'avion sur les aéroports de Saint-Louis, Ziguinchor,
Tambacounda et Cap Skirring.
3. Les moyens de transports portuaire et ferroviaire
:
Le Sénégal ne dispose à ce jour
que du bateau Aline Sitoé Diatta qui effectue la navette entre Dakar et
Ziguinchor, des chaloupes de Dakar-Gorée, du Bou El Mogdad sur le Fleuve
Sénégal. Renforcer l'attractivité touristique du
Sénégal consiste à mettre en place des navires de
transfert, d'acheminement et de croisière sur la ligne maritime
Dakar-Saint-Louis, Dakar-Ziguinchor, sur l'axe fluvial
Saint-Louis-Matam-Bakel-Kédougou, Iles du Saloum. En plus de ça,
l'Etat du Sénégal devrait nouer un partenariat avec la
République de Gambie pour mettre en place des navires sur le long du
Fleuve Gambie. Ce partenariat permettra aux deux pays de
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
maximiser les entrées touristiques et les
recettes économiques. Pour ce qui est du Sud, l'Etat doit établir
en plus du bateau Aline Sitoé Diatta d'autres navires pour que les
réceptifs de la Casamance puissent accroître leurs taux
d'occupation et leurs chiffres d'affaires.
En raison de la faible participation du réseau
ferroviaire sur le tourisme, le Sénégal doit améliorer la
qualité des équipements ferroviaires. Le train doit participer
à l'éclosion et à l'affirmation des sites touristiques. Il
faudrait rénover le train sénégalais pour que cela soit en
conformité avec les attentes des touristes internationaux.
D- L'extension des services de soutien au tourisme
Le tourisme sénégalais ne peut prendre
de l'envol à lui seul sans la participation et l'intégration des
différents départements ministériels. L'offre de
santé de haute qualité est concentrée au niveau de la
région de Dakar et Thiès. Au niveau des zones frontalières
comme Matam, Bakel, Kolda, Cap Skirring, Kaffrine...il est primordial d'y
implanter des résidences touristiques médicalisées propres
à attirer les touristes sous régionaux et internationaux
séjournant au Sénégal pour des raisons de santé.
L'implantation des résidences touristiques médicalisées de
haut standing dans les nouvelles stations touristiques pourra capter la demande
en matière de tourisme de santé. Les infrastructures de
santé sont des éléments de diversification touristique. La
politique sportive doit se rapporter aux stratégies de
développement touristique. Le relèvement des équipements
sportifs permettra au Sénégal de recevoir des
événements sportifs de dimension continentale et internationale
comme l'Open de tennis, la Coupe d'Afrique de football, de Volley Ball, de
Beach soccer, Beach volley, Open de golf, Afro basket... En plus, des circuits
sportifs à l'image du Paris-Dakar...doivent être tracés
pour accueillir les sportifs du monde. Le fameux Rallye Paris-Dakar doit
être remplacé par un rallye s'inspirant de la diversité
culturelle et naturelle du Sénégal. Pour ce qui est du commerce,
des centres de commerces internationaux doivent être
intégrés aux nouveaux sites aménagés. A l'horizon
2030, le Sénégal devra multiplier ses centres de commerce pour
résister à la concurrence et déconcentrer cette
activité sur l'ensemble du territoire. Il en est de même des
autres départements ministériels et secteurs économiques
qui nouent des relations collégiales et transversales avec le
tourisme
L'émergence du tourisme
sénégalais se fera donc de la conjugaison des difficultés
d'ordre infrastructurelle et de la complicité des services de soutien au
tourisme.
III. Le recours à l'Acte 3 de la
décentralisation
La notion de décentralisation renvoie au
transfert de certaines compétences administratives du pouvoir central
aux collectivités locales. Dans cette circonstance, le pouvoir central
n'intervient plus lui-même, mais ne fait qu'examiner l'activité du
pouvoir
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FAYE Page 37
ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
local auquel il a délégué des
compétences. Au Sénégal, après les réformes
de 1972 et de 1996 établissant respectivement les communautés et
les régions et les communes d'arrondissement, l'Etat a instauré
le 19 mars 2013, une gouvernance du pays centrée sur une nouvelle
réforme territoriale et institutionnelle intitulée «Acte
3 de la décentralisation». Cette dernière devrait
être une stratégie de développement des territoires pour
ainsi régler les déficiences et les troubles qui entravent le bon
fonctionnement des collectivités locales. Dans le cadre de l'application
de la décentralisation, l'architecture institutionnelle se basera sur la
communalisation intégrale, la départementalisation et la
régionalisation du territoire sénégalais. Le tourisme qui
y a besoin des territoires pour pouvoir s'implanter va de pair avec le
développement local. L'insertion du tourisme dans l'«Acte 3 de
la décentralisation» permettra aux collectivités
locales (régions, départements et communes) d'avoir un niveau
d'intervention plus approprié que celle de l'Etat central. La
décentralisation du tourisme obéit à un souci de
l'autogestion et à une occasion offerte aux populations locales de
contester et de proposer des programmes de développement touristique.
L'intégration des compétences touristiques à
«l'Acte 3 de la décentralisation» devra se faire par
le transfert des matériels et moyens financiers alloués aux
communes à le travers le Fonds de Dotation de la Décentralisation
(FDD), le Fonds d'Equipement des Collectivités Locales (FECL), les
subventions, la décentralisation de l'exécution du Budget
Consolidé d'Investissement (BCI). Le transfert des compétences
touristiques permettra une meilleure gestion des ressources locales, une
exploitation durable de la production touristique et un développement
harmonisé à la base. La décentralisation du tourisme devra
prévoir par exemple des Plans d'Ajustement Communal et Régional
du Tourisme, des Sociétés Régionales de
Développement Touristique intégrées aux communes. Les
compétences en termes d'aménagement touristique doivent
être transférées aux communes pour qu'il y ait une
organisation cohérente du territoire. Le Budget Consolidé
d'Investissement (BCI) sera le moteur des projets d'investissement publics et
de l'ensemble des investissements prévus transférés aux
nouvelles communes. Donc, la décentralisation de l'activité
touristique au Sénégal sera en outre l'un des
éléments qui parviendra à résoudre les
problèmes liés aux disparités intra et inter
régionales, à la macrocéphalie de la frange
côtière et au retard économique des espaces ruraux et
péri-urbains.
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
CONCLUSION
Le concept de concentration de l'activité
touristique axé sur la répartition et l'exploitation
économique d'un seul lieu ou groupe d'espaces à l'opposé
des autres territoires a imprimé sa marque dans le développement
du tourisme. Les causes de la concentration de l'activité touristique au
Sénégal remontent de l'action de la colonisation et de la
politique territoriale du pouvoir central. La concentration de
l'activité touristique a eu pour incidences: une inégale
répartition de l'espace touristique, la cherté du produit
touristique, la faible diversification de l'offre touristique, les risques sur
le développement durable et l'influence sur le bas niveau
d'attractivité. Pour résoudre ce problème, il faudrait
accroitre les infrastructures, les moyens de transport et les partenariats avec
les services de soutien au tourisme; valoriser les potentialités
culturelles et géographiques à travers la création de
nouveaux pôles touristiques aménagés et exploités
selon les normes du tourisme durable et enfin il faudrait recourir à
l'«Acte 3 de la décentralisation».
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ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
BIBLOGRAPHIE
LIVRES
· Caccomo J. L. (2007). Les fondements
d'économie du tourisme: Acteurs, Marchés, stratégies.
Editions de Boeck Université, Bruxelles.
· Dulucq S., «L'émergence du tourisme
dans les territoires de l'Afrique tropicale française (années
1920-1950)», in Habib Kazdaghli et Colette Zytnicki (dir.), Le tourisme
dans l'empire français. Politiques, pratiques et imaginaires (XIXe-XXe
siècles), Paris, Publications de la Société
française d'histoire d'outre-mer, page 61-71.
· Fraenkel S. et Iunius R. F. (2008). L'Industrie
de l'Accueil: Environnement et Management. Editions de Boeck Université,
Bruxelles.
· Gervasoni, Gueye O. et al. La Confrérie
mouride au centre de la vie politique sénégalaise in Islam
politique au sud du Sahara (coordonné par Gomez-Perez, Muriel) chapitre
27. Karthala, Paris.
· O'Brien D.C (2002). Le sens de l'Etat au
Sénégal in Le Sénégal contemporain
(coordonné par M. C. Diop) page 502. Karthala, Paris.
DOCUMENTS SPECIFIQUES
· APIX, kit chef marché tourisme, cahier
d'opportunités filières.
· Baromètre du Tourisme, OMT
· Ministère de l'Economie et des Finances,
DASP (septembre 2012). L'Industrie
touristique au Sénégal: état des
lieux et perspectives. Actu Entreprises N°20, Page 1 à
6.
· Bulletin de la société
Languedocienne de géographie (1982), Tome 16 Fascicule 1-2 in les Villes
dans l'Espace, les Réseaux urbains en Afrique Noire de la Pyramide
à la Macrocéphalie, Y. Marguerat. Page 20.
Montpellier.
· Indice de compétitivité voyages et
tourisme, Forum Economique Mondial.
· Brochure de Sénégal
Airlines
· JICA et MTTA, Plan Stratégique de
Développement Durable du Tourisme au Sénégal (2014-2018)
réalisé le 24 décembre 2013.
· Tableau des recommandations du Conseil
Interministériel sur le Tourisme de 2012.
· PSE, Tourisme et Transports Aériens,
document sectoriel, novembre 2013
BTS TOURISME 2014 ENFHT/CAS PHILIGENCE ANTOINE ADIOUMA
FAYE Page 40
ETUDE SUR LA CONCENTRATION DE L'ACTIVITE TOURISTIQUE AU
SENEGAL
ARTICLES DE PRESSES ECRITE ET AUDIOVISUELLE
· Emission LEERAL de la RTS1 du 30/07/2013
dédiée au tourisme dans la station balnéaire de Saly
Portudal.
· ENDA TIERS MONDE, magasine Vivre Autrement (juin
2012). Dégradation des écosystèmes littoraux et
estuariens, coûts sociaux et impacts, le désastre en quelques
faits et chiffres. Page 57.
· Journal de 08 heures du 17 juillet 2013 de la
radio ZIK FM.
· Journal Télévisé LE
20HEURES du lundi 21 juillet 2013, reportage de A. SOW sur le vol à Saly
Portudal plus particulièrement au Musée Khelcom.
· Journal Télévisé LE
20HEURES du 04 décembre 2013 de la RTS1.
· L'OBSERVATEUR N°2933 du lundi 01 juillet
2013, sécurité, assainissement, érosion
côtière, domaine maritime...
WEBOGRAPHIE SITES INTERNET
· Histo_
geo.ac-rouen.fr/dkh/BDS_fi
·
www.statistiques.developpement-dura...
·
www.wikipedia.org/TourismeauSénégal
·
www.senewes.com/senegal-repensons-notre-aménagement-du-territoire-39956.html
·
www.thieeko.seneweb.com/la-problématique...
(article de Dr Mame Cheikh NGOM, géographe).
·
www.codesria.org/IMG/pdf/mbowlatrajectetat.pdf
·
www.recherches-africaines.net/document.php?id=1219-
·
www.Sapco.sn/EvolutiondespolitiquestouristiquesauSénégal
E-BOOK
· Duhamel P. et Violier P. (septembre 2009)
Tourisme et littoral : un enjeu du monde. Collection Belin Sup Tourisme,
éditions Belin. 182 pages in
www.revue-espaces.com/librairie/759...
·
Books.google.com/books/about/L_am%2...
ANNEXES
PLAN DES ANNEXES
I. Tableau 3: Evolution des rangs des pays benchmarks
suivant les trois sous-indices du Travel and Tourism
Competitiveness.
II. Répertoire par région et par
structure 2013 des établissements d'hébergement
touristiques
ANNEXES
Annexe I:
Tableau 3: Evolution des rangs des pays benchmarks
suivant les trois sous-indices du
TTCI
Sous-indices
|
Pays
|
2008
|
2009
|
2011
|
Le cadre réglementaire des voyages et du
tourisme
|
Sénégal
|
94
|
101
|
111
|
Maroc
|
55
|
64
|
69
|
Tunisie
|
25
|
31
|
31
|
Gambie
|
67
|
65
|
76
|
Kenya
|
100
|
93
|
113
|
L'environnement des affaires, la qualité des
infrastructures et la compétitivité-prix
|
Sénégal
|
104
|
108
|
108
|
Maroc
|
75
|
78
|
77
|
Tunisie
|
49
|
49
|
54,0
|
Gambie
|
87
|
90
|
90
|
Kenya
|
102
|
100
|
106
|
La qualité des ressources humaines, culturelles
et
|
Sénégal
|
108
|
82
|
82
|
Maroc
|
72
|
83
|
73
|
Tunisie
|
57
|
56
|
59
|
Gambie
|
97
|
98
|
117
|
II
naturelles
Source: Rapports 2008, 2009 et 2011 de Travel &
Tourism Competitiveness Annexe II:
Répertoire par région et par structure 2013
des établissements d'hébergements
t
o N°
|
u Région
|
Hôtel
|
Auberge
|
Campement
|
Résidence-Appartement
|
Total
|
1
|
Dakar
|
84
|
49
|
15
|
26
|
174
|
r2
|
Thiès
|
68
|
52
|
21
|
52
|
193
|
i3
|
Saint-Louis
|
25
|
28
|
14
|
0
|
67
|
s4
|
Louga
|
4
|
4
|
2
|
0
|
10
|
5
|
Matam
|
4
|
1
|
|
|
5
|
t6
|
Diourbel
|
1
|
0
|
4
|
|
5
|
i7
|
Fatick
|
7
|
8
|
51
|
0
|
66
|
q 8
|
Kaolack
|
2
|
14
|
2
|
1
|
19
|
9
|
Kaffrine
|
0
|
3
|
1
|
0
|
4
|
10
|
u Tambacounda
|
10
|
3
|
24
|
0
|
37
|
11
|
e Kédougou
|
4
|
4
|
15
|
0
|
23
|
12
|
s Ziguinchor
|
37
|
62
|
22
|
2
|
123
|
13
|
Kolda
|
3
|
3
|
9
|
0
|
15
|
.
14
|
Sédhiou
|
1
|
0
|
2
|
0
|
3
|
|
Total
|
250
|
231
|
182
|
81
|
744
|
Source: Ministère du Tourisme et des Transports
Aériens.
TABLE DES MATIERES
III
INTRODUCTION GENERALE page 1
PREMIERE PARTIE: LE CONCEPT DE
CONCENTRATION page 4
I. LA DEFINITIONDUCONCEPT .page 4
II. LESORIGINESDELACONCENTRATION.... . .....page
5
A- Au plan international page 5
B- Au plan national page 6
DEUXIEME PARTIE: LES CAUSES ET LES CONSEQUENCES DE LA
CONCENTRATION DU TOURISME AU
SENEGAL . ..page 9
I. LES CAUSES page 9
A- L'action de la colonisation page 9
B- Le rôle de l'Etat dans le dispositif
territorial ..page 10
1. La perception du tourisme par les religieux et les
communautés
locales . page 11
2. L'évolution des politiques
d'aménagement touristique .....page 12
3. La responsabilité de la SAPCO .page
14
4. Les moyens de transports de soutien au tourisme
...page 16
5. Les équipements de soutien au tourisme
....page 17
6. Les services de soutien au tourisme ...page
17
II. LES CONSEQUENCES page 18
A- Inégale répartition de l'activité
touristique page 18
1. La répartition des structures
hôtelières et para hôtelières ...page 18
2. L'inégale disposition des restaurants
touristiques ...page 19
3. Le déséquilibre sur la
répartition des agences de voyage page 20
4. Le déséquilibre sur l'arrangement des
guides touristiques .page 20
5. L'inégale disposition des écoles de
formation page 20
IV
B- Le coût du foncier, la cherté du
produit touristique et
l'insécurité ...page 21
1. Le coût du foncier ...page 21
2. La cherté du produit touristique ..page
21
3. L'insécurité .page 22
C- La faible diversification de l'offre touristique page
22
D- Les risques sur le développement durable page
23
1. La question du bien-être et de la croissance
économique page 24
2. La problématique sur les ressources naturelles
...page 24
E- L'influence sur le bas niveau d'attractivité
.page 26
TROISIEME PARTIE : LES
RECOMMANDATIONS page 27
I. LA VALORISATION DU POTENTIEL TOURISTIQUE ET LA
CREATION DE NOUVELLES STATIONS
TOURISIQUES . page 27
A- Le pôle touristique de Dakar ..page
28
B- Le foyer touristique du Nord ..page 29
C- Le pôle Thiès/Diourbel page
29
D- Le centre touristique du Sine-Saloum ...page
30
1. L'écotourisme page 31
2. L'agritourisme page 31
E- La région touristique du Sénégal
Oriental ..page 31
F- Le pôle touristique de la Casamance ..page
32
II. ACCROISSEMENT DES INFRASTRUCTURES, DES MOYENS
DE TRANSPORT ET DES SERVICES DE SOUTIEN AU
TOURISME .page 33
A- La sensibilisation page 33
B- L'accroissement des infrastructures ...page
33
1. Les infrastructures routières ...page
33
2. Les infrastructures aéroportuaires ..page
34
3. Les infrastructures portuaires .page 34
4. Les infrastructures ferroviaires ...page
34
C- Le développement des moyens de transports .page
35
1. Les moyens de transport routier .page 35
2. Les moyens de transport aéroportuaire page
35
3. Les moyens de transports portuaire et ferroviaire
page 35
V
D- L'extension des services de soutien au tourisme
..page 36
III. LE RECOURS A L'ACTE III DE LA
DECENTRALISATION page 36
CONCLUSION page 38
BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE ..page 39
ANNEXES I
TABLE DES MATIERES III
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